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vide

vide [ vid ] adj. et n. m.
• 1762; vuide XIIIe; du fém. de l'a. fr. vuit (1080); lat. pop. °vocitus, de vocuus, vacuus vacuité
I Adj.
1Qui ne contient rien de perceptible; dans lequel il n'y a ni solide, ni liquide. Espace vide entre deux choses. Sc., philos. Où il n'y a pas de matière. « il ne peut y avoir aucun espace entièrement vide » (Descartes).
Math. Ensemble vide, qui n'a aucun élément. ⇒ zéro.
Inform. Qui ne contient pas d'information, dénué de sens. nul.
2Cour. Dépourvu de son contenu normal. Verre, bouteille vide, à moitié vide. Réservoir vide (cf. À sec). Bourse, poche vide. Louer un appartement vide, sans meubles (opposé à meublé). — Loc. Avoir l'estomac, le ventre vide. creux. Rentrer les mains vides, sans rapporter ce que l'on allait chercher ( bredouille) .
3(XIIIe) Qui est sans occupant, où il n'y a personne. inoccupé. Pièce, chambre vide. Une maison vide. abandonné. Lit, fauteuil vide. « Ils n'imaginaient pas que le trône pût rester toujours vide » (Camus). vacant. Politique de la chaise vide. Compartiment, wagon vide. Par exagér. Qui est loin d'être plein. Paris est vide au mois d'août. 1. désert. Les rues sont vides. Le théâtre, la salle est vide (cf. Il n'y a pas un chat).
4Fig. (le temps étant assimilé à un contenant) Qui n'est pas employé, occupé comme il pourrait l'être; sans occupation. « ces longues journées qui, pour un témoin, eussent semblé vides » (Radiguet).
(En parlant du cœur, de la tête... lieu des émotions, des idées) Avoir la tête vide : ne plus avoir momentanément sa présence d'esprit, ses connaissances et ses souvenirs (fatigue, choc, émotion). « son crâne lui semblait vide » (Zola). Avoir une case vide. « se croire malheureux, lorsqu'on n'est que vide et ennuyé » (Musset). Se sentir vide, sans désir, sans émotion.
Qui manque d'intérêt, de substance. creux(fig.). « Vers coulant, mais vide » (Stendhal). Discussion, propos vides. futile, insignifiant. Une existence vide. insipide, 1. morne.
5Qui n'est pas couvert, recouvert (surface). dénudé, 1. nu. Mur vide. « Sur le vide papier que la blancheur défend » (Mallarmé). « le grand espace vide des steppes et des pampas » (Sartre).
6(XIIe ) VIDE DE : qui ne contient, ne renferme, ne possède pas (ce qu'il devrait normalement contenir). ⇒ sans. Rues vides de voitures. (Abstrait) Mots vides de sens. dépourvu. « Des états affectifs purs, c'est-à-dire vides de tout élément intellectuel » (Ribot).
II N. m.
1(XIVe) Espace qui n'est pas occupé par de la matière. vacuité. « Les atomes et le vide » ( Voltaire),dans la philosophie antique. La nature a horreur du vide : aphorisme de ceux qui soutenaient l'impossibilité du vide (avant la découverte de la pesanteur de l'air). Le vide absolu (absence de molécules, d'atomes ou de particules) ne semble pas se rencontrer dans la nature.
(XVIIe) Abaissement très important de la pression d'un gaz, dans une enceinte; état de la matière dans cet espace. Vide pneumatique : raréfaction de l'air au moyen de la machine pneumatique. Vide barométrique, de Torricelli (rempli en fait de vapeur de mercure).Faire le vide en aspirant l'air. Vide grossier, moyen, poussé. Tubes à vide. Nettoyage par le vide. Produit conservé, emballé sous vide.
2Espace vide; milieu où il n'y a pas d'objets sensibles (choses ou personnes). néant. « elle éprouvait cette espèce de volupté qu'il y a, quand on détruit en rangeant, à voir le vide prendre la place des objets » (Montherlant). Loc. Faire le vide autour de qqn, l'isoler, écarter tout le monde de lui. Faire le vide dans son esprit : ne plus penser à rien.
Spécialt Espace où il n'y a aucun corps solide (susceptible de servir d'appui). Je les suivis « en évitant de regarder dans le vide » (Bosco). Avoir peur du vide.
Espace, considéré indépendamment de ce qui s'y trouve. Regarder dans le vide, dans le vague. « Ses grands yeux [...] fixaient le vide » (Bosco).
Loc. Parler dans le vide, sans objet ou sans auditeur. Faire une promesse dans le vide, sans aucune intention ou possibilité de la tenir.
3 ♦ UN VIDE : espace vide ou solution de continuité. ⇒ cavité, 1. espace, fente, ouverture. Laisser un vide dans un récipient, entre deux objets contigus. Remplir les vides. Boucher un vide. Vide d'air, de construction : espace ménagé dans les parois (d'un bâtiment). Vide sanitaire : espace réglementaire devant être ménagé sous le sol du rez-de-chaussée des maisons sans cave.
Espace où manque qqch. 2. blanc, lacune. Vides dans un tableau. Par métaph. Combler les vides d'un récit. trou. Vide juridique.
Fig. Ce qui est ressenti comme un manque. Son départ fait un grand vide. Un bonheur « qui ne laisse dans l'âme aucun vide » (Rousseau). Je ne savais « comment combler ce vide de deux années » (Fromentin).
4Caractère de ce qui manque de réalité, d'intérêt. inanité, néant, vacuité. Le vide de l'existence. « ce vide nauséeux » (Duhamel). L'écroulement de ma vie « me laissait un sentiment de vide comme celui qui suit un accès de fièvre ou un amour brisé » (Renan). « Le vide mortel de ces heures sans projets » (Martin du Gard).
5Loc. adv. À VIDE :sans rien contenir. Bus qui part, passe à vide.
Par ext. Sans avoir l'effet (matériel) normalement attendu. Tourner à vide, sans enclencher. Fig. Il raisonne à vide. Loc. Passage à vide, moment où un moteur, un mécanisme tourne à vide. Fig. Moment où une activité s'exerce sans effet utile. Spécialt Baisse de l'activité ou de l'efficacité d'une personne (due à la fatigue, la maladie, etc.). Avoir un passage à vide.
⊗ CONTR. Plein, 1. rempli; surpeuplé; occupé. — Plein (V), plénitude.

vide adjectif (ancien français vuide, du latin populaire vocitus, du latin classique vacuus) Se dit d'un contenant qui ne contient rien : Une boîte vide. Où il n'y a pas d'occupant : Cet appartement est vide. Paris est vide au mois d'août. Où on ressent l'absence de quelqu'un : Sans lui la maison est vide. Qui est sans intérêt, sans valeur, sans signification : Sa vie était vide. Qui n'a pas d'intérêt ni de profondeur psychologique : Un homme courtois mais vide. Qui n'a pas quelque chose, qui en est dépourvu : Des rues vides de voitures. Un mot vide de sens. Se dit d'un mot qui sert uniquement à assurer des liaisons à l'intérieur de l'énoncé (par exemple les prépositions). Se dit d'un ensemble qui n'a pas d'élément. ● vide (citations) adjectif (ancien français vuide, du latin populaire vocitus, du latin classique vacuus) Henry Millon de Montherlant Paris 1895-Paris 1972 Académie française, 1960 Dieu ne nous remplit qu'autant que nous sommes vides. Port-Royal, la sœur Angélique Gallimardvide (expressions) adjectif (ancien français vuide, du latin populaire vocitus, du latin classique vacuus) Avoir l'estomac vide, ne pas avoir mangé ; avoir faim. Les mains vides, sans rien apporter ou sans rien emporter. ● vide (synonymes) adjectif (ancien français vuide, du latin populaire vocitus, du latin classique vacuus) Se dit d'un contenant qui ne contient rien
Contraires :
- bourré
- débordant
Où il n'y a pas d'occupant
Synonymes :
- dépeuplé
- désert
- déserté
- inhabité
- inoccupé
Contraires :
- bondé
- encombré
- occupé
Où on ressent l'absence de quelqu'un
Synonymes :
Contraires :
- agité
- animé
- mouvementé
Qui est sans intérêt, sans valeur, sans signification
Synonymes :
- inintéressant
- stérile
Contraires :
- chargé
- intéressant
- troublé
Qui n'a pas d'intérêt ni de profondeur psychologique
Synonymes :
Contraires :
- éminent
- supérieur
Qui n'a pas quelque chose, qui en est dépourvu
Synonymes :
- démuni
- dénué
- privé
vide nom masculin Espace assez vaste qui ne contient rien, et en particulier espace libre que l'on considère d'en haut : Penché au-dessus du vide. Espace qui n'est pas occupé par quelque chose : Il y a des vides dans la bibliothèque. Espace de temps pendant lequel une personne est inoccupée : Les vides d'une journée. Situation, place vacante : Combler les vides dans les cadres d'une administration. Solution de continuité où il manque quelque chose : Entre ces deux arguments, il y a un vide. Absence complète d'idées : Il y a un vide dans ma tête. Caractère de ce qui manque de réalité, de valeur : Le vide de l'existence. Sentiment de manque, de privation dû à l'absence, au départ de quelqu'un : Sa mort a fait un grand vide dans ma vie. Physique État correspondant à l'absence totale de toute particule réelle. (Selon les théories quantiques et relativistes, le vide est perpétuellement animé par l'apparition et la disparition de « particules » virtuelles, des couples particule-antiparticule. Il s'agit donc d'un véritable milieu matériel capable d'interagir avec les objets physiques.) Physique et Technique État d'un gaz raréfié. Ambiance correspondant à un état dont la pression est inférieure à celle de l'atmosphère. ● vide (expressions) nom masculin À vide, sans rien contenir, sans transporter personne : Le bus est parti à vide ; sans effet, sans objet : Raisonner à vide. Faire le vide, essayer de ne penser à rien ; éloigner les amis, les relations, créer une situation de solitude. Parler dans le vide, sans auditeur ou sans objet. Regarder dans le vide, sans rien fixer de précis. Pousser, tirer au vide, perdre son aplomb, en parlant d'un mur. Vide sanitaire, espace libre continu et ventilé, de 20 cm de hauteur au minimum, entre le sol et les planchers bas de rez-de-chaussée, dans des bâtiments ne comportant pas de sous-sol. Distillation sous vide, fractionnement de produits lourds, pour lequel il est nécessaire de faire le vide dans l'appareil de distillation. Vide juridique, absence de toute loi, de tout règlement concernant un sujet donné. Indicateur de vide, synonyme de vacuomètre. Vide moléculaire, état d'un milieu défini par le fait que les molécules se rencontrent très rarement entre elles. Essorage par le vide, élimination de l'eau en excès dans un béton par succion, au moyen d'une pompe à vide, au travers de perforations dans les coffrages munis de toiles. ● vide (synonymes) nom masculin Espace qui n'est pas occupé par quelque chose
Synonymes :
Absence complète d'idées
Synonymes :
Électronique. Indicateur de vide
Synonymes :
- vacuomètre
Travaux publics. Essorage par le vide
Synonymes :
- vacuum concrete

vide
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Qui ne contient rien. Une boîte vide. Espace vide.
MATH Ensemble vide, qui ne contient aucun élément.
|| Qui est dépourvu de son contenu habituel. Avoir l'estomac vide. Avoir les poches vides.
|| Loc. Arriver les mains vides, sans rien apporter.
d2./d Où il n'y a personne; qui n'a pas d'occupant. Place, fauteuil vides. Syn. désert.
d3./d Qui n'est pas garni. Des murs vides.
Appartement, chambre vides, sans mobilier. Syn. nu.
d4./d Qui n'est pas employé, en parlant du temps. Les moments vides de la journée. Syn. libre.
d5./d (Absol.) Qui n'a pas d'intérêt; creux, insignifiant. Mener une existence vide. Paroles vides.
|| Sans expression. Des yeux vides.
d6./d Vide de: dépourvu de, sans. Maison vide de ses habitants.
Fig. Expression vide de sens.
rII./r n. m.
d1./d Milieu où la densité de la matière est très faible. Vide spatial.
Vide absolu: milieu théorique d'où toute matière est absente.
|| Diminution très importante de la pression d'un gaz à l'intérieur d'une enceinte. Faire le vide. Pompe à vide.
Emballage sous vide, dans lequel le vide a été fait entre l'emballage et le produit emballé.
d2./d Le vide: espace, étendue vide. Se jeter dans le vide.
Loc. Parler dans le vide: parler sans que personne n'écoute.
d3./d Un vide: espace, surface vides, non occupés.
|| Spécial. CONSTR Espace qui n'est pas occupé par la maçonnerie ou la charpente.
|| Vide sanitaire, ménagé entre le plancher d'une construction et le sol et servant notam. au passage des canalisations d'assainissement.
d4./d Fig. Absence qui donne un sentiment de manque, de privation. Sa mort laisse un vide.
d5./d Fig. Caractère de ce qui est vain, inconsistant. Le vide des honneurs. Syn. vanité, néant.
d6./d Loc. adv. à vide: sans rien contenir. La voiture est partie à vide.
Sans produire d'effet. La clé tourne à vide dans la serrure.
Passage à vide: moment où un moteur tourne sans effet utile; fig. moment de fléchissement de l'activité ou de l'efficacité (d'une personne). J'ai eu un passage à vide.

⇒VIDE, adj. et subst. masc.
I. — Adjectif
A. — 1. Qui ne contient rien de concret; p. ext., qui est dépourvu de son contenu. Anton. empli, plein, rempli. Armoire, boîte, coffre, valise, vitrine vide; assiette, bouteille, tasse, verre vide; emballage, pot de confiture vide; appartement, pièce vide (sans meubles); espace vide entre deux colonnes; parties vides d'un édifice; récipient à moitié, aux trois quarts vide. Les plats vides couvraient la table, et un nombre prodigieux de pots de bière, les uns vides, les autres pleins, attestaient qu'ils étaient là depuis longtemps (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 261). Entre chaque pile [de briques], on laisse un espace égal à l'épaisseur d'une brique et entre chaque groupe de 8 piles, on laisse un espace vide égal à 5 fois l'épaisseur d'une brique; cet intervalle sera la base du foyer (BOURDE, Trav. publ., 1928, p. 132).
Loc. verb.
Avoir l'estomac vide. Ne pas avoir d'aliments dans l'estomac; p. ext., être affamé. Sous les peupliers, la position devenait intenable (...). Le pis était qu'on avait l'estomac vide, le repas du soir ayant consisté en deux betteraves pour les six hommes (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 444).
(Avoir) le ventre vide. Être affamé. Nous traînions sur le port depuis des semaines, le ventre vide, les pieds vannés, sales et hirsutes (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 72).
Avoir les mains vides. V. main 1re Section I D 1 a. Avoir la bourse vide. V. bourse1.
— [En parlant de l'enveloppe, de la coque d'un végétal, d'un animal] Qui a été débarrassée de la matière vivante qui la remplissait. Synon. creux. Cosse de pois vide; coquille de noix vide. Un tapage, de l'autre côté du mur, lui coupa la parole. C'étaient des jurons d'homme, des pleurs de femme (...), avec des coups sourds qui sonnaient comme des heurts de courge vide (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1228). Certaines zones sont plus peuplées que d'autres, les courants accumulent les coquilles vides en certains points (COMBALUZIER, Introd. géol., 1961, p. 113).
En partic.
PHILOS. ANC. [En parlant de l'espace] Inoccupé par la matière. (Dict. XIXe et XXe s.).
SC. PHYS. [En parlant d'un espace clos] Qui contient une matière raréfiée. Après plusieurs essais, il [Lee de Forest] fut amené à placer dans une ampoule vide une électrode chaude et une électrode froide qu'il reliait, respectivement à la terre et au circuit d'utilisation, en série avec une batterie (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 268).
♦ [En parlant d'un milieu, d'une solution] Optiquement vide. Au travers duquel l'ultramicroscope ne permet de déceler aucune suspension. Les solutions des sels alcalins et alcalino-terreux sont seules optiquement vides (GASNIER, Dépôts métall., 1927, p. 186).
Spécialement
INFORMAT. ,,Qui caractérise une information nulle, dont il ne faut pas tenir compte ou non porteuse de sens`` (BUREAU 1972).
LING. Mot vide. Mot qui n'est pas chargé d'une fonction sémantique, dont le rôle est uniquement d'indiquer, de préciser ou de transformer la catégorie des mots pleins et de régler leurs rapports entre eux (d'apr. TESN. 1965, p. 53). Synon. mot-outil (rem. s.v. outil); anton. mot plein. Ainsi le télégramme français « Arriverai Paris demain train huit heures » se comprend aisément comme « j'arriverai à Paris demain par le train de huit heures », tandis que les mots vides de cette phrase n'auraient, à eux seuls, aucun sens; j', à, par, le, de (TESN. 1965, p. 54).
LOG. Occurrence vide. Occurrence ,,dont le remplacement ne transforme pas la valeur de vérité de l'énoncé où elle se trouve`` (GDEL).
MATH. Ensemble vide. Ensemble ne contenant aucun élément. Il existe un ensemble et un seul n'ayant aucun élément; on l'appelle ensemble vide et on le note ø (CHAMB. 1981).
NAV. FLUVIALE. Bateau vide. Synon. bateau lège. La vitesse des convois et des bateaux est actuellement voisine de : 3,5 kmh pour les bateaux en charge, isolés; 4, 5 kmh pour les convois de deux péniches chargées; 6, 5 kmh pour les bateaux vides (Nav. intér. en Fr., 1952, p. 7).
ZOOL. [En parlant d'une jument] Qui n'est pas fécondée. (Ds ST-RIQUIER-DELP. 1975). Anton. plein (v. ce mot I A 1 b).
2. Où il n'y a personne, qui est inoccupé. Synon. désert, libre, vacant ; anton. occupé. Appartement, chambre, pièce vide; chaise, fauteuil, lit, trône vide; autocar, wagon vide; allée, boulevard, rue vide; scène de théâtre vide (soit avant l'entrée des acteurs, soit un court instant au cours d'un spectacle). J'aime l'isolement, non la solitude. Il me plaît d'entendre aller et venir autour de moi alors que je suis seul dans la pièce où j'écris, mais une maison vide me cause toujours un certain malaise (GREEN, Journal, 1954, p. 260).
P. exagér.
Où il y a peu de monde. Synon. désert, où il n'y a pas un chat (fam., v. chat1). Les magasins, les rues sont vides à cette heure; Paris, les cafés, les salles de spectacles sont vides en cette saison:
[L'officier] donna le billet à Alain. — Tu l'échappes belle, mon garçon. Allez! file, voilà ton sauf-conduit. Jamais la vie ne leur avait paru si belle qu'au long du chemin qui les ramenait vers Avelghem, libres. Le pays était vide et désert, les maisons pillées (...). On n'avait pas mangé depuis la veille (...). Mais on venait d'échapper à la mort. On se sentait vivre. Et la guerreétait finie.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 435.
♦ Qui semble complètement désert et sans vie du fait de l'absence d'une personne aimée. Elle annonça à René et à Alix qu'elle partirait pour Paris le lendemain (...). Ne reste pas longtemps, maman Laure, la maison est trop vide sans toi (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 449).
CHASSE, VÉN. Enceinte, couvert, étang vide. Enceinte, couvert, étang qui ne contient pas de gibier (d'apr. DUCHARTRE 1973).
3. Qui n'est pas occupé par quelque chose; dont rien ne vient rompre l'uniformité. Synon. dénudé, dépeuplé, nu2; anton. encombré, peuplé, rempli. Mer, plaine vide; grands espaces vides; terres vides. On était aux premiers jours de novembre, le vent d'est avait apporté déjà une bourrasque de neige, il faisait très froid, entre les quatre murs vides, sur le carreau nu (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 505). Aussi loin que porte mon regard, la campagne est vide (MAURIAC, Nouv. Bloc-Notes, 1960, p. 367).
Poét. Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe Ô nuits! ni la clarté déserte de ma lampe Sur le vide papier que la blancheur défend Et ni la jeune femme allaitant son enfant. Je partirai! (MALLARMÉ, Poés., 1898, p. 38).
B. — Au fig.
1. [En parlant d'un espace de temps] Qui n'est pas occupé par une activité. Anton. plein, rempli. Dimanche d'hiver vide et triste; soirée vide; heure, moment, temps vide. La dernière soirée de l'année (...) Cette année a été pour moi si monotone, si peu remplie, si vide, qu'elle m'a semblé étonnamment courte (LOTI, Journal, 1878-81, p. 282). Pour ma part, je me sens écrasé d'ennui après une longue journée complètement vide [à l'armée] (GREEN, Journal, 1942, p. 258).
P. ext. Qui n'est marqué par aucun événement important. Il faut [après le IVe siècle] (...) traverser de longs siècles vides; ils comptent pourtant dans la formation de notre art (HOURTICQ, Hist. art, Fr., 1914, p. 4).
2. [En parlant d'une pers.]
a) Qui se sent privé de vitalité, qui est incapable de réfléchir, d'agir. Nous allons causer de tout cela et je me déciderai, mais je me sens très vide et très fatigué, et je ne suis pas gai (FLAUB., Corresp., 1863, p. 324). Quand Anny m'a quitté, d'un seul coup, d'une seule pièce, les trois ans se sont écroulés dans le passé. Je n'ai même pas souffert, je me sentais vide (SARTRE, Nausée, 1938, p. 88).
(Avoir) la tête, le crâne, le cerveau, l'esprit vide. Ne plus jouir de toute sa présence d'esprit, se sentir incapable de réfléchir ou d'agir (à la suite d'un choc émotif ou d'une grande fatigue). Je ne raisonnais plus (...). Et je demeurai immobile le cerveau vide, le cœur battant (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Morin, 1882, p. 853). Il revenait surtout à cet instant (...) où il avait senti drôlement que tout son être se vidait, que son crâne était vide, que son cœur n'avait plus de sang (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 40). Nous marchions la tête vide, les yeux douloureux de leur excès de fixité, les jambes molles (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 164).
(Avoir) le cœur vide. Être dénué de tout sentiment, de toute vie affective. Jamais son cœur vide et altier n'avait goûté les douceurs de la famille (SAND, Valentine, 1832, p. 98). J'ai le cœur affreusement vide (LOTI, Journal, 1878-81, p. 275).
Regard, yeux vide(s). Regard où n'apparaît aucune expression. Elle regardait les maisons, les gens (...) avec des yeux vides qui ne voyaient rien (MAUPASS., Fort comme la mort, 1889, p. 41). Épuisé (...), le socialiste (...) promena un regard vide sur les collègues qui l'attendaient (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 377).
Avoir une case vide. V. case2.
b) Qui manque de profondeur, qui est dépourvu de qualités morales, intellectuelles. Synon. futile, inintéressant, insignifiant, superficiel. La femme du monde est vide d'ordinaire; avec les convenances pour lois, l'opinion pour guide, le scandale pour crainte, la toilette pour pensée (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 55). Pozzi, autre chirurgien (...) ne m'intéresse pas du tout (...). Il est bellâtre, pommadé, bavard et vide (L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p. 189).
3. Qui manque d'intérêt, de caractère, de densité. Synon. creux, futile, inintéressant, plat1, stérile, superficiel; anton. plein. Discours, discussion, existence, livre, style vide; paroles, propos vides. Je hais de plus en plus chaque jour les grands hôtels, les grandes villes, les grands seigneurs et les grands laquais. Tout cela est insolent, vide et creux (HUGO, Fr. et Belg., 1885, p. 135). Tout le matin, il pleura. Il connut pour la première fois l'affreux chagrin de l'absence. Tourment intolérable pour tous les cœurs aimants. Le monde est vide, la vie est vide, tout est vide (ROLLAND, J.-Chr., Matin, 1904, p. 206).
C. — Vide de. Qui est dépourvu de. Synon. dénué de, privé de, sans. Appartement vide de tous ses meubles; rue vide de voitures; monde vide de Dieu; mots vides de sens; livre vide d'idées; existence vide d'amour; regard vide d'expression. Le curé disait la messe, et il éprouvait une souffrance indicible, en devinant la solitude derrière lui, autour de lui, partout: solitude de l'église vide de fidèles; solitudes des âmes vides de la grâce de Dieu (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 178). Vous êtes vide de tout, et d'abord de vous-même. Vous êtes petit, et rapetissez tout à votre mesure (MONTHERL., Reine morte, 1942, I, 1er tabl., 3, p. 145).
II. — Subst. masc.
A. — 1. SCIENCES
a) PHILOS. ANC. Espace pur que l'on suppose inoccupé par de la matière. (Dict. XIXe et XXe s.). Synon. vacuité, vacuum. Le vide et le plein.
La nature a horreur du vide. [Aphorisme de ceux qui, avant les expériences de Toricelli et Pascal, soutenaient que le vide n'existait pas] Aristote connaissait la pesanteur de l'air, cependant il soutenait que l'eau ne s'élevait dans un tuyau sans air que parceque la nature avait horreur du vide (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 138).
P. anal. Une nouvelle réalité se précipite nécessairement à la place de celle qui vient de disparaître; car la nature a horreur du vide (J. DE MAISTRE, Constit. pol., 1810, p. 77). Si le texte est unique de sa catégorie, il n'est pas restituable, et il le restera (...). Il ne faut pas restituer n'importe quoi (...); l'épigraphiste doit être insensible à l'horreur du vide (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 487).
b) SC. PHYS.
Vide absolu, parfait. Espace clos dépourvu de matière. Il est impossible d'obtenir un vide parfait, puisque la matière qui entoure l'espace considéré y exerce une pression de vapeur définie, aussi emploie-t-on généralement ce terme pour désigner un espace qui contient de l'air ou un autre gaz à très basse pression (UV.-CHAPMAN 1956).
— Espace clos contenant une matière raréfiée. Vide imparfait, relatif; vide pneumatique (obtenu à l'aide d'une machine pneumatique); appareil à faire le vide (par aspiration de l'air); pompe à vide; tube à vide; mesurer le degré du vide (à l'aide de manomètres); produire du vide (à l'aide de pompes, de trompes). Un vide très poussé est fait dans la cornue, de telle sorte que le magnésium produit, distille et vient se déposer à l'état solide dans la partie haute de la cornue (GUILLET, Techn. métall., 1944, p. 68). D'après la pression résiduelle P du gaz, on distingue le vide grossier (P = 1 torr), le vide moyen (de 1 à 10-3 torr), le vide poussé (de 10-3 à 10-6 torr), l'ultravide (de 10-7 à 10-12 torr). On estime à 10-18 l'ordre de grandeur du vide des espaces intersidéraux (MATHIEU-KASTLER Phys. 1983). Nettoyage par le vide (vieilli).
Vide barométrique.
Vide moléculaire. État d'un milieu où la matière est suffisamment raréfiée pour que les molécules ne se rencontrent que très rarement. (Dict. XXe s.).
Vide optique. État d'un milieu caractérisé par le fait qu'aucun appareil optique très puissant n'y décèle aucune particule de matière. On (...) distingue trois catégories principales:les vacuoles de digestion,les vacuoles de sécrétion,les vacuoles paraplasmiques proprement dites qui donnent à l'ultramicroscope une impression de vide optique (HUSSON, GRAF, Biol. gén., 1965, p. 49).
CH. DE FER. Frein à vide. Type de frein que l'on desserre en faisant le vide dans la conduite et que l'on serre en rétablissant la pression atmosphérique. Le frein à vide fonctionne par l'action de la pression atmosphérique qui agit à la partie inférieure d'un piston se déplaçant dans un cylindre vertical dans lequel on fait le vide (BAILLEUL, Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 143).
CONSTR. Essorage par le vide. ,,Procédé de bétonnage consistant à opérer une succion, au moyen d'une pompe à vide spéciale, au travers de perforations dans les coffrages munis de toiles, de manière à enlever l'eau en excédent dans le béton`` (GDEL).
Loc. adv. Sous vide. [En parlant du traitement d'un produit] Que l'on effectue en l'absence de gaz dans un milieu clos. Emballage, manipulation sous vide. Grâce au procédé de la cuisson des aliments sous vide, les parfums (...), l'assaisonnement sont maintenus dans le sachet ou la barquette pour la plus grande joie de nos papilles (Le Figaro Magazine, 20 janv. 1990, p. 144, col. 1).
PÉTROL. Distillation sous vide. ,,Fractionnement de produits lourds, pour lequel il est nécessaire de faire le vide dans l'appareil de distillation`` (GDEL).
2. a) Lieu, espace où il n'y a rien. Synon. néant. [Il] revint sur ses pas et se mit à remonter le boulevard. La caravane s'était évanouie. Le silence et le vide à perte de vue: un gouffre horizontal (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 81).
♦ [Suivi d'un compl. du nom] Le vide de la cour, de la salle, de la maison, des bâtiments. Le plus grand nombre, dans leur hâte, dans la certitude désespérée que tout serait détruit, laissaient les vieilles demeures ouvertes, les fenêtres et les portes béantes sur le vide des pièces déménagées (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 39). Le vide de ces rues, où seul le bruit de nos pas traîne sur le pavé raboteux, m'étonne agréablement (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 46).
Loc. verb.
Faire le vide (dans un lieu). Éloigner tout élément matériel ou humain. Il restait debout, sur le seuil, retenant sa respiration. Son père, cette chose inanimée... Les bras à demi allongés, les mains doucement jointes. Ennobli. Si calme!... On avait fait le vide autour de cette parade: les sièges avaient été poussés le long des murs (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1304).
Faire le vide (autour de soi, de qqn). Éviter ses amis, écarter toutes les relations de quelqu'un, contribuer à son isolement. Il fit le vide autour de lui. Christophe s'en chargeait, de lui-même. Il ne contentait personne, n'étant d'aucun parti, ou mieux, étant contre tous (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 773). Bals, visites, casinos, je refusai tout. J'ai même déclaré, pendant un certain temps, que j'étais fiancée, afin de faire le vide autour de moi (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1446).
Empl. pronom. Vous le reconnaîtrez aux plaies hideuses dont son corps est couvert; sur son passage, la foule s'écarte, autour de lui se fait le vide, car chacun fuit son approche et jusqu'à l'air qu'il respire (MONOD, Sermons, 1911, p. 192).
Au fig. Faire le vide (en soi, dans son esprit). Essayer de ne plus penser à rien. Voulez-vous essayer votre capacité intuitive? Avant de sortir de chez vous, faites le vide dans votre esprit (...) essayez de réaliser cet état de blanc intérieur, d'écran vide d'images, que connaissent et savourent les rêveurs et les musardiers (L. DAUDET, Monde images, 1919, p. 89). J'étais là, à me torturer de questions, pendant qu'il reposait tranquillement, loin de ses pensées: c'était trop injuste! J'essayai de faire le vide en moi, mais non, je ne pouvais pas dormir. Je me levai sans bruit (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 456).
b) En partic.
) Partie de l'espace qui s'étend en profondeur. Avoir les jambes dans le vide; tomber dans le vide; regarder le vide; être attiré par le vide; avoir peur du vide. Suarès me parle d'une femme sujette au vertige et qui cependant n'a pas craint de s'élancer dans le vide en parachute (GREEN, Journal, 1937, p. 120).
CONSTR. [En parlant d'un mur] Tirer, pousser au vide. Perdre son aplomb, déverser. [On nomme] étrésillon [une] pièce de bois qu'on place entre deux murs qui poussent au vide (ROBINOT, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 2, 1928, p. 31).
) L'espace, considéré indépendamment de ce qui l'occupe. Fixer le vide.
Loc. verb. Dans le vide.
Regarder dans le vide; avoir le regard, les yeux (perdus) dans le vide. Regarder sans voir, soit par lassitude ou fatigue, soit parce que l'on est trop absorbé par ses pensées. Son visage avait durci et vieilli. Il regardait dans le vide d'un air las (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 127). Un visage étrange, au regard de fou, (...) fixe le vide avec une tristesse infinie (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 311).
Au fig.
Parler dans le vide. Tenir des propos qui n'intéressent personne ou qui n'aboutissent à rien. Elle me regardait avec extase, mais je voyais que sa tête n'y était plus, et que je parlais dans le vide (LOTI, Aziyadé, 1879, p. 96). Henri n'avait aucune envie de rompre avec les communistes: mais il ne voulait pas non plus se mentir. Il se leva: « Toute la question c'est de savoir si George a dit vrai ou non. En attendant, on parle dans le vide. — C'est bien mon avis », dit Dubreuilh. Lambert et Samazelle sortirent avec Henri (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 299).
(Faire qqc.) dans le vide. Faire quelque chose en pure perte, sans que cela soit suivi d'effet. Promettre dans le vide. Pendant quinze nuits d'angoisse, elle avait supplié dans le vide; elle aurait tout donné, sa maison, sa santé, dix ans de vie pour sauver la paix (SARTRE, Sursis, 1945, p. 322).
3. Souvent au plur.
a) Partie d'un objet non occupé par un élément matériel. Synon. cavité, espace1, fente, fissure, ouverture, trou. Vide central d'une cartouche; boucher un vide dans un mur; combler, remplir les vides d'une charpente. Des vides s'allongeaient dans les casiers, des livres qui n'étaient plus calés par les autres gisaient, étalés dans des amas de poussière, sur les planches (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 208). Les enfants ont brisé six carreaux sur dix; on a tendu de la cretonne sur les vides (GIDE, Journal, 1917, p. 618).
Spécialement
ARCHIT. Ouverture, baie pratiquée dans un mur; toute partie d'un bâtiment qui n'est pas occupée par de la construction. Anton. plein. Le palais du Doge offre des entrelacs reproduits dans quelques autres palais, particulièrement au palais Foscari. Les colonnes soutiennent des cintres ogives; ces cintres laissent entre eux des vides: entre ces vides l'architecte a placé des rosaces (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 340). L'art de l'architecture répartit avec harmonie dans une façade pleins et vides. Les pleins dominent dans l'architecture romane, les vides dans le gothique (VOGÜÉ-NEUFVILLE 1971).
BÂTIMENT
Vide d'air, de construction. Espace aménagé dans les cloisons d'un bâtiment. (Dict. XXe s.).
Vide sanitaire. Espace contenu et ventilé, ayant une hauteur réglementaire minimale de 20 cm, que l'on aménage entre le sol et les planchers des bâtiments construits sans sous-sol. Elle est élégante, livrée avec un revêtement de brique crépie (...). C'est un vaste trois-pièces dont nous avons beaucoup aimé la double baie de plain-pied sur le jardin (...). Elle est construite sur vide sanitaire ventilé (Écho de la mode, 28 avr. 1968, p. 71, col. 2).
CARR. Cube au vide. ,,Mesure du tonnage des matériaux extraits d'une carrière, qui consiste à relever périodiquement l'emplacement du front de taille, pour déduire géométriquement le vide créé entre deux relevés successifs`` (Lar. Lang. fr.).
PEINT. Partie d'un tableau que l'artiste a (volontairement ou non) conçu peu rempli par le dessin, la couleur. Tout autre est le climat de l'œuvre tourangelle [la Pietà de Jean Fouquet] : un tableau compact, étouffé, sans un vide, une frise remplie d'agenouillements et de figures penchées, comme une chambre où il y a un mort (GILLET, Art fr., 1938, p. 52).
SYLVIC. Espace dépourvu d'arbres dans une forêt ou dans un endroit reboisé. En 1963 on trouvera encore dans la coupe 13 un certain nombre de places de semis de chêne qui pourront être sauvées par un dégagement énergique. L'ensemble de ces places ne représentera sans doute pas la surface prévue du 1/5 de la parcelle et on complétera en installant dans les vides quelques bouquets résineux (COCHET, Bois, 1963, p. 104).
En partic.
Partie de l'espace où il manque quelque chose. Il y a un vide dans cette pièce. Les vides entre les candélabres étaient comblés par les bouquets, en sorte que, là où il n'y avait pas une lumière, il y avait une fleur (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 641). Il s'agissait (...) de nouveaux fusains à planter dans les vides des massifs (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 11).
♦ Partie de l'espace qui sépare deux groupes. Par instants, un flot de foule, la sortie de quelque théâtre, passait. Mais des vides se faisaient bientôt, et il venait, sous la fenêtre, des groupes de deux ou trois hommes qu'une femme abordait (ZOLA, Curée, 1872, p. 454). L'armée von Hausen engagée partie devant la droite de Foch, partie contre la gauche de l'armée de Langle, ne sut pas pénétrer dans le vide de 40 kilomètres qui existait entre ces deux armées, brèche que masquait bien imparfaitement notre 9e division de cavalerie (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 405).
b) Place, poste devenu vacant par le départ ou le décès d'une personne. Nos troupes, qui avaient constamment combattu et marché, étaient fatiguées et avaient besoin de combler les vides creusés dans leurs rangs (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 358).
Vide politique. Absence de personnalité politique susceptible de faire face à une situation donnée. Mais il est un danger auquel ne pense pas M. Perès. C'est la tentation que peut susciter, chez certains dirigeants arabes, le sentiment qu'il existe un vide politique en Israël (...). Si la mort de Lévi Eshkol a ouvert en Israël ce qui ressemble à une crise larvée, il pourrait être fatal que ses voisins la prissent pour une crise nationale (L'Express, 3 mars 1969, p. 56, col. 1).
c) Interruption, manque dans une continuité. Synon. manque1. Mardi, soupé chez Mme Prugnières. Mercredi entendu Sivori le grand violoniste, jeudi fait le tour du Salève. Mais en attendant, n'ayant pas de cahier, j'ai laissé un vide se faire dans mon journal. La moindre maille rompue dans le filet devient bien vite un gros trou (AMIEL, Journal, 1866, p. 509). Être historien, c'est au contraire ne jamais se résigner. C'est tout tenter, tout essayer pour combler les vides de l'information (L. FEBVRE, Vers une autre hist., [1949] ds Combats, 1953, p. 428).
Vide juridique. Absence de législation sur un point particulier. Depuis le début de l'année, la France s'est dotée d'une loi destinée à combler le vide juridique qui empêchait de punir les malveillances liées à l'informatique (...). Cette loi [la loi Godfrain] leur impose [aux entreprises] désormais de protéger les informations relatives aux personnes physiques et aux personnes morales (Temps réel, oct. 1988, p. 39, col. 2).
B. — Au fig.
1. Espace de temps inoccupé. Synon. creux, trou. Les vides d'une journée. « Je n'ai rien à faire cet après-midi,si j'allais le voir? » (...) Cette visite tromperait un peu le vide des heures qu'il allait passer tout seul (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 113).
P. ext. Espace de temps qui sépare deux personnes. Je ne savais plus (...) comment combler (...) ce vide énorme de deux années qui mettait entre nous comme un abîme de secrets (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 257).
2. Perte, manque causé(e) par l'absence ou la disparition d'une personne reconnue pour ses compétences ou d'un être cher. Grand vide laissé par la mort de qqn, par un départ. Rimbaud (...) n'est plus là? Vide affreux! (VERLAINE, Corresp., t. 1, 1872, p. 80).
3. Sentiment d'insatisfaction, de lassitude provoqué le plus souvent par une déception, un manque d'intérêt aux choses de la vie. Vide intérieur; avoir un sentiment de vide. Je sens en moi un vide immense et rien ne me distrait (BALZAC, Lettres Étr., t. 2, 1843, p. 196). Elle se sent au cœur une tristesse, une lassitude, un grand vide (A. DAUDET, Crit. dram., 1897, p. 40).
4. Sentiment d'absence durant lequel un humain ne pense plus, n'agit plus. Elle s'endormit. Elle sortit en criant d'un cauchemar, qu'elle essaya vainement de se rappeler. Rien qu'un vide douloureux dans sa tête, ses dents serrées, ses membres crispés, de l'épouvante (ARLAND, Ordre, 1929, p. 312).
5. Caractère de ce qui est dénué d'intérêt, de sérieux, de valeur. Synon. futilité, inanité, néant, vacuité, vanité. Le vide d'une existence fastueuse; le vide d'un discours, d'une discussion, des idées. Les aides de camp, pour la plupart vrais officiers de salon, étaient affectés au service personnel des maréchaux et des généraux. Sous des dehors brillants, ils cachaient le vide de leurs fonctions (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 413). Il m'est arrivé de souper cinq ou six fois à table d'hôte en compagnie de vingt à trente personnes, marchands, négociants, officiers, etc. Je ne saurais rendre l'insignifiance, le vide de la conversation (BENDA, Trahis. clercs, 1927, p. 252).
Loc. fam. C'est du vide. C'est un mensonge, une futilité. Synon. fam. c'est du vent. Sa déchéance, ses lamentations, c'étaient des mensonges, du vide, il s'était poussé dans le vide, à la surface de lui-même pour échapper à la pression insoutenable de son véritable monde (SARTRE, Âge de raison, 1945, p. 179).
III. — Loc. adv. À vide
A. — [En parlant d'un véhicule] Sans rien contenir. Diligence, train à vide. C'est un grand chaland qui remonte le fleuve à vide, et qui semble voler sur les eaux (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 295). Vers le soir, des camions venus à vide quittent le village, chargés de meubles, de bicyclettes, de radios (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 408).
Passage à vide. V. passage1 II A 2 c .
B. — [En parlant d'un appareil, d'un moteur] Sans produire l'effet ou le résultat normalement attendu. Marche à vide d'un appareil. C'est le freinage électrique; notre moteur lancé à vide aurait mis plusieurs minutes à s'arrêter dans les conditions ordinaires, à condition toutefois qu'il soit bien graissé et que ses balais soient peu serrés (SOULIER, Gdes applic. électr., 1916, p. 74).
Au fig. Sans être suivi d'effet. La vérité aussi est une passion. Quand l'instinct s'étiole derrière elle, la pensée tourne à vide (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 609).
C. — MUS. Corde à vide (d'un instrument à cordes). Corde que l'on fait résonner sur toute sa longueur. Jouer à vide sur la corde de mi du violon. Dans l'indication du doigté, la corde à vide [d'un instrument] se marque par un zéro (BRENET Mus. 1926, p. 27).
Prononc. et Orth.:[vid]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. I. Adj. 1. a) ca 1100 voide « qui ne contient aucun objet perceptible à la vue, aucun corps solide ou liquide » (Roland, éd. J. Bédier, 1507); b) ca 1200 avoir le ventre vide (Renart, éd. M. Roques, X, 11418: Que tu n'as pas le vantre vit); c) ca 1261 a vuide main « sans rien apporter » (RUTEBEUF, Le Mariage Rutebeuf, 112 ds Œuvres compl., éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, p. 551); 1559 les mains vuides (AMYOT, Cam., 19 ds LITTRÉ); 2. a) 1160-74 vide de + compl. concr. ou abstr. « qui ne renferme pas de, qui est dépourvu de » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, append., 318, t. 2, p. 319); b) 1670 vide de sens (BOSSUET, Oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre, p. 666); 3. ca 1170 « (lieu) sans occupants, (place) où il n'y a personne » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 41); 4. a) ca 1200 avoir la tête, le cerveau vide « être étourdi, se sentir faible, du fait de la fatigue, du surmenage, du manque de nourriture » (Renart, éd. E. Martin, IX, 582: Le chief ai vuit et estoné); b) 1690 avoir des chambres vuides dans sa tête « être un peu fou » (FUR.); c) 1718 cerveau vuide, teste vuide « qui ne dispose plus de tous ses moyens intellectuels, qui a de la difficulté à réfléchir, à lier ses idées » (Ac.); d) av. 1776 tête vide, esprit vide « sans idées, sans pensées » (Mlle DE LESPINASSE, Lett., t. 1, p. 216 ds LITTRÉ: ma tête est vide comme une lanterne); e) 1871 regard vide « regard sans expression » (ZOLA, Fortune Rougon, p. 231); 5. ca 1210 au fig. « (personne) qui manque de fond, de ressources intellectuelles ou affectives » (GUIOT DE PROVINS, Bible, 1873 ds Œuvres, éd. J. Orr, p. 68); 6. ca 1265 au fig. « qui manque de contenu, de densité, qui est dénué de sérieux, d'intérêt véritable » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, II, CXXVI, p. 310: cele foi est wide ki est sans oevre); 7. a) av. 1593 « (espace de temps) qui n'est pas rempli par une occupation, ou qui est consacré à des activités futiles, sans intérêt » (AMYOT, Epît. ds LITTRÉ); b) 1681 p. ext. « qui n'est marqué par aucun fait saillant ou événement important » (BOSSUET, Discours sur l'hist. univ., I, 12, p. 154); 8. 1647 philos., sc. « (espace) qui ne renferme aucune réalité matérielle, aucun corps de quelque nature qu'il soit » (DESCARTES, Lettre à Chanut, 6 juin ds Œuvres philos., éd. F. Alquié, t. 3, p. 737); 9. 1848 « (surface, étendue) qui est nue, qui n'est occupée par aucun élément susceptible de rompre son uniformité » (CHATEAUBR., Mém., t. 4, p. 181); 10. 1960 math. ensemble vide (BOURBAKI, Hist. math., p. 18). II. Subst. 1. ca 1280 « partie d'une armure qui laisse le corps découvert » (GIRART D'AMIENS, Escanor, éd. H. Michelant, 19221); 2. ca 1377 philos. « absence de toute réalité matérielle dans un espace donné; espace pur, supposé inoccupé par la matière » (ORESME, Livre du Ciel et du Monde, éd. A. J. Denomy et A. D. Menut, p. 160); 3. a) 1611 « espace plus ou moins important qui n'est pas ou n'est plus occupé par un élément matériel » (COTGR.); b) 1636 archit. « partie d'un bâtiment qui n'est pas occupée par de la construction, de la maçonnerie, etc. » (MONET); c) 1846 peint. « partie d'un tableau qui n'est pas suffisamment remplie » (BAUDEL., Salon, p. 126); d) 1964 vide sanitaire (Lar. encyclop.); 4. a) 1647 phys. « absence de corps matériel, de quelque nature qu'il soit, dans un espace déterminé » (PASCAL, Expériences nouvelles touchant le vuide [titre], Paris); b) 1855 vide barométrique (LITTRÉ-ROBIN); 5. av. 1662 « sentiment d'insatisfaction, de lassitude, sans cause immédiate, dû à l'absence d'occupation, au manque d'intérêt intellectuel ou affectif » (PASCAL, Pensées, 622 ds Œuvres compl., éd. L. Lafuma, 1963, p. 587); 6. a) 1675 « espace, lieu où il n'y a rien de perceptible, où l'œil ne rencontre aucun objet, aucun être vivant » (BOSSUET, La Vallière ds LITTRÉ); b) 1694 tirer, pousser au vide « (en parlant d'un mur) perdre son aplomb » (CORNEILLE (Th.)); c) 1868 « espace qui s'étend en profondeur et où le regard ne découvre aucun objet matériel propre à servir d'appui » (Annuaire du Club alpin suisse, p. 90 ds QUEM. DDL t. 27); d) 1872 faire le vide autour de qqn « le fuir, contribuer à son isolement » (LITTRÉ); e) 1879 parler dans le vide « parler sans être écouté ou sans susciter le moindre intérêt » (LOTI, Aziyadé, p. 96); f) 1882 regarder dans le vide « diriger son regard dans l'espace sans fixer précisément aucun objet » (ZOLA, Pot-Bouille, p. 66); 7. 1680 « perte, disparition de quelqu'un ou de quelque chose, ressentie comme une privation, un manque » (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 892); 8. a) 1685 « chose vaine, sans valeur; néant » (BOSSUET, Oraison funèbre d'Anne de Gonzague, p. 301); b) 1690 « caractère de ce qui manque d'un contenu substantiel, de ce qui est dépourvu d'intérêt, de sérieux, de valeur réelle » (FUR.); 9. 1704 « interruption, lacune dans une continuité temporelle, dans les occupations » (VAUBAN, Projet d'une dixme royale, p. 99 ds LITTRÉ). III. A vide 1. a) 1283 courre a vuit « (en parlant d'un moulin) tourner sans qu'il n'y ait de grain » (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon,1141, t. 1, p. 93); b) 1538 « sans le contenu possible ou prévu » (EST. ds FEW t. 14, p. 589b); 2. a) av. 1660 au fig. « sans effet utile » (SCARRON, Œuvres, t. 7, p. 259 ds LITTRÉ); b) 1876 « sans produire le résultat normal » (Lar. 19e); 3. 1701 mus. toucher à vide « jouer d'un instrument en laissant une corde vide sur toute sa longueur » (FUR.); 1832 jouer à vide (RAYMOND). Vuide, forme fém. de vuit (voit, voide dans les dial.), att. jusqu'au XVe s., qui est issu du b. lat. vocitus, de la famille de vocuus « vide », lat. class. vacuus « vide, inoccupé, libre (au propre et au fig.); sans réalité, sans valeur », forme que l'on restitue d'apr. vocivus « vide », att. chez PLAUTE à côté de vacivus « id. », v. vacive. Fréq. abs. littér.:adj. 6 175; subst. 3 303. Fréq. rel. littér.:adj. XIXe s.: a) 5 735, b) 8 232; XXe s.: a) 10 587, b) 10 584; subst. XIXe s.: a) 3 004, b) 4 247; XXe s.: a) 5 633, b) 5 824. Bbg. QUEM. DDL t. 27, 41. — THOMSEN (V.). Étymol. Romania. 1875, t. 4, pp. 257-262.

vide [vid] adj. et n. m.
ÉTYM. XIVe; graphie officielle en 1762, Académie; vuide, XIIIe; du fém. de l'anc. franç. vuit, voide « friche (terre) », 1080, Chanson de Roland; du lat. pop. vocitus, de vocuus, var. archaïque du lat. class. vacuus (→ Vacive).
———
I Adj.
1 Qui ne contient rien de sensible, de perceptible; dans lequel il n'y a ni solide, ni liquide. || Espace vide entre deux choses. Lacune, trou, vide (II.). || Une boîte, une valise, une armoire vide. || Malle à moitié vide (→ Disparate, cit. 2). || Salle vide.
1 Parce que (…) vous avez cru dès l'enfance qu'un coffre était vide lorsque vous n'y voyez rien, vous avez cru le vide possible (…)
Pascal, Pensées, II, 82.
(XIIe). Sc., philos. Où il n'y a pas de matière. || « Il ne peut y avoir aucun espace entièrement vide » (→ Matière, cit. 1, Descartes).Où règne un vide (II., 1.) très poussé. || Solution optiquement vide, dans laquelle l'ultramicroscope ne permet de discerner aucune suspension colloïdale.Emballage sous vide (l'espace entre le produit emballé et l'emballage étant vidé d'air).
(XXe). Math. || Ensemble vide, qui n'a aucun élément. Zéro.
Inform. Qui ne contient pas d'information, qui est dénué de sens. Nul.
(XVIIe). Qui est dépourvu de son contenu normal. Vidé (vider). || Verre, bock; bouteille… vide (→ 1. Patron, cit. 9; presser, cit. 17; rincer, cit. 2), à moitié vide (→ Quoi, cit. 2). || Réservoir, rivière vide. Sec (à). || La cruche (cit. 1) au large ventre est vide en un instant. Vider.Bourse (→ Péage, cit. 3), gousset (cit. 2), poche vide (→ Râpé, cit. 2). Plat (spécialt). || Avoir la bourse vide. Pauvre; dégarni, démuni.Louer un appartement vide, sans meubles (opposé à meublé).
2 Mais le lendemain il se présenta chez elle avec une facture (…) Emma fut très embarrassée : tous les tiroirs du secrétaire étaient vides (…)
Flaubert, Mme Bovary, II, XII.
Loc. (V. 1360). Avoir l'estomac, le ventre vide (→ Nourriture, cit. 2). Creux. — ☑ Arriver, rentrer les mains vides. Main (cit. 73 et supra).
2 (XIIIe; en parlant d'un lieu, un espace). Qui n'est pas occupé; où il n'y a personne. Dépeuplé, inoccupé, vague. || Pièce, chambre vide (→ Attrister, cit. 8; farine, cit. 2). || Maison plus vide qu'une tombe. Abandonné (→ Lugubre, cit. 4). || Salle vide, après une réunion, une séance. Évacué. || Lit (→ Hôpital, cit. 6), fauteuil vide. || Le trône restait vide (→ Régicide, cit. 3). Vacant. || Scène de théâtre vide, avant l'entrée en scène des acteurs. || La scène reste vide pendant un instant.Place vide. Libre. → Banquet, cit. 1; bâtir, cit. 33; nez, cit. 45. || Compartiment (→ 1. Gare, cit. 6), wagon vide (→ Place, cit. 17; 4. rame, cit. 4).Allée, rue vide (→ Recueillement, cit. 5).
3 (…) l'allure d'une carriole de paysan qui rentrait devant lui, l'étonna. Elle semblait vide, personne n'était plus sur le banc, et le cheval, abandonné, retournait à son écurie d'une allure flâneuse (…)
Zola, la Terre, II, II.
4 Tout était creux et vide; le Louvre sans tableaux, la Chambre sans députés, le Sénat, sans sénateurs, le lycée Montaigne sans lycéens.
Sartre, Situations III, p. 27.
Par exagér. Qui est loin d'être plein (I., 1., b); où il y a peu de monde. || Les cafés, les théâtres sont vides (→ Il n'y a pas un chat). || Les rues sont vides, à cette heure-là. || Paris est vide au mois d'août. Désert. || Le train était vide.
3 (Mil. XVe). Fig. a (Le temps étant assimilé à un contenant). Qui n'est pas employé, occupé comme il pourrait l'être; sans occupation. || Journées vides (→ Observer, cit. 12). || Dimanche vide et interminable. || Avoir des moments vides, dans la journée. Vacant; loisir (de). || « Siècles vides » (Bossuet), où il ne s'est rien passé d'important.
b (XIIIe, en parlant du cœur, de la tête,… lieu des émotions, des idées). || Son crâne, sa tête lui semblait vide (→ Faim, cit. 5).Avoir la tête vide : ne plus avoir momentanément sa présence d'esprit, ses connaissances, ses souvenirs (fatigue, choc, émotion); éprouver un malaise, un vertige. — ☑ Esprit vide, sans idées, sans projets, sans souvenirs, etc. (selon les contextes).Cœur vide, sans sentiments (→ Désenchanter, cit. 5). || « Nous ne travaillons qu'à remplir la mémoire, et laissons l'entendement et la conscience vides… » (→ Pédant, cit. 1, Montaigne). — ☑ Être vide et ennuyé (cit. 26), sans occupation, désir ni sentiment. — ☑ Avoir une case vide.
4 Creux. a Dont la matière (solide) n'occupe pas tout le volume; qui présente des évidements, des lacunes. Creux. || Os vide (→ Oiseau, cit. 2).Adv. || Cela sonne vide, creux.
b (V. 1265). Fig. Qui manque d'intérêt, de substance. Creux (fig.). || Style vide et prétentieux. Bouffi, boursouflé. || Sonorités vides et retentissantes (cit. 1). || Discussion, propos vides. Futile (cit. 4), insignifiant, inutile.Une vie, une existence vide. Insipide, morne (1).« Nous sommes tous creux et vides » (→ Substance, cit. 12, Montaigne; et aussi attacher, cit. 60; 2. politique, cit. 5).
5 Soudain toute l'excitation tombe. Plus rien ne vaut la peine d'être continué. Le péché n'est pas horrible : il est vide. Tout est vide.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVI, p. 265.
5 (XIXe, en parlant d'une surface). Qui n'est pas couvert, recouvert. Dénudé, nu. || Mur vide (→ Hôpital, cit. 5). || « Sur le vide papier (cit. 15) que la blancheur défend » (Mallarmé). || Places (→ Déracinement, cit. 1), raies vides (→ Gélatine, cit.). || Le grand espace (cit. 17) vide des steppes et des pampas. || Terrains vides (de culture, de constructions). 2. Vague, vain (vx).
6 (XIIe). || Vide de… : qui ne contient, ne renferme, ne possède pas (ce qu'il devrait normalement contenir). Sans. || Poches vides d'argent. || Rues vides de voitures.(Abstrait). || Yeux vides de regard (→ Replier, cit. 2). || Regard vide d'expression. || Gens vides de sens commun. Dépourvu (→ Inhabile, cit. 1). || Une table rase (cit. 3), vide de tout caractère.Mots vides de sens. || « Des noms pompeux, vides de sens et de choses » (Bossuet, Oraison funèbre de la Duchesse d'Orléans, in Littré).
6 (…) l'esprit et le cœur sont encore vides de passions, de soins (…)
La Bruyère, les Caractères, XIV, 71.
7 Vient alors une de ces périodes étranges, qui me semblent telles parce qu'elles sont vides, somme toute, de faits extérieurs et qu'elles sont presque données à la rêverie.
G. Duhamel, la Pesée des âmes, VII.
(Sujet n. de personne). Dépourvu de pensées, de sentiments, etc. || « Il me semble que je serais vide de tout » (Mme de Sévigné, 153, 8 avril 1671).
———
II N. m. (1549, le vuide; v. 1370, vieu; XIIIe, voit « ouverture » [d'une armure]).
1 (XIVe). a Espace qui n'est pas occupé par de la matière (concept hypothétique de la philosophie et de l'ancienne science). Vacuité, vacuum (→ Fluide, cit. 9; subtil, cit. 5). || Le vide et le plein (→ Dense, cit. 3). || Les atomes (cit. 7) et le vide (dans la philosophie antique).L'horreur du vide.La nature (cit. 47) a horreur du vide, abhorre le vide (→ Équilibre, cit. 1) : aphorisme de ceux qui soutenaient l'impossibilité du vide (jusqu'aux expériences de Torricelli, Pascal, de Guericke, Boyle). || Pascal montra que les effets de « l'horreur du vide » étaient dus à la pesanteur de l'air.Fig. || La sensibilité (cit. 6) a horreur du vide.Par plais. || La nature a horreur du vide, se dit à propos d'un ivrogne, d'un glouton, etc.Le vide absolu (absence de molécules, d'atomes ou de particules « élémentaires ») ne semble pas se rencontrer dans la nature.
8 (…) il aurait fallu reconnaître l'existence de fluides intangibles, invisibles, impondérables, trois négations dans lesquelles la science d'alors voulait voir une définition du vide.
Balzac, Ursule Mirouët, Pl., t. III, p. 317.
b (1651, Pascal). Sc. Abaissement très important de la pression d'un gaz (l'air, en général), dans une enceinte; état de la matière dans cet espace. || Vide pneumatique : raréfaction de l'air au moyen de la machine pneumatique (cit. 1 et 2). || Vide barométrique, de Torricelli (rempli en fait de vapeur de mercure).Production du vide par machines pneumatiques, trompes, pompes à palettes, à vapeur de mercure, pompes moléculaires, etc. || Mesure du degré de vide (par la pression du gaz résiduel). || Vide absolu et vide relatif. || Vide imparfait. || Tubes à vide. || Vide plus ou moins poussé.Nettoyage par le vide. || Faire le vide en aspirant l'air. Pomper.
9 J'entends toujours par le mot de vide un espace vide de tous les corps qui tombent sous les sens.
Pascal, Conclusion des traités…, in Œ., t. III, p. 255.
Vide optique (A. Kastler), obtenu par un « pompage optique » qui modifie la répartition des niveaux énergétiques des atomes ou des molécules (ce procédé a des applications très importantes et récentes).
Vide moléculaire : vide assez complet pour que les molécules subsistantes aient un libre parcours plus grand que l'enceinte.
2 a (1675, Bossuet). Espace vide; milieu où il n'y a pas d'objets sensibles (choses ou personnes). Abandon. || « Tout est-il vide et absence dans la région des sépulcres ? ». Néant (cit. 7), rien.
10 Outre la distraction qu'elle éprouvait à ranger, elle éprouvait cette espèce de volupté qu'il y a, quand on détruit en rangeant, à voir le vide prendre la place des objets (…)
Montherlant, les Lépreuses, I, I.
Poétique :
11 Je jette en vain un nom au hasard à ce vide :
Le désert seul, hélas ! m'entoure et me répond.
Lamartine, Jocelyn, III, 3 juil. 1793.
Loc. Faire le vide autour de (qqn) : l'isoler, écarter tout le monde de lui. || Faire le vide autour de soi : s'isoler.Faire le vide dans son esprit : ne plus penser à rien.
b (XXe). Spécialt. Espace où il n'y a aucun corps solide (susceptible de servir d'appui). || Soutenir au-dessus du vide (→ Ballon, cit. 4). || Regarder dans le vide (→ Échelle, cit. 6).Espace, considéré indépendamment de ce qui s'y trouve. || Fixer le vide (→ Inexpressif, cit. 2), regarder dans le vide.
Loc. (1872). Dans le vide. || Parler dans le vide, sans auditeurs, ou, par ext., en n'étant écouté de personne, en pure perte.
12 Jusqu'ici, il avait eu constamment l'impression de parler dans le vide — un vide des plus hostiles, qui dévorait à mesure ses paroles.
A. Robbe-Grillet, le Voyeur, p. 65.
Promettre dans le vide, sans aucune intention ou possibilité de tenir sa promesse.
3 (Fin XIIe). || Un, des vides. a Espace vide ou solution de continuité. Cavité (cit. 1),espace, fente, ouverture, trou. || Remplir les vides d'une matière. Combler. || Les pleins (cit. 72) et les vides. || Vide qui sépare deux choses (→ Contigu, cit. 2). Distance, espace.Spécialt (dans une construction, une paroi). 2. Baie, fissure, trou. || Cloison qui laisse des vides (claire-voie). || Boucher un vide (→ Plâtras, cit. 2).Vide intérieur d'un récipient. Capacité.
13 Sous le grand vide réservé par la hauteur des voûtes au vol des prières moutonnait le troupeau bigarré des êtres humains.
France, Histoire comique, X.
Techn. || Vide d'air, de construction : espace ménagé dans les parois d'un bâtiment.Vide sanitaire : espace réglementaire devant être ménagé sous le sol du rez-de-chaussée des maisons sans cave.
b (1713). Espace où manque quelque chose; espace vide (I., 4.). Blanc, interruption, lacune, manque. || Vides dans un tableau (→ Coloriste, cit. 3).Par métaphore. || Combler les vides de son souvenir. Lacune (cit. 1), trou (→ Interpolation, cit. 2). || Ne pas laisser de vide (→ Plein, cit. 10).
14 L'intervalle qui restait entre la tablette de ce bureau et la Tempête de Vernet, qui est au-dessus, faisait un vide désagréable à l'œil. Ce vide fut rempli par une pendule (…)
Diderot, Regrets sur ma vieille robe de chambre, Pl., p. 975.
14.1 (…) la paresse, le manque d'imagination, ou l'extrême lassitude du moment, le même événement pourra, les vides une fois remplis, se présenter aussi bien sous le rassurant aspect d'une terne banalité, du déjà vu (…)
Claude Simon, le Vent, p. 146.
c Fig. Ce qui interrompt (une réalité morale : occupation, intérêt, sentiment); ce qui est ressenti comme un manque. Manque (→ Entretenir, cit. 14; idolâtrer, cit. 3; tabac, cit. 1). || Ne laisser dans l'âme aucun vide (→ Heureux, cit. 36). || Combler (cit. 9.1) un vide de deux années.
15 Pendant les premières heures, il avait un vide dans le cerveau, il ne pensait rien, rien. C'était comme un mur noir, contre lequel il venait se briser.
R. Rolland, Jean-Christophe, Antoinette, p. 892.
Spécialt. Le sentiment pénible provoqué par l'absence, la mort. Perte (cit. 2), privation. || Son départ fait un grand vide.
d Vide juridique : absence de législation dans un domaine, sur un point particulier.
4 Caractère de ce qui manque de réalité, d'intérêt. Futilité, inanité, néant, vacuité, vanité. || Le vide des idées, des phrases mortes (→ 1. Livre, cit. 9). || Le vide de l'homme (→ Insuffisance, cit. 2), de l'âme. Désert (fig.).Éprouver une sensation (→ Inexplicable, cit. 6), un sentiment de vide (→ Écroulement, cit. 5). || Un vide nauséeux (cit. 2). Ennui.Le vide des heures, du temps (→ Oisiveté, cit. 1), de l'existence.
16 Le vide mortel de ces heures sans projets aggravait à tel point sa détresse, qu'il fut incapable de lutter davantage (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 103.
Chose vaine, futile (→ Fiction, cit. 3). || Toutes ses promesses sont du vide, du vent.
5 (1690, Furetière). Manque, absence de (qqch.). || Un vide d'idées, d'intérêts. Défaut.
Loc. adv. (1538, Estienne). À vide : sans rien contenir. || Voiture qui part, passe à vide (→ Heure, cit. 16).Par ext. Sans avoir l'effet normalement attendu (au sens propre, en n'agissant pas sur la matière solide). || Frapper (cit. 4) à vide. || Rouage qui tourne à vide, n'enclenche pas. || Le moteur tourne à vide.Fig. || La raison (cit. 41) n'opère pas à vide.
17 Or voici que le temps a cessé de couler à vide. Je suis installé enfin dans ma fonction.
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, V.
18 Tel qui n'a plus rien à raconter depuis des années chaque matin s'assied devant sa table et écrit à vide, à la lettre : ce sont des maîtres de néant.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 79.
Techn. || Corde à vide, que l'on fait résonner sur toute sa longueur. || Jouer à vide d'un instrument à corde.
Loc. Passage à vide : moment où un moteur, un mécanisme tourne à vide.Fig. Moment où une activité s'exerce sans effet utile.Spécialt. Baisse de l'activité ou de l'efficacité d'une personne, due à la fatigue, à la maladie, etc. || Elle a eu un passage à vide à la fin de l'hiver, mais maintenant elle est en pleine forme.
CONTR. Plein, rempli; bondé, bourré, 2. comble, complet, farci, fourni, grouillant, surpeuplé; occupé, pris (place).(Du n. m.) Occupation, plein (n. m.), plénitude, remplissage.
COMP. Ultravide.

Encyclopédie Universelle. 2012.