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alerte

1. alerte [ alɛrt ] n. f.
XVIe; de à l'(h)erte, loc. adv. « sur ses gardes » 1540; it. all'erta « sur la hauteur », cri milit. pour appeler à guetter, de erto « escarpé », du lat. erigere « dresser »
1Signal prévenant d'un danger et appelant à prendre toutes les mesures de sécurité utiles. alarme; sirène, tocsin; bip. Donner l'alerte. éveil; alerter . Les pompiers sont arrivés trois minutes après l'alerte. Alerte aérienne : sirène avertissant la population d'un bombardement imminent. Alerte à la bombe : information indiquant la présence probable d'un engin explosif dissimulé dans un lieu public. Par ext. L'alerte a duré deux heures.
Spécialt Troupes en état d'alerte, prêtes à intervenir. Alerte rouge. Dispositif d'alerte.
Interj. Alerte ! Soyez sur vos gardes !
2Par ext. Indice d'un danger imminent. menace. Elle a eu un infarctus et depuis cette alerte, elle a beaucoup réduit ses activités. avertissement. À la première alerte, en cas d'alerte. Loc. Une fausse alerte, qui ne correspond à aucun danger sérieux.
3Situation critique, dangereuse, qui nécessite des mesures. Cote d'alerte.
alerte 2. alerte [ alɛrt ] adj.
XVIe; de 1. alerte
1Vx Vigilant.
2Mod. Vif et leste (malgré l'âge, l'embonpoint, etc.). « Un petit vieux, frétillant, sec [...] alerte et gai » (A. Daudet).
3Un esprit alerte. éveillé, fringant, rapide, vif. Écrire d'une plume alerte.
⊗ CONTR. Inerte, lourd.

alerte (homonymes) adjectif (moyen français à l'herte, sur ses gardes, de l'italien all'erta, de erta, hauteur) alerte nom féminin alerte forme conjuguée du verbe alerter alertent forme conjuguée du verbe alerter alertes forme conjuguée du verbe alerteralerte (synonymes) adjectif (moyen français à l'herte, sur ses gardes, de l'italien all'erta, de erta, hauteur) Qui a des mouvements rapides, aisés ; qui montre de la...
Synonymes :
- agile
- délié
- éveillé
- fougueux
- fringant
- leste
- pénétrant
- sémillant
- vif
Contraires :
- ankylosé
- balourd
- endormi
- engourdi
- indolent
- interte
- lent
- lourd
- mou
- pesant
alerte nom féminin (de alerte, adjectif) Signal qui prévient d'un danger imminent, en particulier d'une attaque aérienne ; durée du danger, de l'attaque : La sonnerie a donné l'alerte. Menace soudaine d'un danger grave : À la première alerte, appelez le médecin.alerte (expressions) nom féminin (de alerte, adjectif) Délai d'alerte, temps compris entre le signal d'alerte et le moment où une formation militaire est capable d'intervenir. En état d'alerte, en alerte, prêt à intervenir. Fausse alerte, signal donné pour un danger qui n'était pas réel. Droit d'alerte, droit reconnu aux salariés ou aux membres du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail d'aviser immédiatement l'employeur d'un danger grave et imminent. ● alerte (homonymes) nom féminin (de alerte, adjectif) alerte adjectifalerte (synonymes) nom féminin (de alerte, adjectif) Signal qui prévient d'un danger imminent, en particulier d'une attaque...
Synonymes :
- alarme
Menace soudaine d'un danger grave
Synonymes :
- avertissement
- mise en garde

alerte
n. f.
d1./d Signal qui avertit d'un danger imminent et appelle à la vigilance. Donner, sonner l'alerte. Alerte cyclonique.
état d'alerte: état d'une troupe prête à intervenir à tout moment.
d2./d Menace soudaine d'un danger. à la première alerte, nous nous enfuyons.
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alerte
adj. Vif, agile. Un vieillard encore alerte.

I.
⇒ALERTE1, adj.
A.— Vieilli, très rare
1. ,,Qui est vigilant, et qui se tient sur ses gardes`` (Ac. 1835). ,,On ne le surprendra pas aisément, il est toujours alerte.`` (Ac. 1835) :
1. ... point de procès, dites-vous; détrompez-vous. Vous aurez procès, et si vous n'êtes pas très alerte et très adroit (qualités que vous avez, vous, mais qui manquent aux Belges, témoin Tarride), vous aurez saisie de l'édition peut-être entière.
V. HUGO, Correspondance, 1853, p. 154.
Rem. Également attesté ds BESCH. 1845, LITTRÉ, Ac. 1878, DG, Ac. t. 1 1932, ROB. et QUILLET 1965.
2. ,,(...) Habile à voir et prompt à saisir ce qui peut lui être utile, avantageux`` (Ac. 1835). ,,Un homme plus alerte que lui avait obtenu la place. Il est alerte à saisir les occasions de gagner de l'argent. Il est fort alerte pour tout ce qui convient à ses intérêts.`` (Ac. 1835).
Rem. Attesté d'autre part ds BESCH. 1845 (,,se prend un peu en mauvaise part``), Ac. 1878 et QUILLET 1965.
B.— Cour. Éveillé, vif, agile.
1. [En parlant d'une pers., de ses manifestations physiques] :
2. Teresa était, au contraire, vive, alerte et gaie, mais coquette à l'excès; ...
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 435.
2. P. anal. [En parlant de son esprit, de ses manifestations ou de ses produits] :
3. Dire que j'ai trouvé, pour mener à bien le sort de cette pièce, un appui auquel on peut se fier toujours, un dévouement patient et infatigable, une aide fraternelle et le secours d'une pensée vive, alerte, ingénieuse, féconde, toujours en éveil, n'est-ce pas dénoncer déjà mon cher ami Régnier, dont ce qu'on nomme désintéressement est la nature même?
T. DE BANVILLE, Gringoire, préf., 1866, p. III.
4. Ce qui ébaudit et déconcerte, c'est cette furieuse touffeur de femme tiède et d'essences débouchées qui jaillit de ces aquarelles si alertes et si libres; tout cela bouge et fume, l'on entend les propos qui s'échangent, le craquement étouffé des bottes sur les tapis, l'on reconnaît ces gens pour les avoir vus, partout où la gomme s'assemble, et ils sont saisis avec une telle justesse de posture qu'on n'imagine pas qu'ils puissent se tenir autrement au moment où l'artiste nous les présente.
J.-K. HUYSMANS, L'Art moderne, 1883, p. 271.
5. Il a publié il y a deux ans — il est d'ailleurs beaucoup plus âgé que vous, naturellement, — un ouvrage relatif au sentiment de l'infini sur la rive occidentale du lac Victoria-Nyanza et cette année un opuscule moins important, mais conduit d'une plume alerte, parfois même acérée, sur le fusil à répétition dans l'armée bulgare, qui l'ont mis tout à fait hors de pair.
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 453.
Étymol. ET HIST. — a) XVIe s. alerte « vigilant, qui se tient sur ses gardes » (ARION, Nouvelle Fabrique, 113 ds QUEM. t. 1 1959 : Un laquais... viste, subit, accort, esmeu, alerte, esveillé, fretillant et le mieux allant du pied que feust d'icy illec); b) p. ext. 1688-96 « prompt à agir » (LA BRUYÈRE, Grands, 13 : Quand je vois ... auprès des grands ... de ces hommes alertes, empressés).
Dér. de la loc. adv. fr. à l'herte, alerte2 étymol. 2. L'emploi adj. du mot n'est pas attesté en ital.
BBG. — BAR. 1960. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — DUP. 1961. — FÉR. 1768. — LACR. 1963. — LAF. Suppl. 1878. — LAV. Diffic. 1846. — NOTER-LÉC. 1912. — RITTER (E.). Les Quatre dictionnaires français. Remarques lexicographiques. B. de L'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 344. — SAR. 1920, p. 38.
II.
⇒ALERTE2, subst. fém. et interj.
I.— Substantif
A.— Signal, généralement sonore, ou appel avertissant d'un danger imminent et engageant à prendre les dispositions nécessaires pour l'éviter. Synon. alarme :
1. À leur approche, trahie au cliquetis de leurs sabres, des chiens de garde mis en défiance donnèrent bruyamment l'alerte.
G. COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, p. 121.
Rem. Syntagmes sonnerie d'alerte (plus usuel sonnerie d'alarme), cri d'-, à la première -, en cas d'-, fausse -, donner l'- (donner l'alarme, alerter).
En partic.
1. [En cas de maladie, de sinistre] Appel à l'aide, doublé d'une demande d'intervention et d'assistance immédiates, adressé à la personne ou à l'organisme compétents (médecin, pompiers ...) :
2. Du temps où elle était en bois, New-York a conservé la phobie de l'incendie. Partout des escaliers de sûreté, des panneaux ignifugés, des dégagements, des sorties de secours; à chaque pas un poste d'alarme et des bouches à eau, grosses comme des canons de siège; les pompiers arrivent sur les lieux du sinistre quarante secondes après l'alerte. Aussitôt qu'on entend la plainte déchirante de leur sirène, suivie du glas de la cloche, tout s'interrompt et les pompes, aussi belles que le feu lui-même, passent, rapides comme la flamme.
P. MORAND, New-York, 1930, pp. 214-215.
2. [En cas de guerre]
a) Signal prévenant une force militaire d'une attaque ennemie, lui imposant de prendre les mesures de sécurité voulues et de se tenir prête à intervenir :
3. Debout à la première alerte, j'avais conduit plus d'une fois ma compagnie à l'émeute, et commandé même des bivouacs dans l'intérêt de l'ordre public.
L. REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, p. 220.
4. ... les compagnies, les bataillons et les escadrons se reformèrent et l'on attendit sous les armes. Cela prit bien deux heures de temps. Ce qui nous étonnait le plus, c'était de ne pas voir revenir l'arrière-garde. On regardait, on écoutait; les sentinelles avaient la consigne de donner l'alerte au premier mouvement. Les officiers délibéraient autour d'un feu de bivouac, en avant du village.
ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 2, 1870, p. 204.
Rem. BESCH. 1845 donne les précisions suiv. ,,Alerte de sentinelle ou de poste. Alerte de service qui a lieu quand il survient dans le voisinage du poste quelque événement inattendu, et annoncée par les mots : à la garde ou aux armes, suivant les circonstances. Alerte du bon Dieu ou du Saint-Sacrement. Sorte d'alerte de poste. Alerte de prise d'armes. V. alerte de poste. Alerte de tumulte ou de bruit. Sorte d'alerte de poste que la sentinelle transmet aux hommes du poste par le cri à la garde. Alerte d'incendie ou de feu. Alerte de poste que la sentinelle transmet par le cri au feu. Alerte de service. Alerte pour les soldats casernés. Les havresacs, dans ce cas, doivent toujours être fermés. La garnison est alors tenue en alerte. Alerte de caporal chef de poste. Alerte de service qui concerne le caporal de consigne, s'il y a plusieurs caporaux de garde au poste. Elle est donnée par les mots, hors de garde.``
b) Signal avertissant la population d'une attaque ennemie (bombardement aérien, approche de blindés...) et l'invitant à prendre les dispositions de défense passive prévues :
5. Au second étage, parmi les sonneries des ambulances qui parcouraient la ville et le bruit incessant des camions, des miliciens, en service commandé, tentaient d'entraîner de force des vieillards, réfugiés sous leurs lits contre le bombardement, à demi fous, et qui ne voulaient pas lâcher les pieds de fer. Soudain, écho menaçant des ambulances, les sirènes d'alerte parcoururent la rue à toute vitesse : lâchant les lits, les vieillards coururent vers la porte de l'escalier qui menait à la cave, leur couverture sur le dos...
A. MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 728.
Rem. Syntagmes signal d'alerte, système d'-, alerte aérienne, — aux gaz, — aux blindés.
P. ext. [La not. de danger s'atténue jusqu'à disparaître] Signal indiquant que survient un phénomène dont il y a lieu de s'inquiéter :
6. La journée, malgré son grand soleil, fut terrible encore. Il y eut deux alertes, deux appels de clairon, qui firent courir Jean devant le hangar, où les distributions étaient censées avoir lieu. Mais, les deux fois, il ne reçut que des coups de coude, dans la bousculade. Les Prussiens, si remarquablement organisés, continuaient à montrer une incurie brutale à l'égard de l'armée vaincue.
É. ZOLA, La Débâcle, 1892, pp. 455-456.
7. « ... C'est là que couche le surveillant. Vous voyez : il place son lit bien au milieu, à égale distance des parois; il voit tout, entend tout, et ne risque rien. D'ailleurs, il a sa sonnerie d'alerte dont les fils passent sous le plancher. »
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Pénitencier, 1922, p. 685.
B.— État de défense face à un danger, à une situation critique; durée de cet état :
8. Pendant l'alerte, protégés dans leurs réduits, les locataires échangeaient des politesses guillerettes. Certaines dames en peignoir, dernières venues, se pressaient avec élégance et mesure vers cette voûte odorante dont le boucher et la bouchère leur faisaient les honneurs...
L.-F. CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 105.
En alerte. Sur ses gardes, sur le qui-vive, sur la défensive, prêt ou occupé à parer au danger :
9. ... il leur semblait, à le voir, si sourd, si muet, avec ses yeux troubles, qu'il devait méditer quelque farouche sournoiserie, un guet-apens, où il les tiendrait en sa puissance. Aussi, pendant le premier mois, ne se virent-ils qu'avec mille précautions, toujours en alerte.
É. ZOLA, La Bête humaine, 1890, p. 187.
10. Il faut concevoir d'abord ce troupeau de muscles, différents de forme et de puissance, et attachés sur une carcasse articulée. Chaque muscle est comme un animal qui, dans l'état de repos et d'énergie accumulée, se met en alerte, c'est-à-dire se contracte, pour les moindres causes, et toujours de la même façon, passant de la forme fuselée à la forme arrondie, comme le fait autant qu'il le peut tout vivant en péril.
ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, pp. 25-26.
11. Tirez quatre mille coups de canons par nuit sur un secteur de deux kilomètres, simplement pour tenir l'ennemi en alerte; un coup de canon coûte quatre-vingts francs; faites le compte.
ALAIN, Propos, 1921, p. 272.
12. ... avant de dormir soi-même, il faut faire dormir ses pensées. Mais cela ne va pas bien, car vouloir endormir une pensée, c'est penser; et penser c'est s'éveiller. Toute pensée nous met en alerte; et cela est naturel dans un univers qui n'a rien promis.
ALAIN, Propos, 1927, p. 747.
État d'alerte. État d'une troupe ou d'une population prêtes à prendre les dispositions prévues en cas d'alerte. P. ext. [En parlant d'un individu] :
13. Les hommes soumis à la revue d'appel avaient vite remarqué qu'on n'y voyait pas Alain. Échappant aux vexations, aux humiliations, à la crainte perpétuelle d'une déportation, que causait aux hommes l'autorité allemande, Alain en était jalousé. On ne recherchait pas si cette tranquillité n'était pas compensée par d'incessantes transes, un état d'alerte qui durait depuis le mois d'octobre.
M. VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 50.
C.— Menace précise et soudaine d'une situation critique et alarmante; émotion, inquiétude ressenties en présence de cette menace :
14. ... on entendit retentir une violente fusillade. Valerio mit brusquement la main sur la bride du cheval de sa femme et l'arrêta court. Le Shemsiyèh, par un mouvement qui lui fit honneur, tira son sabre et se jeta devant Lucie pour la couvrir de son corps; le poète mit l'épée à la main, en invoquant saint Georges et Redjèb se coucha par terre en criant qu'il était mort. L'alerte fut vive; il y avait de quoi. Mais aussitôt on entendit de toutes parts, sur les deux flancs des montagnes :
— N'ayez pas peur! On n'en veut pas à vous! Allez-vous-en! On ne tire pas sur vous! Et la fusillade fut suspendue un instant...
J.-A. DE GOBINEAU, Nouvelles asiatiques, La Vie de voyage, 1876, p. 329.
15. ... en se quittant, ils s'embrassèrent, très bons amis, si bien qu'à partir de ce jour, elle le prit pour confident et conseil, tâchant de le voir à la moindre alerte, ne risquant rien sans son approbation.
É. ZOLA, La Terre, 1887, p. 311.
16. ... avant-hier, notre Véronique retombait malade, nous donnant à craindre la même fièvre qui faillit la tuer en février, en ce terrible février où le genre humain parut nous abandonner. Je me hâte d'ajouter que c'était une fausse alerte et que la chère petite va déjà beaucoup mieux. Je ne parle pas de quelques autres tourments dont le récit emplirait environ quatre-vingts pages d'un texte serré.
L. BLOY, Journal, 1895, p. 188.
17. ... l'aube se levait, quand l'automobile que nous avions frétée à Berlin et qui avait l'autorisation de traverser les lignes révolutionnaires, le citoyen Siegfried von Kleist étant invité à faire partie du nouveau Sénat, nous déposa dans Munich. Des agents vêtus de l'ancien uniforme nous poursuivirent dès notre entrée et nous donnèrent une alerte, mais ils en voulaient à nos phares encore allumés et il fallut leur payer contre reçu vingt-quatre marks...
J. GIRAUDOUX, Siegfried et le Limousin, 1922, p. 239.
18. Dans les masses françaises, surtout dans les masses rurales, l'accusation portée contre le gouvernement conservateur d'être un danger pour la paix produisit un effet immense. Le parti républicain, conduit par Gambetta, délaissa sa tradition belliqueuse, comme Thiers, dès 1871, le lui avait conseillé. Ce fut contre les conservateurs qu'il retourna l'accusation d'être le parti de la guerre. Et pourtant l'alerte de 1875 sera suivie de bien d'autres alertes, depuis l'affaire Schnaebelé jusqu'à 1914. On ne tardera pas à voir que l'Allemagne en veut à la France elle-même, et non à ses gouvernements, de même qu'elle avait montré en 1870 que ce n'était pas l'empire qu'elle attaquait.
J. BAINVILLE, Histoire de France, t. 2, 1924, pp. 234-235.
19. — « Je te le répète : il n'y aura pas de guerre!... Seulement, l'alerte sera peut-être chaude, et j'espère que, cette fois, les peuples auront compris l'avertissement... Nous recauserons de tout ça, un jour, si tu veux... Maintenant, je te laisse... Au revoir. »
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 309.
20. Dès mon retour, une assez grave alerte m'a mis au lit avec d'inquiétantes oscillations de température. Un nouveau traitement, des soins énergiques, semblent avoir encore une fois enrayé la progression du mal.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, p. 909.
P. ext. [En parlant surtout d'un individu] État d'appréhension d'un danger réel ou imaginaire :
21. Et ce même besoin profond de ne point être rassurés, sur les autres, sur eux-mêmes, tant qu'ils n'éprouvent pas ce bon sentiment d'infécondité. Ce désarroi perpétuel, cette anxiété, cette mortelle inquiétude, cette alerte perpétuelle, cette constante épouvante qu'il n'y ait, qu'il ne vienne quelque part de la fécondité, qu'il ne se fasse, qu'il ne vienne, qu'il ne se fonde, qu'il ne naisse quelque vie, quelque race, quelque œuvre.
Ch. PÉGUY, L'Argent, 1913, p. 1111.
[Les not. de menace et d'inquiétude peuvent s'estomper ou même disparaître totalement] État d'éveil, de tension :
22. Ce prêtre s'était évidemment tracé un plan; Durtal ne le pénétrait pas encore en son entier, mais il devait constater que ce régime de temporisation et que cette alerte de pensées toujours ramenées vers Dieu par des visites quotidiennes dans les églises, agissaient à la longue sur lui et lui malaxaient peu à peu l'âme.
J.-K. HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 136.
23. Et lui qui à Paris, quand une femme de la nuit l'accostait, répondait par une insolence, la plus blessante qui lui vînt aux lèvres, il développe ici pour la première fois son génie familier et peloteur. Il va, les yeux clignotants par l'alerte de son esprit, le visage radieux d'impureté, souple et fureteur comme une petite hyène.
H. DE MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, pp. 442-443.
PSYCHOL. ,,État de l'organisme animal où s'exprime une anticipation, une attente de la situation à venir. L'état d'alerte accompagne presque toujours l'annonce ou l'émission d'une consigne, d'un pré-stimulus.`` (PIÉRON 1963) :
24. La vie de l'anxieux est une perpétuelle et douloureuse alerte. Enfant, il est la proie des peurs nocturnes; timide, craintif, impressionnable à l'excès, il redoute la solitude comme il redoute la société.
E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 233.
II.— Interj. Sert à avertir d'un danger imminent, appelle à se tenir sur ses gardes, prêt à intervenir :
25. « ... — Gavache! s'écria le brigand, est-ce pour un pet de ta mule que j'arme cette carabine? Alerte! Alerte! une trompette! Voici les dragons jaunes. »
A. BERTRAND, Gaspard de la nuit, 1841, p. 174.
Prononc. — 1. Forme phon. :[]. 2. Dér. : alertement, alerter.
Étymol. ET HIST. — 1. 1552 loc. adv., estre a l'herte « être sur ses gardes, sur le qui vive » (RABELAIS, Le Quart Livre, éd. Robert Marichal, chap. XVIII, p. 103 : le pilot, consyderant les voltigemens du peneau sus la pouppe, et prevoiant un tyrannicque grain et fortunal nouveau, commenda tous estre à l'herte); 2. XVIIIe s. emploi subst., « appel à la vigilance; inquiétude subite » (BUFFON, Souris ds LITTRÉ : La souris ne sort de son trou que pour chercher à vivre; elle ne s'en écarte guère, y rentre à la première alerte...).
1 empr. à l'ital. all'erta « sur ses gardes » (KOHLM. 1901, p. 28; SAR. 1920, p. 38; WIND 1928, p. 124) de erta « côte, hauteur » fém. de erto « escarpé » part. passé de ergere « dresser » lui-même du lat. erigere « id. » : l'ital. all'erta signifiait à l'orig. « sur la hauteur ». La loc. adv. ital. est attestée dep. le XIVe s. d'apr. DEI et seulement dep. 1541 ds TOMM.-BELL. 1929, (FRANCESCO BERNI, Orlando Innamorato, 2, 2, 2). L'emploi subst. 2 s'est développé seulement en fr. à partir de la loc. adv., il n'est pas attesté en ital.
STAT. — Fréq. abs. litt. :377. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 184, b) 452; XXe s. : a) 614, b) 838.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — BRUANT 1901. — DEM. 1802. — DUP. 1961. — Fichier (Le) français de Berne. Déf. Lang. fr. 1967, n° 40, p. 41. — LACR. 1963. — NOTER-LÉC. 1912. — PIÉRON 1963. — POPE 1961 [1952], § 57. — PRÉV. 1755.

1. alerte [alɛʀt] loc. interj. et n. f.
ÉTYM. Mil. XVIe, à l'herte, loc. adv. (Rabelais, Pantagruel, IV, 8), puis à l'airte (Montaigne) « sur ses gardes » (→ Alarme, étym.); ital. all'erta « sur ses gardes », de erta « hauteur, position dominante », de erto « escarpé », de ergere « dresser », lat. erigere. → Ériger.
———
I Loc. interj. Debout ! Soyez sur vos gardes ! || Alerte, soldats ! Voici l'ennemi. Alarme.
1 Alerte, cet homme peut nous échapper à tous les moments (…)
Retz, in Littré.
Par ext. Attention !
tableau Principales interjections.
———
II N. f. (XVIIIe, cit. 2).
1 Appel à la vigilance, avertissement d'être sur ses gardes. Alarme. || Donner l'alerte au camp : donner l'alarme. || Sonner la sirène d'alerte, sonner l'alerte (en cas de bombardements aériens, d'attaques aériennes).
(En cas de guerre). Signal avertissant les forces armées de se tenir prêtes à intervenir, ou la population d'une attaque. || Les sentinelles, les avant-postes ont donné l'alerte. || Alerte aérienne, alerte aux gaz, aux blindés.(XXe). Plus cour. Signal avertissant la population d'une attaque aérienne; ensemble des dispositifs pris durant le danger. || Les sirènes d'alerte.
Temps pendant lequel le danger est effectif. || Se réfugier dans les caves pendant l'alerte. || L'alerte a duré deux heures. || Fin d'alerte.Milit. || Délai d'alerte : temps compris entre le signal d'alerte et l'intervention possible d'une unité.
Spécialt. Demande d'intervention et d'assistance; signal qui déclenche cette intervention, cette assistance (après un drame, un sinistre). || Les pompiers et police secours arrivèrent dix minutes après l'alerte. || Dispositif d'alerte.
Par ext. Signal de danger (en général). || À la première alerte, ils s'enfuient.
2 (La souris) ne sort de son trou que pour chercher à vivre (…) y rentre à la première alerte (…)
Buffon, Hist. nat. des animaux, « Souris ».
3 Vous savez que les perdreaux vont par bandes et nichent ensemble aux creux des sillons, pour s'enlever à la moindre alerte (…)
Alphonse Daudet, Contes du lundi, II, « Les émotions d'un perdreau rouge ».
2 État de mise en défense, d'éveil, pour parer au danger, à une situation critique.Loc. État d'alerte.Être en alerte, en état d'alerte. → Sur ses gardes, sur le qui-vive.
Fig. (sans idée de danger). || L'esprit, l'intelligence en alerte, en état de réagir, de fonctionner rapidement.
3 Menace très sensible d'une situation critique, dangereuse ( Avertissement, danger); réaction d'inquiétude, émotion devant une telle menace ( Émoi, émotion, frayeur, peur). || Une petite alerte sans gravité.Une fausse alerte, qui ne correspond à aucun danger réel. || L'alerte fut vive, chaude, grave, sérieuse.L'alerte de la crise de Berlin, de la guerre de Corée, la menace (de conflit).
4 (…) il n'y aura pas de guerre (…) Seulement, l'alerte sera peut-être chaude (…)
Martin du Gard, les Thibault, VII, XXXVI.
Loc. cour. À la moindre alerte.
4.1 (…) ici, c'est le nid de l'araignée, l'endroit où, à la moindre alerte, elle se précipite en se laissant couler le long du fil maître.
J.-M. G. Le Clézio, l'Extase matérielle, p. 117.
Littér. Appréhension du danger. || Vivre dans une alerte perpétuelle. Anxiété.
DÉR. 2. Alerte, alerter.
————————
2. alerte [alɛʀt] adj.
ÉTYM. XVIe; de 1. alerte, n. f.
1 Vx. Qui est en éveil, qui se tient sur ses gardes. Vigilant.
0 (…) notre chat vit de loin
Son rat qui se tenait alerte et sur ses gardes.
La Fontaine, Fables, VIII, 22.
2 (V. 1690, La Bruyère). Vx. Qui est habile, prompt à agir, à saisir les occasions. || Être alerte à faire qqch., pour ses intérêts.|| « Un homme plus alerte que lui avait obtenu la place » (Académie, 1835).
6 Quand je vois (…) auprès des grands (…) de ces hommes alertes, empressés (…)
La Bruyère, Les Caractères, 13.
3 Mod. Vif et agile. Agile, fringant, ingambe, leste, vif. || Un garçon alerte et amusant.Avoir des jambes alertes.
Spécialt. Vif et leste, malgré l'âge, l'embonpoint ou toute cause d'impotence. || Un petit vieillard alerte; une petite vieille alerte et gaie. || Je ne suis plus très alerte.
7 Je trouvai un petit vieux, frétillant, sec, tout en nerfs, alerte et gai comme une abeille.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, II.
4 (Abstrait). Éveillé, fringant, rapide, vif. || Un esprit alerte. || Une pensée alerte et souple.
Écrire d'une plume alerte, dessiner d'un crayon alerte.|| « Ces aquarelles si alertes et si vives » (Huysmans). || Style alerte. || Une petite musique alerte, guillerette.
CONTR. Endormi, engourdi, inactif, indolent, inerte, langoureux, lourd, mou, paresseux.
DÉR. Alertement.

Encyclopédie Universelle. 2012.