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soumettre

soumettre [ sumɛtr ] v. tr. <conjug. : 56>
• v. 1380; suzmetre déb. XII e; lat. submittere
1Mettre dans un état de dépendance, ramener à l'obéissance. Les désirs « nous soumettent à autrui et nous rendent dépendants » (France).
Spécialt (par les armes, par la force) Soumettre des rebelles. asservir, dompter, réduire, subjuguer. « Kheir ed Dîn s'absenta de Tunis plusieurs mois pour soumettre le sud du pays » (Tournier).
2Mettre dans l'obligation d'obéir à une loi, d'accomplir un acte. assujettir, astreindre. Soumettre la population à l'impôt. Les règlements, les formalités auxquels est soumis tout citoyen. (Choses) Revenus soumis à l'impôt.
3Présenter, proposer au jugement, au choix. Le maire a soumis le problème, le cas au préfet. Flaubert « se prit d'affection pour moi. J'osai lui soumettre quelques essais » (Maupassant).
4Exposer à une action, à un effet qu'on fait subir. Soumettre un sportif à un entraînement sévère. Soumettre un prototype à des tests.
5Pronom. Obéir, se conformer. « Ils rentrent en France dans l'intention de se soumettre aux lois » (Balzac). se plier. Absolt Se soumettre ou se démettre.
⊗ CONTR. Délivrer. Exempter. ⊗ HOM. Sous-maître.

soumettre verbe transitif (latin submittere, avec l'influence de sous) Se rendre maître de quelqu'un, d'un groupe, d'une région par la force ou la contrainte : Soumettre des rebelles. Placer quelqu'un dans la dépendance, sous le pouvoir, la domination de quelqu'un : Soumettre quelqu'un à sa volonté. Faire suivre à quelqu'un ou à quelque chose telle règle, telle loi, faire qu'ils en relèvent, qu'ils en dépendent : Soumettre certains produits à une taxe. Faire subir telle action, tel état à quelqu'un ou à quelque chose pour les éprouver : Soumettre un produit à des tests. Faire subir à quelque chose ou à quelqu'un les effets de quelque chose : On soumet ces populations à une propagande intensive. Présenter quelque chose à quelqu'un, le lui proposer comme objet d'examen ou de décision : Soumettre un problème à des experts.soumettre (difficultés) verbe transitif (latin submittere, avec l'influence de sous) Conjugaison Comme mettre. ● soumettre (synonymes) verbe transitif (latin submittere, avec l'influence de sous) Se rendre maître de quelqu'un, d'un groupe, d'une région par...
Synonymes :
- asservir
- conquérir
Placer quelqu'un dans la dépendance, sous le pouvoir, la domination...
Synonymes :
- assujettir
- inféoder
- subordonner
Faire suivre à quelqu'un ou à quelque chose telle règle, telle...
Synonymes :
- contraindre
- plier
Contraires :
- dispenser
Faire subir telle action, tel état à quelqu'un ou à...
Synonymes :
- astreindre
Présenter quelque chose à quelqu'un, le lui proposer comme objet d'examen...
Synonymes :
- présenter

soumettre
v.
rI./r v. tr.
d1./d Mettre dans un état de dépendance, ramener à l'obéissance. Soumettre des rebelles.
d2./d Assujettir à une loi, un règlement, astreindre à une obligation. Soumettre les revenus à l'impôt. Soumettre un fonctionnaire à l'obligation de réserve.
d3./d Exposer (qqn, qqch) à une action, à un effet; faire subir (qqch à qqn). Le médecin l'a soumis à un régime sévère.
d4./d Proposer (qqch) à l'examen, au jugement de. Le problème a été soumis à la commission.
rII./r v. Pron.
d1./d Revenir à l'obéissance; se rendre.
d2./d Accepter un fait, une décision; consentir. Il s'est finalement soumis.

⇒SOUMETTRE, verbe trans.
[Les indices 1, 2, 3, 4 qui marquent les suj. ou compl. de soumettre dans les schémas syntaxiques renvoient respectivement: 1 à ce, celle, celui qui soumet (agent); 2 à ce, celle, celui qui est soumis (patient); 3 à ce à qui, à quoi se trouve soumis le patient; 4 à l'instrument, au moyen du procès concerné]
I. — Empl. trans.
A. — Soumettre
1. Imposer dépendance, obéissance, par la contrainte, par la force, à quelqu'un. Synon. assujettir.
a) Qqn1 soumet qqn2. Un autre comte de Hollande, Guillaume IV (...) avait aussi tenté de soumettre les Frisons. Son entreprise fut plus malheureuse encore (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 161):
1. ... le 24 septembre 1791, la Constituante avait de nouveau abandonné aux assemblées coloniales le soin de régler la condition des hommes de couleur, le maintien de l'esclavage restant hors de conteste; mais ses commissaires ne réussirent pas à rétablir l'ordre, ni à soumettre les noirs révoltés. Les Girondins reconnurent aux hommes de couleur et aux noirs libres la pleine condition de citoyens...
LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 427.
Empl. abs. Qqn1 soumet. Cette doctrine de soumission, ceux qui soumettent s'en emparent par un abominable abus. La religion est mauvaise parce qu'en désarmant l'opprimé elle le livre à l'oppresseur (GIDE, Journal, 1932, p. 1125).
[P. méton.] C'est la sauvage intolérance du Moyen Âge: soumettre les hérésies (MICHELET, Journal, 1849, p. 10). Lorsque César eut soumis l'Égypte, il imposa les joyaux de verre comme tribut de guerre (Cl. DUVAL, Verre, 1966, p. 6).
b) Qqn1/qqc.1 soumet qqn2 à qqn3 ou qqc.3 (au moyen de qqc.4). Pour soumettre un peuple au joug d'un maître infâme, Il faut de l'eau du vice empoisonner son âme! (LAMART., Chute, 1838, p. 930).
[P. méton.] Les calculs de l'ambition et de l'avidité n'auraient pas suffi pour soumettre la France à Bonaparte; il faut quelque chose de grand pour remuer les masses, et c'était la gloire militaire qui enivrait la nation (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 88).
En partic. [Chez les animaux, pendant la période du rut; le compl. d'obj. dir. désigne la femelle] Couvrir. (Dict. XXe s.).
2. Qqn1 soumet qqn2 (au moyen de qqc.4) Imposer sa volonté par la contrainte psychologique, la persuasion, à quelqu'un. Par l'épée de la parole je soumettrai tous les ennemis de mon Dieu, je les lierai, et je les empêcherai de faire de la peine à mon Dieu (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 7). Elle pensait qu'au lieu de calmer ces accès d'irritation maladive, ma mère, excitant trop ma sensibilité, me soumettait sans me corriger (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 284).
3. Qqn1 soumet qqc.2. Diriger, dominer. Souvent elle devenait une fée qui me soumettait la nature (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 126). Mort de ma mère. Après de tels chocs, on se rallie à la thèse catholique: il faut dompter, soumettre nos passions (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1906, p. 249).
B. — Soumettre à
1. Contraindre à.
a) Qqn1 soumet qqn2 à qqc.3. Le docteur augmenta à plaisir l'indisposition de la grande dame, il la rendit folle de douleur, il est vrai que tous les jours, pendant une heure, il la soumettait à l'horrible magnétisme de son éloquence infernale (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 76). V. bourrage ex. 2.
Soumettre à la question V. question2. Quelques hommes de race gauloise et d'un rang inférieur furent arrêtés comme suspects, et soumis à la question (THIERRY, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 185).
b) Qqn1 soumet qqc.2 à qqc.3 [Qqc.2 désigne un attribut de la pers., un affect] Je ne pensais pas soumettre ta constance à une pareille épreuve (GIDE, Symph. pastor., 1919, p. 883).
En partic. Soumettre à l'impôt, à une taxe. Assujettir à l'impôt, à une taxe. Il est inique de soumettre toutes les terres à une taxe, qui s'applique dans une proportion invariable au revenu le plus faible, comme au revenu le plus élevé (Monopole et impôt sel, 1833, p. 24).
2. Présenter à l'avis, au jugement, à la décision (de quelqu'un dont on reconnaît l'autorité). Soumettre un article, un manuscrit, une observation, une option, un programme, un projet, une proposition, une question au conseil, au comité.
a) Qqn1 soumet qqc.2 à qqn3. Bouvard l'épia, - et, l'ayant arrêté, dit qu'il voulait lui soumettre un point curieux d'anthropologie (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 97). Gallimard m'offrit de lire mon roman et de le soumettre à l'aréopage de la N.R.F.; spécifiant bien que ce n'était rien de plus qu'une chance qu'il m'aidait à courir (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. LVIII).
b) Qqn1 soumet qqc.2 à qqc.3 Louis XII, surnommé le Père du peuple, soumit à la décision des états généraux le mariage du comte d'Angoulême (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 22).
Au part. passé. [Dans une constr. passive] Nul supplice cependant n'égalait pour elle celui de voir à chaque repas la nourriture soumise au jugement du Survenant (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 46).
3. Qqn1/qqc.1 soumet qqc.2 à qqc.3
a) Rendre dépendant de. Si, demain, résolvant d'une façon aussi limpide les antinomies du travail, nous parvenions (...) à soumettre pour jamais le capital au travail, n'aurions-nous pas singulièrement avancé la solution du problème de notre époque (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 2, 1846, p. 70). En tout cas, et je m'empresse de le dire tout de suite, un théâtre qui soumet la mise en scène et la réalisation, c'est-à-dire tout ce qu'il y a en lui de spécifiquement théâtral, au texte, est un théâtre d'idiot, de fou, d'inverti, de grammairien, d'épicier, d'anti-poète et de positiviste, c'est-à-dire d'occidental (ARTAUD, Théâtre et son double, 1938, p. 50).
Au passif. Madame de Mortsauf voulait habituer ses enfants aux choses de la vie, et leur donner connaissance des pénibles labeurs par lesquels s'obtient l'argent; elle leur avait donc constitué des revenus soumis aux chances de l'agriculture (BALZAC, Lys, 1836, p. 128).
b) Exposer à, appliquer à. Soumettre au calcul, à l'analyse, à la critique, à l'épreuve.
) [Qqc.2 désigne un concept, une activité intellectuelle] Si Kant eût entrepris de soumettre à l'analyse cette donnée de la raison (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 589). Son argument-massue est que la science avance par l'« intuition », laquelle n'est pas rationnelle. Il oublie qu'elle n'est science que si elle soumet l'intuition à la vérification, opération éminemment rationnelle (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 38).
) [Qqc.2 désigne une action] La forme de ces dents influe elle-même beaucoup sur la nature des corps que l'animal peut soumettre à sa mastication (CUVIER, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 39). Christine soumit la salle à manger à un balayage rapide (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 291).
Au passif. Il est très vraisemblable que chaque étoile a des planètes soumises à son attraction (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 367).
II. — Empl. pronom.
A. — Empl. pronom. réfl. dir.
1. Qqn1 se soumet. [Corresp. à soumettre I A] Céder, obéir à un principe supérieur ou par contrainte, ne pas offrir de résistance, se résigner. Se soumettre de bonne, de mauvaise grâce, sans murmure, sans résistance. Comme elle refusait de le suivre dans la chambre, il la renversa brutalement au bord de la table; et elle se soumit, il la posséda, entre l'assiette oubliée et le roman (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 76). De semblables discussions étaient soulevées parfois au sujet de l'obéissance, ma mère restant d'avis que l'enfant doit se soumettre sans chercher à comprendre, mon père gardant toujours une tendance à tout m'expliquer (GIDE, Si le grain, 1924, p. 354).
P. allus. hist. Se soumettre ou se démettre.
Domaine milit. Se rendre parce que l'on est vaincu. De vos douze tribus les chefs se sont soumis, Ils se sont fait chrétiens (BORNIER, Fille Rol., 1875, I, 3, p. 22). Aussitôt le dauphin commença l'investissement de Paris, Étienne Marcel ayant refusé de se soumettre. C'était la guerre civile, la dispute pour le pouvoir (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 99).
2. Qqn1 se soumet à qqn3/qqc.3 [Corresp. à soumettre I B; qqn3/qqc.3 désigne une pers., un coll., un inanimé abstr.] Céder, obéir de manière volontaire ou parce que l'on y est contraint, à quelqu'un ou quelque chose dont on reconnaît la force, l'autorité, la nécessité. Se soumettre aux conditions, aux lois, au jugement, aux règles, à une simple formalité. J'ai senti qu'on pouvait en même temps aimer un autre que soi, au point de se soumettre à lui et s'aimer soi-même, au point de ressentir de la haine contre celui qui nous subjugue (SAND, Lélia, 1833, p. 172):
2. ... mais il faut bien, si nous voulons trouver cette architecture de notre époque tant réclamée, que nous la cherchions non plus en mêlant tous les styles passés, mais en nous appuyant sur des principes de structure nouveaux. On ne fait une architecture qu'à la condition de se soumettre à des nécessités nouvelles avec une rigueur inflexible, en se servant des progrès déjà obtenus ou tout au moins en ne les dédaignant pas.
VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 61.
Rare, littér. [Qqc.3 désigne un inanimé concr.] Le forgeron se soumet au fer; le marin se soumet au vent, au courant et à la houle (ALAIN, Propos, 1921, p. 343).
3. Qqn1 se soumet à qqc.3 [Qqc.3 est un inf.] S'engager, se plier à. Je vais vous parler le cœur sur la main, monseigneur: voulez-vous vous soumettre à manger votre dîner froid tous les jours? (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 331). Son père et sa mère l'ayant apparemment violentée pour se marier, elle ne voulut pas se soumettre à cohabiter avec son mari (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 413).
4. Qqc.1 se soumet à qqc.3. Des rinceaux qui n'offriraient pas quelque régularité, dont le tracé ne se soumettrait pas à quelque loi mathématique simple et saisissable (...) n'éveilleraient aucun sentiment de beauté (HAMELIN, Élém. princ. représ., 1907, p. 448).
B. — Empl. pronom. réfl. indir. Qqn1/qqc.1 se soumet qqn2/qqc.2 (au moyen de qqc.4). Soumettre à soi-même. De son incomparable intelligence il se sert pour se soumettre les bêtes dont il a besoin (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 498). Il faut alors se demander (...) si, du fait que la moitié environ des ressources de la presse proviennent des annonces, les publicitaires ne se soumettent pas les journaux (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 143).
En partic. [Chez les animaux, pendant la période du rut] Se soumettre une femelle. Couvrir. (Ds ROB., Lar. Lang. fr.).
Prononc. et Orth.:[], (il) soumet [-]. Ac. 1694, 1718: sous-; 1740: soû-; dep. 1762: sou-. Étymol. et Hist. 1. 1re moit. XIIe s. suzmetre « mettre dans un état de dépendance (par la force) » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, LIX, 9, p. 78); 2. ca 1190 soi suzmetre a « se mettre dans l'obligation d'obéir à » (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 4809); 1828-29 fille soumise « prostituée » (RABAN, MARCO SAINT-HILAIRE, Mém. forçat, t. 1, p. 194); 3. 1580 soubmettre « présenter à l'examen » (MONTAIGNE, Essais, I, 56, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 317); 4. 1625 soubsmettre « faire subir une opération » (A. D'AUBIGNÉ, Lettre, 17 febvrier, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 1, p. 315). Du lat. submittere « envoyer dessous, placer sous » (cf. le m. fr. submettre « placer sous l'autorité » 1431, P. CHAMPION, Procès de condamnation de Jeanne d'Arc, I, 268 ds Fonds BARBIER: qu'elle ne se submecte point a l'eglise — 1521, Pap. de Granvelle, I, 235, ibid.: Aussi n'est ne coustume de tellement submectre par compromis les differentz des royaumes; et dès le XIIIe s. le part. passé subst. submis « subordonné » ds GDF., s.v. submettre), dér. de mittere, v. mettre, préf. sub- marquant la position inférieure, d'apr. la prép. corresp. sous. Fréq. abs. littér. :2 703. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 5 072, b) 2 864; XXe s.: a) 3 165, b) 3 726. Bbg. CLÉDAT (L.). Contribution à un nouv. dict. hist. et « de l'usage ». R. Philol. fr. 1915-16, t. 39, pp. 180-181. — EVENOU (J.). La Sixième demande du Notre Père... Foi Lang. 1977, n ° 3, pp. 181-186.

soumettre [sumɛtʀ] v. tr.
ÉTYM. V. 1380; suzmetre, v. 1120; lat. submittere.
1 Soumettre (qqn, qqch.) à (qqch., qqn). Mettre, maintenir dans un état de dépendance; ramener à l'obéissance. Imposer (son autorité, son pouvoir à…). || Soumettre qqn à ses caprices, à sa tyrannie, à sa volonté, à sa puissance. Contraindre. || Son ascendant, son prestige lui soumet les esprits. Attacher, captiver, conquérir, subjuguer (→ Imposer, cit. 45).Passif, p. p. || Être soumis aux ordres de… (→ Marcher sous les ordres de…). || Syndicat soumis à un parti politique; gouvernement soumis à des groupes financiers. Dépendre (de), inféodé (à).Pays soumis à un voisin plus puissant. Satellite, vassal.Sans compl. en à :
1 L'humilité n'est souvent qu'une feinte soumission, dont on se sert pour soumettre les autres (…)
La Rochefoucauld, (cf. Artifice, cit. 6; et Humilité, cit. 3).
2 Les désirs, même les plus innocents, ont cela de mauvais qu'ils nous soumettent à autrui et nous rendent dépendants.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, III, p. 329.
(Choses). Faire dépendre. || Ce compositeur qui soumet entièrement la musique au rythme poétique. Subordonner (→ Retremper, cit. 5).Passif, p. p. || Tous ces accidents sont soumis à des causes générales (1. Général, cit. 2). || L'agriculture est étroitement soumise aux conditions météorologiques. Dépendant (de), tributaire (de).
2 (V. 1120). Sans compl. en à. Mettre dans un état de dépendance par les armes, la force. || Soumettre un pays, une nation. Assujettir (supra cit. 1), brusquer (vx), conquérir, dominer, maîtriser, ranger (sous ses lois). || Se servant de leurs anciens esclaves pour en soumettre de nouveaux. Asservir (cit. 4), enchaîner, opprimer (supra cit. 1). || Soumettre le peuple. Museler (cf. Tenir en respect). || Soumettre des rebelles, une province révoltée. Dompter, pacifier, réduire (supra cit. 4).
3 Les Galls-Ambra de l'Italie occupaient toute la vallée du Pô, et s'étendaient dans la péninsule jusqu'à l'embouchure du Tibre. Ils furent soumis, dans la suite, par les Rasena ou Étrusques (…)
Michelet, Histoire de France, I, I.
Par ext. || Soumettre un caractère rebelle. Apprivoiser, assouplir, discipliner, dompter.Soumettre ses impulsions, son agressivité.
3 (V. 1190). || Soumettre (qqch.) à… (qqch.). Mettre dans l'obligation d'obéir à une loi, à une règle, d'accomplir un acte, une formalité, etc. Assujettir (supra cit. 11), astreindre (→ Asseoir, cit. 33; 3. droit, cit. 37; moins, cit. 1).(Passif). || Le régime juridique auquel est soumis le redevable de l'impôt (→ Contribuable, cit.).(Choses). || Soumettre une activité à une réglementation. Réglementer (→ Recherche, cit. 8).Passif, p. p. || Revenu soumis à un impôt. || Contrat, testament soumis à des formalités particulières (→ Expression, cit. 41).
4 (1850). || Soumettre (qqch.) à (qqn, qqch.) : présenter, proposer (qqch.) à l'examen, au jugement, au choix (de qqn). Offrir (infra cit. 20), présenter, proposer; → aussi Attirer l'attention sur…; faire connaître à…; faire juger par… || Soumettre une énigme, une question, un problème à qqn (→ Notaresse, cit.). || Soumettre une œuvre à la critique. || Soumettre qqch. à l'analyse (cit. 4), à l'observation. || Soumettre un cas difficile au jugement de… Appeler (en appeler à).Par ext. || Soumettre une théorie à l'épreuve des faits. Éprouver (supra cit. 4).
4 (Flaubert) se prit d'affection pour moi. J'osai lui soumettre quelques essais. Il les lut avec bonté (…)
Maupassant, Pierre et Jean, Le roman.
5 (…) je n'attends que le retour du dossier pour soumettre à la signature du Président de la République le décret d'autorisation.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 1er tableau, III.
5 (Fin XVIe). || Soumettre (qqn, qqch.) à (qqch.) : l'exposer à une action, à un effet qu'on fait subir. || Soumettre un malade à un traitement énergique. || Soumettre un sportif à un entraînement sévère. || Soumettre de la houille (cit. 4) en vase clos à l'action de la chaleur. Traiter (par).(Passif, p. p.). || Des animaux soumis à l'action de l'émanation du radium. Exposer (→ Radiumthérapie, cit.).Un corps qui n'est soumis à aucune force (→ Inertie, cit. 1). || Roches soumises à l'érosion.Activité économique soumise à des variations saisonnières. Sujet (à…).
——————
se soumettre v. pron.
1 Réfl. dir. (V. 1155). Obéir, se conformer. || Se soumettre en esclave (cit. 9) aux volontés de qqn. Abaisser (s'), courber (la tête), fléchir, incliner (s'), plier (se). || « C'est le devoir des femmes de se soumettre à leurs maris » (→ Approuver, cit. 15, Balzac). Céder (à), obéir (à), reconnaître (l'autorité de). || Se soumettre aux lois (→ Poursuite, cit. 7; réforme, cit. 3), à une règle, à un impératif, à un ordre. Assujettir (s'), conformer (se), obtempérer. || Se soumettre à l'arbitrage, à la décision de qqn. Déférer (B.). || Se soumettre à la raison, aux faits (→ Non, cit. 20).Absolt. || Se soumettre et baisser (cit. 10) la tête. Humilier (s'), résigner (se); → Courber le front; ployer le genou; cf. fam. baisser son froc.Se soumettre ou se démettre (cit. 8 et 9).Rebelles qui se soumettent. Abandonner (le combat, la lutte), livrer (se), rendre (se); soumission.
5.1 (…) n'a-t-il plus besoin d'eux (les autres), prédomine-t-il par sa force, il abjure alors à jamais tous ces beaux systèmes d'humanité et de bienfaisance auxquels il ne se soumettait que par politique (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 198.
6 Jusqu'à présent j'avais accepté la morale du Christ (…) Pour m'efforcer de m'y soumettre, je n'avais obtenu qu'un profond désarroi de tout mon être.
Gide, Si le grain ne meurt, II, I.
Acquiescer à… accepter d'accomplir. || Il se soumit à tout ce qu'on lui conseilla (cit. 3) de faire. Accepter, acquiescer, consentir, plier (se). || Se soumettre à des formalités (→ Résistance, cit. 13).
2 (Réfl. ind.). Soumettre à soi-même. || Ils se soumirent les peuples avoisinants qu'ils domestiquèrent (cit. 1). || Des animaux que l'homme ne s'est pas soumis (→ Domestique, cit. 5).
(1762). Spécialt. || Mâle qui se soumet la femelle. Accoupler (s'), couvrir, monter.
——————
soumis, ise p. p. adj.
ÉTYM. (1652).
1 Docile, obéissant. Discipliné, gouvernable, souple. || Un cœur soumis. aussi Conquis. || Être très soumis devant qqn. Humble (→ Filer doux; être aux genoux de…; trembler devant…). || Un fils respectueux et soumis. Déférent, docile, obéissant. || Un homme éteint, soumis, apathique (cit. 3). Résigné. || « Et mon cœur est soumis, mais n'est pas résigné » (cit. 10, Hugo).Un chien soumis; une bête soumise.
7 (…) point ne convient de se montrer fier envers un prince faible et libéral quand on a été soumis devant un prince violent et despotique (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 326.
Par ext. || Air, ton soumis (→ Penaud, cit. 1). || Voix soumise (→ Glacer, cit. 27).
8 (…) elle s'assoit à mes genoux et se conduit tout à fait devant moi comme une humble esclave devant son seigneur et maître : ce qui me convient assez; car j'aime ces petites façons soumises et j'ai de la pente au despotisme oriental.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, IV.
2 (1835; parce qu'elle se soumettait au contrôle administratif et sanitaire). Loc. vieillie. Fille soumise : prostituée (cf. Fille en carte).
9 Lucien et son compagnon le forçat ont pu se soutenir plus longtemps que Cogniard en face du monde, en tirant leurs ressources de la prostitution de la dite Esther, autrefois fille soumise.
Balzac, Splendeurs et Misères des courtisanes, Pl., t. V, p. 944.
CONTR. Affranchir, délivrer, émanciper. — Exempter. Révolter. — (De se soumettre) Commander, maîtriser. — Contrevenir, désobéir, dresser (se dresser contre), insurger (s'), résister, révolter (se); braver. — (De soumis) Dominateur, impératif, impérieux; autonome. — Désobéissant, farouche, indiscipliné, indocile, indompté, insoumis, insurgé, rebelle, récalcitrant, résistant.

Encyclopédie Universelle. 2012.