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cuit

cuit, cuite [ kɥi, kɥit ] adj.
• de cuire
1Qui a subi la cuisson avant d'être consommé (opposé à 2. cru). Salade cuite. Aliment cuit à point, bien cuit. Aliment trop cuit ( 2. brûlé, calciné; fam. cramé) . Pâtes trop cuites ( collant) , peu cuites ( al dente) . Bœuf peu cuit. bleu, saignant. Des « truffes noires, que l'on mange cuites sous la cendre » (Chardonne). Fromage à pâte pressée cuite (type gruyère).— VIN CUIT, épaissi par évaporation d'une partie du moût. Vin cuit servi comme apéritif. Subst. « Le Cru et le Cuit », de Cl. Lévi-Strauss.
2Qui a subi la cuisson pour un usage particulier. Terre cuite.
3Loc. fig. (1675; « ruiné » XVIe) Être cuit : être perdu, vaincu, battu. ⇒ 1. fait, 2. fichu. Les carottes sont cuites.
C'est du tout cuit : c'est facile, réussi d'avance (cf. C'est dans la poche). « Vous, vous êtes la femme d'un type célèbre, c'est du tout cuit » (Beauvoir).
4(1660) Fam. Ivre. Il était cuit.

cuit Participe passé de cuire. ● cuit nom masculin Familier. C'est du tout cuit, c'est facile, réussi d'avance. ● cuit (expressions) nom masculin Familier. C'est du tout cuit, c'est facile, réussi d'avance.

cuit, cuite
adj. et n. f.
d1./d adj. Qui a subi une cuisson. Pommes cuites au four. Poteries de terre cuite.
|| n. f. TECH Action de cuire. La cuite de la porcelaine.
d2./d n. f. Fam. Ivresse. Syn. biture.
Prendre une cuite: s'enivrer.
d3./d adj. Fig., Fam. Fini, perdu. C'est cuit: tout est perdu. Je suis cuit: c'en est fait de moi.
d4./d adj. Fig., Fam. C'est du tout cuit: c'est acquis, gagné d'avance.

⇒CUIT, CUITE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de cuire.
II.— Adjectif
A.— [L'état qualifié par l'adj. résulte d'une intervention de la volonté hum.; correspond à cuire I A; en parlant d'une substance]
1. [En parlant d'un aliment] Qui a été soumis à l'action d'une source de chaleur qui le modifie dans sa substance. Une tranche de jambon cuit, pommes cuites. Anton. cru. Il surveillait maman Coupeau, exigeant les biftecks très cuits, pareils à des semelles de soulier (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 609). Le lait concentré, les crèmes cuites, les confitures, étaient ses mets préférés (GIDE, Feuillets d'automne, 1949, p. 1117).
SYNT. Un œuf à moitié cuit; une odeur de viande cuite; nourriture cuite ou nourriture crue; fruits cuits; des biftecks tendres et cuits à point.
En partic. Vin cuit. Vin de consistance sirupeuse obtenu par la fermentation de moût concentré à chaud. Arôme de vin cuit; vin cuit de Palette (cf. CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 311).
Avoir son pain cuit. Avoir sa subsistance assurée.
Rem. On rencontre ds la docum. la var. pop. avoir son pain de cuit (où de cuit fonctionne comme attribut de l'obj.). Les marchands étaient sur le pas de leurs portes. Petits et grands regardaient la carriole (...) Par ici, l'un disait :« Elle a du pain de cuit, celle-là » (BALZAC, Vieille fille, 1836, p. 326).
Emploi subst. sing. avec valeur de neutre. Le cru et le cuit, titre d'un volume des Mythologiques de C. Levi-Strauss. Quand on dépasse 70o (...) le lait prend (...) un goût de cuit très défavorable (POURIAU, Laiterie, 1895, p. 51).
VITIC. ,,Le goût du cuit résulte de l'oxydation, au contact de l'air et à des températures élevées, des éléments végétaux les plus divers`` (Ac. Gastr. 1962).
2. [En parlant de substances non comestibles] Qui a été soumis à l'action d'une source de chaleur afin d'être approprié à un usage spécifique.
Usuel. Qui a été chauffé de manière à durcir afin d'être façonné. Brique crue ou cuite; mur de brique cuite. Son teint paysan tournait à la brique trop cuite (H. BAZIN, Tête contre murs, 1949, p. 248).
Terre cuite. Terre argileuse durcie et façonnée au feu. Terres cuites émaillées, dites faïences; terres cuites façonnées par un potier.
Loc. fig., fam. Cuit et recuit. Endurci. Un vieux barbu cuit et recuit murmure :« Pauvre Déroulède! » (BARRÈS, Cahiers, t. 10, 1913-14, p. 307).
SYNT. Carreaux, fourneau, jarres, pipe, pots, statuettes, vase de terre cuite; assiette, buste, casserole, lampes, ustensiles en terre cuite; terre cuite boueuse, poreuse, rouge; poêles en terre cuite ou en faïence, en terre cuite ou en pierre.
Huile cuite. ,,On augmente la siccavité naturelle de l'huile (...) en la cuisant avec des composés métalliques, d'où le nom primitif d'huile cuite donné aux huiles dont on augmente la siccavité`` (COFFIGNIER, Vernis, 1921, p. 431). Les huiles cuites donnent une protection [contre la rouille] moins bonne que les huiles crues (COFFIGNIER, Coul. et peint., 1924, p. 689).
Soie cuite. ,,Soie complètement débarrassée de son grès (manchon entourant le fil de soie pure et qui est soluble dans l'eau savonneuse bouillante)`` (J. COULON, Technol. gén. modiste. 1951, p. 38).
B.— P. ext. [L'état qualifié par l'adj. résulte de l'action spontanée de la nature; correspond à cuire I B] Qui a été soumis à l'action de la grande chaleur, aux intempéries ou à d'autres effets violents. (Quasi-)synon. brûlé; synon. ou parfois anton. gelé.
1. [En parlant des végétaux, de la nature] Brûlé, desséché (par le soleil, la chaleur, le froid ou le gel). Ces giroflées (...) qui ressemblaient, cuites de froid (...) à de pauvres salades ébouillantées (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p. 12) :
1. La Beauce, à l'infini, s'étendait, écrasée sous un sommeil de plomb. On en sentait la désolation muette, les chaumes brûlés, la terre écorchée et cuite...
ZOLA, La Terre, 1887, p. 301.
P. anal., PEINT. ,,Se dit de tons très chauds qui semblent en quelque sorte, avoir été dorés, cuits et recuits par la lumière`` (ADELINE, Lex. termes art, 1884). Tons cuits, couleurs cuites. Le rouge cuit des poteries environnantes (ZOLA, Page amour, 1878, p. 73).
Rem. On rencontre aussi dans cette accept. la forme cuit et recuit (supra A 2). Les marches cuites et recuites, toutes brunies, du château (BARRÈS, Pays Lev., t. 1, 1923, p. 294).
2. [En parlant d'une partie du corps hum., en partic. de la peau] Bruni, desséché. Sa peau cuite fait des plis serrés autour de ses yeux (RENARD, Nos frères far., 1910, p. 148). Des mains tannées à la grande tannerie, des mains cuites, des mains sans vie (GIONO, Solit. pitié, 1932, p. 107).
P. métaph. (et par rencontre partielle avec le sens A 1). Des yeux cuits. Des yeux inexpressifs, vides. Ses yeux jaunes [de Claude] m'observaient, cuits, inexpressifs : deux œufs de moineau sur le plat (H. BAZIN, Lève-toi, 1952, p. 89).
C.— P. métaph. et/ou au fig. (des emplois A et B).
1. [P. réf. à un aliment prêt, parce que cuit, à être consommé]
a) [En parlant d'une affaire, d'une situation] Achevé, terminé, prêt.
Rem. Dans cet emploi, cuit n'est empl. que comme attribut, alors que tout cuit fonctionne comme épithète.
) Achevé et de ce fait prêt pour une utilisation ou une exploitation immédiate, un effet facile. C'est cuit, l'affaire est cuite :
2. Ils avaient forcé la main au syndicat, l'atelier avait fermé ses portes (...) le syndicat avait conseillé de céder (...) Ils avaient décidé la reprise du travail. En crânant, bien sûr, en disant que ce n'était pas cuit, que c'était à revoir.
CAMUS, L'Exil et le Royaume, 1957, p. 80.
Tout(e) cuit(e) (en épithète). Une occasion toute cuite.
Loc. métaph., vx. C'est tout cuit. La chose est toute préparée, simple à obtenir ou à accomplir. [Un donneur de cambriolages :] ils ont caché (...) un grand pot (...) plein d'or (...) c'est tout cuit et bon à manger (SUE, Myst. de Paris, t. 8, 1842-43, p. 135).
Emploi subst. sing. avec valeur de neutre. C'est du tout cuit. L'affaire est faite, le succès est assuré; ,,c'est gagné d'avance`` (SANDRY-CARR. Courses 1963); ,,c'est dans le sac`` (RIV.-CAR. 1969). Passer une frontière, dès maintenant [que j'étais suspecté d'un rapt], ça devait pas être du tout cuit (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 134).
) Péj. Achevé, et de ce fait non modifiable. Loc. fam. Les carottes sont cuites. Les jeux sont faits; on ne peut plus rien changer.
Rem. Suivant les cont., l'expr. a aussi la valeur de a) ou b).
b) [En parlant d'une pers.] Mûr, prêt à être exploité (emploi érotique). Une de ces filles qui ne sont savoureuses qu'une fois cuites, je veux dire éprises (H. BAZIN, Mort pt cheval, 1949, p. 37).
2. [P. réf. à une substance soumise à l'action violente et destructrice de la chaleur; en parlant d'une pers.]
a) Arg., vieilli. Dont la raison a été brûlée par l'alcool; ivre. T'est rond... t'es cuit... Rond, cuit, saoul d'la veille et malade (BRUANT 1901).
b) [P. réf. à une substance brûlée au feu] L'affaire est cuite; c'est cuit. ,,C'est manqué, fichu`` (RIV.-CAR. 1969). C'est cuit; nous avons perdu le procès (MORAND, Extrav., 1936, p. 198).
c) Ruiné, perdu. Je suis bien bête, Dieu me protège, car si cet animal s'était adressé demain à ces messieurs, j'étais cuit (BALZAC, Melmoth, 1835, p. 327).
Prononc. et Orth. :[], fém. []. Ds Ac. 1694-1878. Fréq. abs. littér. :473. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 363, b) 817; XXe s. : a) 848, b) 753. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 134. — Pris ds l'actualité. Amis Lex. fr. Lex. dern. 1975, n° 3, p. 3. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 72, 74, 242. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 427.

Encyclopédie Universelle. 2012.