immobiliser [ imɔbilize ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1771; du lat. immobilis « immobile; immeuble »
1 ♦ Dr. Convertir fictivement en immeuble par le procédé de l'immobilisation.
2 ♦ Cour. Rendre immobile, maintenir dans l'immobilité ou l'inactivité. ⇒ arrêter, fixer. La grippe l'a immobilisé une semaine. Immobiliser un véhicule. — Voiture immobilisée par une panne. Voyageurs immobilisés par une grève des transports. ⇒Fam. coincé. Voilier immobilisé. ⇒ encalminé. — Rendre incapable d'agir, de réagir (sous l'effet d'une émotion). ⇒ figer, paralyser, pétrifier. « Une hébétude l'immobilisait » (Zola).
♢ Méd. Rendre immobile (un membre, un corps) au moyen de bandages, d'appareils spéciaux. Immobiliser une jambe cassée (⇒ plâtrer) .
♢ Fin. Immobiliser des capitaux, les rendre indisponibles par le placement qu'on en fait. ⇒ geler.
♢ Fig. Rendre stationnaire, empêcher le progrès. « cette façon d'immobiliser l'histoire [...] autour de deux idées abstraites » (Jaurès). ⇒ figer, fixer.
♢ Pronom. S'IMMOBILISER : devenir, se tenir immobile. Ils se sont immobilisés immédiatement. — S'arrêter. Le train s'est immobilisé en rase campagne.
⊗ CONTR. Mobiliser. Agiter, mouvoir. Bouger, remuer.
● immobiliser verbe transitif (de immobile) Empêcher quelque chose de bouger, arrêter tout mouvement : Immobiliser le balancier d'une pendule. Arrêter un véhicule en exécutant les manœuvres nécessaires : Il immobilisa la voiture le long du trottoir. Empêcher quelqu'un, un groupe, des véhicules de poursuivre leur mouvement, leur progression, les obliger à s'arrêter : L'orage a immobilisé les voitures sur la nationale. Contraindre quelqu'un à rester inactif, plus ou moins immobile, à rester en un lieu : Sa maladie l'a immobilisé pendant un mois. Maintenir immobile une partie du corps par divers procédés : Immobiliser par un plâtre un membre fracturé. Interdire toute activité à un groupe, à un secteur économique : Grève qui immobilise l'industrie textile. Utiliser des capitaux à des investissements qui les rendent indisponibles. Soumettre un meuble au régime juridique des immeubles. ● immobiliser (synonymes) verbe transitif (de immobile) Empêcher quelque chose de bouger, arrêter tout mouvement
Synonymes :
- bloquer
- stopper
Empêcher quelqu'un, un groupe, des véhicules de poursuivre leur mouvement...
Synonymes :
- figer
Contraindre quelqu'un à rester inactif, plus ou moins immobile, à...
Synonymes :
- clouer (familier)
- retenir
- tenir
Interdire toute activité à un groupe, à un secteur économique
Synonymes :
- étouffer
- freiner
- ralentir
Utiliser des capitaux à des investissements qui les rendent indisponibles.
Synonymes :
- geler
immobiliser
v. tr.
d1./d Rendre immobile; empêcher de se mouvoir. Immobiliser un membre blessé.
|| v. Pron. S'arrêter.
d2./d FIN Immobiliser des capitaux, les rendre indisponibles en les investissant.
d3./d DR Conférer fictivement à un bien mobilier la qualité d'immeuble.
⇒IMMOBILISER, verbe trans.
A. — 1. Qqn/qqc. immobilise qqc. Empêcher de se déplacer, arrêter le mouvement de.
a) [Le suj. désigne un animé] Les quatre adversaires de Meaulnes (...) revenaient à la charge pour lui immobiliser bras et jambes (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 137). Armand se précipite à temps pour saisir Thierry à bras-le-corps et l'immobiliser (MARTIN DU G., Taciturne, 1932, III, 8, p. 1341) :
• 1. Arrêter les locomotives, immobiliser les navires, refuser aux machines de l'industrie la houille, c'est substituer à la vie générale et une de la nation la vie dispersée d'innombrables groupes locaux.
JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 117.
— Emploi pronom. réfl. Cinquante-sept hommes cloués les uns à côté des autres (...), tous geignant, grimaçant et s'immobilisant de leur mieux, afin de diminuer leur souffrance (DU CAMP, Nil, 1854, p. 216). Tout à coup, un des danseurs s'immobilisait, tout raide (LORRAIN, Phocas, 1901, p. 151).
♦ S'immobiliser dans qqc. [Le compl. désigne une attitude physique] Se figer dans. « Halte! » (...) Le coureur stoppa, perdit l'équilibre, s'immobilisant dans une de ces attitudes violentes où les photographes pétrifient la vie (COCTEAU, Crit. indir., 1932, p. 225).
— [P. méton. du suj.] En supposant même qu'une grève générale révolutionnaire parvienne à obstruer les ports, à immobiliser les locomotives (JAURÈS, Ét. soc., 1901p. 114).
♦ Emploi pronom. réfl. S'arrêter. L'abbé Cornille s'impatienta, inquiet de ce que le cortège s'immobilisait depuis deux minutes (ZOLA, Rêve, 1888, p. 118). La botte du Lager-Führer s'immobilisa innocemment à quelques centimètres de la cachette (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 348).
♦ Emploi pronom. passif. Une luxueuse voiture, pilotée par un chauffeur en livrée, vient de s'immobiliser au bord du trottoir (SARTRE, Jeux sont faits, 1947, p. 84).
b) [Le suj. désigne un inanimé] Depuis près de quatre cents ans ces arbres immobilisaient leur sève et ne poussaient plus (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 47). Une habitude de la méditation qui l'immobilise muet devant une fleur au bord de la route (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 267).
— Emploi pronom. passif. Ces horloges détraquées dont s'immobilisent les rouages autour d'un cylindre affolé qui tourne (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 5e tabl., 1, p. 167).
c) En partic. [L'obj. désigne le visage ou une de ses parties] Figer dans une attitude, dans une expression. La lèvre supérieure (...), comme immobilisée dans un perpétuel début de sourire (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 348). Dans le silence qui, pendant un instant, coud toutes ces lèvres, immobilise ces visages devenus graves (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 98) :
• 2. ... ma vieille voisine rageuse (...), immobilisa les muscles de son visage et plaça ses bras en croix sur sa poitrine pour montrer qu'elle ne se mêlait pas aux applaudissements des autres...
PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 50.
— Emploi pronom. Le visage du vieil homme s'immobilisa quelques instants dans un rictus dramatique (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 111).
d) MÉD. [L'obj. désigne une partie du corps] Rendre immobile par des moyens divers et à des fins thérapeutiques. Immobiliser un membre fracturé. Des gouttières qui non seulement ne les immobilisaient pas [certaines fractures de cuisse], mais qui, souvent, contribuaient à exagérer l'angulation du membre (JUDET, Fractures membres, 1948, p. 12).
2. Qqn/qqc. immobilise qqn. Frapper de stupeur, rendre incapable d'agir, de s'exprimer. Synon. figer, paralyser, pétrifier.
a) [Le suj. désigne un affect] La stupeur, la terreur immobilise (qqn). La peur nous immobilise et nous paralyse (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 178).
— [P. méton. de l'obj.] S'il m'aime, il connaît ces chocs mystérieux (...) ces menus foudroiements qui immobilisent soudain un geste, coupent un éclat de voix (COLETTE, Vagab., 1910, p. 301).
b) [Le suj. désigne une chose] Un nouveau spectacle les immobilisa tous les deux (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 214). Du haut de la tribune, où les clameurs m'immobilisaient, je vis avec dégoût, sur le banc des ministres, Ribot (BARRÈS, Leurs fig., 1901, p. 231).
♦ Immobiliser de + subst. :
• 3. Ces portières ouvertes montrant des femmes enveloppées de fourrures, ces hommes descendus en paletots épais, tout ce luxe confortable, échoué parmi cette mer de glace les immobilisaient d'étonnement.
ZOLA, Bête hum., 1890, p. 154.
3. Qqn/qqc. immobilise qqn (le plus souvent au passif). Empêcher d'agir, de se déplacer. Synon. retenir.
a) [Le suj. désigne une pers.] Je suis immobilisé à Paris depuis cinq jours à cause de ces salauds-là (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1913, p. 363).
b) [Le suj. désigne un inanimé] La réparation devait immobiliser là-bas, pendant deux jours, le mécanicien, Jacques Lantier, (...) et son chauffeur, Pecqueux (ZOLA, Bête hum., 1890p. 26).
— En partic. [Le suj. désigne un accident de santé] J'étais étendu moi-même dans un fauteuil, immobilisé par la goutte (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Folle, 1882, p. 173). J'étais retourné le voir aux environs d'Angers où l'immobilisait une attaque (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1906, p. 412).
B. — P. anal. Qqn/qqc. immobilise qqc.
1. Paralyser le fonctionnement de. Synon. asphyxier :
• 4. Ensuite, la famine s'en mêlait. L'imbécile tyrannie des lois immobilisant le commerce, empêchant la libre vente des grains, déterminait tous les dix ans d'effrayantes disettes, sous des années de soleil trop chaud ou de trop longues pluies...
ZOLA, Terre, 1887, p. 80.
2. Spécialement
a) DR. Convertir juridiquement un bien meuble en bien immeuble par une fiction de la loi. Immobiliser des rentes sur l'État (Ac. 1835, 1878).
b) ÉCON. [Le compl. désigne de l'argent, un capital] Placer, investir et, par là, rendre indisponible. Ces trois cent mille francs, je les ai placés, immobilisés, comme on dit, et je n'y touche pas (HUGO, Corresp., 1845, p. 625). Londres, Hambourg, Amsterdam spéculaient sur les denrées coloniales en se concédant réciproquement des crédits et en immobilisant leurs capitaux pour constituer des stocks (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 645).
C. — Au fig. Qqn/qqc. immobilise qqn/qqc.
1. Fixer, arrêter. Ci-gît la poésie de (...) Voilà ce qu'il faudrait inscrire trop souvent à ces poésies complètes qui fixent et immobilisent ce qui une fois en nous a flotté et a vécu (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 6, 1845, p. 210). Les petites attentions de la toilette féminine qui immobilisent la fraîcheur et conservent, jusqu'à près de cinquante ans, le charme et la beauté (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Duchoux, 1887, p. 702). Il [un auteur] obéit à une nécessité : il faut bien qu'il immobilise, qu'il fixe cette vie passée qui fut mouvante (MAURIAC, Écrits intimes, Commenc. d'une vie, 1932, p. 12).
— Immobiliser sur + subst. (rare). J'arrivai à immobiliser Gide un moment sur ce problème du sens du mot vérité (DU BOS, Journal, 1928, p. 180).
♦ Emploi pronom. réfl. Qqn s'immobilise sur qqc. Fixer son attention, son esprit sur. Flaubert (...) se levait la nuit pour effacer un mot, s'immobilisait sur un adjectif (BOURGET, Essais psychol., 1883, p. 128). Coutillot s'immobilisa une semaine sur ces mots terribles : l'opium, la belladone, la ciguë (D'ESPARBÈS, Demi-soldes, 1899, p. 43).
2. Empêcher l'évolution, le changement, le progrès de. Les institutions religieuses que Jésus nous a léguées (...), pour les agrandir et non pour les immobiliser (SAND, Lélia, 1839, p. 476). L'aptitude à trop bien copier immobilise la peinture et abrège la vie d'une école (HOURTICQ, Hist. art, Fr., 1914, p. 366).
— Immobiliser dans + subst. :
• 5. À la fin du règne de Louis XV, il apparut que les Parlements, en s'opposant aux changements, par conséquent aux réformes et aux progrès, mettaient la monarchie dans l'impossibilité d'administrer, l'immobilisaient dans la routine et, par un attachement aveugle et intéressé aux coutumes, la menaient à une catastrophe, car il faudrait alors tout briser pour satisfaire aux besoins du temps.
BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 304.
— Emploi pronom. S'arrêter dans sa progression, son évolution :
• 6. J'ai varié, je varierai encore. À tout moment, je sens en moi une profonde disposition à changer, qui se confond avec l'instinct de vivre. Je n'éprouve pas qu'il nous soit requis de nous immobiliser à jamais.
GREEN, Journal, 1939, p. 175.
♦ S'immobiliser dans + subst. Il raisonnait en riche, en conservateur qui s'immobilise dans la fortune acquise (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 21). Les musiciens allemands s'immobilisaient dans les campements de leurs pères et prétendaient arrêter l'évolution du monde à la barrière de leurs victoires passées (ROLLAND, J.-Chr., Maison, 1909, p. 953).
REM. Immobilisant, -ante, adj., rare. Qui immobilise. Des yeux fixes, droit dans les siens, expriment une attention stupide et d'une immobilisante intensité (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 217).
Prononc. et Orth. : [im(m)]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1654 « rendre immobile, arrêter » (CYRANO DE BERGERAC, Le Pédant Joué, IV, 4 ds Mél. Gamillscheg, 1968, p. 29); 2. 1802 « donner à un effet mobilier la qualité d'immeuble » (Nouv. dict. fr.-all., Flick d'apr. FEW t. 4, p. 573a); 1823 (BOISTE). Dér. de immobile; suff. -iser; cf. immobiliter « rendre immobile » 1507 (Th. GAILLARD, Traicté des 4 degrez d'amour d'apr. FEW t. 4, p. 573a). Fréq. abs. littér. : 399. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 44, b) 87; XXe s. : a) 883, b) 1 080. Bbg. QUEM. DDL t. 8.
immobiliser [i(m)mɔbilize] v. tr.
ÉTYM. 1771, au sens II, 1; dér. sav. du lat. immobilis « immobile; immeuble ». → Immobile.
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I (1802). Dr. Convertir fictivement en immeuble par le procédé de l'immobilisation (I.). || Immobiliser des rentes sur l'État.
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II Cour.
1 (1771). Rendre immobile, maintenir dans l'immobilité ou l'inactivité. ⇒ Arrêter, fixer. || Immobiliser une pièce de bois, de métal. ⇒ Assujettir, assurer, attacher, bloquer, clouer, coincer, river, visser. || Immobiliser un corps en mouvement, qui se balance. || Immobiliser un navire en l'amarrant. || Immobiliser un véhicule, un convoi. || Voiture immobilisée par un accident mécanique. || Épidémie, pénurie de vivres, immobilisant une armée. || La maladie, une fracture l'avait immobilisé pendant plusieurs jours. ⇒ Tenir (au lit). — Passif et p. p. || Être immobilisé par le froid. || Voyageurs immobilisés par une grève.
1 (…) j'étais étendu moi-même dans un fauteuil, immobilisé par la goutte (…)
Maupassant, Contes de la Bécasse, La folle, p. 44.
2 (…) une machine, la Lison, qui, le jeudi et le samedi, faisait le service de l'express de six heures trente, avait eu sa bielle cassée, juste comme le train entrait en gare; et la réparation devait immobiliser là-bas, pendant deux jours, le mécanicien Jacques Lantier (…) et son chauffeur Pecqueux (…)
Zola, la Bête humaine, p. 33.
3 (…) une quinte de toux l'immobilisa, plié en deux, les mains sur le dossier de son fauteuil.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 204.
2 (Sujet n. de chose; compl. n. de personne). Rendre incapable d'agir, de réagir (sous l'effet d'une émotion). ⇒ Clouer, figer, paralyser, pétrifier. || La terreur l'immobilisait à cette place d'où il aurait voulu fuir. — || « Une hébétude (cit. 1) l'immobilisait, les yeux ouverts » (Zola).
4 Cette récurrence perpétuelle l'hypnotisait, l'immobilisait, la faisait paraître stupide quelquefois (…)
Léon Bloy, la Femme pauvre, p. 40 (cf. Atténuer, cit. 8).
5 Le présent, c'était l'anxiété qui l'immobilisait sur le pavé de la vieille rue.
Paul Bourget, Un divorce, p. 3.
3 (1864). Méd. Rendre immobile (le corps, un membre) au moyen de bandages, d'appareils spéciaux, etc. ⇒ Assujettir. || Immobiliser un membre fracturé.
6 Qu'est-ce qui pourrait me donner un tuyau sur le diagnostic des fractures du pied ? Ce charretier m'a l'air de n'avoir pas été immobilisé comme il faut par le type de garde, hier soir.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XXVII.
4 (Sujet et compl. n. de chose abstraite). || Législation tyrannique qui immobilise le commerce. ⇒ Paralyser (→ Famine, cit. 2).
5 (Av. 1902, Zola). Fin. || Immobiliser ses capitaux, les rendre indisponibles par le placement qu'on en fait. ⇒ Geler (cit. 23); immobilisation.
6 Fixer (une substance chimique).
7 (Abstrait; compl. n. de chose). Rendre stationnaire, priver de possibilités de progrès. ⇒ Cristalliser, enchaîner, figer, fixer, freiner, scléroser. || Tyrannie d'une école, d'une doctrine, qui risque d'immobiliser l'art, la pensée. || Immobiliser… dans une situation difficile.
7 L'ancienneté a l'inconvénient d'immobiliser le travail et la pensée.
8 Oui, cette façon d'immobiliser l'histoire, tout le passé et tout l'avenir, autour de deux idées abstraites, l'individu et l'État, répugne profondément à nos conceptions essentielles de la société changeante et de l'univers mouvant.
Jaurès, Hist. socialiste, t. II, p. 80.
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s'immobiliser v. pron.
ÉTYM. (Av. 1896, Goncourt).
♦ Devenir, se tenir immobile (→ Aplomb, cit. 12). || Soldat qui s'immobilise dans un garde-à-vous irréprochable. — S'arrêter (→ Étage, cit. 9). || Les voyageurs se demandaient pourquoi le train s'était immobilisé en pleine campagne. || Les rouages se sont immobilisés.
9 Pendant que la procession s'immobilise longuement à un angle du temple, où l'avenue tourne et où il s'agit de faire tourner le char (…)
Loti, l'Inde (sans les Anglais), p. 177.
♦ (1857, Flaubert). Par métaphore :
10 (…) il lui semblait que son amour, qui, depuis deux heures bientôt, s'était immobilisé dans l'Église comme les pierres, allait maintenant s'évaporer telle qu'une fumée (…)
Flaubert, Mme Bovary, III, I.
11 Ces paroles me donnaient bien le sentiment de cette stagnation du passé qui dans certains lieux, par une sorte de pesanteur spécifique, s'immobilise indéfiniment, si bien qu'on peut le retrouver tel quel.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XV, p. 150.
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immobilisé, ée p. p. adj.
♦ Voir ci-dessus à l'article.
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CONTR. Mobiliser. — Acheminer, actionner, agiter, balancer, bercer, mouvoir, pousser. — Débloquer, libérer. — Bondir, bouger, remuer.
DÉR. Immobilisable, immobilisant, immobilisation.
Encyclopédie Universelle. 2012.