1. frais, fraîche [ frɛ, frɛʃ ] adj.
• freis, fresche 1080; frq. °frisk
I ♦
1 ♦ (XIIIe) Légèrement froid. Une belle et fraîche matinée de printemps. Le fond de l'air est frais. Les nuits sont fraîches en cette saison. Avoir les mains fraîches. Cave, maison fraîche. « La grotte et la forêt, frais asiles de l'ombre » (Hugo). — Spécialt (en parlant d'une boisson) Agréablement froid. Servir des boissons fraîches, qqch. de frais. ⇒ rafraîchissement. Servir frais mais non glacé. Boire de l'eau fraîche. Vivre d'amour et d'eau fraîche.
♢ Adv. Il fait frais ce matin. ⇒ frisquet. Boire frais.
♢ Subst. Le frais : l'air frais. ⇒ fraîcheur. « comme le frais de la nuit tombait » (Giono). PRENDRE LE FRAIS : respirer l'air frais du dehors. AU FRAIS : dans un endroit plus froid que l'air ambiant. Tenir qqch. au frais et au sec (cf. À l'abri de la chaleur et de l'humidité). Mettre, garder du beurre au frais. « à la campagne, où ils passèrent au frais cette chaude journée » (Michelet)(cf. À la fraîche). Fam. Mettre (qqn) au frais, en prison (cf. À l'ombre).
2 ♦ Fig. Sans chaleur, sans cordialité. On lui a réservé un accueil plutôt frais.
II ♦ Qui est d'origine ou d'apparition récente et a gardé ses qualités.
A ♦
1 ♦ Qui est arrivé, qui s'est produit tout nouvellement. ⇒ 2. neuf, nouveau, récent. Découvrir des traces toutes fraîches. Vous n'avez pas de nouvelles plus fraîches ? Peinture, encre fraîche, qui vient d'être appliquée et n'a pas encore séché. — Argent frais : argent nouvellement reçu, fonds nouveaux alimentant une trésorerie. — De fraîche date : récent.
♢ Adv. (devant un p. p.) Depuis très peu de temps. ⇒ fraîchement, nouvellement, récemment. Littér. « un petit livre tout frais paru » (A. Gide). « l'odeur du foin frais coupé » (Larbaud). Avec accord : « dans cette baraque fraîche peinte » (A. Daudet). Sans accord : « Elle disposait des lauriers d'or sur ma tête frais tondue » (F. Mauriac). — Cour. (Personnes) Frais émoulu du lycée. « Un jeune provincial frais débarqué » (Aragon).
2 ♦ Qui est tout nouvellement produit, fourni ou employé, qui n'est pas encore altéré. Du pain, du beurre frais. Des œufs frais, extrafrais (cf. Du jour). L'Ogre « flairait à droite et à gauche, disant qu'il sentait la chair fraîche » (Perrault).
3 ♦ Qui est présenté à la consommation sans avoir subi de préparation de longue conservation (opposé à en conserve, surgelé, sec, etc.). Figues, noix fraîches. Pâtes fraîches. Petits fours frais. Acheter au marché des légumes frais. Conservation des produits frais (cf. Quatrième gamme).
B ♦ (XIIe) Qui a ou garde des qualités inaltérées d'éclat, de vitalité, de jeunesse.
1 ♦ (En parlant de l'homme, d'êtres vivants) Qui respire la santé et la vie. ⇒ 1. sain. Une fille appétissante et fraîche, fraîche comme une rose. — Avoir le teint frais (⇒ fleuri) . « Il avait ce lisse et frais visage de l'adolescence » (Duhamel).
2 ♦ Fam. et iron. Dans une fâcheuse situation. Nous voilà frais ! ⇒ propre (cf. Dans de beaux draps). « Nous sommes frais ! Quelle folie aussi : avoir cru possible d'éviter l'éclat ! » (Plisnier)[cf. Avoir bonne mine].
3 ♦ Qui a gardé intacte, ou a retrouvé sa vitalité; qui n'est pas ou n'est plus fatigué. ⇒ reposé (cf. En forme). Se lever tout frais après une bonne nuit. Être frais et dispos. Frais comme l'œil, comme un gardon. Envoyer des troupes fraîches en renfort.
4 ♦ Mar. Vent frais, qui souffle avec une certaine force favorable à la navigation. Subst. (accolé à une épithète) La force de ce vent. Joli frais, bon frais (de force 6 sur l'échelle de Beaufort), grand frais (de force 7). Il vente gros frais.
C ♦
1 ♦ Fig. Qui donne une impression vivifiante de pureté, de jeunesse. La fraîche odeur d'un bouquet de violettes. Haleine fraîche. Robe d'été aux couleurs fraîches. ⇒ éclatant. « Les oiseaux gazouillaient un hymne si charmant, Si frais, si gracieux, si suave et si tendre » (Hugo).
2 ♦ (Dans l'ordre moral, psychologique) Candide, pur. « une fille sage, fraîche de cœur autant que de figure » (Loti). « la fraîche joie d'un premier engagement » (Paulhan). Un film très frais.
⊗ CONTR. Brûlant, chaud, desséchant. Ancien, vieux. — Desséché, rassis, sec; corrompu, gâté, 3. passé, rance. Défraîchi, fatigué, 1. las. Décoloré, éteint, fané, flétri, 3. passé, usé.
⊗ HOM. Frai, fret.
frais 2. frais [ frɛ ] n. m. pl.
• v. 1400; au sing. frait 1283; a. fr. fret (1266) « dommage causé par violence (bris, casse) »; lat. fractum, de frangere « rompre »
1 ♦ Dépenses occasionnées par une opération quelconque. ⇒ coût, débours, dépense. Frais de déplacement, de transport, d'habillement. Frais d'inscription. Frais bancaires. ⇒ agio, commission, intérêt. Participation aux frais d'envoi (port et emballage). Faire beaucoup de frais sur une voiture, de grands frais pour réparer une vieille maison. Ils ont eu de gros frais. « Villa et château, par leurs frais d'entretien et de personnel, eussent englouti plus que le revenu total des Genillé » (Romains). Tous frais payés : une fois toutes les dépenses soldées. Partager les frais. Rentrer dans ses frais, faire ses frais. Couvrir les frais. — Somme donnée pour être affectée à certains frais. ⇒ allocation. Frais de représentation. Frais professionnels, inhérents à la profession. Note de frais.
2 ♦ Loc. (avec à) À GRANDS FRAIS : en dépensant beaucoup; fig. en se donnant beaucoup de peine. — À PEU DE FRAIS; À MOINDRES FRAIS : économiquement; fig. en se donnant peu de mal, moins de mal. — AUX FRAIS DE QQN, les frais étant assumés par lui. À mes frais. Voyager aux frais de l'État, de la princesse.
♢ SE METTRE EN FRAIS; FAIRE DES FRAIS : faire des dépenses inhabituelles. Faire des frais pour recevoir ses invités (cf. Mettre les petits plats dans les grands). — Fig. Faire des efforts (notamment pour plaire). Se mettre en frais d'amabilité pour qqn. « Compère Renard se mit un jour en frais » (La Fontaine ). Il ne mérite guère que vous vous mettiez en frais pour lui.
♢ FAIRE LES FRAIS DE QQCH. : participer à la dépense engagée. Par ext. Être la personne qui paie, qui est victime (cf. Payer les pots cassés, porter le chapeau). Ce sont encore les contribuables qui feront les frais de cette politique. Enfants qui font les frais du divorce de leurs parents. Fig. Fournir la matière principale de qqch., être celui qui y contribue le plus. Faire les frais de la conversation.
♢ EN ÊTRE POUR SES FRAIS : ne rien obtenir en échange de la dépense qu'on a faite; fig. avoir perdu sa peine, être déçu dans son attente, dans son espoir (cf. En être pour sa peine). « Je ne pipais pas pendant qu'il me parlait. Il en fut donc pour ses frais de confidences » (Céline).
♢ Fam. Arrêter les frais : cesser de se donner du mal (inutilement).
3 ♦ Écon. Frais d'une entreprise, les dépenses et les charges entraînées par sa création, son fonctionnement. ⇒ coût. Frais d'établissement, engagés par l'entreprise pour se constituer. Frais de production, d'exploitation, de fabrication.
♢ Comm. Ensemble des dépenses et charges. FRAIS DIRECTS : dépenses se rapportant à des opérations spécifiques. Frais d'approvisionnement, de main-d'œuvre, de transport. FRAIS GÉNÉRAUX : dépenses liées au fonctionnement normal d'une entreprise, non proportionnelles au volume de production, au chiffre d'affaires et qui se répartissent sur l'ensemble de l'exploitation. Frais fixes : charges permanentes. Frais financiers, occasionnés par les capitaux empruntés.
4 ♦ Dr. Dépense occasionnée par l'accomplissement d'un acte juridique ou d'une formalité prescrite par la loi. Frais d'enregistrement. ⇒ 3. droit, taxe. Frais de notaire. Frais de jugement (droit de timbre, d'enregistrement, de greffe). Frais de justice. Être condamné aux frais, aux frais et dépens. Frais de garde.
♢ FAUX FRAIS : dépenses nécessaires exposées par un officier ministériel en dehors des frais légaux. Cour. Dépense accidentelle, généralement minime s'ajoutant aux dépenses principales. Sans compter les faux frais.
⊗ CONTR. Économie, épargne.
● frais adverbe Nouvellement, récemment (peut s'accorder lorsque l'expression se rapporte à un nom féminin) : Il est frais arrivé de sa province. Des fleurs fraîches cueillies. ● frais nom masculin Léger froid, fraîcheur ; air froid du dehors : On commence à sentir le frais, il faut rentrer. Vent relativement fort, bonne brise permettant de garder haut les perroquets. ● frais nom masculin pluriel (ancien français frait, dommage, du latin fractum, de frangere, briser) Débours, dépense occasionnés par une cause quelconque : Calculer les frais du ménage. Somme allouée pour compenser les dépenses occasionnées par un travail nécessitant un déplacement, obligeant à assurer un certain train de vie, etc. : Frais de mission. Dans une entreprise, coûts d'une ou de plusieurs opérations qui constituent, dans la généralité des cas, des charges d'exploitation. ● frais (citations) adverbe François Rabelais La Devinière, près de Chinon, vers 1494-Paris 1553 Vous en telle ou meilleure pensée réconfortez votre malheur, et buvez frais si faire se peut. Gargantua, 1 ● frais (difficultés) adverbe Orthographe Le féminin fraîche et les mots de la famille de frais formés sur le radical fraîch- prennent tous un accent circonflexe sur le i : fraîchement, fraîcheur, fraîchin, fraîchir, fraîchissement. Accord L'adverbe, placé devant un adjectif féminin, peut s'accorder : des glaïeuls frais cueillis, des fleurs fraîches écloses, la terre fraîche remuée. Toutefois, cet accord est facultatif et, dans une large mesure, déterminé par l'usage. On dit ainsi habituellement : des fleurs fraîches cueillies, une chargée d'études fraîche émoulue de l'université. En revanche, des portes fraîches repeintes, naguère courant, paraît aujourd'hui soutenu, et on ne dirait pas des portes frais repeintes. Recommandation En cas de doute, employer fraîchement : des portes fraîchement repeintes, des glaïeuls fraîchement cueillis, etc. ● frais (expressions) adverbe Boire frais, boire un liquide frais. Il fait frais, l'air est frais, frisquet. ● frais (expressions) nom masculin Au frais, dans un endroit frais : Mettre du vin au frais. De frais, depuis peu, fraîchement : Rasé de frais. Grand frais, brise forte. Familier. Mettre quelqu'un au frais, le mettre en prison. Prendre le frais, respirer l'air frais de l'extérieur, se promener. ● frais (homonymes) nom masculin frai nom masculin fraie nom féminin fraie forme conjuguée du verbe frayer fraient forme conjuguée du verbe frayer fraies forme conjuguée du verbe frayer fret nom masculin frais adjectif ● frais (difficultés) nom masculin pluriel (ancien français frait, dommage, du latin fractum, de frangere, briser) Nombre Ce mot ne s'emploie jamais au singulier. Ces travaux occasionnent des frais. Travailler à moindres frais. Il n'y aura aucuns frais. ● frais (expressions) nom masculin pluriel (ancien français frait, dommage, du latin fractum, de frangere, briser) À frais virés, au Québec, mode d'appel téléphonique correspondant au P.C.V. À grands frais, en se donnant beaucoup de mal, en employant des moyens importants, disproportionnés. À moindre frais, à peu de frais, en payant très peu ; en se donnant peu de mal, en employant des moyens de fortune. Familier. Arrêter les frais, cesser de dépenser de l'argent ; cesser de se donner du mal inutilement. En être pour ses frais, ne tirer aucun profit de ses dépenses ; s'être donné de la peine pour rien. Faire des frais, dépenser de l'argent, plus d'argent que d'habitude ; se donner de la peine pour séduire quelqu'un, pour obtenir quelque chose. Faire les frais de quelque chose, en supporter les désagréments. Faire les frais de la conversation, en être le principal sujet ou bien l'accaparer à son profit. Faux frais, dépenses non prévues qui viennent s'ajouter à une dépense principale. Se mettre en frais (pour quelqu'un, pour quelque chose), dépenser plus qu'on ne le fait habituellement ; prodiguer sa peine, ses efforts. Frais d'approche, frais nécessaires pour amener l'article acheté au lieu d'emploi ou du magasin. Frais d'établissement, frais engagés pour constituer une entreprise ou pour acquérir les moyens permanents de son exploitation. Frais financiers, charges représentées, pour une entreprise, par le coût des capitaux empruntés. Frais généraux, dépenses d'une entreprise qui n'entrent pas dans les frais de fabrication d'un produit. Frais professionnels, frais occasionnés à un travailleur par l'exercice de sa profession. Frais réels, frais qui, occasionnés à un travailleur dans l'exercice de sa profession, font l'objet de justificatifs. (Ce système s'oppose au forfait.) État de frais, relevé des dépens d'un procès. Frais de justice, dépenses qu'occasionne un procès (débours, dépens et honoraires d'avocat). ● frais (homonymes) nom masculin pluriel (ancien français frait, dommage, du latin fractum, de frangere, briser) frai nom masculin fraie nom féminin fraie forme conjuguée du verbe frayer fraient forme conjuguée du verbe frayer fraies forme conjuguée du verbe frayer fret nom masculin frais adjectif ● frais (synonymes) nom masculin pluriel (ancien français frait, dommage, du latin fractum, de frangere, briser) Droit. État de frais
Synonymes :
- état des dépens
● frais, fraîche
adjectif
(germanique frisk)
Qui est légèrement froid : Un temps frais. Une cave fraîche.
Qui est agréablement froid : Servir des boissons fraîches.
Qui donne une sensation agréable, apaisante, analogue à la fraîcheur : Le parfum frais de la lavande.
Se dit d'un aliment qui n'a pas encore subi d'altération : Des œufs frais.
Se dit d'un aliment présenté à la consommation sans avoir subi de préparation en vue de sa conservation : Des légumes frais.
Qui est récent, qui vient d'être fait, appliqué, fourni : Une blessure fraîche. J'ai reçu des nouvelles fraîches de ma famille.
Qui est reposé, en bonne santé, qui a conservé sa vigueur : Amener au front des troupes fraîches.
Se dit d'une fleur qui a gardé son éclat, qui n'est pas fanée.
Littéraire. Qui a la spontanéité, la candeur de la jeunesse : Le frais sourire d'un enfant.
Familier. Se dit de relations humaines qui manquent de cordialité, sans chaleur : Il a reçu un accueil des plus frais.
Se dit d'un sol qui conserve toujours une certaine humidité.
Se dit d'un vin assez acide, ayant une saveur agréable.
● frais, fraîche (difficultés)
adjectif
(germanique frisk)
Orthographe
Le féminin fraîche et les mots de la famille de frais formés sur le radical fraîch- prennent tous un accent circonflexe sur le i : fraîchement, fraîcheur, fraîchin, fraîchir, fraîchissement.
Accord
L'adverbe, placé devant un adjectif féminin, peut s'accorder : des glaïeuls frais cueillis, des fleurs fraîches écloses, la terre fraîche remuée. Toutefois, cet accord est facultatif et, dans une large mesure, déterminé par l'usage. On dit ainsi habituellement : des fleurs fraîches cueillies, une chargée d'études fraîche émoulue de l'université. En revanche, des portes fraîches repeintes, naguère courant, paraît aujourd'hui soutenu, et on ne dirait pas des portes frais repeintes.
Recommandation En cas de doute, employer fraîchement : des portes fraîchement repeintes, des glaïeuls fraîchement cueillis, etc.
● frais, fraîche (expressions)
adjectif
(germanique frisk)
Air frais, qui vient renouveler l'atmosphère viciée d'une pièce ; tout ce qui renouvelle, fait revivre sur de nouvelles bases.
Argent frais, fonds disponibles.
Bouche fraîche, bouche humide et écumeuse d'un cheval.
De fraîche date, très récent.
Familier. Être frais, être dans une situation fâcheuse.
Familier. Être frais comme l'œil, comme un gardon, comme une rose, être en pleine forme.
Frais et dispos, bien reposé et en bonne forme.
Familier. Ne pas être frais, ne pas être reposé ; en parlant d'un vêtement, ne pas être en bon état, ne pas avoir l'aspect du neuf.
● frais, fraîche (homonymes)
adjectif
(germanique frisk)
fraie
nom féminin
fraie
forme conjuguée du verbe frayer
fraient
forme conjuguée du verbe frayer
fraies
forme conjuguée du verbe frayer
frais
nom masculin
frais
nom masculin pluriel
fret
nom masculin
● frais, fraîche (synonymes)
adjectif
(germanique frisk)
Qui est légèrement froid
Synonymes :
- froid
Contraires :
- étouffant
- tiède
- torride
Qui est agréablement froid
Contraires :
- brûlant
- chaud
Qui donne une sensation agréable, apaisante, analogue à la fraîcheur
Contraires :
- passé
Se dit d'un aliment présenté à la consommation sans avoir...
Contraires :
- conservé
- desséché
- fermenté
- fumé
- salé
- séché
- surgelé
Qui est récent, qui vient d'être fait, appliqué, fourni
Synonymes :
- actuel
- neuf
- récent
Contraires :
- ancien
- lointain
- vieux
Qui est reposé, en bonne santé, qui a conservé sa...
Synonymes :
- dispos
- gaillard
- reposé
Contraires :
- exténué
- harassé
- las
- malade
- vanné (populaire)
Se dit d'une fleur qui a gardé son éclat, qui...
Contraires :
- fané
- flétri
Littéraire. Qui a la spontanéité, la candeur de la jeunesse
Synonymes :
- candide
- innocent
- naïf
- pur
Familier. Se dit de relations humaines qui manquent de cordialité, sans...
Synonymes :
- glacé
- réservé
Contraires :
- affable
- amène
- cordial
Familier. Ne pas être frais
Contraires :
- défraîchi
- fatigué
- maculé
- sale
- taché
- usé
frais, fraîche
adj. et n.
rI./r
d1./d Modérément froid, caractérisé par la fraîcheur. Eau fraîche. Les nuits sont fraîches.
|| n. m. Air frais.
— Loc. Prendre le frais.
— Mettre au frais, dans un endroit frais.
— Loc. adv. à la fraîche: à l'heure où il fait frais.
d2./d Fig. Peu chaleureux. Accueil frais.
|| (Québec) Se dit d'une personne hautaine, insolente.
— Subst. Faire le frais, la fraîche.
d3./d METEO Vent de force 6 dans l'échelle de Beaufort.
rII./r
d1./d Nouvellement produit (à propos de denrées périssables). Du pain, des oeufs frais.
|| Qui n'a pas été traité pour la conservation (par oppos. à fumé, en conserve, séché, etc.). Petits pois frais. Sardines fraîches.
d2./d Récent. Nouvelles fraîches.
— Peinture fraîche, qui n'a pas encore séché.
|| (Québec) (Emploi adverbial.) Récemment. Frais peint.
|| Loc. adv. De frais: depuis peu de temps. Rasé de frais.
|| Emploi adverbial (devant pp.). Litt. Nouvellement. Fleurs fraîches écloses. Frais émoulu.
d3./d Qui a l'éclat de la jeunesse. Un teint frais.
|| Qui n'est pas fatigué. Frais et dispos. Troupes fraîches.
d4./d Fam., iron. Le voilà frais, dans une situation fâcheuse.
————————
frais
n. m. pl.
d1./d Dépenses liées à certaines circonstances. Frais de voyage.
|| Loc. adv. et Prép. à grands frais, à peu de frais: en dépensant beaucoup, peu d'argent; fig. en se donnant beaucoup, peu de peine.
|| (Québec) à frais virés: en faisant payer (un appel téléphonique interurbain) par le destinataire après s'être assuré de son accord (V.P.C.V.)
|| En être pour ses frais: faire des dépenses sans rien obtenir en contrepartie; fig. ne pas être récompensé de ses peines.
|| Fig. Faire les frais de (qqch): subir les conséquences fâcheuses de (qqch); être celui qui participe le plus à (qqch). Faire les frais de la conversation.
|| Se mettre en frais: dépenser plus que de coutume; fig. faire un effort inhabituel.
d2./d DR Frais de justice: frais entraînés par un procès, à l'exclusion des honoraires des avocats.
d3./d Faux frais: frais accessoires.
d4./d FIN Charges et dépenses de toutes sortes nécessaires à la bonne marche d'une entreprise.
— Frais fixes: frais permanents indépendants des variations de production.
— Frais généraux: ensemble des dépenses de fonctionnement.
d5./d Somme allouée pour certaines dépenses. Frais de déplacement.
I.
⇒FRAIS1, FRAÎCHE, adj., adv. et subst.
A.— Qui est à une température relativement basse, qui est presque froid ou un peu froid.
1. [En parlant de l'atmosphère, quand la température est assez basse; d'un lieu, d'un moment, d'une période où règne une telle température] Air, vent, temps frais; matinée, nuit fraîche; printemps frais; le fond de l'air est frais; avoir les mains fraîches. Grandes écuries vides, hautes et fraîches comme une cathédrale (RENARD, Journal, 1908, p. 1205). Une vague de vent fraîche et pure qui, venue de l'Océan, avait couru sur les cimes des pins innombrables (MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 331) :
• 1. Nous trouvons fraîche en été et tiède en hiver une cave dont la température ne varie pas sensiblement avec les saisons.
COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 140.
— Emploi adv. Il fait frais. Le temps est frais (et parfois humide); il règne une atmosphère fraîche (et humide). Synon. fam. frisquet. La température enfin baisse. Il fait presque frais au matin (16 degrés) (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 948). Il fait très frais sur ces hauteurs, quelque mille mètres (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 36).
Rem. Avoir frais, loc. La grotte fera une salle où l'on aura frais et où l'on ira prendre le café (BALZAC, A. Savarus, 1842, p. 31).
— Emploi subst.
a) Le frais, subst. masc. Air frais; température fraîche. Sentir, respirer le frais. Permettez-moi d'aller me rasseoir sur la pierre du perron; le frais du soir me détendra les nerfs (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 48).
— Prendre le frais. Jouir de l'air frais du dehors. On prend le frais, au fond du jardin, en famille. Le serein mouille un peu les bancs sous la charmille (HUGO, Contempl., 1856, p. 37). La société prend le frais sur la terrasse. Le lent crépuscule joue dans le ciel avec un croissant de lune (DUHAMEL, Nuit St Jean, 1935, p. 151).
— Loc. adv. Au frais. Dans un endroit frais ou froid, à l'abri de la chaleur. Au frais et au sec; tenir au frais; mettre du beurre au frais. Table mise, champagne au frais, melons à l'ombre (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 282). Ses olives et ses anis au frais dans des seaux d'eau de puits (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 515).
♦ Vx, au fig. À l'écart du monde. Les hommes se mettent beaucoup trop au frais, ce me semble, pour admirer le génie de l'homme (SAINTE-BEUVE, Portr. contemp., t. 5, 1846-69, p. 463).
♦ Loc. fam., p. plaisant. Mettre qqn au frais. Le mettre en prison. Synon. fam. mettre à l'ombre.
b) La fraîche, subst. fém., dans la loc. adv. fam. à la fraîche. À l'heure du jour ou de la nuit où il fait frais.
Sortir à la fraîche. Demain matin, on mettrait les voiles, sur les quatre heures, à la fraîche (COLETTE, Fin Chéri, 1926, p. 73). Dans un endroit frais. De jeunes cyclistes, chargés de provisions qui s'en allaient sans doute déjeuner à la fraîche, dans les bois (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 333). V. aussi C 3 subst. fém.
2. Au fig. Dépourvu de cordialité, de chaleur humaine; qui marque de la froideur, de la réserve. Réserver, recevoir un accueil (assez, plutôt) frais. Synon. froid. — Eh bien, vrai! moi qui pensais vous surprendre! Pour un vieux serviteur, voilà ce qui peut s'appeler un accueil plutôt frais (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 108) :
• 2. Enfin des remarques désagréables... On est reparti sans se dire « au revoir »... On avait bien deux heures de route pour rentrer chez nous à Blême... On avait tout le temps de repenser à ce frais accueil!
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 604.
3. Spéc. [En parlant d'une boisson] Agréablement froid, rafraîchissant et/ou désaltérant. Vin frais; eau fraîche; verre d'eau fraîche; vivre d'amour et d'eau fraîche. Boissons fraîches. Rafraîchissements. Une pinte de bière fraîche, qui moussait doucement dans des pots de grès, sur les tables d'auberge (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 241). Enfoncé dans son fauteuil de rotin, devant deux hauts verres de menthe fraîche couverts de buée (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 32) :
• 3. « ... Veux-tu boire quelque chose de frais? Whisky? Non? ... Roy va te fabriquer une citronnade » (...) Roy pressait un citron sur de la glace pilée...
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 118.
— Emploi adv. Le vin coulait frais dans la gorge, vous laissait au palais une rustique et bonne âpreté (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 134).
♦ Boire, servir frais. Boire, servir une boisson refroidie ou rafraîchie jusqu'à une température agréable. Boire frais mais non glacé. Chose étrange, on accepte de ne plus boire frais; on accepte une eau presque tiède (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 935).
— Emploi subst. fém.
♦ Pop. De la fraîche. De l'eau potable.
♦ Loc. exclam., vx. [Cri de marchands de boissons ambulants]À la fraîche! Rafraîchissez-vous, achetez des boissons fraîches! Les marchands de coco criaient : — À boire, à la fraîche! (BALZAC, Melmoth, 1835, p. 348).
4. P. anal. Qui donne
a) Qui donne une sensation de fraîcheur agréable.
— [Sensation gustative et tactile] Du raisin et ces tomates crues qui sont des choses fraîches pour l'été (MONTHERL., Songe, 1922, p. 156).
♦ [D'un vin jeune, fruité et d'une certaine acidité] Reprenez plutôt hardiment de ce petit vin, il est franc comme l'or et frais comme l'œil (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 3e tabl., 9, p. 1634).
— [Sensation tactile et thermique] Léger et agréable à porter en été, qui ne dégage pas de chaleur. Étoffe, robe fraîche. Elle flottait dans la voluptueuse ampleur d'un frais vêtement d'été (MICHELET, Journal, 1849, p. 27). Belles jeunes filles que chaque été ramène dans les châteaux d'alentour, vêtues d'étoffes fraîches (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1303).
b) Qui donne une impression de fraîcheur, de légèreté (synesthésie des sensations).
— [Sensation olfactive] Haleine fraîche; fraîche odeur, senteur. Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle; Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala (HUGO, Légende, t. 1, 1859, p. 85). Une odeur fraîche de lilas montait du jardin de l'Évêché (ZOLA, Rêve, 1888, p. 41).
— Emploi adv. Sentir frais. Dégager une odeur de propreté :
• 4. ... mais il trouvait, tous les soirs, un feu flambant, la table servie, des meubles souples, et une femme en toilette fine, charmante et sentant frais, à ne savoir même d'où venait cette odeur, ou si ce n'était pas sa peau qui parfumait sa chemise.
FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 69.
— [Sensation auditive] Timbre, rire frais; voix fraîche et pure; frais babil. Le bruit harmonieux et frais de l'eau soulevée par les avirons (SAND, Lélia, 1833, p. 38). Une de ces causeries gazouillantes qui font le bruit d'une source, un de ces babillages frais, limpides, intarissables, qui se brisent dans un éclat de rire (GONCOURT, R. Mauperin, 1864, p. 134).
— Emploi adv. Une Madelon bien coiffée, Blanche et limpide, et riant frais (HUGO, Chans. rues et bois, 1865, p. 63).
— [Sensation visuelle] Tons frais; frais coloris; vert frais. Le satin bleu fait toujours à merveille en tenture. Est-ce frais! (BALZAC, Sarrasine, 1831, p. 405). Il a deux petits yeux clairs, d'un bleu frais, presque froid (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 69) :
• 5. Je trouvai sur sa table une dizaine de volumes aux fraîches couleurs de bonbons acidulés : des Montherlant vert pistache, un Cocteau rouge framboise, des Barrès jaune citron, des Claudel, des Valéry d'une blancheur neigeuse rehaussée d'écarlate.
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 185.
B.— Qui est tout nouveau, récent.
1. Qui vient d'arriver, de se produire. Plaie, blessure, trace, marque (toute) fraîche; souvenir, exemple frais. Les volumes, arrivés récemment de Paris, exhalaient une odeur de papier frais et d'encre neuve (BOURGET, Disciple, 1889, p. 95). Je vous comprends. La Libération est encore toute fraîche; vous nagez tous en pleine euphorie (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 35) :
• 6. Des trous, des cratères, les uns tout neufs, tout frais, d'un jaune d'argile éclatant, les autres vieillis et pleins d'herbe. Au milieu de ces vestiges était le camp des travailleurs forcés.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 360.
— Air frais. Air vivifiant, riche en oxygène. Anton. air vicié. Au fig. Idées nouvelles ou climat nouveau. Faire circuler un peu d'air frais dans qqc. Rajeunir. Synon. sang frais, sang neuf. Courant d'air frais qui balaie les faux chagrins. Je voudrais que mon prochain roman fût plus aéré que Climats (MAUROIS, Mes songes, 1933, p. 155). V. air1 ex. 53.
— P. ext. Des nouvelles fraîches. Synon. récent. Son mari, d'après de très fraîches nouvelles, était en bonne santé (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 620). Prendre de leurs nouvelles que je me faisais déjà un plaisir de lui apporter toutes fraîches! (BILLY, Introïbo, 1939, p. 88).
— Région. (Est). Vache fraîche. Vache qui vient de vêler, fraîchement vêlée. Roesel est fraîche à lait; je veux lui laisser nourrir sa petite génisse blanche (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 51).
— Emploi adv. [Précédant un part. passé-adj., avec accord au fém.] Tout récemment, depuis peu. Synon. fraîchement, récemment, nouvellement.
a) Frais débarqué. Petite pensionnaire, fraîche émoulue du couvent, causait avec une pénétration exquise (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 219). Une escadrille ennemie, fraîche arrivée d'Italie, était partie de Talavera ce matin-là pour Tolède (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 577).
b) [En rapport avec fraîcheur C 2] Foin frais coupé; rose fraîche éclose; café frais moulu; frais cueilli, repassé, imprimé. Voilà un paquet de roseaux tout frais coupés de ce matin (A. DAUDET, Arlésienne, 1872, II, 2e tabl., 2, p. 386). Un tablier blanc, frais lavé, fleurant encore le grand air et le vent (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 58).
Rem. Parfois certains écrivains ne font pas l'accord au fém. Tête frais tondue (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 92). Moules bien frais pêchées (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 18).
♦ Loc. adv. De frais. Depuis peu. Rasé, badigeonné, lavé de frais. Et ses joues roses, ses yeux bleus si clairs et ses sourcils jaune d'or avaient l'air peints de frais (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 179). La maison était alors, si j'en crois mes souvenirs, sinon ravalée de frais, du moins fort avenante (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 72).
2. [En parlant de choses corruptibles, périssables, qui s'altèrent rapidement]
a) Qui vient d'être produit, récolté, fourni ou employé, et qui n'est pas encore altéré (ou qui a gardé toutes ses qualités par un procédé de conservation). Lait, beurre, pain frais; œufs (extra) frais; paille, herbe, fleur fraîche; crème fraîche. Anton. sec, avarié, pourri. Sur les quatre heures, ces demoiselles mettaient dans la poche de leur tablier un croûton frais et des cerises (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 96). J'ai du caviar tout frais, arrivé de ce matin (BOURDET, Sexe faible, 1931, II, p. 390) :
• 7. LE CHŒUR. — Attends, je vais te montrer quelque chose. Tu sais ce que font les ménagères pour voir si les œufs sont frais?
L'OURS. — Elles les mirent dans un rayon de soleil pour juger ainsi de leur transparence.
CLAUDEL, Ours et lune, 1919, 3, p. 616.
— Loc. exclam., région. (Ouest). À la fraîche! [Cri des marchands de poissons, en parlant de la marée fraîche] La voix est couverte par les bruits du marché. — À la fraîche, à la fraîche! (CAMUS, État de siège, 1948, p. 203).
b) [En parlant d'un produit, d'un aliment] Qui est consommé tel quel, sans préparation de conservation, dès sa production. Chair fraîche (anton. mariné, faisandé, salé, fumé); poisson frais (anton. salé, fumé, séché, surgelé, en conserve, en boîte); légumes frais (anton. secs); fruits frais (anton. secs, séchés); (petits) fours frais, pâtisserie fraîche. De jolies lèvres, des dents blanches comme des quartiers de noix fraîches (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 283). Cette nuque couleur d'abricot frais (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 328) :
• 8. Ce gibier fut mangé frais, mais on conserva les jambons de cabiai, en les fumant au-dessus d'un feu de bois vert, après les avoir aromatisés avec des feuilles odorantes.
VERNE, Île myst., 1874, p. 117.
3. Qui n'a pas encore séché (après une application par exemple). Encre, colle (encore) fraîche; sang frais; attention, peinture fraîche! J'ai une chambre d'ami, ou j'aurai, car les plâtres sont encore trop frais pour habiter (BALZAC, Corresp., 1838, p. 421). L'enfant glisse comme une ombre sur le carrelage frais encore du dernier lavage (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 148) :
• 9. Aimé descendit pour l'aider. À eux deux, ils montèrent les meubles; et tout se passa bien, seul le dessus de la table à tréteaux, à cause des tournants, leur donna des difficultés. — Faites bien attention, leur criait d'en bas Mme Sallé, les vernis sont frais!
RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 114.
4. Au fig. Argent frais. Argent liquide qui vient d'arriver, fonds nouveaux qui alimentent une trésorerie. Mon oncle le banquier (...) regorge d'argent liquide, d'argent frais (L. DAUDET, Entremett., 1921, p. 136). On vous arrache de force votre vie! Et pour en faire quoi? Du capital frais, dans les coffres des grands banquiers! (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 695).
— Emploi subst. fém., arg. Argent monnayé (ds ESN. 1966).
C.— Qui a gardé l'éclat, la vigueur de ce qui est nouveau.
1. [En parlant d'êtres vivants, de pers. ou d'un aspect extérieur de la pers.]
a) Qui donne une impression agréable de vie, de jeunesse, de santé. Une femme âgée encore fraîche; frais comme le jour, comme l'œil, comme une fleur, comme une pomme d'api; fraîche et rose; visage, teint frais; peau, bouche, lèvres fraîche(s); fraîche carnation. Anton. fané, flétri. De beaux yeux, les joues fraîches, la taille bien prise, toutes choses qui annoncent de la santé chez une femme (BECQUE, Corbeaux, 1882, II, 4, p. 115). Encore jolie par exemple, et encore fraîche, avec les pommettes bien roses, comme certains vieillards ont le don de les conserver (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 23) :
• 10. Cette belle et forte fille, fraîche, réjouie, à l'air sain, d'une gaieté débordante et d'un féroce appétit s'inquiétait de sa santé. Elle gémissait sur sa faiblesse, tout en mangeant comme quatre.
ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 333.
b) [En parlant d'une pers. ou de son comportement] Qui est plein d'allant, d'entrain, sans marque de fatigue. Se sentir frais et dispos (v. ce mot ex. 2); frais comme l'œil; esprit frais. Synon. gaillard, reposé, en forme. J'ai vu l'Empereur (...) lever la séance avec les idées aussi nettes, la tête aussi fraîche qu'au commencement (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 225). Pour avoir bien dormi je me sens ce matin d'humeur si fraîche que je ne reconnais plus l'homme harassé que j'étais hier (GIDE, Journal, 1931, p. 1085) :
• 11. Carlotta, écrasée par les émotions des jours précédents, avait dormi magnifiquement, rassurée, et reposée, fraîche, ce matin, elle avait une beauté d'aurore et une jeunesse que Quesnel ne lui connaissait pas.
ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 488.
— Spéc. Troupes fraîches, chevaux frais. Troupes, chevaux destinés à remplacer ceux qui sont fatigués. À trois lieues seulement de la ville, tout au matin, je changeai de monture et en pris une plus fraîche pour arriver (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 53). Et même les démarches sont si alertes qu'on imaginerait des troupes fraîches nouvellement débarquées et prêtes à rejoindre le front (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 75) :
• 12. Je suggérai également au lieutenant-général Wilson d'opérer un échange entre les divisions britanniques fraîches qui se trouvaient en Italie et des divisions fatiguées de France qui iraient achever leur reconstitution au delà des Alpes.
FOCH, Mém., t. 2, 1929, p. 231.
c) Au fig., fam. et iron. Être frais. Être dans une situation embarrassante, être mal en point physiquement ou moralement. Nous voilà frais! Synon. avoir bonne mine, être dans de beaux draps. Me voilà frais, avec celle-ci qui pleure encore! (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 60). Ça nous fera trois heures de sommeil. Nous serons frais. — Dormez cet après-midi, lui dis-je (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 370) :
• 13. Car, ajouta le maître de poste en prenant un air piteux, le mérite n'est pas grand'chose en ce pays-ci, c'est le rang qu'on a et la noblesse qui font tout. « En ce cas je suis frais », [it. ds le texte] pensa Lucien.
STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1836, p. 78.
2. [En parlant de choses concr.] Qui a, ou a gardé, l'aspect du neuf, du propre. Chapeau, gants frais; linge frais; peintures, tapisseries encore fraîches; toilette fraîche. Anton. sali, terni, usé, dégradé. Je fis ma toilette avec un soin singulier et choisis ma plus fraîche cravate (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 530). Les draps de lit, pas frais, sentaient l'urine (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 313) :
• 14. À quatre heures, la grosse Joséphine m'invita à mettre ce que j'appelais « mes plus beaux vêtements ». En l'espèce, une robe de popeline écossaise, rose et bleue, que j'avais eue quatre ans plus tôt, mais qui, rarement portée, était restée très fraîche.
GYP, Souv. pte fille, 1927, p. 240.
3. MAR. Vent frais. Vent relativement fort et froid, dont la vitesse est comprise entre 22 et 33 nœuds (selon l'échelle de Beaufort), favorable à la navigation (d'apr. SIZAIRE Marine 1972). Brise fraîche. Pour peu que la brise fût fraîche, la mer s'élevait d'une manière alarmante pour la conservation de nos mâts (Voy. Pérouse, t. 3, 1797, p. 57).
— Emploi subst. masc. Vent assez froid et assez fort. [Avec une épithète antéposée] La force du vent. Grand, joli, beau frais. Les vents étaient au sud-ouest, petit frais, la nuit très-claire (Voy. Pérouse, t. 2, 1797, p. 387). Il ventait bon frais, et la barque faisait six à sept milles à l'heure (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 384) :
• 15. Poussés par les grands frais de l'Ouest, les grands voiliers franchissent en 24 jours, sans voir terre, la distance entre le Cap et Wellington.
VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 262.
— Emploi subst. fém. La fraîche. Vent faible du matin ou du soir. Synon. brise de terre, brise de mer (selon qu'elle vient de la terre ou de la mer).
4. [Dans l'ordre moral, psychol.]
a) [P. allus. hist.] La guerre fraîche et joyeuse (p. iron.). Formule résumant une phrase écrite par le Kronprinz en 1913. Le balcon doré, d'où l'Empereur, le 2 août 1914, annonçait au peuple de Berlin que rien ne résisterait à la guerre fraîche et joyeuse (THARAUD, Qd Israël n'est plus roi, 1933, p. 154). La guerre fraîche et joyeuse, c'était une grande fille à face rose, qui riait aux éclats (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 62).
— Emploi p. ell. Talonné par la fraîche et joyeuse, l'exode fait bourdonner les vieilles amitiés et les nouvelles connaissances. On flirte, on pelote, on fera mieux ce soir (H. BAZIN, Tête contre murs, 1949, p. 570).
b) D'une grande candeur, d'une pureté morale extrême. Fraîche joie; imagination fraîche; âme fraîche et naïve. Synon. candide, pur, spontané. Cette maison lui rappelait les plus fraîches années de sa vie, les plus pures scènes de sa jeunesse (SAND, Pauline, 1841, p. 180). L'éternelle jeunesse de la nature encadre de fraîche poésie les œuvres du lointain Moyen Âge (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 133) :
• 16. Cette fois encore, en effet, une espèce de curiosité aussi fraîche, aussi neuve que celle des enfants devait finir par l'emporter sur le premier mouvement du dégoût, et elle essayait d'assister en spectatrice à sa propre aventure.
BERNANOS, Joie, 1929, p. 600.
— Fam., p. iron. D'une pureté douteuse. Synon. propre. Elle est fraîche, votre politique! (ROB.)
REM. Fraîchet, ette, adj. Légèrement frais ou tout frais. Air fraîchet (LORRAIN, Contes chandelle, 1897, p. 18). Eau fraîchette (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 531).
Prononc. et Orth. :[], fém. []. Enq. : /, (D)/ fraîche. La différence entre la finale du masc. et celle du fém. s'explique étymologiquement : dans le fém. [] vient de l'anc. [k] devant [a] de frisca; dans le masc. [k] devenu final ne s'est pas maintenu. Ds Ac. dep. 1694 (fém. fraische ds Ac. 1694 et 1718). Devant un autre adj. ou un part. passé frais a la valeur d'un adv. et devrait, par conséquent, être invar. Cette règle est suivie par certains auteurs, mais on observe le plus souvent l'accord que ce soit devant consonne ou devant voyelle : une robe fraîche repassée, une lettre fraîche écrite. Cette remarque vaut pour grand : des fenêtres grandes ouvertes et en partie pour tout, car s'il y a variabilité devant consonne : elle fut toute choquée, on respecte, cependant, l'invariabilité devant voyelle : elle fut tout émue, bien que les dernières mises au point de l'Ac. admettent aussi maintenant : toute émue. Noter que cela ne change rien à la prononc. contrairement à fraisraîche et à grand/grande dans lequel au masc. d final sonne assourdi dans la liaison devant voyelle : grand ouvert []. L'usage n'hésite pas dans le cas de court : elle allait court vêtue et dans celui de nouveau : une petite fille nouveau-née. Au masc. plur. on ne peut distinguer s'il y a variation devant un masc. plur. : des loups frais sortis du bois (cf. DUPRÉ 1972, p. 1056). Homon. frai, frais2, certaines formes de frayer, fret. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. a) [Fin XIe s. fresc « (vin) frais, tiré immédiatement du tonneau » (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1)]; ca 1100 fresche (herbe) « qui est tout à fait récent, qui n'est pas altéré (en parlant de choses corruptibles) » (Roland, éd. J. Bédier, 2492); adv. 1393 « récemment, nouvellement » (Ménagier, éd. Ste Bibliophile fr., t. 2, p. 90 : les perdris [...] sont fresches tuées); b) 1160-74 frois « ce qui n'est ni salé, ni fumé » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 2889); c) 1563 argent frais « argent récemment reçu » (RONSARD, Eglogue, 104 ds Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 12, p. 99); d) 1643 « qui vient d'être appliqué, qui n'est pas encore séché » (ROTROU, Bélissaire, II, 9 ds LITTRÉ : écriture fraîche); 2. a) 1155 fresche (vertu) « qui a recouvré ses forces, sa vitalité » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 12831); b) 1160-74 un destrier tot freis « qui respire la santé et la vie » (ID., Rou, éd. A. J. HOLDEN, III, 8352); c) ca 1165 fresche (flor) « qui a de l'éclat, du lustre » (B. DE STE-MAURE, Troie, 26904 ds T.-L.); 3. mar. a) 1559 vent frais « vent qui souffle avec une certaine force et bon pour faire route » (AMYOT, Pompée, 110 ds LITTRÉ); b) 1643 frez subst. « vent » (FOURNIER, Hydrographie contenant la théorie et la pratique de toutes les parties de la navigation, p. 8), emploi isolé; de nouv. 1691 (beau) frois « vent favorable à des degrés plus ou moins forts » (OZANAM). B. Ca 1200 frais « légèrement froid » (Aiol, 9029 ds T.-L.); 1549 fraiz subst. « air frais, température fraîche » (DU BELLAY, Deffence et illustration de la langue françoyse, éd. H. Chamard, p. 160, 31); fin XIVe s. il fait fresc adv. (FROISSART, Chroniques, éd. G. Raynaud, t. 10, p. 288, 5-6). Du germ. occ. frisk « récent, inaltéré, frais »; cf. a. h. all. frisc « id. » (GRAFF t. 3, col. 832); m. h. all. vrisch « récent, inaltéré, vigoureux » (LASCH-BORCHL.); all. frisch « nouveau, récent; légèrement froid ». Fréq. abs. littér. :5 921. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 8 152, b) 9 097; XXe s. : a) 9 365, b) 7 717. Bbg. GRUNDT (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, pp. 164-165; p. 227, 232, 234, 236. — WOLF (H.-J.). Kratylos. 1973 [1974], t. 18, p. 83.
II.
⇒FRAIS2, subst. masc. plur.
A.— Dépenses de toutes sortes occasionnées par quelque chose.
1. Coût d'une opération, argent employé à quelque chose. Frais de nourriture, de logement, d'habillement, d'entretien, de chauffage, d'éclairage; frais élevés; causer, entraîner, occasionner des frais, de gros frais. Elle trouvait le moyen de rogner sur les petits frais infimes. Ainsi, elle supprima un tiers du lait, elle ne mit plus d'entremets sucré que le dimanche (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 180). Elle se chargeait de me procurer un cheval très doux. (Naturellement tous les frais lui incomberaient) (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 124) :
• Cette somme se trouvait grevée de beaucoup de frais notables : frais de succession, frais d'étude, et, surtout, frais de recherches réclamés par les agences péruviennes. L'ensemble de ces débours s'élevait — j'ai conservé toutes ces affreuses paperasses — au chiffre effarant de sept mille trois cent quinze francs.
DUHAMEL, Le Notaire Havre, 1933, p. 233.
SYNT. Frais d'abonnement, d'administration; de déplacement, d'équipement, d'exploitation, d'impression, d'inscription, d'installation, de loyer, de main-d'œuvre, de maladie, d'hospitalisation, de maternité, d'accouchement, d'optique, de pharmacie, de voyage, de transport, de publicité, de réparation, de séjour, de vente, de personnel, de manutention; frais chirurgicaux, dentaires, pharmaceutiques; frais funéraires, de dernière maladie; allocation pour frais de garde; facturation, montant, note de frais; répartition recouvrement, remboursement des frais; participation aux frais; avancer, augmenter, couvrir, diminuer, engager, épargner, éviter, imputer, payer, réduire, rembourser, supporter des frais; fournir, pourvoir, subvenir, participer aux frais; dédommager, indemniser des frais; reculer devant les frais.
— Faux frais. (Menues) dépenses, généralement imprévues, s'ajoutant à la dépense principale. Sans compter les faux frais. Je vous montrerai le catalogue. Expédition et faux frais, mettons deux cent vingt, tout compris, mais payé comptant (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1042). Avec ce que m'a pris ta mère et les faux frais, il ne m'en reste pas lourd de cet argent (ANOUILH, Sauv., 1938, II, p. 179).
— Tous frais payés. Pour une rétribution nette, les dépenses occasionnées étant payées par ailleurs. Un jour, dans l'autre, ça te rapporterait dans les cent francs, tous frais payés (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 23). Qu'est-ce que c'est que le prix Goethe? — Je n'en sais rien. On m'offre cinq mille dollars, tous frais payés (GREEN, Journal, 1949, p. 243).
— Rentrer dans ses frais. Être remboursé ou dédommagé de ses débours, sans bénéfice ni perte. Il va porter ses petits volumes à toutes les foires : il en a deux mille à placer. Il est sûr de rentrer dans ses frais (RENARD, Journal, 1902, p. 738). Et vous attendiez patiemment l'occasion de rentrer dans vos frais, vous pensiez : « Il ne coûte pas cher (...) » (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1489).
2. Somme allouée pour effectuer certaines dépenses reconnues nécessaires. Frais de représentation, de mission. Mais il n'a eu ni solde arriérée, ni frais de route, ni pension (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 88).
B.— Au fig. Effort considérable, notamment pour plaire. Frais d'amabilité, de coquetterie, d'éloquence (infra loc. se mettre en frais de). Il n'a pas fallu certes beaucoup de frais d'esprit et d'imagination pour enrichir le répertoire des extravagances humaines de cette ridicule et scandaleuse parade (Lamennais ds L'Avenir, 1831, p. 287).
C.— Loc. diverses au propre et au fig.
1. Loc. adv.
— À grands frais. En faisant de grandes dépenses et au fig. en se donnant beaucoup de peine. Florian fut élevé dans le château bâti à grands frais par son aïeul (FRANCE, Vie littér., 1888, p. 189). Vingt ou trente villes montent à grands frais des Universités, des Conservatoires, des Écoles de tous les arts (LARBAUD, Journal, 1934, p. 342).
— À peu de frais. En dépensant peu, économiquement et au fig. sans grands efforts, facilement. Synon. à moindres frais. Le désir (...) de se créer, à peu de frais, une certaine réputation (COMTE, Philos. posit., t. 4, 1839-42, p. 1112). La vie était moins chère là que partout ailleurs, et l'on y pouvait soutenir son luxe à peu de frais (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 79).
— À frais communs (dr. et cour.). En partageant les dépenses, chacun sa part et au fig. en unissant les efforts. C'est un pique-nique; nous frétons la voiture à frais communs (...) c'est une affaire de vingt-cinq francs pour nous deux (AUGIER, Lionnes, 1858, IV, p. 17). Rouges, blancs, bleus, le lapidèrent à frais communs. Ce fut un tutto d'ironies, d'attaques, de méchancetés (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 123).
— À moitié frais (vx). En partageant les frais par moitié. Les deux grandeurs de la monarchie capétienne s'en allèrent côte à côte la rejoindre, à moitié frais, dans une benne mérovingienne (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 619).
— Sur (de) nouveaux frais (au fig.). En reprenant (une affaire) depuis le début; derechef, de nouveau. Son enthousiasme avait des répits, des jours de diète ou de viande creuse de journaliste. Il lui fallait s'efforcer ensuite, et repartir sur de nouveaux frais (BARRÈS, Renan, 1888, p. 6). Tu connais des heures où un pauvre désir de sagesse te soulève. Tu voudrais recommencer sur nouveaux frais. Au collège, tu avais déjà ce goût des plans de vie (MAURIAC, Écrits intimes, Du côté Proust, 1947, p. 165).
2. Loc. prép.
— Aux frais de. Pour le compte de, la dépense étant payée par et au fig. sur le compte de. Aux frais de la commune, de l'État, de la princesse. Une vaste église a été tout récemment édifiée en l'honneur de Notre-Dame des Ardents et de la « Sainte Chandelle », aux frais de pieux particuliers (VERLAINE, Œuvres posth., Souv. et fantais., t. 1, 1896, p. 227). Un dîner mondain dans toute son horreur. On s'est diverti aux frais des absents (...) tous tarés, toutes salies! (RENARD, Œil clair, 1910, p. 180).
3. Loc. verb.
— Se mettre en frais. Faire des dépenses inhabituelles et considérables dans une occasion donnée; au fig. faire des efforts particuliers, notamment pour plaire. Cependant la maison de l'Estorade s'était mise en frais (...) pour ce dîner, qui nous a été servi dans une vieille argenterie noire et bosselée (BALZAC, Mém. jeunes mariées, 1842, p. 179). Vous ne cessez pas d'être étourdissant. Vous le serez, hein? Je suis content que vous veniez. Vous vous mettrez en frais, dites, vous nous amuserez, vous (RENARD, Monsieur Vernet, 1904, I, 8, p. 231).
♦ P. ell., rare. Cet affreux homme se fait aimable à tous, surtout en frais pour ceux qu'il connaît le moins (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, p. 8).
♦ Se mettre en frais de + subst. Se mettre en frais d'amabilité, d'éloquence. Quand on se met une fois en frais d'idéal, il est plus simple de ne pas s'arrêter à mi-chemin dans ses souhaits d'ambition (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 1, 1851, p. 68). Si, la première fois, elle s'était mise en frais de sourires pour le recevoir, c'était par une coquetterie instinctive de petite fille (ROLLAND, J.-Chr., Matin, 1904, p. 186).
♦ Péj. [À la forme impér. et négative] S'efforcer en pure perte (de faire quelque chose). Eh, monsieur, ne vous mettez pas en si grands frais de sensibilité (L.-B. PICARD, Charlatans, t. 8, 1821, p. 491). Ne vous mettez pas en frais de phrases polies (...) pour moi, je ne parle pas ou je suis sincère (STENDHAL, Rom. et nouv., t. 2, 1842, p. 277).
— Faire des frais (pour qqn). Faire des dépenses inhabituelles; au fig. déployer des efforts d'amabilité, de charme, de politesse, etc. Je m'habille, je me fais belle (...) et tout à coup je m'aperçois que j'ai fait des frais pour les cygnes, les canards (A. DAUDET, Fromont jeune, 1874, p. 56). Sa cousine, très gracieuse, se fouettait pour « faire des frais », voulant montrer qu'elle était sincèrement ravie (GYP, Pas jalouse, 1893, p. 113).
— Faire ses frais. Synon. de rentrer dans ses frais; au fig. être récompensé de ses peines. Non [je ne suis pas « volé »] — répondit le brigand en déployant à son tour un paquet de foulards [volés par lui], j'ai fait mes frais (SUE, Myst. Paris, t. 6, 1843, p. 43). Il faut que je m'amuse un peu avant de prendre congé! Je veux faire mes frais (BALZAC, Marâtre, 1848, III, 9, p. 104).
— Faire les frais. Fournir à la dépense; au fig. être récompensé de ses peines (cf. supra faire des frais).
— Faire les frais de (qqc.)
♦ [Le suj. est une pers. physique ou collective, plus rarement une chose] Payer la dépense. Il y a des régions où les chasses sont si coûteuses que le propriétaire, même s'il est riche, n'en peut faire seul les frais (FRANCE, Anneau améth., 1899, p. 133).
Au fig. Être la victime, la dupe. Si la France (...) était destinée par l'Allemagne à faire les frais d'un conflit anglo-allemand (...) elle se soulèverait (...) contre cet attentat (JAURÈS, Paix menacée, 1914, p. 230).
♦ [Le suj. est une chose] Constituer la matière, l'essence de. Mademoiselle de Verneuil achevait un repas dont le beurre, le pain et le laitage firent tous les frais (BALZAC, Chouans, 1829, p. 273). Ce n'est plus [Malagar] une propriété comme il y en a des milliers d'autres, mais une symphonie écrite pour moi seul dont ma vie fait les frais (MAURIAC, Nouv. Bloc-notes, 1961, p. 107).
— Faire les frais de la conversation
♦ [Le suj. est une pers.] Être celui qui (seul ou plus que les autres) entretient la conversation. Caroline ne dit plus rien et ne tourne pas les yeux de mon côté. L'oncle fait seul les frais de la conversation (KOCK, Cocu, 1831, p. 301). La tante Joséphine n'était pas loquace, et Marguerite et Geneviève étaient timides. Ce fut l'Abbé qui fit tous les frais de la conversation (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 138).
♦ [Le suj. est une pers./chose] Constituer le thème principal ou unique de la conversation. La conversation continua. La Comédie pastorale en fit d'abord tous les frais (A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p. 262). Les événements de France faisaient les frais de la conversation, et on discutait à perte de vue sur les conséquences de l'émeute qui avait éclaté le matin même à Paris (BENOIT, Atlant., 1919, p. 206).
— En être pour ses frais. Ne rien gagner par rapport à la dépense faite. Mais mes trois places de coupé?... j'en serai donc pour mes frais? (LABICHE, Deux papas, 1845, 14, p. 458).
♦ Au fig. S'être mis inutilement en peine, être déçu. Je lui fais croire que j'ai mal aux yeux (...) Malheureusement, le truc commence à s'user. La dernière fois (...) j'ai vu le moment où j'allais en être pour mes frais (COURTELINE, Ronds de cuir, Lunettes, 1891, p. 173).
— Arrêter les frais. Cesser les dépenses d'une affaire sans avenir et au fig., fam. cesser de se donner de la peine pour rien. Le plus sûr est d'arrêter les frais et risques, et de laisser faire aux gens de cœur (CLAUDEL, Pain dur, 1918, II, 3, p. 451). J'écris au milieu de hurlements sans nom, avec du piano au fond, et une auto monstrueuse dans la rue pète et grogne. Donc tout ceci ne compte pas. Et je vais arrêter les frais (VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 86).
— Payez les frais de (la guerre). Assumer les frais d'une action. Au fig. J'ai préféré payer les frais de la guerre que de faire croire à l'ennemi que je n'avais pas le courage d'entrer en campagne (BALZAC, Corresp., 1822, p. 151).
♦ Au fig. Subir les conséquences fâcheuses de quelque chose. Synon. fig. payer les pots cassés, être le dindon de la farce. Lui seul payait les frais de la grève. Il sentait bien qu'on buvait à son désastre (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1523).
D.— Domaines spécialisés
1. ÉCON., COMPTAB., COMM. Frais d'une entreprise. Dépenses concernant une entreprise (création, fonctionnement, production). Le Royaume-Uni (...) participe comme la France à la troisième [entreprise] (...) dont l'objet est de subvenir aux frais de fonctionnement d'un réacteur norvégien expérimental à eau lourde bouillante (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 135).
— Frais d'établissement. Dépenses occasionnées par la création d'une entreprise. — Les bénéfices s'il s'en présente, après amortissement des frais d'établissement et des « faux frais » ou de la perte, seront versés à un fonds de réserve (GIDE, Corresp. [avec Claudel], 1911, p. 162). Les frais d'établissement comportent : les documents de travail (...) les fiches, les fichiers, les dossiers, les classeurs, le matériel (...) et le local nécessaire (BERNATÉNÉ, Comment concevoir docum., 1964, p. 25).
— Frais de fabrication. Dépenses occasionnées par la fabrication, variables selon la quantité de production. [Le gouvernement] dans ce cas, (...) bénéficie des frais de fabrication au moment où il conclut le marché (SAY, Écon. pol., 1832, p. 254).
— Frais de production. Dépenses occasionnées par la production. Synon. prix de revient. C'étaient les frais de production qui réglaient la valeur des produits (...) jamais les produits ne sont vendus d'une manière suivie à un prix inférieur à leurs frais de production (SAY, Écon. pol., 1832p. 322).
— Frais généraux. Dépenses occasionnées par le fonctionnement d'une entreprise et qui s'ajoutent aux frais de production. Il employa toute la semaine à chercher deux chevaux (...) et à faire imputer son équipage sur les frais généraux du journal (BALZAC, Fille Ève, 1839, p. 146). Le coût de subsistance du travail salarié est une partie des frais généraux ou coûts fixes de la nation (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 343).
— Frais fixes, de période. Dépenses insensibles aux variations économiques, sans rapport direct avec la production réelle. [Le] « prix de revient » dont la réduction peut être obtenue en étalant les frais fixes sur une production ou des ventes accrues et de meilleure qualité (L'Univers écon. et soc., 1960, p. 4407). Ces bureaux furent rapidement réorganisés, de façon à alléger les frais fixes de personnel et de locaux (JOCARD, Tour. et action État, 1966, p. 238).
— Frais variables. Dépenses qui dépendent de la production. La partie du prix de vente qui dépasse le montant global des frais variables et fixes constitue le bénéfice (VILLEMER, Organ. industr., 1947, p. 175). Frais (...) variables (frais de cueillette, de conditionnement et de stockage liés au volume de la récolte) (BOULAY, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 115).
— Frais directs. Dépenses qui concernent une commande de marchandises. Assurer, en sus des frais directs de manutention et de répartition de la marchandise, le bénéfice à dix ou douze pour cent du grand capital commercial (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 127). Les frais directs à montant inconnu. Cas de la fourniture de force motrice, de gaz ou d'eau, à un atelier muni d'un compteur particulier (VILLEMER, Organ. industr., 1947 p. 202). Frais indirects. Dépenses qui concernent l'ensemble des commandes. Quand j'aurais évalué les pertes, les infidélités, l'ouvrage mal fait, les frais indirects, je suis persuadé que je trouverais ma toile très-chère (SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 119).
2. DR. Coût d'un acte juridique ou d'une formalité légale. Frais de justice, de douane, d'enregistrement, de procédure, de vente, d'un procès, d'un jugement; frais et loyaux coûts; être condamné aux frais et dépens; frais de timbre, de recouvrement; premier avertissement sans frais; net de frais et d'imposition. La broutille, cette foule de petits actes qui surchargent les mémoires de frais et consomment du papier timbré (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 582). 28 janvier. — Sommation avec frais du percepteur. Ça me change des Bulletins de la Grande Armée (BLOY, Journal, 1903, p. 147).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. On lie l's au plur. Homon. frai1, frai2, frais1, fraie, formes de frayer, fret. Étymol. et Hist. 1. 1260 frais au plur. « dépenses » (E. BOILEAU, Métiers, 214 ds T.-L.); 2. dr. a) 1549 « dépenses pour la passation d'un acte et pour tout ce qui doit en résulter » (EST. : fraiz et loyaulx cousts); b) 1585 « dépenses occasionnées par l'accomplissement d'un acte judiciaire ou d'une formalité prescrite par la loi » (N. DU FAIL, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 316). Plur. de l'a. fr. fret, frait proprement « dommage qu'on cause en rompant quelque chose » (1266, Escrit Andriu de le Vourc ds GDF. Compl.); d'où « dépense destinée à le réparer » (ca 1276. A. DE LA HALLE, Jeu d'Adam, 481 ds T.-L.), par l'intermédiaire de la loc. paier le fret proprement « payer le bris, le dégât » (1216, G. LE CLERC, Fergus, 108, 4, ibid.). Du lat. pop. fractum « frais, dépense » (XIIIe s. ds NIERM.), neutre subst. du lat. class. fractus « brisé, morcelé », part. passé adjectivé de frangere « briser, rompre ». Fréq. abs. littér. :2 282. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 722, b) 3 556; XXe s. : a) 3 018, b) 2 807.
1. frais, fraîche [fʀɛ, fʀɛʃ] adj.
ÉTYM. 1080, freis, fresche; du francique frisk; cf. all. frisch.
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1 (XIIIe). Légèrement froid. || Une belle et fraîche matinée de printemps. || Le temps devient plus frais. ⇒ Fraîchir, rafraîchir (se). || Fraîche nuit d'été. || Un vent, un souffle, un petit air (cit. 10, 14) frais (→ Bouffée, cit. 2; châle, cit. 2). — Agréablement froid et rafraîchissant. || Une eau de puits toujours fraîche (→ Buée, cit. 2; courir, cit. 27). — ☑ Loc. Vivre d'amour et d'eau fraîche. || Onde fraîche (→ Feu, cit. 63). || Servir des boissons fraîches. ⇒ Rafraîchissement (→ Flâner, cit. 1). || Ce vin blanc doit se boire bien frais. || Servir frais, mais non glacé. — Cave, salle, ruelle fraîche (→ Assaut, cit. 17; étagère, cit. 3). || Avoir la peau, les mains fraîches malgré la chaleur. || Sable brûlant à la surface et frais à une certaine profondeur.
1 J'ai trouvé, mon poète, une chaste vallée (…)
Retraite favorable à des amants cachés,
Faite de flots dormants et de rameaux penchés,
Où midi baigne en vain de ses rayons sans nombre
La grotte et la forêt, frais asiles de l'ombre.
Hugo, les Voix intérieures, VII.
2 (…) ce corps souple, frais et parfumé comme un ruisseau coulant dans les fleurs.
France, le Lys rouge, XXVIII.
♦ (1857). Qui donne une sensation de fraîcheur agréable. || Un tissu, des vêtements frais.
♦ Adv. || Il fait (cit. 204) frais ce matin, il règne une atmosphère fraîche. ⇒ Frisquet. — Boire frais (→ 1. Déjeuner, cit. 1).
3 (…) lorsque (vous) entrâtes en Libye (…) Ne vous fournirent-ils de vin en suffisance ? — Voire ! Mais (dit-il) nous ne bûmes point frais. — (…) Un prétendant et aspirant à l'empire univers ne peut toujours avoir ses aises !
Rabelais, Gargantua, XXXIII.
♦ N. m. (1549). || Le frais : l'air frais. ⇒ Fraîcheur. ☑ Prendre le frais : respirer l'air frais du dehors. || Goûter l'ombre et le frais (→ Asile, cit. 21). — Vx. || Il fait un frais délicieux (→ Entretenir, cit. 1, Gautier). — ☑ Mod. Au frais : dans un endroit frais, sinon froid. → Fraîche (à la). || Se tenir, travailler au frais (→ Balcon, cit. 1). || Mettre, garder du beurre au frais. — ☑ Fig. et vx. Jeune fille élevée à l'ombre et au frais, à l'abri et dans l'ignorance du monde.
4 Use donc hardiment de l'adjectif substantivé, comme le liquide des eaux, le vide de l'air, le frais des ombres (…)
du Bellay, Défense et Illustration de la langue franç., I.
5 (…) je suis bien aise (…) de vous voir dehors à l'heure qu'il est. Hé bien ! quel grand mal est-ce qu'il y a à prendre le frais la nuit ? — Oui, oui, l'heure est bonne à prendre le frais. C'est bien plutôt le chaud, Madame la coquine; et nous savons toute l'intrigue du rendez-vous (…)
Molière, George Dandin, III, 6.
6 On prend le frais, au fond du jardin, en famille,
Le serein mouille un peu les bancs sous la charmille (…)
Hugo, les Contemplations, I, VI.
7 (…) à la campagne, où ils passèrent au frais cette chaude journée (…)
Michelet, Histoire de la Révolution franç., V, VIII.
8 (…) le chef du bureau arabe, qui se promenait au bon frais avec sa dame (…)
Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon, III, IV.
9 (…) comme le frais de la nuit tombait (…)
J. Giono, Regain, III, p. 206.
10 Sur le pas de la porte, deux chaises vides, celles du boulanger et de sa femme : ils allaient sans doute venir prendre le frais.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 169.
2 (XXe). Fig. Sans chaleur, sans cordialité. || On lui a réservé un accueil plutôt frais : on l'a fraîchement (II., 2.) accueilli.
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II Qui est d'origine ou d'apparition récente et a gardé ses qualités.
1 Qui est arrivé, qui s'est produit tout nouvellement. ⇒ Neuf, nouveau, récent. || Découvrir des traces toutes fraîches. || Une cassure, une entaille, une plaie encore fraîche. || Vous n'avez pas de nouvelles plus fraîches ? — ☑ Un bachelier de fraîche date, qui vient d'être reçu. || Une danse de fraîche importation (→ Cake-walk, cit. 2).
11 (…) un incident tout frais qui vous surprendra fort.
Molière, Tartuffe, III, 5.
12 Il apprenait par eux les nouvelles les plus fraîches des mathématiciens, leurs réflexions sur ce qui paraissait au jour (…)
♦ (V. 1355). Littér. (en parlant d'une impression récente). || Avoir le souvenir frais, la mémoire, l'idée fraîche de quelque chose. — (Mil. XVe). Vieilli. || Être tout frais de… : être encore sous l'impression de…
13 Après plus d'un demi-siècle, ces souvenirs remontent tout frais et clairs à la surface de mon âme (…)
France, le Crime de S. Bonnard, in Œ., t. II, p. 340.
♦ (1737, par ellipse de fraîche vêlée). Régional (Est, Suisse). || Vache, génisse fraîche, qui vient de mettre bas.
♦ Adv. (devant un p. p.). (Fin XIVe). Littér. Depuis très peu de temps. ⇒ Fraîchement (I.), nouvellement, récemment. || Une cuisine frais repeinte. || Une rose fraîche éclose. || Des myrtilles fraîches cueillies (cit. 14). — Le duc tout frais d'Abrantès (→ Capituler, cit. 3). — REM. Quoique adverbial, frais peut s'accorder avec le substantif; l'usage admet les deux constructions.
14 (Il) entra tout à coup dans la chambre, en tenant dans la main une feuille de papier fraîche écrite.
Flaubert, Mme Bovary, II, XI.
15 (…) dans cette baraque fraîche peinte (…)
Alphonse Daudet, Numa Roumestan, XVI.
16 Vous m'envoyâtes, fraîche éclose,
Une chère petite rose (…)
Verlaine, Amour, À Madame X…
17 (…) un petit livre tout frais paru (…)
Gide, Corydon, II, II.
18 (…) l'odeur du foin frais coupé (…)
Valery Larbaud, Barnabooth, Nevermore.
19 Elle disposait des lauriers d'or sur ma tête frais tondue.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, 4.
20 Des gousses de vanille fraîches cueillies.
R. Dorgelès, Partir, X, p. 219.
♦ Cour. (Personnes). ☑ Être frais émoulu du lycée. || Frais débarqué de sa province.
21 Que peut comprendre de tout cela un jeune provincial frais débarqué, que la nuit roule comme un galet à travers les maisons lépreuses de commerce ?
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XXVI.
♦ ☑ (1552). … de frais : de fraîche date, tout récemment. || Appartement peint, décoré de frais. || Être rasé de frais. — REM. Ne s'emploie plus guère que dans cette dernière expression.
22 Son crâne dénudé, ceint d'une couronne de cheveux blancs, se colorait de rose (…) Rasé de frais, deux pattes de lièvre encadraient ses joues rondes.
France, le Petit Pierre, XXII.
2 (1080). Qui est tout nouvellement produit, fourni ou employé, en parlant de choses corruptibles; qui n'a subi aucune altération. || Du pain, du beurre, du lait, des œufs frais. ⇒ Jour (du jour); → Coque, cit. 1; épicé, cit. 3. || Œufs frais, extra-frais (selon des normes commerciales précisément définies).
23 Il (l'Ogre) flairait à droite et à gauche, disant qu'il sentait la chair fraîche. — Il faut, lui dit sa femme, que ce soit ce veau, que je viens d'habiller, que vous sentez. — Je sens la chair fraîche, te dis-je encore une fois, reprit l'Ogre en regardant sa femme de travers (…)
Ch. Perrault, Contes, « Le Petit Poucet ».
24 Toi, voluptueux Parisien, qui n'as jamais fait d'autre grand voyage que celui de Dieppe pour y manger de la marée fraîche (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Patrie, II.
25 (…) je m'efforçais de m'éveiller de bonne heure pour ne rien perdre de ces cris (…) — Il arrive le maquereau, maquereau frais, maquereau nouveau. Voilà le maquereau, mesdames, il est beau le maquereau. — À la moule fraîche et bonne, à la moule !
Proust, la Prisonnière, Pl., t. III, p. 126.
3 Par ext. Qui est consommé sans préparation de conservation (opposé à en conserve, séché, etc.). || Morue fraîche. || Saumon, porc frais. || Figues, amandes, noix fraîches. || Lait frais. || Vous pouvez manger des légumes frais, mais pas de légumes secs. — Petits fours frais.
4 (Mil. XVIe). Fig. || Argent frais : argent nouvellement reçu, fonds nouveaux alimentant une trésorerie.
26 (…) Paris la grande ville,
Où de mes pastoureaux la brigade gentille
Porte vendre au marché ce dont je n'ai besoin,
Et toujours argent frais leur sonne dans le poing.
Ronsard, Églogues, II.
5 (1643). Qui vient d'être appliqué, n'a pas encore séché. || L'encre est encore fraîche, prenez un buvard. || Attention, peinture fraîche !
27 Javert écrivit ces lignes (…) faisant fermement crier le papier sous la plume (…) Javert sécha l'encre fraîche sur le papier, le plia comme une lettre, le cacheta (…)
Hugo, les Misérables, V, IV.
1 (En parlant de l'homme, d'êtres vivants). Qui respire la santé et la vie. ⇒ Sain. || Une fille accorte (cit. 3) et fraîche, appétissante (cit. 4) et fraîche, fraîche comme une rose. || Bouche, lèvres, joues fraîches. || Un pied frais et mignon (→ Caresse, cit. 6). || Peau fraîche. || Chair (cit. 32) fraîche et grasse. || Avoir le teint frais, le visage frais et fleuri. || Fraîches couleurs (→ Flegmatique, cit. 1). || Il est encore frais et gaillard pour son âge. ⇒ Vif (→ Dépérir, cit. 3).
28 — Tartuffe ? Il se porte à merveille,
Gros et gras, le teint frais, et la bouche vermeille.
Molière, Tartuffe, I, 4.
29 Il avait ce lisse et frais visage de l'adolescence (…)
G. Duhamel, le Voyage de P. Périot, XIV.
2 (1808). Fam. et iron. (Personnes; semble toujours attribut). Dans une fâcheuse situation. ☑ Eh bien ! cette fois, nous voilà frais ! ⇒ Propre. || Tu as tout perdu, tu es frais ! (→ Avoir bonne mine).
30 Nous sommes frais ! Quelle folie aussi : avoir cru possible d'éviter l'éclat !
Charles Plisnier, Meurtres, t. I, p. 183.
3 (Fin XIIe). Qui a gardé intacte ou a retrouvé sa vitalité; qui n'est pas ou n'est plus fatigué. ⇒ Reposé. || Se lever tout frais après un sommeil réparateur. || Être frais et dispos (cit. 2). ⇒ Forme (III.). ☑ Frais comme l'œil. || Le général dut faire donner des troupes fraîches (→ Dent, cit. 26). || Prendre à l'étape des chevaux frais. || Il a terminé la course très frais.
31 (Il) lui oppose des troupes fraîches à la place des troupes fatiguées (…)
Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé.
32 (…) vous n'en pouvez plus, lui dit-il (…) j'ai dormi une heure, je suis frais, je vais monter la garde pour vous (…)
Voltaire, Hist. de l'Empire de Russie, II, 6.
33 Bonaparte devait donc se préparer à affronter un nouveau et formidable retour offensif et, avec des troupes durement éprouvées par la campagne précédente, soutenir le choc d'une armée fraîche (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Ascension de Bonaparte, VII.
4 (Mil. XVIe). Mar. || Vent frais, qui souffle avec une certaine force favorable à la navigation. ⇒ Fraîchir, 1. — N. m. (accolé à une épithète marquant les divers degrés de cette force). La force de ce vent. || Bon frais, joli frais, grand frais, petit frais. || Il vente gros frais.
34 Ils se mirent à la voile pour s'enfuir, à quoi leur servit le vent qui se leva frais aussitôt qu'ils eurent gagné la haute mer.
34.1 (Le vent) se tint au grand frais mais malheureusement il souffla avec obstination de la partie du sud-est et ne permit pas de faire de la toile.
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, 1873, p. 298.
5 (Choses). En bon état, dans l'aspect du neuf. || Changer l'eau d'un vase pour tenir les fleurs fraîches. — (Antéposé; stylistique). || Un frais bouquet (→ Églantine, cit. 2). — Ce costume n'est pas très frais, il faudrait le repasser. || Robe en tissu infroissable qui reste fraîche. || Porter du linge frais.
35 Tout cela était propre et frais comme une coquille jetée par la mer en un coin de grève.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 414.
36 Hélas dans la fleur la plus fraîche on peut distinguer les points imperceptibles qui pour l'esprit averti dessinent déjà ce qui sera, par la dessiccation ou la fructification des chairs aujourd'hui en fleur, la forme immuable et déjà prédestinée de la graine.
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, éd. La Gerbe, p. 174.
1 Fig. Qui donne une impression vivifiante de pureté, de jeunesse (souvent antéposé, en épithète). || La fraîche haleine, la fraîche odeur d'un bouquet de violettes. || Un frais parfum (→ Asphodèle, cit. 2; chair, cit. 20); un parfum très frais. — Toilette aux fraîches couleurs, aux couleurs fraîches. ⇒ Éclatant. || Ce décor est frais à l'œil. — (1752). || Le frais coloris d'un tableau, d'une toile de Renoir. || Image, vision radieuse et fraîche. — Voix fraîche et pure. || Fraîche aubade (cit. 1). || La fraîche mélodie d'une chanson populaire. — (Fin XIIe). || Elle avait un rire frais et jeune. || Le frais babil d'un enfant.
37 Les oiseaux gazouillaient un hymne si charmant,
Si frais, si gracieux, si suave et si tendre,
Que les anges distraits se penchaient pour l'entendre.
Hugo, la Légende des siècles, I, II, I.
38 Ô fraîche vision des jupes de futaine Qui se troussent gaîment (gaiement) autour de la fontaine !
Hugo, la Légende des siècles, « Groupe des idylles », XVII.
2 (Dans l'ordre moral et psychologique). ⇒ Candide, pur. || Une âme, une sensibilité vivace et fraîche (→ Appétit, cit. 23). || Un sentiment, un amour frais et pur. || Des expressions naïves et fraîches (→ Entremêler, cit. 6).
39 (…) une fille sage, fraîche de cœur autant que de figure.
Loti, Pêcheur d'Islande, I, III.
40 (…) la fraîche joie d'un premier engagement (…)
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 174.
♦ (1835). Fam. et iron. (Situations, comportements) Contestable moralement. || Elles sont fraîches, tes combines ! (⇒ Propre).
❖
CONTR. (Du sens I.) Ardent, brûlant, chaud, desséchant, tiède. — (Du sens II.) Ancien, éloigné, lointain, vieux. — Desséché, fumé, rassis, salé, sec, séché; altéré, corrompu, gâté, passé, rance. — Blafard, blême, défraîchi, hâve; fatigué, las. — Décoloré, éteint, fané, flétri, foncé, passé, sombre, terne; défloré, usé.
DÉR. Fraîche, fraîchement, fraîcheur, fraîchin, fraîchir.
HOM. 1. Frai, 2. frai, fraie, 2. frais, fret; formes du v. frayer.
————————
2. frais [fʀɛ] n. m. pl.
ÉTYM. V. 1283, fres; au sing. frait, 1283; anc. franç. fret « dommage causé par violence (bris, casse) », 1266; lat. fractum, de frangere « rompre ».
❖
1 Dépenses occasionnées. ⇒ Coût, débours, dépense. || Les frais d'un voyage, d'un transport (→ Expéditeur, cit. 3). || Les frais de la guerre, d'habillement. || Frais de bureau, de location, d'entretien, de l'armement (→ Engager, cit. 3). || Frais de déplacement, de chauffage. || Menus, petits frais; grands frais. || Partager, répartir les frais. || Payer, supporter des frais. || Payer les frais sans en avoir le profit (→ Payer les violons, loc. fig.). || Faire beaucoup de frais, de grands frais pour réparer une vieille maison. — ☑ Tous frais payés : une fois toutes les dépenses soldées. — Couvrir (cit. 7) ses frais. || Pour subvenir à tant de frais (→ Extorsion, cit. 1). — ☑ Loc. Rentrer dans ses frais : rentrer dans ses débours, sans bénéfice ni perte. — Sommes allouées pour subvenir à certains frais. ⇒ Allocation. || Frais de représentation, de déplacements, de logement. — (XXe). || Frais professionnels, inhérents à l'exercice d'une profession.
1 L'utile et la louable pratique, de perdre en frais de noces le tiers de la dot qu'une femme apporte !
La Bruyère, les Caractères, VII, 18.
2 Quelque temps après, le conseil général (…) lui vota une somme annuelle de trois mille francs, sous cette rubrique : Allocation à M. l'évêque pour frais de carrosse, frais de poste, et frais de tournées pastorales.
Hugo, les Misérables, I, I, II.
3 Villa et château, par leurs frais d'entretien et de personnel, eussent englouti plus que le revenu total des Genillé.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XIII, p. 181.
4 (…) en plus de ta mensualité, tu trouveras donc ci-jointe (sic) la somme de deux cents francs pour te dédommager des frais causés par le séjour d'Armand à Paris et lui permettre de revenir à Sérianne (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XXXIV.
2 (XVIIe). Fig. Dépense, effort qui coûte et fait, notamment, pour plaire. || Faire des frais de politesse. — Absolt. || Faire des frais pour qqn, (régional) à qqn. — (1872). Plus cour. || Se mettre en frais, en frais d'amabilité pour qqn. || Inutile de vous mettre en frais d'éloquence, je ne vous crois pas. || Tous ces frais de toilette ne la font guère paraître plus jeune.
5 Quand la duchesse du Maine était à Paris, elle venait volontiers aux mardis de Mme de Lambert, et c'était alors un surcroît de frais de bel esprit et un assaut d'inventions galantes. On a tout un volume dans les Œuvres de La Motte sur ces riens de société.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 9 juin 1851, t. IV, p. 237.
6 Et les frais dont elle (l'aristocratie) se dispense à l'égard de l'inutile hobereau recherché des bourgeois (…) elle les prodiguera aux hommes politiques, fussent-ils francs-maçons, qui peuvent faire arriver dans les ambassades (…)
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Pl., t. I, p. 435.
6.1 Il faut, ajoutait la femme du docteur, qui ne l'avait jamais vue (madame Verdurin) faire autant de frais, que vous ayez des atomes crochus (…)
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Folio 1954, p. 191.
♦ Vieilli. || Sur nouveaux frais, sur de nouveaux frais : en faisant un nouvel effort, comme si rien n'avait été fait. ⇒ Derechef, nouveau (de). || Rebâtir à nouveaux frais (→ Contradicteur, cit. 1).
7 Je vous ai écrit la dernière fois des Rochers (…) depuis cela, pas un seul mot de vous. Il faut donc recommencer sur nouveaux frais.
Mme de Sévigné, 1307, 1er déc. 1690.
8 Il est peu d'artistes, et je parle de ceux qui méritent véritablement ce nom, qui ne s'aperçoivent, au milieu ou au déclin de leur carrière, que le temps leur manque pour apprendre ce qu'ils ignorent ou pour recommencer sur de nouveaux frais une instruction fausse ou incomplète.
E. Delacroix, Écrits, II, p. 31.
3 Loc. adv. et prép. (avec à). — ☑ (1671). À grands frais (→ Alcôve, cit. 2), à petits frais (→ Chichement, cit. 4). — Fig. || À grands frais : en se donnant beaucoup de peine. — ☑ (Av. 1613). À peu de frais (→ Apprêt, cit. 3), à moins de frais, à moindres frais. ⇒ Économiquement. — Fig. En se donnant peu de mal, moins de mal. ⇒ Facilement (→ Char, cit. 6). — ☑ (1666). À frais communs : en payant chacun sa part. — Fig. En apportant chacun sa contribution, sa collaboration (→ Avance, cit. 26). — ☑ Vx. À moitié frais : en se partageant les frais par moitiés. — ☑ Aux frais de qqn, les frais étant faits par lui. || Aux frais de l'État, et (XXe), par plais., aux frais de la princesse (→ Élever, cit. 67). || À mes frais, à tes frais (→ Consommation, cit. 9). — Figuré :
9 (…) ce qu'il y avait de frappant c'était bien plutôt la passivité avec laquelle je pensais (…) Non, vraiment, je ne pensais pas, je ne faisais rien pour penser. On pensait en moi, à travers moi, envers et contre moi. On pensait sans se gêner, à mes frais, comme on bivouaque en pays conquis.
G. Duhamel, Salavin, I, X.
♦ Faire les frais : fournir à une dépense. || Il a dû faire les frais tout seul. — ☑ Fig. Faire les frais, tous les frais, les premiers frais : être le seul ou le premier à employer sa peine, à faire les avances. || Malgré les réticences de son partenaire, il a pu conclure cet accord, mais en faisant vraiment tous les frais.
10 Mais les gens de mon air, Marquis, ne sont pas faits
Pour aimer à crédit, et faire tous les frais.
Molière, le Misanthrope, III, 1.
♦ ☑ (1666). Faire les frais d'une chose, fournir à la dépense qu'elle exige. || Les officiers nobles faisaient les frais de leur équipement. — (1872). Être la personne qui paie, qui est victime dans telle opération. || Ce sont encore les contribuables qui feront les frais de cette politique (on dit aussi supporter les frais de… « les inconvénients »). — Fig. Fournir la matière principale de quelque chose, être celui qui y contribue le plus. || Il se garde bien de citer l'auteur qui a fait presque tous les frais de son érudition (Académie). || Une jovialité un peu grosse qui fait tous les frais d'une plaisanterie (→ Balourd, cit. 2). — ☑ (1802). Faire les frais de la conversation, y jouer le rôle principal, soit comme sujet qui parle (→ Conversation, cit. 8), soit comme objet dont on parle (→ Famille, cit. 35).
11 (…) lord Grenville n'osait regarder Julie; en sorte que madame de Winphen fit presque à elle seule les frais d'une conversation sans intérêt; lui jetant un regard empreint d'une touchante reconnaissance, Julie la remercia du secours qu'elle lui donnait.
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 731.
♦ ☑ (1872). Faire ses frais : être remboursé de ses frais, rentrer dans ses frais. — Fig. Être dédommagé par un heureux résultat de la peine qu'on a prise. ⇒ Payer (être payé de ses peines).
12 (…) comme le propriétaire du bal forain refusait de venir monter sa baraque, dégoûté de n'avoir pas fait ses frais, l'année précédente, le cabaretier s'était lancé à installer un bal dans sa grange.
Zola, la Terre, III, III.
♦ ☑ (1690). En être pour ses frais : ne rien obtenir en échange de la dépense qu'on a faite. — Fig. Avoir perdu sa peine, être déçu dans son attente, dans son espoir. || Il a cru m'embrasser, mais il en est pour ses frais.
13 On se met à parler d'autre chose et j'en suis pour mes frais et pour me dire une fois de plus : mieux vaudrait n'avoir pas commencé, plutôt que de ne pouvoir finir.
Gide, Ainsi soit-il, p. 106.
14 Je ne pipais pas pendant qu'il me parlait. Il en fut donc pour ses frais de confidences.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 399.
♦ ☑ Faire des frais : faire ou entraîner une dépense inhabituelle. || Faire des frais pour recevoir qqn. || J'hésite à partir, cela fera des frais. ⇒ Onéreux. — (1865). Fig. || Faire des frais pour qqn, s'efforcer de lui être agréable. — ☑ Loc. fig. En frais. || Se mettre en frais : s'engager dans une dépense inhabituelle. ⇒ Plat (mettre les petits plats dans les grands); → 1. Dîner, cit. 2. — Fig. Faire des efforts inhabituels pour réussir, pour plaire. || Se mettre (cit. 67.1) en frais pour qqn, s'efforcer de lui faire honneur, de faire sa conquête. || Il ne mérite guère que vous vous mettiez en frais pour lui. — ☑ Loc. fam. Arrêter les frais : cesser de se donner du mal (inutilement).
14.1 Venu le temps de commencer sa septième année de collège, Julot, certainement conseillé par le diable, décida d'arrêter les frais.
Jean Follonier, la Sommelière, p. 11.
4 (XIXe). Dépenses, charges (qu'entraînent la création, le fonctionnement, la production d'une entreprise). || Frais de premier établissement. || Frais de production, d'exploitation. || Frais de fabrication, d'expédition. — Frais généraux de production, frais généraux commerciaux, frais généraux d'administration. → ci-dessous, comm.
15 Pour une dimension donnée de la firme il existe des frais généraux qui sont indépendants des quantités produites. Que l'on produise beaucoup, peu ou point du tout, ces frais restent les mêmes. Ils représentent des coûts actuels (garde, location, entretien, assurances, chauffage, éclairage, impôts indiciaires) et des coûts passés (amortissement des emprunts et des outillages anciens).
Reboud et Guitton, Précis d'économie politique, no 432, p. 403.
♦ Comm. Ensemble de dépenses et charges qu'entraîne le fonctionnement d'une entreprise. || Frais spéciaux ou directs : dépenses qui se rapportent à une série d'opérations déterminées (frais de matières premières, de main-d'œuvre). || Frais généraux : dépenses qu'entraîne le fonctionnement normal de l'entreprise (amortissement des frais de premier établissement; frais généraux d'entretien et de fabrication; frais d'administration et de contrôle; frais de sécurité; frais du service commercial). || Frais généraux de fabrication, qui cessent si la production s'arrête. || Frais généraux fixes ou charges permanentes (ex. : intérêt du capital, loyers, impôts, assurances, amortissement…). || Frais fixes : les frais généraux fixes. || Frais exceptionnels. — Frais de port à la charge de l'expéditeur (⇒ Franco). — Frais de production, d'équipement.
5 (1549). Dr. « Dépense occasionnée par l'accomplissement d'un acte juridique ou d'une formalité prescrite par la loi » (Capitant). || Frais d'enregistrement. || Les frais du paiement, les frais d'inscription hypothécaire sont à la charge du débiteur; les frais de vente, à la charge de l'acheteur. — Frais de jugement (droit de timbre, d'enregistrement, de greffe). || Frais de justice : frais de procédure exposés à l'occasion d'un procès, et, spécialt, les frais d'instance, de jugement, d'exécution (→ Adjuger, cit. 2). || Reculer devant les frais d'un procès. || Être condamné aux frais, aux frais et dépens (⇒ Dépens). || Frais de garde. ⇒ Taxe. — Frais et loyaux coûts : frais nécessités par la passation d'un acte juridique. — Frais assortis d'un privilège général : frais de justice, frais funéraires, frais de dernière maladie.
16 On entend par frais et dépens les dépenses légales faites ou à faire à l'occasion d'un procès. Le mot frais s'applique plus spécialement aux dépenses exposées par les officiers ministériels dans les procédures par eux dirigées (…)
Dalloz, Nouveau Répertoire de droit, art. Frais, t. II, p. 637.
17 Les créances privilégiées sur la généralité des meubles sont celles ci-après exprimées, et s'exercent dans l'ordre suivant : 1o Les frais de justice; 2o Les frais funéraires; 3o Les frais quelconques de la dernière maladie (…)
Code civil, art. 2101.
18 Les demandes formées pour frais par les officiers ministériels seront portées au tribunal où les frais ont été faits.
Code de procédure civile, art. 60.
19 Lorsque des frais ont été faits pour réaliser (transformer en argent) les biens du débiteur, ces frais doivent être prélevés sur les sommes ainsi obtenues; la loi les déclare privilégiés.
M. Planiol, Traité élémentaire de droit civil, t. II, p. 878.
♦ ☑ Faux frais : dépenses nécessaires exposées par un officier ministériel en dehors des frais légaux (ex. : honoraires d'avocat en dehors des droits de plaidoirie; consultations; frais de voyage). || La condamnation aux dépens ne comprend pas les faux frais. — Cour. Toute dépense accidentelle s'ajoutant aux dépenses principales. || Sans compter les faux frais.
♦ Dr. criminel. || Frais de justice criminelle. || Frais de l'instance d'appel, du pourvoi en cassation (cf. Code d'instruction criminelle, art. 644).
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CONTR. Économie, épargne.
COMP. Défrayer.
HOM. V. 1. Frais.
Encyclopédie Universelle. 2012.