ombrager [ ɔ̃braʒe ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1542; de ombrage
1 ♦ Faire, donner de l'ombre à (en parlant des feuillages). Arbres qui ombragent une allée, une terrasse. « Une habitation commode, tout ombragée de platanes » (A. Daudet).
2 ♦ Couvrir, cacher comme fait un ombrage. « Ses longs cils baissés ombrageaient ses joues de pourpre » (Hugo).
● ombrager verbe transitif Couvrir quelque chose, un lieu de son ombre ou de son ombrage : Deux rangées de hêtres ombrageaient l'avenue. Littéraire. Couvrir quelque chose en l'assombrissant : De longs cils noirs ombrageaient ses yeux bleus. ● ombrager (difficultés) verbe transitif Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : j'ombrage, nous ombrageons ; il ombragea. ● ombrager (synonymes) verbe transitif Couvrir quelque chose, un lieu de son ombre ou de son...
Synonymes :
- couvrir
Littéraire. Couvrir quelque chose en l'assombrissant
Synonymes :
- ombrer
ombrager
v. tr. Couvrir d'ombre.
⇒OMBRAGER, verbe trans.
A. —1. Faire de l'ombre sur quelque chose.
a) [Le suj. désigne un/des arbre(s) ou un élément végét.] Synon. ombrer (v. ce mot A 1 a). Une vaste place, tapissée de la plus belle verdure; les arbres qui l'ombrageaient, entretenaient une fraîcheur délicieuse (Voy. La Pérouse, t.3, 1797, p.190):
• ♦ ... rien ne se pouvait imaginer de plus clair que ces floraisons blanches abritées par les hauts palmiers, dans leur ombre abritant, ombrageant à leur tour, le vert tendre des céréales.
GIDE, Si le grain, 1924, p.604.
— Absol., rare. L'arbre stérile et sec, et qui n'ombrage pas (LAMART., Voy. Orient, t.1, 1835, p.21).
— Empl. pronom. passif. V. guéret C ex. de Cottin.
b) [Le suj. désigne un objet faisant écran] Synon. ombrer (v. ce mot A 1 b). Les femmes passent leur vie sur ces balcons ombragés par une toile à bandes de couleurs (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p.18). Le châle (...) replié en deux triangles, l'un plus court que l'autre, et posé sur la tête, très en avant, de façon à former visière et à ombrager la face (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p.105).
— Empl. pronom. passif. En quittant la terre, un soleil qui s'ombrage Laisse encor sa chaleur et sa pourpre au nuage (LAMART., Harm., 1830, p.385).
2. [Le suj. désigne un animé] Couvrir, protéger quelque chose par un écran qui intercepte la lumière solaire. Synon. ombrer (v. ce mot A 2). On ombrage les baquets avec une toile ou des branchages, si l'ardeur du soleil élève la température de l'eau au-dessus du degré convenable (Code pêche fluv., 1875, p.128).
— Empl. pronom. réfl. Se mettre à l'ombre, à l'abri du soleil. Le soleil plane au plus haut (...). On va s'ombrager sous un arbre (POURRAT, Gaspard, 1931, p.203).
3. Au fig. Étendre sa protection, exercer une influence bienfaisante sur quelque chose. Planter sur les ruines de la civilisation injuste et cruelle la croix du Calvaire, non plus morte et nue, mais vive et de ses bras fleuris ombrageant le monde (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p.274).
B. —P. anal.
1. a) [Le suj. désigne un élément de la physionomie, de la coiffure, etc.] Surplomber, souligner, couvrir quelque chose à la manière d'un ombrage. Synon. plus rare ombrer (v. ce mot B 1). Ombrager la tête. Son visage ombragé d'une lourde moustache blonde et éclairé de deux yeux bruns (DU CAMP, Hollande, 1859, p.134). Des yeux noirs magnifiques, ombragés de grands cils épais qui mettaient une ombre dedans (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Boule de suif, 1880, p.122). Plume blanche ombrageant un chapeau marron (MALLARMÉ, Vers circonst., 1898, p.100).
— Empl. pronom. passif. Le pschent de granit dont s'ombrage leur front (DIERX, Poèmes, 1864, p.24).
b) Au fig., vieilli. Couronner de gloire, de prestige. Wallstein (...) rassemblant ses guerriers, Nous accorde un repos qu'ombragent nos lauriers (CONSTANT, Wallstein, 1809, I, 1, p.3).
2. a) Rare. Rendre plus sombre. Synon. plus fréq. ombrer (v. ce mot B 2 a). Il faut ombrager ce tableau, il est trop éclairé (LITTRÉ).
b) Au fig.
— Vieilli. Inspirer de l'inquiétude, du dépit, etc. Asrafiel, lui surtout, m'inquiète et m'ombrage! (LAMART., Chute, 1838, p.1007).
♦Empl. pronom. S'effaroucher, s'offusquer, prendre la mouche. Une âme ingénue (...) Qui s'ombrage de peu, surveille son honneur, De scrupules sans fin tourmente son bonheur (BRIZEUX, Marie, 1840, p.34). La Soeur Flavie: (...) toujours ce manque d'égards... Je le sais bien, que je suis mal notée. La Soeur Gabrielle: Là, ma pauvre Soeur, ne vous ombragez pas comme cela (MONTHERL., Port-Royal, 1954, p.983).
— Cacher, rendre obscur, indistinct, confus. Synon. ombrer (v. ce mot B 2 b). Que sont-elles devenues, ces affections délicieuses, ces douces vertus qui embellissoient ton existence? (...) De nombreuses épines les ont ombragées, et leur ont ôté l'aspect du soleil (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p.318). Il se taisait, c'est qu'un des mille passés probables ombrageait un moment sa tête (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p.114).
♦Empl. pronom. réfl. Se dissimuler sous des apparences trompeuses. Ils ont dans leurs réseaux pris l'Homme Séculaire, Et couvert son front pur de baisers mensongers; S'ombrageant d'un manteau, qu'ils savaient populaire, Pour s'ouvrir dans nos rangs un chemin sans dangers (BOREL, Rhaps., 1832, p.184).
REM. Ombrageant, -ante, part. prés. en empl. adj. Qui ombrage, fait de l'ombre. Les longues fougères ombrageantes des bois glacés d'Été (JAMMES, De l'angélus, 1898, p.29).
Prononc. et Orth.:[], (il) ombrage []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1245 fig. intrans. «s'assombrir» ou trans. «rendre sombre» (PHILIPPE MOUSKES, Chronique, éd. de Reiffenberg, 27533), attest. isolée av. le XVIe s.; b) 1540 fontaine bien ombragee (HERBERAY, Sec. liv. d'Amad., C. XIII ds GDF. Compl.); 2. 1551 en partic. terme de peint. (Entrée solennelle de Henri II et Catherine de Médicis ds HAVARD). Dér. de ombrage; dés. -er; a évincé les plus anc. ombroier, ombriier (dér. de ombre1), v. ombrer. Fréq. abs. littér.:238. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 636, b) 261; XXe s.: a) 303, b)144. Bbg. GOHIN 1903, p.298.
ombrager [ɔ̃bʀaʒe] v. tr. [CONJUG. bouger.]
ÉTYM. 1551; umbragier, 1112; de ombrage.
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1 Faire, donner de l'ombre (le sujet désignant un feuillage, un arbre…). || Arbres qui ombragent une allée, une terrasse. ⇒ Couvrir (de son ombre), protéger (du soleil). || Le figuier qui ombrage le puits (→ Gargoulette, cit. 2). || Les lacs qu'ombrage le bouleau (→ Guetter, cit. 3). — Au p. p. || Maison ombragée d'un palmier (→ Golfe, cit. 5).
1 (…) une grande fabrique dans un pan de laquelle il s'était taillé une habitation commode, tout ombragée de platanes (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, I.
2 Arts. Mettre de l'ombre (dans un tableau). ⇒ Ombrer. || Mettre une face (cit. 34) d'un corps vers le jour et ombrager les autres.
3 Fig., vx. Voiler (le sens), présenter d'une façon voilée (cf. M. Régnier, in Hatzfeld; Descartes, Discours de la méthode, V, 2).
4 Couvrir, cacher comme fait un ombrage. || Ses beaux cheveux ombrageaient ses épaules (→ Anneau, cit. 10), son front (→ Gracieux, cit. 8). || Mèche (1. mèche, cit. 9) qui ombrage une partie du front. || Regard qu'ombragent de longs cils (→ Loucher, cit. 1). — Au p. p. || Feutre (cit. 1) ombragé d'un panache.
2 La jeune fille était rouge, interdite, palpitante. Ses longs cils baissés ombrageaient ses joues de pourpre.
Hugo, Notre-Dame de Paris, VII, VIII.
3 Tes cheveux, comme un casque bleu,
Ombragent ton front de guerrière (…)
Baudelaire, les Épaves, XII, I.
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s'ombrager v. pron. réfl.
ÉTYM. (V. 1307).
♦ Rare. Se protéger du soleil en se mettant à l'ombre.
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ombragé, ée adj.
ÉTYM. (V. 1350).
♦ Abrité par un ombrage. ⇒ Couvert, ombrageux. || Colline (cit. 1), route ombragée. || Canal aux tournants ombragés (→ Marinier, cit. 5).
Encyclopédie Universelle. 2012.