accoupler [ akuple ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Joindre, réunir par deux. Accoupler des bœufs à la charrue. — Techn. Accoupler deux roues par une bielle. Accoupler des générateurs électriques. ⇒ coupler.
2 ♦ Fig. Réunir (deux choses qui jurent entre elles). Accoupler deux mots, deux idées disparates.
3 ♦ Spécialt Procéder à l'accouplement de (un mâle et une femelle). Accoupler une vache flamande et (à) un taureau anglais. Accoupler un chien-loup et une chienne. — Pronom. (XVIe) S'ACCOUPLER : s'unir sexuellement (animaux). ⇒ côcher, couvrir, frayer, saillir.
● accoupler verbe transitif Joindre des animaux ou des choses, les réunir pour former un couple : Accoupler un cheval et un bœuf pour tirer une charrue. Rapprocher des choses dans un ensemble : Accoupler des mots dans une phrase. Unir le mâle et la femelle en vue de la reproduction. Synonyme de coupler. Solidariser deux éléments dans leur mouvement. ● accoupler (difficultés) verbe transitif Orthographe Deux c. Construction Les compléments du verbe peuvent être réunis par et, à ou avec : accoupler l'objectif et le boîtier, accoupler le mâle à la femelle, accoupler le vice avec la vertu. Emploi Ce verbe s'emploie normalement pour les choses et les animaux. Pour les humains il est dépréciatif, comme le substantif correspondant accouplement, lorsqu'il est employé hors d'un contexte technique (biologie, médecine, etc.). Pour les animaux, il existe des termes plus précis selon les espèces : monter ou saillir (pour le taureau, le verrat, l'étalon et l'âne), lutter (pour le bélier), baudouiner (pour l'ânesse), assortir (pour la jument), béliner ou hurtebiller (pour la brebis), se lier (pour le chien et la chienne), jumeler (pour la chienne), bouquiner (pour le lapin ou le lièvre), jargauder (pour l'oie), côcher (pour l'oiseau de basse-cour mâle), s'apparier (pour les oiseaux), frayer (pour les poissons), couvrir (pour les vivipares). ● accoupler (synonymes) verbe transitif Solidariser deux éléments dans leur mouvement.
Synonymes :
- apparier
- coupler
Contraires :
- désaccoupler
accoupler
v.
rI./r v. tr.
d1./d Réunir par deux (des animaux). Accoupler des boeufs.
— Spécial. Accoupler des animaux: faire s'unir sexuellement le mâle et la femelle. Accoupler une jument anglaise à un étalon arabe.
d2./d Fig. Réunir (deux mots, deux choses très différentes). Accoupler des couleurs qui jurent ensemble.
d3./d TECH Rendre solidaire une pièce, une machine d'une autre.
rII./r v. Pron. S'unir sexuellement (en parlant d'animaux).
⇒ACCOUPLER, verbe trans.
A.— Réunir par couple(s) en vue d'une fonction ou d'un résultat communs.
1. [En parlant d'animaux de trait] :
• 1. Une file de voitures chargées de foin s'en venaient, traînées par des vaches accouplées deux par deux.
G. DE MAUPASSANT, Mont-Oriol, 1887, p. 75.
— P. anal., péj. [En parlant de pers.] :
• 2. Il est nécessaire d'expliquer ici, car tous les lecteurs n'ont pas eu la fantaisie de visiter un bagne, que chaque forçat est accouplé à un autre (toujours un vieux et un jeune ensemble) par une chaîne.
H. DE BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1848, p. 539.
• 3. M. de Talleyrand, qui d'abord eût été content de n'être pas accouplé à M. Fouché, sentant que celui-ci était inévitable, donna les mains au projet;...
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 626.
2. Emplois techn. [En parlant de choses]
— ARCHIT. [En parlant de colonnes] :
• 4. Perrault en avait entrevu les effets, lorsqu'en accouplant deux à deux les colonnes du péristyle du Louvre, il leur donna un demi-module de plus.
J.-H. BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 68.
— ARTILLERIE :
• 5. Déjà les six pièces étaient braquées, espacées largement, accouplées en trois sections que des lieutenants commandaient, toutes les six réunies sous les ordres d'un capitaine maigre et très long, qui jalonnait fâcheusement le plateau.
É. ZOLA, La Débâcle, 1892, p. 309.
— MÉCANIQUE :
• 6. Il est composé d'un moteur universel (...) accouplé à une génératrice de courant continu...
PROLABO, Catalogue d'instruments de laboratoire, 1932, p. 141.
• 7. ... [pour augmenter l'adhérence] on a été conduit à accoupler entre elles, dans la plupart des machines, deux ou plusieurs paires de roues d'égal diamètre au moyen de bielles d'accouplement.
HERDNER, Construction et conduite des locomotives à vapeur, t. 1, p. 40.
• 8. Pratiquement on recule la limite [de la force de frottetement] en accouplant un plus grand nombre d'essieux.
HERDNER, Construction et conduite des locomotives à vapeur, t. 1 p. 42.
— MUS. (Facture d'instruments de musique) :
• 9. Le fait d'accoupler et d'accorder des cordes soit à l'unisson ou l'octave, se nommait magadiser.
L. GRILLET, Les Ancêtres du violon, 1901, p. 16.
• 10. ... il était impossible, vu la lourdeur de la mécanique [de l'orgue] d'accoupler plus de deux claviers à la fois.
Ch.-M. WIDOR, Technique de l'orchestre moderne, 1904, p. 179.
• 11. Les premières pédales [de combinaisons] sont les Tirasses qui accouplent le pédalier aux différents claviers.
A. CELLIER, L'Orgue moderne, 1913, p. 51.
B.— [Le compl. désigne gén. le mâle et la femelle d'animaux] Apparier en vue de la reproduction :
• 12. Cette sélection, où l'homme intervient pour faire le tri des êtres à conserver et à accoupler, mérite le nom de sélection artificielle.
PLANTEFOL, Cours de botanique et de biologie végétale, t. 2, 1931, p. 636.
— Emploi pronom. [En parlant gén. d'animaux et except. de pers.] S'unir pour la reproduction :
• 13. Les arachnides, qui, dans l'ordre que nous avons établi, viennent après les insectes, offrent des progrès manifestes dans le perfectionnement de l'organisation. En effet, la génération sexuelle se montre chez elles, et pour la première fois, avec toutes ses facultés, puisque ces animaux s'accouplent et engendrent plusieurs fois dans le cours de leur vie;...
J.-B. LAMARCK, Philosophie zoologique, t. 1, 1809, p. 307.
• 14. M. P. de V. et Mlle L. (une mienne cousine, je crois), se sont accouplés légalement et religieusement le même jour que mon frère et ma belle-sœur.
J. BARBEY D'AUREVILLY, Premier mémorandum, 1838, p. 89.
• 15. — Vois madame, elle est heureuse depuis qu'elle est rentrée dans le sein de l'église, dit la baronne en montrant la femme du fumiste. Tu t'es mariée comme les bêtes s'accouplent!
H. DE BALZAC, La Cousine Bette, 1847, p. 409.
• 16. Deux bêtes, deux chiens, deux loups, deux renards, rôdent par les bois et se rencontrent. L'un est mâle, l'autre femelle. Ils s'accouplent. Ils s'accouplent par un instinct bestial qui les force à continuer la race, leur race, celle dont ils ont la forme, le poil, la taille, les mouvements et les habitudes.
G. DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Un cas de divorce, 1886, p. 1069.
• 17. Coqs et poules s'accouplent et se reproduisent presque toute l'année. C'est en ces actes de vie qu'ils se montrent depuis longtemps soumis à l'homme.
J. DE PESQUIDOUX, Chez nous, t. 1, 1921, p. 246.
C.— Au fig.
• 18. M. Ingres adore la couleur, comme une marchande de modes. C'est peine et plaisir à la fois que de contempler les efforts qu'il fait pour choisir et accoupler ses tons.
Ch. BAUDELAIRE, Salon de 1846, 1846, p. 152.
— Emploi pronom. :
• 19. Oui, Mademoiselle. Un délassement d'oisif. Cela consiste à arranger entre eux des mots qui occupent les oreilles comme une musique obstinée ou, tant bien que mal, peignent au vif toutes choses, et parmi lesquels s'accouplent de temps en temps des sons jumeaux, dont l'accord semble tintinnabuler follement, comme clochettes d'or.
T. DE BANVILLE, Gringoire, 1866, p. 53.
• 20. Une débauche de japonaiserie et de chinoiserie qui, dans la lassitude de la fin de la journée et le vide de l'estomac, vous donnent comme le sentiment de vaguer dans un cauchemar, où toutes les matières précieuses se mêlent, où toutes les formes se confondent et s'accouplent et où l'on se sent presque enlacé par une végétation exotique de jade, de porcelaine, de métal ciselé.
E. et J. DE GONCOURT, juill. 1875, p. 1074.
• 21. ...les seules rimes masculines sont désormais celles que donnent les mots terminés par une voyelle nasalisée : ent, in, on, ant, oin, etc., — toutes les autres rimes dites masculines pouvant s'accoupler en parfaite parité de son avec des rimes dites féminines, c'est-à-dire ornées du traditionnel e muet.
R. DE GOURMONT, Esthétique de la langue française, 1899, p. 224.
2. Péj. Rapprocher des choses ou des êtres dans une harmonie qui dissimule mal une opposition :
• 22. Y a-t-il donc aussi des chaînes à deux forgées là-haut, et Dieu se plaît-il à accoupler l'ange avec le démon? Un crime et une innocence peuvent donc être camarades de chambrée dans le mystérieux bagne des misères?
V. HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 678.
• 23. Le seul regard que nous ayons du monde de la cité sur le monde du salut. Et la seule fois même rigoureusement que l'on puisse mettre ensemble sans qu'ils jurent, sans qu'ils se contrarient invinciblement, sans qu'ils se battent l'un contre l'autre ensemble, sans qu'ils hurlent d'être accouplés, ces deux mots : prophétie — païenne.
Ch. PÉGUY, Victor-Marie, Comte Hugo, 1910, p. 752.
— Emploi pronom. :
• 24. L'hypocrisie avait pesé trente ans sur cet homme. Il était le mal et s'était accouplé à la probité.
V. HUGO, Les travailleurs de la mer, 1866, p. 211.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[akuple]. Enq. :/akupl/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : accouplage (arch.), accouple subst. fém., accouplement, accoupleur. Cf. coupler. — Rem. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose la graph. accoupler ou accoupler avec un seul c.
Étymol. ET HIST.
I.— Trans. 1. Obj. animés 1165 « réunir avec le couple (deux chiens) » (CHRÉT. DE TROYES, Guillaume d'Angleterre, 2622, éd. M. Wilmotte : Tantost la dame a commandé Que li chien soient acouplé). — 1210-1223 (Dolopathos, éd. Brunet et Montaiglon, 318 ds T.-L. : Ses braches et ses loimiers Acouplait por aler chacier); 1174/77 « attacher (un animé à qqc.) » (Renart, éd. Méon [br. II], 6929 ds T.-L. : L'asne acouplent a la polie). — 1350-1370 (B. de Sebourg, IX, 500 ds GDF. Compl. :Au mast ont les enfans loiés et acouplés); fin XIIIe s. « atteler (2 animaux) ensemble » (Godefroy de Bouillon, 218, éd. Hippeau, ds T.-L. : A charues traioient comme bues acoplés); 1680 « unir (des animaux) pour la génération » (RICH. t. 1 1680 : Acoupler, joindre pour la génération); 1701 « mettre en relation un homme et une femme » (FUR. s.v. : ... on s'en sert dans un mauvais sens et sur un ton railleur. C'est un Mercure de profession, qui sait accoupler les amans avec leurs belles...); 2. obj. inanimés, 1165 « attacher ensemble, lier » (CHRÉT. DE TROYES, op. cit., 706 : Assés tost les [deus perces] orent caupees Et a boines hars acouplees, S'ont fait desus kouque et litiere De rains, de foelle et de flekiere); nombreux emplois techn. en fr. mod.
II.— Pronom. 1. 1170 s'acopler à « s'attaquer à » (combat singulier) (CHRÉT. DE TROYES, Cligès, 3691, éd. A. Micha : Aprés ces deus au tierz s'acople, Qui molt le cuidoit trover sople Et lié feire de son enui); ca 1190 « se lancer à la poursuite d'un animal (en parlant d'un chien) » terme cynégétique (Renart, éd. Méon [br. XII], 13402 : Li braconnier les chiens descouplent Et li brachet au leu s'acouplent), ces 2 derniers emplois seulement en a. fr.; « se rapprocher de, aller de compagnie avec, sans intention hostile » encore en 1389, Lettres de rémission ds DU CANGE s.v. acouplare :Oddet Gerbaut leur demanda pourquoy ils avoient pris cet ecrin, et qu'ils en vouloient faire. Ils lui dirent qu'il allast avec eux, et qu'il en auroit sa part. Quand il oy ce, se acoupla avecques eux; 2. 2e moitié du XVIe s. s'accoupler avec « s'unir charnellement avec » (PARÉ, XVIII, 1 ds LITTRÉ : Jamais l'homme ne voudroit s'accoupler avec la femme). Ce sens subsiste, empl. plus particulièrement en parlant d'animaux; il s'applique à l'homme avec une nuance péj.
STAT. — Fréq. abs. litt. :135.
BBG. — BAR 1960. — BÉNAC 1956. — CHABAT t. 1 1875. — JOSSIER 1881. — NYSTEN 1814-20. — SOÉ-DUP. 1906.
accoupler [akuple] v. tr.
ÉTYM. 1165; de 1. a-, et couple.
❖
1 Joindre, réunir par deux. || Accoupler des bœufs à la charrue.
1 J'ai, surtout pour les mariages, un talent merveilleux. Il n'est point de partis au monde que je ne trouve le moyen d'accoupler; et je crois, si je me l'étais mis en tête, que je marierais le Grand-Turc avec la république de Venise.
Molière, l'Avare, II, 6.
♦ Techn. Réunir par un accouplement (des choses, qui peuvent être plus de deux). || Accoupler deux roues par une bielle. || Accoupler plusieurs générateurs électriques en série.
2 Les âmes humaines veulent être accouplées pour valoir tout leur prix.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, Lettre XIII.
b Réunir (deux choses; souvent : qui jurent entre elles). || Accoupler deux mots, deux idées disparates.
3 (Mots) qui hurlent d'effroi de se voir accouplés.
J.-B. Rousseau, Épître, II, 2.
4 La prudence est peut-être moins une vertu que l'exercice d'un sens de l'esprit, s'il est possible d'accoupler ces deux mots.
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 554.
3 (1680). Procéder à l'accouplement de (un mâle et une femelle). || Accoupler une vache irlandaise et (à) un taureau anglais. || Accoupler un chien-loup et une chienne. ⇒ Mâtiner.
——————
s'accoupler v. pron.
ÉTYM. (XVIe).
1 Par métaphore ou fig. Se rapprocher (en parlant de choses qui souvent s'opposent). — REM. La métaphore et l'évocation du sens sexuel sont plus ou moins nettes (→ cit. 5, 7).
5 Le siècle de Louis XV est une orgie de taverne, où la démence s'accouple au vice.
Hugo, Littérature et Philosophie mêlées, p. 76.
6 L'ombre à l'horreur s'accouple et le mauvais au pire.
Hugo, les Châtiments, III, 8, 1.
7 Le luth lascif s'accouple aux féroces cymbales.
Hugo, la Légende des siècles, XVIII, X.
2 a (Animaux). S'unir sexuellement. — Factitif (avec ellipse du pronom). || Faire accoupler deux boucs avec plusieurs brebis (→ 1. Mulet, cit. 3). ⇒ 2. Appareiller, apparier (s'apparier; spécialt, oiseaux); assortir (une jument, en parlant de l'étalon); baudouiner (l'ânesse, en parlant du baudet); béliner (la brebis, en parlant du bélier); bouquiner (en parlant du lièvre et du lapin); côcher (la poule, en parlant du coq); couvrir (en parlant des animaux vivipares); frayer (féconder les œufs en parlant des poissons); hurtebiller (la brebis, en parlant du bélier); jargauder (l'oie, en parlant du jars); jumeler; mâtiner (une chienne de race différente du chien); saillir; servir (la jument, en parlant de l'étalon); soumettre (se soumettre la femelle).
8 La plupart des animaux qui s'accouplent ne goûtent de plaisir que par un seul sens, et dès que cet appétit est satisfait, tout est éteint (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Amour.
b (Personnes). Péj. S'unir sexuellement (de façon animale).
3 (Correspondant au sens 2., a du transitif). S'unir en un couple, en parlant de personnes; se marier ou se mettre à vivre maritalement.
9 (…) bientôt, elle s'adonna avec le sourd et s'accoupla avec lui de manière continue (…) On sut seulement, un jour, qu'ils vivaient ensemble comme mari et femme.
Maupassant, les Bécasses, Pl., t. I, p. 568.
——————
accouplé, ée p. p. adj.
1 Uni, joint à un autre pour former un couple (→ ci-dessus, cit. 2, 3); uni sexuellement.
2 Techn. || Les roues accouplées d'une locomotive; des piles électriques accouplées. — Archit. || Colonnes accouplées, disposées par deux. — Sculpt. || Têtes accouplées, adossées sur le même socle.
❖
CONTR. Désaccoupler.
DÉR. Accouplage, accouple, accouplé, accouplement.
Encyclopédie Universelle. 2012.