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cieux

cieuxciel

cieux nom masculin pluriel Synonyme littéraire de ciel ou pluriel littéraire de ciel.

⇒CIEL, CIEUX, CIELS, subst. masc.
I.— Domaine physique
A.— ASTRON., COSMOGRAPHIE
1. Espace infini dans lequel évoluent les astres, représenté idéalement par une sphère. Astres, constellations du ciel; mouvement diurne du ciel; l'immensité, l'infini des cieux :
1. ... notre ballon qui reluit a l'air d'une lune plus grosse que l'autre, d'un monde errant au milieu du ciel, au milieu des astres, dans l'étendue infinie.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Le Voyage du Horla, 1887, p. 1325.
2. ... il ne s'est rien passé! Les saisons tournent autour de leur pivot et dans le ciel suave circulent des astres sages dont la tranquille géométrie condamne ces étoiles folles et déréglées qui incendient les prairies du ciel de leur chevelure enflammée, troublent de leur hurlement d'alerte la douce musique des planètes, bousculent par le vent de leur course les gravitations éternelles, font grincer les constellations et préparent, à tous les carrefours du ciel, de funestes collisions d'astres.
CAMUS, L'État de siège, 1948, p. 205.
Par restriction. Espace environnant un astre quelconque :
3. Astre immense du ciel lunaire, la terre offre aux sélénites les mêmes phases que celles que la lune nous présente, mais dans un ordre inverse.
C. FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p. 197.
P. métaph. Le ciel poétique. Le monde des poètes :
4. Byron était un des antipathiques de l'illustre auteur de René, qui le considérait comme un rival, et pis que cela, presque comme un plagiaire. Il n'y avait pas assez de place dans le ciel poétique pour tous deux,
deux soleils à la fois!
SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 13, 1863-69, p. 217.
P. méton. ,,Ensemble des constellations et des astres visibles à un moment ou lors d'une saison`` (MULLER 1966). Telle étoile figure au ciel d'été (MULLER 1966).
2. Spéc., ASTROL. Disposition des astres envisagée du point de vue de leur influence sur la destinée humaine. Carte, zone du ciel. Le ciel de naissance de Baudelaire, qui présente la remarquable conjonction d'Uranus et de Neptune (BRETON, Les Manifestes du Surréalisme, 1930, p. 174) :
5. Si donc l'astrologue n'avait recours qu'au zodiaque il aurait pour un enfant né à Bâle et pour un enfant né en Alaska au même moment exactement le même horoscope. Il est évident que c'est impossible puisque le ciel de nativité était en réalité tout à fait différent à Bâle ou en Alaska, la lune et les autres astres étant dans ces deux lieux exactement dans des positions opposées.
H. BEER, Introd. à l'astrol., 1939, p. 50.
3. ASTRON. ANC. et MÉDIÉV. Chacune des sphères de matière transparente, concentriques à la terre, et sur lesquelles étaient fixés les différents astres. Le ciel de Mars; les cieux des planètes (Ac. 1835-1932) :
6. On sait déjà quels étaient, dans les opinions de ce temps, l'ordre et le nombre des cieux. Aux huit sphères des planètes et des étoiles fixes, le besoin d'expliquer la rotation universelle d'Orient en Occident avait fait ajouter un neuvième ciel, appelé le premier mobile. Celui-ci, à son tour, était supposé recevoir son mouvement de l'attraction qu'exerçait sur tous ses points le ciel empyrée enveloppant l'univers, séjour de la divinité, rempli de lumière, d'ardeurs, et d'amour.
OZANAM, Essai sur la philos. de Dante, 1838, p. 162.
Au fig. Être au troisième, au septième ciel. Être au comble du bonheur :
7. Il lui montra de quelle manière le public, enlevé au troisième ciel de la rengaine et hypnotisé par les mots de « diction », de « syntaxe phonétique », d'« intonations émotionnelles », etc., comme par des bouchons de carafe, croit sincèrement entendre du Racine que les acteurs, encore plus sincères, croient lui débiter.
BLOY, La Femme pauvre, 1897, p. 119.
B.— Dans la lang. cour. [Ciel opposé à terre ou à mer en tant qu'éléments physiques]
1. Partie de l'espace visible d'un point quelconque de la terre et formant au-dessus de nos têtes une sorte de voûte circonscrite par l'horizon. La voûte du ciel, des cieux :
8. Des millions d'étoiles rayonnant dans le sombre azur du dôme céleste! La lune au milieu du firmament! Une mer sans rivage! L'infini dans le ciel et sur les flots!...
CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 213.
9. ... ce n'est plus le ciel fermé, ce ciel calme et lent à se faire, c'est le grand ciel des vents de mer. C'est le ciel ouvert sur la plaine brusque, changeant, tout entier envahi, en un instant, par les nuages; ...
RAMUZ, Aimé Pache, peintre vaudois, 1911, p. 109.
Loc. et expr.
a) Domaine concr.
En plein ciel. Dans l'espace. Elle [la mansarde] captait en plein ciel un mince rectangle de jour pur (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 253).
Entre ciel et terre. En l'air :
10. Tout était devenu si opaque, si noir et d'un tel silence que je n'étais plus attaché au monde. Je ne tenais en l'air que par deux cordes invisibles, tendues je ne savais plus où, et qui me suspendaient non pas entre ciel et terre mais au-dessus d'un élément immatériel issu de ces ténèbres inconnaissables.
BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, p. 189.
Sous le ciel, sous les cieux. Ici-bas, sur terre. (...), as-tu pu croire Que je préférais, sous les cieux, L'effrayant rayon de ta gloire (HUGO, Les Contemplations, t. 2, 1856, p. 351).
Lever les bras, les mains, les yeux au ciel. Elle lève au ciel des yeux blancs, secoue la tête (COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 158).
b) Au fig.
Élever qqn (jusqu') au ciel. L'admirer extrêmement, le couvrir d'éloges ou l'exalter.
Remuer ciel et terre. Déployer une activité considérable, faire tous ses efforts pour le succès d'une entreprise. Il a fallu remuer ciel et terre pour qu'on révise les règlements (R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, p. 894).
Tomber du ciel. [Le suj. désigne une chose ou plus rarement un animé] Arriver à l'improviste et, généralement, fort à propos. Les joies les moins attendues, celles qui nous semblent comme tombées du ciel (BERNANOS, Un Crime, 1935, p. 862).
P. ext. [Le suj. désigne une pers.] Être stupéfait. Synon. tomber de la lune, des nues.
Toucher le ciel. Atteindre au sublime :
11. Hermann n'a vécu qu'avec lui-même, sa famille et quelques amis. Avec eux il est naïf, vrai, plein de verve; il touche le ciel. En société, il est d'une insoutenable bêtise.
RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 467.
c) Expr. poét. L'eau du ciel. La pluie. Le feu du ciel. La foudre.
2. [Qualifié d'après son aspect dû au temps, à la saison, au moment de la journée] État de l'atmosphère :
12. Tu ressembles parfois à ces beaux horizons
Qu'allument les soleils des brumeuses saisons
(...)
Comme tu resplendis, paysage mouillé
Qu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé!
BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, 1857-61, p. 81.
SYNT. Ciel bleu, clair, clément, dégagé, étoilé, limpide, lumineux, pur, serein, transparent; ciel bas, brumeux, changeant, chargé, couvert, gris, lourd, moutonné, noir, nuageux, obscur, orageux, plombé, pluvieux, pommelé, sombre, tourmenté; ciel d'ardoise, d'azur, de plomb. Le temps était de plus en plus doux, le ciel de suie se cuivrait (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1235). Ciel d'airain. Extrême sécheresse (au fig., cf. ex. 22). Ciel de juin, d'automne, d'hiver; ciel de neige, de pluie. Dans les éclairs et dans la foudre d'un ciel d'orage (PÉGUY, Le Porche du mystère de la 2e vertu, 1911, p. 267). Coin, échappée, morceau, trouée de ciel; le ciel s'assombrit, se couvre, s'éclaircit, se rassérène.
Loc. adj. inv. ou subst. Bleu ciel ou bleu de ciel. Bleu clair. Ses yeux bleu de ciel, (...) son teint couperosé, tout indiquait un homme d'honneur (MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 790) :
13. — Ces fleurs sont d'un rose vraiment céleste, dit Legrandin, je veux dire couleur de ciel rose. Car il y a un rose ciel comme il y a un bleu ciel.
PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 213.
Au fig. Ensemble de phénomènes constituant une certaine atmosphère morale collective ou un certain état d'âme individuel. Aujourd'hui temps glorieux. Mon ciel intérieur est plus splendide encore (GIDE, Journal, 1917, p. 634) :
14. ... ces valeurs non ré-évaluées forment, si l'on peut dire, son ciel éthique, son « habitus » moral; le terme d'horizon de valeur suggère bien ce qu'est une conscience éthique : ...
RICŒUR, Philos. de la volonté, 1949, p. 71.
3. [Considéré par rapport aux lieux qu'il couvre] Pays, région. Sous le ciel méditerranéen. Dans les régions méditerranéennes. Sous d'autres cieux. En d'autres pays :
15. Fatigué de la vie monotone du pays où il est né, ce jeune inconstant va demander à un autre ciel, à d'autres climats, des impressions nouvelles; mais bientôt il revoit en imagination les lieux où l'appellent ses premières habitudes; ...
MAINE DE BIRAN, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser, 1803, p. 106.
4. B.-A. Représentation de l'espace aérien dans un tableau, une fresque, etc. Le ciel charmant de ce tableau de Pérugin (STENDHAL, Hist. de la peint. en Italie, t. 1, 1817, p. 215) :
16. Autour de Turner même, avant lui et après lui, ce sont les féeries des rayons et des ombres dans les mares, dans les futaies, dans les chemins boueux et les ciels de pluie de Gainsborough, de Crome, de Reynolds, de Constable et les scintillements, les illuminations, les lueurs fantomatiques et mourantes dans les ténèbres de Whistler.
É. FAURE, L'Esprit des formes, 1927, p. 100.
C.— P. anal., domaines techn. Ce qui est placé au-dessus de quelque chose, qui domine.
1. AMEUBL. Ciel de lit. Dais placé au-dessus d'un lit, formé d'un châssis recouvert d'étoffe, auquel sont suspendus des rideaux :
17. Les quatre pieds et les dossiers montaient également très haut. Ils supportaient le ciel de lit. Des tringles de fer en faisaient le tour, où des anneaux couraient avec leurs rideaux, des rideaux souples à carreaux rouges et blancs ou blancs et bleus.
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 162.
2. MINES Voûte d'une carrière. Dans la section transversale d'une galerie, on distingue la sole, (...) les piédroits (...); le plafond, ciel ou faîte, que l'on appelle aussi le toit (J.-N. HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, p. 649).
Carrière à ciel ouvert. Exploitée à découvert, sans puits, ni souterrain. Dans les carrières à ciel ouvert, l'extraction se fait, soit aux coins, soit à la trancheuse électrique (Arts et litt. dans la société contemp., 1935, p. 2003).
P. ext., dans la lang. cour. À ciel ouvert. En plein air, à découvert; et au fig., de façon ouverte, franche, au grand jour :
18. ... par ce que nous avons vu du procès à ciel ouvert, nous avons pu juger de ce qui s'est passé à huis clos.
CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, p. 206.
II.— Domaine moral et RELIGION [Opposé principalement à terre comme le spirituel au temporel, à enfer ou à purgatoire]
A.— Séjour de Dieu ou des dieux et des êtres surnaturels. Le Seigneur, les puissances du ciel; monter aux cieux; notre père qui es aux cieux. Elle [l'Église] a rappelé (...) la volonté du Père qui est au ciel (MAURIAC, Le Bâillon dénoué, 1945, p. 438) :
19. Ce qui est certain, c'est qu'ils ont été créés bons et que, volontairement dépravés, ils sont tombés du ciel. Ils avaient été créés pour habiter le ciel empyrée; par leur faute ils ont mérité d'habiter l'enfer, mais, en raison de leur office, ils sont dans l'air ténébreux près de nous pour nous tenter.
Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 394.
20. Les philosophes n'ont jamais été des esprits purs et des naturels des cieux. Mais des corps et des têtes terrestres, sur une terre où leur naissance et leur croissance ne comportèrent pas de vocations irremplaçables, de caractères intelligibles, de progrès de l'esprit pur, qui n'existe pas.
NIZAN, Les Chiens de garde, 1932, p. 45.
SYNT. Anges, habitants du ciel; roi du ciel; maître, père des cieux.
P. métaph. :
21. Mobilisé d'un côté par l'infinie docilité du réel qui cède sous son effort, stoppé d'autre part, comme les maçons de Babel, par le désespoir d'atteindre jamais le ciel de l'absolu, l'esprit tantôt nie aveuglément l'infini actuel au nom d'un finitisme sans conviction, tantôt parie dans la nuit pour un absolu dont l'intuition lui manque.
JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 41.
B.— P. méton. Dieu, la Providence ou tout principe de transcendance. Signe, volonté du ciel; prier le ciel :
22. ... Cherchant ce grand secret sans pouvoir le surprendre,
J'ai vu par-tout un Dieu sans jamais le comprendre!
(...)
J'ai vu par-tout le mal où le mieux pouvoit être,
Et je l'ai blasphémé, ne pouvant le connoître;
Mais ma voix, se brisant contre ce ciel d'airain,
N'a pas même eu l'honneur d'irriter le destin.
Mais, un jour que, plongé dans ma propre infortune,
J'avois lassé le ciel d'une plainte importune,
Une clarté d'en haut dans mon sein descendit,
Me tenta de bénir ce que j'avois maudit,
...
LAMARTINE, Méditations, L'Homme, 1820, p. 38.
23. Je voudrais me tuer pour le ciel. Le ciel petit à petit devient Dieu ou est-ce seulement toujours de l'air, du ciel? Le ciel m'entoure de son appel, le ciel me prend. Le ciel me tue. Le ciel! J'ai besoin du ciel. Le ciel sera l'éternité. Dieu est-il autre chose que le ciel. Suis-je autre chose que Dieu.
JOUVE, Paulina 1880, p. 221.
SYNT. Avertissement, bienfait, don, faveur du ciel; assistance, bénédiction, bonté, clémence, justice, miséricorde, protection du ciel; malédiction, punition, vengeance du ciel; adorer, bénir, implorer, invoquer, maudire le ciel.
Rem. Dans certaines mythologies antiques, le ciel est considéré comme le père des dieux. Toutes les nations scythiques, (...) avaient pour principale divinité la terre, (...); ils la faisaient femme de Jupiter ou du ciel (DUPUIS, Abr. de l'orig. de tous les cultes, 1796, p. 22).
Spéc., dans l'ancienne Chine. Le fils du ciel. L'empereur (cf. DUPUIS, Abr. de l'origine de tous les cultes, 1796, p. 43). Et p. ext. les fils du ciel. Le peuple chinois. Il simulait, à ce diplomate étonné, la danse classique des fils du ciel (L. DAUDET, Bréviaire du journ., 1936, p. 53).
Loc. et expr.
Ciel, juste ciel ou justes cieux. Exclamations marquant la stupéfaction, la crainte, la joie, etc. Ciel! Un amas de chairs dans une corbeille de dentelles! (BOYLESVE, La Leçon d'amour dans un parc, 1902, p. 238).
Au nom du ciel. Formule de supplication. Je t'en supplie, au nom du ciel, observe-toi! (FEYDEAU, La Dame de chez Maxim's, 1914, II, 5, p. 39).
Grâce au ciel. Expression marquant la satisfaction. Grâce au ciel, je suis d'un rang, d'une fortune qui ne m'exposent point à la flatterie (COURIER, Pamphlets pol., Procès de Paul-Louis Courier, 1821, p. 133).
Par le ciel, le ciel m'est témoin que, j'en atteste le ciel. Formules d'insistance.
Plût au ciel que. Formule de souhait.
(Que) le ciel confonde, punisse, etc. Formules de malédiction.
Proverbe. Aide-toi, le ciel t'aidera.
C.— Lieu où les élus jouissent de la béatitude éternelle après la mort. Le royaume des cieux; aller au ciel; gagner, mériter le ciel :
24. Ils priaient pour tous les leurs, pour la longue rangée de grands-parents qui dormaient à l'ombre des châteaux, dans le petit cimetière du village, et dont les âmes étaient à cet instant, à midi, le 12 juillet, réparties en purgatoire, dans l'attente douloureuse, ou au ciel, dans la béatitude, selon les décrets de la justice et de la miséricorde divines.
DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, p. 433.
25. ... à partir du moment où ils ont leur billet pour le ciel, c'est fini, c'en est fini de la charité, comme de toutes les autres vertus. Ils sont les élus, les heureux. Et ils jouissent de leur bonheur. Et ils vont en jouir pendant le reste de l'éternité, tranquillement, égoïstement.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Cécile parmi nous, 1938, p. 15.
P. ext. Le bonheur parfait. Voir les cieux ouverts. Goûter une joie extrême :
26. Sa vie fut le ciel et l'enfer : l'enfer quand elle ne voyait pas Julien, le ciel quand elle était à ses pieds.
STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, p. 116.
27. ... il avait pu, sentant et partageant son désespoir, s'éprendre d'un amour désespéré comme elle et qui leur ouvrait le ciel à tous deux.
GIDE, Les Nouvelles Nourritures, 1935, p. 268.
Rem. gramm. Au plur., ciel fait ciels ou cieux suivant les emplois. ,,(...) quand on compte les ciels, c'est-à-dire quand on passe au pluriel dans la rigueur de la définition, on le forme régulièrement en ajoutant un s au singulier`` (Jullien ds LITTRÉ). Ainsi on dit ciels de lit, ciels de carrière. Ciels est également utilisé pour désigner les parties du ciel considérées sous leur aspect pittoresque. Le gris des ciels couverts (LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, p. 145). De même comme terme techn. de peint. (cf. ex. 16). Au contraire cieux est un simple coll. à valeur emphatique que l'on rencontre en partic. dans les emplois I A 1 et I B 1, l'immensité des cieux, la voûte des cieux et dans le vocab. relig. (cf. II). Il y a concurrence des 2 formes lorsque le mot désigne les différentes sphères concentriques de l'astron. anc. Ainsi cieux dans l'ex. 6, mais les septs ciels de la physique chrétienne (PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 904). De même les 2 formes coexistent lorsque le mot est pris dans le sens de région, pays : cf. d'une part la loc. sous d'autres cieux, d'autre part sous les ciels attiques (MORÉAS, Les Syrtes, Remembrances, 1884, p. 9). Ciels aussi dans le lang. de l'aviat. Sur toutes les mers et dans tous les ciels (DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, p. 500).
Prononc. et Orth. :[], plur. [sjø], []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. IXe s. « lieu de séjour de Dieu » et « séjour des âmes après la mort » (Eulalie, 6 et 25 ds HENRY Chrestomathie); ca 1050 « voûte céleste » (Alexis, 118c ds T.-L.); 1604 par faveur du ciel (MONTCHRESTIEN, Hector, p. 36 ds IGLF); 1604 ô Ciel! (ID., Aman, p. 260, ibid.); 2e moitié du XIVe s. « dais (dressé au-dessus d'une table) » (EUSTACHE DESCHAMPS, Œuvres, éd. Queux de St Hilaire, t. 2, p. 212); 1676 technol. les ciels d'une carrière (FÉLIBIEN Dict., p. 526). Du lat. class. caelum « voûte céleste; séjour de la divinité » et terme techn. « voûte, voussure ». Fréq. abs. littér. :28 481. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 50 830, b) 43 915; XXe s. : a) 39 566, b) 30 422. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 152. — GOTTSCH. Redens. 1930, pp. 1-2. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 134. — ROG. 1965, p. 57, 102.

ciel, plur. cieux ou ciels [sjɛl, sjø, sjɛl] (le pluriel ciels désigne une multiplicité réelle ou une multiplicité d'aspects; cieux est un pluriel collectif qui comporte souvent une nuance affective, et qui est remplaçable par le singulier, sauf dans l'expression sous d'autres cieux) n. m.
ÉTYM. IXe; du lat. cœlum.
———
I Didact. (hist. des idées, antiq., etc.). Chacune des sphères transparentes concentriques à la terre et tournant autour d'elle, auxquelles les astres étaient supposés être accrochés et qui en expliquaient les mouvements.Plur. : ciels. || Les Anciens n'étaient pas d'accord quant au nombre des ciels. || Le ciel de Mars. || Le ciel des étoiles ou huitième ciel. || Ciel le plus éloigné de la terre où habitaient les dieux. Empyrée. || Fluide subtil qui emplissait le ciel au-delà de l'atmosphère terrestre. Éther.Myth. || Atlas condamné à porter le ciel.
1 Je connais un homme (…) qui fut ravi (…) jusqu'au troisième ciel (…)
Bible (Sacy), 2e épître aux Corinthiens, XII, 2.
2 Si l'on avait demandé à Homère dans quel ciel était allée l'âme de Sarpédon, et où était celle d'Hercule, Homère eût été bien embarrassé; il eût répondu par des vers harmonieux.
Voltaire, Dict. philosophique, XXVI, p. 101.
Loc. Être au troisième (vx), au septième ciel, dans le ravissement.
3 Cette prédilection l'emporte; elle le ravit au troisième ciel, ou elle le fait descendre jusqu'à cette fureur vernale, où la convoitise de l'homme s'adresse à l'enfance.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », IV, p. 238.
Cour. Être au septième ciel : atteindre un stade intense de plaisir (notamment, sexuel).
———
II (Plur. cieux).
1 Apparence de l'espace extra-terrestre, vu de la terre; voûte où semblent se mouvoir les astres. || Copernic donna la première explication du ciel. || La gravitation des astres dans le ciel. || Zone du ciel qui contient les douze constellations parcourues par le soleil. Zodiaque. || Points projetés dans le ciel par la verticale d'un observateur. Nadir, zénith.
Rare et littér. Espace où se meuvent les astres. Cosmos. || La terre et le ciel, les cieux. || L'infini des cieux.
4 Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l'étendue manifeste l'œuvre de ses mains.
Bible (Segond), Psaumes, XIX, 2.
5 Le soleil semble s'être oublié dans les cieux (…)
Molière, le Dépit amoureux, V, 2.
6 L'homme (…) dont l'art audacieux
Dans le tour d'un compas a mesuré les cieux ?
Boileau, Satires, VIII.
7 Puisque la révolution diurne du ciel n'est qu'une illusion produite par la rotation de la terre.
Laplace, Exposition du système du monde, II, 1.
8 Quand (l'homme), descendant du dôme où s'égaraient ses yeux,
Atome, il se mesure à l'infini des cieux (…)
Lamartine, Harmonies…, II, 4.
9 (…) il faudra partir, quand la Grande Ourse se sera renversée dans le ciel immense. Nous suivons chaque nuit son mouvement régulier (…)
Loti, Aziyadé, Salonique, XX, p. 31.
2 Vx et didact. Ensemble des étoiles et des planètes. Univers. || Étude du ciel. Astronomie, cosmographie; 1. urano-, uranographie, uranométrie.
10 Eh ! qui guide les cieux et leur course rapide ?
La Fontaine, Fables, IX, Discours à Madame de La Sablière.
Loc. fig. (Mod.). Remuer ciel et terre : mettre tout en œuvre.
11 J'ai remué ciel et terre pour vos intérêts.
Racine, Lettres, Œ., t. VII, p. 172.
3 Astrol. Disposition des astres considérée du point de vue de leur influence sur la destinée de l'homme.Influence du ciel. Astrologie, carte (du ciel), thème (astral). || Lire dans les cieux.
12 Je ne suis pas un grand prophète,
Cependant je lis dans les cieux
Que bientôt ses faits glorieux
Demanderont plusieurs Homères (…)
La Fontaine, Fables, XII, 9.
13 S'il ne sent point du ciel l'influence secrète,
Si son astre en naissant ne l'a formé poète (…)
Boileau, l'Art poétique, 1.
———
III
1 Cour. Partie du ciel (II.) visible, qui est limitée par l'horizon (plur. : cieux). || L'étendue du ciel. || La voûte du ciel. Firmament; calotte, coupole, dôme (du ciel). || Points du ciel où le soleil touche l'horizon. Occident, orient. || L'aspect changeant du ciel. || Un ciel étoilé, parsemé d'étoiles. || Pan du ciel (→ 1. Pan, cit. 6). || L'état du ciel. Atmosphère (et → ci-dessous, 4.).
14 La gentille alouette, avec son tire-lire,
Tire l'ire à l'iré, et tire-lirant, tire
Vers la voûte du ciel…
Du Bartas, in Larousse du xxe s., art. Tire-lirer.
15 Tombe sur moi le ciel pourvu que je me venge !
Corneille, Rodogune, V, 2.
16 Souffrez que ma vertu dans mon cœur rappelée
Vous consacre une foi lâchement violée
Mais si ferme à présent, si loin de chanceler,
Que la chute du ciel ne pourrait l'ébranler.
Corneille, Cinna, V, 3.
17 (…) Celui de qui la tête au ciel était voisine.
La Fontaine, Fables, I, 22, « Le chêne et le roseau ».
18 Les horizons de mer, légèrement vaporeux se confondaient avec ceux du ciel.
Chateaubriand, Itinéraire…, I, in Littré.
19 (…) le grand ciel de cristal élargissait sa voûte sur la plaine immense de la mer (…)
Taine, Philosophie de l'art, t. II, IV, I, IV.
20 Ce fut un coup terrible. Il me sembla que le ciel croulait.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, I.
21 Les fascistes arrivaient sur le groupe des trois multiplaces (…) Pas un avion de chasse républicain dans le ciel.
Malraux, l'Espoir, p. 804.
Loc. Sous le ciel : ici-bas, au monde.Sous le ciel de Grenade : à Grenade.Sous d'autres cieux : dans un autre, en d'autres pays. — ☑ À ciel ouvert : en plein air. || Une piscine à ciel ouvert.Fig. Au grand jour. || Mettre à ciel ouvert des dossiers compromettants. — ☑ Entre ciel et terre : en l'air, et à une certaine hauteur. || Au ciel.Lever les yeux, les bras, les mains au ciel, les lever vers le ciel, en haut. — ☑ Fig. Élever qqn au ciel, exalter son mérite, l'admirer. Nue (porter aux nues).Du ciel.Tomber du ciel : arriver à l'improviste, comme par miracle.Par ext. Être stupéfait, ne rien comprendre. || Avoir l'air de tomber du ciel (→ Tomber de la lune, des nues).
22 Il leur tomba du ciel un roi tout pacifique.
La Fontaine, Fables, III, 4.
23 On ne voit rien de si beau sous le ciel.
Molière, Mélicerte, I, 3.
24 Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes (…)
Racine, Britannicus, II, 2.
25 Jeunes et tendres fleurs, par le sort agitées,
Sous un ciel étranger comme moi transplantées (…)
Racine, Esther, I, 1.
26 (…) loué, exalté, et porté jusqu'aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s'admirer réciproquement.
La Bruyère, les Caractères, I, 24.
27 La bombe tomba, et, comme si elle eût projeté la terre contre l'avion, tous reçurent la neige dans le ventre. Pujol sauta de son siège, à ciel ouvert tout à coup.
Malraux, l'Espoir, p. 807.
Peint. Partie (d'un tableau, d'un décor) représentant le ciel. || Les ciels de Van Gogh.
2 Châssis fixé au-dessus d'un lit et auquel on suspend des rideaux. Baldaquin, dais. || Des ciels de lits.
27.1 Lauren est allongée sur le couvre-lit de fourrure, entre les quatre colonnes soutenant le ciel qui forme au-dessus d'elle comme un dais.
A. Robbe-Grillet, la Maison de rendez-vous, p. 214.
3 Techn. Voûte, plafond (d'une carrière). || Ciel d'une carrière. || Carrière à ciel ouvert, exploitée à découvert.
28 À plus forte raison sont-ils incapables de vous dire si le terrain ne repose pas sur un ciel de carrière.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, Éros de Paris, IV.
4 (Qualifié, selon son aspect dû au temps; plur. : des ciels). État de l'atmosphère. || Ciel bleu, ciel d'azur; ciel gris, sombre. || Ciel clair, pur, transparent, calme, serein. || Ciel vaporeux, brumeux, embrumé, brouillé, pommelé, nuageux, chargé, couvert, pluvieux, orageux. || Ciel changeant, tourmenté, menaçant. || Ciel bas, ciel lourd, ciel de plomb. || Ciel qui se couvre, s'assombrit. Nuage. || Ciel qui s'éclaircit. Éclaircie, embellie; échappée, trouée (de ciel). || La luminosité du ciel. || Couleurs qui illuminent le ciel après l'orage. Arc-en-ciel. || L'eau du ciel. Pluie.Poét. (style bibl.). || Le feu du ciel. Foudre. || Ciel d'airain, qui ne donne pas d'eau (→ Airain, cit. 10).
29 Les cieux par lui fermés et devenus d'airain (…)
Racine, Athalie, I, 1.
30 (…) peut-être le ciel se sera mis au beau.
Racine, Lettres.
31 Jamais deux yeux plus doux n'ont du ciel le plus pur
Sondé la profondeur et réfléchi l'azur.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Lucie ».
32 Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, LXXVIII.
33 Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, LIII.
34 Nous avancions avec peine dans une terre sablonneuse, écrasés sous un ciel de plomb.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 106.
35 (…) le ciel d'azur qui répand sur la baie de Naples sa sérénité lumineuse.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, p. 418.
36 Le ciel est par-dessus le toit
Si bleu, si calme.
Verlaine, Sagesse, III, 6.
37 Dans le ciel très couvert, très épais, il y avait çà et là des déchirures, comme des percées dans un dôme, par où arrivaient de grands rayons couleur d'argent rose.
Loti, Pêcheur d'Islande, I, I, p. 12.
38 Le ciel pleut lourdement sur l'eau feuillue des douves.
Francis Jammes, Élégie seconde, IV.
39 (…) c'était comme le ciel encore empourpré du matin où partout pointe et brille l'or.
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, t. III, p. 168.
40 (…) un ciel pâle et comme lavé — un ciel strié par les vols de martinets.
F. Mauriac, l'Enfant chargé de chaînes, p. 96.
41 (…) les étoiles se détachaient avec éclat sur un ciel d'un bleu de velours sombre.
A. Maurois, les Silences du colonel Bramble, XVII, p. 169.
Espace qui n'est pas masqué par les nuages. || Échappée, trouée de ciel, de ciel bleu, dégagé. Éclaircie, embellie.
Prov. Ciel pommelé et femme fardée ne sont pas de longue durée : la beauté artificielle, chez une femme, est aussi éphémère qu'un ciel pommelé (lequel annonce le plus souvent l'arrivée prochaine du mauvais temps).
Climat. || Le ciel clément de la Touraine.
5 (1844, in D. D. L.). || Bleu ciel, bleu de ciel : bleu clair rappelant la couleur du ciel. Bleu; azuré, azuréen, azurin, cérulé.(1898, in D. D. L.). Absolt. Appos. ou adj. invar. || Cravate de soie ciel. || Des robes ciel.
41.1 Ces fleurs sont d'un rose vraiment céleste, dit Legrandin, je veux dire couleur de ciel rose. Car il y a un rose ciel comme il y a un bleu ciel.
Proust, le Côté de Guermantes, I, 1920, p. 213, in T. L. F.
tableau Désignations de couleurs.
———
IV
1 (Opposé à la Terre). || Le ciel, les cieux : le séjour des dieux. Au-delà, céleste (séjour), là-haut. || Satan fut précipité du haut du ciel. || « Notre père qui êtes aux cieux… » (premiers mots de la prière Notre père). || Le royaume des cieux. || Son âme est allée au ciel. || Monter au ciel. Ascension, assomption. || Préférer les joies de la terre à celles du ciel. || Les saints du ciel. || La reine du ciel. Vierge. || Messager du ciel. Ange; mercure. || Ciel des dieux grecs. Olympe. || Fils du ciel. Chinois.
42 En ces jours-là parut Jean le Baptiste, prêchant dans le désert de Judée et disant « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche ».
Bible (Crampon), Évangile selon saint Matthieu, III, 1-2-3.
43 Celui qui règne dans les cieux, et de qui relèvent tous les empires (…)
Bossuet, Oraison funèbre de la reine d'Angleterre.
44 La déesse Discorde ayant brouillé les dieux,
Et fait un grand procès là-haut pour une pomme,
On la fit déloger des cieux.
La Fontaine, Fables, VI, 20.
45 Moi, qui suis, comme on sait, en terre et dans les cieux,
Le fameux messager du souverain des Dieux.
Molière, Amphitryon, Prologue.
46 « Fils de Saint Louis, montez au ciel », dit le prêtre qui assistait Louis XVI au baptême du sang.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, IV, 9.
47 Entends du haut des cieux le cri de nos besoins.
Lamartine, Méditations, I, 16.
48 Deux êtres que dans l'ombre unit un saint mystère
Passent en s'aimant sur la terre,
Comme deux exilés du ciel !
Hugo, Odes, IV, 2.
Fig. Lieu surnaturel, divin. || « Les beaux arts ouvrent la porte du ciel… » (→ 1. Porte, cit. 27).
2 Séjour des bienheureux, des élus à qui est accordée la vie éternelle. Paradis, patrie (céleste). || Mériter le ciel. || Aspirer à la béatitude du ciel. — ☑ Fig. Être au ciel : être parfaitement heureux.
49 Je prétendais autant qu'aucun autre à gagner le ciel.
Descartes, Discours de la méthode, I, 11.
50 Entre nous, et l'enfer ou le ciel, il n'y a que la vie entre deux, qui est la chose du monde la plus fragile.
Pascal, Pensées, II, 213.
51 (…) un avant-goût de la béatitude du ciel.
Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 376.
3 Par métonymie (en général au sing. : le ciel). La divinité; la providence. || La justice, la clémence du ciel. || Un coup du ciel. || Un présent du ciel. || Les biens du ciel. || C'est une bénédiction du ciel. || Le feu du ciel. Colère, courroux, foudre, vengeance (divine).Bibl. || Nourriture du ciel. Manne. — ☑ Loc. C'est le ciel qui t'envoie.Le ciel m'est témoin; j'en atteste le ciel. — ☑ Menacer le ciel; remercier, bénir le ciel.Rendre grâce, rendre grâces au ciel.
52 J'en rends grâces au ciel, qui m'arrêtant sans cesse
Semblait m'avoir fermé le chemin de la Grèce (…)
Racine, Andromaque, I, 1.
53 Si le ciel t'eût, dit-il, donné par excellence
Autant de jugement que de barbe au menton.
La Fontaine, Fables, III, 5.
54 Ne trouves-tu pas (…) quelque chose du Ciel, quelque effet du destin, dans l'aventure inopinée de notre connaissance ?
Molière, le Malade imaginaire, I, 4.
55 (…) Le sort, les démons, et le Ciel en courroux
N'ont jamais rien produit de si méchant que vous.
Molière, le Misanthrope, IV, 3.
56 Le ciel défend, de vrai, certains contentements (…)
Molière, Tartuffe, IV, 5 (→ Accommodement, cit. 2).
57 C'est un dédommagement que le ciel leur accorde (aux aveugles).
Joseph Joubert, Pensées, V, XVIII (→ Aveugle, cit. 38).
Spécialt (dans l'anc. Chine). Le fils du ciel : l'empereur (→ L'empire céleste).
Interj. || Ciel !, cieux !, marquant la surprise, la crainte, la joie, etc. || Ciel ! || Ô ciel ! || Cieux ! || Ô cieux ! || Juste ciel ou justes cieux !
58 (…) Oh ! juste Ciel, je tremble !
Molière, le Dépit amoureux, III, 3.
58.1 Ciel ! que mon destin est bizarre et cruel.
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. II, p. 21.
tableau Principales interjections.
(Formules de remerciement). || Béni soit le ciel ! || Le ciel soit loué !(Formules de souhait). || Plût au ciel… ! || Fasse le ciel… !(Formule de malédiction). || Que le ciel te confonde !
59 Loué soit le Ciel !
Molière, le Mariage forcé, 10.
60 Plût au Ciel que je fusse capable de (…)
Molière, George Dandin, I, 6.
61 Homme, ou qui que tu sois,
Diable, conclus; ou bien que le ciel te confonde !
Racine, les Plaideurs, III, 3.
Au nom du ciel ! (formule de supplication). || Au nom du ciel, essayez de tenir votre langue !Syn. : je vous en prie, s'il vous plaît, par pitié !
62 Et qui donc, au nom du ciel, s'est jamais avisé que Montherlant avait mis Dieu dans sa poche ?
A. Maurois, les Silences du colonel Bramble, p. 224.
Prov. Aide-toi, le ciel t'aidera (cit. 5 et 22).
CONTR. Terre. — Ici-bas. — Enfer. — Diable.
COMP. Arc-en-ciel.

Encyclopédie Universelle. 2012.