faute [ fot ] n. f.
• XIIe; lat. pop. °fallita « action de faillir, de manquer », p. p. de fallere → falloir
I ♦ Vx ou en loc. Le fait de manquer, d'être en moins. ⇒ défaut, 2. manque. « Faute d'argent, c'est douleur non pareille » (Rabelais). — Vieilli ou littér. Faire faute : être en moins, faire défaut. ⇒ manquer. Se faire faute de : s'abstenir de. — Mod. Il ne se fit pas faute d'en parler : il ne manqua pas, il ne se priva pas d'en parler. Elles « ne se faisaient pas faute de la rudoyer dans leurs conversations entre elles » (Green).
♢ Loc. prép. (1636) Cour. FAUTE DE : par manque de. Il n'a pu partir en voyage, faute d'argent. « Et le combat cessa, faute de combattants » (P. Corneille). Philippe « fut arrêté, puis relâché, faute de preuves » (Balzac) . Elle a accepté ce travail, faute de mieux. Faute de quoi : sans quoi. ⇒ autrement, sinon. Les Martiens « ont aussi un pape [...] :faute de quoi ils n'auraient pu se civiliser » (Barthes). PROV. Faute de grives, on mange des merles. ⇒ défaut (à défaut de). — (Avec un inf.) Ce n'est pas faute d'avoir essayé. « Faute d'y être passés, ils ne peuvent pas savoir à quoi ils condamnent des accusés » (Aymé).
♢ Loc. adv. (1650) SANS FAUTE : à coup sûr, certainement. « Venez à neuf heures sans faute » (Romains).
II ♦ Mod. Le fait de manquer à ce qu'on doit.
1 ♦ Manquement à la règle morale; mauvaise action. ⇒ attentat, crime, 1. délit, 1. forfait, inconduite, infraction, méfait. Commettre, faire une faute. Qui a commis une faute. ⇒ coupable, fautif. Faute légère, insignifiante, vénielle. ⇒ peccadille. Faute grave. « Elle était sévère pour les autres : elle n'admettait aucune faute, ni presque aucun travers » (R. Rolland). Avouer sa faute. PROV. Faute avouée est à moitié pardonnée. — Punition d'une faute.
♢ Prendre, surprendre qqn en faute (cf. En flagrant délit). « Il me questionnait de l'air d'un homme sûr de me prendre en faute » (Rousseau). Se sentir pris en faute. Être en faute. — Spécialt Manquement à la morale, aux prescriptions d'une religion. ⇒ coulpe, péché; faillir, pécher. Confesser sa faute. ⇒ mea-culpa.
2 ♦ Dr. Acte ou omission constituant un manquement à une obligation légale ou conventionnelle dont la loi ordonne la réparation quand il a causé à autrui un dommage matériel, pécuniaire ou moral. Faute positive. ⇒ 2. fait. Faute civile, engageant la responsabilité civile. Faute contractuelle. Faute inexcusable (en matière d'accidents du travail ou de la circulation). Faute de service (dr. admin.). Faute professionnelle.
♢ Manquement au devoir (action ou omission) qui peut être érigé en infraction; spécialt Imprudence, négligence (ex. homicide par imprudence, blessures et coups involontaires).
3 ♦ Manquement à une règle, à un principe (dans une discipline intellectuelle, un art). ⇒ erreur; inexactitude, irrégularité, omission. Lourde faute, faute grossière. Faute commise par bêtise (⇒ ânerie, bêtise, imbécillité; fam. connerie, couillonnade) , par étourderie, inattention, maladresse, négligence. Faute d'inattention, commise par inattention. Faute de goût. Fautes de langage. ⇒ incorrection; barbarisme, solécisme; lapsus. Il y a de nombreuses fautes dans ce texte. ⇒ défaut, imperfection. Faute d'orthographe, de prononciation, de grammaire, de syntaxe. « On voit mieux ses fautes quand elles sont imprimées » (Voltaire). Faire des fautes de français. Faute de liaison. ⇒ cuir, pataquès, velours. — Absolt Faire cinq fautes dans une dictée. Fautes dans une version (cf. Faux sens, non-sens). — Faute de frappe, de saisie. Faute d'impression, faute typographique. ⇒ 3. bourdon, coquille, 2. doublon, mastic. Liste de fautes. ⇒ errata.
♢ Sport Erreur technique, manquement aux règles entraînant une sanction. Faute de main (au football). Absolt Faute ! Parcours hippique effectué sans faute. Ellipt Un sans faute. ⇒ sans-faute.
4 ♦ Manière d'agir maladroite ou fâcheuse; défaut d'habileté, de prudence. ⇒ bévue, erreur, maladresse, sottise. Une faute de jeunesse. « Toutes les passions nous font faire des fautes, mais l'amour nous en fait faire de plus ridicules » (La Rochefoucauld).
5 ♦ (Dans des expr.) Responsabilité d'une action. C'est sa faute, c'est bien sa faute s'il lui est arrivé malheur (cf. Il l'a cherché). C'est la faute de son frère. Pop. La faute à. La faute à qui ? « Je suis tombé par terre, c'est la faute à Voltaire » (Hugo). C'est la faute à pas de chance. — Par ext. Ce n'est vraiment pas sa faute s'il a si bien réussi, il n'y est pour rien; il n'a pas à s'en vanter.
♢ C'est de sa faute (même sens). « Ah ! tout est de ma faute ! » (Hugo). Fam. C'est sa faute. C'est pas ma faute.
♢ Par la faute de. C'est arrivé par la faute de son frère, par sa faute. « Cette femme était malheureuse par la faute du mari » (Chardonne).
♢ Avec à renforçant le poss. Est-ce ma faute, à moi ? « ce n'est pas tout à fait leur faute, à ces enfants » (A. Daudet).
⊗ CONTR. Abondance, excès, quantité. — Bienfait, mérite. Exactitude; correction.
● faute nom féminin (latin populaire fallita, du latin classique fallere, faillir) Manquement à la règle morale, à une prescription religieuse : Faute avouée est à moitié pardonnée. Manquement à une règle, aux devoirs qui découlent d'un contrat de travail ou d'une activité réglementée : Une faute professionnelle grave. Manquement à un règlement, à une règle de jeu : Faute de service au tennis. Manière d'agir qui manifeste un manque d'habileté, de prudence : Mon emportement m'a fait commettre quelques fautes. Manquement à une norme, à un principe, à une procédure : Faute de frappe. Faute de français. Responsabilité de quelqu'un ou de quelque chose dans un acte coupable, une erreur, un manquement, ou dans une quelconque situation : L'accident est arrivé par sa faute. Vieux. Action d'une femme qui se laisse séduire. Droit Acte ou omission qui cause un dommage à autrui. (La faute peut être contractuelle, délictuelle ou quasi délictuelle.) ● faute (citations) nom féminin (latin populaire fallita, du latin classique fallere, faillir) Claude Aveline Paris 1901-Paris 1992 Ne jamais dire : « C'est leur faute. » C'est toujours notre faute. Avec toi-même, etc. Mercure de France Georges Duhamel Paris 1884-Valmondois, Val-d'Oise, 1966 Académie française, 1935 C'est la faute qui fait la vertu. Tel qu'en lui-même Mercure de France Joseph Fouché, duc d'Otrante Le Pellerin, près de Nantes, 1759-Trieste 1820 Beaucoup se sont trompés, il y a peu de coupables. Mémoires Marguerite Hessein, Mme de La Sablière Paris 1636-Paris 1693 Tout le devoir ne vaut pas une faute qui s'est commise par tendresse. Pensées chrétiennes Paul Masson 1849-1896 Il y a des gens qui ne dépouillent jamais leur orgueil. Leurs fautes, s'ils les passent en revue, c'est à cheval. Cité par Willy dans l'Année fantaisiste, 1893 Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Étrange zèle, qui s'irrite contre ceux qui accusent des fautes publiques, et non pas contre ceux qui les commettent ! Les Provinciales, 11e lettre Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz Montmirail 1613-Paris 1679 […] Il est, à mon sens, d'un plus grand homme de savoir avouer sa faute que de savoir ne pas la faire. Mémoires Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 Personne n'est sujet à plus de fautes que ceux qui n'agissent que par réflexion. Réflexions et Maximes Marguerite de Crayencour, dite Marguerite Yourcenar Bruxelles 1903-Mount Desert Island, Maine [É.-U.], 1987 Avoir du mérite à s'abstenir d'une faute, c'est une façon d'être coupable. Alexis ou le Traité du vain combat Plon Marc Aurèle, en latin Marcus Annius Verus, puis Marcus Aurelius Antoninus, empereur romain Rome 121-Vindobona 180 La faute d'un autre, il faut la laisser là où elle est. Pensées, IX, 20 (traduction A. I. Trannoy) Antoine Boulay de la Meurthe Chaumousey, Vosges, 1761-Paris 1840 C'est plus qu'un crime, c'est une faute. Commentaire Ce mot, relatif à l'exécution du duc d'Enghien, a été attribué à plusieurs hommes politiques, tels Talleyrand ou Fouché. Charles Augustin Sainte-Beuve, dans ses Nouveaux Lundis, croit qu'il fut prononcé par Boulay de la Meurthe, ancien député aux Cinq-Cents, qui fut l'un des principaux rédacteurs du Code civil. Ernst Jünger Heidelberg 1895-Bade-Wurtemberg 1998 Une erreur ne devient une faute que lorsqu'on ne veut pas en démordre. Ein Irrtum wird dann erst zum Fehler, wenn man in ihm beharrt. Sur les falaises de marbre William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Condamner la faute et non son auteur ? Condamn the fault, and not the actor of it ? Mesure pour mesure, II, 2, Angelo ● faute (difficultés) nom féminin (latin populaire fallita, du latin classique fallere, faillir) Emploi 1. C'est ma faute / c'est de ma faute. Les deux tours sont employés dans la langue orale. C'est ma faute est plus soutenu, c'est de ma faute plus familier. Recommandation 1. Dans l'expression surveillée, en particulier à l'écrit, préférer c'est ma faute, c'est ta faute, etc. 2. Éviter dans tous les registres le tour c'est de la faute de, avec la succession des deux de. Dire c'est la faute de : c'est la faute de ce monsieur. 2. C'est la faute de / à. Après c'est la faute, le nom complément est introduit par de : il n'a pas eu son passeport à temps, c'est la faute de l'administration. À peut néanmoins être employé devant un pronom ou pour renforcer un possessif : à qui la faute, s'ils ont échoué ? ; ce n'est pas notre faute à nous ; est-ce leur faute, à ces enfants ? C'est la faute à est populaire. Victor Hugo s'est amusé à mettre dans la bouche de Gavroche, type du gamin des rues de Paris, sa fameuse chanson : « On est laid à Nanterre / C'est la faute à Voltaire / Et bête à Palaiseau / C'est la faute à Rousseau. » 3. Faute d'attention / faute d'inattention. Ces deux locutions sont correctes, mais elles n'ont pas le même emploi. Faute d'attention loc. prép. = par manque d'attention. Faute d'attention, il a laissé dans son texte une grosse erreur de date. V. ci-après faute de. Faute d'inattention loc.nominale = faute occasionnée par l'inattention. Il a écrit 17 heures au lieu de19heures, c'est probablement une faute d'inattention. Construction 1. Faute de (+nom ou infinitif) = par manque de, par défaut de. Je m'en contenterai, faute de mieux (= puisque je n'ai pas mieux) ; faute de grives, on mange des merles (= quand il n'y a pas de grives) ; il a échoué et ce n'est pas faute d'avoir essayé (= ce n'est pas parce qu'il n'a pas essayé) et non pas faute de n'avoir pas essayé, qui signifierait au contraire « parce qu'il a essayé ». 2. Faute que (+ subjonctif) : il ne le savait pas, faute qu'on le lui ait dit. 3. Ne pas se faire faute de (+ infinitif) = ne pas manquer de. Elle ne s'est pas fait faute de me le répéter. Orthographe Sans faute (= à coup sÛr, immanquablement) s'écrit au singulier : je viendrai demain sans faute. ● faute (expressions) nom féminin (latin populaire fallita, du latin classique fallere, faillir) À qui la faute ?, qui doit-on tenir pour responsable de cette erreur, de cet échec. Ce n'est pas (de) sa faute si, il n'y est pour rien. En faute, en état de culpabilité, en tort. Faute de, par manque de, par défaut de : Faute d'exercice, il grossit. Faute de goût, mauvais choix en matière de décoration, d'habillement, d'illustration, etc. Faute de mieux, parce qu'il est impossible de réaliser des conditions meilleures. Ne pas se faire faute de, ne pas s'abstenir de. Sans faute, à coup sûr, immanquablement : Venez à midi sans faute. Faute d'empilement, anomalie dans la séquence normale de l'empilement des couches superposées d'un cristal. Faute grave, faute commise par un salarié qui rend impossible le maintien des relations contractuelles, entraînant le licenciement sans préavis ni indemnité. Faute inexcusable, en matière d'accident du travail ou de la circulation, faute d'une exceptionnelle gravité commise par une personne qui engage sa responsabilité. Faute légère, faute commise par un salarié qui ne justifie pas son licenciement. Faute lourde, faute commise par un salarié dont le caractère intentionnel s'apparente au dol, et qui rend impossible le maintien des relations contractuelles, entraînant le licenciement du salarié sans préavis ni indemnité, y compris celle de congés payés. Faute sérieuse, faute commise par un salarié qui justifie son licenciement mais ne rend pas impossible le maintien du salarié dans l'entreprise pendant la durée du préavis. Faute de service, faute commise par un agent de l'État à l'occasion du service et qui engage la responsabilité de l'Administration. Double faute, au tennis, action du serveur plaçant hors des limites autorisées ou dans le filet deux services consécutifs (le point est acquis à l'adversaire) ; au volley-ball, irrégularité commise simultanément par deux adversaires (le point est à remettre). Faute personnelle, au basket-ball, irrégularité qu'un joueur commet quand il provoque un contact avec un adversaire. ● faute (synonymes) nom féminin (latin populaire fallita, du latin classique fallere, faillir) Manquement à la règle morale, à une prescription religieuse
Synonymes :
- écart
- méfait
- péché
Manière d'agir qui manifeste un manque d'habileté, de prudence
Synonymes :
- bêtise (familier)
- bourde (familier)
- gaffe (familier)
- impair
Manquement à une norme, à un principe, à une procédure
Synonymes :
- erreur
faute
n. f.
rI./r
d1./d Manquement au devoir, à la morale ou à la loi. Commettre une faute. Prendre qqn en faute.
— DR Faute pénale: contravention, délit ou crime. Faute civile, qui engage la responsabilité civile.
d2./d Action maladroite ou préjudiciable; erreur. Dans votre position, on ne vous passera aucune faute.
d3./d Manquement à certaines règles. Faute de calcul, d'orthographe, de jeu.
rII./r Absence, manque, défaut.
— En loc. On ne s'est pas fait faute de le contredire, on n'y a pas manqué.
|| Loc. Prép. Faute de: par manque de, à défaut de. Relâcher un inculpé faute de preuves.
|| Loc. adv. Sans faute: sans faillir (à l'engagement, à l'obligation). Vous serez reçu demain sans faute.
⇒FAUTE, subst. fém.
I.— A. Vieilli. Fait de manquer; absence, manque de quelqu'un ou de quelque chose.
B.— Locutions
1. Loc. verb. vieillies
— Avoir faute. On craignait d'avoir faute de soldats, de matelots; on eut faute de blé (Ac.) :
• 1. Pour vous écrire, depuis six mois que je roule ce projet dans ma tête, je n'ai pas faute de matière, mais de temps et de repos.
COURIER, Lettres Fr. et It., 1806, p. 702.
— Faire faute. Manquer, faire défaut. Il lui arrivait souvent de me faire faute au sujet des sorties que nous arrangions ensemble (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 82). Il semble que les exilés d'Edimbourg soient les plus petits compagnons du monde, et qu'ils ne fassent faute nulle part (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 16). Pour l'épouser est-ce l'amour ou l'intelligence qui me faisait faute? (CLAUDEL, Soulier, 1929, 2e journée, 3, p. 722).
— Ne pas se faire faute de. Ne pas se priver de.
♦ Ne pas se faire faute de + subst. Mange donc, mange, mignon, et ne te fais pas faute de ce brouet au miel avec une pointe d'anis vert (NODIER, Trésor Fèves, 1833, p. 36). Madame Daniel ayant mis sa conscience en repos, ne se fit plus faute d'œillades pour me désoler de son mieux (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 246).
♦ Ne pas se faire faute de + inf. Elle se fit la charmante joie d'apporter à Bouchard des cigarettes, des friandises, puis peu à peu tout ce qu'il demanda. Il ne se fit pas faute de demander (MONTHERL., Songe, 1922, p. 71).
2. Loc. prép. Faute de. Par manque de.
— Faute de + subst. Dauphin, six semaines après, fut acquitté faute de preuves (FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 182). On avait dû, faute d'argent, congédier la femme de chambre, puis, le mois précédent, la cuisinière (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 782). S'il y a si peu de pièces de théâtre valables, ce n'est pas faute de talent ou d'auteurs (ARTAUD, Théâtre et double, 1938, p. 138).
♦ Proverbe. Faute de grives, on mange des merles. Il faut se contenter de ce que l'on a.
♦ Faute de mieux. La jeune-première à l'envers Récite quelquefois mes vers. Faute de mieux je m'extasie (CROS, Coffret Santal, 1873, p. 101).
— Faute de + inf. C'est une triste chose d'être réduit à étouffer ses facultés l'une par l'autre, faute de pouvoir les développer toutes (RENAN, Lettres, 1842-45, p. 13). Un jour, faute d'avoir su déchiffrer la mention « très urgent », elle néglige une lettre adressée au monsieur vérificateur (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 83). Faute de m'être heurté à ses angles, je ne connus d'abord la réalité que par sa rieuse inconsistance (SARTRE, Mots, 1964, p. 17).
3. Loc. conj. Faute de quoi. J'ai besoin de temps en temps de converser le soir avec des gens d'esprit, faute de quoi je me sens comme asphyxié (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 22) :
• 2. ... il faudrait auparavant avoir écrit celle [l'étude] que je projette depuis des années sur Gautier, faute de quoi j'ai peur de dire au sujet de Jean-Louis certaines des choses qui reviennent de droit à Gautier.
DU BOS, Journal, 1922, p. 45.
4. Loc. adv. Sans faute. À coup sûr, sans y manquer. J'irai chercher Pauline sans faute avant le carême, de peur qu'elle n'embarrasse. Dites-le bien à la cousine (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 20). Qu'il m'envoie sans faute un pneu qui arrivera ce soir même (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 21).
II.— A. Le fait de manquer à quelque chose.
1. a) Manquement à une règle morale, à une règle de conduite; action considérée comme mauvaise. Je ferai pour expier mes fautes envers vous tout ce qu'il vous plaira de m'ordonner (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 433). D'après Confucius et Meng-Tseu, l'impiété est une plus grande faute que l'assassinat (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 60). L'humanité n'a pas attendu le christianisme pour décréter fautes des actes qui ne sont des fautes ni selon la nature ni selon la raison (MONTHERL., Pasiphaé, 1936, p. 106) :
• 3. Je rejette les mots de rachat ou de rédemption, car (...) je n'ai commis ni crime réel, ni faute assez grave pour légitimer l'usage de ces termes un peu romantiques et gâtés par les cagots...
DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p. 11.
SYNT. Faute légère, pardonnable, excusable; faute grave, lourde, impardonnable, irréparable. Commettre une faute (envers qqn), se rendre coupable d'une faute, avoir une faute à se reprocher; avouer, reconnaître une faute; rougir, se repentir d'une faute; porter sa faute, payer une faute, répondre de ses fautes; racheter, réparer une une faute; cacher une faute; excuser, pardonner une faute; passer sur une faute, fermer les yeux sur une faute, couvrir la faute de qqn, laver qqn d'une faute; sanctionner une faute, punir qqn d'une faute, reprocher une faute à qqn. Acte qui constitue une faute; faute qui consiste en...
♦ Expr. Faute avouée est à moitié, à demi pardonnée.
♦ En faute. Prendre qqn en faute; être, se sentir en faute. Christophe, se croyant en faute, porta ses mains à ses oreilles pour les préserver des redoutables claques (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 59). Le rire penaud de l'écolière prise en faute me désarmait en un clin d'œil (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p. 118).
♦ Faute + compl. prép. précisant la nature de la faute
Faute + compl. prép. précisant la nature de la faute introd. par de. Il existe donc des gens ainsi constitués qu'ils s'imaginent la vie faite pour s'embêter. Tout ce qui paraît être amusement devient aussitôt une faute de savoir-vivre ou de morale (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, 25 jours, 1885, p. 712). Le père traitait en peccadilles les fautes de luxure, ne montrait de fureur qu'aux minutes où l'on avouait soit un mensonge, soit de la paresse (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 290).
Faute + compl. prép. précisant la nature de la faute introd. par contre. Faute contre la morale, la justice, la pureté, l'obéissance, les mœurs. M. Joseph Reinach sera révoqué de son grade de capitaine de cavalerie de réserve, comme ayant commis « une faute grave contre la discipline » (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 419). J'ai trompé mon père. Ma tromperie fut consciente, renouvelée, ce fut la faute la plus grave et la plus endurcie contre le devoir d'obéissance (JOUVE, Paulina, 1925, p. 111).
— En partic. Relations charnelles hors du mariage. Faire une faute. Lady Wilmor. — (...) j'ai un secret, un secret humiliant à vous révéler (...). J'ai un fils (...). Oui, l'enfant d'une faute (DUMAS père, Darlington, 1832, III, tabl. 6, 4, p. 107). Ce monde illogique où nous vivons, qui n'aime pas l'adultère de la femme et qui raffole de toutes les fautes galantes d'un homme comme il faut (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 167).
b) Spécialement
) RELIG. Manquement aux préceptes d'une religion. Confession, absolution des fautes; confesser ses fautes; absoudre les fautes de qqn; pêcheur chargé de fautes; faute vénielle, mortelle; faute charnelle. Synon. péché. Le long des couloirs (...) on ne voyait qu'une double rangée de confessionnaux (...) il y avait des prêtres parlant toutes les langues, pour remettre leurs fautes aux pêcheurs (ZOLA, Lourdes, 1894, p. 127). De quelle faute l'évêque s'était-il accusé à l'abbé Sancerre? De quelle faute celui-ci avait-il refusé de l'absoudre? (BILLY, Introïbo, 1939, p. 231).
♦ La faute (originelle). Le péché originel. Le baptême qui efface la faute originelle (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 156). On n'ose plus s'élever à sa [d'Augustin] splendide vision de l'univers, tel qu'il était avant la faute et tel qu'il sera de nouveau dans l'état de gloire (GILSON, Espr. philos. médiév., 1931, p. 127).
♦ [P. réf. à la Bible, Exode 20, 5] Il est écrit dans le Livre saint, répondit Monte-Cristo :« Les fautes des pères retomberont sur les enfants jusqu'à la troisième et quatrième génération » (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 429).
) DROIT
— DR. CIVIL. Acte ou omission constituant un manquement, intentionnel ou non, à une obligation contractuelle, à une prescription légale ou au devoir de ne causer aucun dommage à autrui (d'apr. CAP. 1936). Le mandataire répond non-seulement du dol, mais encore des fautes qu'il commet dans sa gestion (Code civil, 1804, art. 1992, p. 358).
SYNT. Faute civile, commune, contractuelle, dolosive, objective, subjective; faute inexcusable.
— DR. ADMIN.
♦ Faute de service. Faute non détachable de la fonction et impliquant la responsabilité pécuniaire de l'Administration devant les tribunaux administratifs (d'apr. CAP. 1936).
♦ Faute personnelle. Faute de l'agent administratif dans l'exercice de ses fonctions, considérée comme détachable du service et susceptible de fonder sa responsabilité pécuniaire devant les tribunaux judiciaires (d'apr. CAP. 1936).
— DR. PÉNAL. Faute (pénale). Manquement au devoir; imprudence, négligence sanctionnée par une peine (d'apr. CAP. 1936).
2. a) Manquement aux règles (d'une discipline, d'un art, d'une technique, etc.). Synon. erreur.
) Faute + compl. prép. ou adj. indiquant la nature de la faute
♦ Faute + compl. prép. ou adj. indiquant la nature de la faute introd. par de. Vous avez découvert dans un des personnages de ce tableau une faute grossière de dessin, un membre cassé ou un muscle hors nature (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 50). Un remaniement des équipes les rassembla dans la même partie [de tennis] (...). Jacques s'occupait beaucoup de Jenny, mais toujours d'une façon tracassière, voire blessante, raillant ses fautes de jeu (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 925) :
• 4. ... Mlle Louvetain (...), d'un doigt attentif, soulignant une faute de graphie ou de ponctuation, un minuscule défaut d'écriture, disait de sa voix la plus douce : « Mais vous avez oublié l'accent circonflexe de plutôt! (...) »
DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 112.
SYNT. Faute de calcul, d'addition; faute d'orthographe, de grammaire, de syntaxe, de langue, de français; faute de versification; faute d'impression, de frappe, de typographie; faute typographique.
♦ Faute + compl. prép. ou adj. indiquant la nature de la faute introd. par contre. [J'ai] corrigé quelques fautes contre l'histoire et la géographie (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 104). L'évêque Berthramn (...) composait des épigrammes latines qu'il offrait avec assurance à l'admiration des connaisseurs, quoiqu'elles fussent pleines (...) de fautes contre la mesure (THIERRY, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 141).
) Faute de + compl. prép. (introd. par de) indiquant la cause. Faute d'inattention. Fautes d'ignorance, de négligence, d'étourderie (GIDE, Journal, 1927, p. 855). J'ai relevé une faute d'étourderie assez inexplicable chez quelqu'un d'aussi scrupuleux (GREEN, Journal, 1941, p. 144).
) Faute + inf. Un traducteur grec a commis la faute d'employer le mot jeune fille pour traduire un mot hébreu qui signifie jeune femme!... (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 236).
) Absolument
♦ Faire une faute; texte criblé, émaillé, plein de fautes. Hippolyte dut jouer sans faire une seule faute le menuet de Fischer sur le flageolet (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 397). [Bastien] entassait faute sur faute, se fendait faux, écartait le bras, se découvrait... L'épée de sir Williams parait et n'attaquait pas (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 370). Je lis dans Proust (...) :« ... ce n'était qu'hors de sa présence » — que je considère comme une faute déplorable (GIDE, Journal, 1927, p. 843) :
• 5. Ils ont fourré des participes, tendu des embûches de pluriels équivoques, dans cette dictée (...). Je crois bien ne pas avoir de fautes; je n'ai qu'à veiller aux accents, car ils vous comptent des demi-fautes, des quarts de fautes, pour des velléités d'accents qui traînent mal à propos au-dessus des mots.
COLETTE, Cl. école, 1900, p. 196.
♦ Prendre qqn en faute. M. Manuel me crut prendre en faute dans ma citation (...); il se trompa : c'était moi qui avais raison (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 185).
b) Imperfection, point défectueux dans quelque chose. Synon. défaut. J'ai trouvé des commandes. On nous paye tant bien que mal et la situation financière est cependant déplorable. C'est qu'il doit y avoir une faute cachée dans l'organisation de notre affaire (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 230). C'est une boule de cristal Ming. Si parfaite et sans l'ombre d'une faute qu'un domestique la laissa tomber du cinquième étage, et elle rebondissait comme une balle de tennis sur le macadam de la cour (COCTEAU, Fin Potomak, 1940, p. 105).
3. Manquement au savoir-faire, action maladroite ou regrettable. Faute diplomatique, politique, tactique. Synon. bêtise, bévue, erreur, maladresse. Je l'ai connue petite ouvrière, je l'ai aimée, et lui ai donné chevaux, voiture, — une faute impardonnable quand on veut être aimé (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859 p. 472). Louis-Napoléon n'eut qu'à profiter des fautes d'une assemblée royaliste qui ne sut pas accomplir une restauration (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 195). J'ai tout à fait oublié de lui demander à quoi il travaillait, et quels étaient ses projets, — c'est-à-dire que j'ai commis la faute de le laisser m'en parler le premier (LARBAUD, Journal, 1935, p. 350) :
• 6. ... je serais très surpris s'il s'était mis dans un mauvais cas. Il est incapable d'une faute, surtout d'une faute bête, comme celle de toucher de l'argent, en en laissant traîner le reçu.
ZOLA, Paris, t. 1, 1897, p. 62.
• 7. ... nous n'avons sans aucun doute, sans aucune exagération, plus une seule faute à commettre! Même la plus minime imprudence! ... si nous ne voulons point finir notre existence ta mère et moi, dans le plus complet dénûment!
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 319.
— En partic. [En matière d'usages, de convenances, etc.] [Elle] ne lui laissa passer aucune faute d'usage, de goût ou de langage (ROLLAND, J.-Chr., Matin, 1904, p. 185). On nous l'avait remise, à Milan, dans un état de quasi rusticité quant aux manières, à la tenue à table, etc. (...). J'avais cru devoir réformer ces fautes de civilité par la raillerie (LARBAUD, Journal, 1934, p. 308) :
• 8. ... c'est ennuyeux de construire une épopée sur des termes qui sont pis qu'une faute de grammaire ou une faute de goût, qui sont cette chose contradictoire et atroce, une affectation, une prétention vulgaires...
PROUST, Temps retr., 1922, p. 752.
B.— P. ext. (surtout dans certaines loc.). Responsabilité que quelqu'un ou quelque chose a dans une action coupable, regrettable. Faire retomber sur les autres la faute de ce qu'on ne fera pas. C'est là la grande lâcheté (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1910, p. 188) :
• 9. ... [le curé] accusa la phrénologie de pousser au matérialisme et au fatalisme. Le voleur, l'assassin, l'adultère, n'ont plus qu'à rejeter leurs crimes sur la faute de leurs bosses.
FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 156.
♦ Par la faute de... Je ne suis rien, je ne sais rien par ta faute, par la faute de ton égoïsme maternel (MAUPASS., Une Vie, 1883, p. 209). Je ne sais, mon cher Patrice, si c'est par ma faute que tu es comme moi incarcéré... Si je suis coupable, je t'en demande pardon de tout mon cœur (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 251). Il venait de perdre vingt-deux mille francs au jeu (...) par la faute d'ailleurs de son demi-frère (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 73).
[P. réf. au Confiteor] J'ai profané la crosse et j'ai souillé l'anneau; Saint Père! J'ai péché par ma très grande faute (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p. 307). Saint Christophe, pleurait la mère, saint Christophe nous a abandonnés, par ma faute, par ma très grande faute (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 455).
— La faute en est à. La responsabilité en revient à. Je m'étonne beaucoup de n'avoir aucune nouvelle de vous. La faute en est à la poste, sans doute (FLAUB., Corresp., 1871, p. 247). Il ne connaissait personne. La faute n'en était pas uniquement à lui, qui depuis son deuil se terrait dans son coin. On le tenait à l'écart (ROLLAND, J.-Ch., Buisson ard., 1911, p. 1349).
— Pop. C'est la faute à, c'est de la faute à. [Même sens] — Ah! voilà le déserteur!... (...). — Mon capitaine... C'est de la faute à la mairerie. Moi, j'leur disais pour la permission; eux ils m'ont dit qu'ça f'sait rien (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 127) :
• 10. Gavroche chanta :
Je ne suis pas notaire,
C'est la faute à Voltaire,
Je suis petit oiseau,
C'est la faute à Rousseau.
HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 460.
— C'est ma (ta, sa, etc.) faute. C'est moi (toi, lui, etc.) le responsable ou le coupable. Oui, c'est vrai! Jean est mort et Marc va mourir! Et c'est ta faute (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 259). Ce n'est pas ma faute que vous ne soyez pas un homme et que je vous prenne votre bien! (CLAUDEL, Annonce, 1948, II, 2, p. 166) :
• 11. J'aime un garçon qui réfléchit en surmontant, et qui, au tournant mal pris, dit d'abord : « C'est ma faute », et cherche sa propre faute et se bourre cordialement les côtes.
ALAIN, Propos, 1922, p. 444.
♦ Fam. C'est de ma (ta, sa, etc.) faute. Même sens. C'était de sa faute à lui, si tout ratait (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 51). On le sait assez qu'il est dans une situation délicate. Est-ce que c'est de notre faute s'il a un nom étranger et du sang juif... (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 106). Si tu dis un mot de plus, je descends téléphoner au journal que je ne fais pas l'article. Et ça sera de ta faute (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 68).
P. antiphrase. Elle se moque bien de ma santé. Ce n'est pas de sa faute si je n'ai pas encore pris mal. Elle établit dans les wagons des courants d'air mortels (MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 362).
— Il y a de ma (ta, sa, etc.) faute. C'est moi (toi, lui, etc.) à qui revient une part de responsabilité. Sans que lui, Jean Valjean, eût rien fait pour cela, sans qu'il y eût de sa faute, « cet homme » allait mourir (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 398). M. Grépinet (...) faisait très bien sa classe. Il n'y a point de sa faute si je profitai mal de ses leçons (FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 248).
Prononc. :[fo:t]. Enq. : ot, D/. Étymol. et Hist. 1174-78 « action de faillir, manquement » (E. DE FOUGÈRES, Manières, éd. J. Kremer, 711); 1275-80 « manque, privation » (J. DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 9638); 1306 sans faute « à coup sûr » (JOINVILLE, Histoire de St Louis, éd. N. de Wailly, 520, p. 284). D'un lat. pop. fallita, « manque, action de faillir » fém. subst. de fallitus, class. falsus, part. passé de fallere « tromper », a évincé le plus anc. faille. Fréq. abs. littér. :9 399. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 12 986, b) 12 487; XXe s. : a) 12 354, b) 14 771. Bbg. QUEM. DDL t. 6. — STÖCKLIN (J.). Probl. de prép. Vox. rom. 1971, t. 30, pp. 92-93.
faute [fot] n. f.
ÉTYM. XIIe; du lat. pop. fallita « action de faillir, de manquer », p. p. de fallere, pris subst. → Faillir, falloir.
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I Vx. Le fait de manquer, d'être en moins. ⇒ Absence, défaut, manque, pénurie, privation. — REM. Dans cette acception, faute est vieux, sauf dans quelques locutions, traitées ci-dessous. Allus. littér. || Faute d'argent (cit. 17, Rabelais).
1 Nous défendre quelque chose, c'est nous en donner envie (…) Nous l'abandonner tout à fait, c'est nous en engendrer mépris. La faute et l'abondance retombent en même inconvénient.
Montaigne, Essais, II, XV.
♦ ☑ Vx. Avoir faute de… : manquer de; être à court. || On eut faute de blé (Académie, 8e éd.).
2 Je n'ai ni faute d'yeux ni faute de courage (…)
Corneille, Rodogune, IV, 6.
♦ ☑ Vieilli et littér. Faire faute : être en moins, faire défaut. ⇒ Manquer. || Ses conseils nous font faute (Littré).
2.1 — Ah ! mes pauvres amis, murmura d'Artagnan, où êtes-vous ? et que vous me faites faute !
A. Dumas, les Trois Mousquetaires, t. II, p. 481.
♦ ☑ Vx. Faire faute à…, de… : manquer à… — ☑ Vieilli. Se faire faute de… : s'abstenir de… — REM. Cette locution est encore employée à la forme négative. || Il ne se fit pas faute d'en parler : il ne manqua pas, il ne se priva pas d'en parler. || Ne pas se faire faute d'une chose. ⇒ User.
3 De lui sourire au retour ne fit faute (…)
La Fontaine, Contes, « Les Rémois ».
4 (…) plusieurs des personnes qui lui parlaient avec douceur, lorsqu'elle les rencontrait, ne se faisaient pas faute de la rudoyer dans leurs conversations entre elles (…)
J. Green, Léviathan, I, IX.
♦ ☑ Loc. prép. (1636). Cour. Faute de : par manque de… ⇒ Défaut (à défaut de), lieu (au lieu de…). || Il n'a pas pu partir en voyage, faute d'argent. || Il est mort, faute de secours, faute de médicaments. — ☑ Prov. Faute de grives, on mange des merles. — ☑ Faute de mieux, il s'en contentera. — ☑ Faute de quoi… → Sans quoi (⇒ Autrement, sinon). — Faute de, suivi de l'inf. || Faute de savoir danser (cit. 3). || Être affaibli faute de manger (→ Atténuer, cit. 1).
5 Et le combat cessa faute de combattants.
Corneille, le Cid, IV, 3.
6 Faute de cultiver la nature et ses dons
Ô combien de Césars deviendront Laridons !
La Fontaine, Fables, VIII, 24.
7 Savez-vous, Vicomte, pourquoi je ne me suis jamais remariée ? Ce n'est assurément pas faute d'avoir trouvé assez de partis avantageux (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre CLII.
8 Philippe (…) fut arrêté, puis relâché, faute de preuves (…)
Balzac, la Rabouilleuse, t. III, p. 876.
9 Vous m'excuserez de vous écrire sur ce vilain papier, faute de papier à lettre.
Sainte-Beuve, Correspondance, 305, 11 août 1833, t. I, p. 376.
10 (…) leur petit logis triste, auquel tous deux commençaient cependant à s'attacher, faute de mieux, pour l'avoir un peu longtemps habité ensemble (…)
Loti, Matelot, LII.
11 Faute d'y être passés, ils ne peuvent pas savoir à quoi ils condamnent des accusés.
M. Aymé, la Tête des autres, I, 11.
♦ ☑ Loc. adv. (1650). Sans faute : à coup sûr, immanquablement. || Je viendrai sans faute. || À cinq heures, sans faute. → l'homonyme Sans-faute.
12 Je serai sans faute à Paris mercredi (…)
Bossuet, Lettre sur l'affaire du quiétisme, 458.
13 Venez à neuf heures sans faute.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VI, p. 69.
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II Le fait de manquer à ce qu'on doit.
1 Manquement à la règle morale; mauvaise action. ⇒ Attentat, crime, délit, démérite, erreur (4.), excès, faiblesse, forfait, inconduite, infraction, méfait. → Écart de conduite, faux pas. || Commettre (cit. 2), faire une faute. ⇒ Faillir, fauter (fig.); broncher, glisser; coupable. || Commettre une faute contre l'honneur, la foi jurée. ⇒ Trahir, transgresser, violer. || Être complice d'une faute. || Faute commise plusieurs fois. ⇒ Rechute, récidive. || Avouer (cit. 24), confesser (cit. 7) sa faute. ⇒ Aveu (cit. 17), confession; tort. — ☑ Prov. Faute avouée est à moitié pardonnée. — S'accuser, être accusé d'une faute. → Accusation, cit. 10. || Gravité d'une faute. || Faute légère, vénielle (⇒ Peccadille), faute pardonnable, réparable; faute grave, impardonnable. || Faute qui ternit la réputation. ⇒ Tache. || Admonester, châtier, punir qqn pour une faute (⇒ Châtiment, peine, punition). || Châtiment assorti (cit. 21) à une faute. || Excuser, pardonner une faute. || Avoir de l'indulgence pour les fautes de qqn. || Passer sur une faute. || Atténuer (cit. 7, 8) les conséquences de ses fautes. || Sentir la portée (cit. 12) de sa faute. || Pallier une faute (→ Combattre, cit. 5). || Avoir le regret de ses fautes. ⇒ Regret, repentir, résipiscence. || Expier, réparer ses fautes. || S'amender, se corriger de ses fautes. || Ratiociner sur ses fautes (→ Argument, cit. 8). || Oublier aisément (cit. 2) ses fautes. || Aggraver sa faute. — ☑ En faute. || Prendre, surprendre qqn en faute (→ Astuce, cit. 1). || Se sentir pris en faute. || Être en faute (→ Châtiment, cit. 4).
14 Envers nos citoyens je sais quelle est ma faute (…)
Corneille, Cinna, III, 2.
15 Il est pénible à un homme fier de pardonner à celui qui le surprend en faute (…)
La Bruyère, les Caractères, IV, 67.
16 Il est inexorable à celui qui sans dessein l'aura poussé légèrement, ou lui aura marché sur le pied : c'est une faute qu'il ne pardonne pas.
La Bruyère, Discours sur Théophraste, « De la brutalité ».
17 Elle a pu se repentir d'avoir commis la faute, mais non pas désirer d'en revenir.
Rousseau, les Confessions, II.
18 Il me questionnait de l'air d'un homme sûr de me prendre en faute, et puis souriait malignement.
Rousseau, les Confessions, IV.
19 Ainsi, de fautes en pardons, et d'erreurs en excuses, je passerai ma vie à mériter votre indulgence par la bonne foi naïve avec laquelle je reconnaîtrai les unes en vous présentant les autres.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, Lettre sur la critique.
20 Puis il se demanda : (…) Si, ensuite, la faute commise et avouée, le châtiment n'avait pas été féroce et outré (…)
Hugo, les Misérables, I, II, VII.
21 (…) elle était sévère pour les autres; elle n'admettait aucune faute, ni presque aucun travers.
R. Rolland, Jean-Christophe, Antoinette, p. 833.
♦ ☑ Allus. hist. C'est pire qu'un crime, c'est une faute. ⇒ Crime, cit. 10.
♦ Spécialt (vieilli). Relations sexuelles en dehors du mariage. || Femme, fille qui a fait une faute, qui s'est laissé séduire. ⇒ Fauter; (fig.) chute, faiblesse, glissade, pas (faux pas).
22 Mais le trouble qui suit une première faute lui gâta son plaisir.
France, le Mannequin d'osier, VII, Œ., t. XI, p. 316.
♦ Relig. Manquement à la morale, aux prescriptions d'une religion. ⇒ Coulpe, péché. || Faire une faute. ⇒ Pécher. || Les fautes du chrétien, du croyant (cit. 8). || Tomber en faute. ⇒ Chute. || Confesser (cit. 1) sa faute. ⇒ Confession (cit. 2), confiteor. || Se repentir d'une faute, attrition, contrition (cit. 3), d'une, pour une faute. ⇒ Mea-culpa, peccavi. || Faire une pénitence pour une faute. || Prêtre qui absout les fautes d'un pécheur, ses fautes; absolution des fautes.
23 Vous qui semblez, en retenant une partie de vos fautes, ne dire l'autre que pour apaiser les remords de votre conscience.
Fléchier, Oraison funèbre de Madame la Dauphine.
24 La vie, perdue dans la faute, se retrouve dans l'expiation.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », V, p. 245.
25 (…) non ! le fils de l'impie ne sera pas châtié pour les fautes de son père !
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, p. 272.
♦ Absolt. || La Faute : le péché commis par Adam et Ève et qui les fit chasser du Paradis terrestre.
2 Dr. et cour. Acte ou omission constituant un manquement à une obligation contractuelle, soit à une prescription légale, soit à l'obligation de se comporter avec diligence et loyauté envers autrui. || Faute positive. ⇒ Fait. || La faute peut être intentionnelle ou non; elle suppose le discernement et oblige son auteur à réparer les effets qu'elle a pu avoir sur autrui (⇒ Dommage; responsabilité). || Faute civile, engageant la responsabilité civile de son auteur. || Faute contractuelle. — Faute délictuelle : faute non contractuelle; faute intentionnelle (par oppos. à faute quasi délictuelle; → Délit et quasi-délit).
26 La faute contractuelle consiste (…) dans le fait de la part d'un débiteur de n'avoir pas exécuté l'obligation à laquelle il était astreint par le contrat le liant à son créancier. La faute délictuelle consiste à causer un préjudice à autrui, préjudice autre que celui résultant de l'inexécution d'une obligation, et cela, soit par méchanceté et intention de nuire, soit par simple manquement aux précautions que la prudence doit inspirer à un homme diligent.
A. Colin et H. Capitant, Cours élémentaire de droit civil franç., t. II, p. 379.
♦ Faute dolosive. ⇒ Dol. || Faute objective (ou in abstracto) : faute appréciée par rapport à l'attitude normale de l'homme envers ses semblables. || Faute subjective (ou in concreto), appréciée par rapport à la conduite de l'auteur de la faute dans ses propres affaires. || Faute lourde, légère, très légère. || Faute inexcusable : faute très lourde, en matière d'accidents de travail. || Faute commune, faute où le dommage a été causé par l'auteur et par la victime. Dr. admin. || Faute de service. || Faute personnelle, commise par l'agent administratif dans l'exercice de ses fonctions, mais considérée comme détachable du service. || La faute personnelle engage la responsabilité pécuniaire personnelle de son auteur. || Faute du Service Public. — Dr. pén. « Manquement au devoir, imputable à l'auteur d'une action ou d'une omission et en considération duquel cette action ou cette omission est érigée en infraction » (Capitant, Vocabulaire juridique). Spécialt. ⇒ Imprudence, négligence. || La faute s'oppose au dol, à l'intention délictueuse ou criminelle. || Être inculpé (⇒ Inculpation), condamné pour une faute (⇒ Amende, condamnation, peine). || Exemples de fautes : homicide par imprudence, blessures et coups involontaires, etc.
3 Manquement à une règle, à un principe, dans une discipline intellectuelle, un art, etc. ⇒ Erreur; dérogation, inexactitude, irrégularité, omission. || Lourde faute, faute grossière. || Faute commise par bêtise (⇒ Ânerie, bêtise, imbécillité; fam. connerie, couillonnade). || Faute faite par étourderie, inadvertance, inattention, maladresse, négligence. — Fautes de langage. ⇒ Incorrection; barbarisme, solécisme; lapsus. || Il y a de nombreuses fautes dans ce texte. ⇒ Défaut, imperfection. || Faute d'orthographe, de grammaire, de syntaxe. || Faute de calcul. || Faute d'euphonie (→ Euphonique, cit. 1). || Faute de prononciation. ⇒ Cuir, pataquès. || Faire des fautes de français. || Faute de style (→ Exactitude, cit. 5). ⇒ Faiblesse, lourdeur, maladresse, négligence. — Absolt. || Faire cinq fautes dans une dictée. || Fautes dans une version (→ Faux sens, non-sens). — Faute d'harmonie dans une composition musicale. || Faute contre la justesse du dessin (→ Élégance, cit. 1). || Faute de perspective. — Faute de frappe. || Ce texte dactylographié est rempli de fautes. || Faute d'impression, faute typographique. ⇒ Coquille (cit. 10). || Livre, édition remplie, pourrie, truffée de fautes, qui fourmille de fautes. || Liste de fautes. ⇒ Erratum (cit.). || Corriger (cit. 9) les fautes. ⇒ Correction. — Faire des fautes, au bridge, aux échecs.
27 (…) après avoir (…) corrigé mille sortes de fautes infinies procédant de l'imprimerie (…)
Clément Marot, Préface à la 1re édition (1538).
28 (…) ces petits lecteurs poétastres, qui ont les yeux si aigus à noter les frivoles fautes d'autruis, le blâmant pour un A mal écrit, pour une rime non riche, ou un point superflu, et bref, pour quelque légère faute survenue en l'impression (…)
Ronsard, Odes, Au lecteur.
29 On peut être un très bon auteur avec quelques fautes, mais non avec beaucoup de fautes.
Voltaire, Lettres sur les Anglais, XXIV.
30 Ma méthode (…) est de faire imprimer sous mes yeux, et de corriger à chaque feuille ce que je trouve de défectueux dans le style (…) On voit mieux ses fautes quand elles sont imprimées.
Voltaire, Lettre à Lacombe, 3161, 7 août 1767.
31 Seule Françoise, son ouvrage tombé sur les genoux, regardait Caporal, étonnée de ce qu'il lisait sans faute et si longtemps.
Zola, la Terre, I, V.
32 (…) elle (une édition des Nourritures terrestres) est richement émaillée de fautes typographiques grossières, rendant parfois des phrases incompréhensibles ou ridicules. « Planètes » pour « plantes »; « pics » pour « pins » (…) etc.
Gide, Journal, 11 juil. 1943.
33 Quinette relit ce billet (…) N'y a-t-il pas trop de fautes d'orthographe ?
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XIX, p. 210.
34 Adrienne la revoyait en train de faire réciter les leçons, le livre à la main, guettant les fautes des élèves avec un mauvais sourire, et elle entendait cette pauvre voix grêle et triomphante qui criait : « Trois fautes ! vous m'apprendrez vingt vers de plus ! »
J. Green, Adrienne Mesurat, IV.
♦ Par ext. || Faute de goût, de jugement. || Faute contre la vraisemblance, dans un récit.
34.1 Mon petit, m'écrivait Robert, je reconnais que des mots comme « passeront pas » ou « on les aura » ne sont pas agréables; ils m'ont fait longtemps aussi mal aux dents que « poilu » et le reste, et sans doute c'est ennuyeux de construire une épopée sur des termes qui sont pis qu'une faute de grammaire ou une faute de goût (…)
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 752.
REM. Le tour une faute d'inattention, « une faute due à l'inattention », est parfaitement correct (cf. Hanse, Georgin, Pour un meilleur français, p. 190); il ne doit pas être confondu avec faute d'attention au sens de « par manque d'attention » (→ ci-dessus, I.). On pourrait écrire : Faute d'attention, il a commis plusieurs fautes d'inattention.
♦ Sports. Erreur technique, manquement aux règles entraînant une sanction. || Faute de pied, de service, au tennis. || Double faute. Absolt. || Faute ! → Out (anglic.). || Faute technique (au basket). || Parcours hippique effectué sans faute. Ellipt. || Un sans faute. ⇒ Sans-faute.
4 Manière d'agir maladroite ou fâcheuse; défaut d'habileté, de prudence. ⇒ Erreur (I., 6.). || Faute qui aboutit à un échec (cit. 5). || Rejeter la responsabilité d'une faute sur quelqu'un (→ Acariâtre, cit. 2). || Cacher, camoufler (cit. 1) ses fautes. || Découvrir les fautes de qqn (→ Attendre, cit. 111). || Attribuer (cit. 15) son échec à sa propre faute. || Les fautes commises par un État, un gouvernement en matière diplomatique. || Faute de stratégie, de tactique. — Faute en matière de savoir-vivre. ⇒ Bévue, brioche (fam.), gaffe, incongruité, lourderie, maladresse.
35 Vous savez sans doute notre déroute de Gigeri, et comme ceux qui ont donné les conseils veulent jeter la faute sur ceux qui ont exécuté (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 54, 17 nov. 1661.
36 Toutes les passions nous font faire des fautes, mais l'amour nous en fait faire de plus ridicules.
La Rochefoucauld, Maximes, 422.
37 Les plus expérimentés dans les affaires font des fautes capitales.
Bossuet, Oraison funèbre de la reine d'Angleterre.
38 Les fautes des sots sont quelquefois si lourdes et si difficiles à prévoir, qu'elles mettent les sages en défaut, et ne sont utiles qu'à ceux qui les font.
La Bruyère, les Caractères, XI, 62.
♦ Allus. historique :
39 Lorsque Thiers (…) montrait le danger d'une grande Allemagne unie par la Prusse, lorsqu'il lançait son mot si souvent répété : « Vous n'avez plus une faute à commettre », l'avertissement venait trop tard.
J. Bainville, Hist. de France, XX, p. 498.
5 (Dans des expressions). a (Avec un possessif). Responsabilité d'une action coupable, maladroite ou regrettable, et, par ext., de toute action. || C'est sa faute, c'est bien sa faute s'il lui est arrivé malheur. → Il l'a voulu. || C'est sa faute si son fils a fait cela. ⇒ Cause (à cause de lui). Par ext. || Ce n'est vraiment pas sa faute s'il a si bien réussi. → Il n'y est pour rien; il n'a pas à s'en vanter.
40 Si vous fussiez tombé, l'on s'en fût pris à moi;
Cependant, c'était votre faute.
La Fontaine, Fables, V, 11.
41 Je vais encourir bien des reproches. Mais qu'y puis-je ? Est-ce ma faute si j'eus douze ans quelques mois avant la déclaration de la guerre ?
R. Radiguet, le Diable au corps, p. 7.
♦ C'est de sa faute. — REM. Quoique condamnée par certains puristes, cette tournure est entrée dans la langue littéraire depuis le XIXe s. A. Bottequin (les Subtilités de langue, p. 166) et Grevisse (p. 780) en donnent de très nombreux exemples, tirés de Hugo, Veuillot, Flaubert, Maupassant, France, Gide, Giraudoux, Mauriac, Montherlant, etc.
42 Ah ! tout est de ma faute !
Hugo, Le roi s'amuse, V, 4.
43 — Mille pardons, monsieur le curé, dit M. Charles, qui crut devoir expliquer les choses en homme de belle éducation. C'est de notre faute, sans l'être…
Zola, la Terre, III, VI.
♦ Fam. || C'est sa faute, c'est bien sa faute. — Enfantin. || C'est pas ma faute, c'est ma petite sœur !
b La faute de qqn. || Il y a de la faute de… : une part de la responsabilité en revient à…
44 C'est pourtant un brave homme, ce Mazelier. Il n'y a peut-être pas de sa faute s'il ne vous paye pas (…)
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « Le bac ».
♦ Par la faute de… || C'est arrivé par la faute de son frère, par sa faute.
45 Le bonheur parfait n'est pas sur la terre, mais le plus grand des malheurs et celui qu'on peut toujours éviter, est d'être malheureux par sa faute.
Rousseau, Émile, II.
46 On devinait bien, à ses plaintes, que cette femme était malheureuse par la faute du mari (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 164.
REM. Dans ces expressions, le nom complément déterminatif de faute est introduit par de (c'est la faute, c'est de la faute de son frère).
47 Les bévues ne sont point pour nous; et c'est toujours la faute de celui qui meurt.
Molière, le Médecin malgré lui, III, 1.
48 Il y a une première fleur d'agrément et de vivacité dans l'amour, qui passe insensiblement, comme celle des fruits; ce n'est la faute de personne; c'est seulement la faute du temps.
La Rochefoucauld, Réflexions diverses, « De l'inconstance ».
♦ Pop. || La faute à…
49 On est laid à Nanterre,
C'est la faute à Voltaire,
Et bête à Palaiseau,
C'est la faute à Rousseau.
Hugo, les Misérables, V, I, XV.
REM. C'est la faute à… ne doit pas être confondu avec les tournures où à renforce un possessif.Est-ce ma faute, à moi ? (→ Brutaliser, cit.). On peut dire de même : À qui la faute ? La faute en est, est à… (→ Caronade, cit. 1).
50 (…) ce n'est pas tout à fait leur faute, à ces enfants (…)
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « Mauvais zouave ».
51 (…) elle pensait avoir réduit au désespoir ce pauvre M. Léniot. Mais était-ce de sa faute, à elle ?
Valery Larbaud, Fermina Marquez, XVIII, p. 214.
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CONTR. Abondance, excès, pléthore, quantité; présence. — Bienfait, mérite. — Exactitude; correction, justesse, perfection. — Exploit, prouesse.
DÉR. et COMP. Fauter, fautif. Sans-faute.
Encyclopédie Universelle. 2012.