muraille [ myraj ] n. f.
• v. 1200; de mur
1 ♦ Étendue de murs épais et assez élevés. Haute muraille. — Loc. Couleur (de) muraille, grise, se confondant avec celle des murs. Un manteau couleur muraille.
♢ (Souvent au plur.) Mur de fortification. ⇒ mur; fortification, rempart. Enceinte de murailles. Murailles flanquées de tours crénelées. La Grande Muraille de Chine.
2 ♦ Ce qui s'élève comme un mur, empêche de voir ou de se déplacer; surface verticale abrupte, escarpée. ⇒ paroi. « La muraille blanche et sans fin de la falaise » (Maupassant). — Fig. Obstacle infranchissable. ⇒ mur.
3 ♦ Mar. Tout ce qui constitue l'épaisseur de la coque d'un navire, depuis la flottaison jusqu'aux plats-bords.
4 ♦ Hippol. Partie extérieure du sabot d'un cheval.
● muraille nom féminin (de mur) Ensemble, suite de murs épais, et, plus généralement, de murs formant enceinte. Paroi verticale, abrupte qui s'élève comme un mur : La muraille des falaises face à la mer. Maçonnerie élevée soit autour d'un château ou d'une ville (mur d'enceinte), soit le long d'une frontière (Grande Muraille de Chine). Pourtour du sabot du cheval, constitué de corne dure et élastique. Partie de la coque d'un navire qui va de l'extrémité du bouchain jusqu'au pont. ● muraille (citations) nom féminin (de mur) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 À la septième fois, les murailles tombèrent. Les Châtiments, l'Expiation, VII, 1 Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 […] C'est déjà pour nous une chose très curieuse qu'une muraille derrière laquelle il se passe quelque chose. Notre-Dame de Paris ● muraille (expressions) nom féminin (de mur) Couleur (de) muraille, couleur grisâtre qui se confond avec celle des murs. Muraille de Chine, obstacle infranchissable. ● muraille (synonymes) nom féminin (de mur) Ensemble, suite de murs épais, et, plus généralement, de murs...
Synonymes :
- rempart
Pourtour du sabot du cheval, constitué de corne dure et...
Synonymes :
- paroi
muraille (Grande) ou Muraille de Chine
mur de fortification monumental (de 6 à 18 m de hauteur pour une épaisseur de 8 à 10 m) qui part du golfe du Bohai, passe au N. de Pékin et finit au désert de Gobi (plus de 5 000 km de fortifications). érigée au IIIe s. av. J.-C. (dynastie Qin), elle fut modernisée (brique) et achevée sous les Ming (XVe-XVIIe s.).
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muraille
n. f.
d1./d Mur épais et assez haut. Pan de muraille.
d2./d (Souvent au Plur.) Construction servant de clôture, de défense; fortification. Muraille crénelée. Syn. rempart, enceinte.
d3./d MAR Partie de la coque du navire qui est comprise entre la flottaison et le plat-bord.
⇒MURAILLE, subst. fém.
A.— Mur épais, généralement élevé, résistant et qui constitue le côté d'un édifice, une clôture. Abattre, étayer une muraille. D'autres [temples] ne présentaient plus que des restes encore debout, des colonnes isolées, des pans de muraille inclinés et des frontons démantelés (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 186). Elle monta dans sa chambre et se jeta sur son lit, le visage tourné contre la muraille, étouffant dans les oreillers ce besoin de crier, qui était plus fort que tout (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 270). V. borner ex. 7 :
• 1. Tout d'un coup, au bout d'un sentier, ils se trouvèrent en face d'un obstacle, d'une masse grise, haute, grave. C'était la muraille (...). Alors, ils la suivirent en courant, pris de panique. Elle restait sombre, sans une fente sur le dehors.
ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1413.
♦ Couleur (de) muraille. Couleur sombre qui se confond dans l'obscurité avec celle des murs. On ne meurt élégamment que dans ce costume-là [le costume de mousquetaire]. Mettez-le! Voici tout d'abord un long manteau couleur de muraille (ACHARD, Voulez-vous jouer, 1924, I, 3, p. 63).
♦ Passe-muraille. V. passe- A 2.
SYNT. Énorme, épaisse, forte, haute, immense, longue, solide, vieille muraille; muraille de brique, de pierre; crête, faîte, paroi, pied, sommet de la muraille; élever, démolir, percer une muraille; longer, raser la muraille; s'adosser, s'appuyer à la muraille.
— Expr., loc. et proverbes
♦ La muraille pousse. ,,Elle bombe et menace ruine`` (Ac. 1835-1935).
♦ [En concurrence avec mur A 2 qui est plus usité]
Entre quatre murailles. Enfermer entre quatre murailles. Quelle nuit que la première que l'on passe emprisonné entre quatre murailles! (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 392). J'aime l'été, moi, on peut s'asseoir sur l'herbe, faire des parties de campagne, on n'est pas renfermé entre quatre murailles (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 182).
Battre les murailles (vieilli). Être ivre :
• 2. ... d'autres [soldats] (...) ayant tout seuls, plusieurs heures, traîné dans la nuit opaque des chemins de ronde, se payaient le plaisir de rentrer à la chambre en se flanquant à froid les quatre fers en l'air et en battant extraordinairement les murailles, histoire de dire le lendemain : — Vrai alors, c'que j'ai bossé, hier!
COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, p. 249.
ESCR. Tirer à la muraille (Ac. 1835, 1878; LITTRÉ).
Se briser, se casser la tête contre la muraille. Se tuer de désespoir. Ne me privez pas de votre voix, ou (...) je me brise la tête contre la muraille, et vous aurez ma mort à vous reprocher (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 180).
Proverbe. Les murailles ont des oreilles. Le malheur ou le bonheur, c'est le secret des murailles; les murailles ont des oreilles, mais elles n'ont pas de langue : si l'on est heureux avec une grande fortune, Danglars est heureux (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846 p. 328).
B.— Souvent au plur. [Correspond à mur B] Fortification d'un château fort, d'une ville. Muraille antique; défendre, escalader, forcer, franchir, saper une muraille; maisons adossées à la muraille; ceinture de muraille; créneau des murailles. Vieille forteresse entourée de murailles crénelées et flanquées de tourelles à mâchicoulis (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 16). Ville qui se protégea par des fossés profonds et de hautes murailles (A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 420).
— [P. méton.; souvent avec le poss.] Ville. Ainsi jadis les Troyens défendirent leurs murailles contre la fureur conjugale de Ménélas (MUSSET ds Le Temps, 1831, p. 47).
— Murs défensifs élevés pour empêcher les invasions. La longue muraille, bâtie par Thémistocle, qui unissait la ville au Pirée (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 128).
♦ Grande muraille (de Chine). Muraille monumentale de plus de cinq mille kilomètres élevée dès le IIIe siècle avant Jésus-Christ pour arrêter les invasions des Tartares. Parlerai-je de la Suède, d'Hilsingland, etc...? Je dirai : là où sont les runes... De la Chine? Je dirai : où est la fameuse muraille (CHÉNIER, Amérique, 1794, p. 83).
P. métaph. ou au fig. Ainsi s'élève une muraille de Chine entre ce qui résulte de l'esthétique et ce qui dénonce une éthique, depuis les simples tics jusqu'aux manies morales, les vices du sexe ou de l'âme (COCTEAU, Crit. indir., 1932, p. 115).
C.— P. anal.
1. Obstacle naturel qui s'élève à une grande hauteur. Muraille de granit; muraille d'un précipice, d'une falaise. Les réchappés de ce grand naufrage ont des souvenirs terrifiants. Cette muraille de glace qui se montre au hublot (ALAIN, Propos, 1912, p. 131). Les charmilles étaient faites de murailles de verdures aussi hautes que les tours (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 125). La grande muraille rocheuse de la Maurienne (LARBAUD, Journal, 1934, p. 311).
2. Personnes formant un front de défense. Les Tarentins, conduisant deux chevaux accouplés, relevaient aux deux bouts cette muraille de soldats (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 167).
3. Spécialement
a) ANAT. ANIMALE. ,,Partie visible du sabot quand le pied du cheval est au sol. La muraille comprend la pince, les mamelles, les quartiers et les talons`` (CASS.-MOIR. 1979).
b) MAR. Partie extérieure de la coque d'un navire située entre la flottaison et le plat bord. Pour rendre le navire capable d'une forte cargaison, on avait dû hausser démesurément la muraille (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 101).
D.— P. métaph. ou au fig.
1. [Correspond à mur D 2] Obstacle difficile à franchir. Muraille épaisse qui sépare les deux sciences [alchimie et chimie], obstacle infranchissable à ceux qui sont familiarisés avec les méthodes et les formules chimiques (FULCANELLI, Demeures philosophales, t. 1, 1929, p. 150).
2. [Correspond à mur D 3] Personne insensible, inébranlable. J'ai fait plusieurs tentatives. Rien à faire. Papa, c'est une muraille. On ne peut rien contre lui. Une muraille. Il est impossible. Il est effrayant. Il a plus de cinquante ans et il ne songe qu'aux femmes, ou plutôt il ne songe qu'à la femme (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 59).
REM. Muraillette, subst. fém., muraillon, subst. masc. Petite muraille. Un grand lézard vêtu de perles, buvant du soleil sur le plat d'une muraillette (ARÈNE, Veine argile, 1896, p. 260). Alors, les garçons se sont cachés à l'abri d'un muraillon (ARNOUX, Chiffre, 1926, p. 119).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1200 « ensemble de murs épais, mur fortifié, mur d'enceinte » (Bueve de Hantone, éd. A. Stimming, I, 6974 : De Monbranc virent les tours et les pilers, Les grans murailles et les palais listés); spéc. 1758 (VOLTAIRE, Essai sur les mœurs, I, éd. R. Pomeau, t. 1, p. 211 : La grande Muraille qui séparait et défendait la Chine des Tartares...); 2. 1346 « mur haut et épais entourant un espace, un bien foncier » (Archives adm. de la ville de Reims, éd. P. Varin, t. 2, 2e partie, p. 1126). B. P. anal. 1. 1773 mar. (BOURDÉ DE LA VILLEHUET, Manuel des marins : Muraille du vaisseau... Côté du Navire depuis la flottaison jusqu'en haut); 2. 1833 (BALZAC, Méd. camp., éd. M. Allem [Garnier, 1961], p. 128 : Un côté du chemin déjà atteint par l'ombre, représentait une vaste muraille de feuilles noires); 1840 anat. animale (Ac. Compl. 1842). Dér. de mur; suff. -aille, v. FEW t. 13, 3, p. 245b; cf. le lat. médiév. muralia, subst. neutre plur. « murailles », 873 ds NIERM. A a évincé le dér. masc. en -ail, a. fr. murail « id. » (1119, PHILIPPE DE THAON, Comput, 666 ds T.-L. : les muralz de Rume). Fréq. abs. littér. :3 532. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 903, b) 8 597; XXe s. : a) 4 671, b) 3 420.
muraille [myʀɑj] n. f.
ÉTYM. V. 1200; de mur.
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1 Étendue de murs épais et assez élevés (→ Cassure, cit. 1; faîtière, cit. 2). || Haute, large muraille. || Muraille couverte d'inscriptions, de graffiti. || Plante qui pousse entre les pierres d'une muraille (→ Cassis, cit. 1). || Muraille d'un quai (→ Éminence, cit. 2).
1 (…) le mur, à cet endroit, entre la galerie et le pavillon, est d'une épaisseur extraordinaire. C'était la muraille extérieure du château primitif construit en 1405.
France, l'Anneau d'améthyste, Œ., t. XII, II, p. 49.
♦ Les murailles qui bordent une rue. || Longer, raser la muraille, les murailles (→ Hypocrite, cit. 26). — ☑ Loc. (1696). Couleur de muraille, ou, appos. (1903), couleur muraille : couleur grise se confondant avec celle des murs. || Conspirateurs vêtus d'un manteau couleur de muraille.
1.1 Il sort vêtu de son paletot couleur muraille et coiffé d'un chapeau haut de forme universel.
R. Queneau, le Vol d'Icare, p. 19.
♦ (Souvent au plur.). Mur de fortifications. ⇒ Mur; fortification (cit. 1 et 3), rempart (→ Bastion, cit. 1). || Haute, épaisse muraille, petite muraille basse (→ Épaulement, cit. 1, Hugo). || Ceinture, enceinte de murailles (→ Concentrique, cit.). || Murailles d'une forteresse (cit. 1), d'un château fort. || Murailles flanquées (cit. 2) de tours. || Muraille crénelée. ⇒ Bretèche. || Éperons d'une muraille. || Assiéger (→ Faubourg, cit. 1), battre (→ Machine, cit. 22), renverser les murailles d'une ville. || Passage, escalier secret dans une muraille. || Chemin de ronde au sommet de la muraille.
2 À la septième fois, les murailles tombèrent.
Hugo, les Châtiments, VII, I.
3 (…) tout le long de cette muraille colossale, dont les donjons à moitié éboulés s'alignaient à perte de vue, rien que des tombes, des cimetières sans fin (…)
Loti, les Désenchantées, II, V.
♦ La grande muraille (de Chine). — (Au fig. → Isolement, cit. 8).
4 (…) au lieu qu'ailleurs on fortifie les places, les Chinois fortifièrent leur empire. La grande muraille qui séparait et défendait la Chine des Tartares, bâtie cent trente-sept ans avant notre ère, subsiste encore dans un contour de cinq cents lieues, s'élève sur des montagnes, descend dans des précipices, ayant presque partout vingt de nos pieds de largeur, sur plus de trente de hauteur (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, I.
♦ Par ext. (vx et littér.). || Les murailles : la ville. || « Le fleuve coule autour de nos murailles, sous nos murailles » (Académie).
5 Censeur, en voulez-vous (des contes) qui soient plus authentiques
Et d'un style plus haut ? En voici. Les Troyens,
Après dix ans de guerre autour de leurs murailles,
Avaient lassé les Grecs (…)
La Fontaine, Fables, II, 1.
♦ Vx. Gros mur d'une maison, d'un bâtiment. ☑ Enfermer quelqu'un entre quatre murailles, en prison (cf. Voltaire, in Littré), au couvent (cf. Nicole, in Littré). ⇒ Mur (entre quatre murs).
♦ Face intérieure d'un mur. Syn. : mur (emploi identique). || Fresques, azulejos ornant une muraille (→ aussi Grotesque, cit. 1). || Carte (cit. 20) accrochée à la muraille. || Armoires de muraille (→ Incruster, cit. 10). ⇒ Mural.
♦ Par ext. Paroi.
6 Ici, la vie des faits est bien l'image, sur les murailles de la caverne, l'image et l'ombre de la vie intérieure, au grand feu du foyer invisible.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », III.
2 Par anal. Ce qui forme, comme un mur élevé, empêche de voir ou de se déplacer; surface verticale, abrupte, escarpée. ⇒ Mur, paroi. || Muraille de rochers (→ Grimper, cit. 13). || La muraille immense du brouillard (→ Hagard, cit. 2).
7 Un côté du chemin atteint déjà par l'ombre représentait une vaste muraille de feuilles noires (…)
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 421.
8 (…) les rocs tombés semblaient les ruines d'une grande cité disparue qui regardait autrefois l'Océan, dominée elle-même par la muraille blanche et sans fin de la falaise.
Maupassant, Pierre et Jean, VI.
♦ Par métaphore et fig. Obstacle infranchissable (→ Endiguer, cit. 4; heurter, cit. 26; limiter, cit. 1). ⇒ Mur.
3 (1773). Mar. Partie de la coque d'un navire située entre la flottaison et le plat-bord (→ Bélier, cit. 5; guindeau, cit. 1).
4 (1840). Hippol. Partie extérieure du sabot d'un cheval.
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DÉR. et COMP. Murailler. Passe-muraille.
Encyclopédie Universelle. 2012.