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talent

talent [ talɑ̃ ] n. m.
talant « état d'esprit » 980; lat. talentum, gr. talanton « plateau de balance »
I(1170) Antiq. Poids de 20 à 27 kg, dans la Grèce antique.
Par ext. Monnaie de compte équivalant à un talent d'or ou d'argent. La parabole des talents, dans l'Évangile.
II(XVIIe) Don, aptitude.
1Vieilli Disposition naturelle ou acquise « pour réussir en quelque chose » (Furetière). aptitude, capacité, 1. don. « Être franc et sincère est mon plus grand talent » (Molière). « Ne forçons point notre talent » (La Fontaine). Exercer un, son talent, ses talents. « Il avait en outre le talent de prédire l'avenir par la cartomancie » (Nerval).
(1624) Mod. Aptitude particulière, dans une activité. « Celui qui se fait connaître par quelque talent » (Chamfort). Fam. ou plaisant Montrez-nous vos talents, ce que vous savez faire. Talent de société, qui intéresse, divertit en société. Talent d'amateur. Talent littéraire. Talent de virtuose. Avoir des talents cachés. 1. don.
2Absolt LE TALENT : aptitude remarquable dans le domaine intellectuel ou artistique. Avoir du talent. Manquer de talent. N'avoir aucun talent. Artiste sans talent. « Le génie est peut-être au talent ce que l'instinct est à la raison » (Renard). « Sans travail, le talent est un feu d'artifice » (Martin du Gard). La facilité « c'est le talent tourné contre lui-même » (Sartre). « Un écrivain de grand talent » (Zola).
Personne qui a un talent particulier (artistique, politique, etc.), du talent. « Encourager les jeunes talents » (Hugo). Collect. Le talent : les gens de talent.

talent nom masculin (latin talentum, du grec talanton) Dans la Grèce ancienne, unité de poids très variable. Monnaie de compte qui valait, à Athènes, 6 000 drachmes. ● talent (homonymes) nom masculin (latin talentum, du grec talanton) talant participe présent talent forme conjuguée du verbe taler tallant participe présenttalent nom masculin Aptitude particulière à faire quelque chose : Avoir un réel talent pédagogique. Capacité, don remarquable dans le domaine artistique, littéraire : Ce jeune peintre a beaucoup de talent. Personne douée en telle activité : Encourager les jeunes talents.talent (citations) nom masculin Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Il y a du bonheur dans toute espèce de talent. Le Cabinet des antiques, Préface Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 L'intérêt et le talent sont les seuls conseillers consciencieux et lucides. Le Curé de Tours Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 La volonté peut et doit être un sujet d'orgueil bien plus que le talent. La Muse du département Jules Amédée Barbey d'Aurevilly Saint-Sauveur-le-Vicomte 1808-Paris 1889 Sait-on bien juste à quel point il faut peu de talent pour réussir ?… Disjecta membra Hector Berlioz La Côte-Saint-André, Isère, 1803-Paris 1869 Ah ! quel talent je vais avoir demain. Mémoires Georges Braque Argenteuil 1882-Paris 1963 Où l'on fait appel au talent, c'est que l'imagination fait défaut. Le Jour et la Nuit Gallimard Georges Louis Leclerc, comte de Buffon Montbard 1707-Paris 1788 Les singes sont tout au plus des gens à talents, que nous prenons pour des gens d'esprit. Histoire naturelle, De l'homme Jean-Baptiste Camille Corot Paris 1796-Paris 1875 Le tout, c'est d'avoir du génie à vingt ans et du talent à quatre-vingts. Cité par Marguerite Matisse, in les Nouvelles Littéraires, n° 2222, 23 avril 1970 Eugène Delacroix Saint-Maurice, Val-de-Marne, 1798-Paris 1863 Point de règles pour les grandes âmes : elles sont pour les gens qui n'ont que le talent qu'on acquiert. Journal, 27 avril 1824 Georges Duhamel Paris 1884-Valmondois, Val-d'Oise, 1966 Académie française, 1935 Le caractère, qui, parfois demeure étranger au talent, anime toujours le génie. Défense des lettres Mercure de France Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Le génie, c'est Dieu qui le donne, mais le talent nous regarde. Correspondance, à Louise Colet, 1853 Jean Auguste Dominique Ingres Montauban 1780-Paris 1867 Avec le talent, on fait ce qu'on veut. Avec le génie, on fait ce qu'on peut. Cité par Julien Green dans son Journal Joseph Joubert Montignac, Corrèze, 1754-Villeneuve-sur-Yonne 1824 Quand on écrit avec facilité, on croit toujours avoir plus de talent qu'on n'en a. Carnets Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Il se croit des talents et de l'esprit : il est riche. Les Caractères, Des biens de fortune Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Ne forçons point notre talent ; Nous ne ferions rien avec grâce. Fables, l'Âne et le Petit Chien François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Il y a de méchantes qualités qui font de grands talents. Maximes Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon Niort 1635-Saint-Cyr 1719 Il faut se servir des gens selon leurs talents, et compter qu'il n'y en a point de parfaits. Lettres, 1679 Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux Paris 1688-Paris 1763 Mon Dieu, que les hommes ont de talents pour ne rien valoir ! La Vie de Marianne Charles Augustin Sainte-Beuve Boulogne-sur-Mer 1804-Paris 1869 Le talent de la plupart des hommes se termine par un défaut qui se prononce et marque de plus en plus en vieillissant. Causeries du lundi Charles Augustin Sainte-Beuve Boulogne-sur-Mer 1804-Paris 1869 Jeune, on se passe très aisément d'esprit dans la beauté qu'on aime et de bon sens dans les talents qu'on admire. Mes poisons Isaac Félix, dit André Suarès Marseille 1868-Saint-Maur-des-Fossés 1948 Le goût est le génie du talent. Valeurs Grasset Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Le talent sans génie est peu de chose. Le génie sans talent n'est rien. Mélange Gallimard Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres. Réflexions et Maximes Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 Il y a plus de grandes fortunes que de grands talents. Réflexions et Maximes Quintilien, en latin Marcus Fabius Quintilianus Calagurris Nassica, aujourd'hui Calahorra, Espagne, vers 30-vers 100 après J.-C. Quand on n'a pas de talent, on dit tout. L'homme de talent choisit et se contient. Indocti dicunt omnia. Doctis est electio et modus. ● talent (homonymes) nom masculin talant participe présent talent forme conjuguée du verbe taler tallant participe présenttalent (synonymes) nom masculin Aptitude particulière à faire quelque chose
Synonymes :
- aptitude
- art
- chic (familier)
- disposition
- don
- génie
- instinct
- qualités

talent
n. m.
d1./d Disposition, aptitude naturelle ou acquise. Vous devriez exploiter vos talents de comédien. Syn. don, capacité.
d2./d Absol. Aptitude remarquable dans un domaine, partic. artistique ou littéraire. Avoir du talent.
d3./d Personne qui a du talent.

⇒TALENT, subst. masc.
I. — ANTIQUITÉ
A. — Unité de poids de 20 à 27 kg. Chez les Athéniens, le talent pesait environ vingt-sept kilos (Ac. 1935).
B. — Monnaie de compte équivalent à un talent d'or ou d'argent. [Pilate] est procurateur, lieutenant consulaire. Le port de Tyr lui paie un talent par galère (HUGO, Fin Satan, 1885, p. 869). Autrefois il a prêté , sur reçu (...) une somme de dix talents d'argent à un parent pauvre (A. FRANCE, Vie littér., 1891, p. 219).
Vieilli. [P. allus. à la Parabole des talents dans Matth., XXV, 14 et sqq.] Enfouir son talent. Ne pas faire valoir ses dons, ses capacités. Songez au serviteur qui enfouit le talent que son maître lui a confié (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 738).
II. A. — 1. Vieilli. Disposition donnée, aptitude, capacité physique ou intellectuelle pour réussir en quelque chose. Synon. don, faculté. Les talents du corps et de l'esprit; exercer son talent, un talent; avoir le talent de se ruiner, d'ennuyer qqn, de se faire moquer de soi. Madame Paturot (...) avait un talent inouï pour détourner la conversation (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 412). Il possédait, entre autres talents, celui de violer un cachet, le plus doucement du monde (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 66).
2. Aptitude, capacité particulière, habileté, naturelle ou acquise, pour réussir en société et dans une activité donnée. Avoir des talents; se faire connaître par quelque talent; un talent d'imitation; un beau, grand talent; un joli talent d'amateur; talent dramatique, littéraire; talent militaire, politique; talents de ménagère. Jamais il n'avait eu le talent des affaires, et quatorze années passées à la campagne, entre ses valets, son notaire et son médecin, jointes à la mauvaise humeur de la vieillesse qui était survenue, en avaient fait un homme tout à fait incapable (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 19). On avait vanté devant lui le talent de conteur du premier lieutenant (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 106).
Talent de société. Talent qui divertit, intéresse en société. Ses talents de société éclipsaient les miens; il devenait le héros de la fête (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 332). C'est vrai qu'il a des talents de société, dit-elle; il chante des chansons tellement drôles! (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 215).
B. — Absol., dans le domaine intellectuel ou artist. Aptitude, capacité remarquable. Avoir du talent. Le génie est l'instinct de tout voir et de tout comprendre, et le talent est le don de tout rendre et de tout exprimer (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1833, p. 162). Le génie, même le grand talent, vient moins d'éléments intellectuels et d'affinement social supérieurs à ceux d'autrui, que de la faculté de les transformer, de les transposer (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 554).
De talent. Un homme de talent, quoi qu'il fasse, ne rassure jamais l'autorité (GONCOURT, Journal, 1865, p. 120).
— [P. méton.] Ensemble de qualités d'une œuvre dénotant les capacités remarquables de son auteur. Mon noble ami, mais c'est plein de talent, ça! (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 53).
C. — P. méton. Personne qui a du talent. [M. Pradier] est un talent froid et académique. Il a passé sa vie à engraisser quelques torses antiques, et à ajuster sur leurs cous des coiffures de filles entretenues (BAUDEL., Salon, 1846, p. 190). Les grands talents ont derrière eux des imitateurs qui les caricaturent, comme ces ombres grimaçantes, sur un mur, à la chandelle (GONCOURT, Journal, 1860, p. 739).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. 1. Fin Xe s. « sentiment, pensée, disposition d'esprit » [G. MOMBELLO, Les Avatars de « talentum », Turin, 1976, p. 154, note 2 précise pour ce texte « courroux »] (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 73: Los sos talant ta fort monstred [Le Christ chassant les marchands du Temple] Que grant pavors pres als Judeus); 2. id. « désir, souhait, volonté » (ibid., 84: Vostres talenz ademplirai); ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 25: Amfant nus done ki seit a tun talent), cf. l'analyse sém. de G. S. BURGESS ds Romania t. 95, 1974, pp. 443-466 et G. MOMBELLO, op. cit., pp. 153-161; 3. id. « esprit » (ibid., 139: À tel tristur aturnat sun talent [la mère d'Alexis]. Unc puis cel di nes contint ledement). B. « Dons, capacités, aptitudes accordés par Dieu » 1. XIVe s. [ms.] « faculté, aptitude (domaine des sens) » (ds Rec. gén. des jeux-partis, éd. A. Långfors et L. Brandin, XV, 20, t. 1, p. 59: S'il ne parole [le muet], s'a par veoir talent, Par quoi il doit les biens d'amours sentir); déb. XVe s. « capacités physiques » (CHRISTINE DE PISAN, Epistre Othea, LXXII, ms. Harley 4431, fol. 128 r° ds G. MOMBELLO, op. cit., p. 178); 2. mil. XVIe s. « dons du Saint-Esprit » (CALVIN, Serm. Pentecoste, 4 [XLVIII, 648] ds HUG.: chacun n'en pourra pas avoir en egal mesure [de la grâce du St Esprit], mais cela n'empesche pas que nous ne facions profiter nostre petit talent); 3. 1560 « capacités intellectuelles » (RONSARD, Élégie, 37 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 10, p. 364: Si Ronsard ne cachoit son talent dedans terre, Or parlant de l'amour, or parlant de la guerre [...] Il seroit tout parfaict), v. G. MOMBELLO, op. cit., pp. 192 et 201-202; 4. p. ext. av. 1734 « personne qui a une aptitude spéciale » (FONTENELLE, Éloge de Lagny ds LITTRÉ). II. 1. Ca 1170 « unité de poids (dans le monde antique) » (Rois, III, V, 12, éd. E. R. Curtius, p. 121); 2. 1530 « monnaie de compte équivalant au poids d'un talent » (PALSGR., p. 279a); 1551 spéc. Récit de la Parabole des talents enfouyr [le talent] (Bible, trad. Calvin, s.l., Jehan Crespin, Matth. XXV, N.T., fol. 10b); 3. « richesses » [XIIIe s. talente fém. (Vies des Pères, St Paulin, 67, cité par G. MOMBELLO, op. cit., p. 349)] 1575 (BRANTÔME, Discours sur les couronnels [VI, 101], ibid., p. 192). Empr. au lat. talentum, sens II 1, 2; empl. fig. à basse époque « richesse, richesse morale » (fin IVe-Ve s. ds G. MOMBELLO, op. cit., p. 193) [3]. L'explication de I se trouve dans l'interprétation de la parabole évangélique par l'exégèse médiév.; celle-ci s'exprime par différents aut.: dès le IVe s., les talenta sont considérés par St Jérôme comme « don de Dieu, grâce » (Comment. in Évang. Matth., ibid., p. 45: In quinque, et duobus, et uno talento, vel diversas gratias intelligamus, quae unicuique traditae sunt; cf. Xe s., FLODOARD, Hist. Rem., lib. 2 c, 19 ds NIERM.). D'apr. le même aut., ibid., les 5 talents distribués par le maître au 1er serviteur représentent omnes sensus « les 5 sens corporels »; les 2 talents signifient l'intelligentia « les capacités intellectuelles, les facultés de l'esprit » et l'opera [operatio] (mot pour lequel G. MOMBELLO relève la var. voluntas, op. cit., pp. 110-111); le talent unique signifie la ratio « faculté intellectuelle ». De talenta « les 5 sens corporels », est dér. le sens « capacités physiques ». Du sens « faculté de l'esprit » (relevé dès les VII-VIIIe s. sous la forme tallan dans des gl. a. irl., G. ASCOLI ds Romania t. 27, 1898, p. 525), est issu, par synecdoque, celui de « esprit », att. dès le XIe s. (a. cat. venir en talent 1067 ds ALC.-MOLL; ca 1063 lat. médiév. venire in talentum + inf. ds DU CANGE, s.v. talentum, v. aussi, G. MOMBELLO, op. cit., pp. 222-223). Fréq. abs. littér.:6 493. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 15 174, b) 10 177; XXe s.: a) 8 870, b) 3 875. Bbg. DARM. Vie 1932, p. 131. — MOMBELLO (G.). Note sur deux accept. curieuses et rares de talent au Moy. Âge. In: [Mél. Lecoy (F.)]. Paris, 1973, pp. 433-441.

talent [talɑ̃] n. m.
ÉTYM. 980, talant « état d'esprit »; du lat. talentum, grec talanton. REM. Le mot a eu en anc. franç. (dès le XIe s.) le sens de « désir, volonté », soit par une métaphore de talent, I., soit par empr. direct du grec talanton « plateau de balance », d'où « poids, inclination ».
———
I (V. 1170). Antiq.
1 Poids de 20 à 27 kg, dans la Grèce antique.
2 Monnaie de compte équivalant à un talent d'or ou d'argent.
1 Il trouva des voleurs, et, n'ayant dans sa bourse
Qu'un écu pour toute ressource
Il leur promit cent talents d'or (…)
La Fontaine, Fables, IX, 13.
Bible. || Parabole des talents (Évangile selon saint Matthieu, XXV, 14), dans laquelle un serviteur enfouit le talent que le maître lui a confié alors que les autres le font valoir. — ☑ Loc. fig. (Mil. XVIIIe; sens propre, 1550). Vx. Enfouir (employer) son talent : négliger (faire valoir) ses avantages, ses dons.
———
II (XIIIe; de la loc. fig. ci-dessus). Don, aptitude.
1 Vieilli. Disposition donnée (par Dieu, par la nature), à un homme; par ext., disposition naturelle ou acquise « pour réussir en quelque chose » (Furetière). Aptitude, art (I., 1.), capacité, don, génie (supra cit. 19), faculté, instinct, qualité (→ Apporter, cit. 23; déplaire, cit. 9; guérir, cit. 10). || Les talents du corps et de l'esprit (→ Sentiment, cit. 10). || « Être franc (2. Franc, cit. 4) et sincère est mon plus grand talent. » || « Soyez plutôt maçon (cit. 3), si c'est votre talent. » || « Ne forçons (cit. 25) point notre talent… » || Exercer un talent, son talent (→ Pomme, cit. 5). Iron. || Allez exercer vos talents ailleurs (s'emploie pour renvoyer une personne dont on est mécontent).Avoir le talent de… (suivi d'un inf.). Don (→ 2. Équivalent, cit. 1; prédire, cit. 3). Iron. || Le talent de mettre l'humeur (cit. 22) à la place de la raison.
2 De ces femmes aux beaux et louables talents,
Qui savent accabler leurs maris de caresses,
Pour leur faire avaler l'usage des galants.
Molière, Amphitryon, I, 4.
3 Dieu a mis des talents différents dans l'homme, comme il a planté des arbres différents dans la nature, en sorte que chaque talent, ainsi que chaque arbre, a sa propriété et son effet qui lui sont particuliers.
La Rochefoucauld, Maximes posthumes, 505.
(1624). Mod. Aptitude particulière, dans une activité appréciée par le groupe social. Esprit (V., 2., vx), industrie (vx); → Attribut, cit. 1. || Avoir des talents (→ Engouer, cit. 4; lécher, cit. 9; riche, cit. 1). || Cultiver son talent. || Se faire connaître par quelque talent (→ Célébrité, cit. 5).Péj. || « Des gens à talents que nous prenons pour des gens d'esprit » (→ Imitation, cit. 4).Talent de société, qui intéresse, divertit en société (→ Passe-passe, cit. 1). || Un petit talent d'imitation (cit. 2).Un beau, un grand talent; un joli talent d'amateur. Vx. || Un demi-talent (Rousseau, in Littré). || Un talent prononcé pour la musique (→ Instinct, cit. 27). || Talent dramatique (cit. 6), littéraire (cit. 7). || Le talent d'un virtuose ( Virtuosité).Talent militaire (→ 1. Foudre, cit. 19), politique. || Accomplir une mission avec talent (→ Plénipotentiaire, cit. 3). Adresse, habileté.
4 Mon fils, les talents sont encore plus rares que la naissance et les richesses; et sans doute ils sont de plus grands biens, puisque rien ne peut les ôter, et que partout ils nous concilient l'estime publique. Mais ils coûtent cher.
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 104.
5 Plusieurs écrivains de nos jours ont la manie de dédaigner leur talent littéraire pour suivre leur talent politique, l'estimant fort au-dessus du premier.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 139.
Vx. Exercice, art qui demande des aptitudes particulières. || « Ce n'est point un talent que je vous demande, c'est un métier (cit. 4)…, un art purement mécanique » (Rousseau). → aussi Graveur, cit. 1.
2 Absolt. || Le talent : aptitude remarquable dans le domaine intellectuel ou artistique. Distinction (→ Différence, cit. 9). || Sans travail, le talent est un feu (1. Feu, cit. 56) d'artifice. || L'expérience est la base du talent (→ Érudition, cit. 8). || La facilité (cit. 18), c'est le talent tourné contre lui-même ( aussi Brio, chic). || Le génie (cit. 27, 33 et 34) et le talent.Avoir du talent (→ Posséder, cit. 16), beaucoup de talent. || Hommes de talent (→ Ensemencer, cit. 5); auteur, écrivain de grand talent (→ Rencontrer, cit. 4). Mérite. || L'aristocratie du talent. || Il n'a pas, pas beaucoup de talent. || Des écrivains sans talent.
6 Le traducteur d'Ovide n'était pas un homme sans talent; le talent est un don, une chose isolée; il se peut rencontrer avec les autres facultés mentales, il peut en être séparé (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 8.
7 Rivarol n'était point un homme de génie, mais c'était plus qu'un homme d'esprit : il réalisait tout à fait l'idéal de l'homme de talent, tel qu'il l'a défini : « Le talent, c'est un art mêlé d'enthousiasme ». Il est dommage que ce talent, chez lui, fût un peu gâté par du faste et de l'apprêt.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 27 oct. 1851.
7.1 Le talent n'a de valeur que parce que le monde est enfantin.
Renan, Souvenirs d'enfance…, in Œ. compl., t. II.
8 Nous sommes très longs à reconnaître dans la physionomie particulière d'un nouvel écrivain le modèle qui porte le nom de « grand talent » dans notre musée des idées générales. Justement parce que cette physionomie est nouvelle, nous ne la trouvons pas tout à fait ressemblante à ce que nous appelons talent. Nous disons plutôt originalité, charme, délicatesse, force; et puis un jour nous nous rendons compte que c'est justement tout cela le talent.
Proust, Du côté de chez Swann, Pl., t. I, p. 137.
9 Le génie est peut-être au talent ce que l'instinct est à la raison.
J. Renard, Journal, 31 janv. 1906.
10 Lorsqu'on se laisse aller, l'on se plaît à croire que c'est au génie. Le talent, c'est ce qui s'acquiert; mais on n'en a cure. Je me souviens d'avoir écrit jadis qu'il fallait beaucoup de talent pour rendre un peu de génie supportable.
Gide, Attendu que…, p. 62 (→ Génie, cit. 34).
(1865). Qualité ou ensemble de qualités (d'une œuvre) qui dénote le talent de son auteur. || Œuvre d'un talent moindre (→ Rabaisser, cit. 4).
11 (…) ils ont le front de dire : — C'est dangereux, je l'avoue; il y a du poison là-dedans; mais c'est plein de talent. Comme si en correctionnelle, le juge disait d'un apache : — Il est gredin, c'est vrai; mais il a tant de talent (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, « Foire sur la place », p. 720.
11.1 La Grèce aussi consacre des statues, mais pour elle seule une sculpture, consacrée ou non — et qu'elle représente les mortels ou les immortels —, peut appartenir au divin par le talent, car pour elle seule le talent n'est pas autre chose que l'expression du divin. Les dieux prennent forme par l'art comme la lumière par ce qu'elle éclaire.
Malraux, la Métamorphose des dieux, p. 80.
3 Don littéraire ou artistique (de qqn) considéré dans ses caractères propres. || Talent qui grandit, mûrit (→ Espérance, cit. 36). || Talent gâché. || Talent hardi (cit. 18), fin, mâle (cit. 15) et robuste. || Le talent d'un peintre.
12 (…) nous tâcherons (…) d'apprécier à sa valeur ce talent qui ne fut ni très élevé, ni très énergique, ni très étendu, mais qui fut modeste, naturel, sincère, et qui se montra gai, vif, fertile, agréable et fin, lorsqu'il osa être tout entier lui-même, et qu'il ne sortit pas de ses justes emplois.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 30 déc. 1850.
4 (1734). Par métonymie. Personne qui a un talent particulier (artistique, littéraire, politique, etc.), qui a du talent. || De grands talents (→ Indiscutable, cit. 3). || Encourager les jeunes talents (→ Académie, cit. 6). || Un talent ignoré (→ Maître, cit. 91).(Collectif). || Le talent : les gens de talent.
DÉR. Talentueux.

Encyclopédie Universelle. 2012.