déférer [ defere ] v. tr. <conjug. : 6>
1 ♦ Dr. Porter (une affaire), traduire (un accusé) devant l'autorité judiciaire compétente. Déférer un coupable à la justice. ⇒ citer, traduire. Déférer une affaire à un tribunal. ⇒ saisir (le tribunal).
2 ♦ Vx Accorder (une dignité, un commandement) en vertu d'une autorité. ⇒ conférer, décerner.
3 ♦ Trans. ind. Céder (à qqn, à ses désirs) par respect. Déférer à qqn (vx) , au jugement, à la décision de qqn. ⇒ acquiescer, céder, obéir, obtempérer, se soumettre (cf. S'en rapporter, s'en remettre à). « je déférai donc à son vœu » (G. Lecomte).
⊗ CONTR. Refuser, résister.
⊗ HOM. Déferrer.
● déférer verbe transitif indirect (latin deferre, porter de haut en bas) Littéraire. Se conformer au désir de quelqu'un par respect pour lui, par égard pour son âge : Déférer au mérite. Déférer à l'avis de son père. ● déférer (homonymes) verbe transitif indirect (latin deferre, porter de haut en bas) déferrer verbe déférant déférent adjectif défère défaire verbe défèrent défaire verbe défères défaire verbe ● déférer verbe transitif (latin deferre, dénoncer) Attribuer une affaire à une juridiction. Traduire un accusé ou un prévenu devant la juridiction compétente : Déférer un officier en conseil de guerre. Imposer un serment judiciaire à quelqu'un. ● déférer (difficultés) verbe transitif (latin deferre, dénoncer) Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : je défère, nous déférons ; je déférai. ● déférer (homonymes) verbe transitif (latin deferre, dénoncer) déferrer verbe déférant déférent adjectif défère défaire verbe défèrent défaire verbe défères défaire verbe ● déférer (synonymes) verbe transitif (latin deferre, dénoncer) Attribuer une affaire à une juridiction.
Synonymes :
- citer
- porter
- traduire
déférer
v. tr.
d1./d DR Traduire (un accusé) en justice.
— Soumettre à une juridiction. Déférer un jugement à la Cour de cassation.
d2./d v. tr. indir. Litt. Céder par respect. Déférer au désir de qqn.
I.
⇒DÉFÉRER1, verbe trans.
A.— DR. Porter une affaire, traduire un accusé devant la juridiction civile ou ecclésiastique compétente. Déférer au Conseil d'État, aux tribunaux :
• Peut-on, quand le général de Pellieux conclut au non-lieu, sans avoir examiné les documents accusateurs, déférer un officier au conseil de guerre parce qu'il le demande?
CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, p. 56.
— Déférer le serment à qqn. Lui demander de prêter serment à l'appui de ce qu'il avance pour se justifier et s'en rapporter à ses déclarations ainsi faites. Comme le juge n'avait pas d'autre preuve, il a déféré le serment à Schmoûle (ERCKM. CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 134).
— P. ext., vieilli. Dénoncer à une autorité. Le Brabançon déféra sur-le-champ la connaissance de ce fait à Louis XI (BALZAC, Maître Cornélius, 1831, p. 219). Déférer au nouveau pape (...) quelques propositions scandaleuses (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 368).
B.— Vieilli. Décerner une dignité, un honneur. On proposa de déférer la couronne à Wladislas (MÉRIMÉE, Les Faux Démétrius, 1853, p. 383).
— P. anal. Déférer une succession à qqn. Déclarer qu'elle lui revient, la lui attribuer. Les comités avaient déféré sa succession à un avocat de Toulouse (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 99).
Prononc. et Orth. :[], (je) défère []. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. : change [e] fermé (é accent aigu) en [] ouvert (è accent grave) devant syll. muette sauf au fut. et au cond. je déférerai(s). Homon. défère/défaire; défère/déferre (de déferrer). Étymol. et Hist. Cf. déférer2.
II.
⇒DÉFÉRER2, verbe intrans.
Déférer à. Se conformer au désir, explicite ou implicite, de quelqu'un par respect pour lui; lui céder par égard pour son âge ou sa qualité. Déférer à l'âge, à la dignité, au mérite, à la qualité de quelqu'un (Ac. 1798-1932) :
• 1. ... Maltère, que révoltait tout respect imposé, déférait au contraire, très profondément à ceux qu'il appelait sa famille intellectuelle...
BARRÈS, L'Ennemi des Lois, 1893, p. 35.
• 2. Le spécialiste vint avec sa trousse chargée de tous les rhumes de ses clients, comme l'outre d'Éole. Ma grand' mère refusa net de se laisser examiner. Et nous, gênés pour ce praticien qui s'était dérangé inutilement, nous déférâmes au désir qu'il exprima de visiter nos nez respectifs, lesquels pourtant n'avaient rien.
PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 324.
Prononc. et Orth. Cf. déférer1. Étymol. et Hist. A. 1282 deferrier de qqc. à (qqn) « s'en remettre à (quelqu'un pour quelque chose) » (Gouvernement des rois, 219, 4 ds T.-L. : Ainz doit l'en mult deferrier de lor norriçon au jugement de lor mestre). B. 1. 1541 « attribuer (une cause à une juridiction) » (CALV., Instit., 1088 ds LITTRÉ); 1559 « accuser quelqu'un » deferez ou soupeconnez (AMYOT, Alc., 3, ibid.); 2. 1541 « conférer un titre, une dignité à quelqu'un (ici de l'honneur) » (CALVIN, op. cit., 899, ibid.); 1559 deferer à « avoir de la déférence, du respect pour » (AMYOT, Aristide, 25 ds HUG.); 1690 part. prés. adj. « qui montre des égards à l'égard de quelqu'un » homme deferent (FUR.), forme deferant concurremment dep. Ac. 1694; av. 1715 « qui marque de la déférence » ton déférant (Fénelon ds GUÉRIN). Empr. au lat. class. deferre « porter de haut en bas » fig. « présenter, accorder » en partic. « dénoncer, porter plainte en justice ».
STAT. — Déférer1 et 2. Fréq. abs. littér. :118.
déférer [defeʀe] v. tr. [CONJUG. céder.]
ÉTYM. 1541; lat. deferre « porter », bas lat. « faire honneur », de de- « du haut en bas », et ferre « porter ».
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A Trans. dir.
1 Dr. Porter (une affaire), traduire (un accusé) devant l'autorité judiciaire compétente. || Déférer un coupable à la justice. ⇒ Citer, traduire; et aussi accuser, dénoncer, livrer. || Déférer une affaire à un tribunal. ⇒ Saisir (le tribunal). || Déférer une affaire devant un nouveau juge. ⇒ Renvoi.
1 (…) vous êtes obligés de déférer cet impie au Roi et au Parlement (…)
Pascal, les Provinciales, XVI.
2 Le mineur de l'un ou de l'autre sexe de moins de treize ans, auquel est imputée une infraction à la loi pénale, qualifiée crime ou délit, n'est pas déféré à la juridiction répressive.
Code pénal, Loi du 22 juil. 1912, art. 1er.
♦ Dr. canon. || Déférer un ouvrage, une proposition à la Cour de Rome.
3 (…) ce décret (du pape Honorius) y fut déféré (au Sixième Concile général); et après avoir été lu et examiné, il fut condamné comme contenant l'hérésie des Monothélites (…)
Pascal, les Provinciales, XVII.
♦ Spécialt. || Déférer le serment à l'une des parties, s'en rapporter à sa parole donnée sous serment. ⇒ Serment (délation de serment, serment décisoire, supplétoire).
4 Platon dit que Rhadamanthe (…) expédiait tous les procès avec célérité, déférant seulement le serment sur chaque chef.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XIX, 22.
5 Celui à qui le serment aura été déféré ou référé en matière civile, et qui aura fait un faux serment, sera puni d'un emprisonnement (…) et d'une amende (…)
Code pénal, art. 366.
2 Vx. Accorder (une dignité, un commandement) en vertu d'une autorité. ⇒ Conférer, décerner. || Déférer une dignité, un grade, un titre; déférer une charge, un commandement, des honneurs. || Les Romains déférèrent les honneurs divins à de nombreux empereurs.
6 Quelques titres nouveaux que Rome lui défère (…)
Racine, Britannicus, I, 1.
7 Il déféra le commandement de l'armée à Polymène (…)
Fénelon, Télémaque, XI.
♦ Dr. || Déférer une succession à…, déclarer qu'elle doit revenir à… ⇒ Attribuer (→ Ascendant, cit. 11).
8 Les successions sont déférées aux enfants et descendants du défunt, à ses ascendants et à ses parents collatéraux, dans l'ordre, et suivant les règles ci-après déterminées.
Code civil, art. 731.
B Trans. ind. Mod. (Littér.). || Déférer à : accorder qqch. à qqn, lui céder par respect. || Déférer à qqn, à son âge, à sa dignité, à son mérite. — Déférer au jugement, à l'avis, à la décision, aux ordres de qqn. ⇒ Acquiescer, céder, conformer (se), obéir, obtempérer, rapporter (s'en), remettre (s'en), soumettre (se).
9 Ce ne sont point ici des choses où les enfants soient obligés de déférer aux pères.
Molière, l'Avare, IV, 3.
10 (…) je suis persuadé qu'il vous arrivera quelque chose de désagréable, si vous ne déférez pas à ma prière.
11 Animé du même esprit, je déférai donc à son vœu.
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 359.
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DÉR. Déférence. — V. 2. Déférent. — V. Délateur, délation.
HOM. Déferrer.
Encyclopédie Universelle. 2012.