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semer

semer [ s(ə)me ] v. tr. <conjug. : 5>
• 1155; lat. seminare
1Répandre en surface ou mettre en terre (des semences) après une préparation appropriée du sol. Semer des graines et planter un arbre. « Une terre noire et grasse [...] où l'on sème toujours du blé » (Balzac). Absolt Semer à la volée. Loc. Semer le bon grain : répandre de bons principes, des idées fructueuses. Récolter ce qu'on a semé : avoir les résultats (mauvais) qu'on mérite. Qui sème le vent récolte la tempête. Semer la zizanie.
Rare Ensemencer. « La terre est labourée sans être semée » (Seignobos).
2 Répandre en dispersant, en diffusant. disséminer, parsemer. La lune « commença à semer des diamants sur la mousse humide » (Sand). « Les habitations semées çà et là par les champs » (Maupassant). Fig. Les « horribles machines de guerre qui sèment la ruine et la mort » (Duhamel).
♢ SEMER DE. Les marquis « semaient leurs propos de ces jurons que la civilité interdisait » (Brunot). Un parcours semé d'embûches. « La vie est semée de ces miracles » (Proust).
3(1867) Vieilli Quitter (qqn), planter là.
(1880) Se débarrasser de la compagnie de (qqn qu'on devance, qu'on prend de vitesse). Semer ses poursuivants. distancer. « Ayant piqué un galop [...] et semé tous ses officiers » (Dorgelès).

semer verbe transitif (latin seminare, de semen, -inis, semence) Mettre une graine en terre afin de la faire germer : Semer des céréales. Jeter, répandre quelque chose quelque part en le dispersant : Semer des clous sur la route. Familier. Laisser tomber des objets sur son passage, en général sans le remarquer : Attention, tu sèmes tes pièces. Littéraire. Parsemer un texte, un discours de quelque chose : Semer un roman d'allusions politiques. Littéraire. Propager quelque chose, le répandre : Semer la pagaïe. Des armes qui sèment la mort. Familier. Fausser compagnie à quelqu'un, en particulier en le prenant de vitesse : Un coureur qui sème le peloton.semer (citations) verbe transitif (latin seminare, de semen, -inis, semence) Jean Jaurès Castres 1859-Paris 1914 Parce que le milliardaire n'a pas récolté sans peine, il s'imagine qu'il a semé. L'Armée nouvelle Rouff Bible Faites-vous des semailles de justice, moissonnez une récolte de bonté. Ancien Testament, Osée X, 12 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Bible Ils sèment le vent, ils récolteront la tempête. Ancien Testament, Osée VIII, 7 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Bible On s'en va, on s'en va en pleurant On porte la semence ; On s'en vient, on s'en vient en chantant On rapporte les gerbes. Ancien Testament, Psaumes CXXVI, 6 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Bible Qui sème chichement moissonnera chichement ; qui sème largement moissonnera largement. Saint Paul, Épître aux Corinthiens, IIe, IX, 6 Bible Voyez les oiseaux du ciel : ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni ne recueillent en des greniers, et votre Père céleste les nourrit ! Ne valez-vous pas plus qu'eux ? Évangile selon saint Matthieu, VI, 26 semer (difficultés) verbe transitif (latin seminare, de semen, -inis, semence) Conjugaison Attention à l'alternance è/e : je sème, il sème, mais nous semons ; il sèmera ; il sèmerait ; qu'il sème mais que nous semions. ● semer (homonymes) verbe transitif (latin seminare, de semen, -inis, semence)semer (synonymes) verbe transitif (latin seminare, de semen, -inis, semence) Mettre une graine en terre afin de la faire germer
Synonymes :
- planter
Contraires :
- récolter
Jeter, répandre quelque chose quelque part en le dispersant
Synonymes :
- joncher
- répandre

semer
v. tr.
d1./d épandre (des semences) sur une terre préparée; mettre en terre (des semences). Semer du mil.
d2./d Litt. Jeter, répandre çà et là. Semer les rues de fleurs.
|| Fig. Répandre, propager. Semer la discorde.
d3./d Fam. Semer qqn, s'en débarrasser en lui faussant compagnie.

⇒SEMER, verbe trans.
A. — Semer qqc.1
1. [Le compl. désigne une plante ou sa graine]
a) Répandre des graines sur la surface d'une terre préparée afin qu'elles y germent et y poussent. Semer du blé, de l'orge, du seigle, du gazon, des radis, de la salade; semer à la main, au doigt, au plantoir, au semoir; semer en lignes, en rayons; semer à claire-voie, en serre, sous abri. Maheu, l'après-midi, travailla dans son jardin. Déjà il y avait semé des pommes de terre, des haricots, des pois (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1233). On sème à la volée le blé, l'orge et le millet dans le Proche-Orient (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 65).
P. anal., BIOL. Synon. de ensemencer. Les globules semés dans ces conditions se développent, se multiplient, et le sucre fermente (Nouv. faits concernant la fermentation alcoolique ds C.r. de l'Ac. des sc., t. 47, 1858, p. 1011).
P. métaph. Il repassait, il repassait toutes les heures de sa vie. Toute la vie à Nazareth. Il avait semé tant d'amour. Il récoltait tant de haine (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p. 120).
Absol. C'est la saison de semer; semer dru, serré. Pour cela on sème tard, courant mai (ROUBERTY, Sucr., 1922, p. 28). C'est pourtant et toujours entre les grands murs gris, et parmi même les larges plaques ou échines saillantes du roc que l'on sème et que lèvent les beaux et hauts froments (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 260).
Empl. pronom. passif. Le seigle se sème en automne (LITTRÉ). Le trèfle se sème dans l'orge et dans l'avoine (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1823, p. 122).
Expr. fig.
Recueillir ce qu'on a semé, les fruits de ce qu'on a semé. Obtenir un résultat à la mesure des efforts fournis. Un auteur sera mieux lancé, dès son début, si l'éditeur compte recueillir, au troisième ou quatrième volume, les fruits de ce qu'il a semé pour lancer le premier (Civilis. écr., 1939, p. 16-1).
Semer en terre ingrate. Se donner du mal en pure perte; ne récolter de son travail que l'ingratitude; ,,faire du bien à une personne qui n'en a point de reconnaissance`` (Ac.).
Il faut semer pour recueillir, pour récolter. On n'a rien sans peine; on n'arrive à un résultat qu'à condition de l'avoir préparé. Le directeur des nouveautés (...) allait maintenant à l'économie, pente dangereuse dont les directeurs sont souvent victimes, car il faut semer pour récolter (L. SCHNEIDER, Maîtres opérette fr., 1924, p. 222).
Proverbe. Qui sème le vent récolte la tempête. Le remords le rongeait. Il avait semé le vent, il récoltait la tempête! (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 198).
b) P. anal. Engendrer. Là, nous faisons tous sonner notre « monica », ensemble, pour la merci des vieux qui ont semé notre race (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 30).
2. P. anal.
a) Répandre sur un lieu en disséminant. Semer des fleurs sur son passage. Roulant au hasard, je me rappelle les signaux que j'avais semés pour retrouver la route de ce dédale incliné. Je les cherchais vainement (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 141). Il y a plusieurs manières de gâcher le plâtre. (...) le procédé de gâchage à la volée consiste à semer le plâtre sur la surface de l'eau (JUDET, Fractures membres, 1948, p. 12).
♦ [Le suj. désigne une chose] Les mines sous-marines sont posées par un petit croiseur (...) qui les sème rapidement derrière lui (CHALON, Explosifs mod., 1911, p. 612).
VÉN. Semer ses fumées. ,,Se dit d'un cerf qui les jette écartées les unes des autres (...), c'est-à-dire en marchant`` (DUCHARTRE 1973).
Loc. fig.
Semer l'argent. Le distribuer, le dépenser à tort et à travers ou abondamment. Quand on l'avait vu gagner de l'argent, on avait dit: c'est un marchand. Quand on l'avait vu semer son argent, on avait dit: c'est un ambitieux (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 204).
Semer des pièges, des embûches sous les pas de qqn. Lui tendre de secrètes embûches. (Ds Ac.).
b) Surtout au part. passé. [Le compl. d'obj. désigne qqc. de disséminé dans un tout] Implanter de manière dispersée, parsemer. La conquête militaire répugnait aux Grecs. Les colonies qu'ils avaient semées sur tous les rivages de l'Asie, du Pont, de l'Afrique du Nord, de l'Italie méridionale, de la Sicile, constituaient les escales d'un vaste réseau maritime assez fermé (FAURE, Hist. art, 1909, p. 131).
3. Au fig. [Le compl. d'obj. désigne qqc. d'abstr. et à valeur nég. (mauvais sentiments, mauvaises actions)] Répandre, propager, faire naître. C'était un envoyé du diable, Et il avait mission de semer le péché (MURGER, Nuits hiver, 1861, p. 222). Une famille (...), du genre saucissonneur, sème l'émoi chez les campeurs (Comment parlent les sportifs ds Vie Lang. 1953, p. 176).
SYNT. Semer l'anarchie, des calomnies, la confusion, la corruption, le découragement, le désarroi, le désordre, la destruction, le deuil, la dissension, la discorde, la dispute, la division, le doute, l'effroi, l'épouvante, la frayeur, la guerre, la merde (vulg.), la mort, la panique, la propagande, la ruine, la terreur, le trouble, la zizanie.
Plus rarement. [Le compl. d'obj. a une valeur positive] Le bonheur en effet semblait avoir des rayons et semer autour d'elle une atmosphère dans laquelle elle était enveloppée et enveloppait ceux qui la regardaient (LAMART., Raphaël, 1849, p. 200). Ce que vous venez de dire achève de me prouver que la France eut mille fois raison de venir ici jadis et d'y semer la civilisation (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 216).
B. — Semer qqc.2 (un lieu) de qqc.1
1. Ensemencer. Semer un champ, une planche, une couche. Ces terres n'ont pas été bien semées (Ac. 1935). Vous avez créé des prairies, vous avez semé des champs et vous les avez récoltés (BUGEAUD, 1847 ds Doc. hist. contemp., p. 184):
Le pauvre est-il un membre ou un ennemi de la société? Qu'on réponde. Il trouve tout autour de lui le sol occupé. Peut-il semer la terre pour son propre compte? Non, parce que le droit de premier occupant est devenu droit de propriété.
L. BLANC, Organ. trav., 1845, p. 7.
P. anal. Des arbustes déracinés pendaient parmi les déblais. On avait semé de feuillages le sol de la tranchée (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 259). J'ai rêvé que les nonnes ont établi des parterres dans le Sacré-Cœur, parce que Dieu aime la terre et les ont semés de confetti, parce qu'il aime la joie (JACOB, Cornet dés, 1923, p. 51).
2. Parsemer. Synon. couvrir1. Les temples dont les foules néophytes avaient semé le sol de l'Inde (FAURE, Hist. art, 1912, p. 164). Les ébénistes de la Couronne, pour répondre au goût personnel de la reine, ont semé leur décor de fleurs (...) traitées avec un réalisme et une sensibilité charmante (VIAUX, Meuble Fr., 1962, p. 110).
En partic. [Le lieu désigne un écrit] Synon. remplir. Semer un roman de réflexions philosophiques. J'ai semé mon ouvrage d'anecdotes, dont quelques-unes me sont personnelles (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 23).
HÉRALD., au passif. [Le suj. désigne un écu, une pièce] Orné de fleurs de lis, de trèfles, etc., en nombre indéterminé. Si l'écu est semé de fleurs de lis, de trèfles, etc., on doit en faire figurer un certain nombre se perdant dans les bords de l'écu (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 765).
C. — Rare. Qqc.1 sème qqc.2 (un lieu). Être répandu çà et là sur. Synon. parsemer. Et quand il lèvera les yeux, ce sera pour deviner au-dessous des constellations familières qui sèment le plafond bleu, les oiseaux des solitudes (FAURE, Hist. art, 1909, p. 43). Toutes les oasis qui sèment les déserts d'Afrique et d'Espagne se transforment en villes blanches, s'entourent de murs crénelés, voient surgir des palais pleins d'ombre (FAURE, Hist. art, 1912, p. 257).
D. — Fam. Semer qqn. Se débarrasser de quelqu'un en le distançant. Semer son poursuivant. Semer quelqu'un en route (Ac. 1935).
En partic. [Dans la lang. du sport] Laisser loin derrière soi. Semer ses concurrents. Une grande avance sur ses concurrents qu'il a semés (Le Sport Vélocipédique, 11 juin 1886 ds PETIOT 1982).
P. ext. Se débarrasser de quelqu'un. Il s'agissait dans l'opération de semer Brunetière (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1178).
Prononc. et Orth.:[], (il) sème []. BARBEAU-RHODE 1930: il a semé [ilasme]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moit. XIIe s. « ensemencer » (Psautier de Cambridge, 106, 37 ds T.-L.: semerent champs); 2. « répandre (des graines) en terre » 1119 empl. abs. (PHILIPPE DE THAON, Comput, 542, ibid.: arer e laburer E en terre semer); 1155 trans. (WACE, Brut, 1174, ibid.: Blez semerent); 3. ca 1175 empl. par image (BENOÎT DE STE-MAURE, Chron. ducs de Normandie, 26646), v. semence A 4; 1174-87 (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, 7), v. semence A 4; 4. « répandre » a) p. anal. ) 1176-81 semé de « parsemé de » ici, fig. (ID., Chevalier au lion, éd. M. Roques, 2629: des beisiers..., Qui furent de lermes semé); ca 1275 (ADENET LE ROI, Enfances Ogier, éd. A. Henry, 6789: li atour dont son cors ot garni Erent de coups tout semé et flouri); ca 1280 spéc. [arçon] semé d'esmeraudes et de rubis (ID., Cleomadès, éd. A. Henry, 17072); 1847 part. passé subst. « motif décoratif » (J. femmes, août, p. 381); ) 2e moit. XIIIe s. « répandre çà et là en dispersant » (HUON PAUCELE, Sire Hain et dame Anuieuse, 75 ds Rec. gén. fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 1, p. 99: Les espinoches [...] A semées aval la cort); b) fig. ) ca 1180 « répandre, divulguer (une intention cachée, un secret) » (Proverbe au vilain, 131e ds T.-L.); ) 1216 « répandre (des écrits) » (ANGIER, trad. Vie St Grégoire, 2809, ibid.); ) 1269-78 semant descorz, contenz e guerres (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 9536); 5. 1867 semer qqn « s'en débarrasser » (DELVAU). Du lat. seminare « produire; procréer, enfanter; semer [Columelle] »; à basse époque (IVe s.), fig. « répandre, propager, disséminer ». A éliminé serere (qui, dès l'époque la plus anc., signifiait « planter, semer ») dont les formes offraient moins de corps, plus de difficulté, et dont le lien avec semen, sementis était moins bien perçu. Fréq. abs. littér.:1 135. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 032, b) 1 809; XXe s.: a) 1 604, b) 1 156.
DÉR. Semaison, subst. fém., vx. a) Action de semer. P. métaph. Lorsque Dieu, d'amour la main pleine, Fait sa divine semaison, Tu peux ouvrir ton cœur, Hélène, Le semeur bénit sa moisson (MURGER, Nuits hiver, 1861, p. 108). b) ,,Dispersion naturelle des graines d'une plante`` (LITTRÉ). []. 1res attest. a) 1261 « semaille, ensemencement » empl. par image (RUTEBEUF, Miracle de Théophile, 410 ds Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 195: Trop a male semence en semoisons semeee, De qui l'ame sera en enfer sorsemee), b) 1351 semison « temps de la semaille » (doc. Arch. de Tournai ds GDF.), c) 1842 « dissémination naturelle des graines » (Ac. Compl.); de semer, suff. -aison; cf. le lat. seminatio « reproduction, procréation ».
BBG. — GREDIG 1939, p. 59. — HENRY (A.). Anc. fr. saime. Romania. 1959, t. 80, pp. 232-233.

semer [s(ə)me] v. tr. [CONJUG. lever.]
ÉTYM. V. 1155; lat. seminare, de semen, seminis « semence ».
———
I
1 Répandre en surface ou mettre en terre (des semences) après une préparation appropriée du sol. Planter; poquet, rayonnage, satif, semis. || Semer des grains (→ Enlever, cit. 34; germe, cit. 8), du blé (→ Humus, cit. 1), de l'orge (cit. 2) || Semer des légumes (→ Grimper, cit. 5; jardiner, cit. 1). || Semer des trèfles (→ Esparcette, cit.). || Semer des arbres (cit. 21) Absolt. || Les paysans sont en train de semer. Semaille (→ Fuyant, cit. 10; mériter, cit. 10). || Semer à claire-voie, à la volée…Pron. (sens passif). → Chanvre, cit. 1.
1 Le laboureur m'a dit en songe : Fais ton pain,
Je ne te nourris plus, gratte la terre et sème.
Sully Prudhomme, les Épreuves, « Un songe ».
Par métaphore. || Grain (cit. 10) de sénevé qu'on sème. || Celui qui sème le bon grain (cit. 9).Prov. Qui sème le vent récolte la tempête (→ aussi Moissonner, cit. 6). || « L'homme aujourd'hui sème la cause (cit. 6), Demain Dieu fait mûrir l'effet ».Semer en terre ingrate : ne recueillir qu'ingratitude; échouer.« Je fondais (cit. 2) sur le sable et je semais sur l'onde », mes efforts étaient condamnés à rester vains.
2 (La maison de Hohenzollern) a compris avant tous les autres hommes que, pour récolter plus sûrement la victoire, il faut commencer par semer la haine.
Fustel de Coulanges, Questions contemporaines, p. 69.
Par anal. Répandre du naissain (d'huîtres).
2.1 Ces huîtres mères furent ensuite régulièrement semées au fond de la baie de Saint-Brieuc, dans les sillons tracés d'avance au moyen de bouées.
Louis Figuier, l'Année scientifique et industrielle 1865, p. 291 (1864).
2 Rare. Ensemencer. Cultiver. || Semer des terres. || « Comme le champ semé en verdure foisonne » (cit. 4). || « Il avait de plant vif semé cette étendue » (cit. 9).
3 (…) le reste est laissé « en jachère », c'est-à-dire que la terre est labourée sans être semée, en attendant d'être remise en culture.
Ch. Seignobos, Hist. sincère de la nation franç., VII.
3 (Fin XIVe). Par anal. du sens 1. Répandre (de petits objets) en dispersant, en disséminant. Jeter. || Le petit Poucet avait semé du pain sur son chemin (→ Miette, cit. 2). || Semer des joyaux, des fleurs sur… (→ Abbaye, cit. 1; couvrir, cit. 18; jonchée, cit. 2).Par métaphore. || Semer des chausse-trapes (cit. 4), des pièges, des embûches… ( Dresser).Semer de l'argent, en distribuer ou en dépenser partout. || Semer l'argent : être prodigue. Jeter.
4 Beaucoup semaient le bien d'une main vigilante,
Qui n'ont pu récolter qu'une moisson sanglante.
A. de Vigny, Livre moderne, « Le trappiste ».
5 Les habitations semées çà et là par les champs semblaient éloignées de cent lieues les unes des autres.
Maupassant, Clair de lune, « Conte de Noël ».
4 (XIIIe). Fig. || Semer des bruits (cit. 37), des calomnies (cit. 7), une nouvelle (→ Cause, cit. 39)… Propager. || Semer des beautés, des traits d'esprit dans un ouvrage (→ Détail, cit. 10; fourmiller, cit. 5).
6 J'ai semé les voluptés sur tous mes pas, et c'est par là que je suis célèbre dans tout l'univers.
France, Thaïs, II.
Répandre en diffusant. || Semer la terreur, l'effroi (→ Forcené, cit. 7; héros, cit. 7), la ruine, la mort. || Semer partout la désunion, la discorde, la division… Mettre.
7 Tandis qu'on vous verra d'une voix suppliante
Semer ici la plainte, et non pas l'épouvante (…)
Racine, Britannicus, I, 4.
8 Nous sommes habitués maintenant aux horribles machines de guerre qui sèment la ruine et la mort sur d'immenses territoires.
G. Duhamel, Refuges de la lecture, I.
5 Littér. || Semer (un lieu) de… : parsemer. || « Je leur semai de fleurs (cit. 9) le bord des précipices » (Racine). Embellir. || L'aurore (cit. 20) sème de topazes le chemin de la lumière. || Semer ses propos de jurons (cit. 0.1). Remplir.(Surtout au p. p. adj.). || Mer semée d'écueils (cit. 3). || La Seine, semée d'îles (→ Dérouler, cit. 9). || Plaine semée de villages (→ Rapiécer, cit. 2). || Prés (cit. 2) semés de violettes. Couvrir. || Étoffe semée de brillants (cit. 28), de fleurs (cit. 8), de lis, de paillettes (cit. 1) || « Le dôme (cit. 4) obscur des nuits, semé d'astres sans nombre » (Hugo). Étoilé. || Routes, voies semées de dangers, de surprises, de problèmes… (→ Épreuve, cit. 23; impalpable, cit. 2; peindre, cit. 9).Blason. Se dit de l'écu ou des meubles quand ils sont ornés de petites pièces en nombre indéterminé.
9 (…) un ancien écusson armorié, dont le champ d'azur, par un singulier hasard, porte une bande semée de trois lyres d'or.
Nerval, Lorely, « Souvenirs de Thuringe », II.
10 La vie est semée de ces miracles que peuvent toujours espérer les personnes qui aiment.
Proust, À la recherche du temps perdu, Pl., t. I, p. 500.
tableau Termes de blason.
———
II Fam.
1 (1867). Vieilli. Quitter (qqn), lui fausser compagnie (→ Planter là).
11 — Zut ! Allez vous promener ! Vous me portez sur les nerfs. Là-dessus, le poète, agacé, haussait les épaules, et me semait.
Courteline, Boubouroche, « Petit historique » (1893).
2 (1906). Se débarrasser de la compagnie de qqn, lui échapper, particulièrement en le devançant. || Il a réussi à semer ses poursuivants (→ aussi Performance, cit. 2). || Il a semé tous les concurrents à la course. Distancer.
12 (…) elles étaient plus libres au Bosphore que dans leurs grandes maisons d'hiver à Khassim-Pacha, trouvaient mille prétextes pour venir en ville et semaient leurs esclaves en route (…)
Loti, les Désenchantées, IV, XXV.
——————
semé, ée p. p. adj. Voir à l'article.
Semé, n. m. (1849) : motif décoratif formé de petits éléments réguliers. Semis.
DÉR. Semaille, semaison, semeur, semis, semoir. — V. Semence.

Encyclopédie Universelle. 2012.