italien, ienne [ italjɛ̃, jɛn ] adj. et n.
• v. 1265 ytalliens n. m. pl.; it. italiano
♦ De l'Italie. ⇒ transalpin. La péninsule, la « botte » italienne. Monnaie italienne. ⇒ 2. lire. Peinture, musique italienne. Comédie italienne. ⇒ commedia dell'arte. La mode italienne. Cuisine italienne, à l'italienne, à la manière italienne. Format à l'italienne, où la largeur est plus importante que la hauteur (par oppos. à à la française) .
♢ N. Les Italiens. ⇒fam. et péj. macaroni, rital. — N. m. L'italien : groupe de langues romanes parlées en Italie, spécialt la langue (d'abord littéraire, puis nationale) issue du dialecte toscan.
● italien nom masculin Langue romane parlée principalement en Italie. ● italien, italienne adjectif et nom D'Italie.
italien, enne
adj. et n.
d1./d adj. De l'Italie.
d2./d n. m. L'italien: la langue romane parlée en Italie.
⇒ITALIEN, -IENNE, adj. et subst.
D'Italie.
I. — Emploi adj. et subst. [En parlant d'une personne]
A. — Emploi subst. Celui, celle qui est né(e) en Italie, qui y vit, qui en est citoyen ou qui est originaire de ce pays. La veuve : certainement une Italienne. Veuve d'officier sans doute. Quelle décence dans son geste! Quelle tendresse dans son regard! Comme son front est pur! (GIDE, Caves, 1914, p. 850). Je n'ai jamais rencontré d'Italiens quelconques et incolores. Ceux que j'ai connus étaient, ou très charmants, ou ratés (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 324).
— En partic. (Chez) l'Italien. (Chez) le restaurateur, l'épicier qui vend de la cuisine ou des produits typiques de ce pays :
• 1. — Vous m'emmenez dîner? — Je suis venu pour ça (...). Il demanda : « Où voulez-vous aller? Chez l'Italien? — Chez l'Italien. » Elle n'était pas contrariante; elle le laissa choisir leur table, elle commanda comme lui des peperoni et un ossobuco...
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 52.
— THÉÂTRE
♦ Les Italiens (p. ell. de comédiens). Troupe installée à Paris de 1659 à la fin du XVIIIe siècle et qui, à l'origine, se consacrait au répertoire de la comédie italienne. Aller aux Italiens. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ Théâtre des Italiens ou, p. ell., les Italiens. Ancien théâtre de Paris où l'on jouait des opéras italiens :
• 2. Ce soir-là, tout Paris resplendissait aux Italiens. On donnait La Norma. C'était la soirée d'adieu de Maria-Felicia Malibran. La salle entière (...) s'était levée et rappelait la cantatrice dans un tumulte glorieux.
VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 311.
B. — Emploi adj. Chanteur, paysan italien. Le petit professeur italien qui ressemble à un polichinelle de la Commedia de l'Arte [sic]; de petits yeux brillants et malicieux, des taquineries d'enfant (GREEN, Journal, 1942, p. 268).
II. — Emploi adj. [En parlant d'une chose]
A. — Qui est propre à l'Italie et aux Italiens. Botte, péninsule italienne. La vision italienne est une sensualité; les yeux jouissent des couleurs, comme la langue d'un fruit juteux et parfumé (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1444). Une campagne de mûriers, de verdure, de villas et toute cette forêt dont les cyprès parachèvent le caractère italien (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1916, p. 177). Cette aile, bâtie dans le goût italien, à la manière des palais dont Claude Gelée aime à semer ses paysages, faisait avec la sombre façade un parfait contraste (GRACQ, Argol, 1938, p. 24) :
• 3. ... il y a quelques années, la France s'enthousiasma pour l'Italie. Tout ce qui était italien provoqua du jour au lendemain l'admiration : spaghettis, tranches et romances napolitaines, peintures et cartes postales, fascisme, solfatares, saucisson de Milan, etc.
FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 228.
SYNT. Art, opéra italien; littérature, musique, peinture italienne; (en partic. primitifs italiens; école italienne); fascisme italien; formation de l'unité italienne; renaissance italienne.
— HISTOIRE
♦ République italienne. ,,Nom que prit en 1802 la république cisalpine, lorsqu'elle eut Bonaparte pour chef`` (LITTRÉ).
♦ Républiques italiennes. États indépendants que formèrent la plupart des villes de la haute Italie, au XIIe siècle :
• 4. C'est (...) hors de Florence (...) que l'esprit de la Renaissance devait trouver son expression tout à fait claire. Le rôle historique des républiques italiennes, si l'on en excepte Venise, était fini. Exténuées par leurs luttes intérieures et l'exercice sans frein de leur liberté passionnelle, elles étaient au bout de leur effort.
FAURE, Hist. art, 1914, p. 392.
B. — Loc. adv. À l'italienne. À la manière des Italiens. Il reconnut un bénédictin, quand ce prêtre chanta : Dominous vobiscoum, car l'abbé Gévresin lui avait appris que les bénédictins prononçaient le latin à l'italienne (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 256). La galerie ouverte qui fait le charme de cette maison à l'italienne, de plain-pied avec la cour sablée qui continue le jardin (GIDE, Porte étr., 1909, p. 581).
— [P. réf. à la Commedia dell'Arte, ou à la tradition populaire de chanteurs improvisateurs] :
• 5. ... à un oiseau qui se trouvait là dans une cage (...). « Pauvre petit! Tu meurs de langueur! Comme je te plains! Comme tu dois souffrir en entendant les troupes de tes semblables qui t'appellent et partent sur les vents pour des pays inconnus! (...) » Elle improvisait volontiers ainsi, à l'italienne, des sortes de poèmes parlés qui ne manquaient ni d'abondance, ni de force.
MAUROIS, Ariel, 1923, p. 270.
— En partic.
♦ ART CULIN. Accommodé à l'huile d'olive, à la sauce tomate et au parmesan. On se décida pour un potage queue de bœuf, des rougets de roches grillés, un filet aux cèpes, des raviolis à l'italienne, des gelinottes de Russie (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 353). Pâtes, sauces à l'italienne (Ac. Gastr. 1962).
♦ DÉCORATION. Chambre à l'italienne. ,,Chambre (...) ornée de colonnes, d'un plafond à caissons, et dont les murs étaient décorés de peintures rappelant la fresque`` (HAVARD t. 3 1889). Rideau à l'italienne.
♦ TECHNOL. (reliure). Format à l'italienne. ,,Format dans lequel les lignes du texte sont parallèles au grand côté du feuillet`` (COMTE-PERN. 1963). Cf. (format) à la française, s.v. français II B.
III. — Emploi adj. et subst. masc., LING.
A. — Emploi subst. masc. Langue parlée en Italie, issue du latin. Italien dialectal; parler, savoir l'italien; emprunts à l'italien (v. italianisme B). Quant à l'italien, j'ignore la meilleure grammaire. J'avais autrefois celle de Vergani, Garnier éditeur (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1893, p. 187). Au XIXe siècle, la figure des mots étrangers, même les plus usuels, change et se barbarise. L'italien avait donné brave, il redonne bravo (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 83).
B. — Emploi adj. Qui est propre à cette langue, qui en a les caractéristiques. Le oua-ouaou, c'est le bravo poussé au paroxysme; (...) alors que, transporté, ravi, le larynx oppressé, on ne peut plus prononcer du mot italien « bravo » que le cri guttural oua-ouaou (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 85) :
• 6. ... et le drôle (...) se hâta d'accourir près de la portière, où il se plongeait en courbettes, sans lever les yeux du sol, et répétant continuellement : — Ah! grand princé! Douc magnanimé! Ce cruel accent italien redoubla l'hilarité du duc qui fut aux larmes, sitôt qu'il eut toisé l'animal.
BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 10.
REM. 1. Italo-, élém. form. représentant italien entrant dans la constr. de composés adj., les autres élém. désignant un ensemble géographique et humain, et signifiant « qui est relatif à la fois à l'Italie et à ses habitants, et à d'autres pays, d'autres peuples ». a) [L'adj. est composé de 2 élém.] ) Italo-allemand, -ande. Commerce italo-allemand (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 187). ) Italo-anglais, -aise. Il se fait 1.000 francs par mois, comme expéditeur de dépêches télégraphiques italo-anglaises (AMIEL, Journal, 1866, p. 324). ) Italo-espagnol, -ole. Village italo-espagnol (THARAUD, Fête arabe, 1912, p. 209). ) Italo-serbe. Les armées franco-anglaises et italo-serbes (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 127). b) [L'adj. est composé de 3 élém.] Dis-moi quelques impressions de Tunis, — j'entends sous le rapport des fermentations franco-italo-indigènes, si tu as perçu quelques sons curieux (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1912, p. 423). 2. Italianité, subst. fém. a) Caractère propre à l'Italie et aux Italiens. La jeune Italie, certes toujours dévouée à ses madones et à ses saints, mais fière de sa race latine, soutenue par son gouvernement, défendue auprès des hommes politiques américains par ses grands quotidiens (...), visitée régulièrement (...) par des propagandistes fascistes qui en entretiennent « l'italianité » (MORAND, New-York, 1930, p. 101). Il [Cesare Battiste] sentait (...) une vieille tradition des Italiens de Trieste (...) cherchant (...) l'italianité pour résister (...) aux Allemands (WICART, Orateur, t. 2, 1936, p. 161). b) Rare. Appartenance au territoire italien. Si l'italianité de Fiume est respectée dans son principe, on admettra dans les environs, dans les pays d'alentour un partage territorial qui pourra être garanti par la Société des Nations (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1919, p. 146). 3. Italiennement, adv. À la manière italienne. Aussitôt que je vous ai vue, dit-il en pur toscan et d'une voix italiennement mélodieuse, je vous ai aimée (BALZAC, Marana, 1833, p. 82).
Prononc. et Orth. : [], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. Ca 1265 ytaliiens subst. masc. plur. « habitants de l'Italie » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, III, 1, 3); 2. 1512 subst. masc. « langue italienne » (J. LEMAIRE DE BELGES, Illustrations de Gaule, éd. J. Stecher, t. 1, p. 33); 3. 1786 subst. masc. plur. Italiens « théâtre parisien ayant interprété à l'origine le répertoire de la commedia dell'arte » (STAËL, Lettres jeun., p. 73). Soit dér. du nom d'Italie, soit empr. à l'ital. italiano « relatif à l'Italie » (1re moitié du XIVe s., ALIGHIERI ds BATT., 91), « habitant de l'Italie » (id., GUIDO DA PISA, I-187,ibid.), « relatif à la langue latine » (av. 1519, LEONARDO 2, 649,ibid.), dér. de Italia, se rattachant comme le fr. au lat. Italia. Fréq. abs. littér. : 4 018. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 6 976, b) 5 572; XXe s. : a) 5 166, b) 5 041. Bbg. QUEM. DDL t. 15; 12, 17 (s.v. italo-).
italien, ienne [italjɛ̃, jɛn] adj. et n.
ÉTYM. V. 1265, ytaliiens, n. m. pl., in T. L. F.; du n. propre Italie, ou ital. italiano, de Italia « Italie », du lat. Italia, même sens, de Itali, Italorum, n. de peuple.
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1 (1551, personnes; 1606, choses). De l'Italie. ⇒ Ausonien (vx), italique (vx), transalpin. || Péninsule italienne. || Îles italiennes. || Race, nationalité italienne (→ Impénétrable, cit. 21). || Vins italiens. || Cuisine italienne. || Charcuterie italienne (→ Coppa, salami…). || Le parmesan, le provolone, le gorgonzola, fromages italiens. || Les restaurants italiens de Paris. — N. m. || Un italien : un restaurant italien. || Monnaie italienne. ⇒ Lire. || Mœurs italiennes (→ Hérisser, cit. 28). || Langue, littérature, peinture, musique… italiennes. || Dialectes italiens (⇒ Bergamasque, campanien, florentin, ligure, lombard, ombrien, piémontais, sarde, sicilien, toscan, vénitien…). || Chant, opéra italien (→ Fioriture, cit. 2). || Les Comédiens Italiens, troupe théâtrale installée à Paris de 1659 à la fin du XVIIIe siècle, et qui joua notamment les œuvres de Marivaux (→ aussi 3.). || Comédie italienne. ⇒ Commedia dell'arte. || Républiques italiennes, magistrats italiens (⇒ Podestat) du moyen âge. || Formation de l'unité italienne au XIXe siècle. || Irrédentisme des nationalistes italiens. || Le fascisme italien sous Mussolini.
1 (…) ils éprouveraient sans cesse avec quelle facilité, quelle flexibilité, quelle mollesse, l'harmonie, la prosodie, les ellipses, les inversions de la langue italienne se prêtaient à l'art, au mouvement, à l'expression, aux tours de chant et à la valeur mesurée des sons (…)
Diderot, le Neveu de Rameau, Pl., p. 483.
♦ (1587). || À la manière italienne, ou, ellipt., à l'italienne (→ Hautin, cit.). || Champignons à l'italienne. || Pâtes à l'italienne. || Riz à l'italienne. ⇒ Risotto. || Café au lait à l'italienne. ⇒ Cappuccino. — Stores à l'italienne. — Théâtre à l'italienne. || Répétition à l'italienne. — Format, mise en pages à l'italienne (par oppos. à à la française), où la largeur est plus importante que la hauteur.
♦ Selon la manière, la mode italienne. || Perspective (cit. 2) italienne. — Cuisine italienne. || Restaurant italien (→ Pizzeria, cit. 1).
♦ N. (1551; ytaliien, v. 1265). Habitant, habitante de ce pays, ou personne qui en est originaire. || Un Italien, une Italienne. || Les Italiens émigrés en France. ⇒ fam. Rital.
2 N. m. (1512). || L'italien : la langue italienne (→ Bouillonnement, cit. 1; ficher, cit. 3). || L'italien dérive du latin vulgaire comme les autres langues romanes. || Le dialecte toscan devenu l'italien classique. || Mots français empruntés à l'italien.
2 Le grand mouvement de la Renaissance (…) amène une véritable invasion de mots italiens, invasion que l'on peut constater dans toutes les branches de l'activité humaine, mais qui est surtout sensible dans la littérature proprement dite, les beaux-arts (surtout l'architecture et la musique), la guerre et le sport (notamment l'escrime et l'équitation)… Un millier de mots environ sont ainsi venus s'ajouter à notre vocabulaire. En outre, il ne faut pas oublier que l'italien (…) a contribué au développement du suffixe ade, et que nous lui devons le suffixe esque, et les superlatifs en issime.
Darmesteter, Traité de formation de la langue franç., p. 22, in Dict. général de la langue franç.
♦ Adj. || Les dialectes italiens. → ci-dessus, 1.
3 (1786, Mme de Staël, in T. L. F.; de Comédiens italiens, par ellipse). Spécialt. N. m. pl. || Les Italiens : théâtre parisien qui interpréta d'abord le répertoire de la comédie italienne, puis des pièces françaises (le boulevard des Italiens, à Paris, en a tiré son nom). → Fumer, cit. 10. || Une loge aux Italiens.
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DÉR. Italianiser, italianisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.