leste [ lɛst ] adj.
1 ♦ Qui a de la souplesse, de la légèreté dans les mouvements. ⇒ agile, 2. alerte, léger, souple, vif. Vieillard encore leste. Se sentir leste et dispos. ⇒ allègre. L'écureuil est « leste, vif, très alerte » (Buffon). Loc. Avoir la main leste : être prompt à frapper, à gifler.
2 ♦ Irrespectueux. ⇒ cavalier, désinvolte.
3 ♦ Qui dépasse la réserve prescrite par les conventions sociales. ⇒ 2. cru, 1. gaillard, gaulois, grivois, hardi, libre, licencieux, osé. Plaisanteries un peu lestes sans être vulgaires, obscènes. « Se méfier des citations en latin; elles cachent toujours quelque chose de leste » (Flaubert).
⊗ CONTR. Lourd, lourdaud, maladroit. Grave, sérieux.
⊗ HOM. Lest.
● leste adjectif (italien lesto, agile) Qui se meut avec agilité et aisance : Il est encore leste pour son âge. Qui est très ou trop libre, qui blesse la décence : Une histoire leste. ● leste (expressions) adjectif (italien lesto, agile) Avoir la main leste, être prompt à frapper, à gifler. ● leste (homonymes) adjectif (italien lesto, agile) lest nom masculin leste forme conjuguée du verbe lester lestent forme conjuguée du verbe lester lestes forme conjuguée du verbe lester lestes nom masculin ● leste (synonymes) adjectif (italien lesto, agile) Qui se meut avec agilité et aisance
Synonymes :
- agile
- alerte
- léger
- preste
- vif
Contraires :
- alourdi
- empoté
- gauche
- lent
- lourd
- pataud
Qui est très ou trop libre, qui blesse la décence
Synonymes :
- cavalier
- égrillard
- grivois
- osé
- polisson
Contraires :
- austère
- grave
- puritain
- sérieux
leste
adj.
d1./d Qui a de la légèreté, de l'agilité dans les mouvements.
— Avoir la main leste: être prompt à frapper.
d2./d Fig. Libre, grivois. Tenir des propos assez lestes.
⇒LESTE, adj.
A. — 1. a) [En parlant d'un animé] Qui manifeste de la souplesse, de la promptitude et de l'aisance dans ses gestes, ses mouvements. Synon. agile, alerte, preste, vif; anton. lourd, lourdaud, maladroit. Le troisième taureau vient de faire son entrée dans l'arène; tête et cornes hautes, il galope, superbe, leste, rapide (LOTI, Reflets, 1899, p. 21) :
• 1. Le violoniste (...) s'approcha, l'archet haut, le violon au bout des doigts (...). C'était un vieux Hongrois glabre et gras, avec un ventre rond qui poussait en avant son gilet de smoking. Il était encore étonnamment leste pour sa corpulence.
DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 79.
♦ Emploi subst. On connaît bien la [vache] maigre, la leste, la méchante (ALAIN, Propos, 1929, p. 878).
— Au fig. ou p. métaph. Les Français naissent légers, mais ils naissent modérés. Ils ont un esprit leste, agréable et peu imposant (JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 382). Des hommes graves peineront pour se rendre lestes et nets comme lui. Henri Beyle est à mes yeux un type d'esprit bien plus qu'un homme de lettres (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 124).
b) [P. méton. du déterminé] Prompt, précis, agile.
— [En parlant de tout ou partie d'un membre] Passez par les chemins de terre, on a le pied moins leste que sur la route, mais c'est plus court (HAMP, Champagne, 1909, p. 114). Ces membres lestes semblent toujours prêts aux acrobaties (HOURTICQ, Hist. art, Fr., 1914, p. 247).
♦ Loc. Avoir la main leste. Donner facilement des gifles, des coups (généralement à un enfant) en guise de réprimande. Elle avait la parole vive et la main leste, et mettait en pratique cette maxime que qui aime bien châtie bien (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 237) :
• 2. La chemise de Mouchette s'est ouverte, découvre sa poitrine, et les meurtrissures y apparaissent nettement. Elles n'ont pas eu le temps de tourner au violet; sur la peau brune, elles se dessinent en rouge sombre, la marque des ongles en rouge clair. (...) tout le monde sait que le père a la main leste.
BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1319.
— [En parlant d'un comportement, d'une manière d'être, d'un geste] Aller, marcher d'un pas leste. Il a le port leste (...), des mouvements pleins de coquetterie! (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 233). Je me campai le poing sur la hanche et jurai comme un mécréant. Mon excellente mère m'appliqua sur la joue un soufflet si leste, que je restai quelque temps stupéfait (FRANCE, Bonnard, 1881, p. 387). D'un mouvement leste et continu (...) elles enfonçaient une pointe de bois (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 212).
2. Vieux
a) [En parlant de qqn] Qui est bien équipé, bien vêtu de manière à exécuter avec agilité tous les mouvements. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) [En parlant de qqc.]
— [En parlant d'un vêtement] Léger, dégagé; qui laisse toute liberté aux mouvements tout en étant élégant. Le goût exquis de leur toilette, la crinière retapée dans le dernier genre, la moustache troussée et cirée à l'espagnole, l'épée horizontale, l'habit leste et pincé (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 107).
— [En parlant d'un navire] ,,Qui est gréé légèrement, où tout est libre, facile, dégagé`` (BONN.-PARIS 1859). Il était aspirant de la marine (...) embarqué à bord du Cygne, un brick leste et joli (SUE, Atar-Gull, 1831, p. 31).
B. — Au fig.
1. Vx. [En parlant de qqn] Adroit, prompt à trouver des expédients. C'est un homme leste en affaire (Ac.).
2. a) [En parlant de qqn] Qui fait preuve d'une liberté excessive vis à vis des convenances, des principes en usage dans un groupe social. Homme leste dans ses procédés, dans ses propos; personne leste en paroles. L'éternel redresseur de torts, leste et débrouillard, au parler franc, au jugement sensé et coupant, imbattable dès qu'il s'agissait de déjouer quelque intrigue (MARTIN DU G., Souv., 1955, p. LXXV) :
• 3. Ce dont on a le plus horreur en France, c'est d'être dupe. On aime mieux passer pour leste et dégagé que pour un honnête nigaud. Et, du moment que l'on associe à la morale quelque idée de pesanteur d'esprit, c'est assez pour qu'on la tienne en suspicion.
RENAN, Avenir sc., 1890, p. 444.
— [P. méton. du déterminé] Dans notre pays on a une façon de parler assez leste, et l'on crie volontiers : hé, la fille! (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 259). Ils logent chez leurs maîtresses, ce qui peut paraître leste, mais ce qui est infiniment plus agréable que de loger en prison (BALZAC, Fille Ève, 1839, p. 191).
b) [En parlant d'un propos, d'une œuvre; fréq. modifié par un adv.] Qui aborde des sujets (généralement du domaine sexuel) que la bienséance interdit. Synon. grivois, libre, licencieux. Allusion, histoire, mot, plaisanterie (un peu/très) leste. Si le Vénitien sait trousser une anecdote très leste, il ne le fait jamais par libertinage (...) mais par délassement (...) et il la conte avec indulgence et le verre à la main (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 18). Elle lisait beaucoup de romans lestes dont elle appréciait moins l'intrigue que les voiles transparents qui l'enveloppaient : « C'est osé, c'est bien écrit, disait-elle d'un air délicat. Glissez, mortels, n'appuyez pas! » (SARTRE, Mots, 1964, p. 5) :
• 4. ... mille petits soins, des privautés singulières, des complaisances inouïes, entremêlées d'œillades lubriquement expressives, d'éclats de rire prolongés, de fadeurs langoureuses, et de propos lestes, attestaient l'ardeur des tentations érotiques.
BALZAC, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 570.
— [P. méton. du déterminé; en parlant d'un aut.] Nous allions quelquefois aussi à l'Arsenal; c'est là que je lus Faublas et tous les auteurs lestes du XVIIIe siècle (MICHELET, Mémor., 1822, p. 218).
REM. Lesteté, subst. fém., hapax. Fait d'être leste. Trois hommes ont passé marchant avec une lesteté incroyable, fort vite et sans effort (STENDHAL, Mém. touriste, t. 3, 1838, p. 139).
Prononc. et Orth. : []. Homon. lest. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1578 (H. ESTIENNE, Deux dialogues du nouveau langage françois italianizé, éd. P. Ristelhuber, t. 1, p. 116 : Car de Lesto ils [ceux qui veulent italianiser] font Leste [en it. ds le texte]); 1. 1584 lest « élégant, plein de grâce » (G. BOUCHET, 3e Seree, I, 86 ds HUG.); 2. 1585 « agile, bien équipé » (N. DU FAIL, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 2, p. 297 : une armee bien leste); 3. 1611 « prompt, vif » (COTGR.); d'où 1867 avoir la main leste (LITTRÉ); 4. 1765 « qui ne se soucie guère des principes, des convenances » (Encyclop.). Empr. à l'ital. lesto, attesté aux sens de « rapide, agile » dep. 2e moitié du XVe s. (Canti Carnascialeschi ds BATT.), « bien équipé » dep. 2e moitié du XVIe s. (AMMIRATO, ibid.), d'orig. incertaine : à l'orig. germ. proposée par EWFS1-2, REW3 n° 5083a, BL.-W.2-5 et FEW t. 16, p. 469 (l'ital. lesto est issu du longobard list « ruse », alors que l'esp. listo, le port. lesto et le cat. llest sont issus de la forme got. correspondante) s'opposent des difficultés chronol. (la plus anc. des formes romanes, le cat. llest, n'est pas antérieure au XVe s.), et phon. (l'étymon got. n'explique pas le i de la forme esp.); v. G. COLÓN ds Z. rom. Philol. t. 78, pp. 78-81. Fréq. abs. littér. : 272. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 543, b) 674; XXe s. : a) 261, b) 178. Bbg. DUCH. Beauté 1960, p. 148. - GOHIN 1903, p. 345. - GRUNDT (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 224. - HOPE 1971, p. 206. - KOHLM. 1901, p. 48. - SAR. 1920, p. 56. - WIND 1928, p. 181, p. 206.
leste [lɛst] adj.
ÉTYM. 1578, R. Estienne, présenté comme calque de l'italien, d'abord « élégant, gracieux, bien équipé »; ital. lesto « rapide, agile » (XVe), puis « bien équipé » (XVIe), d'origine incert., p.-ê. germanique.
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I (1585). Vx. Bien vêtu, bien équipé. — Par ext. (en parlant de choses). || Ajustement moins superbe que leste (La Fontaine, Contes, L'oraison de saint Julien).
1 Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées.
Voltaire, Candide, III.
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II
1 (1611). Mod. Qui a de la souplesse, de la légèreté dans les mouvements. ⇒ Agile, 2. alerte (3.), dégagé, désinvolte, léger, vif (→ Dépêcher, cit. 7; esquiver, cit. 2; garnement, cit. 3, Beaumarchais). || Clown, gymnaste très leste. || Vieillard encore leste. || Se sentir leste et dispos. ⇒ Allègre. || Un homme leste et bien découplé. — Par ext. || Aller, marcher d'un pas leste, rapide, aisé.
2 L'écureuil (…) est propre, leste, vif, très alerte, très éveillé (…)
Buffon, Hist. nat. des animaux, L'écureuil.
3 (…) elle paraissait leste, souple, et sa vigueur supposait l'agilité d'une panthère (…)
Balzac, la Peau de chagrin, Pl., t. IX, p. 66.
♦ ☑ (In Littré). Avoir la main leste : être prompt à frapper.
2 (1611). Vx. « Adroit, prompt à trouver des expédients pour terminer une affaire ». || C'est un homme leste en affaires (Académie).
3 (1765). Mod. Qui passe facilement sur les principes, les égards, les convenances. ⇒ Cavalier, hardi. || C'est un homme leste dans ses procédés, dans ses propos (Académie).
4 (…) elle s'est conduite comme une femme galante des plus lestes.
Diderot, Lettre à S. Volland, 18 janv. 1766.
♦ (En parlant des procédés, des propos). Inconvenant, irrespectueux. ⇒ Cavalier, désinvolte. || Le ton me parut un peu leste. || Il a usé à mon égard d'un procédé un peu leste (Académie).
5 Le lendemain il vint me voir le matin, ce qui me parut bien un peu leste (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXXXVII.
4 Qui dépasse la réserve prescrite par les conventions sociales. ⇒ 2. Cru (4.), épicé (fig.), 1. gaillard, gaulois, grivois (II.), guilleret, hardi, hasardé, libre, licencieux, vert (en dire de vertes). || Propos, plaisanteries un peu lestes. || Sous-entendus assez lestes. || Épigramme (cit. 5) fort leste. || Pages écrites d'un ton assez leste (→ Fredaine, cit. 3).
6 Se méfier des citations en latin, elles cachent toujours quelque chose de leste.
Flaubert, Dict. des idées reçues, Latin.
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CONTR. Lourd, lourdaud, maladroit. — Grave, respectueux, sérieux.
DÉR. et COMP. Lestement. — Alester.
HOM. Lest.
Encyclopédie Universelle. 2012.