route [ rut ] n. f.
• XIIe; lat. médiév. rupta, ellipse de via rupta, lat. class. rumpere viam « ouvrir un passage »
1 ♦ Voie de communication terrestre aménagée, plus importante que le chemin, située hors d'une agglomération ou reliant une agglomération à une autre (opposé à rue). Route large, étroite. Route à plusieurs voies, protégée (⇒ autoroute) . Route carrossable. Bonne, mauvaise route (⇒ 1. viabilité ) . Route droite, sinueuse, présentant des virages. Le tracé d'une route. Profil d'une route. Route présentant de fortes pentes, des dos d'âne. Route de montagne. — Revêtement d'une route. Route empierrée, pavée, goudronnée. Route lisse, rainurée. ⇒ chaussée . Signalisation d'une route (panneaux, stops, feux, signalisation horizontale : bandes). Aménagement de sécurité d'une route (rails de sécurité, ralentisseurs...).— Route en construction. Travaux sur une route. Route barrée. ⇒ déviation. Jonction, croisement de routes. ⇒ bifurcation, bretelle, carrefour, échangeur, embranchement, patte-d'oie. — La route de Strasbourg, qui va à Strasbourg. La route de Lille à Bruxelles. — La grande route, la grand-route, route principale, à la campagne. — (En France) Route nationale, départementale. — (En Suisse) Route cantonale.
♢ Absolt La route : l'ensemble des routes; le moyen de communication que représentent les routes. Arriver à Genève par la route : en voiture, en automobile. Le rail et la route. Code de la route. Police de la route. Faire de la route : rouler beaucoup sur les routes. Un représentant qui fait beaucoup de route. Voiture qui tient bien la route, a une bonne tenue de route. Fig. Tenir la route : être réalisable, fiable, solide. Son projet ne tient pas la route. — Accidents de la route. Courses cyclistes sur route (opposé à sur piste) . Les forçats de la route.
2 ♦ Chemin suivi ou à suivre dans une direction déterminée pour franchir, parcourir un espace. ⇒ chemin, itinéraire. Changer de route. Perdre sa route. « un limaçon qu'avait égaré la nuit, cherchait sa route » (A. Bertrand). « Des pâtres bulgares nous ont remis sur notre route » (Flaubert). Être sur la bonne route, dans la bonne direction. Couper, barrer la route à qqn. — Loc. fam. Tailler la route : partir. Tracer la route : avancer de façon ferme et décidée. Faire la route : partir à l'aventure avec peu de moyens (⇒ routard) . — Spécialt Voie suivie traditionnellement par un commerce. La route de la soie, la route du rhum.
♢ Ligne que suit un navire ou un avion (⇒ loxodromie, orthodromie; routeur). L'ancienne route des Indes. Navire qui fait route sur un phare, vers une côte. ⇒ 1. cingler (cf. Faire voile). Loc. FAIRE FAUSSE ROUTE : s'écarter de la bonne direction; fig. se tromper dans les moyens à employer, dans la méthode à suivre pour parvenir à ses fins. ⇒ s'égarer.
3 ♦ Marche, voyage. Être en route pour une destination. Faire route vers Paris. Faire route avec qqn. « En route, mauvaise troupe ! » (Vigny). Bonne route ! Il « leur apporta un petit cageot de beaux fruits pour la route » (H.-P. Roché). « Pendant la route, ils échangèrent à peine quelques mots » (Zola). En cours de route : pendant le voyage; pendant l'opération, entre-temps. Souhaiter bonne route. — Feuille de route : titre délivré par l'autorité militaire à des militaires se déplaçant isolément.
♢ Par ext. METTRE EN ROUTE : mettre en marche (un moteur, une machine). Mettre en route sa voiture. Absolt Au moment de mettre en route. ⇒ démarrer. — La mise en route. Fig. Mise en route d'une affaire, mise en train. — Avoir qqch. en route, être en train d'exécuter qqch. J'ai plusieurs entreprises en route. ⇒ chantier.
4 ♦ Fig. Parcours. ⇒ chemin, voie. Nos routes se sont croisées, nos destins. Rencontrer la chance sur sa route. La route est toute tracée, on sait ce qu'il faut faire.
● route nom féminin (latin populaire via rupta, voie frayée) Voie de communication terrestre carrossable établie en dehors des agglomérations : Route goudronnée. Moyen de communication que constituent les routes et la circulation routière : Les victimes de la route. Voie de communication empruntée par un moyen de transport pour relier certains points du globe : Les routes maritimes, aériennes. Itinéraire à suivre pour se rendre d'un lieu à un autre : Aviateur qui s'est éloigné de sa route ; trajet, espace parcouru ou à parcourir : Ils ont fait la route à pied. Action de marcher, de se transporter vers une destination : Il y a au moins six heures de route. Voie, ligne de conduite, direction suivie par quelqu'un pour réaliser ses projets, orienter son action ou sa vie : La route du succès lui est ouverte. ● route (citations) nom féminin (latin populaire via rupta, voie frayée) Claude Aveline Paris 1901-Paris 1992 Ne crois pas que tu t'es trompé de route, quand tu n'es pas allé assez loin. Avec toi-même, etc. Mercure de France Paul Déroulède Paris 1846-Nice 1914 L'air est pur, la route est large, Le clairon sonne la charge. Les Chants du soldat Calmann-Lévy André Dhôtel Attigny 1900-Paris 1991 Avant de nous promener sur les routes, […] il faut nous envelopper d'éternel. La Chronique fabuleuse Éditions de Minuit André Dhôtel Attigny 1900-Paris 1991 Dès qu'il a placé le premier pas sur la route, le pèlerin sait qu'il se perd dans le monde, et qu'à mesure qu'il avancera il se perdra de mieux en mieux. Rhétorique fabuleuse Cahiers du Sud Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont Montevideo 1846-Paris 1870 Reprends la route qui va où tu dors […]. Chants de Maldoror Henri Beyle, dit Stendhal Grenoble 1783-Paris 1842 Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Le Rouge et le Noir Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. Demain nous prendrons les routes de la vaste mer. Cras ingens iterabimus aequor. Odes, I, VII, 32 Héraclite d'Éphèse vers 550-vers 480 avant J.-C. La route qui monte et descend est une et la même. Fragment, 60 (traduction Battistini) Jack Kerouac Lowell, Massachusetts, 1922-Saint Petersburg, Floride, 1969 La route, c'est la vie. The Road is life. Sur la route, III, 5 Commentaire Kerouac fut, un temps, le porte-parole de la beat generation, rebelle à toute autorité organisée et qui « prend la route », cherchant la liberté. Mao Zedong, Mao Tsö-tong ou Mao Tsé-toung Shaoshan, Hunan, 1893-Pékin 1976 Il n'y a pas de routes droites dans le monde. Citations du président Mao Tsé-Toung, XXI Neftalí Ricardo Reyes, dit Pablo Neruda Parral 1904-Santiago 1973 Je croyais que la route passait par l'homme, et que de là devait déboucher le destin. Yo creía que la ruta pasaba por el hombre, y que de allí tenía que salir el destino. Chant général ● route (expressions) nom féminin (latin populaire via rupta, voie frayée) Carnet, journal de route, journal de voyage, où l'on consigne les faits marquants, les observations intéressantes. Code de la route, ensemble des textes concernant la circulation routière codifiés en 1958. En route !, ordre ou invitation à partir. Être sur la route de quelqu'un, constituer un obstacle pour lui. Familier. Faire de la route, parcourir des kilomètres en voiture. Faire fausse route, s'écarter de la bonne direction ; se tromper sur l'orientation à donner à son action, sur le choix des moyens pour atteindre un objectif. Familier. Faire la route, partir à l'aventure, en voyageant à pied ou en auto-stop et avec peu d'argent. Faire route (vers, sur, etc.), se diriger vers telle destination. Faire route avec quelqu'un, l'avoir pour compagnon de voyage. Mettre en route, mettre en marche, un véhicule, un moteur, le faire démarrer ; commencer la réalisation de quelque chose : Mettre en route un travail. Prendre la route, partir en voiture, en moto, etc. Se mettre en route, partir. Se mettre en travers de la route de quelqu'un, tenter de le faire échouer. Service de route, synonyme de service de ligne. Familier. Tenir la route, résister à une objection, une difficulté : Ses arguments ne tiennent pas la route. ● route (synonymes) nom féminin (latin populaire via rupta, voie frayée) Voie de communication terrestre carrossable établie en dehors des agglomérations
Synonymes :
- artère
Voie de communication empruntée par un moyen de transport pour...
Synonymes :
- voie
Itinéraire à suivre pour se rendre d'un lieu à un...
Synonymes :
- chemin
- parcours
- trajet
Action de marcher, de se transporter vers une destination
Synonymes :
- voyage
Voie, ligne de conduite, direction suivie par quelqu'un pour réaliser...
Synonymes :
- chemin
- voie
Service de route
Synonymes :
route
n. f.
d1./d Voie terrestre carrossable d'une certaine importance. Route nationale.
|| Absol. La route: l'ensemble des routes; l'ensemble des moyens de transport qui utilisent les routes. Code de la route. Le rail et la route.
d2./d Direction à prendre pour aller quelque part, itinéraire. Perdre sa route. Les grandes routes maritimes.
— Faire fausse route: aller dans la mauvaise direction; fig. faire erreur.
|| Direction suivie par un navire ou un aéronef.
d3./d Parcours, chemin, voyage. Fleuve qui reçoit six affluents sur sa route. Bonne route! Faire la route à pied.
|| (Afr. subsah.) Fam. Demander, accorder, donner la route, la permission de partir.
|| Par métaph. Voie. La route est toute tracée: on ne peut douter de la conduite à suivre.
d4./d Mettre en route: faire démarrer (un moteur, une machine, etc.).
|| Par ext. Mettre une affaire en route.
⇒ROUTE, subst. fém.
A. — Voie de communication importante (p. oppos. à chemin) qui permet la circulation de véhicules entre deux points géographiques donnés, généralement deux agglomérations (p. oppos. à rue). Les cinq voitures roulaient en plaine, sur une interminable route droite, bordée de beaux arbres (ZOLA, Nana, 1880, p. 1253). Ils marchaient maintenant sur une petite route étroite entre les pâquerettes et les foins éclairés obliquement par le soleil de cinq heures (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 347).
1. [La route est classée selon ses caractéristiques] Route moyenne; route principale, secondaire; route à deux, trois, quatre voies; route à grande circulation; route d'intérêt local.
♦ Grand(e) route. Route principale à la campagne. Du côté de Paris, la grande route descendait en ligne droite, et des prairies se perdaient au loin, dans les vapeurs de la nuit (FLAUB., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 22). Par l'infini du soir, sur la grand' route, Voici venir les ricochets des cloches Là-bas, au carrefour des bois (VERHAEREN, Villes tentac., 1895, p. 89).
♦ Route royale, impériale. Autrefois, route de grande importance dont la construction et l'entretien incombaient au royaume, à l'empire. Les routes royales, puis les chemins de fer y ont succédé aux voies romaines (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 304). Sont comprises définitivement parmi les propriétés départementales les anciennes routes impériales de troisième classe (BACQUIAS, Cons. gén. et cons. arrondiss., 1934, p. 63).
♦ Route nationale (abrév. RN). Route de grande importance reliant à la capitale les villes principales ou reliant les villes principales entre elles et qui est construite et entretenue aux frais de l'État. Ils filaient maintenant à vive allure sur la route nationale (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 232). Coup de frein trop brusque. Une remorque se retourne sur la RN 57 (L'Est Républicain, 12 juill. 1986, p. 603).
♦ Route départementale (abrév. D). Route de moyenne importance reliant le chef-lieu aux principales villes du département et dont la construction et l'entretien incombent au département. Avertis de leur arrivée par le grand bruit de roues sur la route départementale, nous détalions pour aller les voir décharger (PESQUIDOUX, Livre raison, 1929, p. 114).
2. [La route est classée selon sa fonction]
♦ Route militaire. ,,[Route] destinée à assurer des communications directes entre une place forte et les ouvrages avancés ou forts extérieurs`` (CAP. 1936). Aucune autre route militaire n'était accordée au travers du pays (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 686).
♦ Route stratégique. ,,[Route] destinée à faciliter les opérations de défense ou de surveillance d'une région`` (CAP. 1936). En Afrique plusieurs routes stratégiques ont été construites ou aménagées (J. THOMAS, Route, 1951, p. 308).
— [Avec déterm. évoquant une caractéristique ou l'intérêt de la région traversée] Route de campagne, d'altitude, de montagne, de plaine; route panaméricaine. On fut d'avis de mettre la table dehors, au beau milieu de la route forestière qui passait devant la maison (ROMAINS, Copains, 1913, p. 275).
♦ Route du vin. Route touristique qui traverse une région vinicole. Quand, engagés après Landau sur la célèbre Weinstrasse, la route du vin, nous commençâmes d'apercevoir, de l'autre côté du Rhin, la courbe douce et ferme des premières collines d'Alsace (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 376).
— [Avec déterm. désignant un personnage illustre qui l'a empruntée, en constr. prép. ou absol.] Les Américains, suivant la route Napoléon dégagée par les maquisards, ont atteint déjà Grenoble (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 316). La voie Domitienne, qui joignait le Rhône à l'Espagne par l'ancienne route d'Hannibal (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 55).
— [Avec déterm. désignant le ou les fondateur(s) à qui on l'attribue] Quelques fragments de route cyclopéenne construits par les Mycéniens, pourvus d'un revêtement dallé (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 40). Quels étaient donc les véhicules que l'on rencontrait ainsi sur les routes romaines? (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 57).
— [Précisant son orig. (ses princ. étapes) et sa destination] La route d'Enchenberg par Siersthal (FOCH, Princ. guerre, 1911, p. 116). Route Marseille-Aix-en-Provence (J. THOMAS, Route, 1951, p. 324). Je cherche ma route de Marseille à Aubagne (DAVID, Cybern., 1965, p. 134).
SYNT. Chaussée, bas-côté, bord, fossé d'une route; au bord de la route; route bordée (d'arbres, etc.); sur la route; sur les routes; croisement, déviation d'une route; route asphaltée, boueuse, caillouteuse, goudronnée, poussiéreuse, sablonneuse; route blanche, grise, jaune; route abîmée, barrée, coupée, dangereuse, fréquentée, défoncée, étroite, sinueuse, tortueuse; construire, ouvrir, percer, tracer une route; la route conduit à, descend, serpente, tourne; demander, montrer, indiquer la route.
B. — Réseau routier, moyen de communication, de transport par la route. Arriver, partir, voyager par la route; accident, police, usager de la route. Il faut donc sans hésiter se mettre à l'œuvre pour refaire la route française, considérée enfin, au même titre que nos industries lourdes, comme une activité de base (PINEAU, S.N.C.F. et transp., 1950, p. 132). L'aménagement des fleuves était insuffisant ou nul, les canaux rares; le transport par eau, seul économique, ainsi limité, on recourait généralement à la route qui coûtait moitié plus (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 25).
— [P. oppos. (ou en assoc.) à un autre moyen de transp.] Les produits indispensables parvinrent par la route et par l'air (CAMUS, Peste, 1947, p. 1281). L'aller et retour par route ou par voie ferrée eût duré trois jours et trois nuits (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 72).
— [À propos de la circulation routière]
♦ Code de la route. ,,Ensemble des règles concernant l'usage des voies ouvertes à la circulation publique`` (CIDA 1973).
♦ SPORTS (cycl.). [P. oppos. à la piste] Épreuve, course, cyclisme sur route. Une compétition sur route, que la fédération départementale faisait courir, ce jour-là, autour de Chartres (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 42). Géant de la route. Coureur cycliste. 25 juin: départ du tour de France! Pendant trois semaines, spectateurs, lecteurs, auditeurs, vibreront aux faits et gestes des géants de la route narrés dans les colonnes des quotidiens et sur toutes les ondes de l'Europe (Comment parlent les sportifs ds Vie Lang., 1952, p. 136).
♦ AUTOMOB. Tenue de route. Adhérence d'un véhicule à la route grâce à ses amortisseurs, ses pneumatiques. La disposition des sièges à l'intérieur de la voiture n'est pas non plus sans influence sur la tenue de route et encore moins sur le confort (TINARD, Automob., 1951, p. 328).
— [Comme symb. de l'aventure, du voyage] Gens de la route. L'élève Dargelos représentait le désordre, le mystère, la surprise, les romanichels, les routes (COCTEAU, Fin Potomak, 1940, p. 117).
♦ Chant, chanson de route. Chant, chanson de marche. Le chant de route, lui aussi a son climat, son expression propre (F. COCKENPOT, Fleurs de mousse, Paris, éd. du Seuil, 1946, p. 33).
♦ Faire la route. Partir à l'aventure, vivre la vie de routard. Marc préfère ceux qui font la route: « Quand on sera un peu mieux installés, on aménagera un grand dortoir, comme ça on pourra recevoir plein de routards » (R.-P. DROIT, A. GALLIEN, La Chasse au bonheur, 1972 ds GILB. 1980).
— Les Camarades de la route. Mouvement regroupant les usagers des Auberges françaises de jeunesse. Le Mouvement des Camarades de la route et des Auberges françaises de la jeunesse, prenait naissance en « zone non occupée » en 1941 (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p. 129).
C. — P. anal.
1. Voie de communication dont le tracé n'apparaît matérialisé que par le support d'une carte. Synon. itinéraire. Les Eskimo (...) peuvent être raisonnablement regardés comme appartenant à une migration définie le long d'une route arctique (HADDON, Races hum., trad. par A. van Gennep, 1930, p. 294).
— Route de
♦ [Suivi du n. de la destination] [Il] sortit de Maaret En-Nomân nu-pieds, par la route du sud, — la route de Jérusalem (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 40):
• 1. Cherchant, cette fois, par l'ouest, la route des Indes, Christophe Colomb aborde à San Salvador en 1492, découvre le reste des Antilles et touche le continent américain lui-même à l'embouchure de l'Orénoque (1498).
Hist. sc., 1957, p. 1351.
♦ [Suivi du n. du parcours] Route de la côte. À l'ouest, elle anima la Phénicie qui lui ouvrit la route de la vallée du Nil et du monde de l'archipel (FAURE, Hist. art, 1909, p. 57).
♦ [Suivi d'un subst. décrivant le princ. attrait de la destination] Route des épices, du rhum. Il existait alors une route de l'ambre, une route du cuivre, une route de l'étain (ALBITRECCIA, Gds moyens transp., 1931, p. 10). En Asie, la route du thé, de Pékin au lac Baïkal, a perdu de son importance depuis la construction du Transsibérien (ALBITRECCIA, Gds moyens transp., 1931, p. 10).
Route de la soie. Piste caravanière qui traversait l'Asie depuis la Méditerranée jusqu'au centre de la Chine. Il remonte la rivière qui portera son nom et qu'il croit être la vraie route de la soie, objet de sa mission comme de toutes les explorations européennes (MORAND, New-York, 1930, p. 7).
[P. allus. à la formule célèbre de Paul Reynaud affirmant que l'acier suéd. n'irait plus approvisionner le bassin de la Ruhr, en 1940] La route du fer est coupée. La route du fer restera barrée, nous ferons sécher notre linge sur la ligne Siegfried (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 81).
2. Voie de communication utilisant un autre élément que la terre. Longtemps, en France, la route fluviale a été active (ALBITRECCIA, Gds moyens transp., 1931p. 13). La protection des routes commerciales maritimes demande le concours de très nombreux bâtiments d'escorte, chargés d'accompagner les navires marchands (LE MASSON, Mar., 1951, p. 45).
3. Orbite d'un astre. Les anciens avaient remarqué que les planètes visibles à l'œil nu ne s'écartent jamais beaucoup de l'écliptique, de la route apparente annuelle du soleil (FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p. 434). Mars (...) est un astre rougeâtre qui suit à peu près la route du soleil et se trouve au sommet de sa course à dix heures du soir (ALAIN, Propos, 1909, p. 64).
D. — P. ext.
1. [S. réf. à un type partic. de commun.] Itinéraire, direction vers un point donné. Chercher, trouver la route; être sur la bonne, la mauvaise route. Je demandai ma route à une sentinelle (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 280).
— BALIST. Trajectoire. Nous conviendrons de dire que les points matériels A et B, ainsi déviés de leur route, ont subi un demi-choc(H. POINCARÉ, Hyp. cosmogon., 1911, p. 112).
— MAR. Direction d'un navire dont la marche est prescrite par le commandant et exécutée par le timonier. — Ne pourrez-vous donner la route! demanda Paganel. — Ce sera difficile, répondit John. Croiriez-vous qu'il n'y a pas une carte marine à bord! (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 26):
• 2. « L'expérience a en effet montré, écrit M. J. Ricard, ingénieur en chef de la compagnie, qu'une vitesse de route de 20,5 à 21 nœuds était suffisante », ce qui permettra de donner aux nouveaux navires « des possibilités de transport en marchandises les apparentant en fait à des cargos rapides ».
ROUGERON, Aviat., 1951, p. 224.
♦ Route (apparente), route (au compas). ,,Cap déterminé par l'angle que fait l'axe du navire avec l'aiguille du compas, sans aucune correction`` (GRUSS 1978). Faire route (à/au). Je fis route à l'Est, attendant le jour pour me rapprocher de la côte (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 98). Il faut donc faire route Ouest plein, parce que toutes les cartes qui sont fort justes en latitude, sont fort douteuses en longitude (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 156).
♦ Route (corrigée), route (vraie). ,,Cap réellement suivi (route au compas corrigée de la dérive, de la déclinaison et de la déviation)`` (GRUSS 1978).
♦ Route magnétique. ,,Route au compas corrigée de la déviation et de la dérive`` (GRUSS 1978).
♦ Faire bonne route. Nous fîmes très bonne route et rencontrâmes des vents à souhait (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 485).
♦ (Faire) fausse route. Se tromper de direction ou la modifier pendant la nuit pour donner le change à l'ennemi. On fait fausse route pendant la nuit, pour échapper à un ennemi supérieur qui vous poursuit (WILL. 1831). Au fig. Se fourvoyer, prendre une mauvaise orientation, faire un choix erroné. Nathalie s'était fourvoyée dans une fausse route (SOULIÉ, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 241).
En route! Ordre donné au timonier (par le transmetteur d'ordres) de gouverner en suivant un cap donné. Le capitaine, debout sur sa passerelle, ayant crié par le porte-voix qui descend dans les profondeurs de la machine: « En route! » elles [les roues] se mirent à battre la mer avec rapidité (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Découv., 1884, p. 956).
2. Parcours accompli ou à accomplir d'un point à un autre. J'avais besoin de ce spectacle, de cet air, de cette rénovation, après mon exténuation de Gênes, l'air dévorant de Nervi, la fatigue de la route (MICHELET, Journal, 1854, p. 247).
♦ Faire (de) la route. Faire du chemin, accomplir un parcours, un trajet donné. [Albertine] avait envie de faire de la route sur simple châssis en grande vitesse (PROUST, Prisonn., 1922, p. 136). J'ai fait la route à bicyclette. C'était beau! (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 83).
♦ Faire route. Un soir, après avoir fait route toute la journée dans les rochers, cherchant un passage pour descendre vers le Rhin, il arriva à l'entrée d'un bois de sapins, de frênes et d'érables (HUGO, Rhin, 1842, p. 203). Nous fîmes route ensemble jusqu'à Paris dans ma chaise (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 343).
— Loc. adv. En route. Au cours du voyage, du trajet. Je paierai vos dépenses en route, et je vous tiendrai compte du surplus, quand nous serons arrivés à notre destination (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 306). Je t'attends demain à midi, ne t'amuse pas en route (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 125).
♦ Être en route pour, vers... Peut-être en ai-je une autre [lettre] d'arrivée au Caire, ou qui est en route maintenant pour parvenir jusqu'à moi (FLAUB., Corresp., 1850, p. 168).
♦ En empl. interj. [Pour intimer l'ordre de départ] En route, mauvaise troupe! Partez, mes enfants perdus! (VERLAINE, Jadis, 1884, p. 199). En route pour la cité de Sion! (THARAUD, An prochain, 1924, p. 196).
♦ Se mettre en route. On se mit en route vers les fonds (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hautot, 1889, p. 258).
♦ Mettre (qqc.) en route. Faire démarrer quelque chose, mettre (quelque chose) en marche, en mouvement. C'est la première presse à imprimer entraînée par force motrice — un moteur à vapeur. Elle fut mise en route en grand secret dans la nuit du 28 novembre 1814 (Civilis. écr., 1939, p. 8-10). Mettre le moteur en route, il partira (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p. 324). Au fig. L'institutrice mettra en route le cours de couture (MATHIOT, Éduc. mén., 1957, p. 48). L'Allemagne fédérale (...) a eu du mal à mettre en route son effort nucléaire (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 154).
♦ Rester en route. S'arrêter en chemin, s'immobiliser avant d'arriver à destination. Synon. fam. rester en carafe, en rade (v. rade1). Plus d'une fois mes genoux se dérobèrent sous moi, et je serais resté en route, sans les coups de pied qui me suivaient par derrière (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 220). Au fig. S'arrêter dans son essor, dans sa progression. Les candidates sont aujourd'hui bien moins nombreuses; il en est tant resté en route, entre l'écrit et l'oral! (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 217).
— Loc. adj. De route. Qui est propre à la route, qui concerne le voyage. Sir Francis Cromarty n'était pas sans avoir reconnu l'originalité de son compagnon de route (VERNE, Tour monde, 1873, p. 47).
♦ Feuille de route. Titre de voyage attribué à un militaire voyageant individuellement. Les autres (...) ayant reçu leur consigne ou leur feuille de route, s'en allaient par deux ou trois vers la gare (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 284).
♦ Carnet, journal de route. Carnet, journal relatant les événements survenus pendant un voyage, mentionnant les impressions, les réflexions du voyageur. La masse des livres de guerre (romans, journaux de route, correspondances, etc.) a donné lieu à un examen approfondi (Arts et litt., 1935, p. 62-4). Il part à la découverte du monde et note en chemin, sur son carnet de route, tout ce qui l'intéresse et lui semble curieux (Hist. sc., 1957, p. 1444).
— [Précédé d'une indication de temps; avec la précision ou non du moyen de locomotion] On avait bien deux heures de route pour rentrer chez nous à Blême (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 604). La première machine arrivée à Rouen, après 17 heures 20 minutes de route, fut une de Dion-Bouton à vapeur (P. ROUSSEAU, Hist. techn. et invent., 1967, p. 346).
— [Le parcours est mesuré dans le temps plus que dans l'espace] Ah je sais, je sais mon oncle. Vous pouvez imaginer tout ce qui s'est passé dans mon esprit pendant la route (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1725).
E. — Au fig.
1. Mode de pensée, suite d'actes visant à atteindre un but déterminé. Route de la fortune, de la gloire. Car il réunit l'audace qui fait sortir de la route commune, au tact du bon goût qu'il importe tant de conserver lorsque l'originalité du talent n'en souffre pas (STAËL, Allemagne, t. 3, 1810, p. 227). Telle est la voie, et elle est rude; mais elle l'est moins pour qui pense au but: « la route vers Dieu est facile, parce qu'on y avance en se déchargeant (...) » (GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p. 68).
2. Ligne de conduite, orientation donnée à l'existence visant à atteindre un but déterminé (projet, idéal). Chercher, continuer, ouvrir, trouver sa route; nos routes se croisent, se rencontrent, se séparent. Seigneur, que chacun sur sa route Trouve son eau dans le rocher! Que ta grâce les désaltère! (LAMART., Jocelyn, 1836, p. 746). J'ai connu beaucoup de figures et d'endroits singuliers que j'oppose au bloc pluriel et qui m'habitent sans prendre une part active aux préoccupations qui me dirigent et jalonnent ma route (COCTEAU, Portr.-souv., 1935, p. 16).
♦ Barrer la route à qqn. Faire obstacle à ses projets. Il lui reste encore un effort à tenter, pourtant, pour barrer la route à son rival (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 459).
REM. 1. Routailler, verbe trans., chasse. Suivre une bête avec le limier, pour la faire tirer par les chasseurs armés de fusils. (Ds Ac. 1798-1878). 2. Routard, -arde, subst., mod., fam. Celui, celle qui fait la route, qui part à l'aventure en faisant de l'auto-stop. Guide du routard. Ce que cherchent les routards, c'est moins un endroit béni des dieux qu'un paradis difficile d'accès (Le Monde dimanche, 23 août 1981, p. VII).
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 rute « voie, direction » (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg: Ja n'istrat de sa rute); 1690 faire fausse route (d'un bateau) « s'écarter de son droit chemin » (FUR.); 2. a) 1160-74 rute « chemin, voie de passage » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 2716); 1160-74 sei metre en sa route « se mettre en chemin » (ID., ibid., II, 1038); 1694 grande route (Ac.); 1875 route nationale (Lar. 19e); 1921 code de la route (Let. du ministre ... 30 mai, in Journ. officiel de la République fr., Lois et décrets, 31 mai, 6354 ds QUEM. DDL t. 16); p. ext. b) av. 1683 route « chemin et logement que l'on marque aux gens de guerre en voyage » (TAVANN., Mém., p. 149 ds GDF. Compl.); 1690 (FUR.); 1825 feuille de route (LE COUTURIER, Dict. portatif et raisonné des connaissances mil., p. 221); 1827 fig. (CHATEAUBR., Voy. Amér. et Ital., t. 1, p. III). Du lat. rupta (via), propr. « voie rompue, frayée » par subst. au fém. du part. passé de rumpere « rompre », cf. rumpere viam « ouvrir une route, un passage » chez SÉNÈQUE ds OLD. Fréq. abs. littér.: 16 577. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 22 679, b) 23 712; XXe s.: a) 23 995, b) 24 011. Bbg. BALDINGER (K.). Die Bezeichnungen für Weg im Galloromanischen. Mél. Rohlfs (G.) Tübingen, 1968, pp. 98-100. — DAUZAT Ling. fr. 1946, pp. 11-12. — GOHIN 1903, p. 339. — QUEM. DDL t. 6, 9, 15 ,17, 21 ,27. — WEXLER 1955, passim.
route [ʀut] n. f.
ÉTYM. 1530; rote, XIIIe; roupte, 1347; lat. médiéval rupta, ellipse de via rupta, de via « voie », et p. p. de rumpere « rompre » (en lat. class. rumpere viam « ouvrir, pratiquer un passage »); on évoque parfois l'idée de pierres cassées (rupta) opposées aux pavages, aux dalles revêtant les voies principales en Italie (strata viarum saxea).
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B Mod.
1 Voie de communication terrestre de première importance (opposé à chemin), appartenant à la grande voirie. ⇒ Estrade (vx), voie. — (En France). || Routes nationales, faisant partie du domaine (cit. 3) public de l'État, construites et entretenues à ses frais sous la direction des Ponts (cit. 7) et Chaussées. || Routes départementales, faisant partie du domaine public départemental. || Routes départementales et chemins vicinaux. || Routes à régime spécial; routes stratégiques, militaires, thermales, agricoles, salicoles. — Anciennt. || Route royale, route impériale (correspondant en général aux routes nationales). — Construction, entretien, aménagement d'une route. ⇒ Banquette, bas-côté, bombement, caillasse, cailloutage, cassis, cavalier, cantonnier (cit.), chaussée, compresseur (rouleau), courbure, cylindrage, empierrement, encaisser, goudronnage (cit.), gravelage, macadamiser, paver (cit. 3), recharger, remblayer (→ 1. Flanquer, cit. 5). || Bonne, mauvaise route. ⇒ Viabilité (→ Enfoncer, cit. 20; fondrière, cit. 1; ornière, cit. 3). || Route défoncée, caillouteuse (→ 1. Banquette, cit. 1), poussiéreuse (→ Poudroyer, cit. 2). || Route enneigée, verglacée. || « On a pavé la route âpre (cit. 2) et mal aplanie ». || Route carrossable, cyclable. || Route étroite; route large, à plusieurs voies. || Route à péage. || Route à chaussées séparées. ⇒ Autoroute. || Tracé d'une route. ⇒ Âne (dos d'âne), corniche (cit. 6), côte, déclive, lacet, palier, pente, profil, rocade, tournant, virage. || Route de montagne. || Une route difficile. || Jonction, croisement de routes. ⇒ Bifurcation, carrefour, embranchement, patte (d'oie). ⇒ aussi Couper, croiser. || Balisage, signalisation des routes. || Bornes, panneaux (cit. 10), postes (cit. 10) d'essence au bord des routes (→ 1. Goutte, cit. 50). || Circulation sur une route. ⇒ Passage (→ Camion, cit. 2; 2. car, cit.; carriole, cit. 2; 1. écart, cit. 9; embouteillage, cit. 2; 1. exode, cit. 6; 1. frayer, cit. 2). — La route de telle ville à telle ville. → Détermination, cit. 3; grimper, cit. 11. || La route de Rennes à Brest. || La route de telle ville, qui mène à cette ville (→ Embrancher, cit. 1). || La route de Paris, de Marseille. || Les grandes routes américaines. || La route transcanadienne. — ☑ Allus. littér. « L'air (cit. 5) est pur, la route est large. »
1 L'agriculture est servie par une voirie fort bien entendue, et un excellent réseau de circulation vivifie toute l'île. Les routes sont très bonnes. À l'embranchement de deux routes on voit à terre une pierre plate avec une croix.
Hugo, l'Archipel de la Manche, III.
2 — Sur une route, il faut bien qu'il y ait des poteaux indicateurs. — Vous me prenez par mon faible. Rien n'est beau comme une belle route plate de Beauce (…) Pourvu que ça soye (sic) une belle route bien droite et bien plate, et les arbres bien alignés. — Nous vous l'accordons. — Et les poteaux télégraphiques bien alignés. — C'est entendu. — Et les fils télégraphiques parfaitement parallèles (…) — Je ne parle pas des caniveaux, des bas côtés, des fossés. Tout cela comme à la parade. — Carré comme un billard. — Et les bornes kilométriques. — Vous y venez. — Et les bornes hectométriques. — C'est tout ce que je voulais dire.
Ch. Péguy, Note conjointe, Sur Descartes, p. 304.
3 Mme de Villeparisis (…) disait au cocher de prendre la vieille route de Balbec, peu fréquentée, mais plantée de vieux ormes qui nous semblaient admirables (…) Cette route était pareille à bien d'autres (…) montant en pente assez raide, puis redescendant sur une grande longueur.
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, t. I, p. 719.
4 (…) les routes sont toutes les mêmes, pour le biffin : de la poussière ou de la boue qui mène, à rudes étapes, du repos aux tranchées.
R. Dorgelès, les Croix de bois, XV.
♦ Le bord de la route. — ☑ Loc. métaphorique. Être, rester… au bord, sur le bord de la route : ne pas profiter d'une évolution collective. || La reprise économique les a laissés au bord, sur le bord de la route. || Les chômeurs qui restent sur le bord de la route.
♦ Grande route (1694); grand route (1835) : route principale (d'une région, d'une agglomération). → Levée, cit. 1; piquer, cit. 19.
♦ Absolt. || La route : l'ensemble des routes, le moyen de communication que représentent les routes. || Arriver à Paris par la route. || Le rail (cit. 4) et la route. || Transports par route. || Code de la route (→ Négligence, cit. 6). || Police de la route. ⇒ Roulage. ☑ Loc. Les anges de la route. || Faire de la route : rouler beaucoup sur les routes. || Accidents de la route. || La route meurtrière.
5 Vois-tu, on a bien l'habitude de rouler, nous deux, mais ce qu'on sait faire, au fond, c'est de la route, ce n'est pas du voyage.
Colette, la Chatte, p. 100.
6 Aimez-vous « avaler de la route » ? C'est sur celle-ci qu'il faut rouler : vingt-trois kilomètres en ligne droite, sans virages, sans croisements dangereux, sans rampes.
M. Genevoix, Forêt voisine, III.
♦ ☑ Loc. Tenir bien, mal la route, se dit d'un véhicule qui suit (bien, mal) l'axe de la route (→ 5., fig.). || Tenue (B., 4.) de route.
♦ (Cyclisme, 1892). || Sur route (opposé à sur piste). || Course sur route. — ☑ Fam. Les géants (1903), les rois (1909), les forçats (1913) de la route : les coureurs du Tour de France. ⇒ Routier.
2 (XVIIe). Chemin suivi ou à suivre dans une direction déterminée pour franchir, parcourir un espace. ⇒ Itinéraire. || « Ils s'y prirent tous trois par des routes diverses » (→ Chemin, cit. 56, La Fontaine). || Prendre une route, la route de… || Égarer (cit. 2) l'armée à trente lieues de la véritable route. || Perdre sa route. || Changer de route (→ Occurrence, cit. 1). || Rencontrer qqn, qqch. sur sa route (→ Accident, cit. 12; pourchasser, cit. 1; prendre, cit. 49). || Détruisant (cit. 7) tout sur leur route. || À moitié route (→ Isoler, cit. 3), à mi-route (→ Nourriture, cit. 11). || Revenir par la même route (→ Indifférence, cit. 28). || La route du retour (→ Grimper, cit. 14). || Fermer toutes les routes à l'ennemi (→ Enveloppement, cit. 1). || Couper, barrer (cit. 5) la route à qqn (→ Arc-bouter, cit. 4). ☑ Fam. Tailler la route : partir. — Spécialt. || La route du fer, du pétrole, les moyens d'accéder à (telle ou telle matière première). — ☑ Loc. Barrer la route à qqn, l'empêcher de passer. ☑ Ôtez-vous de ma route, du passage.
7 Tandis que, les deux cornes en avant, un limaçon qu'avait égaré la nuit, cherchait sa route sur mes vitraux lumineux.
Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, Le fou.
8 Des pâtres bulgares couverts de peaux de bêtes (…) nous ont remis sur notre route. Quant à un chemin frayé, nous ne voyions sur la neige que la trace des lièvres et des chacals (…)
Flaubert, Correspondance, 274, 15 déc. 1850.
♦ Spécialt. Voie suivie traditionnellement par un commerce. || La route des épices, de la soie. || La route du rhum (route maritime, → ci-dessous, 3.; nom d'une course de voiliers).
3 (1518, routte, in D. D. L.). Ligne que suit un navire (par ext., un avion), dans la direction prescrite par le commandant et sur laquelle gouverne l'homme de barre. ⇒ Bordée. || Route au compas, ou apparente : angle que fait l'axe du navire avec l'aiguille du compas. || Route corrigée, ou vraie : « route au compas corrigée de la dérive, de la déclinaison et de la déviation » (Gruss). → 1. Pinnule, cit. || Routes composées, succession des routes vraies suivies par un navire. || Route directe, celle qu'aurait dû suivre un navire en ligne droite pour arriver au point où il est parvenu par les routes composées. || Donner la route, la direction à suivre au pilote. || Officier de route (ou des montres), chargé des calculs de route d'un navire. — Le navire est en route, il conserve de façon stable le cap indiqué. || En bonne route (→ 1. Point, cit. 5). — La route varie (→ 1. Écart, cit. 8). || Infléchir sa route vers le sud (→ Formation, cit. 1). || Changements forcés de route (→ Fortune, cit. 30). || L'ancienne route des Indes (→ Contourner, cit. 1). || Jason lisait (cit. 26) sa route dans les astres. || Faire route sur… ⇒ Cingler. || Routes aériennes (→ Impalpable, cit. 2). — ☑ Faire fausse route : s'écarter de la bonne direction; fig. se tromper dans les moyens à employer, dans la méthode à suivre pour parvenir à ses fins (→ Où, cit. 52).
9 Le 21, le temps étant singulièrement beau, nous remîmes le cap au sud avec la résolution de pousser dans cette route aussi loin que possible.
Baudelaire, Trad. E. Poe, les Aventures d'A. Gordon Pym, XVI.
10 Le radio, sagement, sous la lampe, note des chiffres, le mécanicien pointe la carte, et le pilote corrige sa route si les montagnes ont dérivé, si les sommets qu'il désirait doubler à gauche se sont déployés en face de lui (…)
Saint-Exupéry, Terre des hommes, I.
4 Par anal. (en parlant des choses de la nature). || La route du soleil, des planètes. ⇒ Cours; → Espace, cit. 23, Vigny. || Le nuage change de route (→ Pousser, cit. 22).
11 Cassini le père avait déjà fixé la route que devait décrire la comète de 1664. Il avait osé, le premier, prédire le cours d'une comète; l'astronomie n'avait encore produit rien de si hardi.
Voltaire, Éléments de la philosophie de Newton, III, XIII.
5 (1771). Dans quelques locutions. Marche, voyage.
♦ ☑ Faire route. || Faire route à pied (cit. 28).
♦ ☑ En route. || Être, se mettre, se remettre en route (→ Dénigreur, cit. 2; 1. feu, cit. 53; lester, cit. 2). ☑ En route (→ Bâtir, cit. 33; démonter, cit. 5; derviche, cit. 2), en cours (cit. 18) de route : pendant le voyage. — Perdre, semer qqn en route. || En route ! : partons !, partez. ☑ Fam. En route, mauvaise troupe ! (→ 1. Patron, cit. 15). — Continuer, reprendre sa route (→ Distraire, cit. 16; moins, cit. 41). || Une longue route. ⇒ Étape (→ Équipage, cit. 6).
♦ De route. || Journal, carnet de route (→ Notation, cit. 2; remanier, cit. 2). — Souhaiter bonne route (→ 1. Pas, cit. 29). || Les fatigues de la route (→ Prolongation, cit.). — (1825). Spécialt. (milit.). || Feuille de route, titre délivré par l'autorité militaire à des militaires se déplaçant isolément (→ 2. Pékin, cit. 1). || Indemnité de route. || Au pas de route (→ 2. Marche, cit. 29). || Chanson de route.
12 — En route, mauvaise troupe ! — Et nous repartîmes.
A. de Vigny, Servitude et Grandeur militaires, I, VI.
13 Pendant la route, ils échangèrent à peine quelques mots. Ils s'étaient enfoncés chacun dans un coin du fiacre qui les cahotait sur les pavés.
Zola, Thérèse Raquin, XII.
♦ ☑ Loc. fig. (→ ci-dessus, infra cit. 6). Tenir la route : agir de manière satisfaisante, fiable et durable, être solide. || Son idée tient la route. || « Ça ne tient pas la route économiquement » (Libération, 27 mars 1984). — Le ministre tient, ne tient pas la route.
♦ ☑ Faire la route : voyager par terre sans itinéraire précis. ⇒ Routard.
♦ (Au sens de « fonctionnement »). ☑ Mettre en route : mettre en marche (un moteur, une machine). || Mettre en route sa voiture. Absolt. || Au moment de mettre en route. ⇒ Démarrer. — La mise en route. ☑ Fig. Mise en route d'une affaire, mise en train. ☑ (1876). Avoir qqch. en route : être en train d'exécuter qqch. (⇒ Chantier).
14 Le train s'était mis en route pour Paris à 6 h 40 au lieu de 6 h 38.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, VI, p. 67.
6 Par métaphore, fig. ⇒ Chemin, voie. || Dieu plaçait sur ma route une sorte d'obligation (cit. 7). || Les dangers dont ta route est semée (→ Épreuve, cit. 23). || Nos routes se sont croisées. || Nous avons fait un bout de route ensemble. || Consentir (cit. 5) à suivre une route toute tracée. || Au bout de la route (→ Asservissement, cit. 3). || Dévier (cit. 2) de sa route. || La droite route (→ Inévitable, cit. 6). || Remettre dans la bonne, la juste route (→ Gardien, cit. 8). || Écrivain qui sait la route du cœur (→ Finesse, cit. 8). || La route du beau (→ Art, cit. 82). || Tenter quelque nouvelle route (→ Méthode, moyen; et aussi dénouer, cit. 7). || La route à suivre dans l'investigation (→ Expérience, cit. 43). || La route qui s'ouvre devant lui. — ☑ Loc. La route est toute tracée : la conduite à tenir s'impose d'elle-même.
15 L'on ne suit aucune de ces routes dans l'ouvrage (…)
La Bruyère, Discours sur Théophraste.
16 Les routes de Musique et de Poésie se croisent.
Valéry, Rhumbs, p. 215.
7 Techn. Voie suivie par un processus.
17 (…) ce qui fait que la diode est essentiellement une diode, une valve à deux routes, c'est que l'électrode chaude peut être presque indifféremment cathode ou anode, tandis que l'électrode froide ne peut être qu'anode (…)
Gilbert Simondon, Du mode d'existence des objets techniques, p. 41.
18 « Pourquoi avons-nous démissionné ? » Ce tract de l'équipe nationale de la Route (branche aînée des scouts de France) m'a été adressé de plusieurs côtés.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 318.
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DÉR. Routard, router, 2. routier, routin, routine.
COMP. Autoroute, dérouter.
Encyclopédie Universelle. 2012.