blague [ blag ] n. f.
• 1721; du néerl. balg « enveloppe »
1 ♦ Petit sac de poche dans lequel les fumeurs mettent leur tabac. ⇒ tabatière. Blague à tabac.
2 ♦ (1809) Histoire imaginée à laquelle on essaie de faire croire. ⇒ mensonge, plaisanterie; bobard, craque; galéjade. Raconter des blagues. — La blague : la plaisanterie. Prendre tout à la blague. ⇒ rigolade. Loc. Blague à part, blague dans le coin : pour parler sérieusement. Sans blague ! interjection qui marque le doute, l'étonnement, l'ironie. Pas de blague ! exhortation à la prudence, au sérieux.
3 ♦ Par ext. Plaisanterie. ⇒ 2. farce. Faire une bonne blague, une sale blague à qqn.
4 ♦ Erreur, maladresse. Faire une blague. ⇒ bévue, boulette, bourde, fam. connerie, 2. gaffe, sottise.
● blague nom féminin (néerlandais balg, gaine) Poche souple dans laquelle les fumeurs mettent leur tabac. ● blague nom féminin (de blague) Familier Histoire plaisante imaginée pour amuser ou pour tromper : Dire des blagues. Vieux. Verve railleuse : Toujours porté à la blague. Farce, plaisanterie faite aux dépens de quelqu'un : Faire une sale blague à un camarade. Action irréfléchie, maladroite ; erreur : Cette blague dans son travail lui a coûté très cher. ● blague (citations) nom féminin (de blague) Familier Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Ceux qui redoutent la Blague n'ont pas grande confiance dans leur force. Ce sont des Hercules qui craignent les chatouilles. Autres Rhumbs Gallimard ● blague (expressions) nom féminin (de blague) Familier Blague dans le coin, blague à part, sans plaisanter, en parlant sérieusement. C'est de la blague, ce n'est pas sérieux. C'est une sale blague, c'est une chose fâcheuse. Pas de blagues !, invitation à la prudence, à se conduire correctement. Sans blague !, interjection marquant l'étonnement, le doute, l'ironie. Traiter, prendre quelque chose à la blague, ne pas le considérer sérieusement. ● blague (synonymes) nom féminin (de blague) Familier Histoire plaisante imaginée pour amuser ou pour tromper
Synonymes :
- bobard (familier)
- boniment
- galéjade (familier)
- histoire
Verve railleuse
Synonymes :
- badinage
- malice
Farce, plaisanterie faite aux dépens de quelqu'un
Synonymes :
- canular
- niche
- tour
Action irréfléchie, maladroite ; erreur
Synonymes :
- bêtise
- erreur
- gaffe (familier)
- impair
- sottise
blague
n. f.
d1./d Fig., Fam. Histoire inventée pour mystifier quelqu'un. Raconter des blagues.
— Fam. Sans blague! Interjection employée à l'annonce d'une chose qui paraît incroyable.
d2./d Fam. Plaisanterie, farce. Une sale blague.
d3./d Fam. Bêtise. Faire des blagues. Pas de blagues!
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blague
n. f. Petit sac, pochette pour le tabac.
I.
⇒BLAGUE1, subst. fém.
Petit sac dans lequel les fumeurs mettent leur tabac :
• 1. En attendant le caoua, on roule la cigarette, on bourre la pipe. On tire les blagues. Quelques-uns ont des blagues en cuir ou en caoutchouc achetées chez le marchand. C'est la minorité. Biquet extrait son tabac d'une chaussette dont une ficelle étrangle le haut.
BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 30.
Rem. Dans l'ex. suiv. le mot désigne une tabatière :
• 2. Aller aux Andelys à Pâques, c'est me renouer à tout mon passé, (...), embaumer les mêmes lieux du même tabac apporté dans la même boîte de cuivre! (Tu connais ma blague de maître maçon).
FLAUBERT, Correspondance, 1841, p. 78.
— Arg., vieilli (p. anal. de forme et de consistance). Blague à tabac. ,,Sein de vieille femme`` (FRANCE 1907).
PRONONC. ET ORTH. :[blag]. Durée mi-longue sur [a] dans PASSY 1914. Enq. : /blag/. MOZIN-BIBER t. 1 1826 et LAND. 1834 écrivent blade ou blague. Ac. 1835, BESCH. 1845, Lar. 19e, LITTRÉ et GUÉRIN 1892 consacrent à la forme blaque une vedette de renvoi à blague.
II.
⇒BLAGUE2, subst. fém.
A.— Vx, au sing. Faconde creuse, hâbleuse ou mystificatrice; verve amusante ou railleuse :
• 1. ... rien d'amusant comme de voir la plaisanterie voltigeante, l'asticotage de sang-froid, la gouaillerie et la blague bien élevée de Giraud, la piquant et la harcelant comme un toréro qui pique des banderilles.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1866, p. 286.
SYNT. Avoir de la blague, avoir une fameuse blague; n'avoir que (de) la blague, n'avoir aucune blague; parler (de qqc.) avec blague; mettre une sourdine à sa blague.
— P. méton. :
• 2. Cette ressemblance bourgeoise de sa cervelle [de Flaubert] avec la cervelle de tout le monde, (...) il la dissimule par des paradoxes truculents, des axiomes dépopulateurs, des beuglements révolutionnaires, (...). La violence de l'exagération avoue et confesse bien vite, près des fins observateurs, la blague du verbe.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1873, p. 932.
— P. ext. au sing. et au plur. Action inconsidérée, faute commise par légèreté, sottise :
• 3. — Vous êtes idiots, tous les deux, dit-il, avec vos réunions. Un jour, à force de faire des blagues, vous vous ferez ramener ici par les flics...
ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 20.
B.— Histoire inventée pour mystifier quelqu'un. Raconter des blagues :
• 4. Dans toutes les comédies du monde, les fils inventent un tas de blagues pour carotter leur père, afin d'en soutirer de l'argent. Je n'ai aucune blague à inventer, mais j'ai besoin d'argent...
FLAUBERT, Correspondance, 1842, p. 121.
• 5. — Dans mes adultères de début, dit-il, je ne pouvais pas cacher à ma femme que je la trompais. Alors, je le lui disais, sous forme de blague, en farce. Elle ne me croyait pas, et j'étais quitte avec ma conscience.
RENARD, Journal, 1898, p. 513.
♦ Loc. Sans blagues. Formule exclamative ou interrogative de doute ou d'étonnement, ou iron. exprimant le fait que l'on n'a pas été mystifié par son interlocuteur.
SYNT. Débiter de mauvaises blagues (sur le compte de qqn); poser, lâcher, coller des blagues (à qqn); pousser une blague; (faire) gober une blague (à qqn). Sans blague (aucune), blague à part, pas de blague, blague dans le coin. Sérieusement, sans vouloir tromper.
— P. méton. Plaisanterie, raillerie, rigolade :
• 6. À dire vrai, l'on ne prenait pas Wilde bien au sérieux, et ce qui commençait à percer de son être réel, semblait une affectation de plus : on se scandalisait un peu, mais surtout on le prenait à la blague, on se gaussait.
GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 582.
• 7. ... comme tous les gens des générations qui ont précédé la mienne, il n'avait pas le sens de la blague. Grand-père n'admettait pas que l'on pût rire de ce qu'on appelait alors des « sentiments généreux ».
GYP, Souvenirs d'une petite fille, 1928, p. 234.
SYNT. faire qqc. par blague; prendre, traiter qqc. à la blague; prendre qqc. en blague.
— P. ext. Propos ou actes destinés à amuser quelqu'un ou à s'amuser à ses dépens :
• 8. Ensuite arrivaient les farces, les soudaines évocations des bonnes blagues, dont on se tordait après des années. Oh! le matin où l'on avait brûlé dans le poêle les souliers de Mimi-La-Mort, ...
ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 36.
SYNT. Faire des blagues sur qqn ou qqc., avec qqc. Plaisanter sur, à propos de qqn ou qqc. Blague contre qqc.; jouer, faire des blagues, une bonne, une sale, une mauvaise blague à qqn. Lui jouer, lui faire des tours, un mauvais tour.
♦ Faire la blague de + inf. :
• 9. La Guillaumette ayant constaté que l'horloge marquait exactement neuf heures, fit la blague de rendre l'appel, le litre tenu à bout de bras, à la façon d'une chandelle : — silence à l'appel! Manque personne, mon lieutenant!
COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, p. 97.
♦ P. iron. :
• 10. ... il [Lazare] se résignait quand même à être médecin; autant cette blague-là qu'une autre; rien n'était drôle au fond.
ZOLA, La Joie de vivre, 1884, p. 851.
♦ P. métaph. :
• 11. Ah! oui, de construire une espèce de digue, un balisage, en bas du potager, pour prévenir les petites blagues annuelles de la rivière...
COLETTE, Duo, 1934, p. 218.
Rem. On rencontre dans la docum. les néol. a) Blaguologie, subst. fém. Répétition blagueuse, hâbleuse. Vous avez dénoncé la blaguologie des mots (BARRÈS, Mes cahiers, t. 2, 1898-1902, p. 247). b) Blagomachie, subst. fém. Dispute, querelle à propos de choses qui ne sont que des blagues. C'est de la blagomachie (BARRÈS, Mes cahiers, t. 3, 1902-04, p. 112).
PRONONC. ET ORTH. — Cf. blague1.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1721 blaque « sac à tabac » (Trév.); 2. 1809 « mensonge, vantardise, histoire » (Cadet de Gassicourt cité par SAIN. Lang. par., p. 79).
Empr. au néerl. balg « gaine, enveloppe » et aussi « dépouille, peau dont on dépouille un animal, surtout un oiseau » cf. VAN DALE, Handwoordenbock der Nederl. Taal, 1915, 17 cité par BARB. Misc. 21, n° 4 et aussi GALLAS (hyp. de BARB., loc. cit.; BL.-W.5; FEW t. 15, 1, pp. 34-35); la métathèse -al- > -la- s'explique par la rareté en fr. non savant du groupe -lg-. Le sens de « menterie » est issu de la notion de « gonflé, boursouflé », la blague à tabac semblant être gonflée d'air. Cf. le sens de « jabot de pélican servant de sac » attesté en fr. en 1722 (LABAT, Nouveau voyage aux Iles [éd. 1742], VIII, 299 cité par Buffon dans BARB., loc. cit., p. 183) et en 1758 (LE PAGE DU PRATZ, Hist. de la Louisiane, II, 113 cité par le même, ibid.); de plus, l'hyp. d'un empr. au néerl., lang. d'un peuple colonisateur, est en accord avec les textes cités par Buffon, et avec le milieu, vraisemblablement celui de la marine, où est né le mot fr. Pour ces raisons, un empr. au b. all. blagen « bouffer, se boursoufler » (EWFS2; DAUZAT 1968) est moins vraisemblable.
STAT. — Fréq. abs. littér. :926. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 164, b) 2 111; XXe s. : a) 2 459, b) 1 182.
BBG. — BARTH (A.). Beiträge zur französischen Lexikographie. Vox rom. 1936, t. 1, pp. 107-108. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 303. — LETESSIER (F.). Blague, blagueur, blaguer. Fr. mod. 1944, t. 12, pp. 306-307.
1. blague [blag] n. f.
ÉTYM. 1721; du néerl. balg « enveloppe », par métathèse.
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♦ Petit sac, enveloppe servant à contenir du tabac (souple, à la différence de la tabatière). || Blague, blague à tabac en cuir, en caoutchouc. || Acheter une blague neuve. || La blague à tabac d'un fumeur de pipe.
0 Il se trouva repasser par mon bureau, s'assit, me tendit sa blague à tabac.
— Je vois que vous êtes un fumeur de pipe aussi. J'aime les fumeurs de pipe.
G. Simenon, les Mémoires de Maigret, p. 19.
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DÉR. Blaguer. — V. 2. Blague.
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2. blague [blag] n. f.
ÉTYM. 1809; métaphore de 1. blague, avec la valeur de « chose gonflée, mensongère », ou (plutôt) déverbal de blaguer.
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♦ Familier.
1 Vieilli. (La blague). Type de moquerie ou de discours destiné à amuser, à mystifier; par ext., ironie ou plaisanterie. ⇒ Rigolade. || Avoir de la blague, une fameuse blague. || Parler de qqch. avec blague. || « La gouaillerie et la blague bien élevée de Giraud » (Goncourt, in T. L. F.). || Avoir le sens de la blague et de l'humour. || Il est toujours bon, prêt pour la blague.
1 Ce système, appelé, dans l'argot du journalisme, la blague.
Balzac, Illusions perdues, II.
1.1 La Blague, — cette forme nouvelle de l'esprit français, née dans les ateliers du passé, sortie de la parole imagée de l'artiste, de l'indépendance de son caractère et de sa langue, de ce que mêle et brouille en lui, pour la liberté des idées et la couleur des mots, une nature de peuple et un métier d'idéal (…)
Ed. et J. de Goncourt, Manette Salomon, p. 28.
♦ ☑ Mod. (en loc.). À la blague : d'une manière légère et amusée, par insouciance, ironie ou scepticisme (s'oppose à : au sérieux). || Prendre qqn, qqch., traiter qqch. à la blague. || Prendre tout à la blague : ne rien prendre au sérieux.
♦ ☑ Loc. adv. Blague à part; (1859) blague dans le coin (→ 1. Plante, cit. 1) : toute intention plaisante étant écartée; pour parler sérieusement.
1.2 Je te le secoue, il tombe sous la table en disant : « J'veux un fiacre. » Moi, ça commençait à me fendre l'arche (m'ennuyer). Je lui dis : « Pas de bêtises, mon vieux ! ça ne serait pas à faire; blague dans le coin, t'es malade, mais paye ta moitié. »
Monselet, le Musée secret de Paris, 1859, p. 80, in D. D. L., II, 15.
1.3 — Blague dans le coin, dit-elle (au fakir), je parie que vous êtes de Houilles ou de Bezons, peut-être même de Sartrouville, je reconnais ça à votre accent.
R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 32.
♦ Sans blague ! (→ ci-dessous, sens 2).
2 Plus cour. (Une, des blagues). Histoire (récit, réflexion…) imaginée pour mystifier gaiement. || Il a encore inventé cette blague. || Conter, débiter, dire, raconter des blagues. ⇒ Bobard, galéjade, hâblerie, plaisanterie. || C'est vrai, ou c'est encore une blague ? ⇒ Mensonge. || Tu ne vas pas croire, gober, avaler cette blague ?
1.4 (…) un beau parleur avait amené la conversation sur l'exécuteur des hautes œuvres de Paris, et il en faisait le portrait, lorsque tout à coup un des auditeurs s'écria d'une voix rauque :
— Tu dis des blagues… tu parles de choses que tu ne connais pas ! Tu nous dis que le bourreau d'ici est petit, moi je te dis qu'il est grand.
Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, p. 186 (1842).
♦ Spécialt. Histoire comique, souvent grivoise. || Recueil de blagues. || Raconter une blague en société (→ Une bien bonne). || Une blague idiote, marrante.
♦ ☑ Loc. Sans blague(s) !, interjection qui marque un doute ironique à l'égard de ce qui vient d'être dit (→ argot. Sans charre !). — (Exprimant l'indignation). || Non mais, sans blague ? — (Dans le même sens). || Cette blague ! || La bonne blague ! (→ Tu m'en diras tant).
➪ tableau Principales interjections.
3 Acte ou propos destiné à se moquer. ⇒ Farce, plaisanterie. || Il lui fait une blague, une bonne, une sale blague. ⇒ Tour (mauvais tour). || Faire une blague sur, avec, contre qqn. || Faire la blague de (et inf.) : faire qqch. par plaisanterie.
2 Depuis longtemps, il mijotait en soi, à l'intention du père Soupe, le plan d'une blague gigantesque.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, II, II.
4 Erreur ou maladresse faite par légèreté. ⇒ Bêtise, bévue, boulette, bourde, gaffe. || Il faudra réparer cette blague. ☑ Eh là ! pas de blagues ! : faites attention, pas d'imprudence.
REM. On note vers 1900 les composés rares blaguologie ou blagologie [blagɔlɔʒi] n. f. (1898, Barrès) « répétition de blagues » : || « Et enfin, ils (tous ces fakirs du communisme) n'ont pas l'air de s'apercevoir que la violence qui est, toute blagologie mise à part, leur seule arme, est une arme dangereuse qui peut se retourner contre eux » (Mercure de France, 15 févr. 1923); blagomachie [blagɔmaʃi] n. f. (1902, Barrès) « querelle qui ne repose que sur des blagues ».
Encyclopédie Universelle. 2012.