Akademik

respect

respect [ rɛspɛ ] n. m.
• 1287; lat. respectus, de respicere répit
1Vx Fait de prendre en considération. Loc. Au respect de : à l'égard de, par rapport à.
2(av. 1540) Mod. Sentiment qui porte à accorder à qqn une considération admirative, en raison de la valeur qu'on lui reconnaît, et à se conduire envers lui avec réserve et retenue. déférence. S'attirer, inspirer le respect (cf. En imposer). « Le respect est une barrière qui protège autant un père et une mère que les enfants » (Balzac). Respect mutuel. Avoir, témoigner du respect à, envers, pour qqn, à l'égard de qqn. Traiter, écouter qqn avec respect. Formules, marques, signes extérieurs du respect. politesse, révérence. Manquer de respect envers qqn : être irrespectueux, irrévérencieux. Manquer de respect à une femme, la traiter comme une femme facile. « Il eût bravé mille morts plutôt que de souffrir qu'on manquât de respect à sa maîtresse » (Gautier). Le respect de qqn, qu'il témoigne. Le respect pour qqn, qu'on lui témoigne. — Loc. Sauf votre respect, sauf (ou avec) le respect que je vous dois, se dit pour s'excuser d'une parole trop libre, un peu choquante. « Et, sauf votre respect, vous avez quel âge ? » (Montherlant).
Par ext. Sentiment de vénération dû au sacré. culte; adoration, piété. Se prosterner avec respect. Le respect pour les morts.
(Appliqué à une chose abstraite) Respect d'un idéal. Par respect pour le passé. Le respect d'un texte; de la loi, des libertés. « À traiter les productions de l'esprit avec un respect qui ne s'adressait autrefois qu'aux grands morts, on risque de les tuer » (Sartre).
Le respect de soi : le fait de se respecter. L'honneur « C'est le respect de soi-même et de la beauté de sa vie » (Vigny). dignité; amour-propre.
3(XVIIe) Au plur. vx Témoignage de respect. « Tous ces soupirs, tous ces respects sont des embûches qu'on tend à notre cœur » (Molière). égard. Mod. (expr. de politesse) Présenter ses respects à qqn. hommage. Mes respects, formule de politesse adressée à un officier par son inférieur.
4Considération pour une chose jugée bonne, avec le souci de ne pas y porter atteinte, de ne pas l'enfreindre. « La fidélité n'est qu'un respect pour nos engagements » (Vauvenargues). Le respect de l'étiquette, des convenances.
5(XVIIe) Vieilli RESPECT HUMAIN [ rɛspɛ(k)ymɛ̃ ] :crainte du jugement des autres, qui conduit à éviter certaines attitudes. « Il n'y avait plus aucune fausse honte, aucun respect humain » (Jouhandeau).
6Loc. (1675) Tenir qqn en respect, le tenir à distance avec une arme. « Ils ont reculé lentement, sans cesser [...] de nous tenir en respect avec le couteau » (Camus).
⊗ CONTR. Insolence, irrévérence; blasphème. Infraction.

respect nom masculin (latin respectus) Sentiment de considération envers quelqu'un, et qui porte à le traiter avec des égards particuliers ; manifestations de ces égards : Manquer de respect à quelqu'un. Sentiment de vénération envers ce qui est considéré comme sacré : Le respect des morts. Considération que l'on a pour certaines choses : Le respect de la parole donnée.respect (citations) nom masculin (latin respectus) Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 On respecte un homme qui se respecte lui-même. Sur Catherine de Médicis Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval Paris 1808-Paris 1855 Il y a toujours quelque niaiserie à trop respecter les femmes. Lettres à Jenny Colon Juvénal, en latin Decimus Junius Juvenalis Aquinum, Apulie, vers 60 après J.-C.-vers 130 Le plus grand respect est dû à l'enfant. Maxima debetur puero reverentia. Satires, XIV, 47 Friedrich Nietzsche Röcken, près de Lützen, 1844-Weimar 1900 L'âme aristocratique a le respect de soi. Die vornehme Seele hat Ehrfurcht vor sich. Le Gai Savoir respect (difficultés) nom masculin (latin respectus) Prononciation [ʀɛ&ph103;&ph100;ɛ], le c de la finale (-ect) du substantif ne se prononce pas, alors qu'il se prononce dans le verbe (respecter) et les adjectifs (respectable, respectif, respectueux) de la même famille. Emploi 1. Dans la correspondance, dans les formules de politesse qui précèdent la signature : je vous prie de croire à mon profond respect, je vous prie d'agréer l'expression de mon profond respect. 2. Pour atténuer un propos qui pourrait être jugé trop libre ou déplacé : sauf le respect que je vous dois, avec tout le respect que je vous dois ou, plus familièrement, sauf votre respect, sauf respect : je vous dirai, sauf votre respect, que tout cela ne me plaît guère. 3. Au pluriel : présenter ses respects. Mes respects (formule utilisée dans l'armée par un subordonné qui salue un officier) : mes respects, mon colonel. ● respect (expressions) nom masculin (latin respectus) Manquer de respect à une femme, se permettre avec elle des libertés. Respect humain, crainte de l'opinion d'autrui. Sauf votre respect, sans vouloir vous offenser. Tenir quelqu'un en respect, le tenir à distance et lui interdire de bouger en le menaçant avec une arme ; lui en imposer. ● respect (synonymes) nom masculin (latin respectus) Sentiment de considération envers quelqu'un, et qui porte à le...
Synonymes :
- considération
- estime
- piété
- révérence
Contraires :
- désinvolture
- impertinence
- insolence
- irrespect
- irrévérence
Considération que l'on a pour certaines choses
Synonymes :
- culte
Contraires :
- déconsidération
- dédain
- mépris
- profanation
- violation

respect
n. m. (et Interj.)
d1./d Considération que l'on a pour qqn et que l'on manifeste par une attitude déférente envers lui. Manquer de respect à qqn.
|| Loc. Sauf votre respect, se dit quand on veut exprimer qqch qui pourrait choquer.
d2./d Souci de ne pas porter atteinte à qqch. Le respect des lois, de la vie.
d3./d Respect humain: crainte du jugement d'autrui.
d4./d Tenir qqn en respect, le tenir à distance en lui inspirant de la crainte.
d5./d Plur. (Formule de politesse.) Je vous présente mes respects.
d6./d Interj. (Haïti) Formule de salutation pour inviter un visiteur à entrer. (V. honneur.)

⇒RESPECT, subst. masc.
A. — Vieilli. Action de prendre en considération quelque chose et p. ext., considération exagérée pour une opinion. Jeanne et son père (...) se remirent à rire en contrefaisant les gestes et les intonations des Briseville. Le baron imitait le mari, Jeanne faisait la femme, mais la baronne un peu froissée dans ses respects leur dit: « Vous avez tort de vous moquer ainsi, ce sont des gens très comme il faut, appartenant à d'excellentes familles » (MAUPASS., Une Vie, 1883, p. 94).
B. — Anton. irrespect.
1. Sentiment qui incite à traiter quelqu'un avec égards, considération, en raison de son âge, de sa position sociale, de sa valeur ou de son mérite. Moi, j'étais ravi: ma triste condition imposait le respect, fondait mon importance; je comptais mon deuil au nombre de mes vertus (SARTRE, Mots, 1964, p. 11):
1. ... n'ayant rien découvert, malgré les perquisitions les plus fines, elle avait été saisie de respect, et bientôt d'amour, pour ce garçon, si loyal, si doux, si héroïque, et si fort!
FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 249.
SYNT. Mériter, inciter, inspirer, commander, forcer le respect; devoir le respect à qqn, avoir le respect de sa fonction; marques, témoignage de respect; geste, attitude de respect; s'incliner, écouter, saluer avec respect; accabler, entourer qqn de respect; traiter qqn avec respect; affecter, feindre le respect; manquer de respect à qqn; n'avoir pas de respect, être sans respect pour qqn; respect des maîtres, des parents, des personnes âgées; respect filial.
Locutions
♦ [Pour atténuer l'effet choquant ou trivial de ce qui va suivre] Sauf (votre) respect (pop.), sous votre respect (vx), sauf le respect que je vous dois. Oh! capitaine, — répondait celui-ci en s'essuyant le front, — tant que le navire gouvernera, n'y a pas de soin, ça balance, c'est sauf respect, comme le tape-cul qui est à Nantes (SUE, Atar-Gull, 1831, p. 3). Elle est capable de faire des enfants, dit le marchand de sel; elle s'est conservée comme dans de la saumure, sous votre respect (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 226). Il faudrait, par exemple, que vous parliez à M. Vingtras pour qu'il achète une culotte à Jacques, si vous ne voulez pas (esquissant un sourire) qu'il aille chez vous tout nu — sauf votre respect (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 378).
Parlant par respect (pop., vieilli). Comment! t'arrêter (...) monsieur le commissaire, parlant par respect, on n'arrête que les misérables, entendez-vous (SUE, Myst. Paris, t. 4, 1842, p. 194).
Par respect, pour le respect. En témoignage de considération, d'égards vis-à-vis de quelqu'un. On frappe: c'est Mlle Sergent; elle peut entrer, elle ne me gêne pas. Je la reçois en chemise pendant que Marie Belhomme passe précipitamment un jupon, par respect (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 183). Puisque ça vous fait plaisir répondit-il je veux bien. Je vais passer dans la chambre à côté pour le respect (AYMÉ, Nain, 1934, p. 236).
En partic. Attitude honnête et décente vis-à-vis d'une femme. Manquer de respect à une femme. La noblesse est à ses yeux le premier des mérites; la chasse, le premier des plaisirs, et le respect pour les dames, le premier des devoirs (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1572). Nous aimons les femmes, nous les aimons bien (...) avec esprit et avec respect (MAUPASS., Sur l'eau, 1888, p. 329).
2. P. ext.
a) Sentiment de vénération, attitude de révérence envers le sacré. La science du bien et du mal est à jamais acquise; la foi se reconstruit, le respect des choses saintes nous est rendu (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p. 25). Si ce fellow se permet de lire le passage, je ne dirai rien dans l'église, par respect pour le lieu sacré; mais je vous promets qu'aussitôt après la cérémonie je lui boxerai les oreilles (MAUROIS, Sil. Bramble, 1918, p. 95).
Vx. Porter respect. Appeler la révérence. À la tribune [de l'Assemblée Nationale], l'effet de la soutane est divers: avec Parisis, elle porte respect; avec l'abbé Fayet, elle fait rire (HUGO, Choses vues, 1885, p. 201).
b) Attitude de réserve, de piété envers une chose considérée pour sa valeur morale. Toucher qqc. avec respect; respect de la famille, du drapeau, de la loi, de la vérité, d'un idéal; respect dû aux institutions, à la vertu. La conduite de la cour, depuis le commencement de cette révolution, n'a pas toujours été en opposition avec les principes de l'égalité et le respect pour les droits du peuple (ROBESP., Discours, Guerre, t. 8, 1792, p. 76). Frédéric-Guillaume, s'il n'avait pas beaucoup de cœur, montra du moins cette fois qu'il avait le respect du courage et du talent (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 112).
(Avoir du) respect pour, (avoir le) respect de. (Avoir de la) considération pour une chose sans y adhérer ou y être associé soi-même. Avoir le respect des idées d'autrui; (avoir du) respect pour la gravité d'une situation, pour la chose jugée. Ma mère, pleine de respect pour les occupations de mon père, vint demander, timidement, si elle pouvait faire servir (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 455).
P. iron. Honorine, malgré toute mon amitié pour vous, et malgré mon respect pour votre vin blanc, je ne peux rien vous dire (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 2e tabl., 2, p. 69).
c) Fait de prendre en considération la dignité de la personne humaine. Le respect de soi-même. Le respect mutuel, né de l'échange entre individus se considérant comme égaux, suppose d'abord l'acceptation de valeurs communes, notamment celles de l'échange lui-même (Traité sociol., 1968, p. 252).
P. anal. Quand les hauts bonnets des grenadiers de la garde avec la large plaque à l'aigle apparurent, symé-triques, alignés, tranquilles, superbes, dans la brume de cette mêlée, l'ennemi sentit le respect de la France (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 407).
PHILOS. ,,Chez Kant, sentiment moral spécifique, distinct de la crainte, de l'inclination et des autres sentiments, qui ne provient pas comme eux de la sensibilité mais qui est un produit de la raison pratique et de la conscience de la nécessité qu'impose la loi morale`` (MORF. Philos. 1980).
d) Absol. Le respect est une barrière qui protège également le grand et le petit, chacun de son côté peut se regarder en face (BALZAC, Lys, 1836, p. 103).
C. — Au plur., vieilli. Témoignage de considération, de déférence envers quelqu'un par la parole, par des actes. Martin Falleix rendit d'incroyables respects à madame Baudoyer, à laquelle il reconnut un esprit supérieur (BALZAC, Employés, 1837, p. 61). Des respects l'entouraient. On murmurait son nom. Il se réfugia près d'une table, se laissant, avec courtoisie, saluer par des inconnus (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 323).
[Dans une formule de politesse écrite ou orale] Mes respects, mon général. Seriez-vous assez bon pour présenter tous mes respects à Mme Michelet? (FLAUB., Corresp., 1863, p. 109). M. Duveyrier, — continua Mocquard, — a pu obtenir qu'une délégation de ces chefs vînt à Paris présenter ses respects à sa majesté (BENOIT, Atlant., 1919, p. 21).
Vieilli, au sing. Un domestique vint annoncer que le neveu de M. Lhéry demandait à présenter son respect et son gibier à la marquise (SAND, Valentino, 1832, p. 80).
D. — Fait de considérer une chose comme juste ou bonne et ne pas y porter atteinte, ne pas l'enfreindre; fait d'y être fidèle. Anton. non-respect. Respect de la tradition, de la parole donnée, de la règle du jeu; respect de la propriété, des droits d'autrui, des libertés; respect des consignes, du code de la route; respect du texte, de la mélodie, de la partition. Le service des achats surveille attentivement l'exécution de la commande, en particulier, au point de vue du respect des délais de livraison (VILLEMER, Organ. industr., 1947, p. 97). Le gouvernement a préparé le présent projet de loi où il s'est efforcé de définir, dans le respect des principes fondamentaux de la République, les grandes lignes d'une politique nouvelle essentiellement fondée sur l'idée de coopération (Encyclop. éduc., 1960, p. 94).
En compos. Non-respect.
Fait de se conformer à des règles, des prescriptions morales, sociales, religieuses. Le seul souci resté au cœur français, s'enrichir, et la non-confiance en un Dieu presque inconnu, avaient rayé de notre vie cette vivifiante, seule vivifiante chose, le respect du Dimanche (VERLAINE, Œuvres posth., t. 2, Voy. Fr., 1896, p. 73).
E. — Respect humain. Crainte du jugement des hommes, attitude qui conduit à adopter des comportements conformistes dans la crainte de choquer, de déplaire, du qu'en-dira-t-on. Laforgue, Rosenthal et Bloyé perdirent ce qui leur restait de respect humain, ils s'y jetèrent aussi et se mirent à chanter (NIZAN, Conspir., 1938, p. 43):
2. Ses courses solitaires dans les montagnes, dont la charité était le but et qui n'avaient jamais fait naître un soupçon, devinrent tout à coup le sujet des quolibets et des railleries. On parlait d'elle comme d'une femme qui avait perdu tout respect humain, et qui devait s'attirer justement d'inévitables et affreux malheurs.
MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 272.
F. — Tenir en respect. Tenir à distance, tenir sous le feu d'une arme. Les matelots de son embarcation étaient tenus en respect par le borgne et ses honnêtes amis (SUE, Atar-Gull, 1831, p. 9). Ainsi, je pouvais espérer que (...) la 2e armée pourrait s'installer sur le Grand-Couronné et la Meurthe de Nancy à Lunéville, en mesure de tenir en respect les forces ennemies qui l'avaient bousculée (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 286).
Au fig. Éloigner, tenir à l'écart une chose, une personne, considérée comme un danger, une menace, une chose néfaste. « Chaque vie humaine est un chemin qui mène à Dieu ». Cette phrase, sauf erreur, est de Husserl. Bénis soient les hommes qui disent de telles choses, car elles aident à vivre et tiennent en respect le désespoir (GREEN, Journal, 1954, p. 327). En France, au contraire, la noblesse prétendit tout à la fois s'imposer au prince et tenir le tiers état en respect (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 2).
Prononc. et Orth.:[]. Voir NYROP Phonét. 1951 § 109: es = [] ds respect, etc. FÉR. 1768 ,,rèspè et, s'il est suivi d'une voyelle, rèspek``; LAND. 1834, GATTEL 1841, BESCH. 1845 [-]. PASSY 1914 et dep. [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1287 « fait de prendre en considération » a respect de (doc. Arch. Doubs ds GDF. Compl.); ca 1590 (MONTAIGNE, Essais, II, VIII, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 398: ayant respect et à l'interest universel de la cité et à celuy de vostre famille); 2. av. 1540 « vénération, déférence portées à quelqu'un » dame de respect « respectable, estimable » (COLLERYE, M. de Delà et M. de Deçà, p. 142 ds HUG.); 1559 (AMYOT, trad. PLUTARQUE, Vies, Nicias, XXVII, éd. G. Walter, t. 2, p. 29: celui à qui l'on a plus de respect); 1580 plur. (MONTAIGNE, op. cit., I, XLII, p. 266: ces respects se doivent à la royauté, non à moy); 1636 sauf vostre respect « quod liceat dicere » (MONET, p. 760b); 3. 1651 respect humain (CORNEILLE, Nicodème, IV, 2); 4. fin XVIIe s. « attitude qui incline à ne pas porter atteinte à quelque chose » pour le respect de la loi de Dieu (BOURDALOUE, Purif. de la Vierge, Myst., t. 2, p. 183 ds LITTRÉ). Empr. au lat. respectus (propr. « action de regarder en arrière ») « considération, égard » [respectu alicujus rei], de là le sens 1, d'où sont issus les sens 2 (en prov. dep. 1455 ds PANSIER t. 3) et 4; v. aussi répit. Fréq. abs. littér.:5 857. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 10 828, b) 8 764; XXe s.: a) 7 463, b) 6 483. Bbg. CORNULIER (B. de). La Notion de dérivation délocutive. R. Ling. rom. 1976, t. 40, p. 130. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 15.

respect [ʀɛspɛ] pas de liaison sauf dans la prononc. puriste de respect humain [ʀespɛkymɛ̃]; on dit plutôt [ʀespɛymɛ̃] n. m.
ÉTYM. 1287; lat. respectus « regard en arrière »; au fig., « considération »; dér. de respicere. → Répit.
1 Vx ou régional. Le fait de prendre en considération. — ☑ Loc. Pour le respect de…, pour ce respect : pour ce motif (cf. Malherbe, in Dubois-Lagane). — ☑ Au respect de… : à l'égard de…, par rapport à…
1 (…) Cardan, tout savant homme qu'il est, n'étant qu'un ver de terre au respect de Galien.
Hugo, l'Homme qui rit, I, I, Chap. préliminaire, I.
2 (1455). Cour. Sentiment qui porte à accorder à qqn une considération admirative, en raison de la valeur qu'on lui reconnaît, et à se conduire envers lui avec réserve et retenue, par une contrainte acceptée. Considération (cit. 7), déférence, estime, vénération; honneur, pudeur. || S'attirer, commander, imposer (cit. 14), inspirer le respect. Imposer (en). → Autre, cit. 93; grimace, cit. 13; majesté, cit. 3. || Autorité (cit. 48) basée sur le respect. || Digne (cit. 3) de respect. Dignité.Les enfants doivent le respect à leurs parents, à leurs maîtres. || Respect mêlé d'amour, de tendresse. Affection, piété. || Obéissance et respect. || Avoir, ressentir; montrer, témoigner du respect à, envers, pour qqn, à l'égard de qqn (→ Obséquieux, cit. 1).Vx. || Porter respect à… (Molière, le Bourgeois gentilhomme, V, 1).Traiter qqn avec respect (→ Cheville, cit. 5; noble, cit. 24). || « Mon bras (cit. 35) qu'avec respect toute l'Espagne admire ». || Se découvrir, se lever (→ Édifier, cit. 13), s'incliner, saluer par respect. aussi Politesse.Attitude, tenue pleine de modestie et de respect. Révérence, réserve; honte (3.). || Formules (→ Récitation, cit. 1), marques, signes extérieurs (cit. 6) du respect. || Les démonstrations (cit. 10) d'un profond respect.Respect sincère; affecté (→ Humble, cit. 23). || Respect exagéré, bas, obséquieux, servile (→ aussi Fantaisiste, cit. 4). — ☑ Manquer de respect envers qqn : être irrespectueux à son égard.
2 (…) prépare-toi désormais à vivre dans un grand respect avec un homme de ma conséquence (…)
Molière, le Médecin malgré lui, III, 11.
3 Le respect est une barrière qui protège autant un père et une mère que les enfants, en évitant à ceux-là des chagrins, à ceux-ci des remords.
Balzac, la Vendetta, Pl., t. I, p. 903.
4 Il nous donnait à cet égard des règles excellentes, que j'avais du reste toujours pratiquées, comme de ne jamais tutoyer ma mère et de ne jamais finir une lettre à elle adressée sans y mettre le mot respect.
Renan, Souvenirs d'enfance…, III, Œ. compl., t. II, p. 809.
5 Ce vol, après tout, on l'excuserait; l'insolence, jamais, l'éducation devant être l'école du respect.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, IX.
Le respect de… : « le respect porté à… » (L'ennemi sentit le respect de la France; → Grenadier, cit. 2, Hugo. Le respect des cheveux blancs; → Ravaler, cit. 8), ou, plus souvent, « le respect porté par… » (Le respect des enfants pour leurs parents…).
6 (…) deux femmes, chacune escortée du respect et de la tendresse d'un homme, chacune exerçant une douce puissance sur la vie d'un homme (…)
Valery Larbaud, Amants, heureux amants, I, p. 27.
Loc. (Vx). Sans votre respect; (mod.) sauf votre respect (1636), sauf le respect que je vous dois, se dit pour s'excuser d'une parole trop libre, un peu choquante.
7 — Et, sauf votre respect, vous avez quel âge ?
— Sauf mon respect, j'ai eu soixante-dix ans en février.
Montherlant, Don Juan, II, 9.
7.1 Le marin, un instant effaré, s'équilibra : « Ça pour une brute, c'était une brute. Un jour, pour rien, il m'a foutu son poing en pleine gueule, sauf votre respect. Et Le Touchec, ah là, là, toujours des coups de pied au cul qu'il lui donnait, sauf votre respect. »
R. Queneau, le Chiendent, p. 32.
Le respect pour une femme : le fait de la respecter (→ Garant, cit. 10; grandeur, cit. 3). || Un empressement plein de respect. Galanterie.
(1671). Manquer de respect à une femme : se permettre des privautés avec elle (→ Hidalgo, cit.).
Sentiment de vénération, dû au sacré, à Dieu… Crainte (2. Crainte, cit. 9, Racine), culte; adoration. || S'agenouiller, se prosterner avec respect.Le respect pour les morts. || Le respect dû aux cendres, à la mémoire de quelqu'un.
(Appliqué à une chose abstraite). || Respect d'un idéal, d'une valeur morale, intellectuelle…, de la majesté d'un lieu. || Par respect pour le passé. Culte, piété (→ Pèlerinage, cit. 4).
8 À traiter les productions de l'esprit avec un respect qui ne s'adressait autrefois qu'aux grands morts, on risque de les tuer.
Sartre, Situations II, p. 43.
Par ext. (des sens 2 et 4). || Respect de soi-même. Dignité, honneur (cit. 32); amour-propre (→ Obliger, cit. 3).
3 (XVIIe). Vx. (Au plur.). Témoignage de respect (par la parole ou par les actes). → Chaîne, cit. 7; embûche, cit. 2. Devoir (I., 3.), égard (2.); → Leurrer, cit. 2. || Exiger (cit. 9) d'un mari les respects d'un amant.Mod. (Dans le langage de la politesse). || Présenter (cit. 9) ses respects, ses devoirs, ses hommages. || Mes respects, formule de politesse adressée à un officier par son inférieur. || Bonjour, mon colonel, mes respects !
4 (1588). Considération que l'on porte à une chose jugée bonne, précieuse, avec la résolution de n'y pas porter atteinte, de ne pas l'enfreindre. || Imposer le respect d'une décision, d'un arrêt (→ Arbitre, cit. 9). || La fidélité n'est qu'un respect pour nos engagements (→ Perfidie, cit. 5). Loyauté. || Le respect de l'étiquette (→ Mépris, cit. 3), de la forme. || Un respect effroyable pour les convenances (→ Falloir, cit. 35).REM. Ces emplois affaiblis rejoignent le sens 1.
9 Ce qui est une nouveauté, c'est le respect du droit. Ceci est l'honneur de la civilisation du dix-neuvième siècle de vouloir que le faible soit respecté par le fort, et que la morale éternelle soit au-dessus des piques et des mousquets.
Hugo, Choses vues, I, 1846, Soirée chez M. Guizot.
10 J'ai, des livres, un respect superstitieux, même quand ils sont médiocres, même quand ils sont odieux.
G. Duhamel, Salavin, V, IV.
5 (XVIIe). || Respect humain : crainte du jugement des hommes, sorte de pudeur qui conduit à se garder de certains actes, de certaines attitudes. Honte (fausse honte); → Contrainte, cit. 4; dispenser, cit. 9.
11 À ce dernier moment la conscience presse;
Pour rendre compte aux Dieux tout respect humain cesse (…)
Corneille, Nicomède, IV, 2.
12 (…) c'est qu'il ne se cachait plus, c'est qu'il ne cachait plus rien maintenant de lui, à lui ni à personne; c'est qu'il n'y avait plus aucune fausse honte, aucun respect humain, aucun mensonge, aucune feinte en lui, aucun effort pour tromper personne ni lui sur lui.
M. Jouhandeau, Tite-le-Long, VII.
6 (1675). Soumission forcée par considération de la force, de la supériorité. || Maintenir (→ Égal, cit. 6), tenir, garder, etc., en respect. Contenir, soumettre… (au propre et au fig.); → Dévorer, cit. 26; évangile, cit. 9; faucher, cit. 6; obliger, cit. 4.
13 Avec des mots et de la fermeté on tient beaucoup de gens en respect.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, I, IX.
14 Nous n'avons pas osé bouger. Ils ont reculé lentement, sans cesser de nous regarder et de nous tenir en respect avec le couteau.
Camus, l'Étranger, I, VI.
CONTR. Arrogance, audace, cynisme, désinvolture, désobéissance, hardiesse, insolence, irrévérence, mépris, moquerie; blasphème, profanation. — Abandon, adultère, dédain, infraction.
DÉR. Respecter, respectueux. V. Respectif.
COMP. Irrespect, non-respect, porte-respect.

Encyclopédie Universelle. 2012.