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ôter

ôter [ ote ] v. tr. <conjug. : 1>
oster 1119; lat. obstare « faire obstacle », bas lat. « enlever » REM. Ôter est d'un emploi moins cour. que enlever (sauf dans les parlers région., et dans quelques expr.).
1Enlever (un objet) de la place qu'il occupait. déplacer, retirer. Ôter les assiettes en desservant. Ôtez-lui ce couteau des mains. arracher, enlever.
Fig. Ôter à qqn une épine du pied, ôter un poids de la poitrine. soulager. Ôter le pain de la bouche. Ôter une idée de l'esprit, de la tête de qqn. « Je ne peux m'ôter de l'idée que c'est peut-être après tout le libertin qui a raison » (Renan). On ne m'ôtera pas de l'idée que c'est un mensonge, j'en suis convaincu.
2(XIIe) Enlever (ce qui vêt, couvre, protège). quitter, retirer. « Tous ces vêtements peuvent être ôtés en un tour de main » (Taine). Ôter son chapeau, ses gants, ses chaussures.
3Faire disparaître (ce qui gêne, salit). Ôter une tache. Ôter les mauvaises herbes.
4Enlever (une partie d'un ensemble) en coupant, en arrachant, en séparant. Ôter le noyau, la pelure, les arêtes. Ôter un nom d'une liste. supprimer. Ôter un passage d'un ouvrage. couper, retrancher.
Cour. Ôter une somme d'une autre; ôter un nombre, une quantité d'un total. déduire, retrancher, soustraire. Au p. p. (inv.) 6 ôté de 10 égale 4 : 10 moins 6 égale 4.
5Mettre hors de la portée, du pouvoir ou de la possession de qqn. enlever, retirer. « On m'a ôté papier, plumes et encre » (Laclos). Ôter un enfant à sa mère. Ôter la vie : tuer.
Ôter à qqn ses forces, son courage, l'usage de la parole, l'appétit ( couper) . Ôter les illusions. désabuser. Cela n'ôte rien à son mérite.
6 ♦ S'ÔTER v. pron. Cour. Ôtez-vous de là, ôtez-vous de devant moi. s'écarter. Loc. fam. Ôte-toi de là que je m'y mette, se dit lorsqu'une personne agit avec sans-gêne. ⇒ pousser.
⊗ CONTR. Mettre. Ajouter. Donner.

ôter verbe transitif (latin obstare, faire obstacle) Enlever quelque chose de quelque part, le retirer de l'endroit où il se trouve : Ôter tous les meubles d'une pièce. Enlever à quelqu'un ce qu'il porte sur lui, ce qui le couvre, le protège : Ôter un manteau à un enfant. Se débarrasser de quelque chose, l'enlever : Ôter ses gants, ses lunettes. Enlever à quelque chose ce qui est en lui, ce qu'il contient : Le sucre ôte l'amertume au café. Retirer à quelqu'un la possession de quelque chose, lui prendre ce qui lui appartient : Ôter son arme à l'agresseur. Ôter un enfant à ses parents. Enlever quelque chose à quelqu'un, le lui retirer : Cette maladie lui a ôté toute son énergie. Faire disparaître de quelque chose ce qui constitue un défaut, une anomalie : Ôter les taches d'un vêtement. Enlever quelque chose de quelque chose dont il faisait partie : Ôter les arêtes d'un poisson. Retrancher quelque chose d'un tout, en enlever, soustraire une partie : Ôter un nom d'une liste. Ôter la moitié de cent.ôter (expressions) verbe transitif (latin obstare, faire obstacle) Ôter la vie à quelqu'un, le faire mourir, le tuer. Ôter une idée (de la tête) à quelqu'un, faire qu'il n'ait plus cette idée. ● ôter (homonymes) verbe transitif (latin obstare, faire obstacle) ôtant autan nom masculin autant adverbe ôte haute adjectif féminin haute adjectif féminin haute nom féminin hôte nom hôte nom masculin ôtent haute adjectif féminin haute nom féminin hôte nom hôte nom masculin ôtes haute adjectif féminin haute nom féminin hôte nom hôte nom masculinôter (synonymes) verbe transitif (latin obstare, faire obstacle) Enlever quelque chose de quelque part, le retirer de l'endroit où il...
Synonymes :
- décrocher
- déplacer
- pousser
- retirer
Contraires :
- placer
Enlever à quelqu'un ce qu'il porte sur lui, ce qui...
Synonymes :
- dépouiller
Se débarrasser de quelque chose, l'enlever
Synonymes :
- quitter
- se débarrasser de
Contraires :
- mettre
Retirer à quelqu'un la possession de quelque chose, lui prendre ce...
Synonymes :
- arracher
- confisquer
- couper
- déposséder
- extirper
- prendre
- priver
Contraires :
- confier
- donner
Enlever quelque chose à quelqu'un, le lui retirer
Synonymes :
- ravir
Faire disparaître de quelque chose ce qui constitue un défaut, une...
Synonymes :
- détruire
- effacer
- gommer
- supprimer
Retrancher quelque chose d'un tout, en enlever, soustraire une partie
Synonymes :
- barrer
- biffer
- défalquer
- oblitérer
- radier
- rayer
- retrancher

ôter
v.
rI./r v. tr.
d1./d Enlever (d'un endroit). ôtez cette table de là.
(En parlant de vêtements.) Enlever, quitter. ôter son manteau.
d2./d Enlever, ravir (à qqn). ôter la vie, l'honneur.
d3./d Retrancher, soustraire.
Pp. Deux ôté de trois, reste un.
d4./d Faire disparaître. Frottez fort pour ôter la saleté.
rII./r v. Pron. Se retirer, s'éloigner.
Fam. ôte-toi de là!

⇒ÔTER, verbe trans.
I. —[Le compl. d'obj. désigne une chose]
A. —1. Enlever (une chose concrète) de l'endroit où elle se trouve pour la mettre ailleurs. Ôter les assiettes, le couvert, la nappe; ôter le couvercle d'une boîte; ôter ses mains des poches, sa tête de l'épaule de qqn; ôter sa cigarette, sa pipe de la bouche; ôter une arme des mains de qqn. La vigne et son vigneron infatigable, ôtant l'échalas à l'automne pour le remettre au printemps (MICHELET, Journal, 1839, p.293). Il ôta ses doigts de l'arçon, lâcha la selle (...). La selle le fessait (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.250). V. chocolat ex. 2:
1. [Il] se déshabilla (...), puis ôtant de son lit une couverture, il s'en enveloppa et s'étendit sur le plancher...
GREEN, Moïra, 1950, p.148.
2. En partic.
a) Enlever (une chose que l'on porte sur soi). Allons, page, ôte-moi mes bottes, mon armure, et vite mon pourpoint de velours (BARBIER, Satires, 1865, p.245). Elizabeth ôta de son doigt l'anneau d'ébène qu'elle enveloppa dans un papier et tendit à miss Llewelyn (GREEN, Journal, 1934, p.258).
SYNT. Ôter ses bas, son bonnet, son casque, son châle, son chapeau, ses chaussures, sa chemise, sa cravate, son épée, ses gants, ses habits, ses lunettes, son manteau, son masque (v. aussi infra), son pantalon, son pardessus, sa robe, son tablier, ses vêtements, sa veste; ôter ses chaînes à qqn; ôter un pansement.
Ôter à qqn le pain de la bouche, s'ôter le pain de la bouche; s'ôter les morceaux de la bouche.
Loc. fig., vieilli. Ôter son/un masque. Se faire connaître en tant que tel, ne plus cacher ce que l'on est. Synon. mod. jeter, lever le masque. Leur ôter ce masque de désintéressement dont ils se servent si bien (STAËL, Lettres jeun., 1790, p.378). Quand le vrai tout à coup paraît, quand la vie ôte Son masque, et dit: «Je suis la mort!» (HUGO, Contempl., t.2, 1856, p.263):
2. ... quand elle se tut, sa physionomie changea, ses traits se décomposèrent et sa figure exprima la fatigue. Elle venait d'ôter un masque; actrice, son rôle était fini.
BALZAC, Peau chagr., 1831, p.159.
En partic. Enlever (une coiffure) pour saluer. Le battant s'ouvrit; Pierre se leva, ôta respectueusement son béret, et le nouveau venu fit son apparition dans la salle (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.13). Il avait un feutre mou à la calotte ronde et aux ailes larges (il l'a ôté quand la bière a passé la porte) (CAMUS, Étranger, 1942, p.1133).
Loc., vx. Ôter son chapeau à qqn. Synon. mod. tirer son chapeau à qqn. Elle (...) voyait des espions dans tous les gens mal vêtus qui lui ôtaient leur chapeau (STENDHAL, Nouv. inéd., t.1, 1842, p.140).
b) Enlever (une chose qui gêne, qui salit). Ôter les mauvaises herbes, la poussière. Aimé lui passait les habits qu'elle plia avec grand soin et lissa de la main, de manière à ôter les plis (RAMUZ, A. Pache, 1911, p.104). Blaise (...) donna des pichenettes sur sa culotte nankin pour en ôter les grains de tabac (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p.40):
3. Leuwen (...) tâchait, à l'aide du grand couteau du cuisinier, d'ôter le plus de boue fétide dont les manches de son habit étaient couvertes.
STENDHAL, L. Leuwen, t.3, 1836, p.48.
B. — 1. Enlever (à quelqu'un, plus rarement à quelque chose) la possession, l'usage de quelque chose d'avantageux. On lui a ôté son emploi, sa place, la moitié de ses appointements. Ôter la santé et la paix de l'âme, vous ôtez tous les plaisirs de la vie (Ac.). Ne m'ôtez pas la bonne opinion que j'ai de vous (Ac. 1935). Les ouvertures des travées supérieures (...) sont d'un vilain effet et ôtent à ce monument toute élégance et toute grandeur (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p.194). Depuis la veille, elle était dans une stupeur qui lui ôtait la conscience même de ses actes (ZOLA, Page amour, 1878, p.1069). Pourquoi m'a-t-on ôté ma brosse à dents? (SARTRE, Huit clos, 1944, I, p.116). V. agilité ex. 33, désavantage, ex. 1, gratis, ex. 2:
4. Père! Je ne puis parler! (...) La mort (...) m'ôte toute voix pour te répondre, toute vie pour te connaître et m'arrache l'âme qui t'aurait obéi...
CAMUS, Dév. croix, 1953, 3e journée, p.589.
SYNT. Ôter (à qqn) l'appétit, l'honneur, la joie de vivre, (l'usage de) la parole, la raison, le repos, la respiration, le sommeil, la vie; ôter (à qqn) le désir, le droit, l'envie, l'espoir, la faculté, la force, le goût, les moyens, le plaisir, la possibilité, le pouvoir de + subst. ou inf.; ôter (à qqn) tout courage, tout espoir, toute énergie, toute espérance, toute liberté; ôter (à qqc.) toute signification; ôter son amitié, son amour, sa confiance à qqn; obstacle qui ôte la vue.
Ne pas ôter à qqn de l'esprit/de l'idée/de la tête que + complétive. Ne pas empêcher quelqu'un de croire que + complétive. On ne t'ôtera pas de l'esprit que le monde tout entier est à toi parce que tu es au centre (CLAUDEL, Feuilles Saints, 1925, p.664). Rien n'ôtera de la tête d'un paysan comme moi que le militaire a toujours faim et soif (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p.1213).
Empl. pronom. réfl. indir. Le Sénat (...) s'est ôté tout le mérite de l'action qu'il venait de faire en prononçant légalement une déchéance que la force des armes avait déjà décidée (MAINE DE BIRAN, Journal, 1814, p.10). Je m'ôte tout droit d'affirmer la transcendance divine pour autant que je n'ai plus foi en elle (G. MARCEL, Journal, 1914, p.67). V. démanteler C, ex. de Flaubert.
2. Faire disparaître, faire cesser une chose désagréable, une gêne, un défaut. Ôter (à qqn) toute crainte de + subst. ou inf.; ôter un poids à qqn. Ôtez-moi cette inquiétude, cette incertitude (Ac.). Ces cachets sont ce qu'il y a de meilleur pour ôter la fièvre (Ac. 1935). Il faut se garder d'ôter les défauts des pierres précieuses dans la crainte de nuire à la valeur de l'ensemble (BARRÈS, Cahiers, t.9, 1911, p.8).
Empl. pronom. réfl. indir. Il se passa la main sur la face, comme pour s'en ôter la cuisson qui le brûlait (ZOLA, Bête hum., 1890, p.17). Vexé parce que je lui ai dit qu'il sent l'aïl, Philippe a acheté un gros cigare pour s'ôter l'odeur (RENARD, Journal, 1903, p.832).
3. Retrancher d'un ensemble en séparant, en coupant. Ôter les arêtes d'un poisson, une branche d'un arbre, un nom d'une liste. Avant de les faire cuire [des moineaux], elle leur ôte le gésier (GIONO, Regain, 1930, p.52):
5. Une autre pièce de Rotrou, (...) Venceslas, (...) fut retouchée au dix-huitième siècle par Marmontel, qui en ôta quelques mauvais vers, quelques expressions trop vieilles, et en substitua de plus pâles...
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.1, 1840, p.182.
En partic. Retrancher (une valeur numérique) d'un total. Ce nombre de 950 ans étant ôté de 3000, il reste 2050ans pour l'humanité d'Adam jusqu'à Noé (P. LEROUX, Humanité, 1840, p.597).
II. —[Le compl. d'obj. désigne une pers.]
A. —Faire partir (quelqu'un) de l'endroit où il se trouve. Ôter cet enfant d'auprès du feu (Ac.). Auguste avait eu, à la vue de sa femme, un grand geste de protestation, comme pour l'ôter de son chemin (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p.331):
6. ... à la montagne, n'ai-je pas vu mon ami L. (...) faire ôter son jeune fils qui (...) longeait le précipice (...) parce qu'il y avait une vague tentation chez le père de pousser son fils en bas.
AMIEL, Journal, 1866, p.85.
Empl. pronom. réfl. dir. Ôtez-vous de devant moi, de devant mes yeux. Ôtez-vous de mon soleil (Ac.). Va-t'en! Ôte-toi de là! (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1572). Ôte-toi vite de mon chemin (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p.213):
7. On me presse d'aller à Gaillac. Non, je ne puis m'ôter d'ici; ma vie se plaît toute petite au plus petit endroit possible, là où j'ai mes chers vivants et mes morts.
E. DE GUÉRIN, Journal, 1840, p.339.
Fam. Ôte-toi de là que je m'y mette. [Expression résumant l'attitude d'une personne qui prend la place de quelqu'un d'autre avec sans-gêne]
Empl. subst. Personne ayant une telle attitude. Nous ne sommes des vieux ni l'un ni l'autre (...) et pourtant un jour on s'aperçoit que les enfants poussent, que ce sont des ôte-toi-de-là-que-je-m'y-mette (COCTEAU, Parents, 1938, III, 3, p.282).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Attitude d'une telle personne. La bataille parlementaire, [le] (...) jeu charmant qui s'appelle le: «ôte-toi de là que je m'y mette» (L. MARCELLIN, Politique et politiciens pendant la guerre, av. 1918, p.284 ds QUEM. DDL t.17).
Au fig., souvent vx ou littér.
♦[Le compl. secondaire introd. par de désigne une fonction ou son symbole] Faire partir (quelqu'un) de la fonction, de la charge qu'il occupe. Le duc de Berri avait été ôté du gouvernement de Languedoc (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.2, 1821-24, p.5). Nous avons ôté du trône l'avorton (HUGO, Légende, t.1, 1859, p.278).
♦Délivrer (quelqu'un) d'une situation désagréable. Synon. mod. tirer. Ôter de doute, d'incertitude (Ac. 1835, 1878). Ôter quelqu'un de peine, d'inquiétude (Ac.). Notre explication sera courte et simple, et j'espère qu'elle m'ôtera de l'amertume affreuse qui me tue (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1794, p.222). Vous arrivez à point pour m'ôter d'un doute dans lequel je suis ligoté depuis un bon moment (CAMUS, Dév. croix, 1953, 2e journée, p.558).
B. —Priver (quelqu'un) d'un être qui lui est cher. Ôter un enfant à ses parents. Ce fut le 14 février de cette année que la mort m'ôta mon ami, dont elle seule pouvait me séparer (MICHELET, Journal, 1821, p.166). Des larmes, vite séchées, d'enfant à qui on a ôté sa nourrice (PROUST, Prisonn., 1922, p.408):
8. ... le pouvoir public seul peut par la force dont il dispose, ôter à une famille un père coupable...
BONALD, Législ. primit., t.1, 1802, p.337.
Prononc. et Orth.: [ote], (il) ôte [o:t]. Homon. de (il) ôte: haute. Ac. 1694, 1718: oster; dep. 1740: ôter. Étymol. et Hist. 1. a) 1119 «enlever (une somme d'une autre)» (PHILIPPE DE THAON, Comput, éd. E. Mall, 3500); b) ca 1155 «enlever (une partie d'un ensemble) en coupant, en séparant» (WACE, Brut, 1634 ds T.-L.); 2. a) ca 1145 «faire cesser (quelque chose d'indésirable)» (WACE, Conception Notre Dame, 522, ibid.); b) début du XIVe s. «faire disparaître (ce qui gêne, salit)» (Propriétés des choses, I, 24, 7, ibid.); 3. a) 1160-74 «enlever (un objet) de la place qu'il occupait» (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 2009); b) ca 1165 pronom. «quitter la place qu'on occupait» (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 27430: Mandé li ... que il s'ost Del païs e de la contree); c) ca 1797 ôtes-toi de la que je m'y mètte [titre] (DALINVILLE ds QUEM. DDL t.19); 4. ca 1165 «enlever (ce qui vêt, couvre, protège)» (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 10220 ds T.-L.); 5. a) 1170 «enlever (une chose morale, intellectuelle) à quelqu'un» (Rois, éd. E. R. Curtius, p.107); b) 1176-1181 ôter à qqn qqc. de l'esprit (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier lion, éd. M. Roques, 2945); 6) a) ca 1275 ôter la vie du corps «tuer» (ADENET LE ROI, Berte, éd. A. Henry, 2315); b) ca 1485 ôter la vie «tuer» (Myst. V. Testament, éd. J. de Rothschild, 2825); 7. 1306 «mettre hors de la portée, du pouvoir ou de la possession de quelqu'un» (JOINVILLE, Saint Louis, éd. N. L. Corbett, § 287). Du lat. obstare, intrans. en lat. class. «se tenir devant, faire obstacle», employé transitivement en b. lat. «empêcher quelqu'un de» (Ve s. ds BLAISE Lat. chrét.), d'où «enlever» (Ve s., puis IXe s., cf. FEW t.7, p.289a). Voir B. LÖFSTEDT, Studien über die Sprache der langobardischen Gesetze, 1961, pp.329-333. Fréq. abs. littér. Ôter: 3718. Ôté: 597. Fréq. rel. littér. Ôter: XIXe s.: a) 7982, b) 6167; XXe s.: a) 4134, b) 3207. Ôté: XIXe s.: a) 1176, b) 1119; XXe s.: a) 607, b) 570.

ôter [ote] v. tr.
ÉTYM. 1119, oster; uster, pron., v. 989; du lat. obstare « faire obstacle », en bas lat. « enlever », de ob- et stare.
1 Ôter (qqch.) de (un lieu) : enlever (un objet) de la place qu'il occupait. Enlever; déplacer, retirer. || Ôter un rideau de sa patère. Décrocher; → Immobile, cit. 10. || Ôter une plante d'un pot. Dépoter. || Ôter un tableau. Déposer. || Ôtez ces livres de dessus cette chaise, de dessous cette table.(Sans compl. de lieu). || Ôtez-moi cet objet (→ Hideux, cit. 1; et aussi Magot, cit. 3). || Ôter un obstacle. Écarter (→ Machine, cit. 28).Ôter les mains de ses poches. Sortir. || Ôter qqch. des mains, de la tête de qqn. Arracher (cit. 6).Ôter le pain de la bouche à qqn.Fig. || Ôter un poids de dessus (cit. 3) la poitrine. Soulager.
1 (…) la haine et la destruction ont ici porté une main si avide, que les tombes mêmes en ont été ôtées, et que les seuls débris sont les restes de restes (…)
André Suarès, Trois hommes, « Pascal », I.
Ôter le couvert : desservir.
(Abstrait). || Ôter une folie (cit. 22) de la tête de qqn. || On ne peut lui ôter cette idée de l'esprit. Perdre (faire). || « Ôtez-vous de l'esprit une vanité si folle » (1. fou, folle, cit. 47, La Fontaine). Bannir (fig.). || Personne ne m'ôtera de l'idée que… (→ Galerie, cit. 10) : j'en suis parfaitement convaincu.
2 Tout en tout est divers : ôtez-vous de l'esprit
Qu'aucun être ait été composé sur le vôtre.
La Fontaine, Fables, IX, 12.
3 Je ne peux m'ôter de l'idée que c'est peut-être après tout le libertin qui a raison et qui pratique la vraie philosophie de la vie.
Renan, Souvenirs d'enfance…, Œ. compl., t. II, III, I.
2 Vx. (Compl. n. de personne). || Ôter qqn d'un lieu, d'un endroit pour l'emmener ailleurs. || Ôtez cet enfant d'auprès du feu (Académie).Fig. et vx. || Ôter qqn d'un emploi, d'une place. Bannir, chasser, exclure, renvoyer. || Ôter qqn d'une promesse, d'un engagement, l'en délier, l'en dégager. || Ôter qqn d'embarras. Tirer. || « Parle, ôte-moi d'un doute » (cit. 16, Corneille).
3 (XIIe). Mod. || Ôter (qqch.) : enlever (ce qui vêt, couvre, recouvre, protège…). || Ôter ses vêtements. Enlever, poser, quitter, retirer; débarrasser (se débarrasser de), déshabiller (se). || Ôter une robe (→ Ménager, cit. 3), sa jaquette (→ 2. Leur, cit. 2).
4 Tous ces vêtements peuvent être ôtés en un tour de main; ils ne serrent point la taille, ils indiquent les formes; le nu apparaît par leurs interstices et dans leurs mouvements. On les ôte tout à fait dans les gymnases, dans le stade, dans plusieurs danses solennelles : « C'est le propre des Grecs, dit Pline, de ne rien voiler ».
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 138.
Ôter ses chaussures. Déchausser (se), débotter (se). || Ôter les souliers de qqn. Retirer.Ôter une coiffure, son chapeau (→ Itou, cit. 1). Décoiffer, découvrir (se). || Ôter ses gants (cit. 1 et 5). Déganter (se).Ôter le pansement d'une plaie ( Débander, débrider, lever), le plâtre d'un membre fracturé ( Déplâtrer).Ôter un masque. Démasquer, dévoiler; bas (jeter bas le masque).Ôter le harnais d'un cheval. Débrider.
5 (Daphnis) accourait incontinent, et lui ôtant sa couronne qu'il baisait d'abord, se la mettait sur la tête (…)
P.-L. Courier, Trad. de Daphnis et Chloé, I.
6 Enfin, avec cet Ephestion politique, le ministre osait être lui : ôter sa perruque et son râtelier, poser ses scrupules et se mettre en pantoufles, déboutonner ses roueries et déchausser sa conscience.
Balzac, les Employés, Pl., t. VI, p. 891.
7 Beaucoup de rois, de princes, de ministres, d'hommes qui se croyaient puissants, ont défilé devant moi : je n'ai pas daigné ôter mon chapeau à leur cercueil ou consacrer un mot à leur mémoire.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 283.
Ôter ce qui orne, garnit. Dégarnir. || Ôter ce dont un instrument, un objet est muni. Démunir. || Ôter le contenu d'un récipient. Vider. || Ôter l'amorce d'un obus, le désamorcer.Ôter les fers d'un cheval, le déferrer.
4 Faire disparaître ce qui gêne ( Débarrasser), salit ( Décrasser, décrotter, dégraisser, effacer, épousseter). || Ôter une tache. || Ôter les mauvaises herbes ( Sarcler), les pierres d'un chemin ( Épierrer). || Ôter ce qui alourdit ( Décharger, délester), ce qui entrave, retient ( Déchaîner, dégager).
5 Ôter (qqch.) de (qqch.) : enlever (une partie) de (un ensemble), en coupant, en arrachant, en séparant. || Ôter un morceau, une tranche de viande. Couper, lever, prélever, trancher. || Ôter les os d'un morceau de viande ( Désosser), les feuilles, les pétales ( Effeuiller), les poils, la peau ( Peler), les plumes ( Plumer).Ôter un organe malade ( Amputer; ablation, -ectomie), une tumeur ( Extirper), une dent cariée ( Arracher; extraire).Ôter un nom d'une liste. Supprimer; rayer. || Ôter un objet d'un ensemble pour mieux l'examiner. Isoler; part (mettre à part). || Ôter un passage d'un livre (cit. 4), d'un ouvrage. Couper, retrancher.Absolt. → Ajouter, cit. 2.
(Dans un compte). || Ôter une somme d'une autre; ôter un nombre, une quantité d'un total. Déduire, défalquer, diminuer, retrancher, soustraire.Au p. p. || 65 ôté de 60 donne un nombre négatif (cit. 15). || 2 ôté de 10, il reste 8.
Fig. || Ôter à la peinture sa sublimité (→ Nativité, cit. 2), à la création sa gravité (→ Mythologie, cit. 2). || « Ôtez l'amour-propre (cit. 4) de l'amour, il en reste trop peu de chose » (Chamfort).
6 Ôter (qqch.) à (qqn) : mettre (qqch.) hors de la portée, du pouvoir ou de la possession de qqn. Enlever, priver, retirer. || On m'a ôté papier, plumes et encre (cit. 2).Ôter les biens, la fortune à un héritier. Dérober, prendre, ravir; déposséder, dépouiller, spolier; → Justice, cit. 2. || On ne lui a rien ôté de sa fortune. Toucher. || Ôter à qqn son emploi. || Cette affaire lui a ôté tout crédit ( Coûter). || Ôter un enfant à sa mère. || Ôter la vie à qqn. Tuer (→ Désespoir, cit. 14; despote, cit. 1; mépriser, cit. 15).Ôter à qqn ses forces (→ Isoler, cit. 2), son courage (→ Merci, cit. 17), la conscience de ses actes, l'usage de la parole, la santé, l'appétit ( Couper). || Ôter à qqn toutes ses illusions. Cesser (faire), désabuser. || Ôter toute joie à qqn. Sevrer. || Il lui a ôté son appui, sa confiance.Ne m'ôtez pas la bonne opinion que j'ai de vous (Académie).
8 (…) si le vrai bonheur appartient au sage, c'est parce qu'il est de tous les hommes celui à qui la fortune peut le moins ôter.
Rousseau, Julie, V, II.
9 (…) en un mot, quand il a su que j'étais imprimé tout vif, il a pris la chose au tragique et m'a fait ôter mon emploi, sous prétexte que l'amour des lettres est incompatible avec l'esprit des affaires.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, I, 2.
10 Sa probité est incorruptible; sa religion est profonde; sa piété filiale s'élève jusqu'à la vertu; mais une invincible timidité ôte au Dauphin l'emploi de ses facultés.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 53.
11 (…) comme il arrive souvent, la colère lui ôtait l'esprit.
A. de Musset, les Deux Maîtresses, VII.
REM. Dans tous ses emplois ou presque, ôter peut être remplacé par enlever, mot non marqué. → Enlever. Ôter est souvent senti comme désuet ou régional, par rapport à enlever.
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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s'ôter v. pron.
(Sens passif). || Les fiefs amovibles (cit. Montesquieu) ne se donnaient ni ne s'ôtaient d'une manière capricieuse.
(Sens réfl.). || Ôtez-vous de devant moi, de devant (cit. 15) mes yeux.Ôte-toi de mon soleil. Écarter (s'). — ☑ (V. 1797, in D. D. L.). Loc. fam. Ôte-toi de là que je m'y mette (cit. 59).
Vx. || S'ôter : partir. || Ôtons-nous : partons (→ Cadavre, cit. 1, La Fontaine).
(Emploi réfléchi indirect). || S'ôter un cigare de la bouche (→ 1. Fumer, cit. 27). — ☑ Loc. fig. S'ôter le pain, les morceaux de la bouche.
12 Un vrai cœur d'or, qui s'ôterait les morceaux de la bouche.
Zola, le Dr Pascal, I.
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ôté, ôtée p. p. adj.
Enlevé.
(Employé comme prép. d'ordinaire invar.). Excepté, hormis, soustrait. || Ôté deux ou trois chapitres, ce livre est excellent.REM. Autrefois on faisait l'accord avec le nom ou le pronom : || « Ôtés ceux qui sont intéressés par les sentiments de la nature » (Pascal, Lettre sur la mort de son père).
CONTR. Adjoindre, appliquer, appuyer, attribuer, confier, donner, dresser, endosser, fournir, insérer, laisser, mettre.

Encyclopédie Universelle. 2012.