ACADIE
ACADIE
Le territoire connu pendant plus de deux siècles sous le nom d’Acadie comprenait la côte atlantique du Canada et correspondait approximativement aux trois provinces actuelles de Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick et Île-du-Prince-Édouard. Ces côtes furent très tôt fréquentées par des Basques, chasseurs de baleines, et par des pêcheurs de morue bretons, normands et portugais.
Le premier établissement durable en Acadie remonte à 1604. Pierre du Gua, sieur de Monts, obtint un monopole de commerce et fonda un premier poste à l’île Sainte-Croix. Après un hiver désastreux, il transporta cette colonie à Port-Royal. En 1613, les jésuites fondèrent une colonie rivale à Saint-Sauveur. Mais l’Angleterre et la France réclamaient le même territoire, et un corsaire virginien, Samuel Argall, vint détruire les deux postes français. En 1628, une colonie écossaise fut établie à Port-Royal, et le pays nommé Nouvelle-Écosse. Le territoire passa successivement, et à plusieurs reprises, sous domination française puis anglaise.
Quand en 1670 l’Acadie fut rendue à la France, la colonie connut un regain de vie. Colbert y envoya plusieurs contingents de soldats et de colons. Mais cet essor dura peu. Les gouverneurs d’Acadie demeuraient soumis à ceux du Canada, et le Saint-Laurent attira toujours davantage l’attention de la métropole. L’Acadie ne se développait que lentement, par ses seules forces. Pour son malheur, à cause de sa situation stratégique et des bancs de pêche qui longeaient ses côtes, elle demeurait constamment l’objet des convoitises américaines. De 1654 à 1710, Port-Royal fut assiégé six fois. La dernière attaque, celle de Nicholson en 1710, amena la cession de toute l’Acadie à l’Angleterre par le traité d’Utrecht (1713).
La situation demeurait néanmoins tendue entre le Canada et les colonies anglaises, de même qu’entre les deux métropoles. La guerre de la Succession d’Autriche (1744-1748) avait révélé la vulnérabilité de la Nouvelle-Écosse, et les autorités anglaises décidèrent d’occuper effectivement la province en y installant des colons anglais et en fondant Halifax (1749). La présence des Acadiens posait un délicat problème: ils occupaient les meilleures terres et, en cas de guerre, leurs sympathies françaises créeraient un danger. Plusieurs fois, il avait été question de les expulser, mais Londres avait refusé, pour des raisons d’opportunité, d’approuver cette mesure draconienne. L’imminence d’une nouvelle guerre fit taire ces scrupules. En 1755, la décision fut prise de les déporter en masse. On les embarqua donc sur des navires et on les dispersa dans les colonies américaines. Celles-ci accueillirent fort mal ces indésirables. Là où ils purent débarquer, les Acadiens vécurent en parias, au milieu d’une population hostile. Ceux qui avaient échappé passèrent plusieurs années dans les bois et le long des côtes, traqués comme des bêtes sauvages et décimés par la misère et la maladie. La plupart finirent par faire leur soumission et furent emprisonnés à Halifax et Beauséjour. Environ 3 000, anciens colons ou réfugiés, furent capturés à l’île Saint-Jean, après la prise de Louisbourg, et expédiés en Angleterre. On estime que, sur une population de quelque 15 000 habitants, de 6 000 à 7 000 personnes avaient été dispersées dans les colonies américaines, 3 000 avaient été transportées en Angleterre, puis en France, plus de 1 500 étaient mortes noyées en mer, ou victimes de la famine ou des épidémies. Environ 1 500 avaient réussi à s’échapper vers Québec et la baie des Chaleurs, et il restait en Nouvelle-Écosse approximativement un millier d’errants ou de prisonniers.
Après le traité de Paris (1763), l’hostilité persista encore quelques années, puis fit place à des mesures plus libérales. Ceux qui étaient demeurés purent obtenir des terres; les exilés purent rentrer dans leur pays; plusieurs groupes revinrent de Québec et de Miquelon; des caravanes entières parcoururent à pied le chemin de Nouvelle-Angleterre au Canada. Ils s’établirent au Cap-Breton, à la baie Sainte-Marie, dans les régions de Memramcook et de Caraquet.
Pendant de longues années, les Acadiens vécurent dans l’obscurité et l’isolement, souvent exploités, sans écoles, soutenus seulement par la présence de quelques missionnaires. Leur nombre cependant augmentait rapidement. Ils finirent par exercer une certaine influence et par obtenir des représentants aux assemblées législatives. En 1854, l’abbé Lafrance fondait l’académie de Memramcook, qui devint plus tard collège puis université. D’autres collèges s’établirent à Bathurst, à la Pointe-de-l’Église, puis à Edmundston. De ces institutions allaient sortir une élite instruite, un clergé et des professionnels.
Graduellement et sans heurts, les Acadiens ont réussi à reconquérir une place dans leur ancienne patrie. Presque tous catholiques et francophones, ils résistent assez bien à l’assimilation au Nouveau-Brunswick, où ils forment un bloc compact.
Acadie
région orientale du Canada, colonisée au XVIIe s. par des Français originaires du Poitou mais qui devint une colonie anglaise en 1713. Appelée alors Nouvelle-écosse, elle conserve son caractère français et catholique jusqu'à l'arrivée d'un fort contingent de colons anglais à Halifax en 1749. Expulsés entre 1755 et 1762, les Acadiens (français) furent dispersés dans les colonies américaines, au Québec, en France et en Angleterre. émergeant lentement de la pauvreté et de l'isolement, les communautés nes des trois provinces maritimes ont évolué différemment: les 250 000 Acadiens du Nouveau-Brunswick représentent près de 35 % de la pop. (et bénéficient d'un enseignement francophone); ceux de l'Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-écosse, 6 %. V. carte et dossier Canada, p. 1404.
Encyclopédie Universelle. 2012.