Akademik

soumis

soumis, ise [ sumi, iz ] adj.
• 1652; de soumettre
1Docile, obéissant. Chien soumis devant son maître. « Il y voit un Jacques éteint, soumis, apathique, brisé » (Maurois). « J'aime ces petites façons soumises et j'ai de la pente au despotisme oriental » (Gautier).
2(1828 -1829; parce qu'elle se soumettait au contrôle administratif et sanitaire) Vx FILLE SOUMISE : prostituée.
⊗ CONTR. Indocile.

soumis, ise
adj. Qui fait preuve de soumission; docile, obéissant. Un enfant soumis.
Par ext. Attitude soumise.

⇒SOUMIS, -ISE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de soumettre.
II. — Adjectif
A. — [En parlant d'un animé; corresp. à soumettre II A]
1. Qui est sans autorité, dominé, dépendant. Le mensonge ne peut compter que sur la force brutale venue des institutions qui ont organisé la domination des castes sur les masses soumises, c'est pourquoi sa victoire ne peut être que d'un jour (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 230):
On pouvait aisément deviner que les royalistes outrés se commandaient les égards qu'ils montraient au parti contraire: mais il leur en coûtait plus encore d'en témoigner aux amis de la liberté qu'aux généraux de Bonaparte; et ces derniers obtenaient d'eux les attentions que des sujets soumis doivent toujours, conformément à leur système, aux agents de l'autorité royale, quels qu'ils soient.
STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 229.
Domaine milit. Qui a été réduit par la force à la dépendance; vaincu. Les peuples soumis retrouvaient presque en entier, au fond de leurs provinces lointaines, ce qui constitue le charme de la vie (CONSTANT, Esprit conquête, 1813, p. 169). Il créa une armée permanente et fort nombreuse pour une peuplade indigène. Elle se recrutait partiellement parmi les tribus soumises dont les jeunes gens étaient traités comme les Zoulou eux-mêmes (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 251).
2. Qui obéit avec facilité, est docile, respectueux. On n'étoit pas moins exact à récompenser qu'à punir; et si l'aliéné se montroit soumis et docile, on lui faisoit prendre ses repas au réfectoire (PINEL, Alién. ment., 1801, p. 63). Il y a Rimbaud, et il y a les jeunes gens soumis avant l'âge, pressés d'être vieux (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 163).
Soumis à. Elle ne pouvait rien obtenir de cette fille si obéissante, si soumise d'ordinaire à tout ce qu'elle voulait d'elle (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 241).
Empl. subst. Pour faire de moi le soumis qu'ils voulaient, ils ont amusé ma volonté comme ils avaient amusé mon esprit (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 315). Contre l'Église il n'y a moyen que d'avoir tort; il faut en prendre son parti d'avance et accepter d'être vaincu. L'Église ne connaît pour saint que le soumis (GIDE, Journal, 1939, p. 627).
3. Péj. Qui ne se révolte jamais, est résigné, servile. Est-ce que les chiens, quelquefois, ne mordent point et n'étranglent pas leur maîtres? 18 août. — J'ai songé toute la journée. Oh! oui, je vais lui obéir, suivre ses impulsions, accomplir toutes ses volontés, me faire humble, soumis, lâche. Il est le plus fort. Mais une heure viendra (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886, p. 1117). Mais pourquoi t'éclairer là-dessus, chien couchant, bête soumise, esclave qui crée chaque jour son maître! (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 178).
[Dans le cont. des rapports amoureux] Elle se remettait à marcher, à parler, à vivre à la Noiraude, comme elle avait vécu rue Soufflot, en maîtresse soumise de Jacques (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 243). Après les pansements ils deviendront amis. Lui ce sera l'amant soumis Elle sera presque fidèle (APOLL., Casanova, 1918, I, 10, p. 981).
4. Fille soumise. Prostituée qui se soumet à un contrôle médical administratif. Tirant leurs ressources de la prostitution de ladite Esther, autrefois fille soumise (BALZAC, Splend. et mis., 1846, p. 392). « Les unes sont appelées filles soumises, et les autres, ma mère et ses amies par exemple, sont des femmes soumises; voilà tout. » — Joanny était satisfait de cette formule; il était fier d'avoir, à quinze ans, des pensées de cette sorte; il les croyait nouvelles et audacieuses (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 68).
B. — [P. méton.; en parlant d'un inanimé] Qui exprime l'obéissance, la docilité, voire la servilité.
1. [En parlant d'un inanimé abstr.] Les manières soumises de Franz ne le mirent pas à couvert de l'orgueil et de l'insolence de cette impérieuse Junon (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 113). Elle m'a regardée d'un air soumis et implorant: — Promets-moi aussi quelque chose: ne dis rien à papa (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 199).
2. [En parlant d'un inanimé concr.] Moreau écrivit au Premier Consul une lettre très soumise; mais il n'était plus temps (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 379). Sans doute édictait-il des ordres; et l'autre l'approuvait par de menus hochements de tête, et je voyais s'arrondir ses épaules soumises (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 218).
Prononc. et Orth.:[sumi], fém. [-mi:z]. Ac. 1694, 1718:sous-; 1740: soû-; dep. 1762: sou-. Fréq. abs. littér.:3 296. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 6 244, b) 3 492; XXe s.: a) 3 498, b) 4 713.

Encyclopédie Universelle. 2012.