vache [ vaʃ ] n. f.
1 ♦ Femelle du taureau. Mamelles (⇒ 1. pis) , écusson d'une vache. Bouse de vache. La vache meugle, beugle. Jeune vache. ⇒ génisse, taure. Petit de la vache. ⇒ veau. Vache qui met bas son veau (⇒ vêler) . Les vaches paissent, ruminent. « Des vaches rousses et blanches vaguaient, [...] couchées de biais dans l'herbe » (Genevoix). Étable à vaches. ⇒ vacherie. Mettre les vaches au pré. Vache laitière. Traire les vaches. Lait de vache. — Vendue en boucherie sous le nom de bœuf, la vache a la chair plus savoureuse que celui-ci. — La vaccine, la tuberculose, maladies de la vache. Maladie de la vache folle : l'encéphalopathie spongiforme bovine. Fam. La vache folle : l'ensemble des phénomènes liés à cette épizootie; la maladie elle-même. On dénombre plusieurs cas de vache folle. — Course de vaches landaises (⇒ vachette) . La vache, animal sacré en Inde. Les sept vaches grasses et les sept vaches maigres dont parle la Bible, symbole de l'alternance de l'abondance et de la disette. — Fig. « Demain ce serait à nouveau les vaches maigres, les fins de mois difficiles » (R. Floriot).
♢ Par anal. Vache marine. ⇒ dugong.
2 ♦ Le plancher des vaches. Montagne à vaches. ( XVIIe) Vache à lait : personne qu'on exploite, qui est une source de profit pour une autre. — Gargantua « pleurait comme une vache » (Rabelais). Être gros comme une vache, très gros. Il pleut comme vache qui pisse, très fort. Comme une vache qui regarde passer les trains. — Loc. adj. Queue de vache : d'un roux jaunâtre, terne. — (1860; ruer en vache 1694) Coup de pied en vache : coup de pied de côté, imprévisible. Fig. Donner des coups de pied, des coups en vache : agir en traître, hypocritement, contre qqn. — Manger de la vache enragée : en être réduit à de dures privations. — Parler français comme une vache espagnole (1640) , corrigé pour le sens en « comme un Basque espagnol » : parler mal le français. — Une vache n'y trouverait pas son veau, se dit d'un grand désordre. — Ça lui va comme un tablier à une vache. — PROV. Chacun son métier, les vaches seront bien gardées : que chacun se mêle de ses propres affaires et tout ira mieux.
3 ♦ (XVIIe) Fig. Vx Femme trop grosse. — Pop. et vx Personne molle et paresseuse. Adj. Mou. « Depuis que je fais de l'hydrothérapie, cependant, je me sens un peu moins vache » (Flaubert).
4 ♦ (p.-ê. de coup de pied en vache; arg. 1879) Fam. et vieilli Agent de police; policier, gendarme. « On accuse mon client d'avoir dit : “Mort aux vaches !” » (France). Vache à roulettes : agent cycliste. ⇒ hirondelle.
♢ (1900) Fam. Personne méchante, qui ne passe rien, se venge ou punit sans pitié. Cette vache de propriétaire. ⇒ carne, chameau, rosse. — Dans un sens plus faible (en parlant d'une personne dont on a à se plaindre) Ah ! les vaches, ils m'ont oublié ! — La vache ! exclamation exprimant l'étonnement, l'indignation, l'admiration. J'ai reçu un de ces coups, la vache ! ⇒ merde, vacherie. La vache ! comme c'est beau ! ⇒ putain. — Une vache de... (intensif). Ils trinquèrent « à la fin de cette vache de guerre » (Guilloux).
♢ Adj. (1880) Fam. Méchant, sévère. Il a été vache avec moi. ⇒ salaud. — (Action, chose) C'est vache d'avoir fait cela. Une critique très vache. L'amour vache (par plais.),où il y a plus de coups que de caresses. — C'est vache ! se dit aussi d'un contretemps, d'une malchance. — Loc. Peau de vache : personne méchante. C'est une vraie peau de vache. Adj. Il est plutôt peau de vache.
5 ♦ Peau de la vache (1 o) apprêtée en fourrure, en cuir. Sac en vache. ⇒ vachette.
♢ Récipient de toile (peut-être autrefois en cuir de vache) utilisé par les campeurs pour transporter et conserver l'eau.
⊗ CONTR. (de 4o) Chic, 2. gentil, indulgent.
● vache nom féminin (latin vacca) Femelle reproductrice de l'espèce bovine. Viande de vache. Populaire. Personne dure, sans pitié, très sévère. (On dit aussi peau de vache.) Populaire. Agent de police. Populaire. Gradé, dans l'armée. Cuirs et peaux Peau brute d'un bovin femelle ou cuir fini en provenant. ● vache (citations) nom féminin (latin vacca) Jean Anouilh Bordeaux 1910-Lausanne 1987 Sauver la France ? Sauver la France ? Et qui gardera mes vaches pendant ce temps-là ? L'Alouette, le père La Table Ronde Jean-Pierre Claris de Florian Sauve, Gard, 1755-Sceaux 1794 Académie française, 1788 […] Chacun son métier, Les vaches seront bien gardées. Fables, le Vacher et le Garde-Chasse François Rabelais La Devinière, près de Chinon, vers 1494-Paris 1553 Ce disant, [Gargantua] pleurait comme une vache, mais tout soudain riait comme un veau. Pantagruel, 3 ● vache (expressions) nom féminin (latin vacca) Coup (de pied) en vache, ruade de côté ; coup en traître. Familier. La vache !, exclamation qui exprime le dépit ou l'admiration. Familier. Il pleut comme vache qui pisse, il pleut très fort. Vache à lait, vache consacrée principalement à la production de lait ; personne que l'on considère sous le seul point de vue de l'argent qu'elle donne ou prête (familier). Arbre à la vache, synonyme de brosimum. Nœud de vache, nœud voisin du nœud plat, que l'on emploie pour réunir deux filins quand ceux-ci doivent être facilement dénoués. Vache à eau, récipient pliant, en toile ou en matière plastique, utilisé par les campeurs pour mettre de l'eau. Maladie de la vache folle, encéphalopathie spongiforme bovine. ● vache (synonymes) nom féminin (latin vacca) Populaire. Personne dure, sans pitié, très sévère.
Synonymes :
- chameau (familier)
- rosse (familier)
Botanique. Arbre à la vache
Synonymes :
- brosimum
● vache
adjectif
Familier
Qui est très sévère : Il est drôlement vache.
Qui est très pénible, dur : C'est vache ce qui lui arrive.
Qui est très difficile : Un problème vache.
● vache (expressions)
adjectif
Familier
Amour vache, amour violent, brutal.
Populaire. Un(e) vache (de), quelque chose de très difficile ou de sensationnel : Un vache problème. Une vache de moto.
● vache (synonymes)
adjectif
Familier
Qui est très pénible, dur
Synonymes :
- moche (familier)
vache
n. f.
d1./d Femelle du taureau. Vache laitière. Traire les vaches ou (Québec, Fam.) tirer les vaches.
d2./d Cuir de cet animal. Sac en vache.
d3./d Vache à eau: sac de toile dans lequel les campeurs conservent l'eau.
d4./d Fam. Maladie de la vache folle: nom cour. de l'encéphalopathie spongiforme bovine.
d5./d Loc. Fam. Manger de la vache enragée: endurer de nombreuses privations.
— Période de vaches maigres, de privations.
— Vache à lait: personne dont on tire un profit.
d6./d Loc. Fam. (Québec) Le diable est aux vaches: le désordre règne.
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vache
n. f. et adj. Fam.
d1./d n. f. Personne dure, méchante. C'est une sacrée vache.
d2./d adj. Dur, méchant, impitoyable. L'examinateur a été très vache.
d3./d adj. (Québec) Sans énergie, fainéant, paresseux. être trop vache pour aller travailler.
— Subst. Se faire traiter de grosse vache.
⇒VACHE, subst. fém. et adj.
I. — Subst. fém.
A. — ZOOL., ZOOTECHNIE
1. a) [Désigne un genre] Bovidé domestique à cornes, femelle du taureau élevée principalement pour ses qualités de reproductrice et de laitière. Quelques vergers entourés de haies de pruniers sauvages, sous lesquelles ruminent de belles vaches tigrées de noir et de blanc, dont on entend les mugissements mélancoliques (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 396):
• 1. C'est ainsi que j'ai cru, pendant des années, que les vaches avaient du lait et les bœufs du bouillon, parce que, quand le lait n'était pas bon, grand'mère disait: « C'est une mauvaise vache! » et que, quand le bouillon ne sentait rien, elle disait également: « C'est que le bœuf était mauvais!... »
GYP, Souv. pte fille, 1927, p. 10.
SYNT. Vache blanche, brune, noire, pie, rousse, tachetée; vache cornue, grasse, grosse, petite, pleine; vache beurrière, laitière, à lait; vache ardennaise, bretonne, hollandaise, normande; belle, bonne, énorme, grande, grosse, large, pauvre, petite vache; dos, écusson, flanc, mamelle, mufle, peau, pis, poil, queue, sabot de vache; bouse de vache; lait, fromage de vache; cloche de vache; troupeau de vaches; meuglement, mugissement de la vache; écurie, étable à vaches; gardien, marchand de vaches; la vache et son veau; la vache beugle, meugle, mugit; la vache broute, paît, rumine; la vache vêle, fait son veau; le petit de la vache; mener les vaches aux champs, en pâture; tuer, vendre une vache; mener la vache au taureau; acheter, avoir une vache; conduire, faire paître, garder, traire les vaches; s'occuper des vaches.
♦ Vache landaise. Vache taurelière.
♦ Vache douairière. Vache ayant déjà eu plusieurs veaux. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ Vache sacrée. Animal vénéré dans différentes civilisations, notamment en Inde où il est le symbole de la terre nourricière et de la fertilité. Les anciens Égyptiens promenaient la vache sacrée, sept fois autour du temple, au solstice d'hiver (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 43).
♦ Le Ranz des Vaches. Air célèbre du folklore suisse. Là retentissent les accens du ranz des vaches, et s'élèvent les chalets hospitaliers (SENANCOUR, Rêveries, 1799, p. 230).
b) P. ext. Femelle d'un bovidé autre que le taureau (aurochs, bison, zèbre). Avant le déjeuner il nous mène (...) voir l'important troupeau de vaches zébus qu'il a fait venir de N'Gaoundéré (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 771).
♦ Vache orignal. Femelle de l'orignal. Une question se posait brutalement d'elle-même quand une vache orignal (...) sortait du bois (Richesses Québec 1982, p. 2391).
♦ Vache de Tartarie. Synon. de yak.
c) P. anal. Vache marine [N. vulg. du morse et du dugong] On le donne cependant aussi [le nom d'ivoire] aux défenses de l'hippopotame, des vaches marines et autres amphibies (NOSBAN, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 137).
2. P. compar., souvent péj., pop. ou fam.
a) Souvent péj. [Avec le physique de la vache] Être gras, gros(se) comme une vache; meugler comme une vache; avoir tout de la vache. Je reconnais qu'elle n'a pas l'air d'une vache, car elle a l'air de plusieurs, s'écria Mme de Guermantes (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 232). Qu'est-ce que vous avez à me rouler des yeux de vache qui fait sa première communion? (FOMBEURE, Soldat, 1935, p. 19).
— Sans nuance péj. [En parlant des yeux d'une pers.] Elle n'était pas mal, avec de beaux yeux de vache et des lèvres charnues (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 72).
— (Couleur) queue de vache. V. queue1 I A 1. Poil (de queue) de vache. Poil roux. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) [Avec les habitudes et le caractère prêtés à la vache] Paresse de vache; être rond, saoul comme une vache. Dix femmes panachées (...) couchées, vautrées, affalées sur le divan avec des coquetteries de vaches et de petits trémolos de leurs petits patins rouges (GONCOURT, Journal, 1857, p. 429).
♦ Pleurer comme une vache.
♦ Pleuvoir comme vache (qui pisse). C'est un sale temps, dit Maillard, il pleut comme vache (AYMÉ, Puits, 1932, p. 161).
♦ Faire la vache. Paresser, fainéanter. Sans doute, il s'y remettrait [au travail], il le fallait bien; mais ce serait le plus tard possible (...). Puis, ça lui semblait si bon de faire un peu la vache! (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 489).
♦ (Jouer) un tour de vache (à qqn). (Lui jouer) un mauvais tour. Synon. (jouer) un tour de cochon. L'âge ça c'est le plein tour de vache... Les enfants c'est comme les années, on les revoit jamais (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 647).
3. Locutions
a) À vaches, loc. adj. Montagne à vaches. ALPIN. Chemin, sentier, voie à vaches. Chemin, sentier, voie facile à suivre. Montagne à vaches. Montagne dont l'ascension ne présente pas de difficultés. Une famille de mathieus, du genre saucissonneur, sème l'émoi chez les campeurs, tandis que glaciéristes ou rochassiers dédaignent la montagne à vaches, bonne au plus pour les philistins (Comment parlent sportifs ds Vie Lang. 1954, p. 176). V. montagne ex. de Gautrat.
b) En vache
) Loc. adj. Coup (de pied) en vache
— Coup de pied de côté, imprévisible, à la manière des vaches. Donner des coups de pied en vache. (Dict. XIXe et XXe s.).
— Au fig., fam. ,,Manœuvre, procédé déloyal`` (DUBOIS 1980).
) Loc. adv.
— Fam. Dans une direction oblique. L'arme saisie à la poignée et à la grenadière, levée à la hauteur de l'oreille, et le coup qui part oblique, en vache, défonce, fait sauter les dents sous la plaque de couche! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 239).
— Au fig. D'une manière sournoise, déloyale. Tu en veux aux gens de leur soi-disant indifférence, alors de temps en temps tu leur mens ou tu leur fais un coup en vache, par représailles (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 568).
— HIPP. Ruer en vache. Ruer du pied de derrière en le jetant en avant ou sur le côté. (Ds Lar. encyclop.). Se coucher en vache. ,,Se coucher en s'appuyant sur les coudes et en repliant les membres postérieurs sous le corps`` (Lar. encyclop.).
4. Expr., loc. fig., proverbes
a) Ça lui va comme un tablier à une vache. Ça ne lui va pas du tout. On leur mit [à ces deux drôles] (...) un bel habit galonné qui leur allait comme un tablier à une vache (VIDAL, DELMART, Caserne, 1833, p. 250).
b) Parler français comme une vache espagnole.
c) Une vache n'y retrouverait son veau. Il règne à cet endroit un désordre indescriptible. (Dict. XIXe et XXe s.).
d) Le plancher des vaches. V. plancher1 I B 2 c.
♦ Arg. de l'aviat. Aller aux vaches. Faire un atterrissage forcé, hors aérodrome. Synon. se vacher (infra dér.). Des trous d'air descendant (...) contraignent le planeur à l'atterrissage de fortune dans un champ. Mésaventure qui s'appelle joliment « aller aux vaches » (Le Nouvel Observateur, 3 juin 1983, p. 71, col. 1).
5. [P. réf. à une œuvre littér. ou à la Bible]
a) Adieu veau, vache, cochon, couvée. [P. réf. à LA FONTAINE, Fables, La Laitière et le pot au lait, 7, X] Adieu, belles promesses! Une silhouette intéressante de malade, une promesse d'attendrissement, et puis rien que des accents de cornemuse aggravés de mots repoussants. (...) Adieu, veau, vache, cochon, couvée (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1917, p. 310).
b) Chacun son métier, les vaches seront bien gardées. [P. réf. à FLORIAN, Fables, Le Vacher et le garde-chasse, 1792, p. 52] Tout va bien lorsque chacun ne s'occupe que de ce qui le concerne. Un proverbe dit, riche de sens en sa bonhomie: « Chacun son métier, et les vaches seront bien gardées » (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 252).
c) Les sept vaches grasses et les sept vaches maigres. [P. réf. au Songe de Pharaon, Genèse, 41] Période d'abondance à laquelle succède une période de disette, et, p. ext., période faste ou période néfaste. Il faudrait, pour me renverser, que trois gouvernements croulassent. — Dame! Cela s'est vu. — Que la terre manquât de récoltes. — Rappelez-vous les sept vaches grasses et les sept vaches maigres (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 100). Après les années de vaches grasses, Millaud connut celles des vaches maigres. Ses difficultés furent telles qu'au bord d'une liquidation lamentable, il dut céder Le Petit Journal à Émile de Girardin (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p. 24).
d) La vache à Colas (vx). Le protestantisme. C'est ainsi que le roi Soleil convertit ceux de la Vache à Colas, ou les jeta aux Allemands pour la gloire de la France unifiée (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 391).
6. Empl. techn.
a) BOUCH., souvent péj. Viande de cet animal, vendue en boucherie sous l'appellation bœuf. Nous sommes assis (...) au bord d'une rivière, à manger un morceau de vache (ERCKM.-CHATR., Conscrit 1813, 1864, p. 97).
— Loc. fig. Manger de la vache enragée.
b) HÉRALD. Animal représenté de profil, le museau allongé et la queue sur le flanc. Vache accornée, colletée, clarinée, passante, de gueule. Il s'appelait D'Urand ou Du Ranz (noblesse suisse, vaches sur azur) (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 167).
c) TANN. Peau tannée et corroyée donnant un cuir souple plus connu sous le nom de cuir lissé ou vachette. C'est avec cette peau (...) qu'on prépare: la vache lisse naturelle, fine ou forte, la vache d'Angleterre préparée à la manière anglaise avec des peaux de premier choix (CLOSSET, Trav. artist. cuir, 1930, p. 5). Trousse toilette (...) Modèle en vache grainée (Catal. de jouets (B.H.V.), 1936).
— P. méton., vx. Malle en cuir de vache que l'on plaçait autrefois à l'arrière d'une impériale; p. ext., valise de voyage en cuir. En descendant de voiture, il s'aperçoit que la vache qui contenait ses effets a été enlevée (VIDOCQ, Mém., t. 3, 1828-29, p. 12). Par les portes ouvertes don Luis apercevait partout des généraux dorés comme des reliures, ou des conseillers d'État qui s'affairaient parmi des malles béantes, dans l'embarras de ces grands paniers de diligence recouverts de cuir que l'on nomme des vaches (MORAND, Flagell. Séville, 1951, p. 138).
B. — [Dénom. de différentes choses dans des domaines techn. divers]
1. ARCHITECTURE
a) Corne de vache.
b) Côte de vache. Synon. de fenton (CHABAT t. 2 1876). On ne trouve rien de plus ingénieux généralement, que de monter une armature en fer avec courbes, entre-toises, carillons, côtes de vaches, puis on hourde le tout en poteries ou en briques creuses (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 68).
2. BOTANIQUE
a) Arbre à vaches. Synon. de arbre à lait. V. lait II C 3 ex. de B. Delessert.
b) Herbe à (la) vache. Synon. de trèfle. P. anal. [Dans un jeu de cartes] Cependant, Mes-Bottes, qui regardait son jeu, donnait un coup de poing triomphant sur la table. Il faisait quatre-vingt-treize. — J'ai la révolution, cria-t-il. Quinte mangeuse, portant son point dans l'herbe à la vache... Vingt, n'est-ce pas? (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 627).
c) Blé des vaches.
3. CAMPING. Vache à eau. Récipient en toile imperméable muni d'un robinet et destiné à stocker l'eau. Vache à eau, entièrement en toile de lin, forme jerrican. Ouverture bague en matière plastique avec gobelet formant bouton étanche (Catal. Manufrance, 1954, p. 201).
4. CHASSE. Vache artificielle. Simulacre de vache sous lequel les chasseurs se dissimulaient naguère pour surprendre les oiseaux et le gibier. Il y a une vache artificielle dont l'ingénieuse composition nous est venue de l'étranger; elle se porte sur les épaules avec des bretelles, comme une hotte (BAUDR. Chasses 1834).
5. ÉN. NUCL. Vache à radioéléments. Synon. de générateur de radionucléides. (Ds Nucl. 1975, Industries 1986).
6. IMPR. Partie de l'ancienne presse à bras composée de deux cordes fixées au rouleau permettant d'actionner le train de la presse. (Dict. XIXe et XXe s.).
7. MARINE
a) Joues de vache ou demi-joues. Demi-caisses de poulie (Dict. XIXe et XXe s.).
b) Nœud de vache. Nœud réunissant deux cordages, mais susceptible de se dénouer, contrairement au nœud plat (d'apr. LE CLÈRE 1960).
8. MÉTALL. Branloire d'un soufflet de forge. (Ds JOSSIER 1881).
C. — P. anal. V. supra I A 2.
1. Pop., fam.
a) [P. réf. aux qualités laitières et reproductrices de la vache] Femme féconde et bonne nourrice. J'ai eu l'idée qu'on ne s'enrichissait guère à être nourrice. Alors, j'ai préféré amener les autres. Elle eut un faible sourire de femme intelligente, qui disait combien ce métier de vache laitière, au service des bourgeois, lui semblait une duperie (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 133). Quand on voit Ragotte, avec ses seins énormes, près de son garçon grand, gros et gras, on lui dirait avec tendresse: « Vous êtes une bonne vache et vous avez fait un bon veau » (RENARD, Journal, 1903, p. 840).
♦ Vache à lait.
— Loc. Prendre la vache et le veau. Épouser une femme enceinte d'un autre homme. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) Femme bien en chair, à forte poitrine. Dès le matin, la bataille commençait. — Tiens! la grosse vache est levée! criait la belle Normande (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 741).
c) Vache (laitière). Femme ou fille de mœurs légères. Oui, toutes les deux, des vaches, des salopes!... Voulez-vous savoir? Je couche avec les deux! (ZOLA, Terre, 1887, p. 284).
d) [P. réf. au caractère paresseux prêté à la vache] Personne sans courage, molle, avachie. Synon. vachard (v. ce mot A). Je suis devenu très timide, très paresseux, une vache stérile, une brute (FLAUB., Corresp., 1875, p. 214).
2. Pop., arg.
a) [P. réf. au caractère hypocrite attribué à la vache] Personne très méchante ou d'une sévérité excessive. Synon. salaud. C'est une vache, cette femme là une vache! Elle a été toujours jalouse de me voir réussir (AYMÉ, Vaurien, 1931, p. 110). Le fameux copain dont je parle est en réalité le plus beau salaud que la terre ait jamais porté: la vache finie, voleur, menteur, égoïste, la saloperie incarnée (GIONO, Gds chemins, 1951, p. 64).
♦ Peau de vache.
b) Agent de la sûreté. Le verbalisme, c'est toujours la pensée des autres. L'on appelle mots les idées dont on veut pas, comme on appelle vaches les sergents de ville, et vautour son propriétaire (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 120).
♦ Mort aux vaches! [Insulte grave proférée contre les forces de l'ordre et passible de poursuites] Pour lui, toute insulte revêtait nécessairement la forme traditionnelle, régulière, consacrée, rituelle et pour ainsi dire liturgique de « morts aux vaches! » (...) Ah? Vous avez dit: « Mort aux vaches! » C'est bon. Suivez-moi (A. FRANCE, Crainquebille, 1904, p. 19).
♦ Vache à roulettes. Agent de police se déplaçant à bicyclette. Des agents cyclistes arrivaient par pelotons. Pluche brailla:— Voilà les vaches à roulettes: Louise le fit taire (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 196).
c) Gardien de prison. Synon. maton2 (arg.). C'est si bon d'être son maître de ne plus voir les vaches (MOREAU, Monde prisons, 1887, p. 69).
d) Dénonciateur, mouchard. J'pouvais l'piquer (...) avec mon charlemagne (couteau); hein? Eh bien, croirais-tu qu'la vache s'est mise à table (le délateur m'a dénoncé)? (BRISSAC, Souv. prison, 1880, p. 44).
♦ Croix des vaches.
— P. méton. Système de dénonciation dans une collectivité. Les instituteurs ont cessé d'infliger l'infamante corvée du « symbole » ou de « la vache », système de dénonciation en chaîne (L'Express, 27 janv.-2 févr. 1969, p. 31, col. 1).
3. Pop., fam. [En interj., juron exprimant l'aversion, la colère, l'hostilité envers qqn] Sale vache; bande, tas de vaches! Où as-tu gagné ça, vache! Tu viens de la retape, chameau! Attends un peu que je t'arrange! (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 792). Ah vache! de saligaud de vache! Ah! Il m'étripe le voyou (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 547).
— (Ah!) la vache. [Exclam. exprimant le dépit, la réprobation] — Ah les salauds, s'écrie Zazie, ah les vaches. Me faire ça à moi (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 14).
— [Dans des expr. où figure une partie du corps de la vache] Gueule de vache, poil de vache. Attends, fiel de corbeau! Attends, poil de queue de vache! (CLAUDEL, Violaine, 1892, I, p. 501). Sale crevure. Je te tiens pourtant! Tête de vache, te voilà muselé (AYMÉ, Mais. basse, 1934, p. 137).
4. P. antiphr., pop., fam.
a) [Terme d'affection] Ma petite vache. À toi, vieille branche, vieille vache, vieux copain (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 301).
b) [Exclam. exprimant l'admiration] Ah! La vache! Il était terrible!... Il me recavalait en mémoire!... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 682).
5. [Avec valeur d'épith.; suivi d'un subst. apposé] Pop., fam.
a) [À propos de qqn dont on a à se plaindre] Si seulement les Russes ou nos vaches de compatriotes se décidaient à nous en refiler [des mitrailleuses] (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 523). [À propos de qqc. de pénible, de désagréable] Je dois couver une grippe, dit-il. Avec cette vache de temps (NIZAN, Conspir., 1938, p. 206).
b) P. antiphr. [Comme intensif; à propos de qqc. de sensationnel, hors du commun] Un, une vache de... Il s'est payé une vache de moto. On s'est tapé un vache de gueuleton (Lar. Lang. fr.). Une vache de petite maison (DUBOIS 1980).
— En exclam. Vache de temps, de boulot!
II. — Adjectif
A. — [En parlant d'une pers., de sa manière d'être]
1. Souvent péj., fam. Qui a un aspect bovin, inexpressif, sans intelligence. J'ai bien cru qu'il ferait un scandale à force de faire des remarques sur l'air vache des vieilles filles (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 205). Il y a des chances pour qu'on ne les revoie pas demain matin, faisait Félicien exalté et en suçotant son mégot, l'œil vache (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 284).
— Vieilli. Qui est mou, sans ressort, sans énergie. Je me sens si molle... si molle..., sans volonté, sans courage, et si vache... Ah! oui... si vache! (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 246).
2. Pop., fam. Très méchant, sévère, sans pitié. Être vache avec/pour qqn; avoir un côté vache; qu'il est vache! Tu comprends, le truc, c'est de ne rien leur faire fiche, mais en ayant l'air vache! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 93). Ne sois pas vache, mon amour, ne me fais jamais de mal; tu es tout ce qui me reste (SARTRE, Âge de raison, 1945, p. 41).
♦ L'amour vache. Amour violent, où s'échangent plus de coups que de caresses. C'est y qu' t'aimerais l'amour vache? Avec mézigue tu seras servi (LACASSAGNE, Arg. « milieu », 1928, p. 6).
B. — [En parlant d'une action, d'une chose] Pop. ou fam.
1. a) Qui est mené à des fins méchantes et perfides. Coup, critique vache. Il venait de lui surgir dans la tête [au proviseur] une idée vache (QUENEAU, Enf. du limon, 1938, p. 20).
• 2. Ce n'était pas un peu vache? Vous lui faisiez perdre sa journée? — Bien sûr. Et même une fois, on l'a arrêté pour de bon. Sans le patron qui est venu expliquer le cas, il passait en correctionnelle. C'était d'autant plus vache, que pendant ce temps-là, nous faisions venir du Vouvray de chez le bistrot, et que nous buvions l'argent de la couronne.
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 286.
2. Difficile à comprendre, ardu. Le sujet de l'épreuve était très vache (Lar. Lang. fr.).
3. [Toujours antéposé]
a) [Comme intensif] Une vache bagarre. Coincés qu'on s'est trouvés alors, entre les battants de la porte (...) ça nous foutait une vache terreur (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 107). La dabe à Tonio arborait un vache coquard sur l'œil droit (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 170).
b) P. antiphr. Synon. bath, chouette2, épatant, super3. Une vache petite salle avec le ring attaché par des cordes, pour qu'il ne s'envole pas; avec des cuvettes, des brocs, des éponges, des serviettes, un matelas (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 342).
Rem. Peut s'employer également à propos des personnes: une vache pépée (ROB. 1985).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. 1. Ca 1130 « femelle reproductrice de l'espèce bovine » (Lois de Guillaume le Conquérant, éd. J. E. Matzke, p. 6,5); ca 1290 vake laitiere, v. laitier; 1606 au fig. vaches a laict (DU VILLARS, Mém., II, an 1551 ds GDF. Compl.); d'où a) loc. ) XVe s. pleurer comme une vache (Le Grant garde derriere, X, 3 ds IGLF); 1610 manger de la vache enragée (BÉROALDE DE VERVILLE, Le Moyen de parvenir, éd. H. Moreau et A. Tournon, p. 186); 1640 parler François comme une Vache Espagnolle (OUDIN Curiositez); id. sorcier comme une vache, v. sorcier [cf. 1736, MARIVAUX, Le Télémaque travesti, p. 344: il n'y a point d'autres sorciers au monde que les vaches espagnoles]; 1690 quand chacun se mesle de son mestier, les vaches sont bien gardees (FUR.); 1833 aller comme un tablier à une vache (VIDAL, DELMART, Caserne, p. 250); 1876 il pleut comme vache qui pisse, v. pisser; id. une vache n'y retrouverait pas son veau (Lar. 19e); ) 1690 allusion biblique (FUR.: le songe de Joseph fut la vision de sept vaches grasses, et de sept vaches maigres); 1897 connaître les sept vaches maigres et les sept vaches grasses (FRANCE, Mannequin, p. 236); b) 1534 poil de vache « couleur rousse » (RABELAIS, Gargantua, XI, éd. R. Calder, p. 83); 1694 roux comme une vache, roux de vache (Ac.); c) 1548 plancher des vaches, v. plancher; 1902 montagne à vache (Écho des Alpes, n° 1, p. 38 ds QUEM. DDL t. 27); d'où 1928 à vache « ridiculement facile (en parlant d'une course en montagne) » (La Montagne, n° 212, mai, p. 166, ibid.); d) ) bot. 1557 blé de vache (L'Escluse d'apr. ROLL. Flore t. 8, p. 161); 1732 herbe aux vaches (Nouv. maison rustique t. 1, p. 309); 1801 chou-vache (Annales de l'agriculture fr., IX, p. 96 ds QUEM. DDL t. 21); 1840 arbre-vache (A. JOANNE et OLD NICK, trad.: COOLEY, Hist. gén. des voy., p. 225, ibid., t. 15); ) zool. 1558 vache de mer (L. JOUBERT, trad. de G. RONDELET, Histoire entière des poissons d'apr. FEW t. 14, p. 102a); 1615 vache marine (A. DE MONTCHRESTIEN, Traicté Œconomie politique, p. 325); 2. a) 1285 « cuir fait avec la peau de la vache » (RUTEBEUF, Les Plaies du monde ds Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, p. 380, 72: vint paire de sollers de vache); b) 1781 « panier revêtu de cuir, qu'on plaçait sur les voitures de voyage » (CARMONTELLE, L'Uniforme de campagne, in Recueil gén. des proverbes dramatiques, VI, p. 250 ds QUEM. DDL t. 25); 3. empl. techn. a) 1491 vacque « sorte de grue » (Compte des fortifications, 16e Somme de mises, Arch. Tournai ds GDF.); 1590 « nom d'une pièce du canon » (BRANTÔME, Cap. fr., 144 [éd. 1666] ds LA CURNE); 1690 terme d'imprimeur « cordes qui arrêtent le train de la presse » (FUR.); 1751 terme de chasse vache artificielle « machine de la forme d'une vache qui sert à la chasse aux perdrix » (Dict. universel d'agriculture et de jardinage d'apr. FEW t. 14, p. 102b); 1872 terme de métall. « branloire d'un soufflet » (LITTRÉ); d'où 1878 tirer la vache (RIGAUD, Dict. jargon paris., p. 340); 1933 « déchet provenant d'un morceau de bois » (Lar. 20e); b) 1859 terme de mar. joues ou demi-joues de vache « demi-caisses de poulies »(BONN.-PARIS); id. nœuds de vache « nœud plat que l'on utilise pour réunir deux filins qui doivent être facilement dénoués » (ibid.); 1867 côtes de vache « travaux que l'on place sous les entretoises pour faciliter le hourdis du plancher » (Ch. GARNIER, Monit. univ., 10 août, p. 1093, 2e col. ds LITTRÉ); 1881 corne de vache « voussure employée pour évaser l'ouverture d'un tunnel ou d'une arche de pont » (CHABAT); 4. a) 1589 terme de danse ru de vache (TABOUROT, Orchesographie, f° 46c ds GDF., s.v. ru); b) 1694 terme de manège ruer en vache (Ac.); 5. 1605 vache à colas « protestant » (L'ESTOILE, Journal, éd. A. Martin, sept., p. 172). B. 1. a) 1619 « femme grasse et laide » (Claude D'ESTERNOD, L'Espadon satyrique, p. 73); b) 1866 « femme ou fille de mauvaises mœurs » (DELVAU, p. 391); 2. a) 1690 « personne lâche, fainéante, poltronne » (FUR.); b) 1866 « homme sans courage, avachi » (DELVAU, p. 391); 1877 faire la vache « paresser » (ZOLA, Assommoir, p. 489); 3. 1844 « agent de police » mort aux vaches (Documents litt., II, 203 d'apr. SAIN. Sources Arg. t. 2, p. 464); 4. 1891 exclam. la vache (MÉTÉNIER, Lutte pour amour, p. 187); 5. 1900 « personne méchante » (MIRBEAU, Journal femme ch., p. 90); 1901 agir en vache (BRUANT, p. 312). II. Empl. adj. 1. 1866 « mou, sans consistance » (FLAUB., Corresp., p. 231); d'où 1887 faire vache « faire chaud » (HOGIER-GRISON, Monde où l'on vole, p. 296); 2. 1880 « méchant, sévère » (d'apr. ESN. 1966); 1881 (MÉTÉNIER, op. cit., p. 92); 3. 1925 « admirable » (Arts d'apr. ESN. 1966). Du lat. vacca « vache ». Pour l'orig. de I A 5 c vache à colas, on se réfère habituellement à l'anecdote rapportée par L'Estoile dans son Journal, loc. cit., selon laquelle les Huguenots avaient tué et mangé une vache d'un nommé Colas Panier, égarée dans un temple protestant; ce qui donna naissance à la Chanson de Colas, et au sobriquet vache à Colas que catholiques et protestants s'appliquèrent mutuellement, mais qui, en définitive qualifia ces derniers (v. LITTRÉ, s.v. vache; FEW t. 7, p. 111, s.v. Nicolaus). La loc. parler comme une vache espagnole est peut-être favorisée par le bétacisme gasc. et esp. (b et v sont prononcés v entre voy. et b à l'init. après cons.) d'où corruption de basque (du lat. vasco): le fait que les Basques se partagent entre l'Espagne et la France et la présence à Paris au XVIIe s. de valets basques aurait entraîné la loc. parler français comme un ou une Basque espagnol(e) (v. LITTRÉ, s.v. vache; FEW t. 14, p. 105, note 4; K. BALDINGER, Influence de la langue sur la pensée ds R. Ling. rom. t. 37, p. 251). Fréq. abs. littér.:2 084. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 529, b) 2 572; XXe s.: a) 4 410, b) 3 526.
DÉR. Vacher (se), verbe, fam. a) Empl. intrans., vx. Paresser, flemmarder, fainéanter, se coucher comme une vache. Dans la forêt, on le voyait étendu, étalé (...) Il « vachait », — comme il disait — avec l'expression crapuleuse qui peint ces félicités retournant à la brute (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 29). Part. passé d'un verbe trans. non att. dans la docum. Les soirées passées au théâtre, les matinées vachées au lit à lire des romans (RICHEPIN, Flamboche, 1895, p. 73). b) Empl. pronom., aéron. [Le suj. désigne un planeur, un ULM] Faire un atterrissage forcé en pleine nature. P. anal. [Le suj. désigne un parachutiste] [Hubert de Chevigny] a tenu par -40o une visibilité quasi nulle et s'est « vaché » en souplesse sur des bouts de tôle ondulée pris dans la glace (Le Figaro Magazine, 17 oct. 1987, p. 232). — []. (Il) (se) vache []. — 1res attest. a) 1859 « être sans énergie » (GONCOURT, Journal, p. 629), b) 1987 aéron. (Le Figaro Magazine, loc. cit.); dér. sav. dés. -er a) de vache B 2, b) prob. formé à partir de l'expr. faire une vache, aller aux vaches « atterrir dans la nature » (Touring Plein Air, 15 janv. 1972 ds PETIOT 1982).
BBG. — BRINKMANN (Fr.). Metapherstudien Das Rind. Arch. St. n. Spr. 1876, t. 55, pp. 350-352. — GEBHARDT (K.). Les Francoprovençalismes de la lang. fr. R. Ling. rom. 1974, t. 38, p. 187. — GUILL. Orig. gourmande 1986, p. 265. — MÉNAGE Fr. mod. 1934, t. 2, pp. 71-73. — QUEM. DDL t. 18 (s.v. vache à lait), 27, 38. — SPITZER (L.). À propos de vache type. Fr. mod. 1934, t. 2, pp. 161-162.
vache [vaʃ] n. f.
ÉTYM. Fin XIe; lat. vacca.
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1 Femelle du taureau, mammifère (bovidés). || La vache est élevée pour son lait, sa chair, pour la reproduction et éventuellement pour le travail agricole… || Mamelles (⇒ 1. Pis, cit. 3), écusson (5.) d'une vache. || Vache dagorne. || Bouse (cit. 2), urine de vache. || De la pisse de vache. || La vache meugle (→ Lent, cit. 2), beugle (→ Pâturage, cit.). || Jeune vache. ⇒ Génisse, taure. || Taureau (cit. 2) qui saillit une vache. || Vache qui met bas son veau. ⇒ Vêler. || Petit de la vache. ⇒ Veau (→ 1. Étable, cit. 2). || Mener pacager les vaches (→ Banal, cit. 1). ⇒ Vacher. || Vaches qui paissent (→ Meuglement, cit.; vénéneux, cit.), pâturent (→ Herbe, cit. 16), broutent… || Vaches qui ruminent (cit. 1). || Étable à vaches. ⇒ Vacherie (I.). — (1290). Cour. || Vache laitière (cit. 2). — Rare. || Vache beurrière. — Traire, tirer (régional) les vaches (→ Califourchon, cit. 1; paisiblement, cit. 1). || Lait de vache. ⇒ Lait. || Fromage (cit. 1) de lait de vache; fromage (cit. 10) de vache. — Vache taurelière. — Vendue en boucherie sous le nom de bœuf, la vache a la chair plus savoureuse que celui-ci.
1 La porte ouverte, on aperçut, sur deux rangs, aux deux côtés de l'allée centrale, les trente vaches de la ferme, les unes couchées dans la litière, les autres broyant les betteraves de leur auge (…)
Zola, la Terre, I, I.
1.1 La maison est sur un coteau, au milieu d'un parc en pente jusqu'à la rivière qu'enjambe un pont de pierre en dos d'âne. Derrière l'eau, des prairies s'étendent et vont, d'un pas lent, de grosses vaches nourries d'herbe mouillée, et dont l'œil humide semble plein des rosées, des brouillards et de la fraîcheur des pâturages.
Maupassant, Nos lettres, 1888, Pl., t. II, p. 1026.
2 Par les pâtures bordées de peupliers, des vaches rousses et blanches vaguaient, ou ruminaient, couchées de biais dans l'herbe.
M. Genevoix, Raboliot, III, II.
♦ Courses de vaches landaises (⇒ Vachette). || Écarteur de vaches landaises.
♦ L'enflure (cit. 1), la vaccine (cow-pox), la tuberculose, maladies de la vache. — (Calque de l'angl. mad cow). || Maladie de la vache folle : l'encéphalopathie spongiforme bovine. Fam. || La vache folle : l'ensemble des phénomènes sanitaires et économiques liés à cette épizootie; la maladie elle-même. || La crise de la vache folle. || « Vache folle : huit cas d'encéphalopathie spongiforme bovine ont été signalés dont trois sont des confirmations » (le Monde, 30 déc. 2000, p. 10, titre).
♦ Myth. || La nymphe Io fut transformée en vache (→ Poursuivre, cit. 6). Relig. || Sacrifier une vache (→ Repentir, cit. 3). || La vache, animal sacré aux Indes.
2.1 La vache et le singe, les deux animaux sacrés les plus impudents. Il y a des vaches partout dans Calcutta. Elles traversent les rues, s'étalent de tout leur long sur un trottoir qui devient inutilisable, fientent devant l'auto du Vice-roi, inspectent les magasins, menacent l'ascenseur, s'installent sur votre palier (…)
Henri Michaux, Un barbare en Asie, p. 16 (1932).
♦ Les sept vaches grasses et les sept vaches maigres dont parle la Bible (→ Abondance, cit. 10), symbole de l'alternance de l'abondance et de la disette. — ☑ Fig. Les vaches grasses : l'abondance. ☑ Les vaches maigres : la disette.
3 Sous peine de mériter les années de vaches maigres, le cultivateur, aujourd'hui, doit tout savoir.
G. Duhamel, Turquie nouvelle, IV.
3.1 (…) cette maudite lettre anonyme la privait de l'homme qu'elle aimait, qu'elle admirait, dont elle était fière, et qui subvenait généreusement à tous ses besoins. Demain ce serait à nouveau les vaches maigres, les amours sans lendemain, les fins de mois difficiles.
René Floriot, La vérité tient à un fil, p. 172 (1970).
♦ Loc. régionale. || Blé de vache : le mélampyre — Arbre à (la) vache : le galectodendron. — Le ranz (cit. 1) des vaches.
3.2 Il avait vu une vache de mer (…) qui s'était perdue dans les herbages.
Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, p. 180.
2 ☑ Loc. Le plancher des vaches. — ☑ Montagne à vaches, peu élevée, peu escarpée, où l'on peut se promener (employé par plais. par les alpinistes). || À vache(s) : ridiculement facile (d'une course).
3.3 Ces garçons viennent d'informer la salle entière que le Grépon était « à vaches ».
♦ ☑ (1612, in D. D. L.). La vache à Colas (vx) : les protestants.
♦ ☑ Une vache qui regarde passer les trains. — ☑ Manger de la vache enragée. ⇒ Enrager, supra cit. 12.
♦ ☑ Parler français comme une vache espagnole (1640), corrigé pour le sens en « comme un Basque espagnol » : parler mal le français. — ☑ Une vache n'y trouverait pas son veau, se dit d'un grand désordre. — ☑ Ça lui va comme un tablier à une vache : ça ne lui va pas du tout (→ Comme des guêtres à un lapin). — ☑ Prov. Chacun (cit. 9) son métier, les vaches seront bien gardées : que chacun se mêle de ses propres affaires et tout ira mieux.
♦ ☑ (XVIIe). Vache à lait : personne qu'on exploite, source de profit.
4 Je jugeai par là que le public était une bonne vache à lait qui se laissait aisément traire.
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, XIII.
♦ ☑ Compar. Comme une vache. || Être gros comme une vache. — ☑ Il pleut comme vache qui pisse, beaucoup. || Pleureur (cit. 1) comme une vache (Rabelais).
5 — (…) Nous avons suivi son cercueil au cimetière, lui et moi, est-ce drôle… dites… lui et moi… et trois domestiques… c'est tout… Il pleurait comme une vache…
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Champ d'oliviers », III.
♦ ☑ Coup de pied en vache (1860, Gautier; ruer en vache, 1694), d'abord t. de chausson, de boxe : coup de pied de côté, imprévisible. || Donner des coups de pied, des coups (cit. 15) en vache, et (au fig.) : agir en traître, hypocritement, contre quelqu'un.
6 — Alors ? On donne des coups de pied en vache comme une femme ?
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 119.
6.1 Allait-il ruer, tenter de mordre, décocher un coup de pied en vache, ou se laisserait-il faire ?
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 83.
♦ ☑ Péj. Queue de vache : d'un roux pisseux ou terne. || Des cheveux queue de vache.
3 a Peau de la vache (1.), apprêtée en fourrure, en cuir. || Sac en vache. || Cuir de vache. ⇒ Croupon, vachette. — Objets faits, garnis de cette peau.
b (Une vache). Vx. Coffre de voyage recouvert de cuir. || Le douanier ne fit pas fouiller (cit. 11) ma vache. — Mod. Sac en cuir. — Récipient de toile (p.-ê. autrefois de cuir de vache) utilisé par les campeurs pour transporter et conserver l'eau.
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II Fig.
1 (XVIIe). Vx. Femme trop grosse. || C'est une vache (on dit encore, par métaphore du sens propre : c'est une grosse vache). — Adj. || « Elle devient vache, elle prend trop d'embonpoint » (Littré, 1872).
♦ Pop., vx. Personne molle et paresseuse. — (1844, Larchey). Vx. Prostituée.
7 (…) je suis trahie, et pour qui ? pour une Anglaise qui a de gros pieds, de gros os, une grosse poitrine, quelque vache britannique.
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, Pl., t. I, p. 318.
♦ Adj. Paresseux et mou.
8 (Flaubert) emploie vache, en attribut, comme synonyme de veule, mou, sans ressort : Depuis que je fais de l'hydrothérapie, cependant, je me sens un peu moins vache (…)
M. Schöne, la Langue de Flaubert, p. 11.
REM. C'est à ce sémantisme métaphorique qu'il faut sans doute rattacher l'exemple suivant, qui a l'intérêt de fournir le modèle syntactique de l'emploi plus récent : une vache de… (ci-dessous).
8.1 Devant nous, la plaine, une grande vache de plaine toute nue, où il pleuvait de la neige.
Maupassant, les Idées du colonel, Pl., t. II, p. 163.
2 N. f. (De coup de pied en vache; argot, 1879). Fam. Agent de police; policier, gendarme. ☑ « Mort aux vaches ! » (→ Poivrot, cit.; sergot, cit. 1). ☑ Vache à roulettes : agent cycliste. ⇒ Hirondelle.
9 On accuse mon client d'avoir dit : « Mort aux vaches ! » Le sens de cette phrase n'est pas douteux. Si vous feuilletez le Dictionnaire de la langue verte, vous y lirez : « Vachard, paresseux, fainéant; qui s'étend paresseusement comme une vache, au lieu de travailler. — Vache, qui se vend à la police; mouchard ». Mort aux vaches ! se dit dans un certain monde. Mais toute la question est celle-ci : Comment Crainquebille l'a-t-il dit ?
France, Crainquebille, III.
10 Les flics comme une nuée s'étaient abattus sur ce coin de Montmartre (…) les gens fuyaient sous les coups de matraque, et au centre, quatre ou cinq vaches s'acharnaient sur un homme à terre.
Aragon, les Cloches de Bâle, III, XVIII.
10.1 Frénétique l'une d'elles (l'une des mégères « gendarmicides ») attache
Le vieux maréchal des logis
Et lui fait crier : « Mort aux vaches,
Mort aux lois, vive l'anarchie ! »
Georges Brassens, Hécatombe.
3 (1900, Mirbeau). a N. f. Fam. Personne méchante, qui ne passe rien, se venge ou punit sans pitié. || Quelle vache, ce prof ! || C'est une vieille vache, une belle vache. || Tu es une vache (→ Taule, cit. 1). || Ne fais pas la vache ! ⇒ Carne, rosse. || Cette vache de propriétaire. — ☑ Loc. Peau de vache : personne méchante. || C'est une vraie peau de vache. Adj. || Il est un peu peau de vache.
11 Ma femme ?… c'est… c'est… une vache… oui, Célestine… une vache… une vache… une vache (…)
— Oh ! vous êtes si douée, vous… vous êtes si gentille !… Vous devez être si bonne !… Tandis que cette vache…
O. Mirbeau, le Journal d'une femme de chambre, p. 90.
12 Sur simple vue et à cent mètres, tout biffin français eût dit de ce gaillard-là : « Voilà une belle vache ! » Il se promenait entre les baraques, une baguette à la main, la casquette sur les yeux, appliquant sur le sol des ribouis formidables et combinant des punitions précises et féroces qu'il priait le commandant du camp d'assener à ses Boches (…)
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, IV, XI.
♦ (En appellatif). || Sale vache ! || Vieille vache !
12.1 Il descendit près du malade, non sans avoir dit de la porte à Étrat : « Et fais attention à ne pas me chiper mon verre, vache ! »
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 697.
♦ Exclam. Fam. (Dans un sens plus faible en parlant d'une personne dont on a à se plaindre). || Ah ! les vaches, ils m'ont oublié, ils m'ont bien eu ! — Par ext. Se dit de choses pénibles, désagréables. || J'ai reçu un de ces coups, la vache ! ⇒ Merde, vacherie. || Vache de mouche !
12.2 Nullement consterné, il murmura en serrant les dents : — La vache ! il m'a flanqué une balle en plein dans ma mitrailleuse.
M. Aymé, le Passe-muraille, p. 218 (1943).
➪ tableau Principales interjections.
♦ Par antiphrase (admiratif). || Ah la vache ! Il faut voir comment il a gagné l'épreuve ! — Une vache de… (intensif). || Une vache de belle maison !
b Adj. (1880). En épithète, toujours postposé. Fam. Méchant, sévère. || Il a été vache avec moi. || Un examinateur vache, qui colle les élèves. || Il n'y a pas plus vache !
13 — Je serai vache comme tout avec elles (mes élèves). Je leur ferai lécher le parquet. Je leur ferai manger l'éponge du tableau noir. Je leur enfoncerai des compas dans le derrière.
R. Queneau, Zazie dans le métro, II.
♦ (Action, chose). || C'est vache d'avoir fait cela. || La remarque, la plaisanterie est un peu vache. || Une critique très vache. — ☑ L'amour vache (par plais.), où il y a plus de coups que de caresses. — C'est vache !, se dit aussi d'un contretemps, d'une malchance. || Si près de réussir, ça c'est vache alors ! — (1925; par antiphrase, devant le nom). Vieilli. Beau, bon, épatant. || Une vache petite salle (→ Ring, cit. 3). || Une vache pépée. — Pop., au masc. || Un vache dîner, un vache de dîner (→ 2. Chouette).
14 — Si l'un de nous se casse la pipe, on ne sait jamais, celui qui s'en sera tiré fera un vache tombeau à l'autre, avec une vache inscription, hein ?
Michel de Saint-Pierre, les Aristocrates, XVI.
4 (Av. 1970). Techn. || Vache à radioélément ou vache : radioélément de longue vie utilisé pour l'obtention d'un radioélément de courte vie. || « (…) “vaches” à radionucléides vendues par des firmes de radiochimie : le parent radioactif est dans un conteneur fermé. En ajoutant un solvant convenable, on peut éluer l'élément radioactif de période courte » (P. Blanquet et D. Blanc, la Médecine nucléaire, p. 11-12).
❖
CONTR. (De II., 2.) Chic, gentil, indulgent.
DÉR. et COMP. Vachard, vachement, vacherin, vachette. Queue-de-vache.
Encyclopédie Universelle. 2012.