cavalier, ière [ kavalje, jɛr ] n. et adj. I ♦
1 ♦ (1611) Personne qui est à cheval ou sait monter à cheval. Un bon cavalier. Cavalier participant à un concours hippique. Cavalier de cirque. ⇒ écuyer. Cavalier qui monte en course. ⇒ jockey. Cavalier dans une course de taureaux. ⇒ picador. Une cavalière. ⇒ amazone. — Les quatre cavaliers de l'Apocalypse. — Adj. (1923) Piste, allée cavalière, réservée aux cavaliers (dans un parc, une forêt). Bottes cavalières.
2 ♦ N. m. Soldat à cheval ou appartenant à la cavalerie. Cavaliers d'anciennes unités. ⇒ carabinier, éclaireur, gendarme, hussard, lancier, mousquetaire, uhlan. Cavaliers russes (⇒ cosaque) , égyptiens (⇒ mamelouk) , turcs (⇒ bachi-bouzouk) . Cavalier placé en sentinelle. ⇒ vedette. — Mod. Militaire servant dans la cavalerie (2o). ⇒ chasseur, cuirassier, dragon, spahi.
3 ♦ (1752) Pièce du jeu d'échecs représentant une tête de cheval et qui progresse obliquement.
♢ Carte du jeu de tarot, entre la dame et le valet.
II ♦
1 ♦ N. m. (av. 1578) Vx Homme d'épée. — Titre de politesse, au XVIIe s. ⇒ chevalier, seigneur.
2 ♦ (v. 1600) L'homme qui accompagne une dame. Elle donnait le bras à son cavalier. Elles n'ont pas de cavalier pour danser. ⇒ danseur. — N. f. La cavalière d'un danseur, sa partenaire. Changer de cavalière. — (1813) Danse Cavalier seul : figure de quadrille où l'homme danse seul; le pas qu'il exécute. Loc. fig. Faire cavalier seul : agir seul, en isolé; se mettre à l'écart.
♢ Mod. Péj. Qui manque de considération. ⇒ brusque, hardi, insolent. Procédé cavalier, réponse cavalière. ⇒ impertinent. Plaisanterie un peu cavalière. ⇒ inconvenant, leste. Il s'est montré bien cavalier avec vous.
III ♦ N. m.
1 ♦ (1546) Anciennt Ouvrage de fortification dominant les retranchements, à l'arrière.
♢ Adj. Mod. Perspective cavalière. Plan cavalier, selon cette perspective. « ces vues cavalières de batailles » (Gracq).
2 ♦ (1832) Papier de format 0,46 × 0,62 m (marqué à l'origine d'un cavalier).
3 ♦ (1890) Clou, pièce métallique en forme d'U. ⇒ crampillon. — Pièce métallique courbe servant au classement des fiches, des dossiers.
4 ♦ Engin de manutention qui enjambe et soulève la charge.
⊗ CONTR. Piéton. Fantassin. — Emprunté; respectueux, sérieux.
● cavalier nom masculin Militaire servant dans la cavalerie. Titre donné, au XVIe et au XVIIe s., à la manière espagnole, à celui qui portait l'épée. Surnom donné par les puritains anglais aux partisans du roi lors de la guerre civile de 1642. Nom de deux pièces du jeu d'échecs qui sont généralement représentées par une tête de cheval. Carte du jeu de tarot intermédiaire entre le valet et la dame. En Angleterre, au XVIIe s., membre d'un groupe de poètes raffinés (Carew, Suckling, Lovelace). ● cavalier nom masculin (de cavalier) Pièce dont l'extrémité supérieure (de couleur ou référencée par un chiffre ou une lettre) permet le classement de documents. Clou en U à deux pointes employé pour fixer des fils sur leur support. Dans une balance de précision, petite surcharge en fil métallique replié que l'on utilise pour parfaire l'équilibre. Ancien format de papier de dimensions 46 × 62 cm. Amas de déblais placés sur les côtés d'une voie ferrée ou sur les accotements d'une route ou d'un chemin. ● cavalier (expressions) nom masculin Cavaliers de l'Apocalypse, vision du chapitre VI de l'Apocalypse, signe des temps eschatologiques. ● cavalier (expressions) nom masculin (de cavalier) Cavalier budgétaire, adjonction d'une disposition n'ayant aucun caractère financier à une loi de finances, en vue d'en accélérer l'adoption. ● cavalier (synonymes) nom masculin (de cavalier) Clou en U à deux pointes employé pour fixer des...
Synonymes :
● cavalier, cavalière
nom
(italien cavaliere)
Personne qui monte à cheval : Être bon cavalier.
Homme qui, lors d'une sortie, d'un bal, etc., accompagne une femme, une jeune fille et, en particulier, celui qui danse avec elle ; femme, jeune fille accompagnée de ce cavalier, partenaire du danseur.
● cavalier, cavalière (expressions)
nom
(italien cavaliere)
Faire cavalier seul, en parlant d'un concurrent ou d'une équipe, montrer sur les autres une grande supériorité et gagner sans être inquiété ; agir isolément, se tenir à l'écart.
● cavalier, cavalière (synonymes)
nom
(italien cavaliere)
Homme qui, lors d'une sortie, d'un bal, etc., accompagne une...
Synonymes :
- danseur
● cavalier, cavalière
adjectif
Sans gêne, impertinent, désinvolte : Cette question est un peu cavalière.
● cavalier, cavalière (expressions)
adjectif
Allée, piste cavalière, allée, piste aménagée pour la circulation des chevaux de selle.
● cavalier, cavalière (synonymes)
adjectif
Sans gêne, impertinent, désinvolte
Synonymes :
- désinvolte
- familier
- hardi
- insolent
- libre
- sans-gêne
Contraires :
- déférent
- embarrassé
- emprunté
- gêné
cavalier, ère
n. et adj.
rI./r n.
d1./d Personne qui monte à cheval.
d2./d Personne avec qui on forme un couple dans un bal, un cortège, etc.
|| Faire cavalier seul: s'engager seul dans une entreprise.
d3./d n. m. Militaire qui sert dans la cavalerie.
d4./d n. m. JEU Pièce du jeu d'échecs.
|| Carte du tarot (entre la dame et le valet).
rII./r adj.
d1./d Propre au cavalier; réservé aux cavaliers. Route, allée cavalière.
d2./d Qui fait preuve de liberté excessive; inconvenant. Ce procédé est un peu cavalier. Syn. impertinent.
rIII/r n. m. et adj.
d1./d PHYS Pièce métallique servant à réaliser l'équilibre, sur une balance de précision.
d2./d TECH Clou, pièce de métal ou de matière plastique en forme de U, servant à fixer un câble au mur.
d3./d Petite pièce servant d'index dans un fichier.
d4./d Butée mobile d'une machine à écrire.
d5./d adj. GEOM Perspective cavalière: projection oblique.
— Vue cavalière: dessin représentant un paysage vu d'un point élevé.
I.
⇒CAVALIER1, IÈRE, subst.
I.— A.— Personne qui monte un cheval.
1. Personne à cheval ou sachant monter à cheval. Le cheval désarçonne son cavalier; être bon, hardi cavalier. Seul, (...), un lourd irlandais gris que son cavalier ressanglait, demeurait en arrière (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 99). Elle [Soledad] ne devait pas être très forte. Peut-être même n'était-elle pas une très bonne cavalière (MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, p. 483).
Rem. Désignant une femme qui monte à cheval, le fém. de cavalier est plus souvent amazone que cavalière mais on garde aussi la forme masc. ,,cette femme est un excellent cavalier`` (COLIN 1971).
— Loc. adv. vieillie. En cavalier. En costume de cavalier. Il a fallu attendre la fin du XIXe siècle pour les [jeunes filles] voir ferrailler, monter à cheval en cavalier (Jeux et sp., 1968, p. 1293). Il faut, ma chère enfant, vous mettre en cavalier. Nous allons dans un lieu sauvage où, sur mon âme, L'on est fort exposée en costume de femme (BANVILLE, Odes funambulesques, 1859, p. 78).
2. [En réf. avec une image de cavalier]
— P. symb. [En réf. aux quatre cavaliers de l'Apocalypse chap. VI, symbolisant les fléaux qui s'abattent sur la terre] :
• 1. Régner orgueilleusement sur son esprit conquis. Se croire souverain de son destin. Et soudain rencontrer, au détour du chemin, les cavaliers de l'Apocalypse, le Deuil, la Passion, la Honte, l'avant-garde du Maître.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, p. 1586.
— JEUX. Pièce du jeu d'échecs représentant un cavalier sous la forme symbolique d'une tête de cheval. Il faut que le roi se déplace quand le cavalier lui donne échec (Ac. 1835-1932).
— PAPET. Papier de format 46 X 62 cm et représentant à l'origine, un cavalier en filigrane. La dernière édition des œuvres de Canalis, publiée sur cavalier vélin... est en cinq volumes (BALZAC, Modeste Mignon, 1844, p. 55).
B.— TECHN. MILIT.
1. [P. oppos. aux autres armes] Vx. Soldat servant dans la cavalerie. Armée, charge, détachement, escadron de cavaliers :
• 2. Dans l'armée, le dragon s'estime supérieur au cavalier du train et le tringlot, parce qu'il monte à cheval, se juge fort au-dessus du fantassin.
HUYSMANS, L'Oblat, t. 1, 1903, p. 215.
♦ Spéc. Cavalier de la maréchaussée. Homme de la police montée. Le cavalier de la maréchaussée n'est pas seulement le principal défenseur de l'ordre, c'est l'ordre lui-même (TOCQUEVILLE, L'Ancien Régime et la Révolution, 1856, p. 142).
— HIST. Surnom des royalistes anglais sous Charles Ier. Anton. têtes rondes. Quel est l'espoir où tu te fondes? De voir aux cavaliers s'unir les têtes-rondes! (HUGO, Préface de Cromwell, 1827, p. 54).
2. [P. oppos. aux gradés] Usuel. Militaire sans grade servant dans la cavalerie. Tous les officiers, sous-officiers, brigadiers et cavaliers (PÉGUY, L'Argent, 1913, p. 1232).
C.— Spéc., p. anal. [P. réf. à la position élevée du cavalier sur son cheval]
1. DOCUMENTOL. Index de signalisation utilisé pour le classement et le tri de fiches ou de dossiers. Classeurs pleins de fiches chevauchées par des cavaliers multicolores (MAUROIS, Journal, États-Unis, 1946, p. 263).
2. FORTIF. Amas de terre que faisaient élever les ingénieurs militaires pour y dresser des batteries de canons afin de mieux dominer l'ennemi. Un cavalier destiné aux canons; forts à cavaliers. Ils [les cosaques] remuaient la terre sans relâche et élevaient des cavaliers qui dominaient les ouvrages des assiégés (MÉRIMÉE, Les Cosaques d'autrefois, 1865, p. 123).
— P. ext., TRAV. PUBL. Amas de terre élevé au bord d'une route, voie ferrée, etc.
3. PHYS. Fil de platine d'un centigramme que l'on place sur le fléau d'une balance de précision afin d'obtenir des résultats précis (cf. Catal. d'instruments de lab. (Prolabo), 1932, p. 197).
4. TECHNOL. Clou recourbé en forme d'U. Attesté ds Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop., ROB.
II.— Personne qui accomplit un service d'accompagnement.
A.— Au masc.
1. Homme aux manières galantes en particulier envers les dames. Cf. chevalier, gentilhomme :
• 3. Quelquefois, un homme moins connu, mais élégant et recherché, un de ceux qu'on appelle, suivant les époques, vrai gentleman, ou parfait cavalier, ou dandy, ou autrement, s'assit à son tour devant le gâteau symbolique.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Le Gâteau, 1882, p. 776.
— Cavalier servant. Homme s'attachant au service d'une dame. Synon. plus usuel chevalier servant :
• 4. La répétition finie, Nachette reconduisit Marthe chez elle. Depuis qu'elle avait quitté son mari, Nachette était devenu son cavalier servant. Il l'accompagnait au dehors, il était sa compagnie au logis.
E. et J. DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, p. 346.
2. Titre employé par politesse en s'adressant à des personnes d'un certain rang :
• 5. DON FERNAND, à Don Rodrigue. — Seigneur cavalier, je vous remercie.
DON RODRIGUE. — Je suis heureux d'avoir pu sauver Monsieur Saint Jacques.
CLAUDEL, Le Soulier de satin, 1929, 10, p. 979.
B.— Usuel. Homme ou femme qui, dans une cérémonie ou réunion mondaine ou amicale, accompagne une personne de sexe opposé pour former un couple, pour danser. J'ai un beau cavalier; ma cavalière est charmante. L'instant était délicat : il [Justin] devait choisir une cavalière pour ouvrir le bal, grave question de préséances (ARLAND, L'Ordre, 1929, p. 465). J'avais pour cavalier un joli garçon de dix-neuf ans (S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 89).
— Spéc. Cavalier seul. Figure du quadrille où le cavalier dansait seul. Exécuter, faire un cavalier seul :
• 6. ... dans les quadrilles, quand il faisait le cavalier seul, il osait des entrechats et des ronds de jambe comme les danseurs de la ville, avec tant de légèreté, qu'on était conquis au premier abord.
MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 84.
♦ Au fig. Personne qui agit de manière indépendante. Faire cavalier seul :
• 7. On avait voulu lui offrir, à la Ligue des Droits de l'Homme, une éclatante présidence. Il avait toujours refusé. « Non, non, disait-il, je suis individualiste et, par nature, solitaire. C'est comme cavalier seul que je peux rendre service. Qu'on me laisse les mains libres et je remplirai mon devoir. »
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Cécile parmi nous, 1938, p. 84.
• 8. Étanchéité de l'animal humain. Nous aussi, nous gravitons les uns autour des autres, sans nous rencontrer, sans nous fondre. Chacun faisant cavalier seul. Chacun dans sa solitude hermétique, chacun dans son sac de peau.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, p. 969.
Prononc. et Orth. :[kavalje], fém. [-]. LITTRÉ : ,,L'r ne se lie jamais, au pluriel l's se lie.`` Ds Ac. 1694-1932; le subst. fém. seulement ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1740 « gentilhomme servant à cheval » (CHASTELLAIN, Chron., I, 155, Kervyn ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 298); b) 1611 « homme monté à cheval » (COTGR.); c) 1752 jeu d'échecs (Trév. Suppl.); 2. 1546 cavallier « ouvrage de fortification » (RABELAIS, Tiers Livre, Prologue, éd. Marty-Laveaux, p. 7); 3. a) av. 1578 « gentilhomme portant les armes » (MONTLUC, Commentaires, 15 ds HUG.); b) 1611 « galant homme, homme du monde » (COTGR.); c) 1688 « celui qui accompagne une dame » (LA BRUYÈRE, Les Caractères, éd. M.G. Servois, I, 177); qualifié de ,,vieux mot`` par Rousseau ds Nouvelle-Héloïse, éd. D. Mornet, t. 2, p. 123; d) 1690 « celui qui danse avec une dame » (FUR.). Empr. au subst. ital. cavaliere (formes anc. cavalliere, caval(l)iero) attesté ds BATT. aux sens 1 b (XIIIe s.), 1 a (début XIIe s.), 2 (av. 1540), 3 a (XIIIe s.), 3 c (1353) et empr. à l'a. prov. cavalier (XIIe s.; au sens 1 c 1240 ds RAYN.) v. chevalier. Cavalier a progressivement évincé chevalier dans la plupart de ses emplois, ce dernier mot correspondant alors à d'autres notions, v. G. Gougenheim ds Mél. Hoepffner, pp. 123-125 et Œuvres de P. Corneille, éd. Marty-Laveaux, lexique, s.v. cavalier.
II.
⇒CAVALIER2, IÈRE, adj.
A.— [En rapp. avec la pers. physique du cavalier]
1. Propre au cavalier :
• 1. ... on lui donnait, parfois, le titre de général au Marquis à cause de son penchant au langage soldatesque et de la maigreur cavalière de ses genoux.
A. ARNOUX, La Nuit de Saint-Avertin, 1942, p. 89.
2. Réservé au cavalier. Allée, rue cavalière :
• 2. ... Hugo, (...) n'interrompant sa méditation silencieuse qu'au passage de leur voiture devant une propriété à laquelle donnaient accès deux portes, une grande, une petite, pour désigner à Juliette la grande : « porte cavalière, madame » et l'entendre, elle, montrant la petite, répondre : « porte piétonne, monsieur »;...
BRETON, Nadja, 1928, p. 11.
— Vx, loc. À la cavalière. À la manière d'un cavalier :
• 3. Pendant que les hommes imaginaient les coiffures en fer à cheval, en aile de pigeon, à mille boucles, à la cavalière, les femmes renchérissaient sur un ridicule dont elles voulaient se conserver le privilège.
JOUY, L'Hermite de la chaussée d'Antin, t. 4, 1813, p. 277.
♦ [P. réf. à la position du cavalier sur son cheval] :
• 4. Bésuquet était donc devant la pharmacie avec Pascalon, et en face d'eux le Père Bataillet, assis sur sa chaise à la cavalière.
A. DAUDET, Port-Tarascon, 1890, p. 34.
B.— ARCHIT. [En parlant d'une vue] Comme la vue d'un cavalier regardant du haut de son cheval.
♦ Vue à la cavalière (vieilli) :
• 5. J'ai admiré [au musée d'Avignon] ... une mosaïque qui représente une vue à la cavalière d'une ville ou d'un camp fortifié avec des tours carrées.
STENDHAL, Mémoires d'un touriste, t. 1, 1838, p. 287.
♦ Perspective cavalière, plan cavalier, vue cavalière. Perspective, plan, vue selon l'angle visuel d'un observateur placé en un point élevé. Le plan cavalier du prieuré de Cantorbéry... fournit des détails utiles (A. LENOIR, Archit. monas ique, t. 1, 1852, p. XVIII) :
• 6. Dans la cohue bourdonnante des consommateurs, Eustache leva la main pour attirer l'attention d'une jeune femme arrêtée au milieu du grand escalier d'où elle avait une vue cavalière du sous-sol du « Rond-Point ».
AYMÉ, Le Bœuf clandestin, 1938, p. 65.
— P. métaph. :
• 7. Rentrant cette semaine à Paris après des mois d'absence, j'ai trouvé dans l'antichambre un flot accumulé de journaux. J'ai donc pu prendre une vue cavalière de tout ce qui s'était écrit durant ces dernières semaines.
MAURIAC, Le Nouveau Bloc-notes, 1961, p. 263.
C.— P. méton. et au fig. [En parlant de l'air, des manières d'une pers. p. réf. à l'agilité de la cavalerie légère]
1. Vieilli. Aisé, dégagé, libre. Un air cavalier; avoir des façons, des manières cavalières :
• 8. Lui-même [Van Dyck] comme on le voit dans son portrait, avait la grâce cavalière, l'air vif et dégagé de l'homme du monde.
T. GAUTIER, Guide de l'amateur au musée du Louvre, 1872, p. 159.
2. Péj., vieilli, loc. [En parlant des rapp. hum.] À la cavalière. Avec légèreté et désinvolture :
• 9. Il [Eric Vidame] entrait dans toutes les loges sans frapper, à la cavalière. C'était son privilège, sa manière à lui de réclamer ses droits féodaux.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 29.
— P. ext., usuel. D'une liberté insolente, exagérée, et presque inconvenante. Ton, genre, procédé cavalier :
• 10. Les façons cavalières, les propos gaillards, les déclarations faites d'une main audacieuse dont il [Crusco] usait avec les filles du quartier n'auraient su convenir à une demoiselle de manières réservées.
AYMÉ, La Rue sans nom, 1930, p. 129.
Prononc. et Orth. :[kavalje], fém. [-]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1617 « noble, galant » ([D'AUBIGNÉ], Aventures du baron de Fœneste, IV, chap. VI ds Lex. de la lang. de Corneille, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 156); d'où 1659 [vers] à la cavalière « méchants vers faits sans règle, par pure galanterie » (MOLIÈRE, Préc. rid., sc. 9, éd. R. Bray, t. 1, p. 273); 1664 stile cavalier (LORET, La Muze hist., ds Livet, Molière, t. 1, p. 346); d'où av. 1704 à la cavalière « cavalièrement » (BOSSUET, Silence, 2 ds HUGUET, Petit glossaire des class. fr. du XVIIe s.); 2. 1923 « (d'une allée, voie, piste) réservé aux cavaliers » (PESQUIDOUX, Chez nous, p. 57). Emploi adj. de cavalier1 étymol. 3.
STAT. — Cavalier1 et 2. Fréq. abs. littér. :1 897. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 920, b) 4 239; XXe s. : a) 2 219. b) 1 969.
DÉR. Cavalièrement, adv., vx. D'une manière aisée, dégagée. Ah! c'est vous, monsieur Froment, dit-elle [Valentine], très aimable, en s'avancant vers Mathieu, pour lui serrer cavalièrement la main (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 56). P. ext., cour. D'une manière brusque, inconvenante. Agir, parler cavalièrement. Les trois femmes mariées ressentaient une grande humiliation d'être ainsi rencontrées par ce soldat, dans la compagnie de cette fille qu'il avait si cavalièrement traitée (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Boule de suif, 1880, p. 141). — []. Ds Ac. 1694-1932. — 1re attest. 1614 en bonne part « généreusement » (C. NOSTREDAME, Hist. de Provence, 927 ds QUEM.); 1642 en mauvaise part « de façon impertinente » (Oudin d'apr. DG); de cavalier2, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér. : 60.
BBG. — DUCH. 1967, § 12.2. — GOUGENHEIM (G.). De Chevalier à cavalier. In : [Mél. Hœpffner (E.)]. Paris, 1949, pp. 117-126. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 167. — HOPE 1971, p. 179. — ROG. 1965, p. 96. — RUEG (G.). Lang. de l'automob., lang. noble. Vie Lang. 1966, pp. 336-337. — SCHUTZ (A.H.). Joglars, borges, cavaliers ds les bbg. prov. In : [Mél. Franck (I.)]. Sarrebrücken, 1957, pp. 672-677. — WIND 1928, p. 126.
cavalier, ière [kavalje, jɛʀ] n. et adj.
ÉTYM. V. 1470, in F. E. W. « chevalier », puis mil. XVIe; ital. cavaliere (→ Chevalier), de cavallo « cheval ».
❖
———
1 (1611). Personne qui est à cheval, montée sur un cheval. || Cavaliers faisant un tour de manège. || Un bon cavalier, qui monte bien à cheval. || Beau cavalier, ayant une belle prestance. || C'est une excellente cavalière, elle est excellente cavalière. || Un mauvais, un piètre cavalier. || Cavalier participant à un concours hippique, à une fête équestre, à une course de chevaux (⇒ Jockey). || Cavalier de cirque. ⇒ Écuyer. || Cavalier, dans une course de taureau. ⇒ Picador. || Cavalier menant une voiture de poste. ⇒ Postillon. || Une cavalière. ⇒ Amazone. — Carrousel, cavalcade, fantasia de cavaliers.
1 (…) elle (Hélène) voyait, à droite, les cavaliers dans l'allée sablée.
France, Jocaste, p. 66.
2 Alors les cavaliers tournaient bride et hâtaient leur galop pour revenir.
Loti, les Désenchantées, III, p. 33.
3 Vial se cala sur le divan avec le mouvement du cavalier qui s'affermit en selle.
Colette, la Naissance du jour, p. 162.
4 (…) un peu aussi comme un cavalier se laisse porter par son cheval, tout en ne cessant pas de l'exciter et de le guider.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, XVII, p. 176.
♦ Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (Apocalypse de saint Jean, VI, 1 à 8).
♦ Adj. (1923). || Piste, allée cavalière : sentier réservé aux cavaliers, (dans un parc, une forêt…).
2 N. m. a Soldat servant à cheval (⇒ Cavalerie). || Cavaliers du moyen âge. ⇒ Chevalier. || Cavaliers d'anciennes unités. ⇒ Argoulet, carabin, carabinier, cent-gardes, chevau-légers, cravate, éclaireur, estradiot, gendarme, guide, hussard, lancier, mousquetaire. || Cavaliers allemands (⇒ Reître, uhlan), russes (⇒ Cosaque), musulmans (⇒ Goumier, mamelouk), polonais (⇒ Polaque), turcs (⇒ Bachi-bouzouk). || Corps de cavaliers remplacé par la gendarmerie. ⇒ Maréchaussée. || Équipement, uniforme de cavalier (anciennt). ⇒ Chabraque, sabretache; chapska, kolback, shako; dolman; portemanteau. || Un peloton de cavaliers. || Cavalier placé en sentinelle. ⇒ Vedette. || Cavalier porte-étendard. ⇒ Cornette. || Lance, sabre de cavalier.
5 Les cavaliers sont froids, calmes, graves, armés,
Effroyables; les poings lugubrement fermés.
Hugo, la Légende des siècles, XV, « Éviradnus », VIII.
b Mod. Militaire servant dans la cavalerie. ⇒ Chasseur, cuirassier, dragon, spahi. || Grades de cavaliers. || Cavaliers et fantassins.
3 (1752). Pièce de jeu d'échec représentant une tête de cheval (autrefois, un cavalier monté). || La marche du cavalier s'effectue du noir au blanc et du blanc au noir, obliquement, en sautant une case. || Cavalier blanc, noir. || Déplacer un cavalier (→ Pion, cit. 4).
———
II
1 N. m. (Av. 1578). Vx. Homme d'épée (sens tombé en désuétude après le XVIIe s.). — Titre donné par politesse au XVIIe siècle. ⇒ Chevalier, seigneur. Cf. esp. Caballero.
6 Dis-moi, me trouves-tu fait en cavalier ?
Corneille, le Menteur, I, 1.
7 Ah ! seigneur cavalier, sauvez-moi, s'il vous plaît, des mains d'un mari furieux.
Molière, le Sicilien, 14.
♦ Hist. (empr. angl.). Gentilhomme partisan des Stuarts (contr. : tête ronde, partisan de Cromwell).
2 (V. 1600). || Le cavalier de (une dame), l'homme qui l'accompagne. || Elle donnait le bras à son cavalier. — Elles n'ont pas de cavalier pour danser. ⇒ Danseur. || Servir de cavalier à une dame, être son cavalier. (Vx). || Cavalier servant, se dit de celui qui accompagne une dame et lui rend des soins assidus. ⇒ Chevalier, galant, sigisbée.
8 Je ne sais qui est plus à plaindre, ou d'une femme avancée en âge qui a besoin d'un cavalier, ou d'un cavalier qui a besoin d'une vieille.
La Bruyère, les Caractères, III, 28.
♦ N. f. (1900, in D. D. L.). || La cavalière d'un danseur, sa danseuse. || Embrassez vos cavalières.
♦ N. m. || Cavalier seul : figure de quadrille où l'homme dansait seul; le pas qu'il exécutait. ☑ Fig. Faire cavalier seul : agir seul, en isolé; se mettre à l'écart. || Cavalier seul, pièce d'Audiberti.
9 Nous aussi, nous gravitons les uns autour des autres, sans nous rencontrer, sans nous fondre. Chacun faisant cavalier seul.
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 221.
♦ Vx. Homme du monde. || Beau cavalier, galant cavalier. || Un cavalier accompli.
3 Adj. a (1620, → cit. 9.1). Vieilli. Qui est propre au cavalier. — (En parlant des manières). Libre, aisé. || Un air cavalier. ⇒ Dégagé. || Tournure cavalière. || Mine cavalière.
9.1 Il hait la gentillesse à la Cour familière,
N'aime point les ballets, ni l'humeur cavalière,
Se moque avecques moi du mal-fait, et du beau,
Sait que tous sont de même à l'ombre du tombeau.
9.2 Elle entra, cavalière, avec sa chaîne d'or sonnant sur son tablier, ses cheveux nus peignés à la mode, son nœud de gorge, un nœud de dentelle qui faisait d'elle une des reines coquettes des Halles.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 114.
b Mod. Qui manque de considération. ⇒ Brusque, hardi, hautain. — (Personnes). || Il a été un peu cavalier avec nous. — (Actions). || Un procédé cavalier, une réponse cavalière. ⇒ Impertinent. Spécialt. ⇒ Inconvenant, leste. || Plaisanterie un peu cavalière.
c ☑ Loc. adv. (vx). À la cavalière : en cavalier. || Être vêtu à la cavalière, librement, sans apprêt.
10 La brutalité de la saison a furieusement outragé la délicatesse de ma voix; mais il n'importe, c'est à la cavalière.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
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III
1 a N. m. (1546). Anciennt. Ouvrage de fortification dominant les retranchements, à l'arrière. ⇒ Talus. || Cavaliers de tranchée.
b Adj. (1866). || Perspective cavalière : vue d'arrière et de haut. || Plan cavalier, vue cavalière, selon cette perspective.
2 N. m. Amas de déblais. ⇒ Déblai, talus.
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IV N. m.
1 (1832). Papier de format intermédiaire entre le carré et le grand raisin, de format 0,46×0,62 m, qui était marqué à l'origine d'un cavalier.
2 (1890). Techn. (objets qui par leur position ou leur forme évoquent un cavalier sur sa monture). Clou, pièce métallique en U. || Balance à cavalier. — Pièce métallique courbe servant au classement des fiches, des dossiers.
♦ (XXe). Engin de manutention enjambant et soulevant la charge à déplacer.
♦ Cavalier de jonction : élément mécanique permanent d'assemblage de deux ensembles ou sous-ensembles d'un engin spatial.
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CONTR. Piéton, fantassin. — Emprunté, respectueux, sérieux.
DÉR. Cavalièrement.
Encyclopédie Universelle. 2012.