despotisme [ dɛspɔtism ] n. m.
• 1678; de despote
1 ♦ Pouvoir absolu, arbitraire et oppressif du despote. Despotisme oriental. Le despotisme de Napoléon. — Polit. Despotisme éclairé : doctrine politique des philosophes du XVIII e s., selon laquelle le souverain doit gouverner selon les lumières de la raison.
♢ Forme de gouvernement dans lequel tous les pouvoirs sont réunis dans les mains d'un seul. ⇒ absolutisme, dictature, tyrannie. Combattre le despotisme. « Le pire de tous les despotismes, c'est le gouvernement militaire » (Robespierre).
2 ♦ Autorité tyrannique. « C'est de l'inique despotisme des pères que viennent les vices et les malheurs des enfants » (Rousseau).
⊗ CONTR. Démocratie, libéralisme. Faiblesse.
● despotisme nom masculin (de despote) Régime politique dans lequel un seul homme gouverne de façon arbitraire et autoritaire. Volonté, autorité exercée d'une façon tyrannique ; tyrannie. ● despotisme (citations) nom masculin (de despote) Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Le despotisme fait illégalement de grandes choses, la liberté ne se donne même pas la peine d'en faire légalement de très petites. La Peau de chagrin abbé Ferdinando Galiani Chieti 1728-Naples 1787 L'éducation publique pousse à la démocratie, l'éducation particulière mène droit au despotisme. Lettre à Mme d'Épinay Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Ni despotisme ni terrorisme. Nous voulons le progrès en pente douce. Les Misérables Ponce Denis Écouchard Lebrun Paris 1729-Paris 1807 Académie française, 1803 Rien n'est plus dangereux qu'un despote clément. Odes Pierre Leroux Paris 1797-Paris 1871 Le despote en se faisant despote devient esclave. De l'humanité, de son principe et de son avenir Stéphane Mallarmé Paris 1842-Valvins, Seine-et-Marne, 1898 Le devoir est de vaincre, et un inéluctable despotisme participe du génie. Les Poèmes d'Edgar Poe, Scolies Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 L'esprit d'égalité extrême, conduit au despotisme d'un seul. De l'esprit des lois Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 Quand les sauvages de la Louisiane veulent avoir du fruit, ils coupent l'arbre au pied, et cueillent le fruit. Voilà le gouvernement despotique. De l'esprit des lois Henri Beyle, dit Stendhal Grenoble 1783-Paris 1842 Le despotisme frappe le style de bêtise. Promenades dans Rome, Marginalia Augustin Thierry Blois 1795-Paris 1856 Le despotisme a […] beau jeu lorsqu'il peut répondre aux peuples qui murmurent : c'est vous-mêmes qui m'avez voulu. Dix Années d'études historiques, Histoire d'Angleterre Cesare Bonesana, marquis de Beccaria Milan 1738-Milan 1794 Une république trop vaste ne se garantit du despotisme qu'en se subdivisant et s'unissant en plusieurs républiques confédérées. Una repubblica troppo vasta non si salva dal dispotismo che col sottodividersi e unirsi in tante repubbliche federative. Dei delitti e delle pene, XXVI Carlo Bini Livourne 1806-Carrare 1842 Le despote doit apprendre à dormir à ses sujets. Gare à lui s'il leur apprend à mourir : c'est une leçon qui bientôt se retournera contre lui. Il despota bisogna che insegni a dormire. Guai a lui se insegna a morire : è una lezione che ben tosto gli tornerà contro. Manoscritto d'un prigioniero, XXII ● despotisme (expressions) nom masculin (de despote) Despotisme éclairé, régime politique dans lequel le souverain se conduit en maître absolu et pratique une politique inspirée de la philosophie des Lumières. ● despotisme (synonymes) nom masculin (de despote) Régime politique dans lequel un seul homme gouverne de façon...
Synonymes :
- césarisme
- tyrannie
Volonté, autorité exercée d'une façon tyrannique ; tyrannie.
Synonymes :
- tyrannie
despotisme
n. m.
d1./d Pouvoir absolu et arbitraire du despote.
— Gouvernement despotique.
|| HIST Despotisme éclairé: nom donné à la doctrine selon laquelle le souverain doit gouverner en s'appuyant sur les principes rationalistes propres aux philosophes du XVIIIe s.
d2./d Fig. Autorité qui s'exerce de manière despotique, tyrannique. Le despotisme d'un chef.
⇒DESPOTISME, subst. masc.
Gén. péj.
A.— [Correspond à despote A]
1. Pouvoir solitaire et sans contrôle, absolu et arbitraire d'un despote. Le despotisme fait l'égalité sous lui. Plus le despotisme est complet, plus l'égalité est complète (HUGO, Rhin, 1842, p. 447). Cet homme [Napoléon Ier], dont j'admire le génie et dont j'abhorre le despotisme, cet homme m'enveloppe de sa tyrannie comme d'une autre solitude (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 15) :
• 1. Jamais il n'y a eu de plus grands exemples que maintenant, du despotisme et de l'influence omnipotente des volontés d'un seul. Exemples : notre empereur et Bismarck.
GONCOURT, Journal, 1866, p. 268.
2. P. ext. Forme de gouvernement dans lequel un seul homme détient le pouvoir absolu :
• 2. ... qu'est-ce que le despotisme? Nous avons dit que ce n'était qu'un abus, et non une espèce de gouvernement. Cela est vrai, si l'on ne considère que l'usage du pouvoir : mais si l'on n'a égard qu'à son étendue, le despotisme est le gouvernement d'un seul. Il est la concentration de tous les pouvoirs dans une seule et même main. Il est l'état de la société, dans lequel un seul a tous les pouvoirs, et tous les autres n'en ont aucun.
DESTUTT DE TRACY, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu, 1807, p. 64.
— HIST., non péj.
♦ Despotisme oriental, de l'Orient :
• 3. De tous les gouvernements, celui qui révolte le moins mon cœur, celui qui dégrade le moins l'humanité, c'est le despotisme de l'Orient, où l'abaissement des peuples est au moins expliqué par des superstitions. Je conçois un tyran qui descend des prophètes et qui est allié des astres. Au Thibet, il est invisible, immortel, sacré. (...) Les plus avilis des hommes, ce sont les esclaves qui reconnoissent des tyrans faits à leur image.
NODIER, Jean Sbogar, 1918, p. 193.
Rem. ,,L'expression despotisme oriental est utilisée de manière non péjorative par les historiens modernes (...). Le conditionnement économique de ces régimes s'intègre depuis peu à l'étude approfondie des débuts de l'histoire`` (LEGRAND 1972).
♦ Despotisme éclairé. Doctrine de gouvernement élaborée par les philosophes rationalistes — en particulier français — du XVIIIe siècle et qui préconise de concilier le pouvoir absolu avec la volonté de faire progresser l'État et ses membres :
• 4. Le despotisme donc, s'il entend bien ses intérêts, n'encouragera pas les lettres, car les lettres mènent à penser, et la pensée juge le despotisme. (...) il n'y a que deux genres d'auxiliaires pour l'autorité absolue, ce sont les prêtres ou les soldats. Mais n'y a-t-il pas, dit-on, des despotismes éclairés, des despotismes modérés? Toutes ces épithètes, avec lesquelles on se flatte de faire illusion sur le mot auquel on les adjoint, ne peuvent donner le change aux hommes de bon sens.
STAËL, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr., t. 2, 1817, p. 424.
B.— [Correspond à despote B] P. ext. Toute forme d'autorité qui tend à devenir tyrannique et oppressive. Il y a intention de despotisme toutes les fois qu'on veut interdire aux hommes l'usage de la raison (STAËL, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr., t. 2, 1817p. 106). Clorinde montrait le despotisme d'une jeune mariée (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 320). Ils ploient sous le despotisme paterne des prêtres (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 118).
C.— [Correspond à despote C; en parlant de qqc. qui s'impose à qqn comme une loi tyrannique, en parlant de qqc. qui constitue une règle absolue dans un domaine] P. métaph. ou au fig. Le despotisme (...) de la mode (AMIEL, Journal, 1866, p. 272) :
• 5. Laissons même ce mot de vérité qui ferait croire trop aisément que le despotisme de certaines idées est légitime. Disons, non vérités, mais idées. Et appelons idée tout rapport perçu; ...
GIDE, Journal, 1896, p. 91.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. 1698 fig. « toute autorité qui s'exerce de façon tyrannique » (BAUDELOT, Hist. de Ptolémée Aul., II, 8 ds DG); av. 1714 « pouvoir absolu et arbitraire d'un souverain » (FÉNELON, Direct. pour la conscience d'un Roi, pag. 88 ds RICH. 1759); 1721 « gouvernement despotique » (MONTESQ., Lett. pers., 103 ds DG). Dér. de despote; suff. -isme. Fréq. abs. littér. : 1 120. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 315, b) 920; XXe s. : a) 473, b) 302. Bbg. KESSLER (H.). Terreur. München, 1973.
despotisme [dɛspɔtism] n. m.
ÉTYM. V. 1678; de despote.
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1 Hist. Pouvoir absolu, arbitraire et oppressif d'un despote. || Despotisme oriental. — Par ext. Tyrannie, pouvoir autocratique. || Despotisme de Napoléon (→ Abhorrer, cit. 3). Par anal. || Despotisme d'une assemblée (→ Autocratie, cit. 1).
1 Le despotisme tyrannique des souverains est un attentat sur les droits de la fraternité humaine.
Fénelon, Direction pour la conscience d'un roi.
2 (…) les monarchies se corrompent lorsqu'on ôte peu à peu les prérogatives des corps ou les privilèges des villes. Dans le premier cas, on va au despotisme de tous; dans l'autre, au despotisme d'un seul.
Montesquieu, l'Esprit des lois, VIII, VI.
♦ Vieilli. Forme de gouvernement dans lequel tous les pouvoirs sont réunis dans les mains d'un seul. ⇒ Absolutisme, dictature, tyrannie. || Sceptre de fer du despotisme. || Combattre le despotisme (→ Affranchissement, cit. 3).
3 La plupart des gouvernements d'Europe sont monarchiques (…) C'est un état violent qui dégénère toujours en despotisme ou en république (…) il faut que le pouvoir diminue d'un côté pendant qu'il augmente de l'autre; mais l'avantage est ordinairement du côté du prince, qui est à la tête des armées.
Montesquieu, Lettres persanes, CIII.
4 C'est du sein de ces désordres et de ces révolutions que le despotisme, élevant par degrés sa tête hideuse, et dévorant tout ce qu'il aurait aperçu de bon et de sain dans toutes les parties de l'État, parviendrait enfin à fouler aux pieds les lois et le peuple, et à s'établir sur les ruines de la république.
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, II.
5 (…) le pire de tous les despotismes, c'est le gouvernement militaire.
6 On veut avant tout fonder un État juste, et l'on ne s'aperçoit pas que l'on brise la liberté, que l'on fait une révolution sociale et non une révolution politique, que l'on pose la base d'un despotisme semblable à celui des Césars de l'ancienne Rome.
Renan, Questions contemporaines, Œ., t. I, p. 39.
♦ Hist. || Despotisme éclairé : doctrine politique des philosophes du XVIIIe siècle, selon laquelle le souverain doit gouverner selon les lumières de la raison. → Despote éclairé.
2 Fig. Autorité tyrannique. || Le despotisme d'un père, d'un mari, d'une mère de famille. ⇒ Autoritarisme.
7 Depuis que tous les sentiments de la nature sont étouffés par l'extrême inégalité, c'est de l'inique despotisme des pères que viennent les vices et les malheurs des enfants (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, Entretien sur les romans, entre l'éditeur et un homme de lettres.
8 Mon père, seul artisan de sa fortune, est un homme dur, inflexible; il traite d'ailleurs sa femme et ses enfants comme il se traite lui-même. Je n'ai jamais surpris sur ses lèvres le moindre sourire. Sa main de fer, son visage de bronze, son activité sombre et brusque à la fois, nous comprimaient tous, femme, enfants, commis et domestiques, sous son despotisme sauvage.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 625.
9 (…) elle sert son vieux maître avec le plus vigilant despotisme.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, p. 378.
10 Il a continué de me demander, avec le despotisme de ceux qui se savent aimés uniquement, ma gaîté, ma force, ma vigilance de bergère.
Colette, la Paix chez les bêtes, « La chienne jalouse », p. 12.
♦ Fig. (Choses). || Le despotisme d'une mode, son pouvoir absolu.
11 Laissons même ce mot de vérité qui ferait croire trop aisément que le despotisme de certaines idées est légitime.
Gide, Journal, 1896, Littérature et morale, Pl., p. 91.
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CONTR. Anarchie (cit. 4); démocratie, libéralisme, république. — Clémence, faiblesse, tolérance.
Encyclopédie Universelle. 2012.