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mûr

mur [ myr ] n. m.
• 980; lat. murus
1Ouvrage de maçonnerie qui s'élève verticalement ou obliquement (mur de soutènement) sur une certaine longueur et qui sert à enclore, à séparer des espaces ou à supporter une poussée. Matériaux utilisés dans la construction d'un mur : pierre; moellon, parpaing; mortier; blocage, libage, remplage. Mur maçonné et mur de pierres sèches. Pièces, constructions consolidant un mur ou formant son ossature : ancre, appui, arc-boutant, contrefort, contre-mur, étai, étançon, harpe, jambe. Mur de briques, de ciment; de torchis, de pisé. Construire, élever un mur. Fermer de murs. emmurer, murer . Fruit d'un mur. Finition extérieure d'un mur : badigeonnage, crépi, parement, ravalement, rusticage. Crépir, parementer, plâtrer, jointoyer un mur. Pan de mur. Sommet d'un mur : bahut, chaperon, crête; pignon. Surface apparente d'un mur. parement; balèvre, bossage. Mur à hauteur d'appui ( garde-fou, parapet; muret) . Constr. Mur-rideau : mur de façade qui ne supporte pas de plancher. — Mur décrépi, lézardé, qui tombe en ruine. « Un vieux mur croulant et chargé de lierre » (Saint-Exupéry). Murs d'appui, de soutènement ( bajoyer, épaulement, perré) . Mur de clôture. clôture, 1. enceinte. Terrain clos de murs. Mur mitoyen. Inscriptions sur les murs ( graffiti, tag) . Mur du combattant (que doivent franchir les soldats à l'entraînement).
Murs d'enceinte. Les murs d'une forteresse, d'une place forte, d'une ville. courtine, fortification, muraille, rempart. Murs crénelés, percés de meurtrières. Par ext. Le mur des Lamentations, à Jérusalem. Le mur de l'Atlantique : ensemble d'ouvrages fortifiés construit par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale. — Le mur de Berlin (construit en 1961, détruit en 1989).
Par ext. LES MURS : la ville, la partie de la ville circonscrite par les murs. Dans les murs ( intra-muros) . Hors des (les) murs ( extra-muros) . Loc. Il est arrivé dans nos murs, dans notre ville, chez nous.
Les murs d'une maison. Murs extérieurs, gros murs ( cage) . Mur aveugle. Mur porteur, servant de support à la construction. Murs intérieurs, de refend. cloison. Murs supportant la retombée de voûtes ( piédroit) . Face intérieure des murs, des cloisons d'une habitation. Papier peint tapissant les murs. Mettre des tableaux aux murs. Horaire affiché au mur. mural. Loc. Entre quatre murs : en restant enfermé dans une maison (volontairement ou non). « il avait décidé de ne pas passer la journée entière entre quatre murs » (Simenon). Dans ses murs : chez soi.
Loc. Raser les murs, pour se cacher, se protéger. Sauter, (plus cour.) faire le mur : sortir sans permission de la caserne, et par ext. d'une pension, d'un lieu où l'on est enfermé. Fam. Faire du mur : s'entraîner au tennis en jouant contre un mur. — Fig. Coller au mur. fusiller (cf. Mettre, envoyer au poteau). Se cogner, se taper la tête contre les murs (de désespoir). — Mettre au pied du mur : acculer à, enlever toute échappatoire. — Être le dos au mur : ne plus pouvoir fuir, reculer. — Aller dans le mur, vers un échec certain. Cette politique nous conduirait dans le mur. Les murs ont des oreilles : on peut être surveillé, épié sans qu'on s'en doute (se dit spécialt en parlant des espions).
2Barrière, enceinte (qui n'est pas en maçonnerie). Petit mur de terre. Mur de rondins.
3Paroi verticale formée par la neige, pente abrupte, sur une piste de ski.
Mur d'escalade : paroi verticale, généralement en béton, aménagée pour pratiquer la varappe.
4Ce qui sépare, forme obstacle. « Un mur de pluie me séparait du reste du monde » (A. Gide). Abstrait Le mur de la vie privée. Un mur d'incompréhension. Se heurter à un mur. Cet homme est un mur, est insensible, inflexible.
5Fig. (1949) Cour. Le mur du son, techn. le mur sonique : l'ensemble des obstacles, des difficultés qui s'opposent au dépassement de la vitesse du son par un avion, un engin spatial. Franchir le mur du son ( supersonique; mach) . Techn. Mur de la chaleur : difficultés dues à l'échauffement des parois d'avions, d'engins spatiaux, aux vitesses supersoniques.
6Sport Faire le mur : former une défense compacte lors d'un coup franc, aux jeux de ballon.
⊗ HOM. Mûr, mûre.

mur nom masculin (latin murus) Ouvrage en maçonnerie, en terre, en pan de bois ou de fer, en panneaux divers, qui, dans un plan généralement vertical, sert à enclore un espace, à soutenir des terres, à constituer les côtés ou les divisions d'un bâtiment et à en supporter les étages. (Outre les murs de clôture et ceux de soutènement, les bahuts et les murs d'appui, on distingue les gros murs, ou murs porteurs, et les murs de refend, les murs gouttereaux et les pignons.) Tout ce qui fait office de cloison, de barrière, de séparation : Nos deux bureaux sont séparés par un mur de livres. Paroi naturelle, pente abrupte : Les murs d'un précipice. Ce qui est analogue à un mur par son aspect opaque : Un mur de pluie. Obstacle constitué par des personnes ou des choses pour s'opposer, résister : Les gendarmes avaient formé un mur devant les manifestants. Obstacle à la communication, à la compréhension entre les personnes : Un mur de haine sépare les deux communautés. Ce qui isole, sépare, sert de limite : Le mur de la vie privée. Personne insensible qui ne se laisse pas émouvoir, qui refuse la communication : On parle à un mur, il ne veut pas écouter. Équitation Obstacle de bois ayant l'apparence d'un mur dont le faîte est arrondi. (C'est l'obstacle type de l'épreuve de puissance ; on l'appelle dans ce cas mur de puissance.) Géologie Surface inférieure d'une formation géologique. Mines Éponte située au-dessous du minerai. Sports Au football, écran formé, entre le but et le tireur d'un coup franc, par un groupe de joueurs serrés les uns contre les autres. ● mur (citations) nom masculin (latin murus) Anonyme Le mur murant Paris rend Paris murmurant. Commentaire Mot provoqué, en 1785, par la construction autour de Paris du mur dit « des fermiers généraux », destiné à assurer les recettes de l'octroi. ● mur (expressions) nom masculin (latin murus) Entre quatre murs, enfermé, à l'intérieur d'une pièce, d'un logement, en prison. Être au pied du mur, être devant ses responsabilités. Être le dos au mur, ne plus pouvoir reculer, être obligé de faire front. Familier. Aller (droit) dans le mur, courir à l'échec, au désastre. Faire le mur, quitter la caserne, l'établissement scolaire, le domicile sans permission et en général sans passer par la porte. Se heurter à un mur, ne trouver aucun interlocuteur qui vous écoute, n'obtenir aucune réponse à une démarche. Mur sonique ou mur du son, ensemble des phénomènes aérodynamiques qui se produisent lorsqu'un mobile se déplace dans l'air avec une vitesse voisine de celle du son. Mur thermique ou mur de la chaleur, ensemble des phénomènes calorifiques qui prennent naissance aux très grandes vitesses. Faux mur, partie du mur directement au contact du minerai et qui a une mauvaise tenue. Mur d'escalade, ou mur artificiel, paroi de bois ou de béton aménagée spécialement pour la pratique de la varappe (entraînement ou compétition). ● mur (homonymes) nom masculin (latin murus) mûr adjectif mure forme conjuguée du verbe murer mûre nom féminin murent forme conjuguée du verbe mouvoir murent forme conjuguée du verbe murer mures forme conjuguée du verbe murermur (synonymes) nom masculin (latin murus) Ouvrage en maçonnerie, en terre, en pan de bois ou...
Synonymes :
- cloison
- muraille
- muret
- murette
- paroi
Obstacle à la communication, à la compréhension entre les personnes
Synonymes :
- barrière
- fossé

mur
n. m.
d1./d Ouvrage de maçonnerie servant à soutenir un plancher ou une charpente (mur porteur), ou à cloisonner un espace. Mur en banco. Mur de refend. Mur de soutènement.
|| Loc. Arg., fig. Faire le mur: sortir en cachette (de la caserne, du lycée, etc.) en sautant par-dessus le mur.
Prov. Les murs ont des oreilles: il faut se méfier, on peut être entendu.
Mettre qqn au pied du mur, le mettre en demeure de prendre une décision, de faire qqch, etc.
|| (Plur.) Les murs: l'enceinte d'une ville.
Par ext. La ville elle-même. Vous êtes dans nos murs.
|| (Wallis-et-F.) Mur à cochons: muret faisant le tour de l'île de Futuna, séparant les habitations des cultures.
d2./d Par ext. Toute barrière. Un mur de rondins.
d3./d Fig. Barrière, limite fictive. Le mur de la vie privée.
Ce qui constitue un obstacle. Il se heurta à un mur de silence.
|| AVIAT Mur du son: ensemble des phénomènes aérodynamiques qui font obstacle au franchissement de la vitesse du son par un avion, un missile, etc.

⇒MUR, subst. masc.
A.— 1. Ouvrage de maçonnerie vertical (parfois oblique), d'épaisseur et de hauteur variable, formé de pierres, de briques, de moellons superposés et liés par du mortier ou du ciment, et élevé sur une certaine longueur pour constituer le côté d'un bâtiment, enclore ou séparer des espaces, soutenir et supporter des charges. Mur de briques, de moellons, de pierres; élever, bâtir un mur. Le mur, épais et haut qui séparait le jardin de la basse-cour, et dont le faîte, large comme un trottoir, dallé à plat, me servait de piste et de terrasse, inaccessible au commun des mortels (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 60). Odile avait fait peindre nos murs de teintes unies et douces; elle aimait les chambres presque nues, les grandes plaines désertes de tapis clairs (MAUROIS, Climats, 1928, p. 50). La prison était close d'un haut mur. Entre ces murailles et un second mur plus élevé encore était le chemin de ronde (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 292). V. étançon ex., étayer ex. 1, jaune ex. 2 :
1. ... en levant la tête il vit le mur du jardin de son père. Ce mur, qui soutenait une belle terrasse, s'élevait à plus de quarante pieds au-dessus du chemin, à droite. Un cordon de pierres de taille tout en haut, près de la balustrade, lui donnait un air monumental.
STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 149.
SYNT. a) Mur bas, solide; bon mur; mur blanc, blanchi à la chaux, crépi; mur (intérieur) peint, tapissé, tendu de tissu; mur crevé, croulant, délabré, écroulé, lépreux, nu, sombre, triste; vieux mur; b) mur de marbre, en pierres sèches; mur d'enceinte; c) aile, angle, côté, crête d'un mur; pan de mur; fondations d'un mur; d) crépir, enduire, lessiver, plâtrer, ravaler un mur; étayer, exhausser, abattre, démolir un mur; recouvrir les murs de papier peint; accrocher, pendre (un tableau, un objet) au mur; poser, ranger contre le mur; écrire, placarder sur les murs (de la ville); escalader, longer un mur; se glisser le long des murs; enjamber un (petit) mur; sauter par-dessus le mur; s'adosser, s'appuyer à un mur; être le dos au mur, le nez au mur; se tourner (en signe de désespoir, de révolte) du côté du mur; être à l'abri, à l'ombre d'un mur.
2. ARCHIT., BÂT.
Mur biais. ,,Mur dont les deux parements ne sont pas parallèles en plan`` (NOËL 1968). Anton. mur droit (v. droit B 2 a ).
Mur bouclé. Mur ,,qui a perdu son aplomb et fait ventre`` (VOGÜÉ-NEUFVILLE 1971).
Mur soufflé. Mur ,,dont le parement ne tient plus à la masse intérieure de la maçonnerie`` (VOGÜÉ-NEUFVILLE 1971).
Mur gouttereau.
Gros mur, mur portant/porteur, mur de façade. Mur formant l'enceinte d'un bâtiment et portant les étages. Copropriété des gros murs (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. LIV). Une des caractéristiques de l'architecture moderne réside (...) dans le moindre emploi du « mur porteur » que remplace en façade le mur conçu comme simple élément de remplissage d'une ossature (Gds ensembles habit., 1963, p. 8).
Mur mitoyen.
Mur orbe. ,,Mur sans aucune ouverture sur lequel on simule des baies, des arcs`` (BARB.-CAD. 1963). Synon. mur aveugle.
Mur ossaturé. ,,Mur comportant une ossature, un revêtement extérieur et un revêtement intérieur`` (BARB.-CAD. 1963).
Mur d'allège. ,,Mur formant appui d'une croisée`` (VOGÜÉ-NEUFVILLE 1971).
Mur d'appui ou de parapet. ,,Mur qui n'a qu'un mètre environ de hauteur au-dessus du sol`` (CHABAT t. 2 1876).
Mur de clôture. Mur ,,qui entoure un parc, un jardin. Franchir un mur de clôture`` (Ac. 1835-1935).
Mur de dossier ou mur dosseret. ,,Mur qui s'élève au-dessus d'un toit et auquel sont adossés des conduits de fumée`` (NOËL 1968).
Mur de façade, de face. Gros mur qui forme la face principale de l'édifice. Voir VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 326. Mur latéral. Mur formant l'un des côtés (d'apr. CHESN. 1857).
Mur de fondation ou mur de cave, de soubassement. ,,Mur qui supporte le poids entier de la construction`` (NOËL 1968).
Mur (de) pignon. ,,Mur extérieur qui s'élève au-dessous du toit, qui le supporte et qui en a le profil`` (NOËL 1968). Le mur pignon, qui paraît guider la charge de tous les étages supérieurs vers la console, n'est pas un mur porteur (SIEGEL, Formes structurales archit. mod., 1965, p. 127).
Mur de refend. Mur ,,qu'on élève entre les gros murs pour diviser l'intérieur d'un bâtiment`` (VOGÜÉ-NEUFVILLE 1971). Ces murs de refend sont nécessaires pour recevoir les planchers et cheminées des étages supérieurs (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 327).
Mur de soutènement, de terrasse. Mur destiné à soutenir des terres. Murs de soutènement coulés en béton armé (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 305).
Mur en décharge. ,,Mur soulagé par des arcades`` (BARB.-CAD. 1963).
Mur en surplomb ou forjeté, déversé. ,,Mur qui penche au dehors`` (NOËL 1968).
Mur-rideau (mod.). Panneau mince et léger accroché à l'ossature portante pour constituer la paroi extérieure d'un bâtiment. Un mur-rideau fait d'éléments fabriqués industriellement et suspendu à un ouvrage porteur (SIEGEL, Formes structurales archit. mod., 1965 p. 52).
3. Expr., loc. et proverbes
HIST.
Mur des Fédérés. V. fédéré C.
Mur des Lamentations, des Pleurs. Muraille occidentale de la Cité du Temple à Jérusalem, datant de l'époque d'Hérode, où les Juifs viennent prier. Mais très tôt on a pris l'habitude de l'appeler aussi le Mur des Pleurs. En effet, une tradition populaire affirme que lorsqu'Israël est dans l'affliction, le Mur se met à pleurer. La source de cette croyance est probablement le ruissellement de la rosée qui, (...) même en plein été, est souvent abondante (M. CATANE, Quand le troisième temple sera-t-il reconstruit? Méditation devant le Mur Occidental ds Almanach du K.K.L., Strasbourg, 1968, p. 79).
[Pour les Juifs] Mur Occidental ou p. ell. le Mur. Culte devant le Mur Occidental (M. CATANE, Quand le troisième temple sera-t-il reconstruit? Méditation devant le Mur Occidental ds Almanach du K.K.L., Strasbourg, 1968, p. 79). J'ai vu dans la vieille ville de Jérusalem à peine reconquise, des parachutistes durcis prier et pleurer pour la première fois de leur vie; je les ai vus, en pleine bataille, pris d'une ferveur collective et ancienne, embrasser les pierres du Mur et communier dans un silence aussi insaisissable que pur (E. WIESEL, Entre deux soleils, Paris, éd. du Seuil, 1970, p. 141).
(Dans, entre) les (quatre) murs. Les murs qui circonscrivent l'espace intérieur, la maison, la cellule. Que je m'ennuie entre ces murs tout nus [de la prison] Et peints de couleurs pâles (APOLL., Alcools, 1913, p. 143). Les murs entre lesquels j'ai respiré, aimé, pleuré, me regarderont mourir (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 139).
[À propos d'un établissement] Dans ces murs [l'hôpital], l'effroi, la faim, des passions dévorantes, une inquiétude toujours croissante (JANIN, Âne mort, 1829, p. 129).
Fam. Ne laisser que les quatre murs. Vider entièrement une maison (Ac. 1935).
Entre quatre murs. À l'intérieur d'un logement, chez soi, volontairement ou non. Passer ses vacances entre quatre murs. Il se trouverait (...) à l'abri entre quatre murs (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 198). — Ils sont polygames? demanda Conan (...). Le père répondit en riant avec bonhomie : — Il se passe là-bas, au grand soleil, ce qui se passe en Europe entre quatre murs (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 196) :
2. Il y a toujours une heure de la nuit où le maître d'un grand nombre d'hommes se retrouve avec lui-même entre quatre murs, et là, terré au secret de son repaire, le loup haletant lèche ses blessures.
MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 197.
Être logé entre quatre murs (fam.). Être enfermé, mis en prison. On l'a logé entre quatre murs (LITTRÉ). Il en faut, des asiles, je le sais bien, affirmait l'une. Mais pourquoi laisser pourrir si longtemps nos hommes entre quatre murs. Si encore on nous les guérissait! (H. BAZIN, Tête contre murs, 1949, p. 328). Jeter (...) entre quatre murs un partisan si compromettant (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 60).
Être dans ses murs (fam.). ,,Être chez soi`` (ROB., Lar. Lang. fr.).
Verbe + le/les mur(s)
Faire/sauter le mur (fam.). Sortir sans permission (de la caserne, de la pension). Lui, un grand gaillard à lunettes, faisait régulièrement le mur de l'École Polytechnique (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 118). Si Rastignac est ici ce soir, c'est qu'il a sauté le mur de la pension Vauquer (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 158).
Battre les murs (fam., vieilli). ,,Vaciller d'un côté à l'autre de la rue comme un homme ivre`` (LITTRÉ, DG).
Raser les murs. Marcher le plus près possible du mur en se dissimulant, se protégeant. Une démarche de séminariste, l'art de raser les murs et de se glisser dans les portes (CAMUS, Peste, 1947, p. 1251). P. méton. Se faire humble, passer volontairement inaperçu. Les bons pauvres ne savent pas que leur office est d'exercer notre générosité; ce sont des pauvres honteux, ils rasent les murs; je m'élance, je leur glisse dans la main une pièce de deux sous et, surtout, je leur fais cadeau d'un beau sourire égalitaire (SARTRE, Mots, 1964, p. 24).
Verbe + prép. + le/les mur(s)
ESCR. Tirer au mur. S'exercer contre un mur ou contre un adversaire qui ne fait que parer. Avant de partir, dans le silence et l'ombre de son cabinet, il [Tartarin] s'exerçait un moment, se fendait, tirait au mur, faisait jouer ses muscles (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 17).
Faire les pieds au mur. Se tenir en équilibre sur les mains, les pieds reposant contre le mur. Robinson avait appris également à marcher sur les mains, comme son compagnon. Il faisait « les pieds au mur » contre un rocher, puis il se détachait de ce point d'appui et partait lourdement, encouragé par les applaudissements de Vendredi (M. TOURNIER, Vendredi ou la vie sauvage, Paris, Gallimard, 1971, p. 92).
♦ [P. allus. au mur contre lequel on place les condamnés] Coller au mur (fam.). Fusiller. Le prêtre martyrisé devant l'autel, le soldat mitraillé sur un rempart, le révolté collé au mur! (CUREL, Nouv. idole, 1919, I, 6, p. 185).
Au fig. Être, se trouver le dos au mur. Être dans l'impossibilité de fuir, de reculer, d'échapper à une situation. V. acculé ex. 6.
Se cogner, se taper la tête contre les murs. Se désespérer. Il faudrait (...) faire un grand raffut de désespoir et se casser la tête sur les murs (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 23). Vieilli. Se donner la tête, donner de la tête contre les murs. La solitude absolue n'aurait d'autre résultat que de me rendre fou (...) et de me faire donner de la tête contre un mur (DU BOS, Journal, 1927, p. 232). Au fig. Elle était morte (...). Il n'allait pas se taper la tête contre les murs. Il n'y pouvait rien (AYMÉ, Jument, 1933, p. 156).
C'est à se taper la tête contre les murs/un mur! (fam.). C'est impossible, impensable. Dans quoi nous sommes-nous fourrés! C'est à se taper la tête contre les murs! (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 137).
Mettre au pied du mur. [P. réf. à un sens vieilli en escr. ,,Pousser (qqn) à l'épée jusqu'à ce qu'il soit adossé au mur et ne puisse plus rompre`` (DG)] Ôter à quelqu'un toute échappatoire. Ce parti est si désastreux pour nous qu'il n'ose pas nous en faire part lui-même. Nous allons mettre M. Teissier au pied du mur, et nous ne lui cacherons pas qu'il commet une mauvaise action (BECQUE, Corbeaux, 1882, III, 6, p. 182).
Être au pied du mur. Être acculé à prendre une décision, être contraint d'agir. Hémon (...) : Père ce n'est pas vrai! (...) Nous ne sommes pas tous les deux au pied du mur où il faut seulement dire oui (ANOUILH, Antig., 1942, p. 199).
On tirerait plutôt de l'huile d'un mur (vieilli). [Pour insister sur la dureté, l'avarice de qqn] Il vaut autant essayer de tirer de l'huile d'un mur que de l'argent d'un Marocain (MÉRIMÉE, Lettres Ctesse de Montijo, 1860, p. 153).
Proverbe
Les murs ont des oreilles. Il faut parler avec circonspection de peur d'être écouté, épié. On entendait du bruit, dans la pièce voisine. M. Dandillot dit : « Vous savez, les murs ont des oreilles. » (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1175).
B.— Souvent au plur. Fortification, rempart qui entoure une ville, une citadelle et la protège des invasions. Synon. muraille. Mur crénelé; mur d'une citadelle, d'une place forte; érection d'un mur; battre un mur en brèche (v. battre1 I A 1 c); saper un mur. Les murs et les tours grises des fortifications de la ville apparaissant de loin sur la crête de Sion (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 42). Rien ne ressemble à un mur de Vauban comme la logique impeccable d'une manœuvre de Turenne (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 101). Un double mur d'enceinte protégeait la citadelle, flanqué de nombreuses tours faisant saillie, sur le modèle des villes fortifiées syriennes (Philos., Relig., 1957, p. 42-1).
Les murs. L'enceinte de la ville délimitée ou non par des murs; le lieu ainsi délimité :
3. J'étais un de ces milliers d'êtres qui se laissent flotter, comme des bouchons, dans la vie; pour qui les murs de Paris sont les murs du monde, et qui n'ont souci de rien, n'ayant de passion pour rien.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Ermite, 1886, p. 1055.
Sous les murs. Au pied des murs de la ville, aux abords immédiats. L'arrivée imminente des Allemands sous les murs de Paris posait de cruels problèmes (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 51).
Dans les murs. À l'intérieur de la ville. Synon. intra muros. Vous voici dans nos murs. [Dante exilé] tenta de rentrer dans ces murs chéris, bercail de ses premiers ans (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 65). Valeureux natif de la grande forêt d'amont, tout Mauhors, content de te revoir en bonne santé dans ses murs, te souhaite ici par ma bouche la bienvenue (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 186).
Hors les murs. À l'extérieur de la ville. Synon. extra muros. Le rêve un peu maniaque et douloureux de la petite maison champêtre hors les murs (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 204). Vous aurez (...) la certitude de conserver hors de vos murs un gouvernement qui pourra un jour vous être utile? (CAMUS, État de siège, 1948, 1re part., p. 220). V. hors II A 1 ex. de France.
HIST. Mur gigantesque construit pour défendre un pays des invasions. Les longs murs du Pirée.
Mur de Chine. Synon. plus usité muraille de Chine. Voir SAINT-EXUP., Terres hommes, 1939, p. 180.
Mur d'Hadrien. Fortification élevée en Grande-Bretagne vers 122-126 après Jésus-Christ entre la mer du Nord et la mer d'Irlande. À Éboracum, du haut d'un tertre vert, j'ai vu manœuvrer pour la première fois cette armée britannique nouvellement formée. En même temps, l'érection d'un mur coupant l'île en deux dans sa partie la plus étroite servit à protéger les régions fertiles et policées du sud contre les attaques des tribus du nord (M. YOURCENAR, Mém. d'Hadrien, Paris, Plon, 1958, p. 144).
Mur de l'Atlantique. Ensemble de fortifications élevé par les Allemands au cours de la Seconde Guerre mondiale pour prévenir un débarquement allié. Nous, à seize cents kilomètres du fameux « mur de l'Atlantique ». (...) nous échappions à tous les périls et à toutes les grandeurs (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 311).
Mur de Berlin, mur de la honte. Frontière urbaine séparant Berlin-Ouest (appartenant à la République fédérale) de Berlin-Est. Ces notes [que l'Union soviétique a envoyées aux États-Unis, à la Grande-Bretagne et à la France], toujours selon Tass, accusent les puissances occidentales de projeter de nouvelles provocations lundi prochain, à l'occasion du premier anniversaire de l'édification du mur de Berlin (Le Monde, 12-13 août 1962, p. 4, col. 4).
[P. allus. hist.] Le mur murant Paris rend Paris murmurant. Chanson anonyme exprimant le mécontentement des Parisiens lors de la construction vers 1785, d'un mur d'enceinte destiné à renforcer le contrôle pour la perception des taxes. [Paris] n'a franchi qu'une enceinte de plus, celle de Louis XV, ce misérable mur de boue et de crachat, digne du roi qui l'a bâti, digne du poète qui l'a chanté : Le mur murant Paris rend Paris murmurant (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 138).
C.— P. anal. Mur + adj. ou + de + subst.
1. [Désigne un objet concr.]
♦ Mur qui n'est pas en maçonnerie et peut servir de séparation, de clôture. Mur de terre, de verre. Mur de planches couvert d'affiches (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 42).
HIPP. ,,Obstacle dont une face au moins imite la brique et dont le dessus est arrondi`` (CASS.-MOIR. 1979).
♦ Obstacle naturel qui s'élève verticalement et qui forme barrière. Mur montagneux; mur d'une caverne, d'un précipice. De hautes montagnes ferment l'horizon, rempart noir ou mur de glace (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 169). La voiture avait pris un peu de vitesse. Elle roulait entre de hauts murs d'arbres et de végétation inextricable (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1659).
Mur de pluie, de brume. Une silhouette qui balançait un fanal pour guider dans le mur de brouillard les évolutions de la voiture (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 21).
TECHNOL. Morts murs. Parois d'un four de fusion en briques réfractaires. (Dict. XIXe et XXe s.). Murs (d'une mine). Partie inférieure d'une galerie de mine par opposition au toit qui est sa partie supérieure. Voir HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 237.
2. [Désigne des pers.] Personnes formant un front uni de défense, de résistance. Le mur allemand devenait plus noir et plus proche. Il s'éclairait de quelques trous, des soldats qui tombaient (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 142). Le mur mobile de l'infanterie (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 60).
SPORTS (jeux de ballon). Tactique des joueurs qui forment un rideau de défense devant les buts menacés. (Footb.). Faire le mur. Former une ligne de défense compacte contre l'équipe adverse qui tire un coup franc. P. méton. Sur un coup franc à 20 mètres, le mur français se fait prendre comme un enfant par Al-Buloushi, laissé à lui-même sur la droite (L'Équipe, 22 juin 1982, p. 3, col. 6). (Rugby). ,,Obstruction illicite à la touche, qui consiste pour les avants à se masser pendant la trajectoire du ballon pour faciliter le saut du partenaire chargé de cueillir la balle`` (PETIOT 1982).
3. Mod. [Désigne un obstacle physique considéré longtemps comme insurmontable]
Mur bleu. Lieu situé à une certaine profondeur où le plongeur (utilisant un scaphandre autonome) perdant de vue la surface ne voit pas encore le fond (d'apr. GRUSS 1952).
Mur sonique, mur du son. Ensemble des phénomènes aérodynamiques constituant un obstacle technique, qui se produisent quand un engin se déplace à une vitesse égale ou supérieure à celle du son (d'apr. Lar. encyclop.). Synon. nombre de Mach, barrière du son (d'apr. Sc. 1962) :
4. Le mur du son était double. Il y avait en somme un mur du son qui était deux (...). Le premier mur invisible se laissait traverser par l'appareil et se durcissait ensuite jusqu'à devenir mur de bronze.
COCTEAU, Appogiatures, 1953, p. 60.
P. anal. Mur de la chaleur. Ensemble des phénomènes thermiques ou caloriques qui se produisent lors des déplacements dans l'air à très grande vitesse (d'apr. Lar. encyclop.).
FÊTE FOR. Mur de la mort. ,,Numéro de casse-cou à motocyclette, tournant dans une cuve aux parois verticales`` (Amis Lex. fr. Ét. lexicogr. 1976 t. 3 n° 14/15, pp. 15-32).
D.— P. métaph. et au fig.
1. Ce qui protège, isole, défend. Vivre derrière un mur :
5. ... il n'est pas d'amants qu'on ne trouve occupés, acharnés à tuer l'amour, tâchant de le borner, de se l'approprier, de lui donner des murs.
G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 213.
Mur d'argent. V. argent ex. 23.
Mur de la vie privée. Secret, discrétion qui entoure la vie privée. Franchissons le mur de la vie privée, de la vie la plus privée, celui du cabinet de toilette (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 42).
2. Ce qui forme un obstacle infranchissable, ou sépare des personnes, empêche la communication. Mur de haine, d'incompréhension, d'indifférence. Elle éleva doucement entre nous comme un mur d'acier d'une froideur et d'une résistance impénétrables (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 186). Les hommes ont élevé entre eux et vous un mur d'opprobre et d'ignominie (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 69) :
6. Un mur, un mur! Avoir le sentiment que l'on est devant un mur très haut, très lisse, très épais, et que ce mur-là, c'est l'avenir, et qu'on ne peut ni l'escalader, ni le renverser, ni le percer.
DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 104.
Mur d'airain, mur de séparation ou simplement mur. ,,Causes qui divisent deux personnes et empêchent qu'elles ne puissent se rapprocher, se réunir. Il y a un mur entre ces deux hommes`` (Ac. 1935).
3. Personne insensible, inébranlable dans ses opinions, ses résolutions. C'est parler à un mur. Victor!... (...) Je lui ai recommandé un million de fois de ne pas quitter le café lorsque je n'y étais pas, c'est comme si je parlais à un mur (LECLERCQ, Mme Sorbet, 1835, III, p. 128). Ses traits laissent paraître une lourde obstination; c'est un mur de suffisance (SARTRE, Nausée, 1938, p. 151).
Prononc. et Orth. :[]. Homon. mûr, mûre, murrhe. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Ouvrage de maçonnerie destiné à enclore, à protéger, à isoler. 1. Fin Xe s. une ville (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 63 : Hjerussalem ... [toi inimic] En tos belz murs, en tas maisons Pedra ssubr altre non laiseront); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 97 : Cordres ad prise e les murs peceiez); ca 1160 (Eneas, 427 ds T.-L. : Li mur de Cartage sont fait a posterels, A pilerez et à merels, A biches, a oisels, a flors; O le marbre de cent colors sont peinturé defors li mur Senz vermeillon et senz azur); ca 1165 (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 1151 ds T.-L. : Close esteit [la cité] tote de bon mur De fin marbre serré e dur); ca 1200 désigne la cité elle-même (BUEVE DE HANTONE, éd. A. Stimming, I, 486 : Faites moi tost espines apointier, Defors les murs les faites caroier); 2. ca 1100 une habitation (Roland, 1430); 3. début XIIe s. un château (BENEDEIT, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 271); 4. la notion de sécurité est mise en évidence 1176-81 (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au Lion, éd. M. Roques, 3258 : lez lui sont ausi seür Con s'il fussent tuit clos a mur Haut et espès de pierre dure); 1er quart XIIIe s. (RENCLUS DE MOLLIENS, Carité, 37 ds T.-L. : Rois, se plus ies enclos de mur..., ies por chou ... plus assëur Ke chil ki ... tous desclos maint en ches plains?); 5. p. anal. 1833 (MICHELET, Hist. de France, III, éd. C. Mettra, t. 1, p. 313 : [En parlant des Pyrénées] ... un mur immense qui s'abaisse aux deux bouts). B. Fig. 1. a) ca 1165 « ensemble de combattants formant corps pour résister, se défendre » (BENOÎT DE STE-MAURE, op. cit., 20536, ibid.); b) 1676 en parlant d'une pers. (E. FLÉCHIER, Oraison funèbre de Turenne, éd. Paris, Libraires associés, 1808, p. 69 : cet homme [Judas Maccabée] que Dieu avait mis autour d'Israël, comme un mur d'airain, où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l'Asie); 2. 1718 en parlant de ce qui sépare deux pers. (MASSILLON, Carême, Prod. ds LITTRÉ : Cette passion seule [le goût des voluptés] éleva un mur de séparation entre Dieu et le pécheur); 3. 1883 en parlant d'une pers. inébranlable dans sa résolution, hostile (RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, éd. J. Pommier, p. 31); 4. 1947 astronaut. mur de l'air (A. DUCROCQ, L'humanité devant la navigation interplanétaire, p. 30 d'apr. GUILB. Astronaut., p. 29); 1949 mur du son (Nouv. Lar. univ., s.v. mur). Du lat. murus « mur (d'une ville), rempart; mur (d'une maison); clôture, enceinte; paroi »; fig. « mur, rempart de défense, protection ». Fréq. abs. littér. :13 343. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 12 139, b) 22 950; XXe s. : a) 24 306, b) 19 472. Bbg. Archit. 1972, p. 38, 70, 83, 94. — QUEM. DDL t. 14.

mur [myʀ] n. m.
ÉTYM. V. 980, au plur., « fortification »; du lat. murum, accusatif de murus.
1 (V. 1225). Ouvrage de maçonnerie qui s'élève verticalement ou obliquement sur une certaine longueur et qui sert à enclore, à séparer des espaces ou à supporter une poussée. Architecture, construction. || Matériaux utilisés dans la construction d'un mur. Pierre; moellon, parpaing; mortier; blocage, libage, remplage. || Mur en grand, en petit appareil. || Mur de cailloutage (cit.), de briques (→ Carquois, cit. 1; grille, cit. 8), de ciment (→ Évasion, cit. 4), de béton armé. || Mur maçonné (par oppos. à mur de pierres sèches). || Murs ossaturés (formés de piliers, de chaînages et de matériaux de remplissage). || Mur de soutènement oblique. || Charpente métallique d'un mur. || Pièces, constructions consolidant un mur ou formant son ossature ( Ancre, appui, arc-boutant, chaîne (cit. 25), chevalement, contre-boutant, contrefort, contre-mur, étai, étançon, 2. harpe, harpon (2.), jambe (de force)). || Mur de bousillage, de torchis, de pisé… ( aussi Bouge). || Bâtir, construire, élever; bousiller, limousiner, maçonner… un mur (→ Hérisser, cit. 10). || Finition extérieure d'un mur ( Badigeonnage, badigeonner; crépi, crépir; échauder, gobeter, plâtrer; jointoyer, parementer, ravalement, rudération, rusticage). || Bretteler la pierre d'un mur. || Mur crépi (→ Badigeon, cit. 1; chaux, cit. 2).Parties d'un mur. || Assises, fondations ( Banchée), base, pied, socle d'un mur. || Empattement d'un mur. || Pan de mur. || Haut (cit. 71), sommet d'un mur. Bahut (3.), chaperon (cit. 2 et 3), crête; pignon. || Surface apparente d'un mur. Parement; balèvre, bossage, refend.Tessons, pointes ( Chardon, hérisson), massifs de maçonnerie ( Dame-ronde) garnissant le sommet d'un mur. || Borne ( Boute-roue, chasse-roue), massif (cit. 10) à l'angle d'un mur. || Trou dans un mur pour supporter un échafaudage ( Boulin, ope).Mur haut, bas (→ 2. Ferme, cit. 2). || Mur à hauteur d'appui ( Garde-fou, parapet; muret, murette). || Mur mince (→ Gonfler, cit. 33), épais (→ Abordage, cit. 3). || Épaisseur d'un mur aux ouvertures ( Jouée).Mur droit; coudé. || Angles, coudes, ressauts ( Redan); biais d'un mur.
1 Ce mur était bâti avec des pavés. Il était droit, correct, froid, perpendiculaire, nivelé à l'équerre, tiré au cordeau, aligné au fil à plomb.
Hugo, les Misérables, V, I, I.
2 Ses murs de dix pieds d'épaisseur au sommet des tours, de trente ou quarante à la base, pouvaient rire longtemps des boulets (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, VII.
3 Son âme de juge (…) son cœur privé trop tôt de la joie de punir, jubilait à la vue d'un mur, de la chose sourde, muette et sombre qui rappelait à sa pensée ravie les idées de prison, de cachot, de peines subies, de vindicte sociale, de foi, de justice, de morale, un mur !
France, l'Anneau d'améthyste, Œ., t. XII, II, p. 49.
4 Plus bas un mur appareillé de pierre et de brique, un mur triste et beau dont la base empattée était fleurie de pariétaires, donnait à pic sur le Saleys où l'Ouze venait de se confondre.
P.-J. Toulet, la Jeune Fille verte, II.
Techn. || Mur-rideau : ensemble d'éléments préfabriqués qui forment la cloison extérieure d'une construction (mur) mais ne font pas partie de l'ossature porteuse et sont accrochés en avant. || Mur porteur : structure servant de support à la construction. || Mur autoporteur. || Mur d'adossement.
Vieux mur. || Mur déchaussé ( Déchaussement, dégravoiement), décrépi, écrété (cit. 2), qui s'effrite (cit. 3), tombe en ruines, s'écroule ( Écroulement). || Mur attaqué par l'humidité (cit. 4), mur qui ressue. || Lézardes (cit. 1), fissures d'un mur ( Lézarder). || Bombement, surplombement, surplomb; dévers d'un mur ( Surplomber; déverser).Brèche pratiquée dans un mur. || Tranchée creusée au pied d'un mur pour le renverser. Sape. || Démolir un mur.Reprendre les fondations d'un mur ( Rempiètement; rechausser, renformir, terrasser). || Bouchement d'un mur. || Décaper, déplâtrer, déchaperonner; recrépir, regratter, replâtrer; ravaler un mur. || Étayer, exhausser un mur.Sceller dans un mur. Murer (2.).
5 Un vieux mur croulant et chargé de lierre.
Saint-Exupéry, Courrier Sud, III, III.
Plantes (→ Lierre, cit. 1), fougère des murs. || Cloporte des murs.
6 Le long du mur poussaient des bardanes, des bouillons blancs, des rhubarbes; dans ses pierres, des lézards vivaient furtivement.
P. Nizan, le Cheval de Troie, I.
(1694). || Murs d'appui (cit. 16), (1721) de soutènement ( Bajoyer, épaulement, perré). || Mur d'espalier, de terrasse. || Soutenir par des murs. Murailler.(1874). || Mur de fondation, de soubassement.(1868). || Mur de dossier, ou (1874), mur dosseret : mur sur lequel les tuyaux de cheminée prennent appui.Mur servant d'abri contre le vent ( Brise-vent), contre le bruit ( Antibruit). || Mur d'une digue, d'un brise-lames.(1690). || Mur de clôture. Clôture (cit. 1), enceinte. || Enclore, entourer de murs. Emmurer, murer. || Domaine, terrain clos (cit. 7) de murs. Clos (n. m.). || Maison environnée (cit. 1) de murs. || Mur circonscrivant une propriété, séparant, délimitant deux champs. || Mur séparatif, mitoyen. Mitoyen (cit. 2), et aussi héberge (cit.). || Mur d'un jeu de pelote basque. Fronton (→ Basque, cit. 3). || Mur pour s'exercer au fleuret (tirer au mur). || Mur d'assaut d'un gymnase. || Mur du combattant (que doivent franchir les soldats à l'entraînement).Antiq. || Petit mur autour de l'arène d'un amphithéâtre ( Podium). || Mur de scène d'un théâtre romain.Fortif. || Magistrale (2.) d'un mur d'escarpe. (980). Spécialt. (Au plur.). Cour. || Murs d'enceinte (cit. 2). || Les murs d'une forteresse, d'une place forte, d'une ville… Courtine, fortification, muraille, rempart. || Murs crénelés ( Créneau; → Arsenal, cit. 1), garnis d'échauguettes, de tourelles, percés de meurtrières, d'arbalétrières, de barbacanes (1.), de canonnières (vx), de rayères. || Se réfugier dans les murs d'une ville (→ Capitulation, cit. 1). || Sous les murs : au pied des murs. || Assiégeants campés sous les murs d'une ville.
7 Un mur d'enceinte collé contre la ville suit la pente du coteau (…)
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 240.
Par ext. || Les murs : la ville, la partie de la ville circonscrite par les murs. || Dans les murs ( Intra-muros). || Hors des murs ( Extra-muros). || Saint-Laurent-hors-les-murs, à Rome. || « Attaquons (cit. 1) dans leurs murs ces conquérants si fiers ».
8 Dans les murs, hors des murs, tout parle de sa gloire.
Corneille, Horace, V, 3.
Hist. || Les murs cyclopéens de Mycènes. || Les longs murs du Pirée.Le mur des lamentations (cit. 4), à Jérusalem. || Le mur d'Hadrien, en Grande-Bretagne.Le mur des Fédérés.Le mur de l'Atlantique : ensemble d'ouvrages fortifiés construit par les troupes allemandes d'occupation durant la Deuxième Guerre mondiale.Le mur de Berlin (construit en 1961), dit aussi (par les Occidentaux) mur de la honte.Allus. hist. || Le mur murant Paris…
Les murs d'un édifice, d'un bâtiment, d'une maison. || Murs extérieurs, gros murs ( Cage, II.). || Murs intérieurs, de refend. Cloison. || Murs latéraux, de façade. || Murs de fondation, murs portants. || Murs de fondation (de soutènement) munis de barbacanes, de chantepleures (pour l'écoulement des eaux).Murs gouttereaux, murs supportant la retombée des voûtes ( Pied-droit), dans un édifice gothique…Murs sans ouvertures, aveugles ( Orbe, adj.). || Mur percé de portes, de fenêtres, d'arcades…Petit mur d'appui d'une fenêtre, d'une baie. Allège (2.). || Linçoir réunissant les chevêtres au mur.
9 La méthode ancienne est celle des murs portants, c'est-à-dire que ceux-ci — aussi bien les murs de pourtour que ceux de refend — sont épais et susceptibles de supporter eux-mêmes tout le poids de l'édifice… (il a fallu) trouver une autre méthode que celle des murs portants pour construire des édifices élevés… Les bâtiments géants américains sont constitués par une ossature composée de piliers reliés par des poutres de chaînage horizontales. Les parois, les cloisons et les planchers sont exécutés en matériaux de remplissage, aussi légers que possible.
M. Barbier, les Procédés modernes de construction, p. 114-115.
Face intérieure des murs, des cloisons (d'une habitation). || Revêtement des murs d'une chambre ( Boiserie, lambris, tapisserie). || Papier tapissant les murs (→ Force, cit. 84). || Glace (cit. 27), trumeaux ornant les panneaux d'un mur. || Murs garnis de corniches, de plinthes. || Meuble dans l'angle d'un mur ( Écoinçon), adossé contre un mur ( Console).Suspendre, pendre des tableaux, des gravures (cit. 5), des lithographies (cit. 2 et 3) au mur. || Décoration (cit. 3) sur un mur. || Horaire (cit. 2), plan affiché au mur. Mural. || Charbonner (cit. 1) les murs.
Par ext. || Les murs : l'habitation même.
10 Aux approches d'un déménagement vous dites adieu à ces murs que vous allez quitter; votre mobilier n'est pas dans la rue que vous aimez déjà l'autre logement; le vieux logement est oublié.
Alain, Propos, 24 août 1912, Puissance de l'oubli.
Techn. || Revêtement de sol mur à mur.
Loc. (1758). Entre quatre murs : dans une maison vide; et aussi, en restant chez soi (→ Bizarrerie, cit. 5), à l'intérieur, enfermé (volontairement ou non). || Passer ses vacances entre quatre murs, à cause de la pluie. || Entre les quatre murs d'une école, de la Sorbonne (→ Instituteur, cit. 5). || Enfermer entre quatre murs (de prison). Claquemurer. — ☑ Dans ses murs : chez soi (→ Expressément, cit. 2).Être dans les murs de (une entreprise) : travailler dans (cette entreprise).
11 Que je m'ennuie entre ces murs tout nus
Et peints de couleurs pâles.
Apollinaire, Alcools, p. 153.
Se couler (cit. 34), se glisser le long (cit. 39) des murs. || Longer un mur (→ Coutume, cit. 6). || Errer (cit. 12) en tâtant les murs. — ☑ (1890). Raser les murs, pour se cacher, se protéger… (→ Fermer, cit. 20; furtif, cit. 9). — ☑ Battre (cit. 35 et supra) les murs.Enjamber (cit. 3) un petit mur. || Escalader (cit. 1 et 3), sauter (→ Couvert, cit. 11) un mur, les murs. Escalade (cit. 2). — ☑ (1931). Sauter, (1903) faire le mur : sortir sans permission de la caserne (en parlant des soldats), et par ext., d'une pension (en parlant des pensionnaires), d'un lieu où l'on est enfermé. — ☑ Essuyer les murs (vieilli) : essuyer les plâtres (habiter un logement neuf).
S'accoter, s'appuyer contre un mur; s'adosser à un mur. || Pousser quelqu'un contre un mur, au pied d'un mur, acculer contre un mur.
12 Honteuses d'exister, ombres ratatinées,
Peureuses, le dos bas, vous côtoyez les murs.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Tableaux parisiens », XII, IV.
13 J'atteignis le banc et m'assis, le dos au mur. Ce mur de pierre tendre était encore tiède, doux aux reins, apaisant. Je m'y appuyai avec plaisir et son contact me délassa (…)
H. Bosco, le Jardin d'Hyacinthe, p. 155.
Loc. métaphoriques et fig. Mettre (1929), coller (1903) au mur : placer contre un mur pour fusiller quelqu'un. Fusiller (→ Au poteau; bon, cit. 120. Cf. également, dans ce sens, Le Mur, nouvelle de Sartre). — ☑ (1935; se battre la tête, se donner de la tête contre un mur, 1640). Se cogner la tête, donner de la tête contre les murs. Désespérer (se). || C'est à se taper la tête contre un mur ! — ☑ (1590). Mettre au pied du mur : acculer à, enlever toute échappatoire (→ Expliquer, cit. 20; farcir, cit. 6; hypocrite, cit. 29). — ☑ Se mettre le dos au mur : s'interdire toute possibilité de recul, décider de rester ferme sur ses positions. — ☑ Fam. (Métaphore de l'automobile). Aller dans le mur, vers un échec certain. Planter (se). || Aller droit dans le mur. (Avec d'autres verbes que aller). || Cette attitude va nous conduire, nous mener droit dans le mur.
14 Avant d'accepter cette part et un rôle, Rigou voulut mettre, selon son expression, le général au pied du mur.
Balzac, les Paysans, Pl., t. VIII, p. 201.
15 C'est à se tuer ! À se jeter la tête contre le mur !
Giraudoux, Électre, II, 6.
16 Ils seront huit. On leur criera : « En joue » et je verrai les huit fusils braqués sur moi. Je pense que je voudrai rentrer dans le mur, je pousserai le mur avec le dos de toutes mes forces et le mur résistera, comme dans les cauchemars.
Sartre, le Mur, p. 21.
Allus. littér. Le petit pan de mur jaune (d'un tableau de Vermeer de Delft), symbole de perfection artistique qui hante l'écrivain Bergotte au moment de mourir, dans la Recherche du temps perdu (Proust, la Prisonnière, t. III, p. 187, Pl.).
Loc. prov. On tirerait plutôt de l'huile d'un mur, se dit d'un homme très avare, ou encore d'une personne intraitable. — ☑ N'être pas gras (cit. 18) de lécher les murs.
Loc. fig. Les murs ont des yeux (vx), (1690) des oreilles : on peut être surveillé, épié sans qu'on s'en doute (se dit spécialt en parlant des espions).
17 Vous êtes en des lieux tout pleins de sa puissance.
Ces murs mêmes, Seigneur, peuvent avoir des yeux.
Racine, Britannicus, II, 6.
2 (1690). Par ext. Barrière, enceinte (qui n'est pas en maçonnerie). || Petit mur de terre. || Mur de rondins ( Palanque).Cloison. || Couloir à mur de vitres (→ Héliothérapie, cit.).
Paroi naturelle ou creusée. || Les murs d'une grotte, d'une caverne; murs taillés en plein roc (→ Grotte, cit. 3). || Les murs et le toit d'une galerie de mine.Mur coupe-feu.
3 (V. 1160). Par métaphore et fig. Ce qui sépare, forme obstacle (→ Frontière, cit. 1; large, cit. 22).Se cogner (cit. 10), se heurter à un mur; donner de la tête, se jeter (→ Idée, cit. 38) contre un mur : échouer à cause d'un obstacle insurmontable. || Mur d'airain (→ Importunité, cit. 3).
Obstacle physique infranchissable. || Un mur de montagnes. || Un mur de brouillard, de grêle.
18 La formidable barrière de l'Espagne nous apparaît enfin dans sa grandeur. Ce n'est point, comme les Alpes, un système compliqué de pics et de vallées, c'est tout simplement un mur immense qui s'abaisse aux deux bouts.
Michelet, Hist. de France, III.
19 Un mur de pluie me séparait du reste du monde, loin de toute passion, loin de la vie, m'enfermait dans un cauchemar gris, parmi d'étranges êtres à peine humains, à sang froid, décolorés et dont le cœur depuis longtemps ne battait plus.
Gide, Isabelle, IV.
Obstacle constitué par des personnes. || Les manifestants se heurtèrent à un mur de C. R. S.
(1940). Sports (rugby, football). || Faire le mur : former une défense compacte lors d'un coup franc.
Par métaphore ou compar.Cet homme est un mur, (1883) un mur de glace (cit. 12), il est insensible, muet, froid…Parler à un mur. || C'est comme si l'on parlait à un mur.
(Abstrait). Obstacle d'ordre psychologique. || Le mur qui s'élève entre deux êtres. || Un mur d'incompréhension. || Le mur du mépris.
20 Mais c'était l'irréalisé, l'acte voulu, consenti par eux deux, qu'il n'accomplissait pas et dont la pensée, désormais, mettait entre eux un malaise, un mur infranchissable.
Zola, la Bête humaine, IX.
21 Un mur, un mur ! Avoir le sentiment que l'on est devant un mur très haut, très lisse, très épais, et que ce mur-là, c'est l'avenir, et qu'on ne peut ni l'escalader, ni le renverser, ni le percer.
G. Duhamel, Salavin, I, X.
(1823, Stendhal). Abri, protection. || Le mur de la vie privée, déformation d'une phrase de Royer-Collard (« la vie privée doit être murée »). || Vivre derrière un mur ( Isolement).
22 J'ai senti que tout entretien raisonnable serait impossible. Je venais de toucher le mur. Oui, je dis bien, le mur fermé, sourd et abrupt derrière lequel vit un être.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, X.
4 (1949). Fig. || Le mur du son, ou (techn.), le mur sonique : l'ensemble des obstacles, des difficultés qui s'opposent au dépassement de la vitesse du son par un avion, un engin spatial. || Avion qui franchit le mur du son. Supersonique; mach. || Crever le mur du son ( Bang). — ☑ Par plais. (Jeu de mots avec con, dû au Canard enchaîné). Dépasser le mur du son (du çon), les limites de la connerie.(1959). Techn. || Mur de la chaleur : difficultés de progression dues à l'échauffement des parois d'avions, d'engins spatiaux aux vitesses supersoniques.
5 Fig. Argot. (Autom.). Se faire un mur : avoir un accident accompagné de choc.
DÉR. et COMP. Muraille, mureau, murer, muret. — Claquemurer, démurer, emmurer. — Contre-mur, demi-mur.
HOM. Mûr, mûre, murrhe.

Encyclopédie Universelle. 2012.