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contraindre

contraindre [ kɔ̃trɛ̃dr ] v. tr. <conjug. : 52>
• v. 1174 pron.; constreindre « presser, faire peser » v. 1120; lat. constringere « serrer »
1Vx ou littér. Exercer une action contraire à. contenir, empêcher, 1. entraver, gêner, retenir. Contraindre ses passions, ses tendances. comprimer, refouler, refréner, réprimer. « Il contraint son humeur, parle, agit contre ses sentiments » (La Bruyère).
2Forcer (qqn) à agir contre sa volonté. astreindre, obliger. Contraindre qqn à agir contre son gré. acculer, entraîner, pousser. Les circonstances le contraignirent à travailler très jeune. La nécessité m'y a contraint. Décidez librement, je ne veux pas vous contraindre (cf. Forcer la main). Contraindre qqn à l'immobilité, au silence. condamner, réduire. Pass. Elle a été contrainte d'accepter. Littér. Les circonstances le contraignirent de quitter la France. Dr. Obliger par voie de droit. contrainte. Contraindre par voie de justice.
3SE CONTRAINDREv. pron. Se contraindre devant qqn. se contenir, se gêner, se retenir. Se contraindre à faire qqch. se forcer. Il n'aime pas se contraindre (cf. Se faire violence).
⊗ CONTR. Aider, permettre; libérer.

contraindre verbe transitif (latin constringere, enchaîner) Obliger quelqu'un à agir d'une certaine manière, l'amener à telle action, tel état, malgré sa volonté, son désir : Sa maladie l'a contraint au repos complet. Littéraire. Empêcher quelqu'un de donner libre cours à ses sentiments, à ses goûts ; diminuer, réduire sa liberté, refouler, repousser intérieurement ses tendances. Obliger quelqu'un par les voies de droit. ● contraindre (difficultés) verbe transitif (latin constringere, enchaîner) Conjugaison Attention à l'alternance -n-/-gn- : je contrains mais nous contraignons. Prendre garde également au i après -gn - aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous contraignions, (que) vous contraigniez. Construction 1. Contraindre qqn à ou de (+ infinitif), à (+ nom) : on l'a contraint à démissionner, de démissionner, à la démission. Ces constructions sont correctes. Devant un infinitif, la construction avec à est plus fréquente que la construction avec de. Remarque La forme pronominale se contraindreà est fréquente : se contraindre à la patience, à être patient. 2. Être contraint de (+ infinitif), à (+ nom) : je suis contraint de garder le silence ; je suis contraint au silence par le secret professionnel. ● contraindre (synonymes) verbe transitif (latin constringere, enchaîner) Obliger quelqu'un à agir d'une certaine manière, l'amener à telle...
Synonymes :
- acculer
- assujettir
- astreindre
- condamner
- forcer
- pousser
Littéraire. Empêcher quelqu'un de donner libre cours à ses sentiments, à...
Synonymes :
- contenir
- entraver
- freiner
- gêner
- refouler
- refréner
- réprimer
Contraires :
- autoriser
- permettre
- tolérer

contraindre
v.
rI./r v. tr.
d1./d Obliger, forcer (qqn) à agir contre son gré. On m'a contraint à partir.
d2./d DR Contraindre qqn, l'obliger, par voie de justice, à exécuter ses obligations.
rII./r v. Pron.
d1./d Se maîtriser, maîtriser ses penchants. Un homme austère, habitué à se contraindre.
d2./d S'obliger à. Il se contraint à faire une heure de marche tous les matins.

⇒CONTRAINDRE, verbe trans.
A.— Vx. ,,Serrer, presser, mettre à l'étroit.`` (Ac. 1835, 1878). ,,Cet habit, cette chaussure le contraint si fort que...`` (Ac. 1835, 1878). ,,Il veut bâtir en un endroit où il sera fort contraint par la situation`` (Ac. 1835, 1878).
P. métaph. :
1. ... je ne cessai (...) de me demander comment Geneviève (...) méditait de sortir de cette situation difficile où sa malchance et ma sotte rigueur venaient de la contraindre.
BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, p. 26.
B.— [Avec une idée de violence exercée contre une pers.]
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Obliger, force quelqu'un à agir contre sa volonté. Contraindre qqn à + inf. ou subst.; contraindre qqn de + inf. Elle [ma mère] me contraignait d'écrire au nouvel an (GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 376). Faire campagne auprès des sous-officiers réfractaires pour les contraindre au travail (AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 151) :
2. C'est cela que je voulais pour moi : agenouiller les magistrats de force, les contraindre à me révérer pour les punir de leurs préventions.
SARTRE, Les Mots, 1964, p. 106.
Absol. La cruauté des maîtres d'esclaves qui, usant du fouet pour contraindre, empêchent l'homme de devenir (SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 690).
Rare [Une pression est exercée par des conventions soc.] :
3. Et quand il n'y aurait pas la société pour nous contraindre, ce groupe y suffirait de parents et d'amis auxquels nous ne savons pas consentir à déplaire. Ils opposent à notre sincérité incivile une image de nous, de laquelle nous ne sommes qu'à demi responsables, qui ne nous ressemble que fort peu, mais qu'il est indécent, je vous dis, de déborder.
GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, p. 854.
Emploi pronom. :
4. Il faut qu'il ait de la tenue. Et pour être plus clair, j'ajouterai qu'il doit se contraindre à la correction vestimentaire.
J. VILAR, De la Tradition théâtrale, 1963, p. 112.
b) Spéc., DR. Obliger quelqu'un par voie de droit. ,,Contraindre quelqu'un par voie de justice, par justice; contraindre par saisie de biens, par corps et autres voies`` (Ac. 1932) :
5. ... le susdit, assigné à comparoir, doit fournir des soutènemens...; à quoi faire il sera contraint par voie de droit; faute par lui de ce faire, il sera déclaré forclos...
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 1, 1811, p. 98.
Être contraint sur :
6. Il ne peut être contraint sur ses biens personnels qu'après avoir été mis en demeure de présenter son compte, et faute d'avoir satisfait à cette obligation.
Code civil, 1804, art. 803, p. 147.
2. [Le suj. désigne une chose ou un événement] Mettre quelqu'un dans la nécessité d'agir malgré soi. Contraindre qqn à + inf. ou subst.; contraindre qqn de + inf. Je pris la rougeole, ce qui me contraignit à trois semaines de lit (COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 127). Le soleil le contraignait à cligner des yeux (COLETTE, La Naissance du jour, 1928, p. 41). Une douleur à l'épaule le contraignit à changer de position (GREEN, Moïra, 1950, p. 149).
Absol. Frédéric, que la nécessité contraignait, finit par prendre ses quatre mille francs (FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, t. 2, 1869, p. 251).
Proverbe. La nécessité contraint la loi. Elle oblige à l'enfreindre.
P. métaph. [Le suj. désigne une fonction du corps hum.] :
7. L'une des principales utilités de la circulation est en effet de contraindre le sang à passer sans cesse en plus ou moins grande quantité dans un organe...
CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 4, 1805, p. 168.
Rem. 1. On rencontre indifféremment les 2 formes : contraindre à ou de + inf.; à semble cependant l'emporter. 2. Au passif a) Plus fréquemment employé suivi de de. b) En présence d'un compl. d'agent, très souvent employé sans compl. secondaire.
C.— [Avec une idée d'effort exercé par une personne sur elle-même]
1. Faire volontairement un effort sur soi pour empêcher un sentiment de se manifester ou pour en diminuer l'intensité. Je me perdais en efforts burlesques et touchants pour contraindre mes soupirs et suspendre mes pleurs (MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 78). Elle contraignit sa vivacité pour achever son signe de croix (DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 9).
Littér. Contraindre sa voix. La forcer. Il fit effort pour contraindre sa voix qui refusait de parler (R. BAZIN, Le Blé qui lève, 1907, p. 219).
Synon. de retenir. Elle ne put contraindre dans son âme un mouvement de joie (BALZAC, Annette et le criminel, 1824, p. 98).
2. Emploi pronom. Faire volontairement un effort sur soi pour adopter une attitude ou accomplir une action. Se contraindre au calme, à sourire, d'écrire une lettre. Daniel (...) s'assit pour se contraindre à l'attention (R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Pénitencier, 1922, p. 790). Quoique je ne maniasse pas la plume avec l'audace qu'ensuite je me contraignis d'avoir (BLANCHE, Mes modèles, 1928, p. 87). Il baissa les paupières, mais se contraignit à les relever (GREEN, Moïra, 1950, p. 203).
Se contraindre en qqc. Il ne lui restait plus qu'à se laisser vivre sans se contraindre en rien (MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 331).
Absol. Marthe avait beau se contraindre : c'était plus fort qu'elle, il lui arrivait de rester devant son assiette pleine, les yeux dans le vide, la pensée absente (MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 127). Quand j'avais sept à huit ans, je ne me contraignais pas devant elle, je lui parlais avec une grande liberté (S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 42).
Prononc. et Orth. :[], (je) contrains [], (nous) contraignons []. Enq. :// (ils) contraignent. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1120 trans. « presser, faire peser » (Psautier d'Oxford, 68, 19 ds T.-L. [urgeat]) — XVIe s. ds HUG.; 2. ca 1174 « empêcher quelqu'un de suivre son penchant naturel, l'obliger à se gêner », ici pronom. (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 3077); av. 1560 art contraint « forcé » (DU BELLAY, Œuvres, éd. Chamard, t. 2, p. 195); 1690 (FUR. : Quand il danse, il a un air contraint [...] Quand il écrit, il a un stile contraint); 3. 1253 « forcer quelqu'un à agir contre sa volonté » (Vaulsort, Arch. de l'Etat à Namur ds GDF. Compl. : constraindre par sainte glise); 1265 contreignant (Cart. de l'év. d'Autun, 1ère p. XC ds GDF. Compl.); 1283 contraindre ... par prise de cors ou de biens (PH. DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. Salmon, chap. I, § 41). Du lat. class. constringere « lier ensemble; enchaîner, contenir, réprimer ». Fréq. abs. littér. : 960. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 330, b) 992; XXe s. : a) 1 251, b) 1 663.
DÉR. Contraignable, adj., dr. Qui peut être contraint par voie de droit. Les débiteurs ne sont plus contraignables par corps (Ac. 1932). Emploi subst. Les cautions des contraignables par corps (Code civil, 1804, art. 5, p. 1804). P. métaph. Un Français reste cinq ans en prison, et après il en sort sans avoir payé ses dettes, il est vrai, car il n'est plus contraignable que par sa conscience (BALZAC, La Cousine Bette, 1846, p. 63). []. Ds Ac. 1718-1932. 1re attest. 1382 (cité par JOUBERT, Hist. de la baronnée de Craon, 325 ds R. Hist. litt. Fr., t. 8, p. 490); du part. prés. de contraindre, suff. -able. Fréq. abs. littér. : 3.

contraindre [kɔ̃tʀɛ̃dʀ] v. tr. [CONJUG. craindre.]
ÉTYM. V. 1174, pron.; « peser » aussi écrit constreindre, v. 1120; du lat. constringere « serrer », de con- (cum) et stringere « serrer ».
1 Vx ou littér. Exercer une action contraire à. Contenir, empêcher, entraver, gêner, retenir. || Contraindre les goûts, les passions de qqn. || Contraindre ses propres passions, ses tendances. Comprimer, refouler, réfréner, réprimer. || Contraindre la liberté de qqn. Diminuer, réduire, serrer (la vis, fam.).
1 Il (le Roi) ne contraint plus l'inclination qu'il a pour elle (la princesse de Conti).
Mme de Sévigné, 778, 2 févr. 1680.
2 (…) l'extrême violence que chacun se fait à contraindre ses larmes (…)
La Bruyère, les Caractères, I, 50.
3 (Il) contraint son humeur (…) parle, agit contre ses sentiments.
La Bruyère, les Caractères, VIII, 2.
4 Bref, le cliché nous est signe que le langage soudain a pris le pas sur un esprit dont il vient contraindre la liberté, et le jeu naturel.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 46.
2 (1253). Forcer, obliger (qqn) à agir contre sa volonté. || Décidez librement, je ne veux pas vous contraindre. || Contraindre qqn avec brutalité. Brusquer, violenter. || Contraindre qqn par le chantage, le dol, la menace.
5 Écoutez, les volontés sont libres; et je suis homme à ne contraindre jamais personne.
Molière, le Mariage forcé, 8.
(1283). Dr. Obliger par voie de droit ( Contrainte). || Contraindre qqn par voie de justice. || Contraindre par saisie de biens, par corps.
Contraindre (qqn) à (qqch., à faire qqch.) : forcer, obliger (qqn) à (qqch., faire qqch.) contre sa volonté. || Contraindre qqn à agir contre son gré. Acculer, astreindre, entraîner. || La mort de son père l'a contraint à travailler de bonne heure ( Exiger, imposer, ordonner). || La nécessité, la force, la violence m'y a contraint. || Contraindre qqn à l'obéissance, à la soumission.
6 Le respect me force à me taire, la reconnaissance m'y oblige, l'autorité m'y contraint (…)
d'Alembert, Dict. des synonymes, in Littré.
7 Tant qu'un homme est contraint d'obéir et qu'il obéit, il fait bien; sitôt qu'il peut secouer le joug, et qu'il le secoue, il fait encore mieux (…)
Rousseau, Lettre à d'Alembert.
8 Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.
Déclaration des droits de l'homme, Constit. 3 sept. 1791, art. 5.
9 Le plus cruel de tous les malheurs, c'est d'être contraint par une force morale plus puissante que celle des événements à renoncer volontairement, heureux, au bonheur, vivant, à la vie.
Hugo, Bug-Jargal.
10 Elle (la science) a contraint les esprits à s'attendre toujours à des surprises dans tous les domaines où le langage et les discours ne font pas tout.
Valéry, Rhumbs, p. 130.
10.1 L'administrateur de l'époque, M. Bouquet, envoie quatre miliciens, accompagnés d'un sergent indigène, pour contraindre les gens au travail.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 742.
Littér. || Contraindre (qqn) de (faire qqch.). || Les circonstances le contraignirent de quitter la France.
——————
se contraindre v. pron.
Contrôler (se), retenir (se). || Se contraindre devant qqn. || Se contraindre en qqch. || Il ne se contraint en rien. || Il n'aime pas se contraindre.
11 (…) je ne me contraignis point devant lui de répandre quelques larmes, tellement amères, que je serais étouffée, s'il avait fallu me contraindre (…)
Mme de Sévigné, 934, 20 sept. 1684.
12 Il embarrasse tout le monde, ne se contraint pour personne, ne plaint personne (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 121.
Se contraindre à (qqch., faire qqch.). Forcer (se), obliger (s').
Littér. || Se contraindre de (faire qqch.).
CONTR. Autoriser, dispenser, laisser, permettre, tolérer. — Affranchir, libérer.
DÉR. Contraignable, contraignant, contraint, contrainte.

Encyclopédie Universelle. 2012.