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platitude

platitude [ platityd ] n. f.
• 1694; de 1. plat
1Caractère de ce qui est plat, sans originalité. médiocrité. « Le monde est voué sans appel à la platitude, à la médiocrité » (Renan).
♢ UNE PLATITUDE. banalité, fadaise. Débiter des platitudes. « une espèce de salon de province [...] ; ses platitudes suivaient le torrent du siècle » (Balzac). « Emma retrouvait dans l'adultère toutes les platitudes du mariage » (Flaubert).
2Vieilli Caractère d'une personne sans élévation morale, qui s'abaisse avec servilité. avilissement , bassesse, obséquiosité. Acte qui témoigne de servilité. « Si vous croyez que je vais revenir et vous faire des platitudes, vous vous trompez » (Hugo).
3(XIXe) Rare État de ce qui est plat, plan. « À perte de vue la platitude fabuleuse et soyeuse du Delta » (Duras).
⊗ CONTR. Esprit, saveur. Dignité, fierté, noblesse.

platitude nom féminin Caractère de ce qui est plat, banal, médiocre : La platitude du style. Parole banale : Dire des platitudes. Acte empreint de bassesse, de servilité, d'obséquiosité : Faire des platitudes pour parvenir à une fonction.platitude (synonymes) nom féminin Caractère de ce qui est plat, banal, médiocre
Synonymes :
- banalité
- fadeur
- inconsistance
- insignifiance
- médiocrité
- monotonie
- pauvreté
Contraires :
- brillant
- éclat
- fantaisie
- finesse
- hardiesse
- imprévu
- originalité
- pittoresque
- profondeur
- saveur
Parole banale
Synonymes :
- fadaise
- niaiserie
Acte empreint de bassesse, de servilité, d'obséquiosité
Synonymes :
- bassesse
- courbettes (familier)

platitude
n. f.
d1./d Défaut de ce qui est plat, sans originalité; acte, propos plat. Dire des platitudes.
d2./d Caractère d'un individu plat, obséquieux.
Acte, comportement servile.

⇒PLATITUDE, subst. fém.
A. —Caractère de ce qui est plat, sans relief. Platitude d'un champ, d'une plaine, d'un canal, d'une feuille de tôle. Quelle joie pour moi quand je sortais enfin de cette platitude du paysage de Mâcon, pour entrer dans les véritables collines du Mâconnais (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p.75). Comme le squelette transparaissait sous la platitude de ses seins (LORRAIN, Phocas, 1901, p.196). Le plateau (...) bien triste avec ses cailloux et ses revêches palmiers nains, mais dont la platitude même est un repos pour l'esprit (THARAUD, Marrakech, 1920, p.9).
P. méton. Terrain, paysage plat. La chebka.Une immense platitude de pierres. Une sorte de néant jaunâtre, sous un ciel sulfureux (LENORMAND, Simoun, 1921, 6e tabl., p.62). Puis les dunes s'aplatirent de sorte que de toutes parts on ne voyait rien que de bas, de nu (...). Le soleil de la fin d'août avivait du reste les gris et les beiges dont se composait cette platitude (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p.28).
B.Au fig.
1. Caractère de ce qui est uniforme, sans trait marquant, sans attrait. Un de ces effets de lumière qui transfigurent souvent à Paris la grise platitude des maisons et la contrefaçon de grandeur des architectures bêtes (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p.391). Le caractère gras, par l'intermittence de son emploi, évite la platitude (E. LECLERC, Nouv. manuel typogr., 1932, p.262). On constate, en Grèce, à Versailles (...) de quelles lignes asymétriques est faite la beauté de leurs édifices. Le fil à plomb tue cette beauté presque humaine. On connaît la platitude, l'ennui mortel de nos immeubles où l'homme se renonce (COCTEAU, Diff. d'être, 1947, p.222).
En partic. ,,Caractère du vin plat, mou`` (REN. Vin 1962).
Dans le domaine des faits de pensée, de l'expr., de l'art. Manque d'originalité, d'élévation. Platitude des idées, d'une plaisanterie, d'une conversation; platitude d'un roman, d'un poème, de vers, d'un film, d'un sujet; tomber dans la platitude. Quel chien de sujet! Je passe alternativement de l'emphase la plus extravagante à la platitude la plus académique. Cela sent tour à tour le Pétrus Borel et le Jacques Delille (FLAUB., Corresp., 1857, p.239). [Bonnat] a peint aussi Jules Ferry. Celui-là ressemblait (...) à un maître d'hôtel de palace et la platitude du tableau et de son jus maussade et brun s'accorde ici exactement avec la platitude du modèle (L. DAUDET, Idées esthét., 1939, p.37):
1. J'essaie de lire un roman de P. de Kock (La maison blanche); mais l'insupportable platitude des personnages, des scènes et du style me fait mal au coeur. Pour quels gargotiers, portiers ou blanchisseurs, sont donc écrits des livres aussi bêtes et aussi vulgaires?
AMIEL, Journal, 1866, p.374.
♦[P. méton., à propos d'un écrivain, d'un artiste] Je ne veux pas chanter Les Mémoires d'un Touriste [de Stendhal] Ça pourrait être long; c'est le Manuel du Voyageur homme d'esprit. C'est-à-dire une chose adorable à concevoir, un sublime. Relire Taine après cela pour toucher bien la platitude dudit (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1897, p.291). Essayé de relire du Lamartine et pris d'un ennui invincible dès la quatrième page (...) il est ampoulé quand il n'est pas d'une platitude honteuse (GREEN, Journal, 1954, p.270).
♦[À propos d'occupations, de l'existence] Manque d'imprévu, médiocrité. Il s'assoupissait dans un engourdissement de félicité sommeillante, dans la platitude des causeries de ménage et du petit commerce (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p.379). L'existence quotidienne se poursuit dans notre trou avec sa platitude ordinaire (THARAUD, Relève, 1919, p.140). Le métier de clerc d'avoué est la platitude même (LÉAUTAUD, Passe-temps, 1929, p.43).
P. méton., gén. au plur. Ce qui a un caractère plat (actes, idées, paroles, oeuvre, événement). Synon. banalités, fadaises, lieux communs, poncifs. Dire, écrire des platitudes; jouer une platitude; les platitudes du mariage, de la vie. Couché vers minuit et écrit ce Memorandum, aussi insignifiant que ce qu'il rappelle. Quel tissu de platitudes que la vie! (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1836, p.88). Parlé avec les professeurs en attendant l'heure de la conférence; nous avons gravement échangé des platitudes sur la température et sur la guerre (GREEN, Journal, 1943, p.29):
2. Racine. —La chose dont je lui sais le plus de gré, ce n'est pas d'avoir écrit les chefs-d'oeuvre d'Athalie, de Britannicus, d'Esther, etc., etc... c'est de n'avoir laissé de lui, après lui, que ces belles tragédies et pas une platitude de circonstance comme firent Corneille, et même Molière. Pas un madrigal honteux, pas une fadeur...
VIGNY, Journal poète, 1844, p.1222.
2. Manque de personnalité, d'élévation dans les idées chez une personne, dans une collectivité. Son dos même, son dos tranquille était irritant à voir, et elle y trouvait étalée sur la redingote toute la platitude du personnage (FLAUB., Mme Bovary, t.1, 1857, p.117). Vous m'avez offert une hospitalité et des secours que j'ai obstinément refusés. —Eh ! qui vous parle de cela? Vous les eussiez acceptés, que je n'aurais pas la platitude de vous les reprocher (SAND, M. Sylvestre, 1866, p.292). L'ennui (qu'il [Flaubert] confesse) d'écrire ses romans de moeurs modernes et d'élever des monuments stylistiques à la platitude provinciale et bourgeoise (VALÉRY, Variété V, 1944, p.202).
P. ext. Manque de dignité, caractère de celui qui manifeste une trop grande humilité pour obtenir des faveurs, la bienveillance de supérieurs. Synon. obséquiosité, servilité. On dit que Cousin manque aux saintes lois de la platitude et refuse de prêter serment! J'admire! (HUGO, Corresp., 1852, p.98). Ça vous dégoûte, la platitude de la presse, qui l'a autrefois et furieusement attaqué et qui, devant son gros succès de vente, a des attitudes de chien couchant (GONCOURT, Journal, 1888, p.768):
3. Le rire à l'académicien, la flatterie au ministre, la lèche au financier (...) ne vont pas avec la cabriole artistique, la gambade littéraire, ni les airs de mousquetaire aux champs. Il faut choisir entre la platitude et les Grâces...
L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p.65.
P. méton., gén. au plur. Action basse, servile. Synon. fam. bassesses, courbettes. Si vous croyez que je vais revenir et vous faire des platitudes, vous vous trompez. Je suis fière (HUGO, Misér., t.2, 1862, p.671). Sa vie toute entière se résumait en platitudes et petites précautions rusées pour retenir tout le monde, et se pousser du col (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.200).
REM. Platitudineux, -euse, adj., hapax, synon. de plat. Le désert de blé immense et platitudineux (CLAUDEL, Corona Benignitatis, 1915, p.434).
Prononc. et Orth.:[platityd]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1694 «(d'un discours, d'un style, d'une production de l'esprit) caractère de ce qui est sans élévation» (Ac.:Tout ce qu'il dit est d'une grande platitude); b) 1804 «absence d'originalité, d'imprévu, uniformité des choses» la platitude de la vie commune (CONSTANT, Journaux, p.147); c) 1815 «médiocrité intellectuelle» (ID., ibid., p.449); en partic. 1817 «humilité excessive d'une personne» (STAËL, Consid. Révol. fr., t.2, p.38); 2. a) 1776 «tabatière plate» (BACHAUMONT, Mém. secrets, 5 mai ds BRUNOT t.6, p.1106 et note 7); b) 1851 «caractère d'une chose plate, au relief peu accentué» la platitude du paysage de Mâcon (LAMART., loc. cit.). Dér. de plat1; suff. -itude. Fréq. abs. littér.:285. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 224, b) 452; XXes.: a) 643, b) 391. Bbg. DARM. 1877, p.190.

platitude [platityd] n. f.
ÉTYM. 1694; de plat.
1 (La platitude de qqch.). Caractère de ce qui est plat (I., B.), de ce qui manque d'élévation, d'originalité, d'intérêt… Médiocrité. || Platitude du style, d'un livre, d'un tableau, d'une musique… || Vers désespérants de mièvrerie (cit. 2) et de platitude.Par ext. || La platitude d'un poète (→ Fantaisiste, cit. 4).Par anal. || « Le monde (…) est voué sans appel (cit. 23) à la platitude, à la médiocrité » (→ aussi 2. Idéal, cit. 8).
1 (…) une certaine solennité plate ou (…) une certaine platitude solennelle qui nous était jadis donnée par une majestueuse et pénétrante simplicité.
Baudelaire, l'Art romantique, XXII, II.
(Une, des platitudes). Ce qui est plat (dans un ouvrage, une conversation); chose plate. Banalité, fadaise (→ Cinématographe, cit. 2). || Débiter des platitudes.
1.1 Crois-moi, laisse-là la justice de Dieu, ses châtiments ou ses récompenses à venir, toutes ces platitudes-là ne sont bonnes qu'à nous faire mourir de faim.
Sade, Justine…, t. I, p. 36.
2 Ce salon était donc une espèce de salon de province, mais éclairé par les reflets du continuel incendie parisien; sa médiocrité, ses platitudes suivaient le torrent du siècle.
Balzac, les Petits Bourgeois, Pl., t. VII, p. 99.
3 Elle était aussi dégoûtée de lui qu'il était fatigué d'elle, Emma retrouvait dans l'adultère toutes les platitudes du mariage.
Flaubert, Mme Bovary, III, VI.
2 Vieilli. (La platitude de qqn). Caractère de celui qui est sans élévation morale, sans aucune noblesse, et, spécialt, de celui qui s'abaisse avec servilité. Aplatissement, avilissement, bassesse, obséquiosité (→ Arrivisme, cit. 1; chien, cit. 37).
3.1 Les Rajahs ont formé des milliers d'Indiens serviteurs depuis des milliers d'années à être plats comme des lâches. Et cette platitude qu'on ne pourrait concevoir sans l'avoir vue est plus effrayante, plus pénible à considérer que toutes les misères et la famine et le choléra endémique.
Henri Michaux, Un barbare en Asie, p. 38.
(Une, des platitudes). Acte plat; acte qui témoigne de servilité. Bassesse, courbette.
4 (…) au lieu de chevalier, je serais officier de la Légion d'honneur, mais j'aurais passé trois ou quatre heures par jour à ces platitudes d'ambition qu'on décore du nom de politique, j'aurais fait beaucoup de demi-bassesses (…).
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 43.
5 Si vous croyez que je vais revenir et vous faire des platitudes, vous vous trompez. Je suis fière. Je vous attends à présent.
Hugo, les Misérables, V, VII, I.
3 (XIXe). Qui a un goût plat, qui manque de saveur, de bouquet (en parlant du vin).
4 (Hugo, par métaphore : || « La platitude peut braver l'écrasement », les Années funestes, XLI). État de ce qui est plat (I., A.), plan.REM. Cet emploi peu courant semble se justifier par l'absence de substantif correspondant à plat (on trouve plateur, chez Mme de Sévigné).
6 D'abord la platitude même du sol, qui, si elle rebute le petit bourgeois désireux de situer dans un décor évocateur un chalet suisse environné de rocailles, favorise la construction rapide de bâtiments industriels, les séries d'ateliers semblables, desservis par des passages et des cours; diminue les difficultés de charroi, le nombre des chevaux dans les attelages.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IX, I, p. 7.
5 Arts décoratifs. Tabatière, boîte plate que l'on pouvait mettre dans le gousset (XVIIIe siècle).Syn. : turgotine.
7 Le ministère de Turgot répand, dans le monde des femmes qui prennent du tabac, les tabatières à la Turgot qu'on appelle platitudes.
Ed. et J. de Goncourt, la Femme au XVIIIe s., t. II, p. 60.
CONTR. Couleur, esprit, fraîcheur, hardiesse; saveur. — Arrogance, dignité, fierté, noblesse…

Encyclopédie Universelle. 2012.