1. désert, erte [ dezɛr, ɛrt ] adj.
• 1080 aussi « abandonné »; lat. desertus
1 ♦ Sans habitants. Île déserte. ⇒ inhabité. Campagne déserte. ⇒ désertique, désolé, sauvage. « À mesure qu'on approche de Port-Royal, le pays se fait plus désert » (Suarès). — Peu fréquenté. Une plage déserte.
2 ♦ Privé provisoirement de ses occupants. ⇒ abandonné, dépeuplé, déserté, vide. Les rues sont désertes. « Notre-Dame est aujourd'hui déserte, inanimée, morte » (Hugo). Le château « était désert, mais non abandonné » (Gautier).
⊗ CONTR. Habité, peuplé; fréquenté, passant. Occupé, plein.
désert 2. désert [ dezɛr ] n. m.
• v. 1170; bas lat. desertum, class. deserta
I ♦
1 ♦ Vx Tout lieu inhabité.
♢ Vieilli Lieu peu habité, peu fréquenté. « fuir dans un désert l'approche des humains » (Molière).
2 ♦ Mod. Lieu dépeuplé. « Une ville de province est un désert sans solitude » (F. Mauriac). — Par ext. Lieu écarté. Il est allé vivre dans un vrai désert. ⇒ bled, trou.
3 ♦ (Abstrait) Solitude. ⇒ vide. « J'entre avec une secrète horreur dans ce vaste désert du monde » (Rousseau). Un désert culturel. ⇒ néant.
4 ♦ Loc. Prêcher (crier, parler) dans le désert, sans être écouté (allus. à saint Jean Baptiste). — Allus. bibl. Traversée du désert : longue période d'isolement forcé du pouvoir (pour un homme politique, un parti). « De Gaulle n'a pas oublié les conditions dans lesquelles il a quitté les affaires de l'État en 1946, pour entamer une “traversée du désert” qui allait durer douze ans » (Le Monde, 1969).
II ♦ Région très peu habitée dont les précipitations sont inférieures à l'évaporation; spécialt cette région dans un climat chaud. Avancée du désert. ⇒ désertification. « Au sujet de l'avancée du désert [il] se demande si un jour, la République [...] ne sera pas dévorée par les sables » (Diabaté). Désert aride du Sahara. Déserts semi-arides du Kalahari, d'Australie, de l'Arizona. Déserts tropicaux. Désert de Gobi. Déserts tempérés et froids. ⇒ steppe, toundra. Désert de sable. ⇒ 1. erg. Désert de pierres. ⇒ hamada. Désert rocheux. ⇒ reg. Point d'eau, végétation dans le désert. ⇒ oasis. « Ce qui embellit le désert [...] , c'est qu'il cache un puits, quelque part » (Saint-Exupéry). Les mirages du désert. Nomades, caravanes de chameaux qui traversent le désert. Le vaisseau du désert. « Là-bas dans le grand désert, les hommes peuvent marcher des jours, sans rencontrer une seule maison » (Le Clézio). Renard du désert : fennec.
● désert nom masculin (latin desertum) Région du globe caractérisée par une pluviométrie inférieure à 200 et souvent même à 100 mm°an et où la densité de population est très faible en raison des conditions du climat (aridité, froid). [Il existe des déserts tempérés (Mongolie), froids (Antarctique), chauds (Sahara).] Fait pour un lieu d'être désert, inhabité ; lieu vide ou peu fréquenté : Dans les bureaux vers midi, c'est le désert. Littéraire. Fait d'être vide, terne, morne, nu, sans activité : Meubler le désert de sa vie. ● désert (citations) nom masculin (latin desertum) Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 [Le désert,] c'est Dieu sans les hommes. Une passion dans le désert Yves Bonnefoy Tours 1923 Il n'est plus de désert puisque tout est en nous. Pierre écrite Mercure de France André Frénaud Montceau-les-Mines 1907-Paris 1993 Toujours le désert prévaudra. Il n'y a pas de paradis Gallimard Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Pour vous mieux contempler, demeurez au désert. Fables, le Juge arbitre, l'Hospitalier et le Solitaire François Mauriac Bordeaux 1885-Paris 1970 Académie française, 1933 Chacun de nous est un désert. Dieu et Mammon Le Capitole Henri Michaux Namur 1899-Paris 1984 Le désert n'ayant pas donné de concurrent au sable, grande est la paix du désert. Tranches de savoir Cercle des Arts Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Et parfois il me prend des mouvements soudains De fuir dans un désert l'approche des humains. Le Misanthrope, I, 1, Alceste Bible Tu l'as vu aussi au désert : Yahvé, ton Dieu, te soutenait comme un homme soutient son fils, tout au long de la route que vous avez suivie jusqu'ici. Ancien Testament, DeutéronomeI, 31 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Henry Havelock Ellis Croydon, Surrey, 1859-Hintlesham, Suffolk, 1939 La Terre promise est toujours de l'autre côté du désert. The Promised Land always lies on the other side of a wilderness. The Dance of Life, V Franz Kafka Prague 1883-sanatorium de Kierling, près de Vienne, 1924 Principe du chemin dans le désert […]. Ce n'est pas parce que sa vie était trop brève que Moïse n'est pas entré en Canaan, c'est parce que c'était une vie humaine. Das Wesen des Wüstenweges […]. Nicht weil sein Leben zu kurz war, kommt Moses nicht nacht Kanaan, sondern weil es ein menschliches Leben war. Journal, 19 octobre 1921 ● désert (expressions) nom masculin (latin desertum) Églises, assemblées, pasteurs du Désert, noms donnés, aux XVIIe et XVIIIe s., à l'organisation, aux réunions et aux ministres que les réformés français se donnèrent après la révocation de l'édit de Nantes, leur activité clandestine s'exerçant dans des campagnes isolées. Faire le désert (autour de soi), faire le vide, éloigner tout le monde. Parler, crier, prêcher dans le désert, sans être écouté. Traversée du désert, disparition provisoire de la scène d'un homme politique de premier plan. ● désert, déserte adjectif (latin desertus) Se dit d'un lieu inhabité, ou qui paraît tel ; désertique : Une contrée déserte. Se dit d'un lieu où il n'y a temporairement personne ; vide ou quasiment vide : Salle déserte. Où il ne se passe rien ; terne, morne : Une journée déserte. ● désert, déserte (synonymes) adjectif (latin desertus) Se dit d'un lieu inhabité, ou qui paraît tel ; désertique
Synonymes :
- dépeuplé
- inhabité
- sauvage
Contraires :
- peuplé
Se dit d'un lieu où il n'y a temporairement personne ;...
Synonymes :
- abandonné
- déserté
- vide
Contraires :
- fréquenté
- passant
Où il ne se passe rien ; terne, morne
Synonymes :
- morne
- terne
désert, erte
adj.
d1./d Qui est sans habitants. Une île déserte.
d2./d Peu fréquenté, où il n'y a personne. Rue déserte.
d3./d Sans cultures, sans végétation. Paysage désert.
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désert
n. m.
d1./d Région où les rigueurs du climat sont telles que la vie végétale et animale est presque inexistante. On distingue les déserts chauds, où les précipitations sont inférieures à 200 millimètres d'eau par an (Sahara), et les déserts froids (Antarctique et Arctique), dont les basses températures sont peu propices à la vie.
d2./d Fig. Grande solitude morale; isolement total. "Le Désert de l'amour", roman de François Mauriac.
d3./d Loc. fig. Prêcher dans le désert: parler sans être écouté.
⇒DÉSERT, ERTE, adj. et subst. masc.
I.— Adjectif
A.— Où il n'y a (presque) personne
1. de façon permanente ou pour une longue période.
a) [Le déterminé désigne une étendue géogr.] Inhabité, sauvage. Île, région, terre déserte. De chaque côté du chemin, la campagne blanche de neige s'étendait déserte à perte de vue; aucune apparence de bourg, village ou hameau (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 163). Dans l'île de Tahiti, la vie est localisée au bord de la mer; les villages sont tous disséminés le long des plages, et le centre est désert (LOTI, Mariage, 1882, p. 139) :
• 1. ... Là-bas, tout au bout de la France, il est un pays désert, mais désert comme les solitudes américaines, ignoré des voyageurs, inexploré, séparé du monde par toute une chaîne de montagnes (...) Toute cette contrée montueuse est connue sous le nom de « massif des Maures ». Sa vraie capitale est Saint-Tropez...
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Rencontre, 1882, p. 330.
— P. anal. Les pages désertes d'une partition où l'on ne lisait que des « temps forts », semés à intervalles égaux comme des larmes (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 7).
b) [Le déterminé désigne un bâtiment d'habitation destiné à l'homme ou à l'animal] Abandonné, inoccupé. Vallombreuse emmena Sigognac, qui vit dans l'écurie, naguère déserte, dix beaux chevaux séparés par des stalles de chêne (GAUTIER, Fracasse, 1863 p. 493). L'ambulance divisionnaire se trouvait de l'autre côté de la place. C'était une grande maison déserte et noire sans un meuble, sans un grabat (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 293).
— P. anal. Si les ballons remplis d'air demeurent déserts, c'est qu'on les a débouchés dans une zone stérile; s'ils se peuplent, c'est qu'on les a débouchés dans une zone féconde (ROSTAND, Genèse vie, 1943, p. 123).
2. De façon temporaire ou occasionnelle
— [Le déterminé désigne un lieu d'habitation, de réunion, de passage] Vide. Les domestiques étaient au cinéma. L'appareil tintait seul dans la maison déserte (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 469). Les Nouvelles littéraires d'hier (lues, ô horreur! dans l'église déserte, parce que c'est le seul endroit ici où il fasse frais) m'ont apporté votre poème (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1105) :
• 2. Il revint assister au débarquement, attendit que le flot des voyageurs eût rendu les billets et se fût empilé dans les voitures des hôtels (...) Et, alors seulement, il put souffler un instant dans la gare redevenue déserte et silencieuse.
ZOLA, La Bête humaine, 1890, p. 55.
• 3. Je vais m'installer sur le banc de quart. La barque tire sur son amarre. Le soleil décline doucement. Il y a des risées sur l'eau. Le ciel est pur. La mer déserte. Le large indigo.
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 171.
SYNT. Quai, port désert; allée, avenue, place, ruelle déserte; salle (de café, de musée, etc.) déserte. Noir, obscur, silencieux, vide et désert.
Rem. Désert est souvent accompagné d'un adv. ou d'un compl. de temps. Je me promenai dans cette rue sans boutique, et déserte à cette heure (DUMAS fils, Dame cam., 1848, p. 115). Au petit matin, des souffles légers parcourent la ville encore déserte (CAMUS, Peste, 1947, p. 1314).
Désert + compl. de l'adj. Un peuple affairé, silencieux, vêtu d'imperméables et chaussé de caoutchoucs, circulait déjà, encombrant les trottoirs, mais attentif à ne pas empiéter sur la chaussée, pourtant déserte de voitures (MARTIN DU G., Thib., Sorell., 1928, p. 1198). Ô soleil de minuit sans sommeil solitude Dans les logis déserts d'hommes où vous veillez Épouses d'épouvante (ARAGON, Crève-Cœur, 1941, p. 14).
♦ P. méton. On a cogné contre la porte. Un bond; il va ouvrir : la nuit déserte le salue (GIONO, Regain, 1930, p. 106). C'était un petit matin tout gris, désert (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 491) :
• 4. Cinq ou six vieilles femmes priaient là, clientes de cérémonies désertes. Dans cette solitude pleine de présences et de chuchotements, Augustin finit par goûter une fatigue physique, une nonchalance, un repos, et l'envie de dormir.
MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 318.
B.— Au fig. Terne, où il ne se passe rien. Paraîtras-tu demain? Passerai-je encore une journée déserte et désolée? (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1837, p. 268). La lune s'éleva sur les sapins, derrière les collines, (...) Elle nous baigna spontanément de sa lumière morne et pâle, de sa flamme déserte et pâle (VILLIERS DE L'I.A., Contes cruels, 1883, p. 304). Rien ne palpitait dans ses vers [de Leconte de Lisle] tout en façade que n'étayait, la plupart du temps, aucune idée; rien ne vivait dans ces poèmes déserts (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 250) :
• 5. Elle [Mme Clapain] devait être payée chichement, n'avoir jamais de liberté, ne sortir que pour les maîtres et toujours le moins possible. Une existence déserte, comme on en voit des milliers, sans les remarquer.
ESTAUNIÉ, Madame Clapain, 1932, p. 317.
— En partic. [Le déterminé désigne la personnalité ou ses manifestations] Sans expression, sans émotion. (Un) regard désert :
• 6. Il y eut un silence dont Mathieu profita pour ensevelir ses souvenirs de la nuit. Quand il sentit que son cœur était désert, il releva la tête...
SARTRE, L'Âge de raison, 1945, p. 205.
♦ Libre, disponible :
• 7. ... elle [Aurore] était (...) trop intelligente pour armer contre elle-même les mains qu'elle abandonnait. « Je m'empresse d'oublier tous les visages qui ont cessé de m'émouvoir. Offrir à un nouveau venu un esprit libre et un cœur désert est (...) le moins que l'on puisse faire honnêtement. »
L. DE VILMORIN, La Fin des Villavide, 1937, p. 60.
II.— Substantif
A.— Lieu désert (supra I A).
1. De façon permanente ou pour une longue période : endroit inhabité. Certains départements comme le Gers et l'Ariège deviennent des déserts, mais ces déserts sont peuplés de morts. Les cimetières abandonnés des vieux villages se pressent autour d'églises, mortes elles aussi (MAURIAC, Mém. intér., 1959, pp. 116).
♦ Vieilli. Alexis se taisait. Un monde de pensées l'oppressaient; les déserts de la banlieue passaient derrière les vitres [du tramway], et ce spectacle rapide ajoutait à la confusion de son esprit (LACRETELLE, Hts ponts, 1935, p. 144) :
• 8. Je ne sais pas où est André, et lui-même doit ignorer mon adresse. Les indications à son sujet sont plutôt vagues et contradictoires (...) J'ai le plus grand désir, cependant (et malgré tous les déserts mal servis par les postes), de poursuivre une coutume de correspondance qui réduit l'éloignement à n'être plus qu'un prétexte.
VALÉRY, Correspondance [avec Mme Gide], 1893, p. 190.
♦ Faire le désert. Cf. faire le vide :
• 9. Renonçant (...) à affronter Richard Cœur de Lion en rase campagne, il [Saladin] se contentera, à la manière bédouine, de faire le désert devant lui. Le désespoir au cœur, il fit évacuer les villes de la côte, même Ascalon, par la population musulmane et, tandis que de douloureux cortèges d'émigrants prenaient le chemin de l'Égypte, il fit raser au sol les murailles des cités.
GROUSSET, L'Épopée des croisades, 1939, p. 274.
— Spéc., GÉOGR. Zone aride, aux précipitations irrégulières ou faibles, à la végétation inexistante ou rare, aux paysages essentiellement minéraux et dépourvue d'habitat permanent. Il n'est ni triste ni gai, le désert, l'innombrable néant des sables sous le néant lucide du ciel : il est sinistre (SARTRE, Mouches, 1943, II, tabl. 2, 4, p. 72). Un nouveau genre de supplice débute et non des moindres, supplice du désert, des mirages et autres fantasmagories méchantes de la soif et de la réverbération (COCTEAU, Diff. être, 1947, p. 145) :
• 10. La morne tristesse du désert règne sur cette terre aride dont le sein gercé nourrit à peine quelques mimosas dépouillés, des cactus et des palmiers nains.
A. FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, p. 307.
• 11. La brise chaude, la brise d'Afrique, apportait à mon cœur joyeux l'odeur du désert, l'odeur du grand continent mystérieux où l'homme du nord ne pénètre guère.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Un Soir, 1889, p. 1127.
• 12. Il voulait le vrai désert, la vraie plénitude du désert, où vivaient ces vrais hommes qu'il avait entrevus, au seuil des tribus, les yeux baissés sur le chapelet.
PSICHARI, Le Voyage du centurion, 1914, p. 44.
SYNT. a) Désert + adj. : désert immense; désert ardent, aride, brûlant, calciné, glacé; désert crayeux, pétré, pierreux, rocheux, sablonneux, salé; désert rouge; désert africain, tartare. b) Désert + subst. : désert d'argile, de granit, de pierres, de sable; désert de feu. c) Subst + désert : aridité, chaleur, immensité, silence, solitude du désert; poussière, sable, soleil, vent du désert; (les) confins du désert; bédouin, cavalier, seigneur du désert; pirate du désert; caravane, peuple du désert; armée, police du désert; animal, coursier, gazelle du désert; plante du désert; souffle du désert; expérience, magie, nostalgie, nuit, vie du désert; couleur de désert. d) Verbe + désert : fertiliser, irriguer, peupler le désert; (s')égarer, (se) perdre dans le désert.
— P. méton. Peuples monothéistes modelés par le désert (FAURE, Hist. art, 1912, p. 263). Ces visages tannés que le désert faisait sans âge (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 283).
— Locutions
a) [Désert en tant que lieu désolé, à la nature hostile] Oh! Tu sais, avec Jacques, je vivrais bien au désert (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 70). Cf. supra SARTRE, loc. cit. et COCTEAU, loc. cit. et ex. 10.
♦ Au fig. Elle [l'église] n'a pas peur de la solitude; s'il le faut, elle habitera les déserts et les fera fleurir (MARITAIN, Primauté spirit., 1927, p. 155).
Crier, parler dans le désert : Crier, parler sans pouvoir se faire entendre. Nasty [à Heinrich] les curés sont impuissants; on les aime, c'est vrai, mais s'ils condamnent la révolte, ils prêcheront dans le désert (SARTRE, Diable et Bon Dieu, 1951, tabl. 5, 4, p. 167). La liberté n'est pas cette Ariane sans écho, exhortant des cadavres, prêchant pour les sourds, clamant dans le désert : mais elle est communicative comme l'incendie et purifiante comme la bourrasque (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 95).
b) [Désert en tant que lieu de refuge] Dans deux heures, le crime sera commis. L'Agha est déjà en fuite. Moi, je prends le désert ce soir. Veux-tu me suivre? (LENORMAND, Simoun, 1921, tabl. 13, p. 160) :
• 13. ... la fuite au désert, l'« anachorèse » (littéralement la « montée au maquis ») (...) [est] un phénomène très général dans l'Égypte gréco-romaine (criminels, débiteurs et surtout contribuables insolvables, a-sociaux de toute espèce, et non pas seulement religieux).
MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 66.
♦ En partic. [P. réf. à l'église du désert] Je connaîtrais de grands combats. J'irais au désert avec les protestants (GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1937, p. 84).
c) [Désert en tant que lieu de l'aventure, de l'épanouissement] D'un côté, la liberté dans le désert; de l'autre côté, les hommes (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1271). Cf. supra ex. 11 et 12.
d) [Désert en tant que lieu privilégié de la rencontre, du face à face avec le Créateur] Et qu'aurai-je fait toute ma vie, sinon de rechercher cette solitude qui n'était pas celle du désert où nous trouvons Dieu, mais celle du confort où nous ne trouvons que nous-mêmes? (MAURIAC, Nouv. Bloc-notes, 1961, p. 99).
♦ [Désert en tant que lieu de l'épreuve]
[Épreuve subie] Saint-Cyran, avait si l'on peut dire, la hantise de la tentation du Christ au désert (BREMOND, Hist. sent. relig., 1920, p. 171). Au fig. Traversée du désert :
• 14. Et le chevalier parfait, le Cid du catholicisme, saint Polyeucte, sainte Théodore, saint Pierre Corneille, s'avancerait à travers les embûches du démon et les tentations éclatantes de la sainteté. Parfois, il souffrirait, dans sa traversée du désert, de cette aridité qu'ont dévoilée les mystiques, de cet abandon de Dieu que tout croyant a connu et que Corneille n'a pas ignoré...
BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, p. 333.
En partic. Disparition provisoire de la scène politique. Camus, au temps de la traversée du désert, le quitte [De Gaulle] en lui demandant en quoi, à son avis, un écrivain pourrait servir la France :« Tout homme qui écrit (un temps), et qui écrit bien, sert la France » (MALRAUX, Les Chênes qu'on abat, Paris, Gallimard, 1971, p. 169).
[Épreuve voulue, librement consentie] Anachorète au désert, pères du désert. Il n'y a des hommes supérieurs que là [dans les grandes villes]; ou dans des cellules au désert (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 311). Chercher la sainteté (...) au désert (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 133). P. ext. Le cloître, le couvent. Précipitée du monde au désert, elle est entrée soudaine et avec tous ses feux, dans les glaces monastiques (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 386). Elle jeûna, passa des heures en prières, (...) Elle était toute préparée, affirmait-elle, s'il le fallait, à se retirer au désert (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 244). P. anal. Continuez à m'écrire dans mon désert des nouvelles du monde. Ce n'est pas que ce désert ne soit très animé, nous passons les jours en fêtes (CHATEAUBR., Corresp. gén., t. 2, 1789-1824, p. 119). Nous avons été vivre dans notre désert de Bièvres, nous avons fait, comme tant d'autres, notre petite expérience de vie phalanstérienne (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 55).
♦ [Désert en tant que lieu du miracle] Le pain tombé du ciel pour le peuple au désert, Quand sécha la rosée dont le sol fut couvert (JAMMES, Géorgiques, Chants 1, 1911, p. 12).
— P. métaph. ou au fig. L'indifférence de la multitude est un désert plus sûr que le désert même (BLOY, Désesp. 1886, p. 160). La vie sans toi ne me paraît plus qu'un désert (GIDE, École femmes, 1929, p. 1252).
♦ Désert + subst. (Un) désert de larmes. Quand je relis mon journal de jeune fille, j'ai l'impression de voler dans un avion très lent au-dessus d'un désert d'ennui (MAUROIS, Climats, 1928, p. 157). Vous n'avez pas vécu, mais il vous reste encore à vivre. Dans ce désert d'indifférence et d'oubli, n'avez-vous jamais senti, depuis vingt ans, dans le silence, votre âme protester contre vous? (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 372).
2. De façon temporaire ou occasionnelle : endroit vide, où l'on ne rencontre personne. — Cette foule, peu à peu, s'était répandue dans les terres voisines, avait fait le cercle autour de la fosse, à cent mètres. Au centre du grand vide, le Voreux se dressait. Plus une âme, plus un bruit, un désert (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1544) :
• 15. Dans la rue Mouffetard, ce soir-là, traînaient des odeurs de viande morte, de chat et d'urine et les invisibles flocons de la misère; comme toujours, dans ces déserts endormis de Paris. Laforgue et ses camarades ne virent s'esquiver que les derniers rôdeurs de la malchance, ces vieilles femmes qui roulent de portail en portail (...) ces noirs et ces manœuvres algériens qu'on entend chanter si tard en été sous les arbres de papier vert de la place Maubert comme sur un toit d'Afrique...
NIZAN, La Conspiration, 1938, p. 20.
B.— [Suivi d'un compl. déterminatif désignant un lieu] Fait d'être désert; qualité de ce qui est désert (cf. I A). Et moi qui redoutais le désert de cette grande salle! Elle est déjà plus qu'à demi pleine de couples qui tournoient (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 306). Le désert des champs, le silence des hameaux, la rareté des fumées (...) donnèrent au jeune Toscan un sentiment de malaise et d'insécurité qui s'aggravait à chaque foulée (DRUON, Reine étranglée, 1955, p. 189).
— P. métaph. ou au fig. (cf. supra I B 2). Voilà quelles secousses (...) l'amenèrent [Boulanger] aux extrêmes frontières où l'on n'a plus qu'un pas pour entrer dans la mort. Et ce qui l'y jeta, ce fut ce désert moral dès le soir de l'enterrement (BARRÈS, Appel soldat, 1900, p. 521). Le vide et le désert de toute préexistence (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 255).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. désertification. Transformation d'une région en désert. Cinq cents chercheurs ont préparé une étude du processus et des causes de la désertification, une carte mondiale des zones menacées et un projet de plan d'action (L'Écologie, enjeu politique, p. 30. Suppl. aux dossiers et documents du Monde, mars 1978).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. Enq. : /, -t/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. Adj. ca 1100 « inculte » (Roland, éd. J. Bédier, 3246); ca 1100 « vidé de ses habitants » (ibid., 664). II. Subst. 1. [Ca 1100 les deserz e les tertres (Roland, éd. J. Bédier; leçon du ms. O que L. FOULET, Gloss. pense devoir maintenir)]; 1135 « zone sèche et inhabitée » (WACE, Conception de Notre Dame, 313 ds KELLER, p. 31 : Joachim es deserz ala); 1269-78 fig. (J. DE MEUN, R. de la Rose, éd. Lecoy, 6314 : de ce mondain desert); 1618 « lieu peu habité, retraite solitaire » (Racan ds DUB.-LAG.); 3. 1788 « absence, manque » (BUFFON, Hist. naturelle, t. 4, p. 74). I empr. au lat. class. desertus « désert, inculte ». II empr. au lat. impérial desertum « désert, solitude ». Fréq. abs. littér. :7 623. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 13 589, b) 12 209; XXe s. : a) 9 082, b) 8 814. Bbg. GOHIN 1903, p. 343. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 354.
1. désert, erte [dezɛʀ, ɛʀt] adj.
ÉTYM. 1080, sens mod., et « abandonné »; jusqu'au XVIIe, en parlant aussi des personnes; lat. desertus « abandonné », p. p. de deserere « faire cesser d'être uni », de de-, et serere « joindre, unir ».
❖
1 Sans habitants. || Île, région déserte. ⇒ Inhabité. || Campagne déserte. ⇒ Désertique, désolé, sauvage (→ Anachorète, cit. 2). — REM. Sauf dans quelques syntagmes (île déserte, notamment), cet emploi est archaïque ou littéraire.
1 Cette île (…) est déserte d'hommes.
Racine, Remarques sur l'Odyssée.
2 C'est un instinct commun à tous les êtres sensibles et souffrants de se réfugier dans les lieux les plus sauvages et les plus déserts (…)
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 16.
3 (…) une roche écartée, un étang désert où le jonc flétri murmurait !
Chateaubriand, René, p. 193.
4 Tantôt sur les sommets de ces rochers antiques,
Tantôt aux bords déserts de lacs mélancoliques (…)
Lamartine, Premières méditations, « L'immortalité ».
5 À mesure qu'on approche de Port-Royal, le pays se fait plus désert.
Suarès, Trois hommes, Pascal, I, p. 15.
♦ Par ext. Peu fréquenté. || Quartier retiré, désert et tranquille. ⇒ Vide. || Rue déserte (→ Il n'y a pas un chat).
6 Et de même qu'un coin désert de Reuilly ne pouvait plus leur donner la détresse de la solitude, de même la foule de la rue Saint-Lazare ou celle de la rue Lafayette, à deux pas de leur maison, gardaient à leurs yeux quelque chose d'invinciblement anonyme.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, p. 319.
2 Privé provisoirement de ses occupants. ⇒ Abandonné, dépeuplé, déserté, dévasté. || Maison déserte. ⇒ Vide. || Désert de… || Une rue déserte de voitures.
7 Je ne vois que des tours que la cendre a couvertes,
Un fleuve teint de sang, des campagnes désertes.
Racine, Andromaque, I, 2.
8 (…) Notre-Dame est aujourd'hui déserte, inanimée, morte. On sent qu'il y a quelque chose de disparu. Ce corps immense est vide; c'est un squelette; l'esprit l'a quitté, on en voit la place, et voilà tout.
Hugo, Notre-Dame de Paris, IV, III.
9 Il (le château) était désert, mais non abandonné et nul symptôme de ruine ne s'y faisait remarquer. Le corps était intact, l'âme seule y manquait.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. II, XV, p. 169.
10 (…) nous passons aux chambres froides, salles immenses, désertes, mortelles, que nous traversons au pas de course, entre deux haies de bœufs écorchés (…)
G. Duhamel, Scènes de la vie future, VIII.
11 La rue est déserte : ni voitures sur la chaussée, ni piétons sur les trottoirs.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 23.
♦ Littér. (par métonymie). || Un petit matin désert.
c Un cœur désert. ⇒ Vide.
12 Il y eut un silence dont Mathieu profita pour ensevelir ses souvenirs de la nuit. Quand il sentit que son cœur était désert, il releva la tête (…)
Sartre, l'Âge de raison, in les Chemins de la liberté, t. I, p. 205.
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DÉR. Déserter.
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2. désert [dezɛʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1170; bas lat. desertum, lat. class. deserta, de desertus. → 1. Désert.
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♦ Lieu sans habitant.
1 Géogr. et cour. Zone très sèche, aride et inhabitée. — REM. Ce sens du mot est ancien, et inclus dans le sens 3. || Déserts froids. || Déserts chauds. || Désert du Sahara, du Kalahari, de Gobi… || Sécheresse, brusques variations de température du désert. || Infertilité, inhabitabilité, immensité, désolation, silence qui caractérisent le désert. || Désert de sable. ⇒ Erg. || Dunes du désert. || Désert de pierres, d'escarpements rocheux. ⇒ Hamada. || Vents du désert. ⇒ Simoun, sirocco. || Points d'eau, végétation dans le désert. ⇒ Oasis. || Traverser, passer, franchir un désert. || Nomades, bédouins, caravanes de chameaux qui traversent le désert. || Vision qui abuse le voyageur franchissant un désert. ⇒ Mirage. || Mourir de soif et d'épuisement dans le désert. — Zones inhabitées rappelant le désert. ⇒ Steppe, toundra. || Saint Jean-Baptiste prêchant dans le désert.
1 En ce temps-là parut Jean-Baptiste, prêchant dans le désert de Judée.
Bible (Segond), Évangile selon saint Matthieu, III, 1.
2 Le spectacle de la mort, partout si auguste et si solennel, semble emprunter au désert une majesté nouvelle. En présence de la seule nature, l'homme comprend mieux que c'est là le terme inévitable.
J. Verne, l'Étoile du Sud, XIII.
3 Les sables, les déserts qu'un ciel d'airain calcine (…)
Hugo, les Châtiments, V, XI.
4 (…) un pays plus grand encore et plat, baigné d'une éternelle lumière; assez vide, assez désolé pour donner l'idée de cette chose surprenante qu'on appelle le désert (…)
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, II, p. 183.
5 Le désert était, dans les croyances populaires, la demeure des démons. Il existe au monde peu de régions plus désolées, plus abandonnées de Dieu, plus fermées à la vie que la pente rocailleuse qui forme le bord occidental de la mer Morte.
Renan, Vie de Jésus, VI, Œ., t. IV, p. 156.
6 « La morne tristesse du désert règne sur cette terre aride… »
7 Le Sud ! Le désert, les nomades, les terres inexplorées et puis les nègres, tout un monde nouveau, quelque chose comme le commencement d'un univers ! le Sud ! comme cela devient énergique sur la frontière du Sahara.
Maupassant, la Vie errante, p. 95.
8 Tiens, tu me rappelles Fromentin ou ce pauvre Maupassant, qui a parlé du désert parce qu'il était allé jusqu'à Djelfa, à deux jours de la rue Bab-Azoun et de la place du Gouvernement, à quatre jours de l'avenue de l'Opéra; — et qui, pour avoir vu près de Bou-Saâda un malheureux chameau en train de crever, s'est cru en plein Sahara, sur l'antique voie des caravanes (…) Le Tidi-Kelt, le désert !
Pierre Benoit, l'Atlantide, II, p. 43.
9 Tu sais ce que c'est que le Tanezrouft, le « plateau par excellence », le pays abandonné, inhabitable, la contrée de la soif et de la faim. Nous étions en cet instant engagés dans la partie de ce désert que Duveyrier appelle Tassili du Sud (…)
Pierre Benoit, l'Atlantide, XIX, p. 294.
2 (Abstrait). Néant, solitude. ⇒ Vide. — REM. Cet emploi procède du sens général « lieu sans habitants », mais dans la langue actuelle, il évoque le sens 1, plus courant. || Le désert du monde, de l'âme… || Le Désert de l'amour, roman de F. Mauriac. || Le Désert de Bièvres, roman de Duhamel.
10 Je ne me plais qu'avec le monde, et tout sans lui m'est un désert et m'ennuie.
11 J'entre avec une secrète horreur dans ce vaste désert du monde. Ce chaos ne m'offre qu'une solitude affreuse où règne un morne silence.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, II, Lettre XIV.
12 La femme belle et vertueuse est le mirage qui peuple de lacs et d'allées de saules notre grand désert moral.
Renan, Souvenirs d'enfance…, Préface, p. 12.
13 Étranger parmi des étrangers, dans une vie étrangère à toute espérance, voilà ce que le solitaire rumine d'être et l'image qu'il se forme de la destinée humaine, quand il s'assied dans l'auberge de la plus noire solitude, qui est le désert des hommes.
André Suarès, Trois hommes, Ibsen, VII, p. 167.
14 (…) à sa solitude intérieure, il avait ajouté ce désert que crée la soutane autour de l'homme qui la revêt.
F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux, VIII, p. 139.
3 Vx. Tout lieu inhabité. — Par ext. Vieilli. Lieu peu habité, peu fréquenté.
14.1 Et parfois il me prend des mouvements soudains
De fuir dans un désert l'approche des humains.
Molière, le Misanthrope, I, 1.
15 Il n'y a rien ici, c'est un désert.
16 (…) je ne ferai point un désert de ma maison, parce qu'il s'y passe des choses qui me déplaisent comme à vous.
Diderot, le Père de famille, III, 7.
17 L'astre de la nuit, ce globe que l'on suppose un monde fini, promenait ses pâles déserts au-dessus des déserts de Rome (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 251.
♦ Mod. Endroit vide. || Ce pays, ce faubourg est un vrai désert. || Paris est un désert pendant les mois d'été.
18 Paris est une solitude peuplée; une ville de province est un désert sans solitude.
F. Mauriac, la Province, p. 7.
♦ Le désert de… : fait d'être désert; qualité de ce qui est désert.
19 Dans le désert des rues vides ou dans le désert des rues pleines de monde, une femme élégante, femme du monde ou du demi-monde désœuvrée, parfois aussi une ouvrière avait senti qu'il la suivait et avait à demi tourné la tête.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 846.
♦ Lieu éloigné de tout. ⇒ Bled, trou (→ Un endroit perdu, un coin retiré).
4 ☑ Loc. (au sens 1 ou 3). Prêcher (crier, parler) dans le désert : parler sans être plus écouté que si l'on était dans un désert (→ ci-dessus, cit. 1).
20 Armando ne se résignait pas à prêcher dans le désert. Les autres n'osaient trop le bousculer, encore moins l'expulser; sept ans de prison et de travaux forcés, la torture, trente kilos perdus dans l'enfer du camp amazonien le rendaient presque intouchable.
Régis Debray, l'Indésirable, p. 64.
♦ ☑ Traversée du désert. (Par allusion à la Bible). Longue période d'isolement du pouvoir (pour un homme politique, un parti). || « De Gaulle n'a pas oublié les conditions dans lesquelles il a quitté les affaires de l'État en 1946, pour entamer une “traversée du désert” qui allait durer douze ans » (le Monde, 30 mars 1969).
21 Je devais le (de Gaulle) revoir à Marly, à Colombey, rue de Solférino au temps du R. P. F., puis pendant ce que nous avons appelé « la traversée du désert ». On dit qu'il a toujours su qu'il reprendrait le pouvoir.
Malraux, Antimémoires, éd. Folio, p. 144.
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CONTR. Oasis. — Foule, monde. — Luxuriance, plénitude, richesse.
DÉR. Désertification, désertifier (se), désertique.
Encyclopédie Universelle. 2012.