pain [ pɛ̃ ] n. m.
1 ♦ Aliment fait de farine, d'eau, de sel et de levain, pétri, fermenté et cuit au four (le pain, du pain); masse déterminée de cet aliment ayant une forme donnée (un pain). Pâte à pain. Faire du pain. Croûte, mie de pain. Miettes de pain. Pain de froment, de gruau, de seigle, d'avoine, d'orge. Pain blanc, bis, noir. Pain complet ou pain de son, où entrent de la farine brute, du petit son. Pain de ménage (fait à la maison) et pain de boulanger. Pain industriel. Pain de campagne (vendu au poids) et pain de fantaisie (vendu à la pièce). Pain de munition, pain pour les soldats (anciennt). Pain moulé; pain de mie. Pain au levain. Pains longs (baguette, flûte, parisien, bâtard, ficelle, saucisson); pains ronds (boule, miche, couronne). Sandwich au pain de mie. Pain aux noix. Pain viennois : pain de gruau additionné de sucre et de matière grasse. Petits pains au lait (⇒ bun, muffin, 1. navette, pistolet) . Pain pita. Pain frais; pain dur, rassis. Pain réduit en poudre. ⇒ chapelure, panure. Corbeille, couteau, planche à pain. Morceau, tranche, croûton de pain. Bouchée, quignon de pain. Couper, rompre du pain. Pain grillé, braisé (⇒ biscotte, croûton, gressin, longuet) . Étaler du beurre sur son pain (⇒ tartiner) . Tartine de pain beurré. Pain sec, sans aucun accompagnement. Être au pain sec et à l'eau, par punition. « Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir » ( Hugo). Le miracle de la multiplication des pains, dans l'Évangile.
♢ Relig. Pain azyme. Les espèces du pain et du vin. — C'est pain bénit.
♢ Loc. fig. Manger son pain blanc (le premier) : avoir des débuts heureux. Je ne mange pas de ce pain-là : je n'accepte pas ces procédés. Ça ne mange pas de pain. Bon comme du bon pain : excellent. Avoir du pain sur la planche. Pour une bouchée de pain. Objets qui se vendent comme des petits pains, très facilement.
2 ♦ (Dans des loc.) Symbole de la nourriture, de la subsistance (le pain). Du pain et des jeux (II, 1o). « L'homme ne vit pas seulement de pain, mais il vit aussi de pain » (Renan). Gagner son pain à la sueur de son front. Ôter, retirer à qqn le pain de la bouche, le priver de sa subsistance. Ôter à qqn le goût du pain, le maltraiter, le tuer. Le pain quotidien : la nourriture de chaque jour; fig. ce qui est habituel. « on le traita de séditieux parce qu'il prononça un peu haut, Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien » (Voltaire). Long comme un jour sans pain : interminable.
3 ♦ PAIN AUX RAISINS, AU CHOCOLAT : petite pâtisserie, simple, sucrée (aux raisins secs, au chocolat). ⇒aussirégion. cramique. — PAIN DE G ÊNES : gâteau à pâte légère. — PAIN D'ÉPICE(S) : gâteau fait avec de la farine de seigle, du miel, du sucre et des épices (anis). ⇒région. couque.
♢ Cuis. Pain de viande, de légumes, de poisson : préparation moulée en forme de pain. — PAIN PERDU : tranches de pain rassis trempées dans le lait et l'œuf, frites à la poêle et sucrées.
4 ♦ Masse (d'une substance) comparée à un pain. Pain d'olives. ⇒ 1. tourteau. Pain de savon, de cire. Pain de glace. PAIN DE SUCRE : casson. Crâne, montagne en pain de sucre. ⇒ cône. Géogr. Piton de granit.
5 ♦ Pain à cacheter : pain azyme utilisé pour cacheter les lettres.
6 ♦ Arbre à pain, nom courant de l'artocarpe. — Pain de singe : pulpe du fruit du baobab. — Pain d'oiseau. ⇒ brize.
7 ♦ Pop. Coup, gifle. Il lui a collé un pain.
⊗ HOM. Peint, pin.
● pain nom masculin (latin panis) Aliment résultant de la cuisson d'une pâte obtenue par pétrissage d'un mélange composé de farine, d'eau et de sel et soumise à fermentation par la levure. Symbole de la nourriture, des aliments qui entretiennent la vie, qui servent à la subsistance : Gagner son pain quotidien. Masse de matière à laquelle on donne, au moule, une forme déterminée : Pain de beurre, de savon. Populaire. Coup de poing, gifle. Cuisine Préparation à base d'un aliment (gibier, volaille, poisson, légumes, etc.) réduit en purée et lié, servie moulée, chaude ou froide, enrobée de gelée. ● pain (citations) nom masculin (latin panis) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir. L'Art d'être grand-père Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Le théâtre doit faire de la pensée le pain de la foule. Les Burgraves, Préface Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Mangez, moi je préfère, Probité, ton pain sec. […] Mangez, moi je préfère, Ô gloire, ton pain bis. […] Mangez, moi je préfère, Ton pain noir, liberté ! Les Châtiments, Chanson, I, 10 Antoine François Prévost d'Exiles, dit l'abbé Prévost Hesdin 1697-Courteuil, près de Chantilly, 1763 Crois-tu qu'on puisse être bien tendre lorsqu'on manque de pain ? Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut Isaac Félix, dit André Suarès Marseille 1868-Saint-Maur-des-Fossés 1948 Le luxe est le pain de ceux qui vivent de brioche. Voici l'homme Albin Michel François Villon Paris 1431-après 1463 Vente, gresle, gelle, j'ay mon pain cuit. Testament, Ballade de la grosse Margot François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Si les imbéciles veulent encore du gland, laisse-les en manger, mais trouve bon qu'on leur présente du pain. Dictionnaire philosophique Juvénal, en latin Decimus Junius Juvenalis Aquinum, Apulie, vers 60 après J.-C.-vers 130 Du pain et le cirque ! Panem et circenses ! Satires, X, 81 Commentaire Juvénal exprime son mépris pour les Romains de la décadence, capables seulement de s'intéresser à la nourriture et aux jeux du cirque. Bible L'homme ne vit pas seulement de pain, mais l'homme vit de tout ce qui sort de la bouche de Yahvé. Ancien Testament, Deutéronome VIII, 3 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Bible L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Évangile selon saint Matthieu, IV, 3-4 John Heywood Londres 1497-en exil à Louvain ou Malines 1578 ? Mieux vaut un demi-pain que pas de pain du tout. Better is half a loaf than no bread. Proverbes ● pain (difficultés) nom masculin (latin panis) Orthographe Pain d'épice ou pain d'épices. Remarque Pain d'épices, avec s, a été longtemps proscrit. Cette orthographe est aujourd'hui admise ; elle est la plus courante en Belgique. ● pain (expressions) nom masculin (latin panis) Familier. Avoir du pain sur la planche, avoir beaucoup à faire. Bon comme du (bon) pain, d'une extrême bonté. Enlever à quelqu'un le pain de la bouche, lui retirer ses moyens de subsistance, notamment en le privant de la possibilité de travailler, par la concurrence, etc. Familier. Faire passer, ôter le goût du pain à quelqu'un, le tuer. Long comme un jour sans pain, excessivement long et ennuyeux. Familier. Manger son pain blanc, noir, être dans une situation avantageuse ou désavantageuse, qui ne doit pas durer. Familier. Ne pas manger de ce pain-là, ne pas entrer dans une affaire douteuse, malhonnête ; ne pas se prêter à une escroquerie. Pain brûlé, couleur brun soutenu et chaud (expression invariable). Pain quotidien, nourriture de chaque jour ; ce qui arrive quotidiennement. Pain sec, punition consistant à ne manger que du pain. Familier. Pour une bouchée de pain, pour un prix dérisoire. Familier. Se vendre comme des petits pains, se vendre avec facilité et rapidité. Pain de sucre, masse de sucre blanc en forme de cône. Pain d'abeilles, mélange de pollen, de miel et de sécrétions que reçoivent comme nourriture les larves d'ouvrières. Arbre à pain, nom usuel de l'artocarpus. Gros pain, pain vendu au poids. Pain blanc, autrefois, pain fait à partir de farine très pure. Pain de campagne, autrefois, pain fabriqué au levain et à la farine de blé, dont la pâte était pétrie à la main ; pain fabriqué de manière à imiter ce type de pain, en utilisant de la farine légèrement bise, en lui donnant une forme ronde ou oblongue et en farinant la croûte. Pain au lait, petit pain allongé à croûte lisse, fait de pâte briochée au lait. Pain français, en Belgique, tout pain de forme allongée. Pain long, pain de forme cylindrique, allongé, portant sur le dessus des traits obliques, tel que la baguette ou le bâtard. Pain de mie, pain cuit au moule, de sorte qu'il ne se forme que très peu de croûte, contenant éventuellement des additifs tels que matière grasse, sucre, poudre de lait. Pain moulé, pain cuit dans un moule, parfois fermé ; pain cuit sur une plaque creusée d'emplacements destinés à recevoir les pâtons qui y sont placés avant la deuxième fermentation panaire. Petit pain, pain long de petite dimension, pesant environ 100 g. Pain au chocolat, pâtisserie feuilletée et roulée, fourrée d'une petite barre de chocolat. Pain doré ou pain perdu, entremets sucré fait de tranches de pain rassis imbibées de lait, passées dans du sucre, puis de l'œuf battu, et dorées à la poêle dans du beurre. Pain d'épice, pâtisserie en forme de pain rectangulaire, à base de farine (surtout de seigle), de sucre et de miel, diversement aromatisée. Pain de Gênes, gâteau fait d'une pâte à biscuit assez dense à laquelle on incorpore des amandes pilées. Pain aux raisins, petite pâtisserie faite de pâte briochée additionnée de raisins secs. Pain de sucre, piton granitique au sommet arrondi, caractéristique des régions de climat tropical humide. Pain d'autel, l'hostie destinée à être consacrée à la messe. Pain bénit, pain présenté autrefois, par les fidèles, au moment de l'offertoire, à la messe paroissiale du dimanche. Pain eucharistique, pain consacré par le prêtre à la messe et devenu, selon la foi catholique, le corps de Jésus-Christ. Pain d'affinage, masse d'argent pur restant dans la coupelle après affinage du métal brut. Pain de munition, autrefois, pain en forme de boule, fourni aux soldats. Pain à cacheter, rondelle de pâte cuite, qui servait à cacheter les lettres. ● pain (homonymes) nom masculin (latin panis) peins forme conjuguée du verbe peindre peint forme conjuguée du verbe peindre peint adjectif pin nom masculin
pain
n. m.
d1./d Aliment fait de farine additionnée d'eau et de sel, pétrie, fermentée et cuite au four. Baguette, miche de pain. Pain complet. Pain pita.
— Pain azyme, sans levain.
— (Québec) Pain blanc, fait de farine blanche. Pain brun, fait de blé entier.
|| Masse façonnée de cet aliment. Un pain bien cuit.
— (Belgique) Pain boulot: pain de forme ovale.
— (Afr. subsah., Belgique, Québec) Pain français: baguette.
— (Proche-Orient) Pain serviette: pain très fin de fabrication artisanale.
|| Loc. fig. Fam. Avoir du pain sur la planche: avoir beaucoup de travail en perspective.
— Pour une bouchée de pain: pour un prix très bas.
— Manger son pain blanc le premier, en premier, d'abord: avoir des débuts faciles, heureux.
— (Québec) Manger son pain noir: connaître une période difficile.
— (Québec) Quand on est né pour un petit pain: formule traduisant une attitude de résignation.
d2./d (Dans les noms de diverses pâtisseries.) Pain au chocolat. Pain au lait.
— Pain d'épice(s): V. épice.
|| (Québec) Pain aux noix, aux bananes, etc.: gâteau aux noix, aux bananes, etc., moulé en forme de pain.
|| (Belgique) Pain à la grecque: biscuit croquant recouvert de sucre.
d3./d (En tant que symbole de la nourriture.) Le pain quotidien.
|| Gagner son pain à la sueur de son front: gagner sa vie durement.
|| ôter le pain de la bouche à qqn, le priver du nécessaire.
d4./d CUIS Par ext. Préparation moulée en forme de pain. Pain de viande, de poisson.
d5./d TECH Matière moulée formant une masse.
— Pain de savon, de cire, de dynamite.
|| Pain de sucre: masse de sucre de canne coulée dans un moule de forme conique.
— (Québec) Brique de sucre d'érable.
|| GEOMORPH Pain de sucre: dôme résultant de l'altération très violente, sous le climat tropical, d'un relief de roches cristallines. Le pain de sucre de Rio de Janeiro, ou Pain-de-Sucre.
— Par ext. (Québec) Dôme que forme l'eau glacée au bas d'une chute.
d6./d BOT Arbre à pain, fruit à pain: V. artocarpus.
d7./d Pain de singe: fruit du baobab, dont la pulpe sert en cuisine et pour préparer une boison acidulée.
⇒PAIN, subst. masc.
A. —Aliment fait d'une certaine quantité de farine mêlée d'eau et de levain et cuit au four; p.méton. masse de pâte cuite ayant une forme donnée. Beurrer, couper, cuire, distribuer, émietter, enfourner, grignoter, manger du pain. On voit pourquoi, ayant fait une seconde spéculation de la vente du pain d'orge et de seigle pour pain de froment, et même d'en altérer la qualité avec des farines de féveroles, de vesce, de marons d'Inde, avec des farines gâtées, il constitua l'État dans des dépenses énormes pour la construction (...) d'une infinité de moulins à bras (MARAT, Pamphlets, Nouv. dénonc. Necker, 1790, p.185). L'odeur du pain de seigle parfumait le crépuscule autour des métairies (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p.173). Enfin, les pains levés sont soumis à la cuisson dans des fours de modèles variés et plus ou moins perfectionnés (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p.13):
• 1. —Reste-t-il du pain d'hier? dit-il à Nanon. —Pas une miette, monsieur. Grandet prit un gros pain rond, bien enfariné, moulé dans un de ces paniers plats qui servent à boulanger en Anjou, et il allait le couper, quand Nanon lui dit: «Nous sommes cinq aujourd'hui, Monsieur». —C'est vrai, répondit Grandet, mais ton pain pèse six livres, il en restera. D'ailleurs, ces jeunes gens de Paris, tu verras que ça ne mange point de pain.
BALZAC, E. Grandet, 1834, p.86.
SYNT. Mettre le pain au four; partager le pain; pétrir le pain; pain blanc, bis, chaud, croustillant, (bien) cuit, dur, frais, grillé, long, moulé, noir, rassis, sec, tendre; petit pain; pain fendu, natté, bâtard, viennois; pain d'avoine, de boulanger, de campagne, de gruau, de ménage, de mie; pain de quatre livres; pain au levain; baguette de pain; croûte de pain; fournée de pain; mie de pain; miche de pain; miette, morceau de pain; prix du pain; quignon, tranche, sandwich de pain de mie; yeux du pain; corbeille, couteau, sac à pain.
♦Pain coquille. Pain cornu. Pain mollet.
♦Pain complet. Il y a quelques années, on fit campagne en faveur du pain complet, fait avec le son et la farine du grain tout entier, pour laisser au pain tous ses principes alimentaires et ses phosphates. En réalité, le pain complet n'a aucun avantage (MACAIGNE, Précis hyg., 1911, p.249).
♦Pain polka. Pain dont la croûte présente des stries formant des losanges ou des carrés (d'apr. Lar. encyclop.).
♦Pain de campagne. Pain fabriqué selon les méthodes traditionnelles pratiquées autrefois à la campagne (d'apr. Lar. encyclop.).
♦Pain de luxe ou de fantaisie. Dans les grandes villes, on fait, sous le nom de pain de luxe, ou de fantaisie, un pain très blanc qui est plus riche en amidon, mais moins riche en gluten et en phosphore organique, parce qu'il est fabriqué avec une farine blutée à 70 pour 100 (MACAIGNE Précis hyg., 1911, p.249).
♦Pain de ménage. Pain fabriqué à la maison; région. (Belgique), Pain de ménage. Pain ordinaire (d'apr. BAET. Boulang. 1971).
♦Vx. Pain de munition. Pain grossier fabriqué pour l'armée. Synon. boule de pain. Le pain surtout est un vrai pain de munition (Mme DE CHATEAUBR., Mém. et lettres, 1847, p.221).
♦Pain de régime. Pain sans sel. Enfin les pains spéciaux de régime seront étudiés au chapitre aliments de régime (BRUNERIE, Industr. alim., 1949 p.12).
♦Planche à pain.
Au fig. V. planche II A 1 au fig.
♦Pain brûlé p.ell. pour couleur de pain brûlé. Couleur du pain qui a subi une trop forte cuisson. L'autre [petit chat] n'est, des oreilles à la queue, que zébrures pain brûlé sur champ marron très clair, comme une fleur de giroflée (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p.245).
♦Région. (Belgique). Pain français. Baguette, flûte. (Ds BAET. 1971 et A. DOPPAGNE, Les Région. fr., Paris-Gembloux, Duculot, 1978).
1. En partic.
a) INDUSTR. ALIM.
♦Pain filant. ,,Altération du pain d'origine bactérienne`` (CLÉM. Alim. 1978).
♦Pain saignant. ,,Maladie du pain qui devient rouge`` (CLÉM. Alim. 1978).
b) Arg. La rue au pain. ,,Gosier`` (HAUTEL t.2 1808).
— Expr. Prendre un pain dans la fournée. ,,Avoir des relations intimes avec une fille avant le mariage`` (FRANCE 1907).
2. Aliment à base de farine dans lequel interviennent d'autres ingrédients. Pain au chocolat, de Gênes, au lait, au raisin.
♦Pain d'épice(s). Gâteau fabriqué avec de la farine de seigle, de la mélasse, du miel et diverses substances aromatiques. On se croirait à la foire aux pains d'épice... Hein? c'est ça! La foire aux pains d'épice (ZOLA, Nana, 1880, p.1422).
♦Pain de Gênes. Gâteau à base d'oeufs, de sucre, d'amandes mondées, de farine ou de fécule, de beurre, de vanille en poudre, de rhum ou curaçao (d'apr. Lar. encyclop.).
♦Pain à la grecque. Sorte de biscuit couvert de cristaux de sucre (d'apr. BAET. Boulang. 1971).
♦Pain perdu, pain doré. Dessert fait de tranches de pain que l'on fait tremper dans du lait sucré et de l'oeuf battu avant de le faire frire. Pain perdu: faites bouillir un quart de litre de lait et réduire à moitié avec un peu de sucre, une pincée de sel, (...) ayez des mies de pain coupées de la grandeur d'une pièce de 5 fr. (...) les faire tremper un petit moment, quand elles seront tout imbibées, mettez-les égoutter, trempez dans l'oeuf battu, et faites frire (AUDOT, Cuisin. campagne et ville, 1896, pp.407-408).
♦Pain azyme. Petit pain sans levain et sans sel, mince comme une feuille de papier, dont on fait les hosties et que l'on utilisait aussi pour cacheter les lettres. (Dict. XIXe et XXes.). Synon. pain à chanter (v. infra 3 a ex. de Baudel.).
Rem. Les Israélites le font cuire la veille de la Pâque, en mémoire du repas que leurs ancêtres, au moment de quitter l'Égypte avaient fait avec du pain sans levain.
— Loc. [Désignant l'élément essentiel de notre culture, le pain donne lieu à de très nombreuses loc.]
♦Avoir du pain sur la planche. V. planche I B 1 e.
♦Être au pain sec. Être réduit au pain pour toute nourriture, être réduit à un régime alimentaire spartiate. Si l'on m'eût mis au pain sec, il m'eût porté des confitures (SARTRE, Mots, 1964, p.17).
♦Mettre au pain et à l'eau. ,,Se dit d'une punition dans laquelle on ne donne au délinquant que du pain pour son repas`` (LITTRÉ).
♦Rompre le pain ensemble. Partager le pain. Pendant les conférences de Tilsitt qui ont duré quinze jours, l'empereur Alexandre a souvent mangé chez Bonaparte et il y venait sans garde. Ce dernier au contraire n'a jamais rompu le pain avec Alexandre (J. DE MAISTRE, Corresp., 1807, p.451).
♦Ça ne mange pas de pain (fam.). V. manger D 3.
— Proverbe. Lorsque le pain se ramollit, la pluie va venir. ,,L'humidité ramollit le pain`` (CHASS. 1970).
3. Spécialement
a) LITURGIE
♦Pain bénit. Pain béni au cours de la messe et distribué aux paroissiens pour symboliser l'union qui doit régner entres les fidèles. Ce n'étoit plus eux, ni leurs femmes, ni leurs enfans, qui venoient à leur tour dans les paroisses de Paris, selon la coutume vénérable de leurs ancêtres, présenter le pain bénit, en signe d'alliance spirituelle avec Jésus-Christ et avec tous les fidèles de son Église (BONALD, Législ. primit., t.1, 1802, p.200).
Loc. fig. C'est pain bénit. C'est bien fait, bien mérité. Les hommes ne nous imposent qu'une vertu, et ils passent leur temps à nous en détourner. N'est-ce pas pain bénit (...) de leur casser le nez contre les devoirs qu'ils nous ont faits? (AUGIER, Me Guérin, 1865, p.190).
b) HIST. RELIG.
♦Pain de proposition. Les douze pains offerts à Dieu par les Hébreux le jour du Sabbat. Synon. pain de l'offrande. Les pains de proposition, adoptés par les Hébreux pour leurs sanctuaires (...) représentaient, comme idée première, la nourriture du dieu (RENAN, Hist. peuple Isr., t.2, 1889, p.153).
♦Pain eucharistique. Pain sans levain servant à la fabrication des hosties. De cette médecine souveraine, l'hostie est la réplique accessible au plus grand nombre, et ce n'est pas sans raison, certes, que les chrétiens orientaux désignent les fragments du pain eucharistique par le nom de charbons (CANSELIET, Alchim., 1941, p.179).
♦Pain à chanter, pain des anges. Pain d'autel, pain azyme. On peut le prendre [le haschisch] (...) soit enveloppé dans une feuille de pain à chanter, soit dans une tasse de café (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p.352). Nous étions (...) privés du sacrement de l'eucharistie (...). Privés du pain des anges, ils s'abandonnèrent sans force aux vices (A. FRANCE, Île ping., 1908, p.46).
♦Multiplication des pains. Miracle accompli par le Christ nourrissant plusieurs milliers de personnes avec quelques pains en Galilée (Marc, VI, 8). ,,Le pain sous les espèces eucharistiques se rapporte traditionnellement à la vie active (...) le miracle du pain (sa multiplication) est d'ordre quantitatif`` (Symboles 1969).
c) HISTOIRE
♦S'ils n'ont plus de pain, qu'ils mangent de la brioche. Paroles de Marie-Antoinette parlant du peuple affamé. V. brioche ex.1.
♦Du pain et des jeux [expr., tirée de Juvénal (Satires, X, 81), qui symbolise, de manière méprisante, les deux appétits primaires du peuple: se nourrir et se divertir].
B. —P.ext. Toute espèce de nourriture indispensable à la vie. Dieu, dans sa bonté, nous donne le pain de chaque jour (LAMENNAIS, Paroles croyant, 1834, p.194). On disait: «L'avenir est au peuple. La démocratie va créer un monde nouveau... Le droit au pain, le droit à la retraite, le droit de partager...» (R. BAZIN, Blé, 1907, p.2):
• 2. ... on a le nécessaire, on peut vivre, on peut même se dire privilégié, et j'oubliais le pain quotidien, la santé, l'indépendance, la profession choisie et autres ingrédients du bonheur qui te sont en outre accordés et qui ne sont pas peu de chose.
AMIEL, Journal, 1866, p.235.
Rem. Le pain quotidien est une allusion à la prière du «Notre Père», car dans l'Ancien Testament le pain symbolisait la subsistance de l'homme, comme il est précisé dans l'ex. de Amiel supra. Quant au Pater, au Credo et à l'Ave Maria, que je savais très-bien en français, excepté donnez-nous notre pain de chaque jour, j'aurais aussi bien pu les réciter en latin comme un perroquet (SAND, Hist. vie, t.2, 1855, p.153).
— Locutions
♦Faire la guerre au pain. ,,Rentrer affamé chez soi`` (LITTRÉ).
♦Gagner son pain à la sueur de son front. Gagner sa vie en travaillant. Travailler, c'est exercer son activité dans le but de se procurer ce qui est requis pour les divers besoins de la vie, mais surtout pour l'entretien de la vie elle-même. Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front (LÉON XIII ds Doc. hist. contemp., 1891, p.138).
♦Il sait son pain manger. ,,Se dit d'un homme habile qui a voyagé`` (LITTRÉ; dict. XIXe et XXes.).
♦Il ne vaut pas le pain qu'il mange. ,,Se dit d'un fainéant`` (LITTRÉ).
♦Il ne mange pas son pain dans sa poche. ,,Il est très dépensier`` (LITTRÉ).
♦Mendier son pain. Mendier pour survivre. Je tâcherai de parfaire la somme avec mes pauvres hardes, pour l'honneur de ma parole, obligé de mendier son pain depuis la ruine du temple de Jérusalem (NODIER, Fée Miettes, 1831, p.132).
♦Pour une bouchée de pain, pour un morceau de pain. Pour presque rien. Alors je lui ai expliqué [à ma femme] (...) que le mieux serait d'accepter la proposition que vous m'aviez faite de la dégager, en lui achetant sa part, pour un morceau de pain, il est vrai (ZOLA, Curée, 1872, p.525).
♦Retirer, ôter à qqn le pain de la bouche. Lui retirer le nécessaire. Voilà Lisbeth outre-vengée!... Quel dommage qu'elle soit chez son vieux maréchal, aurions-nous ri! ah! La vieille veut m'ôter le pain de la bouche!... Je vais te la secouer, moi! (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p.298).
♦Faire passer le goût du pain (pop. et fam.). Tuer. La colère de maître Jean avait été terrible; tout ce qu'il demandait maintenant, c'était de rencontrer son vieux compagnon, pour lui faire passer le goût du pain (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t.2, 1870, p.247).
— Manger du pain rouge (arg.). Vivre de crimes, d'assassinats. Il m'a fait observer que s'il ne mangeait pas de pain rouge, il ne fallait pas en dégoûter les autres, et que vous pourriez me donner un coup de main [dans cette aventure criminelle] (SUE, Myst. Paris, 1842-43, p.15).
♦Manger son pain à la fumée, à l'odeur du rôt.
♦Manger son pain blanc le premier. Commencer par le plus agréable. C'est fâcheux qu'il ait mangé son pain blanc le premier, mais dans ce noviciat il s'est fortement déniaisé: il sait voir et il sait écouter (BARRÈS, Déracinés, 1897, p.143).
♦Promettre plus de beurre que de pain. Se dit de quelqu'un qui promet plus qu'il ne peut tenir. Et, j'étais à part moi-même comme quelqu'un à qui (...) on aurait promis plus de beurre que de pain et à qui il ne reviendrait ni pain ni beurre (VERLAINE, OEuvres compl., t.5, Confess., 1895, p.146).
— BOTANIQUE
♦Pain d'oiseau. ,,L'orpin brûlant`` (Ac. Compl. 1842). Nous allions chercher du pain d'oiseau, des baies d'aubépine derrière le calvaire (MICHELET, Journal, 1857, p.353).
♦Pain de singe. ,,Fruit du baobab dans le langage des indigènes du Sénégal`` (Ac. gastr. 1962):
• 3. L'arbre géant, en avant duquel elle [une idole] était accroupie et sur le tronc duquel elle se détachait, s'élançait d'un seul jet comme le fût lisse d'un palissandre, mais en haut, ses branches étaient emmêlées et noueuses, trapues, tronquées, contorsionnées, ramifiées comme celles d'un baobab surchargées de pain de singes, et de chaque noeud, de chaque coude, de chaque aisselle pendaient des plantes, des fleurs parasitaires...
CENDRARS, Lotiss. ciel, 1949, p.255.
♦Pain de hanneton. ,,Nom que les enfants et les gens du peuple donnent aux fruits de l'orme`` (LITTRÉ Suppl. 1877).
♦Arbre à pain. V. infra C 2.
C. —P.anal.
1. [Désigne ce dont la forme rappelle la masse d'un pain]
a) [Aliments comestibles] Pain de poisson, de viande, de volaille. La presse à beurre Pilter (...) permet de faire rapidement des pains de beurre d'un poids rigoureusement exact (POURIAU, Laiterie, 1895, p.300):
• 4. Pain de lièvre: —Vous préparez une farce (...) vous pilez bien votre foie; vous le passez au tamis (...) vous le mettez dans votre farce; vous en mettez presque plein le moule...
VIARD, Cuisin. roy., 1831, p.203.
— Pain de sucre. Masse de sucre blanc de forme conique. Des hommes (...) font sauter lestement, de bras en bras, des pains de sucre jusque dans la cale du bateau à vapeur (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p.419).
♦En pain de sucre. Ayant la forme d'un pain de sucre. Ragache fut aussitôt remplacé par un long garçon blondasse et larveux, au crâne en pain de sucre d'un mystique (E. DE GONCOURT, Faustin, 1882, p.19).
b) [Substances non comestibles] On trouve la cire à bouteilles, dans le commerce, sous forme de pains diversement colorés (BRUNET, Matér. vinic., 1925, p.504). Un marché noir actif permettait au personnel de se procurer, contre les pains de savon détournés des stocks, quelque alcool de grain (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.214):
• 5. Bloc de fer ou de fonte, habituellement rond, d'un certain poids et qui, pourvu d'une encoche, permet aux machinistes d'assurer rapidement la rigidité d'un morceau de décor isolé en assujettissant à la base de celui-ci un ou plusieurs «pains» selon la hauteur du décor. Cette appellation de pain est donnée à Paris, mais dans le midi on dit une tourte; dans le Nord c'est un pâté; enfin par ironie évidemment, dans d'autres endroits ce pain devient une pastille!
GÉNIN, Lang. planches, 1911, p.52.
— Spécialement
♦Pain à cacheter.
♦Pain d'acier. ,,Sorte d'acier qu'on tire d'Allemagne`` (CHESN. t.2 1858).
♦Pain d'émail. ,,Petits disques d'émail de différentes couleurs dont les peintres broient des fragments dans un mortier d'agate`` (ADELINE, Lex. termes d'art, 1884).
♦Pain de laine. ,,Tas de laine ayant la forme d'un pain de sucre et qui sert à garnir l'intérieur des balles`` (CHESN. t.2 1858).
♦Pain de lie. ,,Lie sèche que les vinaigriers tirent de leurs presses, après en avoir exprimé le vin pour faire du vinaigre`` (CHESN. t.2 1858).
♦Pain de liquidation. ,,Gâteau de cuivre qui demeure sur le fourneau de liquidation, après que le plomb et l'argent en ont été dégagés`` (CHESN. t.2 1858).
♦Pain de noeuds. ,,Fragment de pierre d'ardoise`` (CHESN. t.2 1858).
♦Pain de noix, d'olives, de roses. ,,Masse formée du résidu des noix, des olives, des roses (...) après qu'on en a extrait l'huile ou l'arôme`` (CHESN. t.2 1858).
♦Pain de salignon. ,,Masse de sel en forme de pain`` (CHESN. t.2 1858).
♦Pain de trouille. ,,Tourteau restant après l'extraction`` (CHESN. t.2 1858).
♦Pain de vendange. ,,Masse de celle-ci qui surnage sur la cuve au-dessous du chapeau`` (CHESN. t.2 1858).
♦Arg. et pop. Lâcher un pain. ,,Donner un soufflet. (...) laisser sur la figure une marque comparée ici à celle d'un pain à cacheter rouge`` (LARCHEY, Dict. hist. arg., 2e Suppl., 1883, p.112).
2. [Désigne ce qui fait penser au pain par son goût ou son apparence]
♦Arbre à pain. Nom vulgaire du jaquier. (Dict. XIXe et XXes.):
• 6. Ils coupent le poisson ou le cochon cru avec des couteaux de bambou, pèlent les bananes vertes et les fruits rôtis de l'arbre à pain avec des grattoirs en bois, épluchent les taros, les ignames et le fruit de l'arbre à pain avec des coques de noix de coco partagées par la moitié et aiguisées sur les bords...
LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.78.
3. [Désigne l'endroit où l'on fait ou vend le pain, la boulangerie] Aller au pain (pop.). C'est une maison solitaire, sur une colline, à cinq kilomètres du pain et du clocher (BARRÈS, Leurs fig., 1909, p.183).
D. —Au fig. et valeurs symboliques.
1. Source de vie.
a) [Sur le plan physique] Les deux jambes sont fracturées (...). Je ferai moi-même la réduction (...) car ses jambes (...) c'est le pain de ce garçon (E. DE GONCOURT, Zemganno, 1879, p.235).
b) [Sur le plan intellectuel, affectif ou spirituel] Pain de l'espérance, de l'exil, de l'illusion, de l'indifférence, de l'intelligence, des larmes, de misère. Oh! l'amour d'une mère! amour que nul n'oublie! Pain merveilleux qu'un dieu partage et multiplie! Table toujours servie au paternel foyer! (HUGO, Feuilles automne, 1831, p.717). La présence du mort est imaginaire mais son absence est bien réelle; elle est désormais sa manière d'apparaître. Il ne faut pas chercher le vide, car ce serait tenter Dieu que de compter sur le pain surnaturel pour le combler (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p.32):
• 7. Avec quelle plénitude paisible, ce matin, comme je me promenais dans la cathédrale [de Reims], j'ai reconnu sur ses tapisseries les images de mon histoire sainte d'enfant: voilà le premier pain spirituel que j'ai mangé, le premier aliment fourni à mon esprit.
BARRÈS, Pitié églises, 1914, p.311.
— [P.réf. à l'assimilation du pain au corps du Christ] Le pain et le vin, dans leur être naturel, ou par une institution de Dieu ou de Jésus-Christ, sont déjà une figure, un symbole du corps et du sang du sauveur (Théol. cath. t.14, 1 1939, p.507).
♦Pain de vie. La nécessité vitale de se nourrir du pain de vie postule le sacerdoce comme sa condition incluse dans l'institution eucharistique (Philos., Relig., 1957, p.52-2).
Rem. 1. S'il est vrai que l'homme ne vit pas seulement de pain, c'est encore le nom de pain que l'on donne à sa nourriture spirituelle ainsi qu'au Christ eucharistique, le pain de vie. 2. ,,Jésus a promis de donner un jour une nourriture qui reste pour la vie éternelle, un pain qui descend du ciel et donne la vie au monde, (lui-même venu du ciel, envoyé par son Père, sera dans l'Eucharistie, qui le contiendra sous l'apparence du pain, le vrai pain venu du ciel: «Je suis le pain de vie» c'est-à-dire nourriture de l'âme comme objet et auteur de la foi)`` (MARCEL 1938).
— Locutions
♦Avoir du pain cuit. ,,Avoir de quoi vivre`` (LARCH. 1858, p.639).
♦Ne pas manger de ce pain-là. Refuser d'agir d'une certaine manière qui heurte un système de valeurs. Mais on dirait que vous ne savez pas ce que c'est que Madame Elstir. J'aimerais mieux recevoir la dernière des filles! Ah! non, je ne mange pas de ce pain-là (PROUST, Sodome, 1922, p.940).
♦Être le pain quotidien. Être le lot habituel. Une telle vertu guerrière et patriotique, c'est le pain quotidien de la France en 1917 (BARRÈS, Cahiers, t.11, 1917, p.226).
2. [Symbole du nécessaire] Une nouvelle émission de bons à cent francs l'hectare s'enleva comme des petits pains blancs (A. DAUDET, Port-Tarascon, 1890, p.62). Or, sa face de carême, son corps long comme un jour sans pain, ses pieds interminables (A. FRANCE, Vie littér., 1892, p.310).
3. [Symbole de la bonté et en général de toutes les belles qualités morales] Bien plus retors que ne l'était Beauru qui était «franc comme le pain» (...) Jupil réussit avec les «actionnaires» (VIALAR, Fusil, 1960, p.95).
REM. 1. Panifuge, adj., hapax. Espèces panifuges. Saintes espèces (v. oblates). Songez enfin, poursuivit l'abbé, aux pyxides dans lesquelles on conserve les espèces panifuges, les oblates saintes (HUYSMANS, Cathédr., 1898, p.133). 2. Panasserie, subst. fém. ,,Fabrication parisienne des pains de fantaisie`` (Lexis 1975).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Fin Xes. pan «aliment fait d'une masse de farine délayée dans l'eau, pétrie et cuite au four» (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 97 [ici: allusion à la Cène]); b) 1120 un pain «une miche de pain» (BENEDEIT, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 750); c) mil. XIIes. pain cotidian (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, p.254); 2. a) mil. XIIes. pain de lermes, pain de dolur (ibid., p.114, 203); b) ca 1200 pain beneoit «hostie» (Aliscans, éd. E. Wienbeck, W. Hartnacke, P.Rasch, 817); 1328 pain à chanter (DOUËT D'ARCQ, Nouv. rec. de comptes de l'argenterie, p.66); c) XIIIes. pain espiritau (Sermon poitevin, 15 ds T.-L.); 3. XIVes. pain d'espice (ms. messin ds Romania t.15, p.181). B. 1. 1269 être au pain et au sel de «être nourri par» (Cartulaire de Pontigny, ch. 84 ds DU CANGE, s.v. panis); 2. XIIIes. j'ai mon pain cuit «j'ai mon existence assurée» ici employé p.iron. «ç'en est fait de moi» (Estormi, 480 ds Fabliaux, éd. Ph. Ménard, t.1, p.42); 3. 1515 manger son pain blanc le premier (GUILLAUME CRETIN, OEuvres, éd. K. Chesney, p.236); 4. 1588 gaigner son pain (MONTAIGNE, Essais, III, 2, éd. Villey-Saulnier, t.2, 811); 5. 1640 faire perdre le goust du pain (OUDIN Ital.-fr., s.v. goust); 6. 1690 cela ne mange pas de pain (FUR.); 7. a) 1852 avoir du pain sur la planche «pouvoir vivre sans travailler (cf. aussi du pain cuit, supra)» (HUMBERT); b) 1888 arg. id. «avoir une collection de punitions» (MERLIN, Lang. verte troupier, p.64); c) 1914-18 il y a du pain sur la planche «il y a beaucoup à faire» (ESN. Poilu, p.101); 8. a) 1842-43 manger du pain rouge «vivre d'assassinats» (SUE, Myst. Paris, t.1, p.259); b) 1866 ne pas manger de ce pain-là (DELVAU, s.v. manger). C. Ca 1180 pain exprimant une notion de valeur dérisoire (GUILLAUME DE BERNEVILLE, Gilles, 2898 ds T.-L.); 1480 pour du pain «id.» (GUILLAUME COQUILLART, Droits nouveaux, 1908, éd. J. Freeman, p.225). D. 1. 1260 «masse en forme de pain» (ETIENNE BOILEAU, Métiers, 318 ds T.-L.); 2. a) ca 1350 pain de succre «bloc de sucre de forme de cône» (Ms BN fr. 2001 publié par Arveiller ds Romania t.94, p.163); b) 1677 chapeau fait à pain de sucre (MIEGE); 3. 1764 pain de singe (VALM.); 4. 1764 arbre du pain (ibid.); 1791 arbre à pain (ibid.). E. XIIes. paens cucu p.allus. au fait que cette plante pousse au printemps, quand on entend à nouveau le chant du coucou (Glossaire de Tours, 331 ds T.-L. [lat. médiév. panis cuculi]); XIVes. pein à cocu (Antidotaire Nicolas, éd. P.Dorveaux, p.33); fin XVes. pain de cocu (L'Arbolayre cité ds ROLL. Flore t.3, p.339); 1762 pain de coucou (Ac.). F. 1864 arg. «coup (p.allus. à l'enflure produite)» (Chanson d'apr. ROSSIGNOL, Dict. arg., p.127: j'te vas lâcher un pain). Du lat. panis «pain», «nourriture, moyens de subsistance» et «motte, boule». Fréq. abs. littér.:6719. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 7200, b) 9946; XXes.: a) 13987, b) 8687. Bbg. LECOY (F.). Pain bourgeois,... In:[Mél. Lombard (A.)]. Lund, 1969, pp.101-107. — QUEM. DDL t.9, 10, 16, 19. — THOUVENOT (Cl.). Le Pain d'autrefois. Paris, 1977, pp.23-35.
pain [pɛ̃] n. m.
ÉTYM. 1050; pan, 980; du lat. panis.
❖
1 Aliment fait d'une certaine quantité de farine mêlée d'eau, fermentée (fermentation panaire) et cuite au four (le pain; du pain); masse déterminée de pâte à pain cuite à part et affectant une forme déterminée (un pain). ⇒ fam. Bricheton, briffe, briffeton, brignolet. — Fabrication du pain, mélange de farine de céréales et d'eau, de sel, de levain (ou de levure industrielle); pétrissage de la pâte (⇒ Pétrin, pétrir); division en pâtons, fermentation (dans des panetons), cuisson au four (⇒ Fournée; défourner, enfourner). ⇒ Boulanger, n. (cit. 1), v. (cit. 1 et 2), boulangerie, paneterie, panification, panifier. || Faire du pain (→ 1. Bien, cit. 28; levain, cit. 2). || Cuire le pain (→ Fournil, cit.). || Baisure; fente (⇒ Grigne), yeux d'un pain. || Pain coquillé, pain cornu. || Croûte et mie (cit. 3 et 4) du pain, d'un pain. || Pain trop cuit, brûlé… — Panier, sac à pain. ⇒ Panetière. || Huche (cit. 1) au pain, à pain. ⇒ Maie, panetière. || Garçon boulanger qui porte le pain. || La Porteuse de pain, roman de X. de Montépin (1884). — Pain de froment, de fleur de froment (⇒ Fouace), de gruau (pain mousseau). ⇒ Blé. || Pain blanc (→ Farine, cit. 3). || Pain bis. ⇒ Bisaille (→ Clairet, cit.). || Pain complet. || Pain de son. || Pain de seigle, de méteil, de mouture, de recoupe. || Pain d'avoine (cit. 1), d'orge. — (V. 1174). || Pain noir (cit. 8). — Pain de ménage, de cuisson, cuit dans un four privé. || Pain de boulanger. — (1603). || Pain de ménage (→ Couteau, cit. 7), de campagne, se dit aussi du pain ordinaire par oppos. à pain de fantaisie (ne se vendant pas au poids). — (1562). || Pain de munition : pain grossier fabriqué pour l'armée; boule de ce pain. ⇒ Manutention, manutentionner. — Pain industriel, fabriqué par une entreprise industrielle pour la vente en grande surface. — Pains de composition, de fabrication particulière; pain moulé; pain de régime (sans sel, etc.); pain de mie. — Pains longs (⇒ Baguette, bâtard, flûte, parisien, saucisson), très minces (⇒ Ficelle), pains ronds, en couronne (⇒ Boule, miche; couronne [cit. 15]). || Pain d'un kilo. || Pain boulot. || Pain polka, pain viennois. || Petits pains fendus, ronds, nattés… (→ Assiette, cit. 16; nourrir, cit. 36). || Pain mollet. — Pain frais, chaud, sortant du four. || Pain croustillant, croquant (cit. 1) sous la dent. — (V. 1560). || Pain rassis. || Pain dur (⇒ Croûton). — Couper du pain (→ Couteau, cit. 2 et 7). || Couteau, scie à pain. || Planche à pain. || Émietter (cit. 2) du pain. || Rompre, partager, distribuer le pain, du pain à table. || Corbeille à pain. || Offrir le pain et le sel, en signe d'hospitalité. || Manger, grignoter du pain, un morceau, un bout de pain. || Mangeure d'un pain. || Morceaux de pain, d'un pain. ⇒ Bouchée, bribe, chanteau (cit.), croustille, croûte (cit. 1 et 2), croûton (→ Câliner, cit.), 1. grignon, 1. lèche, lichette (cit. 1), miette (cit. 2 à 5), quignon, tranche. || Tranche, morceau de pain trempé dans du vin, dans la soupe, le café au lait, dans un œuf. ⇒ Chapon, mouillette (cit. 2), panade, soupe, trempette. || Pain rôti, grillé. ⇒ Rôtie, toast; grille-pain. || Pain biscotté. ⇒ Biscotte, gressin, longuet. || Croûtons de pain grillé dans un potage. || Mettre, étaler du beurre, de la confiture… sur son pain. ⇒ 2. Fripe (vx), tartine, tartiner. || Beurrer du pain. || Sandwich de pain de mie. || Pain frotté (cit. 20 et 21) d'ail; à l'ail. ⇒ Aillée (régional); aillade. || Croûte de pain râpée utilisée en cuisine. ⇒ Chapeler, chapelure; paner, panure. — (1671). || Pain sec, sans aucun accompagnement. || Vivre de pain et d'eau (→ Godaille, cit.). — ☑ Loc. (1868). Mettre un enfant au pain sec, par punition. || « Jeanne était au pain sec… » (→ Confiture, cit. 1, Hugo). — ☑ Allus. littér. Manger son pain à la fumée (cit. 9, Rabelais), à l'odeur du rôt. — ☑ Allus. hist. S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche (cit. 1). — ☑ Allus. évang. Le miracle de la multiplication des pains (cf. Saint Marc, VI, 41; saint Luc, IX, 13; saint Matthieu, XIV, 17).
1 (…) les petits abbés de l'archevêché entrèrent, portant, avec des précautions infinies, les pains consacrés, qui étaient de diverses formes. Il y avait des flûtes longues et minces, des pains polkas pareils à des écus ronds — fuselés d'or à cause de la croûte, et d'argent à cause de la farine saupoudrée — qu'avaient pétris des gindres ignorant l'art du blason; des petits pains viennois, pareils à des oranges pâles, des pains de ménage appelés bouleau (sic) ou fendu, selon leur aspect.
Apollinaire, l'Hérésiarque et Cie, p. 36.
2 Le pain joue tant de rôles ! Nous avons appris à reconnaître, dans le pain, un instrument de la communauté des hommes, à cause du pain à rompre ensemble. Nous avons appris à reconnaître, dans le pain, l'image de la grandeur du travail, à cause du pain à gagner à la sueur du front (…) La saveur du pain partagé n'a point d'égale.
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XXIV.
3 Panturle regarde le bon pain, gros et solide, le pain des champs, le pain de la farine faite au mortier de marbre; le pain, et de sa mie qui est rousse, on tire parfois une longue paille droite et étincelante comme un rayon de soleil.
J. Giono, Regain, II, I.
3.1 La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi panoramique qu'elle donne : comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes.
Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses (…) Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, — sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente.
Francis Ponge, le Parti pris des choses, p. 46.
♦ Par ext. || Pain, désignant la pâte, les pâtons avant leur cuisson. || Mettre le pain au four.
♦ (1580). || Pain bénit : pain qui est béni au cours d'une messe solennelle et qu'on distribue aux fidèles. — (1689). || Rendre le pain bénit : offrir à l'église le pain qui doit être béni. — ☑ (1640). Par iron. (Fig.). C'est pain bénit (→ Bénir, cit. 27).
4 Elle quêta, devint dame de charité, rendit le pain bénit, et fit quelque bien dans le quartier, le tout aux dépens d'Hector.
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 267.
♦ Relig. judaïque (v. 1170). || Pains de proposition : les douze pains offerts à Dieu par les Hébreux le jour du Sabbat — Pain sans levain. ⇒ Azyme (cit. 1 et 2). || La pâque, fête des pains azymes. — Par ext. || La manne (cit. 2), pain envoyé aux Hébreux par le Tout-Puissant.
♦ Relig. chrét. (XIVe). || Pain azyme, pain à chanter, (1868) pain d'autel : pain sans levain servant à la fabrication des hosties. ⇒ Hostie. || Consécration du pain; pain consacré, les espèces du pain et du vin. ⇒ Espèce (cit. 3), eucharistie (cit. 2 et 3), impanation (→ Humanité, cit. 2). || La fraction (cit. 2 et 3) du pain. || Pain des anges (→ Néophyte, cit. 2), de vie (→ Éprouver, cit. 10), pain céleste. || Pain eucharistique.
5 M. Reniant ne croyait pas que ces hosties fussent Dieu. Il n'avait pas là-dessus le moindre doute. Pour lui, ce n'étaient que des morceaux de pain à chanter, consacrés par une superstition imbécile (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « À un dîner d'athées », p. 320.
♦ ☑ Loc. fig. (1690). Promettre plus de beurre que de pain. — ☑ Manger son pain blanc le premier : avoir des débuts heureux dans sa vie, dans une carrière (pour éprouver ensuite des déboires et vivre de mauvais jours).
♦ ☑ (1840). Je ne mange pas de ce pain-là, se dit d'une chose que l'on repousse avec mépris ou indignation (→ Combine, cit. 1).
5.1 Mais je ne mange pas de ce pain-là (…) moi !
— Quel pain ?
— Nous nous comprenons (…) Après la noce, monsieur ! après la noce !
E. Labiche, les 37 Sous de M. Montaudon, 13.
♦ ☑ Avoir du pain sur la planche : avoir devant soi beaucoup de travail, beaucoup de besogne à accomplir.
♦ ☑ Pour une bouchée, un morceau de pain : pour presque rien; pour un prix dérisoire, très inférieur à la valeur réelle (→ Légitimement, cit.). — ☑ Objets qui se vendent, s'enlèvent comme des petits pains, très facilement.
♦ ☑ (XVIe). Prendre, emprunter un pain sur la fournée, se dit d'une fille qui a un enfant avant de se marier.
♦ ☑ Être bon comme le pain, comme du bon pain. ⇒ Bon (cit. 75, 75.1 et supra). — ☑ Grossier comme du pain d'orge.
♦ ☑ Pain dérobé réveille l'appétit (Ducerceau, in Littré) : le fruit défendu est plus attrayant que ce qui est permis.
♦ Spécialt. (1844). || Couleur pain brûlé, d'un brun très foncé. — Ellipt. || Des rubans pain brûlé.
➪ tableau Désignations de couleurs.
2 (Dans des loc.). || Le pain, symbole de la nourriture, de la subsistance. ☑ Gagner son pain à la sueur de son front. || N'avoir pas besoin de gagner son pain (→ Aiguillon, cit. 5). || Avoir son pain assuré. || Mendier son pain. || Manquer de pain (→ Aimer, cit. 6; indigent, cit. 1). || Se procurer du pain (→ Énergie, cit. 10). ☑ Ôter, retirer, arracher à qqn le pain de la bouche, de la main, le priver de sa subsistance, d'un profit quelconque (→ Graine, cit. 11). ☑ S'ôter le pain de la bouche : se priver (pour qqn). ☑ Manger le pain de qqn, lui devoir sa subsistance. — ☑ Il ne vaut pas le pain qu'il mange, se dit d'un fainéant, d'un oisif, d'une bouche inutile. — ☑ Avoir son pain cuit (cit. 18 et supra), son pain (cuit) sur la planche : avoir des provisions.
6 Chaque jour amène son pain.
La Fontaine, Fables, VIII, 2.
7 Chaque servante, voyant à la pauvre sexagénaire du pain pour ses vieux jours, était jalouse d'elle sans penser au dur servage par lequel il avait été acquis.
Balzac, Eugénie Grandet, Pl., t. III, p. 494.
8 (…) l'un disait : — Elle a du pain de cuit, celle-là. — Hé ! mon gars, répondait le voisin, c'est une brave personne; si le bien tombait toujours en de pareilles mains, le pays ne verrait pas un mendiant (…)
Balzac, la Vieille Fille, Pl., t. IV, p. 265.
9 Tu m'assassinerais, peut-être, afin de les enrichir, mais tu t'enlèverais pour eux le pain de la bouche.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, III.
♦ ☑ (V. 1120). Le pain quotidien, le pain de chaque jour (formule du Pater noster; cf. Évangile selon saint Matthieu, VI, 10), la nourriture de chaque jour, ce qui satisfait aux besoins journaliers (→ Aveugle, cit. 17; centupler, cit. 1). — (Déb. XVIIe). Fig. Ce qui est habituel, se reproduit quotidiennement. || Le pain quotidien de l'épreuve (cit. 29).
10 J'ai ouï conter qu'on avait fait le procès, dans un temps de famine, à un homme qui avait récité tout haut son Pater noster; on le traita de séditieux, parce qu'il prononça un peu haut, Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien.
Voltaire, Correspondance, 3657, 26 sept. 1770.
♦ ☑ (Déb. XXe). Long (cit. 9) comme un jour sans pain : très long, interminable, et, fig. (1640), ennuyeux. — ☑ (1640, Oudin). Ôter à qqn, lui faire perdre, lui faire passer le goût (cit. 9) du pain.
♦ ☑ Allus. hist. Du pain et des spectacles (et des jeux). ⇒ Panem et circenses.
♦ ☑ Allus. évang. || « L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (saint Matthieu, IV, 4). → aussi Intellectuel, cit. 4.
11 Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de se changer en pain ». Mais Jésus lui répliqua : « Il est écrit : L'homme ne vit pas seulement de pain ».
Bible (Jérusalem), Évangile selon saint Luc, II, 4.
12 L'homme ne vit pas seulement de pain, mais il vit aussi de pain.
Renan, Souvenirs d'enfance, Appendice, Œ., t. II, p. 921.
♦ Fig. Nourriture spirituelle. || Le pain du corps et le pain de l'âme (→ Économiste, cit. 2). || L'espérance est le pain des malheureux. — Spécialt. Relig. || Le pain de vie, le pain céleste, métaphore par laquelle Jésus se désigne dans les Évangiles (« Je suis le pain de vie », saint Jean, VI, 48). || La parole de Dieu, du Christ est le pain de vie (→ au sens concret, Le pain eucharistique, ci-dessus, 1., spécialt).
13 Je suis le pain vivant descendu du ciel.
Qui mangera ce pain, vivra à jamais.
Et le pain que moi, je donnerai,
C'est ma chair pour la vie du monde.
Bible (Jérusalem), Évangile selon saint Jean, IV, 6.
14 La souffrance des enfants était notre pain amer, mais sans ce pain, notre âme périrait de sa faim spirituelle.
Camus, la Peste, p. 246.
♦ Allus. littér. || « Oh ! l'amour d'une mère… Pain merveilleux qu'un Dieu partage et multiplie » (→ 1. Mère, cit. 8, Hugo).
3 Par ext. (du sens 1.). || Pain au lait ou petit pain; pain aux raisins, au chocolat : petite pâtisserie simple, sucrée (au lait; aux raisins, au chocolat). — Mets ressemblant au pain ou dans la composition desquels entre du pain (⇒ aussi Galette, tourte). || Petit pain anglais. ⇒ Bun.
♦ Pain de gênes : sorte de gâteau sec à pâte légère, assez semblable au gâteau de Savoie.
♦ Pain d'épice (Académie), d'épices : gâteau fait avec de la farine de seigle, de froment, du miel, du sucre et des épices (anis). || Nonnette de pain d'épice. || Cochon en pain d'épice des foires. || Foire aux pains d'épice.
15 (…) voulez-vous me passer le pain d'épices (…) Voici comment il faut l'apprêter, dit Durtal; vous en coupez une tranche, en dentelle, puis vous prenez une tranche de pain ordinaire également mince, vous les enduisez de beurre, les couchez l'une sur l'autre et les mangez; vous me direz si ce sandwich n'a point le goût exquis des noisettes fraîches !
Huysmans, Là-bas, XX.
♦ Pains de viande, de légumes, de poisson, préparations où il entre de la mie de pain trempée (dans du lait, etc.), des œufs, etc., façonnées en forme de gâteau. || Pain de champignons, de volaille… || Pain de fruits, entremets à base de suc de fruits. || Pain de riz, de semoule.
♦ Pain ferré (XIIIe), pain doré, pain perdu (1384) : entremets formé de tranches de pain trempées dans du lait, puis dans des œufs battus, et frites.
♦ Agric. || Pain de cretons (pour les chiens).
4 Fig. Masse (d'une substance) comparée à un pain. || Pain de glace. — (1636). || Pain de noix. — (1875). || Pain de trouille : tourteau de marc d'olives. ⇒ Tourteau. || Pain de savon. || Pain de sel. ⇒ Salignon. || Pain de cire, cire en pain. ⇒ Marquette. || Pain de beurre (→ Laiterie, cit. 1).
♦ Anciennt. || Pain de sucre : masse conique de sucre. ⇒ Casson (→ Incruster, cit. 10). — Fig. (par anal. de forme). || Crâne, montagne en pain de sucre. ⇒ Cône (→ Haut, cit. 22). — Géogr. Piton de granite. || Le Pain de Sucre, montagne dominant Rio de Janeiro.
16 Il fut destiné à être brûlé le dimanche suivant en cérémonie, orné d'un grand san-benito et d'un bonnet en pain de sucre, en l'honneur de notre Sauveur et de la Vierge Marie sa mère.
Voltaire, Hist. de Jenni, I.
♦ (1765). Minér. || Pain fossile : concrétion calcaire qui a la forme d'un pain.
5 Pain à cacheter (cit. 1) : pain azyme qui était utilisé pour cacheter les lettres (→ Écrire, cit. 23; fixer, cit. 3).
6 (1791). || Arbre à pain, l'Artocarpus incisa (⇒ Artocarpe), arbre voisin du jaquier et aussi de l'oba.
♦ Pain de dika : substance comestible provenant des graines de l'oba.
♦ (1765). || Pain de singe : pulpe du fruit du baobab. Var. (en Afrique). || Pain des singes. — Pain d'oiseau. ⇒ Brize.
7 (1864). Fam. Coup, gifle. || Coller un pain.
❖
DÉR. (Du même rad.) V. Compagnon, paner, paneterie, panetier, panetière, paneton, panier, panifier (et dér.). — Cf. Panade.
COMP. Gagne-pain, grille-pain, paindépicier. — Cf. aussi Apanage.
HOM. Pin; formes du v. peindre.
Encyclopédie Universelle. 2012.