considération [ kɔ̃siderasjɔ̃ ] n. f.
• XIIe; lat. consideratio
1 ♦ Action d'examiner avec attention. ⇒ attention, étude, examen. Affaire qui demande une longue considération. — Vieilli Sans considération de personne. ⇒ acception. Mod. Être digne de considération. Prendre en considération : tenir compte de. Prise en considération d'un projet.
2 ♦ Plur. Observations sur un sujet. ⇒ réflexion, remarque. S'en tenir à des considérations générales. Se perdre en considérations sur, quant à, à propos de (un sujet).
3 ♦ Motif, raison que l'on considère pour agir. Des considérations d'ordre moral. Diverses considérations l'ont porté à cette démarche. Je ne puis entrer dans ces considérations. Entre autres considérations... — Loc. prép. EN CONSIDÉRATION DE; PAR CONSIDÉRATION POUR : en tenant compte de, eu égard à. En considération de son passé militaire, on l'a relâché (cf. Au nom de, en raison de).
4 ♦ Littér. Estime que l'on porte à qqn. ⇒ déférence , égard. Considération respectueuse. ⇒ révérence, vénération. C'est par considération pour votre père que... Considération que vaut un emploi, que confère une qualité. ⇒ respect. Jouir de la considération générale. ⇒ crédit, renommée. Avoir la considération de ses chefs. « L'estime vaut mieux que la célébrité, la considération vaut mieux que la renommée » (Chamfort). — Vieilli Être en considération. ⇒ faveur, grâce.
♢ (Formule de politesse) Agréez l'assurance de ma considération distinguée.
⊗ CONTR. Déconsidération, dédain, ignorance, mépris.
● considération nom féminin (latin consideratio, -onis) Action de considérer quelque chose, de le faire entrer en ligne de compte : La considération de sa fortune n'entre pas en ligne de compte. Bonne opinion qu'on a de quelqu'un ; estime, égards accordés à quelqu'un : Traiter quelqu'un avec considération. Entre dans des formules de politesse à la fin d'une lettre : Recevez l'assurance de ma considération distinguée. ● considération (citations) nom féminin (latin consideratio, -onis) Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux Paris 1688-Paris 1763 Nous sommes plus jaloux de la considération des autres que de leur estime. La Vie de Marianne ● considération (expressions) nom féminin (latin consideratio, -onis) Qui est digne de considération, qui, par ses qualités, mérite l'estime, la déférence. En considération de, eu égard à, compte tenu de. Mériter considération, être assez important pour qu'on l'examine avec soin, qu'on y réfléchisse. Par considération pour, eu égard à l'estime qu'on a pour. Prendre en considération, faire entrer en considération, arrêter son attention sur, tenir compte de. Sans considération de personne, sans tenir compte des cas particuliers que pourraient présenter des individus. ● considération (synonymes) nom féminin (latin consideratio, -onis) Bonne opinion qu'on a de quelqu'un ; estime, égards accordés à...
Synonymes :
- déférence
- égard
- estime
- respect
Contraires :
considération
n. f.
d1./d Examen attentif que l'on fait d'une chose avant de se décider. Un problème digne de considération.
— Prendre en considération: tenir compte de.
d2./d (Plur.) Réflexions. Se perdre en considérations oiseuses.
d3./d Motif, raison d'une action. Cette considération l'a décidé.
|| En considération de: à cause de. En considération des services rendus.
d4./d Estime, déférence. Jouir de la considération publique.
⇒CONSIDÉRATION, subst. fém.
A.— Action d'examiner avec attention quelque chose ou quelqu'un :
• 1. L'imagination est une des plus belles facultés de l'homme : elle ennoblit toutes ses pensées, les élève, l'empêche de se traîner dans la considération de petites choses, de menus détails...
LAMARCK, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 415.
1. Attention portée à quelque chose ou à quelqu'un :
• 2. Tu n'a pas le droit de t'arrêter à des considérations de naissance, qui ne sont plus rien dans la situation où nous sommes réduits.
AYMÉ, Clérambard, 1950, I, 5, p. 32.
♦ Cela mérite considération. Mais il a l'air de savoir ce qu'il veut... Ça mérite considération (R. MARTIN DU GARD, Un Taciturne, 1932, I, 2, p. 1268).
— Locutions
♦ Prendre en considération. Tenir compte de :
• 3. Pour bien suivre mon récit, je ne veux pas prendre en considération les quelques heures — que dis-je? — les innombrables heures infernales que j'ai consumées sur ce canapé.
G. DUHAMEL, Confession de minuit, 1920, p. 49.
♦ En considération de; par considération pour. Compte tenu de; en raison de. Vous auriez pu (...) ne fût-ce que par considération pour mon âge, m'écrire (PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 557) :
• 4. ... il lui était vraiment bien facile, en considération du fait que je ne publie pas mon livre, d'aller dire à notre ami Paulhan de ne pas publier les lettres et de donner quelque chose d'autre à la place...
DU BOS, Journal, 1928, p. 170.
2. P. méton. Fait constaté; élément d'appréciation ou de décision résultant d'un examen attentif :
• 5. Dans tout projet d'offensive basé sur une invasion immédiate de la Belgique, cette considération essentielle ne devait pas être perdue de vue...
JOFFRE, Mémoires, t. 1, 1931, p. 157.
— P. ext., gén. au plur.
a) Motif, raison. J'allais vous le proposer, dit le prêtre froidement. Je me rends compte des considérations de famille (A. DAUDET, La Petite paroisse, 1895, p. 291). Il cède facilement à des considérations d'hygiène et de santé (A. FRANCE, L'Orme du mail, 1897, p. 140).
b) Observations précises tirées d'un examen attentif des données et généralement formulées pour elles-mêmes avec ou sans la visée d'un exposé systématique :
• 6. Il résulte de ces considérations : que tout animal qui possède un système nerveux, n'est pas nécessairement muni d'un cerveau...
LAMARCK, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 225.
— Réflexions quelque peu aléatoires.
♦ Entrer dans des considérations. Il est évident que l'on ne saurait entrer dans les considérations qui vont suivre (DURKHEIM, De la Division du travail soc., 1893, préf. de la 1re éd., p. XLII).
♦ Se laisser aller à des considérations. Je me suis laissé aller à des considérations dont il ne faut retenir que ceci (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 283).
B.— Estime, égards que l'on témoigne à quelqu'un après avoir pu apprécier sa valeur. Témoigner une grande considération à qqn; avoir de la considération pour qqn. On le traitait d'ailleurs avec la considération méritée par sa conduite exemplaire (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, L'Assassin, 1887, p. 591).
♦ Avoir de la considération. Être estimé. Onze enfants, c'est une belle famille et mes parents, à cause de cela, avaient bien de la considération, jusque dans les pays d'alentour (FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, p. 269).
— Spéc. [Formule de politesse] J'ai l'honneur d'être, messieurs, avec toutes les considérations qui vous sont dues, « Votre très humble et très soumis admirateur, (...) » (P. BOREL, Champavert, Passereau, l'écolier, 1833, p. 199). Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de ma haute considération (DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, p. 646).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe-début XIIIe s. « attention portée à quelque chose; examen attentif » (Job, 341, 10 ds T.-L.); 2. XIVe s. « constatation motivant une décision » (FROISSART, I, I, 311 ds LITTRÉ); 3. « importance, égard accordé à quelque chose après examen » 1310 considéreson (G. DU BUS, Fauvel, éd. Långfors, I, 209); 1396 pour consideration de (document ds GDF. Compl.); 1591 tenir (qqc.) en considération (ibid.); av. 1648 n'avoir aucune considération pour qqn (Voiture ds RICH. 1680). Empr. au lat. class. consideratio « examen attentif (par les yeux, par l'esprit) » puis « égard, estime (pour quelque chose, quelqu'un) ». Fréq. abs. littér. :3 109. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 6 906, b) 2 976; XXe s. : a) 2 699, b) 4 109. Bbg. GIRAUD (J.). Le « Boulevard des Riens ». Vie Lang. 1973, p. 94. — GOHIN 1903, p. 334. — QUEM. Fichier. — RIGAUD (A.). Considérations distinguées. Vie Lang. 1968, pp. 775-777.
considération [kɔ̃sideʀɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. XIIe; lat. consideratio, du supin de considerare. → Considérer.
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1 Vx. Action d'examiner avec attention. ⇒ Attention, étude, examen. || Affaire qui mérite, qui demande une longue considération. — Vieilli. || Sans considération de personne. ⇒ Acception. || Agir avec considération. || C'est de peu de considération, de nulle considération, de peu d'importance, sans aucune importance.
1 Tout ce qui tombe sous la considération des géomètres.
Descartes, Géométrie, III.
REM. On dirait plutôt aujourd'hui : « attention, examen ».
♦ Mod. || Être digne de considération. — Cour. ☑ En considération. || Prendre en considération qqch. : tenir compte de… → Particulier, cit. 4. || La prise en considération de qqch. — Rare. || Mettre qqch. en considération.
2 Il n'y avait pour lui ni grandes ni petites choses; il n'y avait que des choses dignes d'être prises en considération.
France, Jocaste, Œ., t. II, III.
2 Au plur. Observations, réflexions (sur un sujet). ⇒ Dissertation, remarque. || Présenter des considérations sur… || Se perdre en considérations sur, quant à, à propos de la politique. || Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, œuvre de Montesquieu. || Il résulte de ses considérations que…
3 (XIVe). Motif, raison que l'on considère pour agir. || Considérations d'honneur, d'intérêt. || Diverses considérations l'ont porté à cette démarche. || Je ne puis entrer dans ces considérations. || Entre autres considérations…
3 Quand on aime bien, on ne pense qu'à son amour; il absorbe toute autre considération (…)
Marivaux, la Vie de Marianne, VI, p. 252.
4 Les petites considérations sont le tombeau des grandes choses.
Voltaire, Lettre à Damilaville, 6 août 1766.
♦ ☑ Loc. prép. En considération de, par considération pour : en tenant compte de, par égard pour. || En considération de son passé militaire, on l'a relâché. ⇒ Nom (au nom de).
4 (1310, considéreson). Littér. ou style soutenu. Estime que l'on porte (à qqn). ⇒ Déférence, égard. || Avoir pour qqn une considération respectueuse. ⇒ Révérence, vénération. || C'est par considération pour votre père, en considération de votre père que… || Considération que vaut un emploi, que confère une qualité, une vertu. || Gagner, obtenir, s'acquérir de la considération auprès de qqn, dans un milieu. ⇒ Autorité, crédit, renommée. || Jouir de la considération générale, d'une grande considération. || Avoir la considération de ses chefs. || Être en considération. ⇒ Cour (bien en cour), faveur, grâce.
5 Cette considération personnelle, qui ne s'accorde ni au rang, ni au génie même, mais à la vertu seule, et dont on doit être d'autant plus jaloux qu'on est plus exposé par ses talents ou par ses dignités au jugement de ses contemporains.
d'Alembert, Éloges, Abbé de Choisy.
6 L'estime vaut mieux que la célébrité, la considération vaut mieux que la renommée et l'honneur vaut mieux que la gloire.
Chamfort, Maximes et Pensées, XXXIV.
7 (…) le général autrichien reçut le marquis del Dongo avec une considération voisine du respect (…)
Stendhal, la Chartreuse de Parme, II, p. 23.
8 Il en était venu à croire que les citoyens ne condamnent un si grand nombre de leurs semblables à l'infamie que pour goûter par contraste les joies de la considération.
France, les Opinions de J. Coignard, Œ., t. VIII, p. 319.
9 Mais, de cette expérience particulière, j'ai du moins retiré une grande révérence pour toute personne qui sait faire quelque chose, et une singulière considération pour celles qui nous montrent par leur exemple que l'exercice d'une profession peut valoir à son homme un autre avantage que son traitement ou son salaire (…)
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 268.
10 (…) nous sommes timides devant nos familiers; il est si rare qu'à vivre avec eux nous n'y perdions pas toute leur considération (…)
Colette, l'Étoile Vesper, p. 73.
♦ Formule de politesse à la fin d'une lettre. || Agréez l'assurance de ma parfaite considération, de ma considération distinguée.
11 J'ai l'honneur, d'être, Monsieur, avec la considération la plus distinguée, votre très humble et très obéissant serviteur (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, 15 nov. 1831, p. 314.
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CONTR. Déconsidération, dédain, ignorance, inconsidération, mépris, mésestime.
Encyclopédie Universelle. 2012.