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asservir

asservir [ asɛrvir ] v. tr. <conjug. : 2>
• 1196; de 1. a- et serf
1Réduire à la servitude, à l'esclavage. assujettir, dominer, enchaîner, soumettre, subjuguer. Asservir des hommes, un pays. « se servant de leurs anciens esclaves pour en soumettre de nouveaux, ils ne songèrent qu'à subjuguer et asservir leurs voisins » (Rousseau). Un peuple asservi.
Par ext. Tenir en son pouvoir. La science asservie aux intérêts privés.
2Maîtriser (vieilli). Asservir les forces de la nature. Asservir ses passions. dominer, dompter, juguler.
3 ♦ S'ASSERVIR v. pron. Se soumettre comme un esclave. « pouvoir servir sans s'asservir » (Cl. Roy ). Asservie aux travaux ménagers.
4(1875) Sc. Relier par un dispositif d'asservissement. Moteur électrique asservi. P. p. adj. Automat. Système asservi. asservissement, automatisme.
⊗ CONTR. Affranchir, délivrer, libérer.

asservir verbe transitif (de serf) Réduire quelqu'un, une collectivité à la servitude, à un état de dépendance complète : Asservir les peuples vaincus. Priver quelqu'un, quelque chose de sa liberté d'action, de son indépendance : Une organisation sociale qui asservit l'homme. Soumettre quelqu'un, quelque chose à quelque chose, les placer sous sa dépendance étroite : Asservir un enfant à ses volontés. Relier deux grandeurs physiques par un dispositif tel que la deuxième, ou grandeur menée, obéisse aux variations de la première, ou grandeur menante, selon une loi déterminée, cela sans perturber les variations de la grandeur menante. ● asservir (difficultés) verbe transitif (de serf) Conjugaison Se conjugue comme finir et non pas comme servir: j'asservis, nous asservissons. ● asservir (synonymes) verbe transitif (de serf) Réduire quelqu'un, une collectivité à la servitude, à un état...
Synonymes :
- dominer
- dompter
- juguler
- mater
- régir
Contraires :
- affranchir
- émanciper
Priver quelqu'un, quelque chose de sa liberté d'action, de son indépendance
Synonymes :
- assujettir
- enchaîner
- soumettre
- subjuguer
Contraires :
- délivrer
- libérer

asservir
v.
rI./r v. tr.
d1./d Rendre esclave, assujettir, réduire à la servitude. Asservir une nation. Ant. libérer, délivrer, affranchir.
d2./d Soumettre (qqn). Asservir qqn à ses caprices.
d3./d TECH Réaliser un asservissement.
rII./r v. Pron. Se soumettre. S'asservir à la règle.

⇒ASSERVIR, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— Réduire à l'esclavage; p. ext. mettre sous son entière dépendance. Synon. assujettir, soumettre, subjuguer. Anton. affranchir, délivrer, émanciper, libérer.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne des pers., un peuple, un pays; le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] :
1. L'examen que nous allons faire des moyens qu'ils [les prêtres] ont employés de concert avec les législateurs pour asservir l'homme, va nous apprendre combien nous devons faire pour le rendre libre.
DUPUIS, Abr. de l'orig. de tous les cultes, 1796, p. 472.
2. « Il faut expliquer ce que l'on entend par l'indépendance de l'Europe : veut-on dire que, tout équilibre étant rompu, la Russie, après avoir fait la conquête de la Turquie européenne, s'emparerait de l'Autriche, soumettrait l'Allemagne et la Prusse, et finirait par asservir la France? »
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 453.
3. On peut asservir un homme vivant et le réduire à l'état historique de chose. Mais s'il meurt en refusant, il réaffirme une nature humaine qui rejette l'ordre des choses.
CAMUS, L'Homme révolté, 1951, p. 293.
Absolument :
4. Et même Dieu, chez nous, ne dépasse pas le rang d'un outil, le premier en titre, issu de notre industrie, et qui nous sert à dominer et à asservir.
A. ARNOUX, Carnet de route du Juif Errant, 1931, p. 107.
[Le suj. désigne une chose ou un concept abstr. ayant une certaine force] :
5. Des misères de l'homme la plus funeste, et celle qui d'abord paroît la plus inexplicable, est cette dépendance comme indirecte des choses, qui assujettit celui même qui veut leur être supérieur, l'asservit sans qu'il connoisse le joug, et le force à consumer sa vie dans un ordre de choses qu'il n'a point consenti, auquel il n'a cru céder que pour un jour.
SENANCOUR, Rêveries, 1799, p. 13.
2. P. ext. [Le compl. d'obj. désigne la nature, la matière, les éléments naturels; le suj. désigne l'homme] :
6. Oui, homme créateur, reçois mon hommage! Tu as mesuré l'étendue des cieux, calculé la masse des astres, saisi l'éclair dans les nuages, dompté la mer et les orages, asservi tous les élémens.
VOLNEY, Les Ruines, 1791, p. 43.
Vieilli. Asservir ses passions. Les dompter.
B.— [Avec un obj. second.] Asservir à. Mettre sous la dépendance de; mettre dans l'obligation d'obéir à.
1. Rare. Asservir un pays à un autre.
2. Au fig., fréq. [Le compl. introd. par à désigne une chose abstr.; l'obj. dir. désigne une pers. ou son esprit, ses pensées, etc.] :
7. « Je vous affirme que nous continuons à penser, et même que nos pensées s'élèvent assez haut. Mais elles ne se perdent plus dans les nuages, et c'est un incontestable progrès. Nous les asservissons à des besoins précis. »
R. MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, p. 513.
SYNT. Asservir à des fins, à des besoins, à des devoirs (lois, règles); asservir aux volontés de qqn.
Rare. Asservir à suivi de l'inf. Mettre dans l'obligation de :
8. Mais si dans la démarche de ta stupidité tu t'y trompes, et de voir les hommes chérir la bouilloire du soir, tu l'honores pour elle-même et asservis l'homme à la forger, alors il n'est plus d'hommes pour l'aimer et tu as ruiné l'un et l'autre.
SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 706.
3. P. anal. [Suj. et obj. désignent des choses concr.] :
9. Une tige pouvait rejoindre tous les robinets, les asservir à un mouvement unique. De sorte qu'une fois l'appareil en place, il suffisait de toucher un bouton dissimulé dans la boiserie, pour que toutes les cannelles, tournées en même temps, remplissent de liqueur les imperceptibles gobelets placés au-dessous d'elles.
HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 62.
Rem. 1. On rencontre except. la constr. vieillie asservir qqc. contre qqc., mettre de force contre :
10. Quand il a trouvé l'ours, et qu'il est aux prises avec lui; tandis que celui-ci le serre des deux pattes de devant, tâche de l'étouffer, de le déchirer avec ses ongles, du bras gauche il commence, pour n'en être pas dévoré, par lui asservir la tête contre son épaule; ensuite de l'autre main tirant son poignard, il le lui enfonce dans les reins, jusqu'à ce que la bête, qui pousse de vains hurlements, car elle ne saurait le mordre, tombe à ses pieds vide de sang, ou vaincue par la douleur.
DUSAULX, Voyage à Barège, t. 2, 1796, p. 187.
Rem. 2. L'obj. second. peut être un pron. réfl. :
11. ... une cité ayant subjugué une cité, elle se l'asservit, et en composa une province; et deux provinces s'étant englouties, il s'en forma un royaume : ...
VOLNEY, Les Ruines, 1791, p. 69.
12. L'histoire est une terre stérile où la bruyère ne pousse pas. L'homme d'aujourd'hui a choisi l'histoire cependant et il ne pouvait ni ne devait s'en détourner. Mais au lieu de se l'asservir, il consent tous les jours un peu plus à en être l'esclave.
CAMUS, L'Été, 1954, p. 86.
II.— Emploi pronom. réfl. [Le compl. introd. par la prép. à désigne soit une pers. ou un groupe de pers., soit une chose abstr. qui est une force contraignante] S'asservir à. Se mettre dans l'obligation d'obéir à, se soumettre à :
13. ... dès qu'elle est contractée, la pensée s'asservit à la règle, la suit sans contrainte, et avec une sorte de nécessité. Sans doute, les avantages qui résultent de cet assujettissement volontaire sont bien préférables à une liberté désordonnée et licencieuse.
MAINE DE BIRAN, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser, 1803, p. 162.
PRONONC. :[], j'asservis []. BARBEAU-RODHE 1930 donne la possibilité d'une prononc. avec [ss] géminées : as/s/-.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. a) Ca 1200 trans. « mettre dans l'état de servitude, réduire en esclavage » (J. BODEL, Saxons, XXVI ds GDF. Compl. : Ains i lairoit la teste que il fust aservis); absol. début XIXe s. (P. L. COURIER, I, 226 ds LITTRÉ); b) 1280-1300 « id. » fig. (G. D'AMIENS, Escanor, éd. Michelant, 10689 ds T.-L.); 2. ca 1275 réfl. « se soumettre à qqc. » (J. DE MEUNG, Rose, éd. Fr. Michel, 15729, ibid. : Tout me voil a vous aservir).
Dér. de serf; préf. a-1; dés. -ir. Cf. lat. adservire au sens 2, « s'asservir à, s'assujettir à » (CICÉRON, Tusc., 2, 56 ds TLL s.v., 872, 12).
STAT. — Fréq. abs. littér. :341. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 686, b) 197; XXe s. : a) 353, b) 535.
BBG. — BAUDHUIN 1968. — DUB. Pol. 1962, p. 77. — GOUG. Mots t. 2 1966, p. 57. — NOTER-LÉC. 1912. — POPE 1961 [1952], § 881.

asservir [asɛʀviʀ] v. tr. [CONJUG. finir.]
ÉTYM. V. 1200; de 1. a-, et serf.
1 (Compl. n. de personne). Réduire à la servitude, à l'esclavage, à une extrême dépendance. Assujettir, contraindre, dominer, emparer (s'), enchaîner, prendre (possession de), soumettre, subjuguer. || Asservir des hommes, un peuple, une nation. || Asservir un pays à un autre. || Ce pays a asservi ses voisins. || Ce pays est asservi par…, à… (vx). || Ils sont asservis à un tyran. || Un régime totalitaire, qui asservit l'homme.
1 Soumettre et assujettir, c'est mettre dans la dépendance, sous soi, dans un état inférieur : subjuguer et asservir, c'est mettre dans une grande dépendance, puisque c'est mettre sous le joug ou dans la servitude.
Lafaye, Dict. des synonymes, Soumettre…, asservir.
2 (…) Albe à Rome asservie.
Corneille, Horace, V, 3.
3 (Le moi) est incommode aux autres en ce qu'il les veut asservir; car chaque moi est l'ennemi et voudrait être le tyran de tous les autres.
Pascal, Pensées, VII, 455.
4 (…) se servant de leurs anciens esclaves pour en soumettre de nouveaux, ils ne songèrent qu'à subjuguer et asservir leurs voisins.
Rousseau, De l'inégalité, II.
5 Que des hommes épars soient successivement asservis à un seul (…) je ne vois là qu'un maître et des esclaves,
Rousseau, Du contrat social, I, 5.
6 L'anarchie (…) asservit les indépendances individuelles.
Chateaubriand (→ Anarchie, cit. 4).
7 Je combattrai quiconque prétendra asservir à un individu comme à une masse d'individus, la liberté de l'homme.
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XXVII.
Au p. p. || Pays asservi.
8 La Judée asservie et ses remparts fumants (…)
Racine, Bérénice, II, 2.
Absolument :
9 Insensé qui croit asservir et se dispenser d'obéir.
P.-L. Courier, I, 226, in Littré.
Rare. || Asservir qqn à faire qqch., l'obliger à…
2 (Compl. n. de chose). Maîtriser. || Asservir les éléments, les forces de la nature. || Les hommes croient s'affranchir en asservissant la nature. Maîtriser.
10 (…) cette force qu'il avait été si fier d'asservir à des fins laborieuses,
Martin du Gard, les Thibault, III, 13.
3 (Compl. n. de personne ou caractère humain). Fig. || Asservir ses passions. Dominer, dompter, juguler, régir, régner (sur).
Littér., vieilli. || Être asservi à une passion, à qqn. || Être asservi aux charmes d'une femme. Enchaîner; et aussi captif, esclave, jouet, proie.
11 Aux règles de l'art asservir son génie.
Boileau, Satires, 2.
12 Pour vivre sous tes lois à jamais asservie (…)
Corneille, Polyeucte, V, 3.
13 (…) Votre âme, à l'amour en esclave asservie.
Racine, Andromaque, I, 1.
14 Loin d'être aux lois d'un homme en esclave asservie (…)
Molière, les Femmes savantes, I, 1.
15 Une coquette est un tyran qui veut tout asservir, pour le seul plaisir d'avoir des esclaves.
Marmontel, Contes moraux, Heureusement.
16 En n'asservissant les honnêtes femmes qu'à de tristes devoirs, on a banni du mariage tout ce qui pouvait le rendre agréable aux hommes.
Rousseau, Émile, V.
17 Ce sexe dangereux qui veut tout asservir,
S'il règne dans l'Europe, ici doit obéir.
Voltaire, Zaïre, III, 6.
18 Ma vie est un combat et la frugalité
Asservit la nature à mon austérité.
Voltaire, Mahomet, II, 4.
18.1 Oisive jeunesse
À tout asservie,
Par délicatesse
J'ai perdu ma vie.
Rimbaud, Fêtes de la patience, « Chanson de la plus haute tour ».
19 Jamais homme n'en fut ainsi la proie (du génie). Ce génie ne semblait pas de la même nature que lui; c'était un conquérant qui s'était rué en lui et le tenait asservi.
R. Rolland, Vie de Michel-Ange, p. 20.
4 (Choses concrètes). Rare. || « Une tige pouvait (…) asservir (les robinets) à un mouvement unique » (Huysmans, in T. L. F.).Spécialt (sc.). Relier par un dispositif d'asservissement. || Asservir un moteur. → ci-dessous Asservi.
——————
s'asservir v. pron.
Se soumettre; se mettre dans la dépendance, devenir esclave, captif de qqn ou de qqch. || S'asservir aux lois.
20 Donnant ma liberté, je me suis asservi.
Mathurin Régnier, Satires, II.
21 Mon esprit impatient de toute espèce de joug ne peut s'asservir à la loi du moment.
Rousseau, les Confessions, III.
22 On respecta son originalité parce qu'il (La Fontaine) n'eut jamais la sottise de la vouloir imposer ou étaler; il eut cette fortune de vivre dans une société brillante, et d'être aimé d'elle, sans être obligé de s'y asservir.
Émile Faguet, Études littéraires, XVIIe s., p.241.
S'asservir quelqu'un ou quelque chose. Soumettre.
23 Cet hymen m'asservit et le fils et la mère (…)
Voltaire, Mérope, IV, 1.
24 Or il (Napoléon) avait, — Mme de Rémusat devait le remarquer avant les lecteurs de la Correspondance, — la constante habitude de se servir de l'histoire et presque de se l'asservir.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, t. VI, XII.
25 Pendant des mois Pierre m'expliqua qu'il fallait, en politique comme en amour, savoir s'attacher sans se lier, pouvoir servir sans s'asservir, se battre ensemble, épaule contre épaule, mais sans être collés.
Claude Roy, Nous, p. 407.
——————
asservi, ie p. p. adj.
ÉTYM. (de asservir).
Soumis à, esclave de (→ ci-dessus cit. 12, 13, 14, 18.1 et 19).
Dr. || Fonds asservi : fonds qui est grevé d'une servitude.
(1875, → ci-dessous cit. 26). Sc. Relié par un dispositif d'asservissement. || Moteur électrique asservi.
26 M. Farcot désigne, sous le nom de servo-moteur ou de moteur asservi, un système qui permet de faire faire à un organe, aussi lourd et aussi puissant qu'on puisse le supposer, les mêmes évolutions que l'on imprime, à la main ou autrement, à un simple bouton dont le déplacement n'exigerait qu'une très petite résistance.
L. Figuier, l'Année scientifique et industrielle 1876, p. 427 (1875).
N. Rare. || Un asservi, une asservie : une personne réduite à la servitude.
CONTR. Affranchir, délivrer, émanciper, libérer (et p. p.).
DÉR. Asservissant, asservissement, asservisseur.

Encyclopédie Universelle. 2012.