tombe [ tɔ̃b ] n. f.
• v. 1130; lat. ecclés. tumba; gr. tumbos
1 ♦ Lieu où l'on ensevelit un mort, fosse recouverte d'une dalle (parfois d'un monument). ⇒ sépulture, tombeau. Descendre un cercueil dans une tombe. Tombes d'un cimetière, d'une nécropole. « La tombe présentait une dalle de pierre dure à double pente, une stèle au fond, surmontée d'une croix, une grille » (Romains). Se recueillir sur la tombe de qqn. « L'œil était dans la tombe et regardait Caïn » (Hugo). Goût des tombes. ⇒ taphophilie. Profanation de tombes. Loc. Il doit se retourner dans sa tombe (en entendant cela),se dit d'un défunt qu'on imagine bouleversé, soulevé d'indignation par qqch. — Par compar. Silencieux, froid, triste... comme une tombe.
2 ♦ Pierre tombale; monument funéraire. Épitaphe gravée sur une tombe.
3 ♦ Loc. fig. Être au bord de la tombe, avoir déjà un pied dans la tombe : être près de mourir. Vieilli Descendre dans la tombe : mourir. Suivre qqn dans la tombe, mourir peu après lui. Creuser sa tombe avec les dents. — Outre-tombe. ⇒ 2. outre.
4 ♦ (Personnes) Être muet comme une tombe; être une tombe : être capable de garder un secret.
● tombe nom féminin (bas latin tumba, du grec tumbos) Fosse où on enterre un mort ; monument funéraire qui recouvre la fosse : Aller se recueillir sur la tombe de quelqu'un. ● tombe (citations) nom féminin (bas latin tumba, du grec tumbos) Xavier Forneret Beaune 1809-Beaune 1884 Quand le soleil est pâle, il regarde les tombes. Sans titre, par un homme noir, blanc de visage Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 L'œil était dans la tombe et regardait Caïn. La Légende des siècles, la Conscience Stéphane Mallarmé Paris 1842-Valvins, Seine-et-Marne, 1898 La tombe aime tout de suite le silence. Quelques Médaillons et portraits en pied, Verlaine William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 [Je donnerai] mon vaste royaume pour une petite tombe, une petite, petite tombe, une tombe obscure. … And my large kingdom for a little grave, A little little grave, an obscure grave. Richard II, III, 3, le roi Richard ● tombe (difficultés) nom féminin (bas latin tumba, du grec tumbos) Sens Ne pas employer l'un pour l'autre ces deux mots que sépare une importante nuance de sens. 1. Tombe n.f. = endroit où un mort est enterré ; fosse recouverte ou non d'une dalle de pierre, de marbre, etc. 2. Tombeau n.m. = monument funéraire plus ou moins imposant élevé sur une tombe. « Il faut de grands tombeaux aux petits hommes et de petits tombeaux aux grands »(Chateaubriand). ● tombe (expressions) nom féminin (bas latin tumba, du grec tumbos) Être muet comme une tombe, garder strictement les secrets, les confidences. Familier. Se retourner dans sa tombe, se dit d'un mort qu'on imagine bouleversé, ému par ce qui vient d'être dit ou fait. ● tombe (homonymes) nom féminin (bas latin tumba, du grec tumbos) tombe forme conjuguée du verbe tomber tombent forme conjuguée du verbe tomber tombes forme conjuguée du verbe tomber ● tombe (synonymes) nom féminin (bas latin tumba, du grec tumbos) Fosse où on enterre un mort ; monument funéraire qui recouvre...
Synonymes :
- caveau
- mausolée
- sépulcre
- sépulture
- tombeau
- tumulus
n. f.
d1./d Lieu où est enterré un mort; fosse couverte d'un tertre, d'une dalle, d'un monument. Aller prier sur la tombe de qqn. Syn. sépulture.
|| Loc. fig. Avoir un pied dans la tombe: être près de la mort.
— être muet comme une tombe, d'une discrétion absolue.
⇒TOMBE, subst. fém.
A. — 1. Fosse creusée dans le sol où est ou sera enseveli un mort. Synon. sépulture. Descendre un cercueil dans une tombe. J'ai un pressentiment que nous trouverons dans la vallée de Biban-El-Molouk une tombe inviolée, disait à un jeune Anglais de haute mine un personnage beaucoup plus humble (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 151). Au cimetière, situé en contre-bas, le fossoyeur achevait de creuser une tombe (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 125).
♦ P. compar. [À propos d'un lieu] Froid comme une tombe. Lorsque je revins à moi, la chambre était silencieuse comme une tombe (DUMAS père, P. Jones, 1838, IV, 4, p. 187). Qu'il [le lit] soit encourtiné de brocart ou de serge, Triste comme une tombe ou joyeux comme un nid, C'est là que l'homme naît, se repose et s'unit (HEREDIA, Trophées, 1893, p. 150).
— Locutions
♦ Se retourner dans sa tombe. Se dit d'un défunt qu'on imagine profondément indigné, bouleversé. (Dict. XXe s.).
♦ Être une tombe
[À propos d'une pers.] Être muet, ne rien dire de ce que l'on sait. Malthilde avait rapproché sa chaise:— Tu peux avoir confiance, lui souffla-t-elle. Tu sais que je suis une tombe. Je ne désire pas d'ailleurs qu'Andrès épouse Catherine (MAURIAC, Anges noirs, 1936, p. 163).
[À propos d'un lieu] Être sans vie, ennuyeux à mourir. Quelqu'un! Silence partout. La maison demeure impassible dans l'ombre. Cette maison, grand Dieu, c'est une tombe! (HUGO, Roi s'amuse, 1832, p. 481):
• Enfin, Paris est un chaos, et la province une tombe. Quand on est en province et qu'on y voit l'annihilation des esprits, il faut bien se dire que toute la sève était dans quelques hommes aujourd'hui prisonniers, morts ou bannis.
SAND, Corresp., t. 3, 1852, p. 293.
♦ Être muet comme la/une tombe. Être d'une discrétion absolue. Cette misérable, qui peut répéter le mot de Marguerite, dans Faust, lorsqu'elle agonise au fond d'un cachot: « Le monde est muet comme la tombe », car elle n'a plus de communication avec aucun cœur vivant, — cette créature (...) détient encore ce pouvoir sur le Christ: il dépend d'elle d'être pardonnée (MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 62).
2. Pierre tombale qui recouvre la fosse. Noms, dates gravés sur la tombe; déposer des fleurs sur une tombe. On l'a enterré à Saint-Roch, en gala (...) Il est question de ne graver sur sa tombe que son seul nom, Eugène Scribe, comme qui dirait Turenne ou Bossuet (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 133).
— P. méton. Monument où repose un (des) mort(s) et devant lequel on se recueille. Ce toit tranquille, où marchent des colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes (VALÉRY, Charmes, 1922, p. 147).
B. — [La tombe symbolisant la mort]
1. Loc. fig. [À propos d'une pers. ou d'une personnification]
♦ (Être) au bord de la tombe, avoir déjà un pied dans la tombe. Être près de mourir, près de la mort. Dans les affaires, on croit avoir tout gagné quand on a gagné du temps: c'est l'un des symptômes de cette maladie, que de vivre d'illusions jusqu'au bout, et de se bercer de rêves d'avenir quand on a le pied dans la tombe (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 397).
♦ Descendre dans la tombe. Mourir, disparaître. On doit voir brusquement s'éteindre ton flambeau, Ô France! Descends dans la tombe, Et Meurs libre! Ton sort n'en sera pas moins beau! (GLATIGNY, Fer rouge, 1870, p. 42).
♦ Emporter son secret dans la tombe. Mourir sans avoir fait les révélations que l'on attendait. — Hé bien, Frescheville, que voulez-vous que je vous dise... Parlez franchement au procureur. — Jamais! protesta le petit juge. Si je dois crever ici, j'emporterai mon secret dans la tombe, comme disent les romanciers-feuilletonistes (BERNANOS, Crime, 1935, p. 842).
♦ Suivre qqn dans la tombe. Mourir peu de temps après. J'ai nommé Revel, un savant considéré, un homme considérable. Mon illustre père est mort, Revel, bientôt, l'aura suivi dans la tombe... s'il ne l'a fait déjà (PAILLERON, Monde où l'on s'ennuie, 1869, II, 1, p. 76).
— Jusqu'à la tombe. Jusqu'au moment de mourir. Au delà de la tombe. Au delà de la mort. Aussi, remuée jusqu'aux moëlles et souhaitant ardemment (...) que le héros gardât sa réputation d'invincible au delà de la tombe, ordonna-t-elle, la foule, que le combat cessât aussitôt (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 75).
2. Au fig. [À propos d'une chose] La fin, la mort, la disparition d'une institution, d'une œuvre, etc. Si l'on réduisait les écrits de M. de Fontanes à deux très petits volumes, l'un de prose, l'autre de vers, ce serait le plus élégant monument funèbre qu'on pût élever sur la tombe de l'école classique (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 480).
— (D')outre-tombe.
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1150 tombe « fosse où l'on enterre un mort » (WACE, Vie Saint Nicolas, éd. E. Ronsjö, 635); b) ca 1180 expr. sur la tombe de qqn (MARIE DE FRANCE, Fables, éd. K. Warnke, XXV, 3-4: Sa femme meine grant dolur Desur [var.: sur] sa tumbe nuit e jur); 1646 (F. MAYNARD, Poés., éd. F. Gohin, p. 80, pleurer [..] Sur la tombe des Valois); 1776 (RESTIF DE LA BRET., Le Paysan perverti, t. 4, p. 22: nous allons [...] sur les tombes de mon pere et de ma mere); c) 1938 se retourner dans sa tombe (BERNANOS, Grands cimetières sous la lune, p. 19 ds ROB.); 2. 1311 « pierre tombale » (Arch. du Pas-de-Calais, A 278 ds GAY: une tombe ... de marbre ). B. P. métaph. 1. a) 1555 avoir un pied dans la tombe (RONSARD, Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 8, p. 171, 179: leur pied [...] est desja sur la tombe); 1751 (PRÉVOST, Lettres angloises, t. 6, p. 384: un pied dans sa tombe); b) 1606 descendre dans la tombe (J. BERTAUT, Rec. de quelques vers amoureux, éd. L. Terreaux, p. 104: en la tombe descendre); 1718 (Ac.: descendre dans la tombe); c) 1633 suivre qqn dans la tombe (A. GODEAU, Poés. chrestiennes, p. 112: que mon esprit dans la tombe te suive); 1764 (ARNAUD, Comte de Comminge, éd. 1780, p. 39: elle n'a point encor dans la tombe suivi votre père); d) 1646 au bord de la tombe (F. MAYNARD, op. cit., p. 32: nos pieds sont arrivez sur le bord de la tombe); 1797 (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, p. 69: s'asseoir un moment au bord de sa tombe); e) 1671 emporter qqc. dans la tombe (LA FONTAINE, Fables nouv. et autres poés., éd. P. Clarac, p. 605: un mort a dans la tombe emporté votre foi); 1769 (MERCIER, Jenneval, p. 56: qui entraînera avec lui dans sa tombe le secret [...] de sa mort); f) 1972 creuser sa tombe avec ses dents (Lar. Lang. fr., s.v. creuser); 2. 1578 « la mort » (RONSARD, op. cit., t. 7, p. 80, 117 var.: les ans et la tumbe a fuy); 3. 1801 muet comme la tombe (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, p. 293); 1936 être une tombe « garder les secrets » (MAURIAC, Anges noirs, p. 163). Du lat. chrét. tumba «tombe, sépulcre» (IVe s.), empr. au gr. « tumulus funéraire; tombeau; pierre tumulaire ». Fréq. abs. littér.:3 499. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 5 631, b) 5 652; XXe s.: a) 5 392, b) 3 803.
DÉR. Tombelle, subst. fém., archéol. Butte qui dénonce la présence d'un monument funéraire. On a trouvé dans nos contrées des chaînes d'or dans les urnes des tombelles ou tumulus (SAND, Jeanne, 1844, p. 114). — []. — 1res attest. 1320-40 tombele « tertre, tumulus » (JEAN DE CONDÉ, La Messe des oiseaux, éd. J. Ribard, 9: S'ere assis sour une tombele), 1625 tombelle (Bethune, ap. LA FONS, Gloss. ms., Bibl. d'Amiens ds GDF.) attest. isolées, à nouv. 1808 (BOISTE: Tombelle, s.f. tombe élevée, en terre); de tombe, suff. -elle.
tombe [tɔ̃b] n. f.
ÉTYM. V. 1130; lat. ecclés. tumba, in Prudence, saint Jérôme, grec tumbos.
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1 Lieu où l'on ensevelit un mort, fosse généralement recouverte d'une dalle de marbre, de pierre. ⇒ Fosse, sépulture, tombeau. || Tertre, tumulus abritant une tombe. || Mort (3. Mort, cit. 1) qui est couché, qui repose dans la tombe (→ Ligne, cit. 10). || Descendre un cercueil dans une tombe. || Les tombes d'un cimetière (cit. 8; et → Enterrer, cit. 10; herbe, cit. 8; perpétuité, cit. 4), d'une nécropole (cit. 2 et 4). || Sur la tombe de qqn : au bord de sa tombe, devant sa tombe (→ Insincérité, cit. 1; obliger, cit. 6). || Fleurir (cit. 16), orner des tombes (→ Perle, cit. 7). || « On me dit une mère et je suis une tombe » (→ Hécatombe, cit. 3). || « L'œil (cit. 53) était dans la tombe et regardait Caïn » (Hugo). — ☑ Loc. Il se retournerait dans sa tombe, se dit d'un défunt qu'on imagine bouleversé, soulevé d'indignation par qqch. — Par compar. ☑ Froid, triste… comme une tombe. ☑ Silencieux, muet comme la tombe, comme une tombe, complètement silencieux (notamment, capable de garder un secret). → aussi ci-dessous, 4., fig.
0.1 Les képis et les culottes rouges, les galons et les boutons d'or, les sabres, les aiguillettes de l'état-major, les brandebourgs des chasseurs et des hussards passaient au milieu des tombes dont les croix blanches ou noires ouvraient leurs bras lamentables, leurs bras de fer, de marbre ou de bois sur le peuple disparu des morts.
Maupassant, l'Ordonnance, Pl., t. II, p. 980.
1 (…) d'innombrables professions de foi d'immoralisme national capables de faire se retourner dans leurs tombes Jules César, Louis XI, Bismarck et Cecil Rhodes.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 19.
2 La tombe, tournée vers le sud, présentait une dalle de pierre dure, à double pente, une stèle au fond, surmontée d'une croix, une grille qui en faisait le tour, et quatre vases de fonte aux quatre coins de la grille. La stèle portait l'inscription : Sépulture de la famille Didier-Meslier.
J. Romains, Une femme singulière, V.
2 (XIVe). Pierre tombale. || Inscriptions, dates (cit. 2) gravées sur une tombe. ⇒ Épitaphe. || « Pour jamais sous la tombe eût enfermé (cit. 1) Molière » (→ aussi Chair, cit. 7). — La pierre tombale et le monument (cit. 2) en général. ⇒ Mausolée, tombeau (→ Gisant, cit. 6; matériau, cit. 2; réfection, cit.).
3 Les assistants les plus rapprochés du caveau, ceux qui commençaient à plonger leurs regards dans sa profondeur, ont cru voir les tombes se soulever et flotter les linceuls (…)
Charles Nodier, Contes, « Trilby ».
3 (Mil. XVIIe). Par métaphore, fig. (Symbole de la mort). || Le berceau (cit. 6) et la tombe (→ Antithèse, cit. 7). || « Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière » (cit. 2). || « Aux plus infortunés la tombe sert d'asile » (cit. 24). ⇒ Asile (dernier), demeure (dernière). || Une victoire sur la tombe (→ 1. Mort, cit. 19). || « Obligé d'hypothéquer (cit. 4) ma tombe ». || La tombe leur a donné la consécration (→ Incontesté, cit. 1).
4 La tombe finit toujours par avoir raison.
Hugo, Post-Scriptum de ma vie, « Grands hommes », I.
♦ ☑ Être au bord de la tombe, avoir déjà un pied (cit. 15) dans la tombe : être près de mourir. ☑ Descendre dans la tombe : mourir. ☑ Suivre qqn dans la tombe : mourir peu de temps après lui. ☑ Emporter son secret dans la tombe (→ Ouvrir, cit. 39).
5 (…) cette grande cocotte du monde que j'avais connue autrefois, la princesse de Nassau. Si sa taille n'avait pas diminué (ce qui lui donnait l'air, par sa tête située à une bien moindre hauteur qu'elle n'était autrefois, d'avoir ce qu'on appelle un pied dans la tombe), on aurait à peine pu dire qu'elle avait vieilli.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 979.
♦ Les « Mémoires d'outre-tombe », de Chateaubriand, destinés à être publiés après la mort de l'auteur.
4 Fig. || Être une tombe : être silencieux; être capable de garder les secrets (→ aussi ci-dessus, 1., par compar.). → Tombeau, 1., c.
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DÉR. et COMP. Tombal, tombeau, tombelle. Outre-tombe.
Encyclopédie Universelle. 2012.