CORNICHE
CORNICHE
Terme désignant la partie supérieure de l’entablement, dans l’architecture classique. L’élément essentiel de la corniche est le larmier, pièce horizontale en saillie, dont la fonction est de rejeter les eaux de pluie. Dans l’architecture grecque, il constitue pratiquement à lui seul la corniche, aussi bien dans l’ordre dorique que dans l’ordre ionique. Dans l’ordre dorique, sa face inférieure, ou soffite, présente une série de plaquettes, souvenir d’une structure originelle en bois, dont on continue d’imiter les chevilles. Dans l’ordre ionique, la saillie du larmier est soutenue par les denticules, qui imitent des poutrelles de support. L’arête supérieure du larmier est pourvue d’un bec de corbin qui brise les gouttes et évite les infiltrations d’eau.
Dès la fin de l’époque hellénistique, ces éléments vont s’enrichir et se compliquer singulièrement, dans des conditions encore assez mal connues. À l’époque d’Auguste, l’ordre corinthien reçoit un entablement propre, alors que, jusque-là, on utilisait indifféremment, avec le chapiteau corinthien, l’entablement dorique ou ionique. La caractéristique de cet entablement est l’utilisation, pour soutenir le larmier, de modillons, petites consoles qui apparaissent d’abord dans les décors intérieurs, à la tour des Vents d’Athènes, par exemple. Mais l’invention des modillons n’entraîne pas, comme il eût été logique, l’abandon des denticules, que l’on conserve comme simple ornement au-dessous des modillons. On aboutit ainsi à la corniche romaine classique, qui se présente comme une superposition d’éléments moulurés de plus en plus saillants. Cette multiplication des moulures dans la partie haute des édifices apparaît d’ailleurs comme une tendance générale de l’architecture hellénistique, dont l’évolution romaine est un cas particulier. C’est la corniche romaine qui servira de modèle pour les édifices construits de la Renaissance au début du XXe siècle.
Dans l’architecture médiévale, la corniche est un simple bandeau, situé sous le rampant du toit, qui s’avance en surplomb pour reporter la gouttière aussi loin que possible du nu des murs. Elle repose généralement sur des corbeaux ou modillons sculptés, placés à intervalles réguliers. À l’intérieur d’un édifice, la corniche assure un encorbellement continu et joue un rôle important dans la décoration.
1. corniche [ kɔrniʃ ] n. f.
• 1524; it. cornice; du lat. cornu → corne
1 ♦ Partie saillante qui couronne un édifice, destinée à protéger de la pluie les parties sous-jacentes. La corniche, la frise, l'architrave forment l'entablement. Cimaise, claveau, modillon, ressaut, larmier d'une corniche. Console, cariatide soutenant une corniche. — Par ext. Ornement en saillie sur un mur, un meuble, autour d'un plafond. La corniche d'une armoire.
2 ♦ (1796) Saillie naturelle surplombant un escarpement. Route de corniche. — Route dominant un à-pic, surplombant un lac, la mer. La petite, la moyenne et la grande Corniche de la Côte d'Azur.
corniche 2. corniche [ kɔrniʃ ] n. f.
• 1881; de cornichon (2o)
♦ Arg. scol. Classe préparatoire à Saint-Cyr.
● corniche nom féminin (italien cornice, du latin cornix, -icis, corbeille, ou du grec koronê, extrémité recourbée) Ensemble de moulures en surplomb les unes sur les autres, servant de couronnement à un entablement, à une élévation, à un piédestal, à une boiserie, à un meuble. Escarpement de roches dures, abrupt, surmontant une pente plus douce ou formant surplomb. Formation de neige, due à l'effet du vent, qui ourle la plupart des arêtes effilées à partir d'une certaine altitude. ● corniche nom féminin (de cornichon) Argot. Classe préparatoire à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr.
corniche
n. f.
d1./d ARCHI Partie supérieure de l'entablement.
— Par ext. Ornement saillant. Corniche d'une armoire. Corniche d'un plafond.
d2./d Surface horizontale étroite située à flanc de falaise, de coteau. Chemin en corniche. Route de la corniche.
I.
⇒CORNICHE1, subst. fém.
A.— ARCHIT. Bordure, formée d'une ou plusieurs moulures en saillie, couronnant un mur, un piédestal, qui protège de la pluie les parties sous-jacentes et, le cas échéant, supporte la base du comble :
• 1. Des hiéroglyphes, des légendes, des cartouches sont entaillés sur toute cette façade que termine une corniche de cynocéphales sculptés en relief.
DU CAMP, Le Nil, 1854, p. 140.
1. Spéc., ARCHIT. ANC. Troisième partie de l'entablement. L'architrave, la frise et la corniche.
2. P. ext. Moulure ceinturant un mur. Synon. cordon. Une grande tour carrée divisée en cinq étages par des corniches (LENOIR, Archit. monastique, t. 1, 1852, p. 165).
SYNT. Corniche(-)architravée, chantournée, cintrée, coupée, rampante; corniche à modillons, à mutules; corniche en archivolte, en chanfrein, en mitre; corniche corinthienne, dorique, ionique, toscane.
B.— [P. anal. de forme]
1. MAÇONN., MENUIS. Bordure en plâtre, stuc ou bois, formée d'une ou plusieurs moulures en saillie, qui orne la partie supérieure d'un mur, d'un meuble, le pourtour d'un plafond. Corniche d'une armoire. La bibliothèque avec les cuirs fauves et les dorures des vieux livres, et, sur la corniche, une armée de statuettes en plâtre (ARÈNE, J. des Figues, 1870, p. 42).
— Région. (Canada). ,,Tablette de cheminée`` (BÉL. 1957).
2. MAR. ,,Pièce de bois sculptée appliquée en dehors de la lisse d'hourdi`` (BONN.-PARIS 1859).
3. GÉOGR. PHYS. Saillie naturelle, généralement constituée de roche dure, courant le long d'une pente à une altitude à peu près constante.
♦ Route de corniche; p. ell. corniche. Route aménagée à flanc de montagne. La descente de Brienz, merveilleuse route en corniche (...) que des boute-roues (...) séparent d'un abîme de plus de mille pieds (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 123).
4. Amas de neige accumulé par le vent le long d'une crête, constituant une sorte de bourrelet, souvent instable, qui surplombe la pente du côté opposé à celui d'où vient le vent dominant :
• 2. La chute a été si rapide qu'elle [Brigitte] n'a pas eu le temps de crier. (...) Brigitte a brisé une corniche toute fraîche, soufflée par la tourmente et qui n'existait peut-être pas une heure avant.
R. FRISON-ROCHE, La Grande Crevasse, Paris-Grenoble, B. Arthaud, 1948, p. 117.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1524 archit. corniche (doc. ds Recueil d'actes notariés, éd. E. Coyecque, t. 1, p. 98 ds IGLF); 2. 1796 géogr. (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, p. 265). Empr. à l'ital. cornice, attesté comme terme d'archit. dep. la 1re moitié du XIVe s. (G. Villani ds BATT.) et au sens d'« étroit gradin horizontal dans une paroi rocheuse » dep. 1315 (DANTE, Purg., ibid.), d'orig. discutée : — soit du lat. cornix, -icis « corneille », avec spécialisation métaphorique dans le vocab. de l'archit. (cf. pour une évolution sém. analogue corbeau; cf. gr. « corneille » et « extrémité recourbée »; Spitzer ds Z. rom. Philol., t. 46, pp. 602-603; DEI; DEVOTO; EWFS2) — soit du gr. (dér. de ), proprement « recourbé à l'extrémité » d'où « signe courbe tracé à la fin d'un écrit », puis (ds HESYCHIUS, Lexique, éd. M. Schmidt, t. II, p. 521, 3741 et 3746) « corniche » (REW3, n° 2247; BL.-W.5; FEW t. 2, p. 1211) avec infl. phonét. de l'a. ital. cornice « corneille » (XIVe s. ds DEI), du lat. cornix, -icis. Le m. fr. coronice (XVIe s., GDF. Compl., HUG) est directement empr. au gr. . Fréq. abs. littér. :378. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 632, b) 928; XXe s. : a) 240, b) 425. Bbg. Archit. 1972, p. 122. — HOPE 1971, p. 183.
II.
⇒CORNICHE2, subst. fém.
Arg. scol. Classe préparatoire au concours d'entrée à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr :
• La messe des corniches de Paris sera dite en l'église Saint-Louis des Invalides demain dimanche, à 10 heures, à la mémoire des Saint-Cyriens morts pour la France.
Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 2, col. 8.
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1881 (RIGAUD, Dict. arg. mod., p. 112). Dér. régressif de cornichon « élève préparant le concours d'entrée à l'École militaire de Saint-Cyr ».
1. corniche [kɔʀniʃ] n. f.
ÉTYM. 1524; ital. cornice.
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1 Couronnement saillant d'un édifice, destiné à protéger de la pluie les parties sous-jacentes. || La corniche, la frise, l'architrave forment l'entablement. || Système d'égouttement d'une corniche. ⇒ Larmier, mouchette, soffite. || Cimaise, claveau, modillons, ressaut d'une corniche. || Corniche ornée d'oves, de billettes, de denticules. || Proportion des moulures d'une corniche. ⇒ Modénature. || Console, cariatide soutenant une corniche. || Corniche dorique, ionique, corinthienne. || Corniche chantournée, cintrée; corniche à modillons; corniche en archivolte. || Corniche terminée par un astragale (⇒ Astragalée).
1 Tous les ans j'y vais et je niche
Aux métopes du Parthénon.
Mon nid bouche dans la corniche
Le trou d'un boulet de canon.
Th. Gautier, Émaux et Camées, « Ce que disent les hirondelles ».
2 Les acrotères et les corniches du palais servent de perchoir à des familles de goélands, de plongeons et de cigognes.
Loti, Aziyadé, III, XII, p. 88.
♦ Ornement en saillie disposé sur un mur, autour du plafond (d'une pièce), au faîte (d'un meuble, d'un piédestal…). → Architrave, cit. 1; armoire, cit. 6. || Corniche de plâtre, de bois… || Corniche peu saillante entre deux étages. ⇒ Cordon. || Corniche d'un buffet, d'une armoire. ⇒ Chapiteau.
3 On y devinait encore (sur les murs de l'escalier) une suite d'Hercules terminés en gaine supportant une corniche à modillons (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. I, p. 7.
4 (…) les murs disparaissaient des plinthes aux corniches (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 1er tableau, II, p. 32.
5 Comme c'est beau d'avoir ça. Un appartement pareil pour moi. Ces moulures. Ces corniches.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VI, p. 65.
5.1 (Alphonse Karr) récompensait Louis-Philippe de « pousser la simplicité plus loin que ses ministres », en lui décochant cette flèche dans les Guêpes : « Le roi règne comme la corniche autour du plafond. »
Francis Carco, Nostalgie de Paris, p. 128.
♦ Techn. || Corniche d'une charpente, d'un boisage, la partie formant toit.
2 (1796). Saillie naturelle surplombant un escarpement. || Sommets en corniche des montagnes de calcaires durs. || Sentier, chemin en corniche.
5.2 Ce pas consiste en un bout de sentier en corniche, large de quatre semelles, incliné sur un précipice à pic et appuyé contre un rocher qui surplombe.
Rodolphe Töpffer, Voyages en zigzag, 1839, 14e-15e journée, p. 181.
♦ Route dominant un à-pic. || La petite, la moyenne et la grande Corniche de la Côte d'Azur.
6 (…) la route n'est plus qu'une étroite corniche taillée dans le roc même, au-dessus du torrent qui roule.
Maupassant, Au soleil, La Kabylie, p. 219.
♦ Alpin. Surplomb formé par la neige accumulée sur une arête rocheuse.
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HOM. 2. Corniche.
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2. corniche [kɔʀniʃ] n. f.
ÉTYM. 1881; de cornichon, 5.
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♦ Argot scol. Classe préparatoire à l'École militaire de Saint-Cyr.
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HOM. 1. Corniche.
Encyclopédie Universelle. 2012.