toi [ twa ] pron. pers. et nominal ♦ Pronom personnel (forme tonique) de la 2e pers. du sing. et des deux genres, qui représente la personne à qui l'on s'adresse. ⇒ tu; pop. tézigue. I ♦ A ♦ Sans prép. (sujet ou compl.)
1 ♦ Compl. d'un verbe (pron.) à l'impér. « Aide-toi, le ciel t'aidera » (La Fontaine). Dépêche-toi. Dis-toi bien... REM. Devant en et y, toi s'élide en t'. ⇒ te. Garde-t'en bien. Mets-t'y (pop. mets-toi-z'y).
2 ♦ Suivi d'un verbe à l'inf. (« vocatif ») Toi, nous quitter en ce moment ? ( ACADÉMIE ). — (Sujet d'un participe) « Toi parti, j'ai couru ici pour te revoir encore » (H. Bordeaux). — (Sujet d'une propos. elliptique) « C'est moi. — Qui, toi ? » (Zola) . « Moi d'abord, toi ensuite » (Mérimée).
3 ♦ Sujet ou compl., coordonné à un nom, un pron. — (Sujet) Toi ou moi (nous) irons; toi ou lui (vous) irez. Nous deux, toi et moi... « Il n'y a que toi pour y voir clair » (A. Gide). — (Compl.) Pour tes parents et toi. — (Dans une phrase compar.) Il est plus gentil que toi. Un autre que toi.
4 ♦ Renforçant le pron. « Et toi, tu n'as pas le droit de me juger » (Sartre). « de quelle école sors-tu donc, toi ? » (Balzac). — (Compl.; renforçant le pron. compl. te) « T'épouser, toi, mais tu es folle ! » (Cocteau).
5 ♦ TOI QUI..., suivi du verbe à la 2e pers. du sing. « Toi l'étranger qui sans façon D'un air malheureux m'as souri » (Brassens). — TOI QUE... « Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais » (Baudelaire). « Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, De ta jeunesse ? » (Verlaine). — Toi dont, à qui, pour qui...
6 ♦ (En fonction de vocatif) Hé toi, viens avec moi. « Toi Louis ! il t'arrivera malheur » (Apollinaire). « Et maintenant, toi, Hortense, couche-toi ! » (Courteline).
7 ♦ TOI, attribut. « Oui, te voilà, c'est toi, ma blonde, C'est toi, ma maîtresse et ma sœur ! » (Musset). — Si j'étais toi... : à ta place. — (Suivi d'une relative) « Hippolyte ? Grands dieux ! — C'est toi qui l'as nommé » (Racine).
B ♦ Précédé d'une prép. Prends garde à toi. Malheur à toi. — Après, avant toi. Chez toi. Je suis content de toi. « Sous tous ces noms divers, je crois en toi, Seigneur » (Lamartine). Sans toi. — (Renforçant le poss. ton) « Tes questions à toi » (Romains).
C ♦ (Renforcé) TOI-MÊME. Connais-toi toi-même. — TOI SEUL. « Toi seule es jeune, ô Cora; toi seule es pure, ô vierge » (Renan). Toi aussi. Toi non plus.
II ♦ N. m. inv. « Au diable ton “moi” ! Pense donc un peu au “toi” ! » (R. Rolland), à autrui. — Être à tu et à toi avec qqn.
⊗ HOM. Toit.
● toi pronom personnel accentué de la 2e personne du singulier (latin te) S'emploie dans toutes les fonctions et positions des pronoms personnels toniques (apposition à tu, sujet d'infinitif ou de participe, après une préposition, après c'est, dans les phrases sans verbe, comme complément postposé d'un impératif) : Je n'irai pas sans toi. Regarde-toi. Peut être renforcé par même, auquel il est lié par un trait d'union : Par toi-même. À toi, équivaut dans certaines constructions à un possessif : C'est un ami à toi ? ● toi (citations) pronom personnel accentué de la 2e personne du singulier (latin te) Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 Rien ne me paraît plus faux que la maxime socratique : Connais-toi toi-même. Le vrai moyen de connaissance serait plutôt : Oublie-toi toi-même. Mémoires improvisés Gallimard René Daumal Boulzicourt, Ardennes, 1908-Paris 1944 Ne cesse pas de reculer derrière toi-même. Le Contre-ciel Gallimard Marcel Schwob Chaville 1867-Paris 1905 Bâtis ta maison toi-même et brûle-la toi-même. Le Livre de Monelle Mercure de France ● toi (difficultés) pronom personnel accentué de la 2e personne du singulier (latin te) Accord Toi qui. L'accord se fait à la deuxième personne, comme avec tu : toi qui aimes Mozart (et non toi qui aime). Emploi Après un verbe à l'impératif ayant pour complément en ou y, toi s'élide en t' : souviens-t'en, mets-t'y, jette-t'y (et non : souviens-toi-z-en, mets-toi-z-y, jette-toi-z-y). ● toi (homonymes) pronom personnel accentué de la 2e personne du singulier (latin te) toit nom masculin
toi
Pron. pers. Forme tonique de la 2e pers. du Sing. des deux genres qui indique la personne à qui l'on s'adresse.
d1./d Complément d'objet après un impératif (Pron.). Gare-toi à gauche. Laisse-toi aller.
d2./d (Sujet d'un v. à l'infinitif.) Toi, ne pas lui pardonner?
— (Avec un infinitif de narration.) Et toi de poursuivre, comme si de rien n'était.
d3./d (Sujet d'un participe.) Toi riant, il fallait que je reste sérieux.
d4./d (Sujet coordonné avec un nom ou avec un autre Pron.) Yves et toi le ferez.
d5./d (Complément coordonné.) Vous, je veux dire ta femme et toi.
d6./d (Sujet, renforçant tu.) Toi, tu devras le faire.
— (Renforçant le Pron. atone te.) Je te le dis à toi. Il t'aime toi.
d7./d (Complément indirect après une préposition.) C'est à toi. L'idée est de toi.
d8./d (Forme renforcée.) Toi-même, tu ne sais rien. Toi seul es maître à bord.
d9./d Toi qui... Toi qui sais tout, dis-moi...
— Toi que... Toi que j'aime. (N.B. Devant en et y, toi devient t' . Va-t'en. Il faut t'y faire.)
⇒TOI, pron. pers.
Pronom personnel tonique de la deuxième personne du singulier; permet au locuteur de situer le procès en dehors de lui-même et de le rapporter à un interlocuteur qu'il désigne comme sujet ou comme objet.
I. — Pron. prédicatif
A. — Empl. prép. [Après une prép. (ou après une loc. prépositive) à l'exception des prép. temp. dès, durant, pendant, passé, aussitôt] — C'est que je voudrais ne pas te fâcher. — Si tu gardes tes questions par-devers toi, je me fâcherai bien davantage (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1151):
• 1. Aucun de mes serviteurs, hors toi, ne doit passer la nuit dans l'hôtel. Tu leur remettras les gages de trois années, et qu'ils se retirent. — Puis, tu fermeras la barre du portail; tu allumeras les flambeaux en bas, dans la salle à manger; tu nous suffiras. — Nous ne recevrons personne à l'avenir.
VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 27.
1. À toi
a) [Toi fournit le cas régime prép.]
— [des verbes ou des loc. verb. constr. avec la prép. à (je pense à toi)] Robert donne le change à l'abbé, à ta mère, à toi, et, je le crains bien, à lui-même, ce qui est encore plus grave! (GIDE, École femmes, 1929, p. 1263). J'ai pensé à toi beaucoup plus souvent qu'au mètre de platine. Il n'y a pas de jour où je n'aie pensé à toi. Et je me rappelais distinctement jusqu'au moindre détail de ta personne (SARTRE, Nausée, 1938, p. 175).
— [des verbes à double constr.]:
• 2. Et pourtant, ce n'est pas la joie insidieuse
D'une aimable couleur
Qui me rattache à toi, mais l'ombre pluvieuse
Qui te vêt de malheur:
C'est par elle qu'ainsi le sens de ma nature
Au tien a répondu,
Elle qui d'Apollon l'esprit plein d'imposture
A du coup confondu.
MORÉAS, Stances, 1901, p. 122.
— [des verbes réfl.]
♦ [Toi est renforcé par même] Il aura donc fallu que tu inventes un langage pour te parler à toi-même (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1935, p. 12).
♦ [Le verbe réfl. est conjugué à une pers. autre que la seconde (nous nous présenterons à toi, ils se présenteront à toi)] Elles s'habitueront à toi. Elles ne piquent que ceux qui ont de mauvaises idées en tête (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 33). Bah! Tu m'as toujours eu l'air d'un brave homme. Autant m'en rapporter à toi là-dessus (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 5e tabl., 2, p. 1694).
b) [Dans des formules de bienvenue, de salutation] Embrasse tes fils de ma part et à toi, ma chère Laure, avec deux très longues poignées de main, la meilleure pensée de ton vieil ami (FLAUB., Corresp., 1863, p. 74). Si intéressant est le défilé des fantômes. « Salut, à toi! salut! (...) » (JACOB, Cornet dés, 1923, p. 36).
c) [À toi marque le terme d'un mouvement (je vais à toi)] Tu m'interroges comme l'on interroge le voyageur. Moi qui éprouve, comme chacun, le besoin d'être reconnu, je me sens pur en toi et vais à toi (SAINT-EXUP., Lettre otage, 1943, p. 404). Ma gratitude, mon amour sont donc allés à toi, qui habitais ma maison, que j'ai vu partir si souvent dans la nuit pour prendre un avion qui n'était jamais là (MAURIAC, Mal Aimés, 1945, p. 151).
d) [Empl. après le verbe être, à toi marque l'appartenance (c'est à toi)] À présent je te félicite!... Tu vas entrer dans la vie!... L'avenir est à toi!... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 158):
• 3. — Ça suffit? — Bien sûr. Quand tu trouves un diamant qui n'est à personne, il est à toi. Quand tu trouves une île qui n'est à personne, elle est à toi. Quand tu as une idée le premier, tu la fais breveter: elle est à toi. Et moi je possède les étoiles, puisque jamais personne avant moi n'a songé à les posséder.
SAINT-EXUP., Pt Prince, 1943, p. 450.
e) [Empl. dans les tours présentatifs c'est à toi de..., c'est à toi que...] Le monde où je te place ne fut pas fait pour toi, et cependant je t'en accorde l'usage; tu le trouveras mêlé de biens et de maux: c'est à toi de les distinguer; c'est à toi de guider tes pas dans des sentiers de fleurs et d'épines (VOLNEY, Ruines, 1791, p. 41). Ils sont auprès d'une pyramide, et j'y lis le nom de l'éloquent et généreux Malesherbes. C'est à toi qu'elle est consacrée, ministre du plus vertueux des rois, défenseur du meilleur des hommes (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1621).
— [Avec ell. du verbe] À toi seulement de veiller à ce qu'il ne tire pas à lui, après, toute la couverture (BENOIT, Atlant., 1919, p. 58). Alors, M. Paul crie: « À toi, Dantès! » La bête revient, tente une autre issue: « À toi, Piquemil. » Nouveau retour, nouvel avertisse-ment: « À toi! Taillemagre! » (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 9).
f) [À toi marque la possession (un disque à toi) ou la renforce (ton disque à toi)] Enfin, la vieillesse, ta vieillesse à toi, vieux lion au milieu des crinières des ânes! (BLOY, Journal, 1904, p. 230). C'est dans tes rêves à toi que mon visage grimace, quand tu crains la foudre cent fois méritée. Tu t'éveilles par la terreur même, et tu reconnais mon vrai visage, mon rassurant visage, qui ne blâme ni ne menace (ALAIN, Propos, 1929, p. 875):
• 4. — Je voudrais parler à Laurence Decoin. Alors son interlocuteur devint presque féroce. — Et encore quoi?... De la part de qui, s'il vous plaît, jeune homme?... — D'un ami... — Vraiment?... Laurence!... cria-t-il à la cantonnade. Viens ici, que je te présente un ami... Un ami à toi, paraît-il...
SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 65.
g) [Entrant dans la constr. de nombreuses loc.]
♦ Être à tu et à toi
♦ Libre à toi. Inutile, Simon, de t'encourager au travail. Ou tu travailleras, ou tu te passeras de pain. Cela est ton affaire et je ne m'en mêlerai plus. S'il te plaît de mourir au pied d'une borne kilométrique couvert de haillons, libre à toi (GIRAUDOUX, Simon, 1926, p. 7).
♦ Gare à toi. Tant que Mars sommeille, cela prouve que vous ne le piquez pas bien avant; si vous enfoncez la pointe, eh bien, voilà qu'il s'éveille, ce roi des dieux et des hommes. Gare à toi, fantassin! Je mesure le dieu; et même je l'admire (ALAIN, Propos, 1922, p. 421).
♦ Quant à toi. — Les timides! Je commence à les connaître. Il y en a qui sont incurables, même par la méthode des exercices. Ce sont les sadiques de la timidité. Ils doivent y prendre plaisir. D'autres sont de faux timides. Une leçon, deux leçons, et ils deviennent comme des lions. Vous ne dites rien, mes garçons. — J'écoute, fit Joseph, bourru. Je ne pense pas, en tout cas, que ce n'est pas intéressant. — Et quant à toi, Laurent, poursuivit le docteur, tu juges sûrement que tout cela ce n'est pas très scientifique (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 46).
2. De toi
a) [Empl. comme attribut (l'idée est de toi)] — C'est de toi, ces jolis vers? — Penses-tu! — dit-elle gaminement (GIDE, Geneviève, 1936, p. 1407).
b) [Empl. comme compl. de l'adj. (las de toi)] Je... vais... recommencer... parce que... parce que... je suis fou de vous... de toi... Célestine... parce que je ne pense qu'à ça (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 86).
c) [Empl. comme compl. de nom, à la place de l'adj. possess. quand celui-ci n'est pas de mise (voici une belle lettre de toi)] J'ai pensé que cette petite croix que tu aimais, une fille de toi la porterait un jour en souvenir de moi, oh! sans savoir de qui... Et peut-être pourrais-tu aussi lui donner... mon nom... (GIDE, Porte étr., 1909, p. 577). Aimer en d'autres le peu de toi qu'elles contiennent (MAUROIS, Climats, 1928, p. 139).
d) [Empl. avec des verbes constr. à l'aide de la prép. de (je m'éloigne de toi)] La nuit de ton arrivée à Alexandrie on m'a parlé de toi; et depuis il ne s'est pas écoulé un seul jour où l'on ne m'ait prononcé ton nom (, Aphrodite, 1896, p. 50). Cher pays, cher pays, jamais je ne douterai de toi! (ROLLAND, J.-Chr., Maison, 1909, p. 986). Depuis ce sombre enfant que j'étais là-bas, C'est à peine si je me souviens de toi (JOUVE, Trag., 1922, p. 49).
e) [Comme point de départ d'un mouvement, d'une relation] Pardonne, acacia, c'est vrai, je tombe dans la même erreur, je veux créer un rapport des poètes à toi, il n'y en a pas, mais il y en a de toi sur les poètes, vous les inspirez (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1898, p. 47).
— [Avec mise en relief par c'est... que] Car si j'ai un peu de bonheur à ramasser dans ce désert, c'est de toi qu'il me viendra, de toi seule! (LENORMAND, Simoun, 1921, 4e tabl., p. 47).
3. Chez toi. Dans ta maison, dans ton foyer, dans ton pays. J'apporterais bien l'habit dans un paquet pour m'habiller chez toi, et repasser ma redingote en sortant, sacrebleu, ne ris pas, mais il n'y a que toi pour me plonger dans des situations pareilles (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1869, p. 125). Qu'est-ce que tu fais chez toi? (LAVEDAN, Beaux dimanches, Paris, Calmann Lévy, 1898, p. 160).
4. Littér. [Toi, précédé des prép. à, de, par, est placé devant un part. passé ou un adj.] Vertu de l'idéal, c'est toi qui donnes la victoire aux faibles, par toi devenus forts (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 395):
• 5. Près des sources, sous les branches,
Que n'es-tu pas occupé
Du matin au soir à faire
Résonner comme naguère
Un roseau par toi coupé!
MORÉAS, Iphigénie, 1900, II, 1, p. 54.
B. — [En fonction de suj. prédicatif]
1. [Toi est obligatoirement repris par le pron. conjoint tu] Toi, qui m'as rendu malheureux (s'il est vrai que j'aie été aimé!), peut-être un jour verras-tu cette histoire: je n'y ai dit que l'exacte vérité (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 128). Toi, tu ne sais rien, lui dit du Tillet (BALZAC, Mais. Nucingen, 1838, p. 647). Toi, Laurent, tu n'es pas homme à te dérober devant le devoir (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 22).
2. [Tu peut cependant ne pas être exprimé]
a) [lorsque toi est renforcé par même, seul et aussi] Toi seule ne passes pas, immortelle musique. Tu es la mer intérieure. Tu es l'âme profonde (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1431). Être aimé, c'est avoir la certitude qu'il y a au monde quelqu'un en qui toujours tu pourras te reposer, quelqu'un qui t'aimera encore quand toi-même ne pourras plus te supporter, quand toi-même ne pourras plus t'aimer (GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1938, p. 103):
• 6. ... il m'en parla, tout autrement qu'il désirait m'entendre parler du sien: « J'ai su que toi aussi, me dit-il, avais fait un article. Mais je n'avais pas cru devoir t'en parler, craignant de t'être désagréable, car on ne doit pas parler à ses amis des choses humiliantes qui leur arrivent (...) ».
PROUST, Fugit., 1922, p. 590.
Rem. L'usage de toi-même et de toi seul, sans la forme conjointe tu auprès du verbe, semble cour. mais littér.; la reprise, même dans le cas où toi-même ou toi seul précèdent le verbe, est également fréq.: Toi-même, tu le disais: il faut que ça pète! (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1340).
b) [lorsque toi est empl. en coordination avec un autre pron. prédicatif ou avec un subst.] « C'est vrai, Catherine, » insista l'officier, « que le professeur et toi avez organisé l'ambulance idéale, dans ce décor de boiseries peintes, avec ce jardin si frais, ces beaux vieux arbres, ces pelouses vertes, ces massifs de fleurs sous toutes les fenêtres » (BOURGET, Sens mort, 1915, p. 56):
• 7. Nous deux, j'insiste sur ces mots, car aux étapes de ces longs voyages que nous faisions séparément, je le sais maintenant, nous étions vraiment ensemble, nous étions vraiment, nous étions, nous. Ni toi, ni moi ne savions ajouter le temps qui nous avait séparés à ce temps pendant lequel nous étions réunis, ni toi, ni moi ne savions l'en soustraire.
ÉLUARD, Donner, 1939, p. 44.
c) [En dehors de ces cas, l'omission du pron. conjoint est exceptionnelle (un élément tonique vient s'insérer entre toi et le verbe)] Des littérateurs... Non, me répondit-il, je n'aime pas, tu le sais, ces réunions nombreuses où l'on ne fait que causer; et je croyais que toi, de même y étouffais (GIDE, Paludes, 1895, p. 112). Oui, beaux yeux, si ma vue vous a laissé le même émoi, l'amour, l'amour parfait vivra, nous l'aurons engendré ensemble! Mais si toi, aveugle dieu, t'es servi de flèches différentes, ne te presse pas de triompher (CAMUS, Chev. Olmedo, 1957, I, p. 719).
3. [Empl. devant un part. ou un inf., toi est seul à pouvoir fournir le suj.] Il n'y a véritablement de problème que quand la tentation est reconnue, quand Jupiter et Alcmène sont face à face, « moi sachant ta vertu, toi sachant mon désir » (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 383):
• 8. M. de Coantré ne comprit pas la signification de ce grognement, qui était: « Toi, travailler! Tu ne trouveras rien, parce que tu es un incapable. Et tu retomberas sur les bras de mon frère Octave, et ce qu'il sera obligé de faire pour toi, ce sera autant qu'il ne fera pas pour moi. »
MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 748.
4. [Ne renforçant ni le suj., ni le régime, toi peut servir de thème] Voyons, reprit le jeune homme en souriant. Moi, c'est Jean..., Jean Lévesque. Et toi, je sais toujours bien pour commencer que c'est Florentine (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 10).
— [Placé devant ou derrière un inf., il peut également lui servir de thème] Tu m'as contraint d'être faible, pour pouvoir, toi, être fort (DUHAMEL, Deux hommes, 1924, p. 229).
C. — [En fonction d'attribut] Pourtant l'unité qui est toi te fuit et s'échappe: cette unité ne serait qu'un sommeil sans rêves si le hasard en disposait suivant ta volonté la plus anxieuse (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 147):
• 9. Je cherche les endroits où ta robe est allée,
Où flotte un souvenir de ta jupe envolée,
Où je retrouve encor dans l'air je ne sais quoi
Qui me fait palpiter le cœur, et qui fut toi.
SAMAIN, Chariot, 1900, p. 103.
D. — [Toi est empl. except. en fonction d'attribut de l'obj. ou bien de compl. d'obj. dir., ou encore de suj. réel] Et je t'en prie encore, si tu m'aimes [dit Blanche à Sibylle], appelle-moi toi, comme je t'appelle (FEUILLET, Sibylle, 1863, pp. 221-222). Sois tranquille, ce mot « bistro » N'attaque toi ni ton commerce, Pourquoi crier comme un blaireau? (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 17). De ces trois ans, dans ces pays, j'ai pas dit vingt mots de plus que le nécessaire pour se faire manger et boire. Il a fallu toi et aussi parce que c'est l'heure. Je vais tourner le dos à cette terre, je vais remonter à Baumugnes et, là-haut, c'est fini (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 27).
E. — Autres empl. appos. [Toi permet de mettre en relief]
— [Coordonné à un subst. ou à un autre pron. prédicatif, il peut être en appos. à vous ou à nous (on dans la lang. pop.) dont il facilite l'interprétation] Ni toi, ni moi, nous ne savons le nom de cette petite que Bonaparte emmena, par une nuit de novembre, dans sa chambre, à l'hôtel de Cherbourg (SCHWOB, Monelle, 1894, p. 10). Compositeurs, virtuoses, chefs d'orchestre, chanteurs, et toi, cher public, vous saurez une bonne fois qui vous êtes... Soyez tout ce que vous voudrez; mais par tous les diables! soyez vrais! (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 435). Rappelle-toi, me dit-il entre deux bouffées de pipe, quand toi et moi on est parti... On disait: « Au moins, on ne les fera pas nos trois ans! » (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 20).
— [Si le verbe est à l'impér. positif, le suj. n'est pas exprimé mais il est contenu dans le verbe de telle sorte que toi peut être interprété néanmoins comme une appos.] Il y avait des médecins pour les chiens, mais il n'y en avait pas pour elle. Crève donc, toi et ton petit! Elle se souvenait d'avoir donné un coup de main chez Mme Pichon, la dame d'en face, quand elle était accouchée (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 370).
— [La lang. parlée a conservé l'anc. usage de la forme disjointe toi non précédée de la prép. à et servant à accentuer le régime indir. te] Je me charge de Musique et toi je te confie Prouhèze (CLAUDEL, Soulier, 1929, 1re journée, 2, p. 657).
F. — [Empl. en apostrophe] La Princesse: Toi, je te reconnais, et toi! et toi! Le Quatrième, se levant précipitamment: Ouvrez-moi la place! Laissez-moi sortir! La Princesse: Reste, toi! Empêchez-le de sortir! (CLAUDEL, Tête d'Or, 1890, 2e part., p. 63). Bonjour, toi... Un peu pâlot, hein? Tu fais de l'anémie, mon garçon (ARLAND, Ordre, 1929, p. 52).
G. — [Empl. ell., toi est suj. ou régime]
1. [En prop. compar.] Pardon de t'interrompre, mais c'est que je ne suis pas aussi sûr que toi que l'intervention de Jeanne d'Arc ait été bonne pour la France (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 73):
• 10. À présent, elle a l'air de dire: « Oui? C'est cela que tu voulais? Eh bien précisément c'est ce que tu n'as jamais eu (rappelle-toi: tu te dupais avec des mots, tu nommais aventure du clinquant de voyage, amours de filles, rixes, verroteries) et c'est ce que tu n'auras jamais — ni personne autre que toi. »
SARTRE, Nausée, 1938, p. 58.
2. [En prop. exclam.] Avant qu'il eût parlé, elle vit dans son regard qu'il l'aimait et qu'il la demandait encore, et elle s'aperçut en même temps qu'elle le voulait ainsi. — Vous, dit-il..., vous, toi!... Je suis là depuis midi, j'attendais, sachant que vous ne viendriez pas encore, mais ne pouvant vivre qu'à la place où je devais vous voir (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 218):
• 11. Si je savais trouver des choses de poète,
En dirais-je plus — réponds-moi —
Que lorsque je te tiens ainsi, petite tête,
Et que cent fois et mille fois
Je te répète éperdument et te répète:
Toi! Toi! Toi! Toi!...
GÉRALDY, Toi et moi, 1913, p. 9.
3. [En prop. ell. du verbe] — Pour le reste, c'est des bêtises et on n'a même jamais pu savoir exactement ce qui s'était passé là-haut, parce que ceux qui y étaient se sont tous contredits. Et puis c'est du vieux, ça fait vingt ans... Je n'y étais pas, toi non plus... Il riait (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 36). Écoute un souvenir sur les tiens, sur ton père. Il était âgé déjà, et toi, adolescent (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 134).
4. [Faisant phrase à lui seul, dans les questions et les réponses] — « À quoi pensez-vous donc? » — « À toi », et elle se glissa dans ses bras avec un relèvement de robe impudique et passionné, la gondole vacilla; elle sourit en dedans, à un souvenir (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 270). Elle se retournait, croyant peut-être qu'il cherchait à se frayer passage, et ses yeux demandaient: « Que voulez-vous? » — « Toi », disait la face de l'homme (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 474).
H. — [Coord. ou juxtaposé à un subst. ou à un pron. disjoint, sans empl. conjoint de vous, toi peut être suj. ou régime (dir., indir. et prép.), v. supra B 2 b] Ma mère envoie toutes ses amitiés à ta femme et à toi (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1897, p. 286). Il l'enleva de sa bouche:— Si ton père ou toi voulez la lui prendre, j'y dirai (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 206).
Rem. Except., l'accord du verbe se fait avec un seul des termes coord.: Vous parlerez d'amour La valse et la romance Tromperont la distance et l'absence Un bal où Ni toi ni moi n'étais va s'ouvrir Il commence Les violons rendraient les poètes jaloux Vous parlerez d'amour avec des mots immenses (ARAGON, Crève-Cœur, 1941, p. 19).
IJ. — [Dans des tours exceptifs ou présentatifs]
1. [Empl. après ne... que] Et, dès qu'il ne fut plus là, elle eut une crise d'attendrissement, se jetant dans les bras de Daguenet, répétant:— Ah! mon Mimi, il n'y a que toi... Je t'aime, va! je t'aime bien!... Ce serait trop bon, si l'on pouvait vivre toujours ensemble (ZOLA, Nana, 1880, p. 1189). — (...) Je ne veux rien voir, je ne veux voir que toi... Doucement, je l'avais grondé (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 137).
2. [Dans des tours présentatifs] Comment! c'est toi, tu es du quartier? dit Satin, stupéfaite de la voir en pantoufles dans la rue, à cette heure (ZOLA, Nana, 1880, p. 1296). « Toi! c'est toi! », balbutia Paul, dès qu'il entendit la voix de Séryeuse. Encore avec les Orgel! se dit-il. Que signifie cette farce? (RADIGUET, Bal, 1923, p. 68). Ce n'est pas moi, c'est toi, fit-elle qui auras raison de mon âme... Une âme, vois-tu, c'est un grand mot, ça n'est pas si terrible qu'on le suppose (BERNANOS, Dialog. ombres, 1928, p. 53).
Rem. Après le tour c'est toi qui, on peut rencontrer un verbe accordé fautivement à la 3e pers.: Eh bien, mon cher, c'est toi qui jugera (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1894, p. 199).
Rem. gén. Dans tous ces empl., toi peut être déterminé par une rel. (prép.): Toi, dans qui j'ai constitué Pour me consoler de la terre, L'amour stérile et solitaire (MORÉAS, Cantil., 1886, p. 210). Peut-être t'ai-je blessé, Pasquier, toi qui es chrétien? (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 16). La parole de Dieu! c'est un fer rouge. Et toi qui l'enseignes, tu voudrais la prendre avec des pincettes, de peur de te brûler, tu ne l'empoignerais pas à pleines mains? (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1071).
II. — Var. tonique de te. [Constr. avec l'impér., dont le suj. implicite est de la 2e pers., le pron. régime toi (toujours réuni au verbe par un trait d'union) est le signe du pronom. (v. MOIGNET, Pron. pers. fr., 1965, p. 37)] Il va te pincer, méfie-toi! dit Pluton, un farceur, qui remontait en s'essuyant les lèvres d'un revers de main (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 1220). Voilà! Là-dessus, amène-toi... Je parie que tu n'as pas encore mis le pied chez les tziganes? (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 172). Ô homme, aide-toi toi-même! (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 45).
Rem. 1. Except. on trouve te derrière l'impér.: Mets-te le dans la tête pour ne jamais l'oublier (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 204). 2. Si l'impér. est suivi de en ou de y, le pron. garde la forme non prédicative et s'élide en t': [Une femme] tendant son bras à son mari. — Cramponne-t'y (DAM.-PICH. t. 6 1940,2374, p. 326). 3. Cependant, la lang. pop. connaît la constr. toi z'en: Démerde-toi et occupe-toi z'en (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 130). 4. La lang. pop. emploie toi avec l'impér. nég. d'un verbe pronom., la nég. n'étant signifiée qu'au moyen d'un morph. tonique (tout se passe comme si, au groupe impér. + toi, on ajoutait ensuite pour le rendre nég. le 2e terme de la nég.: méfie-toi pas): Tourmente-toi point, lui répétait son mari sans cesse (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 200). Assis-toi pas là. Tu sais à qui la chaise appartient? (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 115).
III. — Empl. subst.
A. — [Toi, pron. qualifié par un adj. ou déterminé par un indéf.] Toi, il n'y a rien dans ta forme, dans ton corps, dans tout toi, qui ne me soit précieux. Si je faisais ton buste, je m'attacherais servilement à ces riens qui sont tout pour moi, parce qu'ils sont un rien de toi (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 304):
• 12. Jammes, en quête d'éditeur, me demande d'intervenir pour placer un livre « très gai par endroits » qu'il achève d'écrire « avec beaucoup de verve, au courant de la plume ». Il y « met en scène un personnage du nom d'Élie de Nacre ». « C'est, me dit-il, un toi romancé qui joue des tours désopilants un peu à tout le monde. » Et il ajoute: « Tu en riras le premier. »
GIDE, Journal, 1931, p. 1098.
— [Le fém. est empl. si on parle d'une femme] Certes, il ne sut une autre toi Le Roi Qui dit la femme plus amère que la mort. Car, de vos lèvres pressées, Vous êtes toutes douceurs, amour, Jusqu'à vos lèvres courroucées (MORÉAS, Pèlerin pass., 1891, p. 57).
B. — [Le mot toi] J'ai mal cité les deux vers de Racine que je prétends particulièrement admirer, remplaçant par un toi brutal le vous craintif qui, dans le second de ces vers, apporte, avec sa douceur chuchotée, une allitération mystérieuse et troublante (GIDE, Journal, 1934, p. 1203).
C. — [Toi désigne l'interlocuteur (un être humain dans ses relations avec le moi)] La singularité du toi n'apparaît à la conscience du sentiment que dans sa relation dialectique avec la réciprocité des perspectives personnelles; elle donne du sérieux à la communion; et c'est en l'hypostasiant et en l'isolant que l'émotion en fera germer le malheur et la solitude (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 177):
• 13. L'exigence de justice, qui s'incarne historiquement dans des formes essentiellement variables, a sa racine dans l'affirmation radicale que l'autre vaut en face de moi, que ses besoins valent comme les miens, que ses opinions procèdent d'un centre de perspective et d'évaluation qui a la même dignité que moi. L'autre est un toi: telle est l'affirmation qui anime souterrainement la maxime de la justice...
RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 120.
Prononc. et Orth.:[twa], []. Homon. toit. BARBEAU-RODHE 1930, WARN. 1968, Lar. Lang. fr., ROB. 1985 [a] mais MARTINET-WALTER 1973, 9/17 [], 8/17 [a]. Toi s'élide devant en, y et l'on emploie l'apostrophe et le trait d'union: surtout, garde-t'en, place-t'y (place-toi-z'y); toi mis toujours apr. l'impér. se sépare de lui par le trait d'union: hâte-toi. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Pron. pers. tonique de la 2e pers. du sing., cas régime. I. En autonomie 1. 2e moit. Xe s. apr. prép.; te forme prov. (St Léger, éd. J. Linskill, 94: Meu'evesquet lez tener Por te qui vols aver); ca 1050 devant tei, pur tei (St Alexis, éd. Chr. Storey, 361 et 397); ca 1100 spéc. apr. de, fait fonction de poss. (Roland, éd. J. Bédier, 2934: l'anme de tei); 2. fin Xe s. compl. d'une interj.; te forme prov. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 54: gai te); 3. 1re moit. XIIe s. apr. l'adv. de présentation ez (este) « voici » [datif éthique] (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, X, 2: Kar este tei li felun... [ecce impii]; L, 6); 4. fin XIIe s. accompagnant un numéral ordinal (BÉROUL, Tristan, éd. E. Muret, 3408: Toi tiers seras fait chevaliers). II. A. Placé av. le verbe; en tête de prop. 1. a) fin Xe s. (Passion, 513: Te [Christ] posche retdrae graciae; v. éd. p. 83); fin XIIe s. a. lorr. ti mismes (Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, p. 167, 1: Ti mismes tient Deus a flor); b) ca 1100 apr. une conj. de coord. (Roland, 2454: « Charle, chevalche, car tei ne falt clartet »); 2. régime de verbes unipersonnels sans support de il a) ca 1050 (St Alexis, 411: Tei cuvenist helme e brunie a porter); b) id. apr. conj. de sub. (ibid., 202: Se tei ploüst); 3. 1176 marque une insistance, une oppos. (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 3448: Por son neveu toi li rendrai); 4. devant un inf. a) 2e quart XIIIe s. avec un verbe de mouvement (Quête du Graal, éd. A. Pauphilet, p. 113, 31: vien toi reposer et seoir); b) 1263-70 l'inf. est amené par un verbe auxil. (Couronnement de Renart, éd. A. Foulet, 3562: Argent, qui toi puet amaser); c) 1269-78 l'inf. est régi par une prép. (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 6984: Por toi chastier et aprendre). B. Placé apr. le verbe (termine le groupe verbal) 1. a) 1re moit. XIIe s. apr. l'impér. (Psautier de Cambridge, XXXVI, 4: delite tei en Seignur); 1130-40 redrece tei, conforte tei (WACE, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 101 et 441); b) 1re moit. XIIe s. apr. un subj. de souhait (Psautier de Cambridge, XIX, 1: Oied tei li Sires); 1174-87 (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 1360: Dex beneïe toi); 2. 1re moit. XIIe s. pour mettre en relief, marquer une oppos. (Psautier de Cambridge, XXIV, 19: Simplicited e dreiture guarderunt mei, kar je atendi tei); ca 1170 (Rois, éd. E. R. Curtius, I, 8, 8, p. 16: Nen out pas degeté tei mais mei que je ne regne sur els); 2e moit. XIIe s. (Sermons de St Bernard sur le Cantique des cantiques ds HENRY Chrestomathie, 101, p. 200, 38: nequedent nes laveras mie [les pieds du Seigneur], mais toi); 3. fin XIIe s. en l'absence du suj. (BÉROUL, op. cit., 94: Mandai toi, et or es ici); 4. 1re moit. XIIIe s. en prop. ell. du verbe (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, VIII, 16: Ja n'i fieres tu homme ni autres ti). III. En fonction de suj. 1. 1re moit. XIIe s. précédant une forme en -ant dans une constr. abs. à valeur circ. (Psautier de Cambridge, LXXXIX, 5: Tei ferant els... [Percutiente te eos]); 2. 1174-87 en coord. (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier de la charrette, éd. M. Roques, 1802: Siudrons moi et toi, si tu viax, Le chevalier); 1360-70 (Baudouin de Sebourc, XXII, 119 ds T.-L.); 3. 1178 dans un tour compar. (Renart, éd. E. Martin, XIV, 328: J'en ai molt plus boü que toi); ca 1190 (ibid., éd. M. Roques, 12178: G'i sai plus que toi .iiii. parz); 4. XIVe s. en renforcement du pron. suj. tu (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. A. Hilka, 2373, var. ms. S: que dis tu, toi). IV. Empl. subst. ca 1265 uns autres toi (BRUNET LATIN, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, II, 45, 41, p. 216). Du lat. « toi » en position accentuée, v. aussi te. L'empl. de toi suj. s'explique par l'évol. faisant des pron. pers. suj., des pron. conjoints, cf. lui, moi. Dans les dial. du Nord, ti est anal. de mi, issu du datif lat. mihi (POPE,832). La forme tei est région. (pays de la Loire, norm., anglo-norm.). Fréq. abs. littér.:37 123. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 51 373, b) 56 593; XXe s.: a) 51 801, b) 52 566. Bbg. CHEVALIER (J.-Cl.). Du Syst. pronom. en esp. et en fr. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1982, t. 20, n° 1, pp. 283-323. — HATCHER (A. G.). From ce suis-je to c'est moi. P.M.L.A. 1948, t. 63, pp. 1053-1100. — KORTING (G.). Neugriechisch und Romanisch. Berlin, 1896, p. 84. — QUEM. DDL t. 38. — WAGNER (R.-L.). Romania. 1951, t. 72, pp. 139-140.
toi [twa] pron. pers. et nominal.
ÉTYM. V. 1170; tei, XIe; du lat. te, devenu tei, toi en position accentuée. → Te.
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♦ Pronom personnel (forme tonique) de la 2e personne du singulier et des deux genres, qui représente la personne à qui l'on s'adresse. ⇒ Tu; → pop. tézigue, ta pomme, etc.
REM. Sans préposition, toi ne peut être sujet ou compl. d'objet que dans les cas étudiés ci-après.
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A Sans prép. (sujet ou compl.).
1 (Compl. d'un verbe pronominal à l'impératif, 2e pers.). ☑ Aide-toi, le ciel t'aidera (loc. prov. : La Fontaine, Fables, VI, 18). || « S'il faut agir, prodigue-toi; s'il faut parler (1. Parler, cit. 6), ménage-toi ». || Lève-toi, pars (1. Partir, cit. 2). || Retire-toi (→ Nommer, cit. 1; perdre, cit. 39). || Dépêche-toi (→ Musarder, cit. 1). || Sauve (cit. 17) -toi vite. || Une Marie-couche-toi-là (→ Propre, cit. 20). — Dis-toi bien… (→ Provisoire, cit. 1). || Tiens-le-toi pour dit.
REM. 1. Devant en et y, toi s'élide en t'. → Te. Garde-t'en bien. Mets-t'y (dans la langue populaire : mets-toi-z'y).
2. Toi se place toujours après l'impératif, et y est joint par un trait d'union.
3. Quand il y a deux impératifs coordonnés, on peut remplacer le second toi par te. « Approche-toi, et te mets en ma place » (Littré). → Te, cit. 5.
2 Suivi d'un verbe à l'infinitif (« vocatif »). || « Toi, nous quitter en ce moment ? » (Académie). → aussi Nasse, cit. 2; réchauffer, cit. 7. — Sujet d'un participe. || « Toi parti, j'ai couru ici pour te revoir encore » (H. Bordeaux, le Pays natal, in Sandfeld).
♦ (Sujet d'une proposition elliptique, dans une réponse, une proposition coordonnée ou juxtaposée). || « Tu deviens folle ? — Moi ! — Oui, toi » (→ Raseur, cit. 2). || « C'est moi. — Qui (cit. 76), toi ? » || « Moi (cit. 8) d'abord, toi ensuite. » || Comment vas-tu ? Et toi ?
3 Sujet ou complément, coordonné à un nom, un pronom. — Sujet. || Gérard et toi, vous entraînez cette petite (→ Pousser, cit. 11). || Toi ou moi (nous) irons; toi ou lui (vous) irez. || Maître Guépier ou (cit. 45) toi en auriez entendu parler. — (Compl.). || Il invitera tes parents et toi. || Il n'aime ni toi ni tes amis. || « Je me suis rendu au désir d'elle et de toi » (Académie). — REM. Dans ce cas, on emploie plutôt les possessifs ton…, le tien.
♦ Décomposant un pronom global : nous :
1 (…) nous voyant tous deux,
Toi calme et belle, moi violent, hasardeux,
Toi paisible et croissant comme une fleur à l'ombre (…)
Hugo, Hernani, III, 4.
♦ (Dans une phrase comparative). || Il est plus gentil que toi (→ Mascotte, cit.). || Personne mieux que toi… (→ Ramasser, cit. 1). || J'ai eu autant d'amour que toi de vertu (→ Étonnant, cit. 8). || Un autre que toi (→ Plaindre, cit. 2). — Après « ne… que ». || Tes injures n'atteignent que toi (→ Insulter, cit. 3).
2 — (…) Il n'y a que toi pour y voir clair; que toi pour savoir ce qu'il faut faire et que toi pour décider.
Gide, Robert…, III, II, 1.
4 Renforçant le pronom tu. || Et toi, tu n'as pas le droit (3. Droit, cit. 13) de me juger (→ aussi Jouer, cit. 18). || Toi, ma fille, tu vas aller voir le curé (→ Séance, cit. 5). REM. Toi peut se placer après le verbe. || De quelle école sors-tu, toi ? (→ Pépinière, cit. 2; et aussi pied, cit. 26). || Tu l'as oublié, toi (→ Raquette, cit. 2; et aussi rater, cit. 14). — Renforçant le pron. compl. te. || T'épouser, toi ! (→ Immariable, cit.). || Que te semble, à toi… ? (→ 1. Part, cit. 26). — Renforçant le possessif ton. || Ton jardin à toi (→ Cueillir, cit. 12; 2. pas, cit. 22; pourrir, cit. 9).
3 Dans cette phrase de La Fontaine : Car toi, loup, tu te plains, quoiqu'on ne t'ait rien pris; Et toi renard, as pris ce que l'on te demande (Fabl., II, 3), le nominal toi, n'est, la première fois (…) qu'un renforcement de tu (le vrai sujet); ce n'est que la seconde fois qu'il fait réellement fonction de sujet (ce que n'admettrait plus la langue.)
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §227.
4 Moi, je n'ai aucun crédit sur son esprit… Toi, il t'écoutera.
Paul Hervieu, les Tenailles, II, 3.
5 Sujet, antécédent d'un relatif. || Toi qui…, suivi du verbe à la deuxième personne du singulier. || Toi qui connais Pyrrhus, que penses-tu qu'il fasse ? (cit. 60). || Toi qui vois tout mon cœur, juge de son martyre (cit. 8). || « Toi qui sèches les pleurs (cit. 7) des moindres graminées ». — Toi que… || Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais (1. Savoir, cit. 26). || Toi, que j'ai vu grand comme ça (→ Prendre, cit. 63). || « Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, De ta jeunesse ? » (cit. 7). — Toi dont… || Ô noblesse (cit. 2)… toi dont le temple… || « Toi, dont ma mère osait se vanter d'être fille » (→ Soleil, cit. 9). — Toi, à qui, pour qui…, etc.
6 En fonction de sujet, comme appellatif, vocatif. (Avec un impératif). || Et toi, viens avec moi… (→ Ramée, cit. 1). || Et toi, parasite (cit. 3) effronté… — (En appos. à un nom). || Toi Louis ! il t'arrivera malheur (→ Plat, cit. 18). || « Sacrifice (cit. 13), ô toi seul peut-être es la vertu ! »
5 — Et maintenant, toi, Hortense, couche-toi !
7 Attribut. || C'est toi… (→ Négoce, cit. 2; retenir, cit. 17). || « Ô ma pauvre Muse ! (1. Muse, cit. 8) est-ce toi ?… Oui, te voilà, c'est toi, ma blonde, C'est toi, ma maîtresse et ma sœur !. » || « Est-ce toi chère Élise ? » (Racine, Esther, I, 1). — Si j'étais toi… (→ Secrétariat, cit. 3). || « Ah ! insensé qui crois que je ne suis pas toi ! » (→ 1. Parler, cit. 55). || « Si ce n'est toi, c'est donc ton frère » (cit. 15). — (Suivi d'une relative). || C'est toi qui (cit. 20)… (→ aussi Frasque, cit. 4).
6 — Hippolyte ? Grands dieux ! — C'est toi qui l'as nommé.
Racine, Phèdre, I, 3.
7 Est-ce bien toi, grande âme immortellement triste,
Est-ce toi qui l'as dit ?
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Souvenir ».
8 — (…) C'est toi que j'aime, Lucie, toi, heureuse ou malheureuse, vivante ou morte, c'est toi.
Sartre, Morts sans sépulture, III, 2.
♦ Attribut d'objet : || « C'est ce qui te fait toi, tu m'entends, que j'adore » (Ed. Rostand, Cyrano de Bergerac, IV, 8).
B Précédé d'une préposition. || C'est à toi, Dieu, que je m'adresse (→ Haïr, cit. 42). || Elle est à toi (→ Posséder, cit. 5). || Prends garde (1. Garde, cit. 40) à toi. || Malheur (cit. 45) à toi. || À toi le pompon (cit. 3). — ☑ Être à tu et à toi avec qqn. — Après (cit. 4), avant toi (→ Salaire, cit. 8). || Avec (cit. 42) toi. || Chez toi. || Contre toi (→ Digne, cit. 7). || Je suis content de toi (→ Contenter, cit. 4). || Il voulait se servir de toi (→ Gueux, cit. 8). || Le mal (3. Mal, cit. 43) vient de toi. || Je ne pouvais plus me passer (cit. 149) de toi. || Loin de toi (→ Poison, cit. 3). || Sans nouvelles (cit. 14) de toi. — Dans toi (→ Éternité, cit. 1). || En toi (→ Autrui, cit. 3; différer, cit. 12). || Je crois en toi, Seigneur (→ Nom, cit. 24). — Hormis (cit. 1) toi, hors (cit. 19) toi. || Pour toi (→ Camus, cit. 1; lettre, cit. 21). — Sans toi (→ Argent, cit. 44). || Selon toi. || Sur toi (→ Audace, cit. 20; maladroit, cit. 9). — Vers toi (→ Infini, cit. 26; néréide, cit.).
C (1580). Renforcé. || Toi-même. ⇒ Même; → Descendre, cit. 15; Dieu, cit. 45; initier, cit. 1. || Connais-toi toi-même. Subst. || Un autre toi-même. — Toi seul… (→ Immuable, cit. 3; impitoyable, cit. 3; 1. mort, cit. 15). — REM. Dans ce cas, toi peut être employé comme véritable sujet. — Toi aussi. || Toi non plus.
9 Toi seule es jeune, ô Cora; toi seule es pure, Ô Vierge; toi seule es saine, ô Hygie; toi seule es forte, ô Victoire.
Renan, Souvenirs d'enfance…, II, Œ. compl., t. II, p. 757.
10 Ô mon amour ô mon amour toi seule existes.
Aragon, le Crève-cœur, p. 11.
———
II N. m. || Le moi (cit. 58) et le toi. || « Toi », c'était le quelque chose à propos duquel et de moi je disais « nous » (cit. 3).
11 C'est, me dit-il, un toi romancé qui joue des tours désopilants un peu à tout le monde.
Gide, Journal, déc. 1932.
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HOM. Toit.
Encyclopédie Universelle. 2012.