silencieusement [ silɑ̃sjøzmɑ̃ ] adv.
• 1586; de silencieux
♦ Sans parler, sans faire de bruit (cf. En silence). « Le chat siamois bondit silencieusement » (Aragon).
♢ En secret. « Des illuminés qui préparaient silencieusement l'avenir » (Nerval).
⊗ CONTR. Bruyamment.
● silencieusement adverbe En silence, sans faire de bruit : Glisser silencieusement sur l'eau. Sans parler, sans dire un mot : Écouter silencieusement un exposé. Littéraire. En secret, sans se faire voir, se laisser soupçonner : Ils ont préparé silencieusement leur coup.
silencieusement
adv. D'une manière silencieuse.
⇒SILENCIEUSEMENT, adv.
A. — En silence, sans faire de bruit. On se rappelle la comparaison qu'Homère fait de l'éloquence d'Ulysse, à des flocons de neige, descendant silencieusement du ciel (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 221). Le quatrième côté coupe le chemin suivi par les lapins se rendant à leurs agapes nocturnes (...). L'opération doit être conduite aussi rapidement et aussi silencieusement que possible; plusieurs hommes sont donc nécessaires pour effectuer cette pose rapide des panneaux (VIDRON, Chasse, 1945, p. 51).
B. — Sans manifestation bruyante, sans plainte ni récrimination. C'était une chose curieuse et divertissante de voir les chiens du voisinage, patiemment, silencieusement assis sur leur derrière, attendre que mon père levât les yeux de son livre; ils savaient bien qu'il ne résistait pas à leur prière muette (MICHELET, Oiseau, 1856, p. XXIX). À tous ces serviteurs dévoués qui travaillent silencieusement pour protéger au jour du danger la patrie au lieu de venir apporter ici des manifestes de néo-césarisme (FLOQUET, 1888 ds Fondateurs 3e Républ., p. 152).
C. — Sans prononcer le moindre mot; sans parler. En entendant ces mots, Grandet s'asseyait près du lit et agissait comme un homme, qui, voyant venir une averse, se met tranquillement à l'abri sous une porte cochère: il écoutait silencieusement sa femme, et ne répondait rien (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 206). Il me serra la main silencieusement et regagna son étude sans se retourner (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1225).
D. — Dans le plus grand secret ou avec une totale discrétion. Pas de cérémonie religieuse; je respecte trop l'Église pour la mêler à une parodie de mariage. Et je vous assure que je sortirais de votre vie, le jour où je vous pèserais, aussi silencieusement que j'y suis entrée (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1241). L'homme était exquis: de ceux dont on se dit, avec désespoir, quand ils vous ont quitté: « Il est parti... Et j'aurais eu tant et tant de choses encore à échanger avec lui... » Il a quitté ceux qu'il aimait, silencieusement, discrètement, à sa manière (L. FEBVRE, J. Sion, A. Demangeon, [1941] ds Combats, 1953, p. 380).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1586 « d'une manière silencieuse, en silence » (Discours sur les causes de l'extresme cherté ds Var. hist. et littér., t. 7, p. 171). Dér. de silencieux; suff. -ment2. Fréq. abs. littér.:767. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 627, b) 1 595; XXe s.: a) 1 300, b) 1 089.
silencieusement [silɑ̃sjøzmɑ̃] adv.
ÉTYM. 1792; de silencieux.
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1 Sans parler, sans faire de bruit. ⇒ Silence (en). Cf. À la muette. || « Tout à coup une porte s'ouvre : entre silencieusement le vice appuyé (cit. 42) sur le bras du crime » (Chateaubriand). || Marcher silencieusement (cf. À pas de loup). || Chat qui bondit silencieusement (→ Frotter, cit. 30).
2 Fig. En secret, sans faire d'éclat, sans attirer l'attention sur soi. || Préparer silencieusement l'avenir (→ Illuminer, cit. 24). || Intrigues ourdies silencieusement.
1 Habitant de Cythère, enfant d'un ciel si beau,
Silencieusement tu souffrais ces insultes
En expiation de tes infâmes cultes.
Baudelaire, les Fleurs du mal, CXVI.
2 Elle revêt ta robe, ô pureté première !
Et se repose en Dieu silencieusement.
Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Le Bernica ».
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CONTR. Bruyamment.
Encyclopédie Universelle. 2012.