couvrir [ kuvrir ] v. tr. <conjug. : 18>
• 1080; lat. cooperire
♦ Revêtir d'une chose, d'une matière pour cacher, fermer, orner, protéger.
I ♦
1 ♦ Garnir (un objet) en disposant qqch. dessus. ⇒ recouvrir. Couvrir un plat, une marmite avec un couvercle. Couvrir un lit d'un dessus-de-lit, d'un couvre-pied (⇒ couverture ) . Couvrir un toit d'ardoises, de chaume, de paille, de tuiles (⇒ couvreur) . Couvrir des marchandises avec une bâche. ⇒ bâcher. Couvrir un mur de peinture. Couvrir un livre (⇒ couvre-livre) . Couvrir un meuble d'une housse. ⇒ envelopper. — Jeu Couvrir une carte : mettre une carte sur une autre, ou de l'argent sur sa carte.
♢ (Choses) Être disposé sur. Housse qui couvre un fauteuil. « la toile qui couvrait son corps était si souple et si diaphane » (Gautier). « des moquettes épaisses couvrirent les parquets » (Chardonne).
2 ♦ Parsemer, garnir d'une grande quantité de choses. Couvrir une tombe de fleurs. Couvrir un mur de graffitis. Fig. Couvrir qqn de boue, d'opprobre. Couvrir qqn de caresses, de baisers. On l'a couvert de huées, d'injures. ⇒ accabler, combler. « Vingt minutes on le couvrit de gloire » (Courteline).
♢ (Choses) Être éparpillé, répandu sur. Les feuilles couvrent le sol. ⇒ joncher. Des nuages couvraient le ciel. L'eau montait et couvrait les champs. ⇒ inonder, submerger. « Les huit cartouchières à chargeurs qui leur couvraient la poitrine et le ventre » (Mac Orlan).
3 ♦ Habiller chaudement. Couvrir un enfant.
4 ♦ (XIIe) Cacher en mettant qqch. par-dessus, autour. Couvrir son corps, sa nudité d'un vêtement. Couvrir d'un voile. ⇒ 1. voiler. « Couvrez ce sein que je ne saurais voir » (Molière). Couvrir son jeu : tenir ses cartes de telle sorte que les autres joueurs ne puissent les voir.
♢ Fig. « Il faut bien couvrir le vice d'une apparence agréable, autrement il ne plairait pas » (Lesage). « Non, vous voulez en vain couvrir son attentat » (Racine). — (Choses) Masque, voile qui couvre un visage. ⇒ dissimuler, masquer. Cela couvre un mystère, une énigme. ⇒ 1. cacher.
♢ Par ext. Couvrir la voix. ⇒ dominer, étouffer. L'orchestre couvre la voix des chanteurs. « La rumeur des écluses couvre mes pas » (Rimbaud).
5 ♦ Interposer (qqch.) comme défense, protection. ⇒ garantir, protéger. Couvrir qqn de son corps. Couvrir ses arrières. Une forte armée couvre les frontières. Le pavillon couvre la marchandise.
♢ Protéger la sortie ou la fuite de qqn avec une arme à feu. Vas-y, je te couvre !
6 ♦ Abriter (qqn) par son autorité, sa protection. Ce chef couvre toujours ses subordonnés, ses aides (⇒ justifier) . « Il couvrait encore sa complice » (Balzac). Il cherche à la couvrir.
7 ♦ Comm., fin. Donner une couverture financière à (qqn). ⇒ assurer, garantir, payer. Prière de nous couvrir par chèque. — (Compl. chose) Dépôt versé pour couvrir une opération à terme. ⇒ couverture (II, 3o). Couvrir ses frais. Cette somme ne couvrira même pas mes frais de déplacement. — Couvrir un emprunt, une souscription, souscrire la somme demandée. — Couvrir une enchère. ⇒ surenchérir.
8 ♦ Parcourir (une distance). « Ces 2 300 premiers kilomètres, couverts en un temps record » (Tournier).
9 ♦ S'étendre sur (une période, une surface). Cet ouvrage couvre tout le XX e siècle. ⇒ embrasser.
♢ Télécomm. Assurer une réception correcte dans (une zone). Couvrir un vaste secteur. ⇒ arroser. Les émetteurs en modulation de fréquence couvrent des zones limitées à quelques dizaines de kilomètres.
10 ♦ (angl. to cover) Assurer l'information concernant (un événement, un fait d'actualité). Les journalistes qui couvrent la réunion au sommet. « Du Liban à l'Afghanistan, cette fille a couvert nos pires guerres » (Pennac). — Événement couvert par les médias. ⇒ médiatisé.
11 ♦ (XIIIe) S'accoupler avec la femelle (animaux). ⇒ s'accoupler, monter, saillir, servir. Faire couvrir une jument, une chienne.
II ♦ SE COUVRIR v. pron.
1 ♦ S'envelopper d'un vêtement. ⇒ s'habiller, se vêtir; s'emmitoufler. Il gèle, il faut se couvrir davantage. Couvre-toi bien.
♢ Absolt Remettre son chapeau après avoir salué. Couvrez-vous, je vous prie.
♢ Fig. Se couvrir de gloire, de ridicule.
2 ♦ Se remplir. La place se couvrit de curieux. « Le ciel se couvrit de nuages » (Chardonne). Absolt Le ciel se couvre. ⇒ s'assombrir, s'obscurcir. Fig. L'horizon se couvre : des difficultés, des événements graves se préparent.
3 ♦ S'abriter, se cacher, ou se retrancher (cf. Ouvrir le parapluie). Se couvrir d'un prétexte.
⊗ CONTR. Découvrir, dégager, dégarnir, dévoiler.
⊗ HOM. Couvert :couvèrent; couvrais :couverai (couver).
● couvrir verbe transitif (latin cooperire, de operire, couvrir) Placer, disposer quelque chose sur quelque chose d'autre ou sur quelqu'un, en particulier pour le protéger ou le cacher à la vue : Couvrir un lit avec un dessus-de-lit. Couvrir le corps d'un blessé d'une couverture. Placer sur un récipient, un plat quelque chose (couvercle) qui permette d'en fermer l'ouverture supérieure : Couvrir une casserole. Répandre quelque chose en grande quantité sur une surface : Couvrir un mur d'inscriptions. Être placé, posé sur quelque chose de telle sorte qu'il le cache à la vue, ou être répandu en grande quantité sur la surface de quelque chose, sur le corps de quelqu'un : La jupe couvre juste le genou. Des cicatrices lui couvraient tout le corps. Avoir la propriété de bien pouvoir s'étendre, s'étaler sur une surface : Peinture qui couvre bien. Mettre à quelqu'un suffisamment de vêtements pour qu'il ait chaud : Sa mère le couvre trop. Donner quelque chose à quelqu'un à profusion, l'en combler : Couvrir une femme de bijoux. Faire que quelqu'un éprouve fortement un sentiment (surtout désagréable) ; accabler : Couvrir quelqu'un de honte. Dominer un bruit, un son, faire qu'il soit mal perçu, entendu, en parlant d'autres bruits : L'orchestre couvrait la voix de la chanteuse. Cacher quelque chose à la connaissance de quelqu'un, le dissimuler : Sa gaieté couvrait un profond désappointement. Comprendre quelque chose, des choses, les englober : Le prix couvre à la fois la livraison et l'entretien. Embrasser une durée, une superficie : Sa propriété couvre dix hectares. Parcourir une distance en tant de temps : Il a couvert les cinq kilomètres en une heure. S'occuper d'un secteur d'activité, en être responsable : Un représentant qui couvre le sud de la France. Assurer une information complète et directe sur un événement, en parlant d'un journaliste (d'après l'anglais to cover) : Il est chargé de couvrir le procès. Assurer le paiement de frais, de dépenses en les compensant, en les équilibrant : Ses recettes ne couvrent plus ses dépenses. Protéger quelqu'un de l'ennemi, de l'adversaire, le plus souvent en détournant l'attention de ce dernier : Couvrir ses arrières. Assurer la protection de quelqu'un, prendre la responsabilité de ses actions, le mettre à l'abri de poursuites, d'accusations : Le ministre a couvert l'erreur du préfet. Garantir, assurer les conséquences financières d'un risque, d'un dégât. S'accoupler à une femelle, en parlant de l'animal mâle. Fixer son regard sur quelqu'un, quelque chose, embrasser quelque chose par la vue : Elle nous couvrait d'un regard affectueux. En parlant d'un émetteur, desservir des récepteurs situés dans une zone déterminée. Jeux Au jacquet, mettre une flèche. Mettre une carte sur celle qui est jouée par l'adversaire. ● couvrir (difficultés) verbe transitif (latin cooperire, de operire, couvrir) Conjugaison Comme ouvrir. ● couvrir (expressions) verbe transitif (latin cooperire, de operire, couvrir) Couvrir un emprunt, en assurer la souscription complète. Couvrir une enchère, surenchérir. Couvrir une prescription, l'interrompre. Couvrir l'échec, le faire cesser en interposant une autre pièce entre la pièce attaquée et celle qui attaque. Couvrir son jeu, tenir son jeu caché. Couvrir une carte, mettre un enjeu sur cette carte. Couvrir un enjeu, tenir cet enjeu. ● couvrir (synonymes) verbe transitif (latin cooperire, de operire, couvrir) Placer, disposer quelque chose sur quelque chose d'autre ou sur quelqu'un, en...
Synonymes :
- bâcher
- barder
- enduire
- revêtir
Contraires :
- découvrir
Placer sur un récipient, un plat quelque chose (couvercle) qui permette...
Synonymes :
Répandre quelque chose en grande quantité sur une surface
Synonymes :
- charger
- cribler
- joncher
- parsemer
- paver
- semer
Contraires :
- déblayer
- nettoyer
Mettre à quelqu'un suffisamment de vêtements pour qu'il ait chaud
Synonymes :
- habiller
- vêtir
Dominer un bruit, un son, faire qu'il soit mal perçu...
Synonymes :
- éclipser
- effacer
- éteindre
- étouffer
Contraires :
Cacher quelque chose à la connaissance de quelqu'un, le dissimuler
Synonymes :
- masquer
- voiler
Contraires :
- démasquer
- dévoiler
couvrir
v.
rI./r v. tr.
d1./d Placer sur (une chose) une autre qui la protège, la cache, l'orne, etc. Couvrir une case. Couvrir un livre.
|| JEU Couvrir une carte, en mettre une autre par-dessus.
|| FIN Couvrir une enchère: surenchérir.
d2./d Habiller, vêtir. Couvrir ses épaules d'un châle.
d3./d Mettre en grande quantité sur, charger (qqch) de. Couvrir un habit de broderies.
|| Fig. Cet incident les a couverts de ridicule.
d4./d être répandu sur. Des feuilles couvrent les allées.
d5./d Cacher, dissimuler. Voile qui couvre le bas du visage.
d6./d Garantir, abriter; protéger, défendre. Couvrir qqn de son corps. Syn. (Québec) abrier et rabrier.
|| Fig. Couvrir qqn, se déclarer responsable de ce qu'il fait, le protéger.
— Par ext. Couvrir les fautes d'un ami.
d7./d Balancer, compenser. La recette ne couvre pas les frais.
|| FIN Donner une garantie pour un paiement; payer. Couvrir un emprunt.
d8./d (Liban) Couvrir ses notes: obtenir une note suffisante à un examen pour le réussir.
d9./d Parcourir (une distance). Couvrir trente kilomètres en une heure.
d10./d S'accoupler avec (la femelle), en parlant d'un animal mâle. étalon qui couvre une jument.
d11./d Dans le journalisme, assurer l'information sur un événement. Notre chaîne couvre les élections.
rII./r v. Pron.
d1./d Se vêtir. Se couvrir chaudement.
|| Mettre un chapeau sur sa tête.
d2./d Mettre sur soi en grand nombre, en grande quantité. Se couvrir de bijoux. Se couvrir de boue.
— Fig. Se couvrir de gloire, de honte.
d3./d Le ciel se couvre, il est obscurci par des nuages.
d4./d Se mettre à l'abri. Se couvrir d'un bouclier.
— Fig. Se garantir. Il s'est couvert contre ce risque.
I.
⇒COUVRIR1, verbe trans.
I.— [Avec l'idée dominante de superposition]
A.— [Le compl. désigne une chose; un compl. prép. de, plus rarement avec, indique ce qui sert à couvrir] Mettre quelque chose qui est distinct et séparé, mais plus ou moins ajusté, sur une surface ou sur un volume.
1. [De manière à les soustraire à la vue ou à les protéger]
a) [Le suj. désigne une pers.] Couvrir un lit, un mur, une paroi. Une caisse de bois fort, qu'on couvrira d'une toile cirée (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 218). Elle couvrit elle-même la vieille table d'un napperon (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 58) :
• 1. Après ce petit concert, on couvrit la table d'un tapis de Bergame : à l'un des bouts, M. Bonnefoi commença une partie de dames avec M. Delbeuf, marchand drapier à la Barbe-bleue, tandis qu'à l'autre la maîtresse du logis faisait un cent de piquet avec le premier chantre de Saint-Eustache...
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, 1812, p. 205.
— P. ext. Couvrir son visage, ses yeux avec ses mains; se couvrir les oreilles. Il couvrait sa figure de ses mains (MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 371) :
• 2. Elle [Cécile] se couvrit le visage de ses mains, se prit à sangloter, puis s'enfuit dans la chambre de nos parents et nous entendîmes, au bruit des clefs, qu'elle s'y enfermait.
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 27.
b) [Le suj. est un inanimé] S'étendre, se déployer sur une surface de manière à la recouvrir partiellement. Herbe qui couvre un terrain, mer qui couvre le sable, nappe couvrant la table. Un grand tapis d'Aubusson couvre le parquet (BILLY, Introïbo, 1939, p. 201) :
• 3. ... le prince Castel-Forte le prit par la main, et tirant un rideau de crêpe qui couvrait un autre tableau, il lui montra Corinne telle qu'elle avait voulu se faire peindre cette année...
STAËL, Corinne, t. 3, 1807, p. 393.
c) Spécialement
— HORTIC. Couvrir des semis, des plantes. Étendre sur eux une couverture de protection pour les préserver du froid. Dans ce cas [de gelée forte], on doit se tenir prêt à tout couvrir, et doubler les couvertures des châssis à l'apparition de ces signes (GRESSENT, Potager mod., 1863, p. 925).
— PEINT. Couvrir une toile. Disposer sur sa surface le sujet, lignes et couleurs. Couvrir une toile violemment (cf. ZOLA, Œuvre, 1886, p. 255) :
• 4. ... j'aime que Picasso se dépeigne lui-même le mètre à la main, mesurant les objets les plus vulgaires (...). Leurs images réelles, superposées aux architectures abstraites dont le peintre couvre la toile, sont les tremplins que l'esprit quête pour rebondir dans l'inconnu.
BREMOND, La Poésie pure, 1926, p. 133.
— RELIURE. Revêtir d'une reliure, à titre de protection, les plats et le dos de feuilles brochées. Il avait fait couvrir, par un humble relieur de la ville, ses exemplaires avec des feuillets d'antiphonaires (A. FRANCE, Anneau améth., 1899, p. 182).
— Vx. Couvrir le feu. Mettre de la cendre dessus pour le conserver. Après neuf heures, comme Nicole couvrait le feu (...), deux grands coups retentirent aux volets (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 76).
2. [De manière à empêcher qqc. d'être entendu] Couvrir un bruit, un son, le tumulte, la voix. En scène, Rose détaillait si finement une phrase de son duo, que des bravos couvrirent l'orchestre (ZOLA, Nana, 1880, p. 1218). Paroles [qui] (...) couvraient ses ricanements (MONTHERL., Songe, 1922, p. 73) :
• 5. Quelquefois, je ne sais quelle clarté nous faisait entrevoir le sommet d'une vague et parfois aussi le bruit de nos instruments ne couvrait pas le vacarme de l'océan qui se rapprochait.
JACOB, Le Cornet à dés, 1923, p. 183.
— Spéc., MUS. (art du chant). Couvrir une voyelle. Voiler légèrement le timbre de cette voyelle. Dans les ports de voix ascendants, on évitera avec soin d'ouvrir la voyelle; il vaut presque mieux la couvrir légèrement (GARCIA, Art chant, 1840, p. 13).
3. En partic. Placer quelque chose sur un contenant de manière à le soustraire à l'action du froid, des intempéries, etc.
a) [Le suj. désigne un animé] Obturer au moyen d'un couvercle l'orifice d'un volume creux; édifier un toit au-dessus d'un bâtiment et en revêtir la charpente. Couvrir une casserole, une marmite, un pot; couvrir les halles, un stade; couvrir une maison en tuiles, en ardoises. Elle retira son tablier, couvrit le panier plein, rabattit ses manches et disposa sur sa tête une mantille de dentelle noire (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 141) :
• 6. Il y a du goût à être un homme de la montagne, un de ces hommes qui savent non pas seulement labourer, abattre les arbres, gouverner et panser les bêtes, mais tout : maçonner, boulanger, creuser les sabots, assembler une roue, couvrir un toit en chaume, tout ce qui sert à la vie.
POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, p. 170.
b) [Le suj. désigne un inanimé] Ardoises qui couvrent le toit. Nous n'irons plus à la prière Nous courber sur la simple pierre Qui couvre un rustique tombeau (LAMART., Médit., 1820, p. 219).
B.— [Le compl. d'obj. désigne une ou plusieurs pers., ou leur comportement]
1. Au sens physique
a) [L'obj. désigne le corps ou telle partie du corps; le compl. de moyen désigne ce dont on vêt ou ce qui habille le corps ou telle de ses parties] Poser ou étendre sur quelqu'un une pièce du vêtement ou de l'habillement. Couvrir son cou d'un foulard; couvrir ses mains de gants de laine; couvrir son ventre d'une flanelle; vieillard couvert de lambeaux. Un moine couvert d'un vêtement de bure (LAMART., T. Louverture, 1850, II, 3, p. 1287). La vieille bonne (...) lui couvrit [à Jeanne] les épaules d'un gros manteau (MAUPASS., Une Vie, 1883, p. 235) :
• 7. ... et Manitou, pour pouvoir s'entretenir avec le chasseur, tout-à-coup se fit homme.
« Que veux-tu faire de cette loutre, lui demanda-t-il?
— De sa peau, je couvrirai mes épaules nues, et sa chair ira dans ma chaudière... »
CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute-Pensylvanie, t. 2, 1801, p. 8.
b) [Le suj. désigne une pers.] Voiler la nudité d'un corps. Couvrir un nouveau-né, une statue, ses épaules nues :
• 8. C'est Hypsuranius qui bâtit ces huttes de roseaux où logea la primitive innocence; Usoüs couvrit sa nudité de peaux de bête, et affronta la mer sur un tronc d'arbre, ...
CHATEAUBRIAND, Génie du christianisme, t. 1, 1803, p. 132.
c) En emploi pronom.
— S'habiller chaudement. Se couvrir d'un bon drap, d'un vêtement chaud :
• 9. — Onze heures moins le quart : le temps de passer à l'hôtel...
— Vous n'aurez pas trop chaud pour voyager.
— Il faudra même que je me couvre, ce soir, dans l'auto.
MAURIAC, Thérèse Desqueyroux, 1927, p. 282.
— Dans la lang. de la conversation. Mettre un chapeau sur sa tête; le replacer sur sa tête après l'avoir soulevé en signe de politesse. Couvrez-vous donc, je vous prie (LABICHE, Fourchevif, 1859, 3, p. 392). Le général gardait à la main son chapeau, sans vouloir se couvrir (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 496).
d) Spéc. [En parlant d'un mâle] Couvrir une femelle, une jument. Synon. saillir :
• 10. Je passais tout à l'heure avec ma chienne qui portait d'au moins six semaines, même que j'en étais bien ennuyé, à cause qu'elle s'était fait couvrir par un corniaud.
AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 219.
2. Au fig.
a) [Le suj. est un nom de pers.] Dérober à la vue, masquer, dissimuler. Couvrir une démarche; couvrir des desseins, des propos. Couvrir une faute (cf. GIDE, Faux-monn., 1925, p. 949). Azarius resta empêtré de ses mains, une minute. Puis il couvrit son désappointement par une volte-face (G. ROY, Bonheur occas., 1945, p. 214) :
• 11. ... le duc se hasarda à saisir la main de la Belcredi (...); mais, les cils entre-clos, superbe, et les yeux demi-tournés vers lui, elle faisait ce sourire de sphinx, doux et glacé en même temps, dont elle couvrait et masquait ses plus terribles résolutions.
BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, p. 278.
b) [Le suj. est un nom de chose] Servir d'écran pour masquer, dissimuler quelque chose. Mots servant à couvrir des turpitudes. La gaieté des mots couvrait mal sa préoccupation (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 211) :
• 12. Un soyer au champagne se renversa sur une robe de faille amande, et les fraises, un bout d'orange, glissèrent dans le gravier. La musique redoubla comme pour couvrir cet incident d'un déluge sensuel.
ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 274.
c) Servir de protection à quelqu'un, le garantir contre quelque chose. Couvrir ses amis, le roi, ses subordonnés. Couvrir d'une protection scandaleuse Esterhazy (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 59). Nous prenions la responsabilité de ce retard, lui [Samba N'Goto] promettant de la couvrir auprès du terrible Pacha (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 737) :
• 13. Poincaré avait su à la fois dégager sa responsabilité, garder l'allure de l'homme qui couvrira son ministre de la guerre, et lui indiquer poliment qu'il n'avait qu'à foutre proprement son camp, une merveille.
ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936 p. 221.
d) Techn. [Avec une idée de garantie dans l'exécution et de protection contre un échec éventuel]
— ADMIN. Emploi pronom. réfl. Fuir une responsabilité, la rejeter sur autrui :
• 14. Il existe deux sortes de fonctionnaires : l'actif et le passif, l'aventureux et le circonspect : le premier n'a qu'un but : « courcircuiter » (comme il dit) les bureaux, c'est-à-dire leur chiper les affaires; le dessein du second, c'est de se « couvrir », c'est-à-dire de s'abriter sous le parapluie des devanciers...
MORAND, Chroniques de l'homme maigre, 1941, p. 142.
— ART MILIT. Assurer la protection d'un territoire, d'une ville, d'une armée. Couvrir une ligne de défense, la nation, la retraite. Les Piémontais avaient intérêt à couvrir Turin, et les Autrichiens à couvrir Milan (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 345). Le 9e corps couvrira l'attaque depuis Moncel jusqu'à la Moselle (FOCH, Mém., t. 1, 1929, p. 42).
— BOXE. Emploi pronom. réfl. Se protéger avec ses gants; se mettre en garde :
• 15. Il [le « novice amateur »] jette un coup d'œil plein d'angoisse dans la direction du gong libérateur. Et sa garde? Il se couvre!
MONTHERLANT, Les Olympiques, 1924, p. 328.
— COMM. (ventes). Couvrir une enchère. Proposer un prix d'achat supérieur à celui qui vient d'être annoncé par le commissaire-priseur :
• 16. Cette fois elle [Lise] avait surpris son adversaire [à la vente]. C'était un demi-paysan assis devant Filluzeau. Elle lui asséna un regard hautain, attendit calmement l'extinction du premier feu et couvrit l'enchère ...
LACRETELLE, Les Hauts ponts, t. 3, 1935, p. 245.
— FIN. Disposer du total de la somme demandée; contrebalancer les dépenses. Couvrir ses frais, un emprunt, les intérêts. Recettes ne couvrant plus les dépenses (cf. BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 36) :
• 17. Quelquefois ces sacrifices n'étaient même pas suffisants; et Jean-Michel devait, pour couvrir une dette pressante, vendre en secret un meuble, des livres, des souvenirs, auxquels il était attaché.
ROLLAND, Jean-Christophe, Le Matin, 1904, p. 122.
II.— [Avec une idée complémentaire d'étendue]
A.— Parsemer une surface de quelque chose, l'en revêtir avec abondance.
1. [Le suj. est un nom de pers.] Couvrir une table de fleurs, couvrir une nappe de taches, couvrir un vêtement de boue. Il couvre les murs de sa maison d'inscriptions magiques (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 271) :
• 18. Je songe à Ghirlandajo, accablé d'enfants et de commandes, toujours dépassé par sa production, parlant de couvrir de peintures toutes les murailles de Florence.
FAURE, L'Esprit des formes, 1927, p. 127.
2. [Le suj. se réfère à ce dont la surface est parsemée] Ampoules qui couvrent les mains, sueur qui couvre le front, végétation qui couvre la terre. La mer couvrait au loin cette immense contrée (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 235). Et pourtant la forêt grandit et couvre la montagne d'une fourrure noire qui distribue dans l'aube ses oiseaux (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 634).
3. Plus spéc. Revêtir une page de signes graphiques (dessins, lignes d'écriture). Couvrir les marges d'un livre. Couvrir le papier de sa maladroite et grosse écriture (cf. BOURGET, Disciple, 1889, p. 122). Je traçai sur l'enveloppe le nom de Gilberte Swann dont je couvrais jadis mes cahiers pour me donner l'illusion de correspondre avec elle (PROUST, Sodome, 1922, p. 739).
— En emploi pronom.
♦ [Le suj. est un nom de pers.] Disposer sur soi en abondance quelque chose ou des choses ayant une valeur ornementale. Se couvrir de bijoux, de bagues, de parfum. Le chef des chefs paroît couvert de pierreries (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 204).
♦ [En parlant d'une partie du corps] Être envahi par. Se couvrir de boutons; visage qui se couvre de larmes. La figure de Suzette se couvrit des couleurs les plus vives (FIÉVÉE, Dot Suzette, 1798, p. 156).
4. Usuel. [En parlant du temps, du ciel] (S')assombrir, (se) voiler. Temps qui se couvre; nuages qui couvraient le ciel. Le ciel se couvrait, les brouillards s'élevaient des prairies, la rivière fumait, le soleil s'éteignait au milieu des vapeurs (ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 295).
B.— Au fig.
1. Fixer les yeux sur quelqu'un ou quelque chose, embrasser l'étendue d'un seul tenant. Couvrir qqn d'un rapide regard, couvrir des yeux qqn. Il [M. Douloir] nous couvrait d'un regard affectueux (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 340).
2. Donner, dispenser en abondance à quelqu'un des preuves de l'estime, de la tendresse ou du mauvais vouloir qu'on lui porte.
a) [Le compl. de moyen au plur. désigne ces preuves elles-mêmes] Couvrir qqn de bienfaits, de bontés, de compliments; couvrir qqn d'éloges, d'injures :
• 19. Aussitôt, Berthe environnée d'enfants.
— Bonjour, André! dit-elle en dégageant sa main que la petite Annie couvrait de baisers.
CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, p. 432.
♦ Expr. fig. Couvrir qqn de fleurs. Lui adresser de nombreux compliments. Il devrait me couvrir de fleurs et il me jette à la porte (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 224).
b) [Le compl. de moyen au sing. désigne le sentiment de bon ou de mauvais vouloir qui se traduit par des marques ou des témoignages] Couvrir qqn de ridicule, d'un mépris narquois. Couvrir qqn d'une accusation enflammée (cf. COLETTE, Chatte, 1933, p. 153) :
• 20. ... il [Olivier] vivait près d'elles, partagé entre les deux, inquiet, troublé, sentant pour la mère ses ardeurs réveillées et couvrant la fille d'une obscure tendresse.
MAUPASSANT, Fort comme la mort, 1889, p. 161.
— Emploi pronom. [Le suj. est un nom de pers. (ou le nom d'une chose personnifiée)] Acquérir une réputation (bonne ou mauvaise); en attirer à soi les symboles, les marques. Se couvrir de boue, de crimes, de honte; se couvrir de lauriers, de ridicule. Se couvrir de gloire à Craonne (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 179).
Rem. 1. À noter le subst. masc. couvrement. Protection (supra I B 2 c). Et nos yeux chercheront pour l'âme scélérate Une autre couverture, un autre couvrement (PÉGUY, Ève, 1913, p. 878). 2. La docum. fournit couvrure, subst. fém., terme de reliure. Opération consistant à recouvrir le dos et les plats du livre avec de la peau ou toute autre matière (cf. MAIRE, Manuel biblioth., 1896, p. 318).
Prononc. et Orth. :[], (je) couvre []; couvert, —erte [], fém. [-]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. 2e moitié Xe s. « cacher (quelque chose) en mettant quelque chose dessus » (Passion, éd. d'A. S. Avalle, 185); 1172 fig. (CH. DE TROYES, Lion, éd. M. Roques, 527 : Por ma honte covrir); 1176 par moz coverz (ID., Cligès, éd. M. Roques, 1033); 2. 1835 « rendre (quelque chose, un son) inaudible » (Ac.). B. 1. a) 2e moitié Xe s. « (d'une chose) être répandu en abondance sur » (Passion, loc. cit., 310); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1084); 1657 au fig. couvrir de gloire, de honte (PASCAL, Pensées, section 2, éd. L. Brunschwicg, t. 13, p. 3); b) 2e moitié XIIIe s. [ms.] pronom., en parlant du temps qui s'obscurcit (Souhaits Saint Martin ds Fabliaux, éd. A. Montaiglon et G. Raynaud, t. 5, p. 202); 2. 1re moitié XIIe s. « (d'une personne) répandre (quelque chose) en abondance sur » (Ps. Oxford, éd. F. Michel, CXLVI, 8). C. 1. Mil. XIe s. « (d'une chose) être disposé sur » (Alexis, éd. C. Storey, 346); ca 1570 part. passé subst. « tout ce dont on couvre la table pour un repas » (CARL., V, 12 ds LITTRÉ); 2. 1172 « (d'une personne) munir un espace, une maison, d'une couverture, d'un toit » (CH. DE TROYES, Lion, 2349); 3. 1372 [ms. K] « s'accoupler (des animaux) » (BRUNET-LATIN, Trésor, éd. P. Chabaille, p. 1242, interpolation); 4. 1921 « parcourir (une distance) » (PESQUIDOUX, Chez nous, p. 122). D. 1. Ca 1165 « (d'une chose) protéger en étant placé dessus » (Rois, éd. R. Curtius, I, 17, p. 32); ca 1160 part. passé subst. masc. « bien abrité d'arbres, abri » (Enéas, éd. Salverda de Grave, 4621); 1844 part. prés. subst. fém. arg. « casquette » (Dict. complet de l'arg., 27); 1896 id. « couverture » (DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg.); 2. ca 1160 « (d'une personne) protéger le corps de quelqu'un (contre les agressions extérieures) (Enéas, loc. cit., 1211); ca 1230 spéc. pronom. « se vêtir » (Eustache le moine, 153 ds T.-L.); ca 1175 au fig. « abriter quelqu'un derrière son nom, son autorité » ici pronom. (CHASTELLAIN, Chroniques, éd. K. de Lettenhove, t. 1, p. 22). E. 1793 fin. (BEAUMARCHAIS, Époques, p. 117). Du lat. class. cooperire (composé de co et operire), « couvrir entièrement » au propre et au fig.
II.
⇒COUVRIR2, verbe trans.
A.— [Le compl. désigne un espace physique] Parcourir une distance de bout en bout. Couvrir des kilomètres, quelques lieues, les cent mètres en. Couvrir les grandes routes (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 342). Couvrir deux encablures (CLAUDEL, Soulier, 1944, 1re partie, 2e journée, 6, p. 1015) :
• 1. « Demain... » se disait-il, s'encourageant à la patience, de même que le promeneur acharné à couvrir une longue distance, d'étape en étape, se propose un but de plus en plus éloigné. « Demain..., après-demain... s'il le faut. »
ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 369.
— P. ext. Dépasser quelque chose, franchir une limite. Tous les traits majeurs de ma vie ont eu un coin de singularité; mais celui-ci les couvre tous (BEAUMARCHAIS, Corresp., t. 2, 1799, p. 99).
B.— [Le compl. désigne un espace de temps] Embrasser d'un seul tenant une certaine période de temps. Couvrir quinze années, l'histoire de la Restauration, quelques siècles. Quand le provisoire couvre le temps de la vie d'un homme, il est pour cet homme le définitif (CAMUS, Actuelles I, 1944-48, p. 237) :
• 2. Ces complications nous enchantaient. Il [Raoul] nous semblait tisser une toile d'araignée sur l'époque, la couvrir toute.
ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 271.
— P. ext. [Le suj., gén. un nom de doctrine, recouvre plusieurs suj. regroupés sous la même étiquette et s'applique également à chacun d'eux] :
• 3. Ce mot de Kabbale, qui couvre des doctrines en général très peu ou très mal connues, demeure chargé de prestiges et de mystères...
MAETERLINCK, Le Grand secret, 1921, p. 191.
Prononc. et Orth. Cf. couvrir1. Étymol. et Hist. Cf. couvrir1.
STAT. — Couvrir1 et 2. Fréq. abs. littér. :5 449. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 10 380, b) 7 668; XXe s. : a) 7 202, b) 5 875.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — RICKARD (P.). Fr. St. 1973, t. 27, n° 4, p. 503.
couvrir [kuvʀiʀ] v. tr.
CONJUG. je couvre, nous couvrons; je couvrais; je couvris; je couvrirai; couvre; que je couvrisse; couvrant; couvert.
ÉTYM. Fin Xe; du lat. cooperire, de co- (cum), et operire. → Ouvrir.
❖
♦ Revêtir pour cacher, fermer, orner, protéger…
1 Garnir (un objet) en disposant qqch. dessus. ⇒ Appliquer, disposer, mettre (sur), recouvrir; couverture. || Couvrir qqch., qqn de, avec qqch. || Couvrir un lit d'un dessus-de-lit, d'une couverture. || Couvrir un toit d'ardoises, de chaume, de paille, de tuiles (⇒ Couvreur; couverture, I., 1.). || Couvrir une voiture d'une bâche. || Couvrir des marchandises d'une toile. ⇒ Bâcher, 2. tenter. || Couvrir le corps d'une armure, couvrir une surface d'un blindage. ⇒ 2. Barder, blinder, caparaçonner, cuirasser. || Couvrir une surface, un sol d'une mosaïque, de pavés (⇒ Paver), d'une moquette, d'un tapis. || Couvrir un objet d'un enduit. ⇒ Cimenter, crépir, enduire, plâtrer; revêtement. || Couvrir un mur d'une couche de peinture. ⇒ Peindre. || Couvrir une toile de couleurs. || Couvrir son visage (se couvrir le visage) de poudre, de fard. ⇒ Farder, maquiller, poudrer. || Couvrir un objet d'un métal, d'un alliage. ⇒ Métalliser, plaquer; argenter, chromer, cuivrer, dorer, nickeler. || Couvrir une semence de terre. ⇒ Enfouir, enterrer, terrer; couvrailles, semailles. || Couvrir les plates-bandes d'un jardin avec des branchages, des cloches. || Couvrir un meuble d'une housse. ⇒ Envelopper. || Couvrir un pan de mur d'une tapisserie, un parquet d'un tapis.
1 Un homme de cœur pense à remplir ses devoirs, à peu près comme le couvreur pense à couvrir (…) Le premier n'est guère plus vain d'avoir forcé un retranchement, que celui-ci d'avoir monté sur de hauts combles, ou sur la pointe d'un clocher.
♦ Spécialt. Mettre un enjeu sur (un des espaces d'un jeu).
2 Le résultat est qu'il cherchait à multiplier les placements, sans beaucoup plus de méthode qu'un joueur qui couvre, çà et là, des cases du tapis.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XIII, p. 183.
♦ (Sans compl. en de, dans des emplois spéciaux). || Couvrir un plat, une marmite, lui mettre son couvercle. — Couvrir une maison, en faire la toiture, la couverture. — Couvrir un livre, lui mettre une couverture. ⇒ aussi Brocher, relier. — Couvrir le feu, mettre de la cendre dessus pour le conserver, le faire couver. — Jeux. || Couvrir une carte : mettre une carte sur une autre, ou de l'argent sur sa carte.
2 (Sujet n. de choses). Être disposé sur. || Housse qui couvre un fauteuil. || Jaquette qui couvre un livre (⇒ Couvre-livre). || Le toit couvre la maison. || Les téguments couvrent le corps. || La peau couvre les muscles. || Duvet qui couvre les joues de l'adolescent. || Cheveux qui couvrent le crâne. || Chapeau couvrant la tête. || Son vêtement le couvre tout entier. ⇒ Vêtir. || Des haillons le couvraient. || Bandage, compresse (cit. 2) qui couvre le front.
3 Qu'il voie que tous les hommes portent à peu près le même masque, mais qu'il sache aussi qu'il y a des visages plus beaux que le masque qui les couvre.
Rousseau, Émile, IV.
4 (…) la toile qui couvrait son corps était si souple et si diaphane qu'elle laissait voir les boutons des seins, comme à ces statues de baigneuses couvertes d'une draperie mouillée.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, IX, p. 196.
5 (…) des moquettes épaisses couvrirent les parquets (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, I, p. 35.
5.1 (…) les tendances à « contenir », « flotter », « couvrir », particularisées par le traitement de l'écorce donnent le vase, le canot, ou le toit.
Gilbert Durand, les Structures anthropologiques de l'imaginaire, p. 54.
3 Parsemer (qqch., qqn) d'une grande quantité de (choses), de qqch. d'abondant. ⇒ Éparpiller, étendre, parsemer, répandre. || Couvrir sa poitrine de décorations. ⇒ Consteller. || Couvrir une table de plats. ⇒ Charger. || Couvrir une tombe de fleurs. ⇒ Fleurir. || Couvrir de boue un passant. ⇒ Éclabousser, salir, souiller. || Couvrir de sucre, de sel. ⇒ Poudrer, saupoudrer. || Le tireur a couvert la cible de trous. ⇒ Cribler.
6 (…) une gueule enflammée,
Qui les couvre de feu, de sang et de fumée.
Racine, Phèdre, V, 6.
♦ ☑ Par métaphore. On l'a couvert de boue.
♦ Fig. || Couvrir qqn de caresses, de baisers. ☑ Couvrir qqn d'or, d'argent, lui donner beaucoup d'argent. || Il la couvrait de cadeaux.
7 (…) il est sûr qu'on couvrirait plutôt de soufflets que de baisers un laid visage effronté, au lieu qu'avec la modestie il peut exciter une tendre compassion qui mène quelquefois à l'amour.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, II, XXI, p. 269.
8 La Sicile a eu le bonheur d'être possédée, tour à tour, par des peuples féconds, venus tantôt du Nord et tantôt du Sud, qui ont couvert son territoire d'œuvres infiniment diverses (…)
Maupassant, la Vie errante, IV, p. 75.
9 Enfin elle saisit Puce à pleins bras, et s'enfuit en gambadant vers sa chambre, couvrant l'animal de caresses.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 23.
♦ Fig. ⇒ Accabler, combler. || On l'a couvert de huées, d'injures. || Couvrir qqn de honte, d'opprobre (⇒ Honnir). || Couvrir qqn de compliments, d'éloges, ou couvrir de fleurs. || Couvrir d'honneur un général vainqueur.
10 (…) vingt minutes on le couvrit de gloire (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 6e tableau, II, p. 226.
4 (Sujet n. de chose). Être éparpillé, répandu sur (qqch.). || Les feuilles qui couvrent l'arbre. ⇒ Couronner. || L'ombre des feuillages couvre la clairière. ⇒ Ombrager; → Abri, cit. 9; chêne, cit. 7. || Les feuilles couvrent le sol. ⇒ Joncher. || Des nuages couvraient le ciel. || Eau qui couvre la plaine. ⇒ Inonder, submerger. || La neige couvre le chemin. || Le sang, la boue couvre son vêtement. || La sueur couvre son corps. || Une rougeur lui couvrit le visage. || La poussière qui couvre un meuble. — (Par assimilation des personnes à des choses). || La foule des curieux couvrait la place. — Fig. || Son discours fut couvert d'applaudissements. || La honte couvre son visage.
11 Où se peuvent cacher tes saints ?
Les pécheurs couvrent la terre.
Racine, Athalie, II, 9.
12 Œnone, la rougeur me couvre le visage (…)
Racine, Phèdre, I, 3.
13 (…) ses feux (de Kutusof) couvraient tellement tout le terrain occupé par les Français, que le même boulet qui renversait un homme du premier rang allait tuer sur les voitures les femmes fugitives de Moscou.
Ph.-P. Ségur, Hist. de Napoléon, X, 8.
14 Mais c'était l'heure du coucher du soleil; et, plus nombreuse que la foule active, la foule désœuvrée couvrait la jetée.
Pierre Louÿs, Aphrodite, II, p. 29.
15 De larges, de grandes rides, un réseau de soucis et d'efforts passionnés, couvre d'une tempe à l'autre son front sec et anguleux (…)
André Suarès, Trois hommes, III, « Ibsen », p. 111.
16 Les vêtements des hommes étaient blancs de poussière, ainsi que les huit cartouchières à chargeurs qui leur couvraient la poitrine et le ventre.
P. Mac Orlan, la Bandera, VI, p. 66.
1 Cacher en mettant qqch. par-dessus, autour. ⇒ Cacher, dissimuler. || Couvrir le corps, la nudité de qqn. || Couvrir les yeux d'un bandeau. ⇒ Bander. || Couvrir une statue d'un voile. ⇒ Voiler. || Couvrir qqch., qqn d'un drap. ⇒ Draper.
17 Couvrez ce sein que je ne saurais voir :
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.
Molière, Tartuffe, III, 2.
♦ (Sujet n. de choses). || Masque, voile qui couvre un visage. || L'ombre qui couvre un objet. || Cela couvre un mystère. ⇒ Contenir, receler.
18 La lune se dégagea aussi des vapeurs qui la couvraient et commença à semer des diamants sur la mousse humide.
G. Sand, la Mare au diable, X, p. 87.
19 Il montait la garde, seul derrière un petit mur en chicane dont l'ombre le couvrait (…)
P. Mac Orlan, la Bandera, X, p. 122.
2 Par ext. (le compl. désigne un son, un bruit, ou la source d'un son). || Couvrir la voix de qqn. ⇒ Dominer, étouffer. || L'orchestre couvre la voix des chanteurs. || Les huées des députés couvraient la voix de l'orateur. || La rumeur couvrait l'orchestre.
20 (…) la rumeur des écluses couvre mes pas.
Rimbaud, les Illuminations, « Enfance », IV.
21 Le son du piano devait couvrir les aboiements, car la musique ne cessa pas.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 268.
22 Il a profité du bruit de ses propres paroles, d'un raclement de gorge sonore qu'il y ajoute, pour couvrir un glissement et claquement de métal.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XX, p. 238.
3 ☑ Loc. (idée de recouvrement pour cacher). Couvrir sa marche, la dérober aux regards de l'ennemi. Fig. Cacher sa conduite, ses démarches, ses vues. — ☑ Couvrir son jeu : tenir ses cartes de telle sorte que les autres joueurs ne puissent les voir. — Fig. || Il couvre bien son jeu. ⇒ Cacher (supra cit. 6), celer, déguiser. — Sa modestie couvre son ambition. || Les apparences de la vertu couvrent souvent le vice. — Couvrir ses intentions par…, de…
23 Quelque soin que l'on prenne de couvrir ses passions par des apparences de piété et d'honneur, elles paraissent toujours au travers de ces voiles.
La Rochefoucauld, Maximes, 12.
24 Elle tâchait de couvrir sous ces paroles menaçantes la joie de son cœur, qui éclatait malgré elle sur son visage.
Fénelon, Télémaque, I.
25 Il faut bien couvrir le vice d'une apparence agréable, autrement il ne plairait pas.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, II, p. 31.
26 (…) on a beau déguiser la vérité là-dessus; elle se venge tôt ou tard des mensonges dont on a voulu la couvrir (…)
Marivaux, le Paysan parvenu, I, p. 1.
27 Le devoir est exceptionnel : il faut le réserver pour les moments de réel sacrifice, et ne pas couvrir de ce nom sa propre mauvaise humeur et le désir qu'on a d'être désagréable aux autres.
R. Rolland, Jean-Christophe, t. III, p. 177.
4 Vx ou littér. ⇒ Compenser, effacer, excuser, pallier, racheter, réparer. || Les beautés de cet ouvrage n'en couvrent pas les lacunes. || L'excuse ne couvre pas la faute. || La prescription, l'amnistie couvre la faute.
28 Non, vous voulez en vain couvrir son attentat (…)
Racine, Phèdre, V, 3.
28.1 (…) tant que l'on fera perdre la vie aux voleurs comme aux meurtriers, les vols ne se commettront jamais sans assassinats. Les deux délits se punissant également, pourquoi se refuser au second, dès qu'il peut couvrir le premier ?
Sade, Justine…, t. I, p. 49.
29 Il (Lahrier) chercha un mot heureux, un de ces mots qui couvrent la honte des défaites.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 1er tableau, III, p. 51.
30 (…) je vous sais également gré d'être, pour nos vieux défauts français, plus indulgent que je ne peux l'être. Vous les couvrez généreusement, ces vieux défauts, parce que vous connaissez bien les Français et que vous savez quelle générosité nous emporte, jusque dans nos pires erreurs.
Gide, Journal, 5 févr. 1916.
1 Interposer (qqch.) comme défense, protection. ⇒ Garantir, protéger. || Couvrir qqn de son corps. || Couvrir ses arrières (en parlant d'une armée, d'une équipe sportive). — Milit. || Le premier rang des soldats couvre le second. || Une forte armée couvre les frontières. || Rideau de troupes couvrant la retraite. || Couvrir une ville, une position. — Protéger par une arme à feu dirigée contre d'éventuels ennemis. || Passe le premier, je te couvre. — Les signaux couvrent la marche du train.
31 En même temps que sur son flanc droit le maréchal se fait un rempart de ces malheureux, il a regagné les bords du Dniéper, dont il couvre son flanc gauche (…)
32 Ainsi, sans compromettre son système de défense, il couvrait encore sa complice, en permettant à chacun d'attribuer son crime à la nécessité d'avoir des fonds pour accomplir un ambitieux projet.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 586.
33 La France avait conquis ses limites naturelles et, déjà, les marches qui, au-delà du Rhin et des Alpes, la couvraient et la prolongeaient.
Louis Madelin, le Consulat, XIII, p. 208.
♦ ☑ Loc. Le pavillon couvre la marchandise.
♦ Techn. Avoir dans son rayon d'action. || Ce radar couvre tant de kilomètres carrés en plaine. → ci-dessous, D.
2 Abriter (qqn) par son autorité, sa protection. || Couvrir les fautes de qqn, l'en décharger en les prenant à son compte, sous sa responsabilité. || Ce chef couvre toujours ses subordonnés (⇒ Endosser, justifier). || Cette assurance tous risques vous couvre totalement.
34 Supposez qu'on ait un pépin. Monsieur Alessandrovici nous couvre tous.
M. Aymé, la Tête des autres, III, p. 1.
3 Comm. et fin. Donner une couverture financière à (qqn, un organisme). ⇒ Garantir; approvisionner, payer, régler, rembourser. || Couvrir un agent de change. — Prière de nous couvrir par chèque. || Les recettes couvrent à peine, ne couvrent pas les dépenses. ⇒ Balancer. || Couvrir ses frais (→ Goûter, cit. 7).
35 (…) les revenus de leurs domaines devaient tout au plus couvrir les dépenses qu'ils étaient amenés à y faire (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XI, p. 145.
♦ Couvrir un emprunt, une souscription : souscrire la somme demandée. || Le public couvrit plusieurs fois l'emprunt. || Couvrir une enchère : enchérir au-dessus de qqn. ⇒ Surenchérir. — Par ext. || Couvrir les risques, y faire face.
1 Parcourir (une distance). || La voiture a couvert plus de dix mille kilomètres en une semaine. || Cet avion couvre mille kilomètres en une heure. || Les coureurs ont couvert la première étape en dix heures. ⇒ Courir.
2 S'étendre sur (une durée). || Cette affaire couvre une période de dix ans, couvre plus de dix ans. — Cet ouvrage couvre une période de trente ans, couvre le règne de Louis XIII, couvre la Deuxième Guerre mondiale.
3 Techn. Desservir, avoir ses effets sur (une surface, un espace). || La station émettrice couvre tout le Bassin parisien. — (Passif). || La vallée n'est pas couverte par les retransmissions.
4 Fig. Inclure. || Ce billet, ce bon couvre vos dépenses de logement et de transport. ⇒ Comprendre; et ci-dessus C., 3. : couvrir les dépenses.
5 (Angl., to cover). Assurer la couverture de (un événement). || Les journalistes qui couvrent le championnat, la conférence internationale.
35.1 En général, le correspondant, seul représentant de son journal en un certain lieu, n'est pas spécialisé et couvre aussi bien des événements sportifs et artistiques que politiques et que des faits divers.
Philippe Gaillard, Technique du journalisme, p. 22.
E (XIIIe). Animaux. S'accoupler avec (une femelle). ⇒ Monter, saillir, servir. || Couvrir sa femelle, en parlant de l'oiseau (⇒ Côcher), du chien (⇒ Lacer, mâtiner…), du loup (⇒ Ligner), du bouc (⇒ 1. Bouquiner)... || Le saut, action de l'étalon couvrant la jument. || Cette chienne a été couverte d'un épagneul, par un épagneul (Académie).
——————
se couvrir v. pron.
1 S'envelopper d'un vêtement. ⇒ Vêtir (se); emmitoufler (s'). || Il fait froid, il faut se couvrir davantage. || Se couvrir de (un vêtement, etc.).
36 Il est des degrés entre les pauvres comme entre les riches; on peut aller depuis l'homme qui se couvre l'hiver avec son chien, jusqu'à celui qui grelotte dans ses haillons tailladés.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 85.
♦ Se couvrir de bijoux.
♦ Spécialt. Mettre sur sa tête qqch. qui coiffe. ⇒ Coiffer (se). || Se couvrir d'un casque. — Absolt. Mettre son chapeau. || Couvrez-vous, je vous prie.
♦ ☑ Fig. Se couvrir de lauriers : remporter d'éclatants succès. || Se couvrir de gloire, de ridicule.
2 (Choses). Se remplir. || La place se couvrit de curieux. ⇒ Envahir. || La terre se couvre de verdure. || Arbre qui se couvre de fleurs. || Le ciel, le temps se couvre de nuages. — Absolt. || Le temps se couvre. ⇒ Assombrir (s'), barbouiller (se), charger (se), obscurcir (s'); → Orage, cit. 1. — Fig. || L'horizon se couvre, des difficultés, des événements graves se préparent.
37 Au crépuscule, le ciel se couvrit de nuages gris, et les montagnes semblaient plus rapprochées sous des voiles roses mêlés de bleu, qui descendaient jusqu'au lac pareil à une soie un peu froncée.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, II, p. 234.
♦ Littér. || Son visage se couvrit de honte. — Vx. (Personnes). || Il s'est couvert du sang de nombreux innocents, il est responsable de leur mort.
3 (Personnes). Se cacher sous. ☑ Se couvrir des apparences, du manteau de la vertu : cacher ses vices sous des apparences d'honnêteté.
38 (…) ce voile de pudeur ou de pitié dont se couvrent avec tant de soin l'infirmité et l'erreur.
A. de Musset, l'Anglais mangeur d'opium.
4 (Personnes). S'abriter, se garantir, se retrancher derrière. || Se couvrir d'un bouclier. || Se couvrir de l'autorité d'un grand personnage. || Se couvrir d'un nom, d'un titre. || Se couvrir d'un prétexte.
♦ (Concret). Milit. || Se couvrir d'un retranchement, d'un bois, d'une rivière, s'en faire un abri contre l'ennemi.
♦ Absolt. || Se couvrir : se ménager une protection; rejeter une responsabilité sur qqn d'autre que soi.
♦ Boxe. Se protéger le visage avec ses gants.
♦ Escr. || Se couvrir de son épée : manier adroitement son épée pour se mettre à couvert. Absolt. Tenir la pointe de l'épée de son adversaire hors de la ligne du corps.
——————
couvert, couverte p. p. adj.
♦ Qu'on a couvert.
1 Qui a un vêtement. || Bien couvert, chaudement couvert (de qqch.). || Être couvert d'une chemise, d'un manteau. || Couvert de serge, de laine.
39 Un jeune enfant couvert d'une robe éclatante (…)
Racine, Athalie, II, 5.
40 Le paysan est vieux, trapu, couvert des haillons.
G. Sand, la Mare au diable, I, p. 9.
♦ ☑ Loc. fam. Être couvert comme un oignon : être très couvert (l'oignon ayant de nombreuses peaux).
♦ Spécialt. Qui a un chapeau sur la tête. || Restez couvert : gardez votre chapeau.
♦ (Choses). || Voiture couverte d'une bâche. || Maison couverte en tuile. || Piscine couverte. || Préau (cit. 4) couvert. — (1898, in Petiot). || Court (de tennis) couvert.
♦ Être clos et couvert. — Livre couvert de basane.
41 (…) un Ovide sur parchemin, couvert de cuir rouge avec fermoir de vermeil et clef.
Huysmans, Là-bas, IV, p. 48.
2 Qui a sur lui, au-dessus de lui (qqch.). ⇒ Chargé, plein (de). || Une table couverte de mets. — (1623, in D. D. L.). Absolt. || Ciel couvert (de nuages). ⇒ Bouché, brumeux, nuageux. — Champ de bataille couvert de morts. || Mont couvert de neige (⇒ Chenu). — Absolt. || Pays couvert, pays couvert de végétation arborescente. ⇒ Boisé, buissonneux. || Allée couverte : allée taillée en berceau. || Allée couverte (archéol.). ⇒ Allée, II., 2. — Par ext. || Page couverte d'inscriptions. || Manuscrit couvert d'écriture au recto et au verso. ⇒ Opisthographe. || Un visage couvert de boutons, boutonneux. || Couvert de poussière. || Couvert de sang : sanglant.
42 Je l'ai vu, tout couvert de sang et de poussière,
Porter partout l'effroi dans une armée entière.
Corneille, le Cid, I, 5.
43 Ces portiques, ces lieux que vous voyez déserts,
De nombreux citoyens seront bientôt couverts.
Voltaire, Tancrède, III, 3.
44 Je me souviens de m'être éveillée à Nohant couverte de taches hépatiques de la tête aux pieds, et de n'avoir pas cessé depuis ce jour-là d'avoir mal au foie.
G. Sand, Correspondance, à Alfred de Musset, p. 94.
45 (…) ils apercevaient les bus et motorbus, peinturlurés, couverts d'inscriptions comme un mur d'affiches (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVI, p. 252.
♦ Fig. || Être couvert de gloire. || Discours couvert d'applaudissements. — Couvert de honte, d'opprobre.
3 Caché. || Visage couvert d'un masque, par un masque. Fig. || Faute couverte par le mensonge. — Fig. et vx. Dissimulé, secret.
46 (…) je ne sais quel ennemi couvert,
Révélant nos secrets, vous trahit, et me perd.
Racine, Mithridate, IV, 2.
♦ Par ext. Effacé, racheté, réparé.
47 Des fautes couvertes de ce qu'il a fait pour les réparer.
Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé.
♦ Rare. || Mots couverts : mots qui cachent un sens différent de celui qu'ils expriment. — ☑ Loc. cour. À mots couverts. || Vous le lui direz à mots couverts, en termes voilés. — Rare. || Voix couverte, assourdie.
48 (…) les familiers du lieu s'entretenaient par petits groupes, les uns à voix couverte, les autres sans baisser le ton.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, IV, VIII, IX.
4 Abrité, protégé. || Armée couverte.
49 Couverte de toutes parts, la France est capable de tenir la paix avec une sûreté dans son sein, mais aussi de porter la guerre partout où il faut.
Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
♦ (Personnes). Dont la responsabilité est dégagée par quelqu'un d'autre (→ ci-dessus cit. 34, et supra).
50 Je n'avais découvert qu'une alternative : entrer dans l'esprit du jour et transmettre impitoyablement les vexations, cela, afin d'être « couvert », un mot encore qui venait de reprendre toute sa valeur, ou bien, alors, m'interposer (…)
Roger Vercel, Capitaine Conan, p. 91.
♦ (Personnes). Qui bénéficie de la garantie totale ou partielle d'une assurance. || Être totalement couvert. || Il est couvert contre le vol uniquement. || De toute façon vous êtes couvert par votre assurance.
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DÉR. Couvert, couverte, couverture, couvrailles, couvrant, couvrante, couvreur, couvreuse, couvrure.
COMP. Recouvrement, recouvrir. — Couvre-chef, couvre-feu, couvre-joint, couvre-lit, couvre-livre, couvre-lumière, couvre-nuque, couvre-pied, couvre-plat, couvre-radiateur.
Encyclopédie Universelle. 2012.