impertinence [ ɛ̃pɛrtinɑ̃s ] n. f.
• 1533; de impertinent
1 ♦ Vx Caractère de ce qui n'est pas pertinent, de ce qui est déplacé, contraire à la raison. ⇒ absurdité, extravagance.
♢ Une impertinence : action, discours qui dénote de l'ignorance, de la sottise.
2 ♦ Mod. Attitude, conduite d'une personne impertinente (4o). ⇒ effronterie, impolitesse, impudence, insolence, outrecuidance. Répondre avec impertinence. Ironique jusqu'à l'impertinence. « un ton qui visait à l'impertinence, mais qui n'était que désobligeant » (Martin du Gard). Son attitude frise l'impertinence. Il a eu l'impertinence de ricaner.
♢ Une impertinence : parole, action impertinente. Se permettre des impertinences.
⊗ CONTR. Pertinence. Correction, politesse.
● impertinence nom féminin Littéraire. Manque de pertinence d'une remarque, d'une assertion, d'un raisonnement. Attitude de quelqu'un qui cherche à choquer par la liberté, le caractère déplacé, l'insolence de ses manières, de ses paroles ; caractère de ses actes : Répondre avec impertinence. Parole ou action impertinente : Se permettre des impertinences. ● impertinence (synonymes) nom féminin Attitude de quelqu'un qui cherche à choquer par la liberté...
Synonymes :
- audace
- culot (familier)
- désinvolture
- irrévérence
- morgue
- toupet (familier)
Contraires :
- bienséance
- déférence
- dignité
- respect
- tact
Parole ou action impertinente
Synonymes :
- moquerie
- sarcasme
Contraires :
- égard
- prévenance
impertinence
n. f. Comportement impertinent.
|| Parole, action impertinente.
⇒IMPERTINENCE, subst. fém.
A. — Vieilli ou littér. Caractère de ce qui n'est pas pertinent, de ce qui va à l'encontre de la raison. Anton. pertinence. Ce n'est pas d'aujourd'hui que j'ai lieu d'admirer la haute impertinence des jugements humains. Ma philosophie là-dessus est toute d'expérience (COURIER, Lettres Fr. et Ital., 1810, p. 840).
— P. méton. Chose absurde, indiquant l'ignorance, la sottise. Ils [Perrault et Fontenelle] sont trop pressés de trouver une impertinence chez les Anciens, et de la dénoncer (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 1, 1861, p. 305).
B. — Usuel
1. Caractère déplacé, inconvenant, irrespectueux (d'un fait, d'une action, d'une parole). Synon. effronterie, inconvenance, insolence. Impertinence d'un propos, du ton. Le siècle considère volontiers le malheureux comme un impertinent. Mais si ce malheureux unit l'esprit à la misère (...) oh! alors, l'impertinence du malheur devient intolérable (BAUDEL., Art romant., 1867, p. 562). Jacques se sentit dévisagé par un regard investigateur, dont l'impertinence dissimulait peut-être une grande timidité (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 342) :
• 1. Frédéric se trouvait à côté de Mme Arnoux (...). Il ne put s'empêcher de lui dire : — « Voilà longtemps que nous ne nous sommes vus! » — « Ah! » répliqua-t-elle froidement. Il reprit, avec une douceur dans la voix qui atténuait l'impertinence de sa question : — « Avez-vous quelquefois pensé à moi? »
FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 179.
2. Attitude, comportement (d'une personne) qui choque par son manque de respect, sa familiarité, son audace. Synon. impudence, irrespect. Impertinence d'un domestique; se conduire, répliquer avec impertinence. Un des plus fervents admirateurs de Foedora, jeune homme dont l'impertinence était célèbre, et qui s'en faisait même un moyen de parvenir, releva le gant si dédaigneusement jeté par Rastignac (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 158). Ovide ne pousse pas son impertinence à l'égard des femmes au-delà du simple libertinage (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 252) :
• 2. Les rares propos qu'un étonnement extrême permit à Mesdames d'Hocquincourt et de Puylaurens furent choisis de façon à pousser l'impertinence jusqu'au point précis où elle devient de la grossièreté, et peut déposer contre le savoir-vivre de la personne qui l'emploie.
STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 134.
• 3. Il faisait partie d'un groupe aristocratique pour qui l'exercice de l'impertinence, même à l'égard de la noblesse quand elle n'était pas de tout premier rang, semblait être la seule occupation. Ne pas répondre à un salut (...); faire semblant de ne pas reconnaître un homme âgé qui leur avait rendu service...
PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 402.
— P. méton. Parole, action inconvenante, irrespectueuse. Synon. insolence. Débiter, proférer des impertinences. Comme il a été, d'autre part, assez bien vu d'une baronne, et qu'il lui a écrit des impertinences en se brouillant avec elle, il se croit aussi Crébillon fils (MUSSET, Lettres Dupuis Cotonet, 1837, p. 525). Je vais vous dire une impertinence. Mais vous ne vous fâcherez pas, mon très cher? (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 220) :
• 4. Minna eut beau se rebiffer, bouder, dire des impertinences, et s'obstiner à nier la vérité des observations : elles n'étaient que trop justifiées, et Madame de Kerich avait une habileté cruelle à blesser au bon endroit.
ROLLAND, J.-Chr., Matin, 1904, p. 204.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1533 « non-convenance, non-pertinence » ([MARTIAL D'AUVERGNE] Arrêts d'Amour, éd. 1533, LIII ds GDF. [Arrêt apocryphe, v. éd. J. Rychner, p. XLI]); 2. 1555 « ce qui est hors de propos » (J. PELETIER DU MANS, Art poétique, éd. A. Boulanger, p. 144); 3. 1660 « parole, attitude, acte irrévérencieux » (MOLIÈRE, Sganarelle, 1); 4. 1678 « caractère de ce qui est volontairement choquant » (LA FONTAINE, Fables, VIII, 18). Dér. de impertinent; suff. -ence (-ance). Fréq. abs. littér. : 386. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 832, b) 539; XXe s. : a) 473, b) 357. Bbg. BRUNET (L.). À propos de l'impertinence. Déf. Lang. fr. 1973, n° 70, pp. 28-29.
impertinence [ɛ̃pɛʀtinɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1533; de impertinent.
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1 Vx. Caractère de ce qui n'est pas pertinent, de ce qui est déplacé, contraire à la raison, au bon sens. ⇒ Absurdité, extravagance, stupidité. — (1555). || Une, des impertinence(s) : action(s), discours qui dénote(nt) de l'ignorance, de l'étourderie ou de la sottise.
1 (…) il y a (…) deux choses dans les erreurs (touchant la religion) : l'impiété qui les rend horribles, et l'impertinence qui les rend ridicules.
Pascal, les Provinciales, XI.
2 On a bien vu dans la suite l'impertinence de ces calomnies.
Racine, Port-Royal.
3 (…) faut-il que le rang (…)
De cent sots tous les jours nous oblige à souffrir,
Et nous fasse abaisser jusques aux complaisances
D'applaudir bien souvent à leurs impertinences ?
Molière, les Fâcheux, I, 3.
4 Je suis une sotte; j'ai offensé la géographie : vous ne passez point par Moulins, la Loire n'y va point. Je vous demande excuse de mon impertinence; mais venez m'en gronder et vous moquer de moi.
Mme de Sévigné, 591, 23 oct. 1676.
REM. Au sens moderne et logique de pertinence, on emploiera non-pertinence ou, parfois, la graphie im-pertinence.
2 (Mil. XVIIe). Attitude, manière d'une personne impertinente (4.) qui ne respecte pas les règles hiérarchiques dans les rapports sociaux, montre une familiarité excessive (selon les critères culturels en usage). ⇒ Arrogance, audace, effronterie, impolitesse, inconvenance, incorrection, insolence, irrévérence, outrecuidance. || Sa désinvolture frise l'impertinence. || Une impertinence inadmissible, insupportable de la part d'un inférieur. || L'impertinence d'un enfant vis-à-vis de ses parents. || Une impertinence de blanc-bec (cit. 1). || Caustique (cit. 3), ironique, moqueur jusqu'à l'impertinence. || Se conduire avec impertinence et grossièreté (cit. 9).
5 L'impertinence, effet d'une sotte confiance, peut n'être pas volontaire : l'insolence, provocation injurieuse, est toujours faite à dessein.
Lafaye, Dict. des synonymes, p. 682.
6 — Mais… — Apprenez qu'un mais est une offense.Il vous sied bien d'avoir l'impertinenceDe refuser un mari de ma main !
Voltaire, Nanine, I, 5.
♦ Caractère de ce qui est impertinent. || L'impertinence du ton, du regard. || L'impertinence d'une réponse, d'un jugement.
7 (…) certaines phrases dont l'impertinence ne l'avait pas tout d'abord surpris, le froissaient maintenant.
Huysmans, Là-bas, XI.
8 (…) un ton qui visait à l'impertinence, mais qui n'était que désobligeant et incongru.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 203.
♦ (1660). || Une, des impertinences. Parole, action impertinente. ⇒ Écart (de langage); moquerie, offense. || Est-ce une gageure (cit. 5) ou une impertinence ?
9 (…) une mijaurée, chez laquelle elle n'avait jamais été invitée, et qui, deux fois, lui fit l'impertinence de ne pas venir à ses concerts.
Balzac, les Petits Bourgeois, Pl., t. VII, p. 91.
10 (…) le jeune de Mussy (…) était en tout pour la tradition, pour le maintien de l'adoration ou de l'admiration et du respect. Il y avait alors des révoltés en littérature (…) qui se permettaient sur Boileau, Racine (…) des impertinences à peu près aussi fortes que celles qu'on a pu ouïr depuis. Un jour qu'il avait entendu de tels blasphèmes contre Racine (…)
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. II, p. 263.
REM. Au sens 2, le mot tend à vieillir ou du moins à s'atténuer, comme plusieurs de ses analogues, par suite de l'évolution des mœurs.
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CONTR. Pertinence. — Convenance, exactitude, justesse. — Bienséance, correction, courtoisie, politesse. — Égard.
Encyclopédie Universelle. 2012.