remercier [ r(ə)mɛrsje ] v. tr. <conjug. : 7>
1 ♦ Dire merci, témoigner quelque reconnaissance à (qqn) (cf. Rendre grâce, savoir gré à). Remercier un ami qui a rendu service. Remercie-la de ma part. Remercier Dieu, le ciel. ⇒ bénir, 1. louer. Remercier verbalement, par lettre, par un cadeau. Je ne sais comment vous remercier. ⇒ dédommager. — Par antiphr. Voilà comment il me remercie, l'ingrat ! — REMERCIER DE. Nous vous remercions de votre aimable hospitalité. Il l'a remercié d'être venu. — REMERCIER POUR (surtout choses concrètes). Je vous remercie vivement pour votre cadeau, pour votre envoi.
♢ Spécialt (à la 1re pers.) Refuser poliment. « Voulez-vous que je vous accompagne ? — Je vous remercie » (cf. Non, merci). — Iron. Sortir avec lui ? Je te remercie ! (cf. Merci bien).
2 ♦ (1687) Renvoyer, licencier (un employé). ⇒ chasser, congédier, destituer, renvoyer. Remercier son secrétaire. Il a été remercié.
⊗ CONTR. Engager.
● remercier verbe transitif (ancien français mercier, de merci) Exprimer à quelqu'un de la gratitude, de la reconnaissance pour ce qu'il fait ou a fait : Remercier un ami de son appui. Congédier quelqu'un, le priver de son emploi : Remercier un employé. ● remercier (difficultés) verbe transitif (ancien français mercier, de merci) Construction 1. Remercier de (+ substantif), remercier pour (+ substantif) : je vous remercie de votre gentillesse ; je vous remercie pour vos fleurs. Remarque On emploie plutôt remercier de avec un nom abstrait, remercier pour avec un nom concret. Remercier pour est plus courant, remercier de plus soigné. 2. Remercier de (+ infinitif) : il m'a remercié de m'être déplacé. ● remercier (expressions) verbe transitif (ancien français mercier, de merci) Je vous remercie, décline poliment une offre ou, ironiquement, marque son mécontentement, son irritation. ● remercier (synonymes) verbe transitif (ancien français mercier, de merci) Congédier quelqu'un, le priver de son emploi
Synonymes :
- chasser
- congédier
- donner congé
- limoger
- renvoyer
Contraires :
- engager
remercier
v. tr.
d1./d Exprimer sa gratitude à (qqn), lui dire merci. Remercier qqn de (ou pour) son hospitalité.
|| (Pour exprimer un refus poli.) Servez-vous.
— Je vous remercie, je n'en veux plus.
d2./d Par euph. Congédier. Remercier un de ses employés.
⇒REMERCIER, verbe trans.
A. — 1. Dire merci à quelqu'un, lui exprimer de la gratitude. Remercier qqn à deux genoux, de tout cœur, mille fois; remercier qqn au nom de qqn; je vous remercie infiniment, par avance; remerciez-le de ma part; comment vous remercier? — Tenez, la mère. Voilà pour vous et pour les enfants. — Mon bon monsieur, je vous remercie. Que le ciel vous bénisse! — Ne me remerciez pas, vous devez cet argent au pauvre père Benassis (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 271):
• 1. Le lendemain, nos mères se rencontrèrent. « Remercie Madame de Beauvoir », dit Madame Mabille de sa voix affable, « toute la peine a été pour elle ». Elle essayait de faire entrer mon acte dans le circuit des politesses adultes.
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 121.
— En partic.
♦ [Avec un compl. prép. introd. par de, de + prop. inf./ compl., pour, et précisant la cause] Remercier qqn de sa complaisance, de sa franchise; remercier qqn de l'envoi (d'un colis,...); remercier qqn pour son accueil. Crois-en mon expérience et mon amitié, tu me remercieras plus tard de ce que je fais aujourd'hui (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 47). Je remercie le ciel de m'avoir fait naître dans le meilleur rang et belle (BARRÈS, Cahiers, t. 14, 1923, p. 247).
♦ [Avec un compl. prép. introd. par de, par, avec, et précisant la manière] Remercier qqn avec un baiser, de la main. Elle écrivit encore deux ou trois lignes, pour me demander ma parole d'honneur de ne jamais conter cette aventure à qui que ce fût. Je le promis, elle me remercia par un signe de tête (GENLIS, Chev. cygne, t. 3, 1795, p. 53):
• 2. — Monsieur Mazerelles, rendez-moi un service... Nous avons amené notre cousine Herzeaux, et elle ne connaît personne... Je suis sûre qu'elle n'a pas quitté sa chaise... Par charité... André la remercie du regard: il est ravi de pouvoir lui faire ce plaisir.
MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 157.
— Je te/vous remercie. [Formule de politesse, pour répondre à qqn qui prend des nouvelles, s'enquiert de la santé de qqn] Balbutiant, au hasard, les premières paroles venues: — « Comment se porte Arnoux? » dit Frédéric. « Je vous remercie! » — « Et vos enfants? » — « Ils vont très bien! » (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 75). Et l'oncle Prosper? Il va mieux, je vous remercie, mais il a été bien malade (ROMAINS, Copains, 1913, p. 83).
— [Pour exprimer poliment un refus] Un buveur était à table, et au dessert on lui offrit du raisin. « Je vous remercie, dit-il en repoussant l'assiette; je n'ai pas coutume de prendre mon vin en pilules. » (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 369):
• 3. HOEDERER: (...) Pourquoi n'accrochez-vous pas de gravures aux murs? Ça ferait moins nu. Il y en a au grenier. Slick vous les descendra. (...) JESSICA: Je vous remercie. Je ne tiens pas aux gravures.
SARTRE, Mains sales, 1948, 5e tabl., 3, p. 197.
— P. iron. [Pour marquer du mécontentement, du dédain] Je vous remercie, je n'ai que faire de vos conseils. Un Homme d'État: Dites-lui que nous lui trouverons un poste convenable, où nous le pousserons. — Une sous-préfecture? George: Oh! Je vous remercie (PONSARD, Honn. et arg., 1853, I, 1, p. 4). Dorothy: Non!... Vous êtes aussi horriblement... How do you say that... Horriblement grue! Jimmy: Charmant! Dorothy: Est-ce que c'est le mot correct pour dire ça: grue? Jimmy: Oui, oui, je vous remercie! (BOURDET, Sexe faible, 1931, III, p. 427).
2. Vieilli
a) Remercier qqc. Se féliciter de quelque chose. Synon. bénir. Hélas, pauvre Lucciana, remercie l'entêtement de ton père. Il t'épargne d'être certaine que Silvio refuse de t'épouser (SALACROU, Terre ronde, 1938, I, 4, p. 162).
b) Empl. pronom. Se remercier de + subst./ prop. inf. S'estimer heureux de quelque chose, se savoir gré. Je me remercie moi-même de n'avoir pas désespéré dans les jours du courage. Je me remercie de n'avoir pas renoncé à mes passions (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 638). Je vais bâtir une maison, (...) je vais la faire en bois (...). — C'est une bonne idée. Mais, fais donc un premier mur solidement en pierre jusque vers les deux mètres au-dessus du sol. Tu t'en remercieras (GIONO, Batailles ds mont., 1937, p. 351).
B. — P. antiphr. Répondre par l'ingratitude à quelqu'un qui attend de la reconnaissance. Sa femme le soignait. Il l'en remerciait par des injures (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 30). C'est vrai aussi! Pour une fois que les frisous n'étaient pas trop vaches, comment qu'on les remercie? En leur chiant dans la main. Ils vont se foutre en rogne et ils n'auront pas tort (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 273).
C. — P. euphém. Mettre fin poliment aux services de quelqu'un, aux relations qu'on a avec quelqu'un. Remercier un employé. Du Tillet (...) apprit qu'elle menaçait de remercier son amant s'il lui rognait son luxe (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 81). Rentré fort las d'une longue répétition de L'Ombre au théâtre. (...) Il a fallu remercier une actrice (la cruauté de ce mot:remercier!) (GREEN, Journal, 1956, p. 202).
REM. Remercieur, subst. masc., hapax. Celui qui remercie (supra A 1). Henri: C'est le rêve. Merci, monsieur Vernet. Monsieur Vernet: Ne me remerciez donc pas comme ça! Quel remercieur vous faites! (RENARD, Vernet, 1904, I, 6, p. 208).
Prononc. et Orth.:[], (il) remercie [-si]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moit. XIIIe s. trans. « rendre grâce, exprimer sa gratitude à » (Guillaume de Palerne, 9463 ds T.-L.); 2. 1648-79 se remercier « se féliciter (de) » (Cardinal DE RETZ, Mém., Œuvres, éd. A. Feillet, t. 2, p. 6); 3. 1668 p. antiphr. « mal récompenser, maltraiter » (RACINE, Les Plaideurs, II, 3); 4. 1687 « congédier » (BOSSUET, Oraisons funèbres, Prince de Condé, éd. J. Truchet, p. 402); 5. 1690 (FUR.: Remercier, signifie aussi, Refuser honnêtement quelque chose). Dér. de l'a. fr. mercier « exprimer sa gratitude, remercier » (ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 519), dér. de merci; préf. re-. Fréq. abs. littér.:4 972. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 7 140, b) 12 065; XXe s.: a) 6 516, b) 4 666. Bbg. ANSCOMBRE (J.-Cl.). Délocutivité benvenistienne... Lang. fr. 1979, n ° 42, pp. 75-77. — CORNULIER (B. de). La Not. de dérivation délocutive. R. Ling. rom. 1976, t. 40, p. 119, 130; In: Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 14. 1974. Naples. Napoli; Amsterdam, 1977, t. 4, p. 10. — LYNE (A. A.). A Lexicometric approach to the description of a language variety... Thèse, Sheffield, 1981, pp. 333-334. — QUEM. DDL t. 7 (s.v. remercieur).
remercier [ʀ(ə)mɛʀsje] v. tr.
ÉTYM. V. 1174; de re-, et anc. v. mercier, de merci.
❖
1 Témoigner à (qqn) qu'on apprécie ce qu'il a fait. ⇒ Grâce (rendre grâce), gré (savoir), merci (dire). || Remercier un bienfaiteur, un ami qui a rendu service. || Remercier Dieu, le ciel. ⇒ Bénir, louer (→ Exaucer, cit. 8). — Remercier qqn verbalement, par lettre, par un cadeau…. || Remercier qqn par…, (vx) de… || Elle le remercia d'un copieux (cit. 3) pourboire. || Je ne sais comment vous remercier. ⇒ Dédommager (→ Gratitude, cit. 4). — Nous vous remercions de votre aimable hospitalité (→ Glisser, cit. 38; et aussi effusion, cit. 9; grâce, cit. 6; peine, cit. 18). — (Avec l'inf.). || Je vous remercie d'avoir rappelé que… (→ Possédant, cit. 2). || Il l'a remercié d'être venu.
♦ Remercier qqn pour (surtout, des choses concrètes). || Je vous remercie vivement pour le paquet. || Remercier un écrivain pour un article (→ Froisser, cit. 25). — (1690). Spécialt. (À la première personne). Rendre grâce d'une offre en refusant. || « Voulez-vous que je vous accompagne ? — Je vous remercie. » → Merci (non, merci).
1 En général, j'ai remarqué qu'il fallait remercier les hommes le moins possible, parce que la reconnaissance qu'on leur témoigne les persuade aisément qu'ils en font trop ! J'ai vu plus d'une fois des gens reculer au milieu d'une bonne action, parce que, dans leurs transports, ceux pour qui ils la faisaient leur en exagéraient l'étendue.
B. Constant, Journal intime, 1er avr. 1804.
2 Et cinq centimes qui font trente-trois et deux trente-cinq et quinze cinquante, c'est moi qui vous remercie.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 159.
♦ (1690). Par antiphr. || C'est comme cela que vous me remerciez ? || Les méchancetés dont il le remercia. ⇒ Gratifier.
2 (1687). Renvoyer, licencier (un employé). ⇒ Chasser, congédier, destituer, révoquer, séparer (se). || Remercier son secrétaire. || Elle a été remerciée. — Au p. p. || Les employés remerciés.
❖
CONTR. (Du sens 2) Engager, garder.
DÉR. Remerciement, remercieur.
Encyclopédie Universelle. 2012.