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assurer

assurer [ asyre ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1080 v. pron.; lat. pop. °assecurare, de securus sûr
I(XIIe)
1Vx Mettre (qqn) dans un état de sécurité, de confiance. rassurer. « Et tâchons d'assurer la Reine, qui te craint » (P. Corneille).
2Donner (qqch.) pour réel, vrai, sûr, certain. affirmer, certifier, soutenir. Vx Assurer une chose, la certifier, la garantir. — Mod. ASSURER (à qqn) QUE, lui affirmer, lui garantir que. Il nous a assuré qu'il s'occupera (s'occuperait) de tout. « Un homme du peuple, à force d'assurer qu'il a vu un prodige, se persuade faussement qu'il a vu un prodige » (La Bruyère). Cour. Je leur ai assuré que... Je vous assure, je t'assure que. Absolt Ce n'est pas facile, je t'assure ! « Cela en vaut la peine, je vous assure » (Duhamel).
3 ♦ ASSURER (qqn) QUE..., DE..., lui donner pour sûr. Vx « je puis les assurer que tous leurs discours [...] » (Boileau). Mod. Assurer qqn de qqch., le prier de n'en pas douter. ⇒ attester, certifier, répondre, témoigner. Vous pouvez l'assurer de notre appui. On peut être assuré de sa bonne foi. « Il y a deux vérités dont je puis vous assurer » (Molière). On m'en a assuré.
4(Sujet chose) ASSURER DE : rendre certain; permettre de croire à. Sa conduite passée nous assure de l'avenir. garantir, répondre, témoigner. Cet accueil l'assurait des bonnes dispositions du public. attester, certifier.
II
1Mettre (une chose) en sûreté, à l'abri du danger. défendre, garantir, préserver, protéger. Assurer ses frontières contre les attaques, les incursions de l'ennemi. Loc. Assurer ses arrières .
Rendre sûr; mettre à l'abri des accidents, des risques. La prévoyance assure l'avenir. Assurer sa fortune, son pouvoir. « Cette préparation minutieuse assure la solidité du travail » (R. Rolland). — ASSURER (qqch.) À (qqn). « Sa notoriété dans le monde médical lui assurait une exceptionnelle indépendance » (Martin du Gard). Assurer un avantage, une rente à qqn, lui en garantir l'octroi. Sa situation lui assure de confortables revenus. Assurer des vivres, des munitions à l'armée, faire en sorte qu'ils ne manquent pas.
2(XVIe) Mettre (une chose) dans une position stable, empêcher de bouger. affermir, assujettir, 2. caler, consolider, étayer, fixer, immobiliser. Assurer une poutre, un volet.
Vieilli Rendre plus ferme, plus sûr. Assurer la main d'un écolier en lui faisant faire des pages d'écriture. Par anal. Assurer sa contenance, son maintien. assuré. Mar. Assurer le pavillon, l'arborer en tirant un coup de canon.
3 Faire qu'une chose fonctionne, ne s'arrête pas. Navette qui assure le transfert des passagers. Assurer la marche, le fonctionnement d'un service (cf. Faire marcher). Assurer une garde, une permanence, un service. « Je compte sur vous pour assurer le service de la division » (Duhamel).
4(XVIIe) Garantir par un contrat d'assurance. C'est telle compagnie qui assure cet immeuble contre l'incendie.
Faire garantir par un assureur. Assurer sa voiture contre le vol. Être assuré tous risques.
Par ext. Assurer qqn, garantir ses biens, sa vie, etc.
5(1913) Alpin. Dans une cordée, Garantir la sécurité, empêcher la chute de (un alpiniste). Alpiniste arrêté à un point de relais qui assure son camarade. Absolt On assure mieux assis que debout.
6Par ext. Absolt, fam. Être à la hauteur; être très bon. Elle assure, en planche à voile !
S'occuper efficacement de qqch. « Ne t'inquiète pas, il n'y a pas de problème, j'assure » (Le Méridional, 1985).
III ♦ S'ASSURER. A(1080 « être persuadé, tranquille »)
1Devenir sûr (de, que). contrôler, vérifier, voir. Assurez-vous de l'exactitude de cette nouvelle. Je vais m'en assurer. Assurez-vous si la porte est bien fermée. Assurez-vous que vous n'oubliez rien à bord. « D'un coup d'œil, elle s'était assurée que rien ne manquait plus » (Zola).
Vx S'assurer dans, en, sur... : mettre sa confiance dans, en... ⇒ se reposer. « Ne vous assurez point sur ce cœur inconstant » (Racine).
2 ♦ S'ASSURER CONTRE : se mettre en sûreté, prendre ses dispositions. ⇒ se défendre, se garantir, se garder, se prémunir, se protéger. S'assurer contre les incursions de l'ennemi, contre un coup de force.
Spécialt Contracter une assurance. S'assurer contre les accidents, l'incendie. Absolt Elle a dû s'assurer.
3Prendre une position ferme, solide, stable. s'affermir. S'assurer sur sa selle, en selle.
B ♦ S'ASSURER (qqch.),faire en sorte d'en avoir et d'en garder l'usage, la possession ou la maîtrise. S'assurer les vivres pour un mois. se procurer, se pourvoir. « Je m'assure un port dans la tempête » (Racine). se ménager. (Abstrait) S'assurer la protection, la faveur de qqn. gagner. « Une femme qui se soit assuré, par son travail, le droit de penser ce qui lui plaît » (Martin du Gard). — S'ASSURER DE (qqch., qqn). S'assurer d'une place ( réserver , retenir) , d'une somme d'argent.
♢ S'ASSURER DE (qqn), vx se ménager son appui, son alliance; littér. garder un contrôle sur (qqn); s'en emparer ou le surveiller. Allez « Soit qu'il résiste ou non, vous assurer de lui » (P. Corneille).
⊗ CONTR. Contester, démentir, nier; compromettre, exposer, risquer; ébranler. Perdre.

assurer verbe transitif (bas latin assecurare, rendre sûr, du latin classique securus, sûr) Rendre stable, solide quelque chose, le maintenir dans une position fixe : Assurer le chargement d'une voiture avec des cordages. Rendre plus ferme, plus sûr un mouvement, un geste, une action, etc., de quelqu'un : Tousser pour assurer sa voix. Établir quelque chose de façon sûre, exempte de risques : Un traité visant à assurer la paix. Procurer à quelqu'un quelque chose de sûr, lui en garantir le bénéfice : Ses revenus lui assurent une totale indépendance. Exercer une activité avec régularité, faire en sorte qu'un service, un fonctionnement ne s'interrompe pas : Assurer le ramassage scolaire. Mettre quelque chose à l'abri du danger, des risques éventuels : Assurer ses arrières. Faire garantir un bien, une personne par un contrat d'assurance ; couvrir quelqu'un, quelque chose en tant qu'assureur : Assurer sa maison contre l'incendie. Affirmer à quelqu'un que ; donner pour vrai que : Je vous assure qu'il s'agit d'une erreur. Persuader quelqu'un de ne pas douter de quelque chose ; être le garant, la confirmation de quelque chose : Sa compétence nous assure de la réussite. Sports Rendre sûr l'ascension ou la descente en utilisant la corde qui permet de bloquer une chute. ● assurer (difficultés) verbe transitif (bas latin assecurare, rendre sûr, du latin classique securus, sûr) Construction 1. Assurer à qqn que (+ indicatif) = affirmer, certifier, garantir. Je vous assure que je viendrai. 2. Assurer qqn de qqch = l'engager à le croire, à s'y fier. Je vous assure, cher Monsieur, de mon entier dévouement. ● assurer (expressions) verbe transitif (bas latin assecurare, rendre sûr, du latin classique securus, sûr) Je t'assure, je vous assure, sert à appuyer une affirmation. Assurer un bout, amarrer un cordage. ● assurer (synonymes) verbe transitif (bas latin assecurare, rendre sûr, du latin classique securus, sûr) Rendre stable, solide quelque chose, le maintenir dans une position fixe
Synonymes :
- étayer
Procurer à quelqu'un quelque chose de sÛr, lui en garantir le...
Synonymes :
- pourvoir à
Mettre quelque chose à l'abri du danger, des risques éventuels
Synonymes :
- préserver
- protéger
Contraires :
Affirmer à quelqu'un que ; donner pour vrai que
Synonymes :
Contraires :
Persuader quelqu'un de ne pas douter de quelque chose ; être le...
Synonymes :
- répondre de
- témoigner de
Contraires :
- démentir
assurer verbe intransitif Populaire Être à la hauteur de la situation. Être compétent dans tel ou tel domaine : Philippe n'assure pas en maths.

assurer
v.
rI./r v. tr.
d1./d Donner pour certain. Je vous assure que...
|| Garantir, autoriser à croire. Son effort nous assure de sa réussite.
d2./d Protéger par un dispositif de sûreté. Assurer ses frontières.
|| Rendre sûr, garantir. Ce traité assure la paix.
d3./d Rendre stable, ou, fig., résolu. Assurer un mur. Assurer sa contenance.
|| ALPIN Donner une position, une prise sûre à. Assurer son pied, sa main.
Garantir la sécurité de. Assurer un camarade de cordée.
d4./d Garantir le fonctionnement, la réalisation de. Les ailes assurent la sustentation. L'interne assure la garde.
d5./d Garantir un droit. Assurer une hypothèque.
|| Garantir ou faire garantir d'un risque par contrat. Assurer un véhicule.
|| Assurer une personne, la garantir contre tel ou tel risque.
rII./r v. Pron.
d1./d Vérifier, contrôler. Assurez-vous que la porte est fermée. Assure-toi de sa bonne volonté.
d2./d Affermir sa position. S'assurer en selle.
d3./d S'assurer contre: prendre des mesures de défense contre.
|| Contracter une assurance couvrant tel ou tel risque. S'assurer contre l'incendie.
d4./d S'assurer de qqn, utiliser les moyens nécessaires pour le contraindre à agir, à obtempérer, partic., l'emprisonner.
|| S'assurer de qqch, utiliser les moyens nécessaires pour s'en rendre maître.
rIII/r v. intr. Fam. S'assumer avec brio. Elle n'a plus vingt ans, mais elle assure.

⇒ASSURER, verbe trans.
I.— [Avec une idée de protection ou de garantie contre une faiblesse, un accident, etc. pouvant survenir à l'obj.]
A.— [Le compl. désigne gén. un inanimé concr. ou abstr.; p. ext. un nom d'animal]
1. Assurer qqc. Rendre ferme, solide. Assurer une muraille (Ac. 1798-1932), assurer la main (BÉL. 1957) :
1. Depuis quelques minutes, elle suivait la civière, avec le désir brouillon d'être utile, mais aussi avec une tendresse délicate et précise de gestes, une façon de caler les épaules chaque fois que les porteurs, dans une descente très raide, devaient assurer leurs pieds, où Magnin reconnaissait l'éternelle maternité.
MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 833.
Au fig. ,,Accoutumer à ne point trembler`` (Ac. 1835, 1878). Assurer sa voix, sa contenance (Ac. 1798-1932) :
2. — Malvina, fit-il en assurant sa voix d'une petite toux, te souviens-tu de Célestine, la fille au père Dumouchet?
BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, p. 1437.
2. Vx, littér. [L'obj. désigne une pers.] Affermir le courage de quelqu'un, le rassurer :
3. Il y a eu une espèce de panique vers les cinq heures. On a fabriqué une note pour assurer les gens.
VALÉRY, Correspondance [avec Gide], 1912, p. 431.
3. Emplois techn.
a) ALPINISME. ,,Pour un alpiniste (...) maintenir la corde qui le relie à son compagnon avec la ferme résolution d'empêcher celui-ci de tomber`` (GAUTRAT 1970) :
4. Rien ne vaut la manœuvre de l'encordement nocturne pour couler dans les reins du novice, en même temps que l'étreinte du nœud, l'angoisse de la chute dans le vide et du contre-choc d'arrachement sur l'homme qui « assure », de la corde qui peut casser, comme en 65 celle du vieux Taugwalder.
PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 210.
b) ART MILIT. Assurer ses arrières. Placer un dispositif de sécurité sur les arrières d'une troupe en campagne.
P. ext. et fig. Prendre des dispositions pour se prémunir contre un danger éventuel.
P. iron. :
5. Donc, en cas de défaite, Morlot, Laboriette et Chazal, si j'ose dire, assuraient mes derrières. Cette garantie n'était pas superflue et me devenait de jour en jour plus nécessaire.
A. FRANCE, La Vie en fleur, 1922, p. 361.
c) ÉQUIT. Assurer un cheval. ,,Lui faire prendre une position franche et l'habituer à exécuter avec régularité et précision tous les mouvements et les arrêts`` (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.). Assurer la bouche d'un cheval. ,,Accoutumer un cheval à souffrir le mors`` (Ac. 1835-1932).
d) FAUCONN. Assurer un oiseau. ,,L'apprivoiser de manière qu'il ne s'effraie de rien`` (BAUDR. Chasses 1834).
e) MAR. ,,Rendre inamovible une pièce non solidaire d'une autre et mobile`` (BARBER. 1969). ,,Amarrer solidement`` (LE CLÈRE 1960). Assurer son pavillon. ,,Tirer un coup de canon en arborant le pavillon national`` (GRUSS 1952). Synon. affirmer (LE CLÈRE 1960).
f) TECHNOL. Assurer le gain. ,,Terme de Corroyeur; donner la dernière face au cuir, avant de lui donner le dernier lustre`` (GATTEL 1841).
g) VÉN. Assurer les grands devants. Se poster sur la voie, en avant de l'endroit où le défaut a eu lieu :
6. Il le vit s'engager dans la rue du Chemin-Vert-Saint-Antoine; il songea au cul-de-sac Genrot disposé là comme une trappe et à l'issue unique de la rue Droit-Mur sur la petite rue Picpus. Il assura les grands devants, comme parlent les chasseurs; il envoya en hâte par un détour un de ses agents garder cette issue.
HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 569.
B.— [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou un bien; avec souvent un obj. second. prép. contre]
1. DROIT
a) [Le suj. désigne, soit l'assureur, soit le bénéficiaire de la garantie] Garantir par un contrat contre un péril ou un risque. Assurer le capitaine et l'équipage d'un bâtiment (Ac. 1835, 1878), assurer la cargaison d'un navire (Ac. 1932); assurer sa personne, ses maisons, son mobilier contre l'incendie (Ac. 1932) :
7. — Tu trembles, je crois. — Ah! Monsieur... Six maisons!... Toutes en flammes... On craint déjà pour le quartier neuf... Et ma mère qui ne demeure pas bien loin! — Et tu ne sais donc pas que, outre les secours qui abondent toujours, ces maisons sont toutes assurées? — Oui, Monsieur, mais ma mère ne possède que son mobilier.
TOEPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, p. 275.
Emploi abs. :
8. ... le gouvernement est une compagnie, non pas précisément d'assurance, car il n'assure pas, mais de vengeance et de répression.
PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété? 1840, p. 161.
Spéc., vx. Assurer un jeune homme contre les chances de recrutement. ,,S'engager, moyennant une somme payée d'avance, à lui fournir un remplaçant s'il se trouve compris dans le contingent`` (BESCH. 1845) :
9. ... on m'assurera pour un billet de mille ou quinze cents contre la conscription.
J. VALLÈS, Jacques Vingtras, Le Bachelier, [1881], éd. Français Réunis, 1955, p. 183.
b) Garantir contre tout risque le remboursement d'une somme :
10. ... et si je mourais dans le travail auquel je suis condamné, vos trois créances sont assurées par l'assurance de ma vie.
BALZAC, Correspondance, 1836, p. 190.
c) Assurer contre (un péril quelconque). Garantir contre :
11. Ce double prolongement, par lequel la personne pose son essence hors de son être purement individuel, l'assure aussi contre la fragilité de son individu.
J. VUILLEMIN, Essai sur la signif. de la mort, 1949, p. 207.
2. Domaine financier. Assurer à qqn une somme d'argent, une rente. S'engager à la verser à quelqu'un :
12. Du reste, Fasquelle se serait conduit en prince, il lui donnerait par an 36.000 francs, plus 20.000 pris sur les bénéfices; si Charpentier mourait, il assurerait 20.000 à sa femme, et au décès du mari et de la femme, il ferait une pension de 4.000 francs à chacune des filles.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1896, p. 922.
P. ext. S'assurer qqc. Faire le nécessaire pour obtenir pour soi-même un avantage.
Rare, vx. [L'obj. désigne un inanimé concr.] :
13. Une chèvre sauvage avait bondi par-dessus la première entrée de la grotte et broutait à quelques pas de là. C'était une belle occasion de s'assurer son dîner, mais Dantès eut peur que la détonation du fusil n'attirât quelqu'un.
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 294.
Usuel. [L'obj. désigne un inanimé abstr.] S'assurer l'avantage du nombre, le concours, la collaboration de qqn :
14. Ne serait-ce pas tout pour l'Angleterre que de s'assurer, de son côté, la souveraineté des mers, l'universalité du commerce...
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 187.
15. ... pour la valeur d'une faible concession, il s'était assuré le vote des Beauchemin et de toute une phalange qui ne jurait que par eux. De nouveau il serait maire aux prochaines élections.
G. GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, p. 18.
3. Au fig. Faire le nécessaire pour rendre aussi certaine que possible la réussite d'une opération généralement de quelque durée. Assurer l'élection, la sécurité de qqn, une permanence :
16. Le refroidissement est assuré par du sodium fondu au sein d'un réacteur à uranium enrichi...
GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, 1962, p. 94.
P. anal. Assurer le bonheur de qqn.
ADMIN. Faire fonctionner avec le maximum de garantie un service public. Assurer un service :
17. ... la commune crée, en liaison avec le département, des services de ramassage scolaire. Elle assure des garderies, des séjours de vacances, des fournitures scolaires, etc.
G. BELORGEY, Le Gouvernement et l'admin. de la France, 1967, p. 266.
II.— [Avec une idée de garantie, de vérité ou de certitude communiquée par un acte, une parole]
A.— [L'obj. dir. désigne la pers. qui reçoit la garantie de certitude]
1. Assurer qqn de qqc. Le rendre certain de quelque chose, lui communiquer la certitude que quelque chose existe.
a) [Le suj. désigne une chose] Fournir la preuve de quelque chose :
18. Son succès lui donnait de la joie sans doute, puisqu'il l'assurait de son talent. Mais malade comme il était, il boudait tous ses plaisirs.
GUÉHENNO, Jean-Jacques, En marge des « Confessions », t. 1, 1948, p. 310.
b) [Le suj. désigne une pers. individuelle ou coll.] Communiquer à quelqu'un la conviction de quelque chose, lui donner des raisons de croire à quelque chose :
19. La Société des Nations, à peine créée, avait choisi pour lieu de sa première assemblée le salon de l'Horloge, et c'est de là qu'elle avait assuré l'humanité d'une ère de bonheur.
DRUON, Les Grandes familles, t. 1, 1948, p. 24.
[Avec un sens affaibli dans les formules de politesse] Assurer qqn de son respect. Lui faire partager la conviction qu'on le respecte :
20. Le 25, le clergé lui envoyait une délégation pour l'assurer de son respect et de son dévouement...
BILLY, Introïbo, 1939, p. 114.
Rem. Dans l'ex. suiv., assurer qqn de qqc. a le sens très rare (pop.?) de « donner à qqn des garanties au sujet de qqc. ».
21. Alors comme ça, bien ravi, en plus de son offre précédente... on lui demandait rien! ... Il nous assure de deux cents sacs! rubis sur l'ongle!
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 514.
2. Vieilli. Assurer qqn que ... :
22. J'ai tendrement embrassé mon mari, en l'assurant qu'il ne me reprocheroit pas deux fois un tort qui l'afflige.
Mme COTTIN, Claire d'Albe, 1799, p. 97.
23. Le vulgaire aussi se figure que la rosée tombe du ciel et croit à peine le savant qui l'assure qu'elle sort des plantes.
RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 20.
B.— [L'obj. désigne ce sur quoi est donné la garantie de certitude] Affirmer avec certitude ou conviction.
1. [L'obj. est le mot chose, ou un pronom neutre] C'est une chose que je peux assurer :
24. Tout cela est affirmé sans défaillance par Robinet : « Persuadé, écrit-il (loc. cit., p. 17), que les fossiles vivent, sinon d'une vie extérieure, parce qu'ils manquent peut-être de membres et de sens, ce que je n'oserais pourtant assurer, au moins d'une vie interne, enveloppée, mais très réelle en son espèce... »
BACHELARD, La Poétique de l'espace, 1957, p. 112.
2. [L'obj. est ou contient un verbe]
a) [Le suj. de ce verbe est le même que celui du verbe assurer] Assurer + inf. :
25. ... il assurait n'avoir pas eu froid, et, par un effort de sa volonté, il arrivait réellement à ne plus sentir le froid.
G. SAND, Histoire de ma vie, t. 1, 1855, p. 79.
[Avec un obj. second. prép. à désignant la pers. destinataire de la déclaration de certitude] :
26. Une observation bien importante que je fais depuis quelques jours, c'est que l'on voit bien peu d'uniformes aux promenades publiques. Cela fait qu'on reconnaît plus aisément ceux qui les portent; et je puis vous assurer y avoir distingué des hommes attachés à l'ancienne police.
MARAT, Les Pamphlets, Relation fidèle des malheureuses affaires de Nancy, 1790, p. 252.
b) [Le suj. de ce verbe est différent de celui du verbe assurer] Assurer que :
27. En tout cas, les indications de Nottebohm ne semblent pas exactes, quand il estime que seuls les deux premiers morceaux, le Kyrie et le Gloria furent écrits en 1819. Et elles sont certainement fausses, quand il assure que le Credo n'a été écrit qu'en 1820.
R. ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1928, p. 217.
Rem. Sans obj. second. assurer que est fréq. si le suj. est on. On assure que « il y a des gens qui prétendent pouvoir certifier que... » :
28. On assure que le président a des millions, quel mal y aurait-il à ce qu'il mît sa filleule dans son testament?
ZOLA, La Bête humaine, 1890, p. 15.
[Avec un obj. second. prép. à] :
29. Je resterai toujours fier, Monsieur, de cette circonstance. Veuillez le dire à vos dignes magistrats. Assurez-leur que ma gratitude ne finira qu'avec ma vie.
MICHELET, Journal, 1854, p. 748.
30. Je le mis au courant de nos intentions et lui assurai que d'ici fort peu de temps l'action contre l'adversaire serait menée par tous les alliés.
JOFFRE, Mémoires, t. 1, 1931, p. 288.
c) Rare. Assurer + prop. interr. indir. :
31. À sa démarche, au ton de sa voix, on eût pu assurer quel ouvrage elle était en train de lire.
DRUON, Les Grandes familles, t. 2, 1948, p. 142.
3. Dans le discours dir. de la conversation fam. [Avec ell. du compl. d'obj., en constr. de prop. incise] Je t'assure, je vous assure.
a) [Pour mettre en relief l'affirmation] :
32. J'avais un manège de chevaux de bois pour enfants, des vrais chevaux de bois qui me venaient de mon père, c'était pas riche, je vous assure. Je suis parti de pas grand chose, c'est certain...
QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, p. 46.
b) [Pour marquer la supplication] :
33. Mais, lorsque Clarisse, disparue de nouveau, revint un doigt sur les lèvres, elle le supplia de patienter encore. — Je vous assure, Monsieur, soyez raisonnable, autrement vous perdrez le plus beau...
ZOLA, L'Argent, 1891, p. 226.
Rem. Dans l'ex. 33, je vous assure porte sur la phrase entière, et a le même sens que dans l'ex. 32; mais au voisinage de l'impér. soyez raisonnable, il se dégage un effet de sens de supplication que lui communique cet impératif.
4. [En constr. de prop. incise pour présenter le discours dir.] :
34. — J'ai toujours été malheureuse, assura-t-elle avec une conviction profonde. Je savais qu'il ne m'aimait pas.
DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoise, 1939, p. 100.
Rem. À cause de la règle d'accord du part. passé (faut-il écrire : Il nous a assurés ou assuré qu'il viendrait?) certains grammairiens ont cherché à distinguer les deux constr. par le sens. Dans la 1re constr., où nous est obj. dir. (cf. il les a assurés que...), le sens serait « il nous a engagés à croire que... »; dans la seconde, où nous est obj. indir. (cf. il leur a assuré), le sens serait « il nous a affirmé que... » (cf. THOMAS 1956). La situation réelle semble être la suiv. : 1) Dans l'usage vivant, assurer qqc. est de plus en plus un simple intensif de dire que, dont il emprunte de ce fait la constr. (dire à qqn que). 2) Cet emploi est princ. un fait de discours dir. de la lang. parlée, dans lequel les pers. qui l'emportent sont les deux 1res du sing. et du plur. (il m'a, t'a, nous a, vous a assuré), lesquelles, à la différence de la 3e (le, lui; les, leur) ne distinguent pas les formes de l'obj. dir. et de l'obj. indir. 3) Cette circonstance a pu favoriser dans la lang. parlée l'effacement relatif de la 1re constr. (assurer qqn que...) au profit de la seconde (assurer à qqn que...). 4) D'où dans la lang. écrite la tendance à l'invariabilité du part. passé (cf. Ibid.), bien que l'accord soit toujours considéré comme possible si la forme du compl. d'obj. permet de l'interpréter comme un obj. dir. 5) La lang. des écrivains semble continuer à jouer de la nuance de sens signalée supra, comme l'attestent ces deux phrases rencontrées chez le même auteur (dans l'ex. 36, il s'agit de dissiper un souci, dans l'ex. 35 il s'agit d'une simple communication) :
35. J'avais qu'à exciter Robinson sur le midi en lui assurant qu'il n'y avait pas climat meilleur pour les blessures de ses yeux, qu'il serait là-bas on ne peut mieux et qu'en somme il avait bien de la veine de s'en tirer à si bon compte.
CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 423.
36. Robinson n'osait pas me demander s'il était cher ce café que j'avais choisi mais je lui épargnai tout de suite ce souci en l'assurant que tous les prix étaient affichés et tous fort raisonnables.
CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932 p. 491.
III.— Emploi pronom.
A.— Emploi réfl.
1. Vieilli. [Le suj. désigne un être concr. ou une entité abstr.] S'affermir :
37. ... le tsarisme, contrarié par bien des résistances intérieures et préoccupé sans doute de s'assurer au dedans, ne pourrait pas déployer en Europe l'action extérieure qu'il déploya il y a un demi-siècle.
JAURÈS, Ét. socialistes, 1901, p. 38.
38. Difficile de savoir si le pied n'allait pas brusquement s'assurer dans le vide. À chaque pas, Saint-Jean disait à voix basse en lui-même : « Oui, oui, oui » pour se pousser d'aplomb. Plus sûr encore de ce oui que de la solidité du grès sous ses pieds...
GIONO, Batailles dans la montagne, 1937, p. 278.
Au fig., vx. S'assurer. Se rassurer.
Vx, rare. S'assurer en (dans) qqn. Mettre sa confiance en quelqu'un :
39. Là s'agitent des hommes simples qui croient en Dieu et s'assurent en l'intercession de Notre-Dame.
A. FRANCE, La Vie littér., t. 2, 1890, p. 266.
2. Se garantir par un contrat d'assurance :
40. Personnes pouvant s'assurer : Pourront s'assurer volontairement pour les risques maladie et maternité, les personnes...
La Réforme de la Sécurité soc., 1968, p. 19.
Rare (anal. de se préserver, se protéger de qqc.). S'assurer de qqc. Se prémunir contre quelque chose :
41. Pour s'assurer d'une impraticabilité possible des terrains, ces matches [de basket-ball] se dérouleront en salle.
L'Œuvre, 1941.
B.— Emploi passif
1. Être affermi :
42. Je me demandais comment s'était en moi tant assurée cette volonté de ne pas avoir de tristesse personnelle et si elle était vraiment tant assurée.
GIDE, Journal, 1895-96, p. 64.
2. Être garanti :
43. C'est dommage qu'il leur soit permis de mettre la main sur les garanties où s'assurent la vie, l'honneur, la liberté des citoyens. C'est dommage qu'un ministre de la guerre ose protéger contre les lois un homme accusé d'espionnage.
CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, p. 111.
C.— Emploi subjectif.
1. [Le compl. prép. de désigne une pers.] Faire le nécessaire pour réussir la mainmise sur quelqu'un. S'assurer de la personne de qqn. Arrêter, faire arrêter quelqu'un :
44. — Assurez-vous de cet homme! Il a levé le poignard sur moi. Je lui ai pris le bras au moment où il allait me frapper. C'est un assassin.
HUGO, Marie Tudor, 1833, 5, p. 107.
45. HENRI. — (...) Monsieur le capitaine de mes gardes, assurez-vous de la personne de la reine, et conduisez-la devant la chambre haute.
A. DUMAS Père, Catherine Howard, 1834, IV, p. 290.
Au fig. Faire le nécessaire pour gagner les bonnes grâces de quelqu'un :
46. Le plan que je vais rappeler à l'excellent M. Seignobos est de s'assurer de Ferry, à qui la proposition sera faite. Et si les choses doivent s'arranger, je vous demanderai (...) de tenter que l'augmentation coure effectivement de la fin de l'été, au lieu d'attendre novembre comme l'an dernier.
MALLARMÉ, Correspondance, 1879, p. 192.
2. [Le compl. désigne une chose abstr.]
a) Faire le nécessaire pour obtenir une garantie de fait. S'assurer du silence de qqn :
47. Ils ne vont tuer un ennemi qu'après s'être assurés de l'impunité; ils ne séduisent une fille qu'après s'être informés de sa dot.
ABOUT, La Grèce contemp., 1854, p. 49.
b) Faire le nécessaire pour connaître avec certitude quelque chose, vérifier.
S'assurer de qqc. S'assurer de la vérité d'une description :
48. LA BONNE. — J'ai dit que Madame dormait...
ELLE. — Et alors?
LA BONNE. — Monsieur a dit qu'il fallait m'en assurer. Eh bien, je m'en assure... je vois que Madame dort profondément, je vais le dire à Monsieur...
S. GUITRY, Le Veilleur de nuit, 1911, 1, p. 4.
49. ... c'étaient les lanternes-phrases d'une auto — celle d'Enver Bey, apprîmes-nous le lendemain, qui va de ville en ville s'assurer des forces dont dispose encore la Turquie.
GIDE, Journal, La Marche turque, 1914, p. 410.
S'assurer que ... :
50. ... le fou, le rêveur ou le sujet de la perception doivent être crus sur parole et l'on doit seulement s'assurer que leur langage exprime bien ce qu'ils vivent...
MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, p. 335.
Rare. S'assurer + prop. interr. indir. S'assurer si... :
51. ... et comme il aura occasion, dans la suite de son voyage, de relâcher à la Chine, et peut-être de toucher au Japon, il s'assurera quelle espèce de peau a, dans ces deux empires, un débit plus facile, plus sûr et plus lucratif, et quel bénéfice la France pourrait se promettre de cette nouvelle branche de commerce.
Voyage de La Pérouse, t. 1, 1797, p. 36.
Rem. Pour les constr. trans. où le réfl. affecte l'obj. second, cf. supra (s'assurer qqc.).
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], j'assure []. 2. Forme graph. — FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 1 1787 rappellent : ,,on écrivait autrefois asseurer``. LITTRÉ note à ce sujet : ,,L'Académie écrit sûr et sûreté avec un accent circonflexe, avec raison, si l'on suit l'étymologie, puisque sûr est pour l'ancien français seür; mais alors il faudrait écrire, pour faciliter l'orthographe, en n'introduisant pas des séries discordantes sans raison, assurer et ses annexes avec un accent circonflexe; car assurer est aussi pour asseürer.`` Cf. aussi BUBEN 1935, pp. 37-38, § 23.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. a) Ca 1100 pronom. « se mettre en sûreté, se ménager » (Roland, éd. Bédier, 1321 : Li quens Rollant mie ne s'asoüret, Fiert de l'espiet tant cume hanste li duret) — av. 1621 (E. PASQUIER, Recherches, V, 6 ds HUG.); b) ca 1175 trans. asëurer de « mettre en sécurité, protéger (de qqc.) » (CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. Foerster, 5576 ds T.-L. : asëuré... sont del lion Qui est dedanz la chambre anclos) — fin XVIIe s. (Cardinal de Retz, Mémoires ds Dict. hist. Ac. fr.); c) fin XIIe s. « mettre en sécurité, rassurer » (Chanson d'Antioche, éd. P. Paris, 410 ds LITTRÉ : Là seront nostre gent par matin assaillie; Trop ert assegurée, çou estoit grans folie); d) 1559-67 « mettre en état de stabilité, fixer, consolider » (AMYOT, Trad. de Plutarque, Cicéron ds Dict. hist. Ac. fr. : Caesar commanda qu'elles fussent redressées [les statues] comme elles le furent. Car Cicéron dit alors que Caesar par ceste humanité d'avoir fait redresser les statues de Pompéius avoit asseuré les sienes); e) 1690 « garantir par un contrat d'assurance (d'abord dans la mar. marchande) » (FUR.); 2. a) 1165-70 pronom. « se rassurer sur » (B. DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, v. 1867 : En grant dotence m'avez mise : Ne puet mais estre en nule guise Que jo m'en puisse aseürer, Tant que vos veie retorner); b) ca 1175 trans. asëurer de « rendre (qqn) sûr de (qqc.), s'efforcer de convaincre (qqn) de » (CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. Foerster, 4270 ds T.-L. : il ne les ose Asëurer de nule chose); c) ca 1180 trans. indir. assëurer « affirmer, promettre, garantir » (M. DE FRANCE, Lais, Eliduc, 324, 2e éd. Warnke ds T.-L. : il li assëura Que bone fei li portereit).
Empr. au b. lat. assecurare (FEW t. 1, p. 158a; EWFS2; REW3, 720) attesté en lat. médiév. dep. ca 1000 au sens de « mettre en sécurité, protéger » (HUGO, abb. Farfensis, Opusc. hist. p. 76, 18, ds Mittellat. W. s.v., 1051, 63), dep. le XIIe s. au sens de « promettre » (TEULET, Layettes, I no. 86, p. 56, col. 1 ds NIERM. t. 1, p. 64); à noter aussi au début du XIIIe s. l'emploi au sens de « s'engager à indemniser, indemniser » à rapprocher de 1 e (DE FREMERY, OB. Holland, suppl., no. 52, ibid.).
STAT. — Fréq. abs. littér. : Assurer. 7 711. Assurant. 322. Fréq. rel. littér. : Assurer. XIXe s. : a) 11 536, b) 8 462; XXe s. : a) 9 555, b) 12 669. Assurant. XIXe s. : a) 513, b) 460; XXe s. : a) 381, b) 455.
BBG. — BARBER. 1969. — BAUDR. Chasses 1834. — BRUANT 1901. — DARM. Vie 1932, p. 145. — DUPIN-LAB. 1846. — GAUTRAT 1970. — GIR. t. 2 Rem. 1834, pp. 28-29. — Gramm. t. 1 1789. — GRUSS 1952. — JAL 1848. — KUHN 1931, p. 201. — LE CLÈRE 1960. — NOTER-LÉC. 1912. — PIERREH. 1926. — PIERREH. Suppl. 1926. — REMIG. 1963. — WEY (F.). S'assurer comment. Rem. sur la lang. fr. Paris, 1845, t. 1, p. 387. — WILL. 1831.

assurer [asyʀe] v. tr.
ÉTYM. V. 1175, assëurer; s'assouret, v. 1100; du bas lat. assecurare « mettre en sécurité, protéger », de securus. → Sûr.
———
I Rendre sûr.
1 Vx. (ou par archaïsme). Mettre (qqn) dans un état de sécurité, de confiance, exempt d'inquiétude. Tranquilliser.REM. Dans ce sens correspondant aux sens 1 et 2 de assurance, assurer a été remplacé par son composé. → Rassurer.
1 Et tâchons d'assurer la Reine, qui te craint.
Corneille, Nicomède, IV, 3.
Fauconn. || Assurer un oiseau. Assurance, 1.
2 Vx ou techn. Mettre (une chose) dans une position stable, rendre solide, empêcher de bouger. Affermir, arrêter, assujettir, caler, consolider, étayer, fixer, immobiliser. || Assurer une poutre, un volet, une persienne, une muraille.
2 Il dit allégoriquement qu'il est bon dans une tempête d'avoir deux ancres pour assurer un vaisseau.
Racine, Remarques sur Pindare.
3 Si l'on n'assure le fondement, on ne peut assurer l'édifice (…)
Pascal, l'Art de persuader.
Vieilli ou littér. Rendre plus ferme, plus sûr. || Assurer son corps quand on est à cheval (Académie). || Tenir un enfant par la main pour assurer ses pas. || Assurer la main d'un écolier en lui faisant faire des pages d'écriture. Par anal. || Assurer sa contenance, son maintien, son regard, sa voix. Assuré.
(1780, Saussure, in Petiot). Alpin. Donner à (la main, au pied) une prise solide. || Assurer son pied. Dans une cordée, garantir la sécurité, empêcher la chute de (un alpiniste). || Alpiniste arrêté à un point de relais qui assure son camarade ( Assurage, assurance, 6.).
3.1 L'Américain, remarquable grimpeur, montait aisément, assuré par le porteur; c'était réellement une cordée homogène où chacun était à sa place et savait ce que les autres attendaient de lui.
R. Frison-Roche, Premier de cordée, p. 43, (1941).
3.2 Pendant six heures qui lui parurent des minutes tant la tension de tout son être était forte, Servettaz assura la cordée.
R. Frison-Roche, Premier de cordée, p. 19.
Absolt. || Il est chargé d'assurer ( Assureur, 4.). || On assure mieux assis que debout.
(1913, in Petiot). Par ext. Attacher, fixer (la corde) pour assurer qqn.
3.3 D'un bond, Fernand chevauche l'arête et s'élève de quelques mètres pour assurer sa corde autour d'un petit bec rocheux (…)
R. Frison-Roche, Premier de cordée, p. 259.
3.4 Prenant son temps, il enfonça solidement son piolet jusqu'à la garde dans la neige, et assura la corde derrière le manche de frêne (…)
R. Frison-Roche, Premier de cordée, p. 19.
Mar. Amarrer solidement.Assurer son pavillon, l'arborer en tirant un coup de canon.
Techn. || Assurer un cheval, « lui faire prendre une position franche, et l'habituer à exécuter avec régularité et précision tous les mouvements et les arrêts » (Nouveau Larousse illustré).
3 Mettre (une chose) en sûreté, à l'abri du danger. Défendre, garantir, préserver, protéger. || Assurer ses frontières contre les attaques, les incursions de l'ennemi.Assurer ses arrières, ou (vx), ses derrières.
4 Il (Alexandre) ne partit qu'après avoir assuré la Macédoine contre les peuples barbares qui en étaient voisins. (Il) ne s'occupe qu'à affermir et à régler ses conquêtes.
Montesquieu, l'Esprit des lois, X, 14.
4 Rendre (qqch.) certain, donner à (qqch.) un caractère durable. Affermir, garantir. || Assurer sa fortune, son pouvoir. || Assurer à qqn la possession d'un bien. || Assurer le bonheur, le repos, le salut, la tranquillité de qqn. || Assurer la paix, la liberté, l'indépendance, le succès, la victoire…
4.1 Je les ai lues (ces poésies) pour assurer mon impression. Les ai trouvées au-dessous de ce que je croyais.
Barbey d'Aurevilly, Premier mémorandum, 3 janv. (1837).
Assurer (qqch.) à (qqn) : rendre certain et durable à son profit, pour lui. Donner, garantir. || Cette action vous assure des droits à ma reconnaissance (Académie). || Assurer aux citoyens la liberté. || Sa fortune lui assure une indépendance totale.
5 Le choix d'une demeure aux humains inconnue
Assurait leur félicité.
La Fontaine, Fables, XII, 15.
6 Le grand nom de Pompée assure sa conquête (…)
Racine, Mithridate, III, 1.
7 (…) au lieu qu'elle (la mort) semblait être faite pour nous dépouiller de tout, elle commence comme dit l'Apôtre, à nous revêtir et nous assure éternellement la possession de biens véritables.
Bossuet, Oraison funèbre de Henriette-Anne d'Angleterre.
8 Pour assurer l'exécution de ce traité, on proposa d'assembler une armée conservatrice de cette neutralité singulière.
Voltaire, Charles XII, 5.
9 L'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits.
Déclaration des Droits de l'Homme, 1791, Art. 4.
10 Il est fâcheux pour moi que l'innocence de ma vie ne puisse assurer mon repos.
P.-L. Courier, Œ. compl., 10 juil. 1819, Pl., p. 10.
11 Cette préparation minutieuse assure la solidité du travail, mais ne lui enlève rien de sa spontanéité.
R. Rolland, Vie de Tolstoï, p. 68.
12 Sa notoriété dans le monde médical lui assurait une exceptionnelle indépendance.
Martin du Gard, les Thibault, VIII, 13.
13 (…) les pauvres se privent de tout pour assurer leurs vieux jours.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, IX, p. 122.
5 Spécialt (le compl. désigne un avantage, notamment financier). Garantir (un paiement régulier, un avantage) à qqn. || Assurer à qqn une somme annuelle, une pension, des mensualités. || Assurer une rente à qqn, lui en garantir l'octroi. || Assurer une dot à qqn. Constituer. || Assurer une situation convenable à qqn.
14 (…) mon frère et moi, nous vous assurerons, notre vie durant, les mensualités que vous touchiez ici.
Martin du Gard, les Thibault, VI, 8.
6 Dr. et cour. Garantir par un contrat d'assurance. || Faire assurer sa maison par trois assureurs. || La compagnie qui assure cet immeuble contre l'incendie. || Faire assurer sa récolte contre la grêle.
15 « Assurer » c'est se rendre propre le risque d'autrui sur tel ou tel objet.
F. Véron de Forbonnais, Éléments du commerce, (1766), II, p. 53.
16 L'usage est dans le commerce de faire « assurer » les marchandises.
Turgot, in Brunot, Hist. de la langue franç., t. VI, p. 363.
Faire garantir par un assureur. || Assurer sa voiture contre le vol. || Assurer sa maison contre l'incendie.
Assurer qqn, garantir ses biens, sa vie, etc. → ci-dessous S'assurer et assuré.
(Au XIXe). Vx. || Assurer un jeune homme (contre le recrutement), s'engager, contre une somme d'argent, à lui fournir un remplaçant.
7 Assurer (qqch.) à (qqn) : fournir (qqch.) d'une manière sûre et durable (à qqn). Approvisionner, procurer, ravitailler. || Assurer des vivres et des munitions à l'armée. || Assurer la subsistance des soldats, le ravitaillement d'une ville.
8 Assurer (qqch.) : faire qu'une chose fonctionne, continue, ne s'arrête pas. || Assurer la marche, le fonctionnement d'un service. Marcher (faire). || Assurer une garde, une permanence, un service. Assumer, pourvoir (à), prendre.
17 S'il y eut jamais une conjoncture où il fallût montrer de la prévoyance et un courage intrépide, ce fut lorsqu'il s'agit d'assurer la garde des trois illustres captifs.
Bossuet, Oraison funèbre de Michel Le Tellier.
18 — Je compte sur vous pour assurer le service de la division jusqu'à ce qu'on ait pourvu au remplacement de Monsieur le Médecin principal (…)
G. Duhamel, les Sept Dernières Plaies, 2.
19 C'était au tour de Stéfany d'assurer la permanence.
Martin du Gard, les Thibault, VII, 18.
Fig. Faire le nécessaire pour que (qqch., une opération) réussisse. || Assurer l'élection de qqn. || Assurer la sécurité.Absol., fam. Mettre tout en œuvre pour réussir en se gardant des risques inutiles. || À l'oral, ne cherche pas à éblouir l'examinateur : assure !
———
II Donner, proposer pour sûr.
1 (Sujet n. de personne). Donner (qqch.) pour réel, vrai, sûr, certain. Affirmer, certifier, jurer, soutenir, et aussi reconnaître.
a Vx (anc. franç.). || Assurer une chose, la certifier, la garantir.
b Vieilli. || Assurer que… : affirmer, garantir que. Affirmer, attester, certifier, garantir. || On assure que… Dire, prétendre. || Certains philosophes assurent que…
20 Cette sagesse timide qui ne veut pas assurer que le bien soit bien.
Guez de Balzac, in Littré, art. Bien.
21 Encore assure-t-on, si l'histoire en est crue,
Qu'en un de ses supports le temps l'avait rompue (la table).
La Fontaine, Appendice aux fables, IV.
22 Pendant qu'un philosophe assure
Que toujours par leurs sens les hommes sont dupés,
Un autre philosophe jure
Qu'ils ne nous ont jamais trompés.
La Fontaine, Fables, VII, 18.
23 Un homme du peuple, à force d'assurer qu'il a vu un prodige, se persuade faussement qu'il a vu un prodige.
La Bruyère, les Caractères, XIV, 4.
24 J'ose presque assurer que les hommes savent encore mieux prendre des mesures que les suivre (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 138.
Mod. || Assurer à qqn que… : dire avec insistance. || J'ai assuré à mes amis que j'étais sincère.(Plus cour.). || Je leur ai assuré que… || Je vous assure, je t'assure qu'il n'est pas venu. || Je le lui ai assuré. || Il leur assura que la chose était vraie (Académie).
25 Pour moi contre chacun je pris votre défense,
Et leur assurai fort que c'était médisance (…)
Molière, le Misanthrope, III, 4.
26 Et l'on m'a assuré qu'elle portait d'ordinaire sur elle, bon an mal an, trente quintaux de chair (…)
Scarron, le Roman comique, VIII.
27 Je vous assure qu'il y a beaucoup de passion dans l'affection que j'ai de vous servir (…)
Voiture, Lettres, 32.
27.1 J'avais qu'à exciter Robinson (…) en lui assurant qu'il n'y avait pas de climat meilleur.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 423.
Vx (langue class. ou style soutenu, écrit). || Assurer qqn que…, lui donner pour sûr, certain que… Affirmation (cit. 2).
28 Je puis les assurer que tous leurs discours ne m'obligeront pas (…)
Boileau, Avert. de la Satire X, in Littré.
29 Les insurgés croyaient encore les faux prophètes qui les assuraient que le jour du salut était venu (…)
Bossuet, Hist., II, 8, in Littré.
30 (…) Vous pouvez l'assurer qu'un sergent
Lui doit porter pour moi tout ce qu'elle demande.
Racine, les Plaideurs, II, 4.
31 Je t'assure ici, et te fais serment que (…)
Molière, l'Amour médecin, I, 2.
32 Sur le point de les quitter (ses disciples), Jésus-Christ les assure qu'il sera présent avec eux jusqu'à la consommation des siècles (…)
Massillon, Divinité de Jésus-Christ, in Littré.
33 J'assure Votre Altesse Sérénissime qu'il (le duc de Bourbon) est appliqué et que j'en suis content.
La Bruyère, Lettres, 9.
REM. 1. Il ne semble pas y avoir de nuance de sens entre ces deux constructions; mais la première seule est usuelle dans l'usage parlé. 2. Lorsque le n. ou le pron. est objet indirect (assurer à qqn que…) le participe ne s'accorde pas (il leur a assuré que…, il nous a assuré que…), mais lorsqu'il est objet direct (assurer qqn que…) il s'accorde en principe (il les a assurés que…, et, si l'on interprète nous comme direct : il nous a assurés que…).
c Absolt. Mod. et cour. || Je t'assure, je vous assure. Jurer, promettre (je vous, je te jure, promets).
34 Et vous ferez le sot tout seul, je vous assure.
Molière, le Dépit amoureux, V, 1.
35 Il faut avoir une fière santé morale, je vous assure, pour vivre à Paris, maintenant.
Flaubert, Correspondance, t. III, p. 82.
36 (…) cela en vaut la peine, je vous assure (…)
G. Duhamel, Cri des profondeurs, 6.
36.1 Boutonne ta redingote, papa. Papa, tu devrais remonter un peu tes bretelles, je t'assure.
J. Renard, Journal, 24 déc. 1902.
REM. La formule ne sert pas seulement à mettre une assertion en relief (cit. 35 et 36 ci-dessus), mais aussi à marquer une injonction, avec un impér. (allez, viens, je t'assure… !), et divers sentiments : indignation, etc. par la prise à témoin de l'interlocuteur (non, mais quel salaud, je t'assure… !).
d Mod. || Assurer qqn de qqch., l'engager à y croire, le prier de n'en pas douter. Attester, certifier, répondre, témoigner. || Assurez-le de mon dévouement, de ma reconnaissance. || Vous pouvez l'assurer de mon appui, l'en assurer. || On m'en a assuré. Certain, sûr; et ci-dessous, assuré.
37 (…) mon père, qui l'a vu (ce fait), m'en a assuré (…)
Guez de Balzac, 1re hist.
38 Vous irez chercher autre part de quoi vous rendre agréable aux yeux de vos belles, je vous en assure (…)
Molière, les Précieuses ridicules, 16.
39 Il y a deux vérités (…) dont je puis vous assurer également (…)
Molière, la Princesse d'Élide, II, 4.
40 (…) nous venons (…) l'assurer (Votre Altesse) de nos très humbles services.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, V, 4.
41 Chacun de ses trois fils l'en assure en pleurant.
La Fontaine, Fables, IV, 18.
REM. Les deux constructions, équivalentes par le sens, assurer qqch. à qqn et assurer qqn de qqch., ne se distinguent que par l'archaïsme de la première et non par l'incorrection :
42 Des grammairiens ont prétendu que, au sens de certifier, assurer voulait la préposition à devant la personne à qui l'on parle, et qu'il fallait dire : assurez-lui que je ne l'oublierai, et non assurez-le que je ne l'oublierai. C'est une fausse décision quant à la seconde partie : assurer une chose à quelqu'un ou assurer quelqu'un d'une chose sont aussi bon français l'un que l'autre.
Littré, Dict., art. Assurer.
e Assurer et l'inf. || Il assurait être satisfait, ne pas pouvoir faire cela…Il assure à…, il nous assure être venu hier.
f En incise. Dire. || Je suis ravie, assura-t-elle.
2 (Sujet n. de chose). || Assurer qqn de…, permettre de croire, servir de témoignage. || Sa conduite passée nous assure de l'avenir. Garantir, répondre, témoigner. || Cet accueil l'assurait des bonnes dispositions du public. Attester, certifier, convaincre, persuader.
43 Le cogito assure l'homme de son existence comme être pensant, mais il l'enferme en lui-même.
Émile Faguet, Études littéraires, XVIIe s., p. 69.
——————
s'assurer v. pron.
1 Prendre une position sûre, ferme, solide, stable. Affermir. || S'assurer sur sa selle, en selle. || Assurez-vous bien sur vos jambes avant de soulever ce poids. Appuyer.
(Faux pron.). || S'assurer la main, la rendre sûre. || Il faut au chirurgien une longue pratique pour se bien assurer la main, pour s'assurer la main (Académie).
Alpin. || S'assurer. → ci-dessus, I., 2.
2 Vx ou littér. || S'assurer contre : se mettre en sûreté. Défendre (se), garantir (se), garder (se), précautionner (se), prémunir (se), préserver (se), protéger (se). || S'assurer contre les incursions de l'ennemi, les pièges de la perfidie, les surprises de la fortune…
44 Il n'est pas mal de s'assurer un peu contre les soins des surveillants (…)
Molière, le Sicilien, 6.
45 Contre mon ennemi laisse-moi m'assurer (…)
Racine, Andromaque, II, 1.
Mod., cour. Contracter une assurance. || S'assurer contre les accidents, le vol, l'incendie. || Il ne s'est pas assuré tous risques.
3 S'assurer de (qqn; qqch.) : faire qu'une chose ne manque pas, prendre ses précautions afin qu'elle ne vienne pas à manquer. Faire en sorte d'en garder l'usage, la possession ou la maîtrise. Pourvoir (se), procurer (se). || S'assurer des vivres, des provisions pour l'hiver. || Assurez-vous d'une voiture pour demain. || S'assurer d'une place, d'une somme d'argent. Réserver, retenir. || Elles se sont assurées d'une retraite pour leurs vieux jours. Ménager (se). || Il fallait s'assurer des principaux ports avant de lancer l'offensive. Maître (se rendre).
46 Maxime et la moitié s'assurent de la porte;
L'autre moitié me suit, et doit l'environner (…)
Corneille, Cinna, I, 3.
47 Vous reconnaissez (…) que ceux qui (…) font des œuvres dignes de leur foi, s'assurent de la vie éternelle.
Bossuet, Hist., II, 13, in Littré.
(Même sens). || S'assurer qqch. || S'assurer la fidélité, la protection, la faveur, les bonnes grâces de qqn.
48 — Je m'assure un port dans la tempête.
Racine, Britannicus, I, 1.
49 (…) une femme indépendante, une femme qui se soit assuré, par son travail, le droit de penser ce qui lui plaît (…)
Martin du Gard, les Thibault, VIII, 103.
Vx. || S'assurer de qqn, se ménager son appui, sa protection. Gagner, ménager (se). || Je me suis assuré du ministre, je puis compter sur lui.
50 Les Romains, pour attaquer avec sûreté de si redoutables adversaires, s'assurèrent des Carthaginois (…)
Bossuet, Hist., I, 8, in Littré.
51 Il (le roi de Prusse) se ligua d'abord avec le roi d'Angleterre (…) s'assura du landgrave de Hesse et de la maison de Brunswick (…)
Voltaire, le Siècle de Louis XV, 32.
Vx ou littér. Garder un contrôle sur (qqn); s'en emparer ou le surveiller. Arrêter, saisir (se).
52 (…) Allez dès aujourd'hui,
Soit qu'il résiste ou non, vous assurer de lui.
Corneille, le Cid, II, 6.
53 Mais dans les États despotiques, où les frères du prince sont également ses esclaves et ses rivaux, la prudence veut que l'on s'assure de leurs personnes.
Montesquieu, l'Esprit des lois, V, 14.
4 S'assurer de (et subst.), que (et indic.), si (et indic.). Contrôler par soi-même; confirmer un fait ou acquérir une certitude. Contrôler, vérifier, voir. || Assurez-vous si la porte est bien fermée. || Assurez-vous que rien ne manque. || Je vais m'en assurer. || S'assurer d'une nouvelle avant de la publier.
54 Moi-même j'ai voulu m'assurer de sa foi,
Et l'ai fait en secret amener devant moi.
Racine, Bajazet, I, 3.
55 (…) le plus pressant intérêt d'une femme qui n'est plus libre (…) est moins de persuader qu'elle aime, que de s'assurer si elle est aimée.
La Bruyère, les Caractères, III, 72.
56 D'un coup d'œil, elle s'était assurée que rien ne manquait plus.
Zola, le Rêve, II, 55.
57 J'éprouvais un brusque et poignant besoin de retrouver la maison, de voir si le malheur ne voletait pas à l'entour, de m'assurer que tout était en ordre, en place.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, II, 3.
Vx. Se persuader, se rendre sûr, certain. || Je m'assure qu'il fera ce que je lui demande (Académie) : j'en suis (je m'en suis rendu) certain.
58 Il ne faut jamais moquer des misérables :
Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ?
La Fontaine, Fables, V, 17.
59 J'aimais, et je pouvais m'assurer d'être aimée (…)
Racine, Bajazet, I, 4.
60 Je m'assure qu'il vaut mieux (…)
Racine, les Plaideurs, Préface.
61 Assurez-vous que je ne vous oublie pas (…)
Bossuet, Lettres à Mme Cornuau, 120.
5 Vx. || S'assurer dans; S'assurer en : mettre sa confiance dans, en… || Malheur à celui qui ne s'assure que dans ses richesses (Académie).
S'assurer sur… : établir, fonder sa confiance sur… Reposer (se).
62 Ainsi, sur l'avenir n'osant vous assurer
Vous croyez que sans vous Néron va s'égarer.
Racine, Britannicus, I, 2.
63 Ne vous assurez point sur ce cœur inconstant (…)
Racine, Phèdre, V, 3.
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assuré, ée p. p. adj. et n.
REM. Accord du p. p. → ci-dessus, II., 1., assurer à qqn que…, assurer qqn que…
1 Qui est ferme, solide, stable. Ferme. || Des pas mal assurés. || Démarche assurée. || Main assurée. Expert, habile.
64 Il n'est pas encore trop bien assuré sur ses jambes.
Mme de Sévigné, Lettres, 1075, 22 oct. 1688.
65 Je la vis retenir dans ses mains assurées
De l'État chancelant les rênes égarées.
Voltaire, Sémiramis, II, 4.
66 (…) il est de taille bien prise et de démarche très assurée (…)
Gide, Journal 1889-1939, 1914, Koniah.
Vx ou littér. Qui a ou dénote de l'assurance, de la confiance en soi. Confiant, hardi, résolu. || Un air assuré. Sûr (de soi).
67 Que sa façon est brave et sa mine assurée !
Malherbe, II, 12, in Littré.
68 (…) est-il possible (…) qu'un homme si assuré dans la guerre soit si timide en amour.
Molière, les Amants magnifiques, I, 1.
69 La mine résolue, la tête haute, les regards assurés.
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 3.
70 Avec un air assuré (…)
Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé.
71 Giton a le teint frais (…) l'œil fixe et assuré (…) Il parle avec confiance (…)
La Bruyère, les Caractères, VI, 83.
En mauvaise part. Vx. || Un assuré menteur. Audacieux, fieffé, impudent.
Équit. || Cheval assuré, qui ne bronche pas.
2 (Choses). Vx. Qui met en sûreté, à l'abri du danger. Sûr.
72 Il n'a pas besoin d'armer cette tête qu'il expose à tant de périls, Dieu lui est une armure plus assurée (…)
Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé.
73 (…) on le verra l'assuré rempart de ses États.
Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé.
74 Moïse se sauva d'Égypte en Arabie, dans la terre de Madian, où sa vertu, toujours secourable aux oppressés (opprimés), lui fit trouver une retraite assurée (…)
Bossuet, Hist., I, 3, in Littré.
75 Il lui parut plus assuré d'empoisonner Pygmalion (…)
Fénelon, Télémaque, VIII, in Littré.
Mod. Qui est couvert par une assurance. || Voiture, maison assurée, assurée contre le vol, l'incendie.
3 (Choses). Vx (langue class.). Qui est certain. Certain, constant, durable, évident, indubitable, inévitable, infaillible, sûr. || Une aide assurée. || Une perspective assurée, mal assurée. || Je tiens ceci pour assuré.
76 L'infaillible refuge et l'assuré secours (…)
Malherbe, II, 1, in Littré.
77 Il n'est rien ici-bas d'éternelle durée;
Une chose qui plaît n'est jamais assurée (…)
Malherbe, V, 4.
78 Respecter un amour dont mon âme égarée
Voit la perte assurée !
Corneille, le Cid, I, 6.
79 La santé de l'âme n'est pas plus assurée que celle du corps (…)
La Rochefoucauld, Maximes, 188.
80 N'aimer guère en amour est un moyen assuré pour être aimé.
La Rochefoucauld, Maximes, 636.
81 Un sou, quand il est assuré,
Vaut mieux que cinq en espérance (…)
La Fontaine, Fables, IV, 2.
82 (…) la possession d'un cœur est fort mal assurée, lorsqu'on prétend le retenir par force.
Molière, le Sicilien, 6.
83 Il m'apparaît que vous êtes là, et il me semble que je vous parle : mais il n'est pas assuré que cela soit (…)
Molière, le Mariage forcé, 8.
84 Tout ce que j'ai prédit n'est que trop assuré (…)
Racine, Britannicus, I, 1.
Mod. Dont on est assuré, rendu certain ( Assurer). || Succès assuré. || Réussite assurée.
85 (La mort) terme assuré qui ne nous console ni ne nous apaise (…)
B. Constant, Adolphe, VII.
4 (Personnes). Cour. Qui a, qui a acquis la certitude. Certain, sûr. || Être assuré de (et inf.), que (et indic.). || Être assuré de qqch. || Soyez-en assuré.
86 Le dernier précepte était de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre.
Descartes, Discours de la méthode, II, 10.
87 (Le lion) Lui commanda de braire, assuré qu'à ce son
Les moins intimidés fuiraient de leur maison.
La Fontaine, Fables, II, 19.
88 Et par son alliance il se crut assuré
D'être plus redoutable et plus considéré.
Corneille, Polyeucte, I, 3.
89 Vos yeux ne sont que trop assurés de lui plaire.
Racine, Andromaque, IV, 2.
90 (…) car c'est être malheureux que de vouloir et ne pouvoir. Or il (l'homme) veut être heureux et assuré de quelque vérité (…)
Pascal, Pensées, VI, 389.
5 (Personnes). Qui bénéficie d'une assurance.
N. || Un assuré, une assurée : personne garantie par un contrat d'assurance.
(Emploi critiqué). || Les assurés sociaux : les assurés affiliés aux assurances sociales. Assurance, 5.
91 Le souci moderne de la sécurité avait transformé les hommes en bureaucrates bénins. Plus de héros. Plus de saints. Plus d'aventuriers. Il ne restait plus que des assurés sociaux, des êtres pleutres et hagards, qui avaient peur de leur ombre.
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 335-336.
CONTR. Ébranler. — Compromettre, exposer, risquer. — Contester, nier. — Branlant, dangereux, douteux, hésitant, précaire, timide, vacillant.
DÉR. Assurable, assurage, assurement, assurément, assureur.
COMP. Rassurer, réassurer.

Encyclopédie Universelle. 2012.