affaiblissement [ afeblismɑ̃ ] n. m.
• 1290; de affaiblir
♦ Perte de force, d'intensité. L'affaiblissement du malade. ⇒ abattement. Il s'inquiète de l'affaiblissement de sa vue. ⇒ baisse , diminution, faiblesse, fatigue. « l'affaiblissement de l'esprit politique chez une nation » (Renan). ⇒ décadence, déclin, dépérissement. « Satisfaite de l'affaiblissement de la Russie » (Bainville). Ce mot a subi un affaiblissement de sens.
♢ Phys. Diminution d'une puissance acoustique, électromagnétique ou électrique, due à une propagation ou à un dispositif. ⇒ atténuation.
⊗ CONTR. Amplification.
● affaiblissement nom masculin Action d'affaiblir, de s'affaiblir ; état qui en résulte. Opération corrective destinée à diminuer les densités d'un phototype. Synonyme de lénition. ● affaiblissement (synonymes) nom masculin Action d' affaiblir , de s'affaiblir ; état qui en résulte.
Synonymes :
- asthénie
- atténuation
- baisse
- décadence
- déclin
- dégradation
- fatigue
Contraires :
- guérison
- rétablissement
Synonymes :
- lénition
affaiblissement
n. m. Diminution de la force, de la puissance, de l'intensité. L'affaiblissement de la monarchie. L'affaiblissement de la mémoire.
|| PHYS Diminution de l'amplitude d'une onde.
⇒AFFAIBLISSEMENT, subst. masc.
A.— 1. [En parlant d'une pers. envisagée comme être physique ou d'un organe la composant] Diminution progressive de la force physique, des principes vitaux d'un individu. Affaiblissement progressif, graduel :
• 1. Ma faible santé subit le contrecoup de cette idée fixe, et j'y vois la principale cause de mon affaiblissement progressif et de la perte totale de l'appétit.
G. BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 249.
• 2. ... la hantise de la mort, la souffrance physique, l'affaiblissement graduel, avec cela on peut écrire des pages éparses, on ne peut pas faire une œuvre construite.
H. DE MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, p. 1484.
— P. ext. Réduction de la puissance d'un groupe. Affaiblissement d'une armée, de la monarchie, etc. :
• 3. Il est donc du devoir et de l'intérêt de la coalition de s'opposer par tous les moyens en son pouvoir à l'affaiblissement des armées françaises recherché par l'ennemi.
J. JOFFRE, Mémoires, t. 2, 1931, p. 281.
2. État de celui (ou de ce) qui est affaibli. Anémie, asthénie, débilité :
• 4. N'y a-t-il pas chez nous un affaiblissement du sang, un défaut de force vitale?
J. et J. THARAUD, La Fête arabe, 1912, p. 254.
• 5. ... je ne crois pas à la fatalité de cette déchéance, et n'était quelque affaiblissement de mes sens (la vue surtout), je ne me sentirais guère atteint par l'âge; ...
A. GIDE, Journal, 1927, p. 863.
• 6. En nous montrant ce que nous sommes, nos potentialités, et la manière de les actualiser, cette connaissance nous apportera l'explication de notre affaiblissement physiologique, de nos maladies morales et intellectuelles.
A. CARREL, L'Homme, cet inconnu, 1935, p. 32.
— Par métaph. [En parlant d'un être cosmique, p. ex. du soleil] :
• 7. On y voit le soleil dans son état d'affaiblissement, le soleil d'hiver; l'homme à la fin de sa carrière terrestre, sur le point de se renouveler.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 14, juill. 1922 - avr. 1923, p. 183.
B.— Au fig. [En parlant d'une pers. envisagée comme être moral, ou d'une faculté, etc. la composant] :
1. Réduction graduelle des forces psychiques, intellectuelles ou morales :
• 8. Je pense quelquefois que, si les hommes du siècle de Louis XIV pouvaient revenir au milieu de nous, avec leurs idées graves et leur forte raison, ils seraient bien étonnés de la manière dont on discute aujourd'hui les questions les plus importantes, et en vérité, j'ose croire qu'ils seraient moins frappés du progrès des lumières que du progrès des passions, et de l'affaiblissement des préjugés que de l'affaiblissement de l'intelligence.
F.-R. DE LAMENNAIS, Lettres inédites... à la baronne Cottu, 1820, p. 100.
• 9. Les prolétaires se montraient de plus en plus débiles d'esprit. L'affaiblissement continu de leurs facultés intellectuelles n'était pas dû seulement à leur genre de vie; il résultait aussi d'une sélection méthodique opérée par les patrons.
A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 404.
2. État de celui (ou de ce) qui est moralement affaibli, intellectuellement diminué. Affaiblissement moral, psychique, des facultés intellectuelles :
• 10. Enfin quand elle arrive la grande lutte, quand il faut à son tour se présenter au combat de la mort, sans doute l'affoiblissement de nos facultés, la perte de nos espérances, cette vie si forte qui s'obscurcit, cette foule de sentiments et d'idées qui habitoient dans notre sein, et que les ténèbres de la tombe enveloppent, ces intérêts, ces affections, cette existence qui se change en fantôme avant de s'évanouir, tout cela fait mal, et l'homme vulgaire paroît, quand il expire, avoir moins à mourir!
G. DE STAËL, De l'Allemagne, t. 5, 1810, p. 229.
• 11. Tout affaiblissement psychique — une grande fatigue, une grande émotion — compromet ce calme supérieur qui exige toujours une haute tension psychique.
E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 289.
Rem. Syntagmatique comme le montrent les ex., le mot est gén. accompagné d'un compl., ou d'un adj. précisant la nature ou l'aspect (progressif ou résultatif) de l'affaiblissement.
C.— Sens techn.
1. ÉLECTRON. ,,Perte d'énergie due à une absorption progressive.`` (Électron. 1960).
2. FIN., vx. Abaissement du titre d'une monnaie :
• 12. Considéré à tort comme le synonyme ancien de ce qu'on appelle aujourd'hui dévaluation, l'affaiblissement d'une monnaie était une des formes de l'opération alors appelée « mutation ».
ROMEUF t. 1 1956.
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845, LITTRÉ et Ac. 1798-1878.
3. LING., LITT.
a) [En parlant d'un mot] Affaiblissement de sens. Diminution, au cours de l'évolution de la langue, de la valeur (c'est-à-dire de la compréhension et de l'expressivité), dite forte, d'un mot :
• 13. ... on connaît par ses affiches la Société des « prévoyants de l'avenir ». Ce pléonasme apparent s'explique par l'affaiblissement de la signification de certains mots. Prévoir n'a plus un sens absolu pour le peuple; mais nous-mêmes ne disons-nous pas, sans rougir, prédire l'avenir? ...
R. DE GOURMONT, Esthétique de la langue française, 1899, p. 160.
b) Affaiblissement de la rime. Appauvrissement :
• 14. ... au XIIIe siècle, Rutebeuf rime comme Banville, avec autant de virtuosité et de désinvolture. L'affaiblissement de la rime aux deux derniers siècles ne fut qu'un signe de lassitude ou de décadence : le vers classique à rimes pauvres n'est que le produit d'un art anémié et titubant.
R. DE GOURMONT, Esthétique de la langue française, 1899 p. 222.
4. MUS. Atténuation de la tonalité dans l'harmonie générale d'un accord :
• 15. Les fonctions tonales de ces accords [les accords de sixte] restent exactement les mêmes que celles des accords parfaits, mais avec un certain affaiblissement. La douceur de l'accord de sixte atténue le caractère péremptoire d'une fondamentale placée à la basse.
M. DUPRÉ, Cours d'harmonie analytique, 1936, p. 68.
5. PÉDOL., vx. Affaiblissement de terrain. Synon. affaissement :
• 16. Nous redescendîmes ensuite de Mme Demidoff au plus bas du cimetière, vers Charonne. Partie humide, bouleversée par les affaiblissements du terrain.
J. MICHELET, Journal, mai 1840, p. 327.
6. PHONÉT. Affaiblissement des consonnes :
• 17. Affaiblissement. Pour une consonne, passage à une articulation qui comporte un moindre effort, p. ex. de la forte (sourde) p à la faible (sonore) v dans lat. lupam > fr. louve.
MAR. Lex. 1951, p. 19.
— Affaiblissement des voyelles :
• 18. ... le désaccord n'a cessé de s'aggraver entre l'écriture et la parole; l'une est restée à peu près fixe, l'autre s'est modifiée assez profondément par le fatal affaiblissement des voyelles et l'assourdissement prévu des consonnes.
R. DE GOURMONT, Esthétique de la langue française, 1899, pp. 223-224.
• 19. Affaiblissement. On appelle quelquefois improprement de ce nom en phonétique latine une apophonie qui consiste en réalité dans le mouvement de fermeture d'une voyelle intérieure = facio > (ef)-ficio.
MAR. Lex. 1951, p. 19.
7. PHOT. Affaiblissement des clichés :
• 20. L'affaiblissement des clichés, c'est-à-dire l'opération qui a pour but de diminuer l'intensité et la vigueur d'une épreuve, ...
Ch.-A. WURTZ, Dict. de chimie pure et appliquée, 2e suppl., t. 6, 1892-1908, p. 925.
8. PHYS., TECHNOL. Affaiblissement d'une chaudière :
• 21. La première rupture (...) provient dans la majorité des cas, soit d'un affaiblissement d'une partie de la chaudière, soit d'un excès de pression; ...
L. SER, Traité de physique industrielle, t. 2, 1890, p. 257.
9. PSYCHOL., PSYCH. Affaiblissement intellectuel. ,,Diminution momentanée ou définitive, évolutive ou stabilisée, localisée ou globale du potentiel ou du rendement intellectuel (cf. démence).`` (LAFON 1963) :
• 22. L'affaiblissement intellectuel se traduit par des erreurs de mémoire, des fautes de calcul, ...
H. CODET, Psychiatrie, 1926, p. 87.
Prononc. :[] ou [--]. Cf. affaiblir pour le timbre [e] ou [] de la 2e syllabe. Enq. ://.
Étymol. ET HIST. — Fin XIIIe s. « diminution de force physique » (Art d'amour, II, 307 ds GDF. Compl. : Afoiblissement et tranblement de membres).
Dér. de affaiblir; suff. -ment1.
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BARB.-CARD. 1963. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BRUANT 1901. — DUP. 1961. — Électron. 1963-64. — FROMH.-KING 1968. — LAFON 1963. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MAR. Lex. 1961 [1951]. — MOOR 1966. — PIR. 1964. — POROT 1960. — ROMEUF t. 1 1956. — SPRINGH. 1962.
affaiblissement [afeblismɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1290; de affaiblir.
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1 Amoindrissement (de la force physique), perte d'intensité (d'une sensation, d'un sens, d'une faculté). ⇒ Altération, atténuation. || Un affaiblissement général. || Il s'inquiète de l'affaiblissement de sa vue. ⇒ Baisse, diminution. || Tout le monde remarquait l'affaiblissement de sa santé. ⇒ Décadence, déclin, dégradation; asthénie. || L'affaiblissement de la voix. ⇒ Fatigue. || L'affaiblissement de la sensibilité. ⇒ Épuisement. — L'affaiblissement de qqn. || L'affaiblissement graduel, progressif, rapide du malade. || Un état de grand affaiblissement.
♦ Par ext. (Polit., milit.). Diminution de la puissance. ⇒ Décadence, déclin. || L'affaiblissement de l'État, d'une armée, de l'autorité. ⇒ Dépérissement.
1 (…) l'affaiblissement de l'esprit politique chez une nation.
Renan, Réflexions sur l'état des esprits en 1849, III.
2 Satisfaite de l'affaiblissement de la Russie, l'Angleterre se détachait déjà de nous.
J. Bainville, Hist. de France, XX.
♦ Écon. || Affaiblissement d'une monnaie : diminution de son poids ou de son titre. Par ext. Diminution de sa valeur d'échange par rapport aux autres monnaies.
2 Diminution des capacités intellectuelles, des forces morales. || L'affaiblissement de l'intelligence, des facultés intellectuelles. ⇒ Déclin. || L'affaiblissement de la mémoire. ⇒ Défaillance. — L'affaiblissement (psychique, intellectuel) de qqn. — Psychol., psychiatrie. || Affaiblissement intellectuel : diminution irréversible du potentiel intellectuel. ⇒ aussi Ralentissement (psychique).
3 On ne confondra pas avec les états d'affaiblissement intellectuel vrai certains états qui peuvent en prendre le masque : les états d'inhibition d'origine affective, mélancolique ou émotive (…)
(…) l'usage réserve ce terme d'affaiblissement intellectuel aux seuls états de déficit irréversibles; aussi ne range-t-on pas généralement sous ce vocable les états d'affaiblissement et de dissolution transitoires et curables (…)
A. Porot et Ch. Bardenat, Manuel alphabétique de psychiatrie, 1952, art. Affaiblissement intellectuel.
4 Les prolétaires se montraient de plus en plus débiles d'esprit. L'affaiblissement continu de leurs facultés intellectuelles n'était pas dû seulement à leur genre de vie; il résultait aussi d'une sélection méthodique opérée par les patrons.
France, l'Île des pingouins in 1 t. XVIII, p. 404.
3 Spécialt. || Affaiblissement de sens : modification du sens d'un mot, la nouvelle signification étant atténuée par rapport à la première. — Affaiblissement de la rime : appauvrissement.
4 Sc., technique. a Phonét. Vx. Apophonie. — Mod. Passage (d'une consonne) à une articulation qui exige moins d'effort.
c Diminution de l'intensité (d'une épreuve photographique).
e Phys. Diminution progressive d'une puissance (acoustique, électrique, magnétique, etc.) exprimée dans l'espace par rapport à un point initial et à un point final.
Encyclopédie Universelle. 2012.