extirper [ ɛkstirpe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1336; lat. extirpare, de stirps, stirpis « racine »
1 ♦ Littér. Arracher (fig.), faire disparaître complètement. ⇒ détruire, éradiquer, supprimer. Extirper les abus, les vices. « ce n'est pas par des lois somptuaires qu'on vient à bout d'extirper le luxe : c'est du fond des cœurs qu'il faut l'arracher » (Rousseau).
2 ♦ Agric. Arracher (une plante) avec ses racines, de sorte qu'elle ne puisse pas repousser. ⇒ déraciner. Extirper les mauvaises herbes. ⇒ sarcler; extirpateur.
♢ Chir. Enlever radicalement. ⇒ extraire. Extirper un polype, une tumeur.
3 ♦ Fam. Faire sortir (qqn, qqch.) avec difficulté. ⇒ arracher, tirer. Extirper qqn de son lit. « Ils doivent faire une drôle de tête les gens quand on les extirpe des oubliettes » (Céline). « Gabriel extirpa de sa manche une pochette de soie » (Queneau). — S'EXTIRPERv. pron.⇒ s'extraire. « Elle s'extirpa de la cabine comme d'un mauvais lieu » (Aragon).
⊗ CONTR. Enfoncer, enraciner.
● extirper verbe transitif (latin exstirpare, de stirps, -stirpis, racine) Réaliser l'extirpage. Arracher complètement, avec difficulté quelque chose : Extirper la racine d'une dent. Arracher quelque chose, le faire disparaître : Extirper les préjugés. Arracher quelque chose à quelqu'un, l'obtenir avec peine : On n'a pas pu lui extirper un aveu. Sortir quelqu'un d'un lieu avec difficulté : Extirper un conducteur d'une voiture accidentée. ● extirper (citations) verbe transitif (latin exstirpare, de stirps, -stirpis, racine) Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Extirper : Ce verbe ne s'emploie que pour les hérésies et les cors aux pieds. Dictionnaire des idées reçues ● extirper (synonymes) verbe transitif (latin exstirpare, de stirps, -stirpis, racine) Réaliser l' extirpage.
Synonymes :
- déraciner
Arracher complètement, avec difficulté quelque chose
Synonymes :
- énucléer
- extraire
Arracher quelque chose, le faire disparaître
Synonymes :
- anéantir
- chasser
- détruire
- ôter
extirper
v. tr.
d1./d Arracher (un végétal) avec sa racine. Extirper des mauvaises herbes.
|| CHIR Enlever totalement. Extirper une tumeur.
d2./d Fig., litt. Extirper les abus.
d3./d Faire sortir avec difficulté. Extirper qqn de son sommeil.
|| v. Pron. S'extirper de la carcasse d'une voiture.
⇒EXTIRPER, verbe trans.
A.— [Le compl. désigne une réalité considérée comme nuisible par le référent du sujet]
1. [Le compl. désigne une réalité matérielle]
a) AGRIC. Arracher une plante avec ses racines pour l'empêcher de repousser. Extirper les mauvaises herbes. Le chiendent est l'herbe la plus difficile à extirper (Ac. 1932). Anton. enraciner.
— P. métaph. Mon cœur est transparent comme ma vie, et je n'y vois point pousser de champignons vénéneux que je doive extirper (SAND, Corresp., t. 3, 1853, p. 376). On n'admettait pas que ces gens-là puissent se tromper; ils allaient d'un geste, d'un mot, extirper la racine du mal (ARNOUX, Rêv. policier amat., 1945, p. 125).
b) CHIR. Enlever (à quelqu'un) un organe ou un corps étranger sans qu'il laisse de racines. Extirper une tumeur, un cancer, une loupe, un polype (Ac.). Synon. usuel extraire; anton. implanter, greffer. Ces mêmes organes apparaissent par contre chez la poule dont on a extirpé les ovaires (PERRIER, Zool., t. 4, 1932, p. 3239). Les kystes dermoïdes seront extirpés chirurgicalement (Hudelo ds Nouv. Traité Méd., fasc. 1, 1926, p. 519) :
• CHAMPBOURCY. — Oh! tout de suite! il m'a brûlé un petit nerf de la gencive... ça ne m'a pas soulagé... alors il m'a extirpé ma dent...
LABICHE, Cagnotte, 1864, II, 3, p. 52.
♦ Au part. passé. Qui a été extirpé. On peut mesurer cette activité dans des fragments de tissus extirpés du corps (CARREL, L'Homme, 1935, p. 197). Ces auteurs réalisèrent (...) un diabète expérimental susceptible d'être corrigé par la greffe de l'organe extirpé (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 763).
— P. anal. Car les oiseaux de proie t'extirperont les globes des yeux (CLAUDEL, Tête d'Or, 1890, 1re part., p. 129). Il s'extirpa pensivement des filaments de bœuf coincés en plusieurs endroits parmi sa dentition (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 99).
2. Au fig. [Le compl. désigne une réalité considérée d'un point de vue moral ou social] Faire disparaître (quelque chose) complètement. Extirper les abus, les vices (Ac.). Extirper l'idôlatrie, des superstitions; extirper des bandes de brigands. Synon. anéantir, exterminer, supprimer; anton. implanter, établir. On s'est hâté d'amputer la France, de mutiler les populations rhénanes, d'en extirper l'esprit français (HUGO, Rhin, 1842, p. 459). Cet instinct farouche se laisse discipliner mais non extirper; on le réduit, on ne le détruit pas (AMIEL, Journal, 1866, p. 438). Elle [Mme Verdurin] éprouvait la colère d'un grand inquisiteur qui ne parvient pas à extirper l'hérésie (PROUST, Swann, 1913, p. 259).
— Au part. passé. Synon. anéanti, supprimé. Or la violence n'est pas extirpée, une fois pour toutes, des rapports humains (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 289).
B.— P. ext.
1. [Avec un compl. introd. par de indiquant la source] Extraire (quelque chose) de (quelque chose). Il extirpa un briquet de sa poche. Synon. sortir, tirer (hors de); anton. enfoncer, fourrer (fam.), mettre (dans). D'un chapeau, il extirpa deux tourterelles vivantes cueillies dans la coiffe (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 108). Il semblait alors dans l'impossibilité d'extirper du fond de sa gorge des tampons d'ouate qui l'eussent étouffé (CAMUS, Peste, 1947, p. 1406). Gabriel extirpa de sa manche une pochette de soie couleur mauve (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 9).
— Emploi pronom. réfl. Sortir (de quelque chose) avec peine. Synon. s'extraire. Comme je m'extirpe avec précaution de la colonne, une tête de vrai monsieur jaillit tout près de moi (SARTRE, Nausée, 1938, p. 66). Tout à coup, la porte céda, la femme apparut. Elle s'extirpa de la cabine comme d'un mauvais lieu (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 230).
2. Au fig. [Avec un compl. datif indiquant l'origine] Obtenir (quelque chose) de (quelqu'un) alors qu'il ne le veut pas. Extirper des renseignements à qqn. C'est égal, celle-ci déteste sa sœur, et je crois que je pourrai lui extirper une foule de révélations sur Aimée (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 134). Il veut te taper de cent mille francs. Il m'a demandé de l'aider à t'extirper le chèque (FRANCE, Bergeret, 1901, p. 230). V. aussi citat. Courteline s.v. démonter I A 3 rem.
— Au part. passé. Il [Gaubertin] possédait depuis si longtemps l'argent extirpé par la terreur aux fermiers de mademoiselle Laguerre (BALZAC, Paysans, 1844-50, p. 118).
— Emploi pronom. Il avait découvert le moyen de perdre l'amusement du bibelot, de s'extirper cette dernière satisfaction (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 314).
Prononc. et Orth. :[], (j')extirpe []. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1220 fig. estirper (la racine du mal) (Barlaam et Josaphat, 8034 ds T.-L.); 2. 1336 au propre « arracher, déraciner (une plante) » (Franch. de la Chaux du Dombief, Droz, Bib. Besançon ds GDF. Compl.). Empr. au lat. class. de même sens exstirpare (dér. de stirps « souche, racine »), cet empr. savant ayant supplanté le verbe d'a. fr. de même orig. esterper ou estreper attesté dep. le XIIe s. (cf. GDF. et T.-L.). Fréq. abs. littér. :210. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 238, b) 292; XXe s. : a) 338, b) 326. Bbg. VERSINI (L.). Néol. et tours à la mode dans Angola. In : [Mél. Pintard (R.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1975, t. 13, p. 514.
extirper [ɛkstiʀpe] v. tr.
ÉTYM. V. 1361, au sens 2.; lat. exstirpare, même sens, de ex « hors de », et stirps, stirpis « racine, souche ».
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1 (1690, Furetière). Didact. Arracher (une plante) avec ses racines de sorte qu'elle ne puisse pas repousser. ⇒ Arracher, déraciner. || Extirper les mauvaises herbes. ⇒ Sarcler; extirpateur, 2. || Le chiendent est une plante tenace, difficile à extirper.
♦ Par métaphore. → Drageonner, cit.
1 Une fois posé que l'aristocratie est une plante vénéneuse, il ne suffit pas de l'élaguer, il faut l'extirper, et non seulement couper toutes ses racines, mais écraser toutes ses semences.
Taine, les Origines de la France contemporaine, III, t. I, p. 243.
♦ (V. 1560, Paré). Enlever radicalement par une opération chirurgicale. ⇒ Extraire, ôter. || Extirper un polype, une tumeur. ⇒ Énucléer, exciser. || Extirper un organe (→ Chirurgie, cit. 1). || Extirper un cor.
♦ Par métaphore. → Arracher, cit. 15.
2 (V. 1361). Littér. Faire disparaître complètement. ⇒ Détruire. || Extirper les abus, les vices. || Extirper un mal, l'erreur, la méfiance.
2 Je peindrai cette ardeur constante et légitime
De retrancher le luxe et d'extirper le crime.
Corneille, Poésies diverses, 81.
3 Au reste, ce n'est pas par des lois somptuaires qu'on vient à bout d'extirper le luxe : c'est du fond des cœurs qu'il faut l'arracher, en y imprimant des goûts plus sains et plus nobles.
Rousseau, le Gouvernement de Pologne, III.
3 (Fin XIXe, Huysmans). Fam. Faire sortir (qqn, qqch.) avec difficulté. ⇒ Arracher, tirer. || Extirper qqn de son lit. — Extirper un renseignement, de l'argent à qqn. ⇒ Extorquer. || Il est si timide qu'il est difficile de lui extirper un mot.
4 Ils doivent faire une drôle de tête les gens quand on les extirpe des oubliettes.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 227.
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s'extirper v. pron.
5 Elle s'extirpa de la cabine comme d'un mauvais lieu. Elle jeta des yeux furtifs sur Richard, et hésita comme si elle n'eût plus connu le côté de la sortie.
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 230.
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CONTR. Enfoncer, enraciner.
DÉR. Extirpable.
Encyclopédie Universelle. 2012.