syncope [ sɛ̃kɔp ] n. f.
• sincope 1314; lat. syncopa; gr. sugkopê, de sugkoptein « briser »
1 ♦ Arrêt ou ralentissement marqué des battements du cœur, accompagné de la suspension de la respiration et de la perte de la conscience. ⇒ éblouissement, étourdissement, évanouissement, lipothymie. Avoir une syncope, tomber en syncope : s'évanouir, se trouver mal. « à ce cri de détresse de son père, il s'exagère encore le danger et tombe en une syncope dont on ne put le faire revenir que le soir » (Jouhandeau).
2 ♦ (1380) Didact. (Gramm. anc.) Suppression d'une lettre ou d'une syllabe à l'intérieur d'un mot (ex. l'orthographe dénoûment pour dénouement).
3 ♦ (1631) Mus. Prolongation sur un temps fort d'un élément accentué d'un temps faible produisant un effet de rupture dans le rythme. ⇒ contretemps (2o). Importance de la syncope dans le jazz traditionnel.
● syncope nom féminin (bas latin syncopa, du grec sugkopê, de sugkoptein, briser) Perte de connaissance brève, complète, brutale et réversible, consécutive à une diminution de l'oxygénation cérébrale. Disparition d'un ou plusieurs phonèmes à l'intérieur d'un mot (par exemple le passage du latin eremitum au français ermite). Procédé rythmique qui consiste à déplacer, en le prolongeant, un temps faible sur un temps fort ou sur la partie forte d'un temps. ● syncope (synonymes) nom féminin (bas latin syncopa, du grec sugkopê, de sugkoptein, briser) Perte de connaissance brève, complète, brutale et réversible, consécutive à...
Synonymes :
- défaillance
- évanouissement
syncope
n. f.
d1./d Suspension subite ou ralentissement des battements du coeur, avec perte de connaissance et interruption plus ou moins complète de la respiration.
d2./d MUS élément sonore accentué sur un temps faible de la mesure, et prolongé sur un temps fort.
⇒SYNCOPE, subst. fém.
A. — MÉD., PATHOL. ,,Perte de connaissance brutale et complète, généralement brève, avec état de mort apparente, due à la cessation momentanée des fonctions cérébrales par interruption de l'arrivée du sang artériel au cerveau`` (MAN.-MAN. Méd. 1980). Synon. évanouissement, défaillance. Syncope cardiaque, convulsive, réflexe, respiratoire, vasomotrice; syncope d'effort. Deux ou trois, qui s'avisèrent d'avoir des syncopes ou des vapeurs, Charles d'Este les fit revenir à elles, avec de pleins seaux d'eau lancés par la figure (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 267). Elle vécut dans la paix jusqu'à la fin. Le dimanche matin, elle eut plusieurs syncopes. Elle en sortit péniblement (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 416).
♦ Avoir une syncope, tomber en syncope, être pris de syncope. S'évanouir. Synon. littér. défaillir, se trouver mal (v. mal2 I A 2 a), se pâmer, perdre le sens (v. sens1 B 1 a), perdre ses esprits (v. esprit 1re Section II B 2), perdre connaissance; (fam.) tomber dans les pommes (v. pomme A 2), tomber dans les vapes (v. vape rem. s.v. vapeur1). Le jour où Madame votre grand'mère avait eu cette syncope (PROUST, Sodome, 1922, p. 778). Près de Berthe, une femme de vingt ans, un bébé sur les bras, défaillit doucement, se laissa aller, prise de syncope à sentir cette chaleur (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 114).
— Au fig.
♦ Très vive émotion. Il est difficile d'expliquer pourquoi Mlle Arletty provoque, dans le public, une espèce de syncope ininterrompue de rire et d'émotion. Sans doute, est-ce le même phénomène qui me remue lorsque Mlle Mistinguett, en guenilles, loin des perles et des plumes d'autruche, avec un gros chien près d'elle (...) chante ses complaintes d'une voix poignante (COCTEAU, Foyer artistes, 1947, p. 132).
♦ Défaillance, cessation de toute activité. Ce qui s'est passé depuis trois mois, la vitalité que la France a montrée après l'effroyable syncope morale du 18 mars, sont des faits très consolants (RENAN, Réf. intellect., 1871, p. 119). Le dimanche était jour de trève dans la maison d'Honoré comme sur toute la campagne, une grande syncope des habitudes de la vie quotidienne (AYMÉ, Jument, 1933, p. 209).
B. — LING., PHONÉT. ,,Métaplasme par suppression (ou absorption) d'un phonème, d'une lettre ou d'une syllabe à l'intérieur d'un mot`` (MOUNIN 1974). Le passage des formes latines calidus, verecundiam, eremitum aux mots correspondants dans les langues romanes est dû à un phénomène de syncope: chaud (ital. caldo), vergogne, ermite (Ling. 1972).
C. — MUS. ,,Effet de rupture qui se produit dans le discours musical lorsque la régularité de l'accentuation se trouve brisée par le déplacement de l'accent rythmique attendu`` (Mus. 1976). Synon. contretemps. Syncope régulière, irrégulière. Les syncopes qui entraînent lourdement la basse vers les tons graves symbolisent le supplice d'être suspendu, dans une sorte de repos, accablant et torturant (PIRRO, J.-S. Bach, 1919, p. 211). D'abord, est évoqué, à la basse, pp. le motif principal, avec les syncopes haletantes à la partie supérieure; — la première phrase s'assombrit, en se transposant de mi majeur en ut majeur (38-39) (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 117).
— P. anal. ,,Procédé rythmique consistant à introduire, dans un vers constitué par ailleurs de cellules métriques pleines (...), une cellule féminine, ce qui par conséquent, déplace l'accent, lequel tombe une syllabe plus tôt que d'habitude`` (MORIER 1961).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1314 sincope méd. (HENRI DE MONDEVILLE, Chirurgie, 1433 ds T.-L.); XIVe s. syncope (Moamin, II, 46, 18, ibid.); 2. fin du XIVe s. « suppression d'une lettre ou d'une syllabe à l'intérieur d'un mot » (ROQUES t. 2, 11381); 3. 1631 mus. (P. TRICHET, Lettre à Mersenne ds P. MERSENNE, Corresp., éd. P. Tannery et C. De Waard, t. 3, 1946, p. 157). Empr. au b. lat. méd. syncopa, syncope, att. aux sens 1 et 2, gr. « id. », dér. de « briser, détruire de fond en comble; raccourcir par syncope », au passif « être frappé de syncope », de - (v. syn-) et de « frapper à coups répétés; couper ». Fréq. abs. littér.:142.
DÉR. Syncopal, -ale, -aux, adj., méd. a) Qui est relatif à la syncope. Respiration syncopale. Une utilisation judicieuse de ces armes précieuses et très efficaces permet le plus souvent d'éviter certains accidents: allergies cutanées, fatigue et crampes musculaires, tendances syncopales (R. SCHWARTZ, Nouv. remèdes et mal. act., 1965, p. 34). b) Qui s'accompagne d'une syncope. Fièvre, grippe syncopale. Aux manifestations rhumatismales s'associe un cartonnage œdémateux de certains territoires et surtout si l'on constate des troubles vasomoteurs, syncopaux ou asphyxiques (RAVAULT, VIGNON, Rhumatol., 1956, p. 560). — [], plur. masc. [-o]. — 1res attest. a) 1495 « qui cause des syncopes » (B. DE GORDON, Pratique, V, 4 ds GDF.), b) 1788 méd. « qui se rapporte à la syncope » (FÉR. Crit., avec citat. d'aut.), 1916 respiration syncopale (GARN.-DEL., 6e éd. ds QUEM. DDL t. 21), 1933 cœur syncopal (Lar. 20e); de syncope, suff. -al.
syncope [sɛ̃kɔp] n. f.
ÉTYM. XIVe; sincope, 1314; du lat. syncopa, syncopae, grec sugkopê, de sugkoptein « briser, raccourcir »; de sun-, et koptein « frapper ».
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1 Arrêt ou ralentissement marqué des battements du cœur, accompagné de la suspension de la respiration et de la perte totale de la conscience. ⇒ Arrêt (du cœur), asphyxie (A., 1., vx), défaillance, éblouissement (2.), étourdissement, évanouissement (2.), faiblesse (supra cit. 8), lipothymie, pâmoison (vx), perte (de connaissance); → Cœur, cit. 6; défaillir, cit. 1; prunelle, cit. 5. || Avoir une syncope, tomber en syncope. ⇒ Évanouir (s'); → Rester sans connaissance, perdre ses esprits, se trouver mal. || Une violente émotion peut provoquer la syncope.
1 Hier, à dîner chez la princesse, je me suis trouvé mal à plat : une syncope complète. On m'a couché sur un divan de la salle à manger, les jambes en l'air, on m'a jeté de l'eau de Cologne à la figure, la princesse m'a été chercher son éventail aux abeilles d'or — et je suis revenu.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 14 mars 1878, t. VI, p. 15.
2 À ce cri de détresse de son père, il s'exagère encore le danger et tombe en une syncope dont on ne put le faire revenir que le soir.
M. Jouhandeau, Chaminadour, Les enfants de ma sœur.
2 (1380). Gramm. anc. Suppression d'une lettre ou d'une syllabe à l'intérieur d'un mot (par ex. : l'orthographe dénoûment pour dénouement). || L'élision et la syncope sont des figures de diction, elles constituent des métaplasmes par suppression. — Phonét. (Vx). Chute d'un ou de plusieurs phonèmes à l'intérieur d'un mot.
3 (…) j'aurais plutôt dit donrois au lieu de donnerois, comme faisaient les anciens, qui usaient de la syncope.
Furetière, le Roman bourgeois, II, p. 197.
3 Mus. Prolongation sur un temps fort d'un élément accentué d'un temps faible. ⇒ aussi Anacrouse, contretemps (2.). || Syncope ordinaire ou simple, sur une seule note ou sur deux notes de valeur égale. || Syncope brisée ou irrégulière, sur deux notes de valeur inégale. || La syncope produit un effet de rupture. || Importance de la syncope dans le jazz traditionnel.
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DÉR. Syncopal, syncoper.
Encyclopédie Universelle. 2012.