tranquille [ trɑ̃kil ] adj.
• 1460; lat. tranquillus
1 ♦ Où règnent des conditions relativement stables; où se manifestent un ordre et un équilibre qui ne sont affectés par aucun changement soudain ou radical (mouvement, bruit...). ⇒ immobile, silencieux. REM. Calme est plus objectif que tranquille qui implique une idée de paix et de sécurité. Mer tranquille. « C'était l'heure tranquille où les lions vont boire » (Hugo). Un endroit, un coin tranquille. Quartier, rues tranquilles.
♢ Que rien ne vient troubler. « Une impression de chez-soi, un tranquille bien-être » (Loti). Sommeil tranquille. — Qui s'effectue sans agitation, de façon régulière (mouvement). Un pas tranquille. Un grand navire fait « une entrée tranquille et silencieuse » (Romains).
♢ (Êtres vivants) Qui est, par nature, peu remuant, n'éprouve pas le besoin de mouvement, de bruit. ⇒ paisible. « Une vieille femme tranquille qui tricotait toujours » (Chateaubriand). Des voisins tranquilles. Fam. Un père tranquille. — Qui est momentanément en repos, qui ne bouge pas. ⇒ coi. « Il se tenait bien droit et tranquille » (Genevoix). Se tenir tranquille. Les enfants, restez tranquilles ! ⇒ 2. gentil, sage. — Par métaph. « Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille » (Baudelaire).
2 ♦ (1680) Qui éprouve un sentiment de sécurité, de paix. « Fernand pouvait dormir tranquille : il n'avait jamais été trahi » (F. Mauriac). « Je ne puis être tranquille quand tu seras inquiète » (Laclos). Soyez tranquille : ne vous inquiétez pas. Par antiphr. (formule de menace) Soyez tranquille, nous nous retrouverons ! — (1808) Tranquille comme Baptiste (type comique de niais, au calme imperturbable) :en paix. — Laisser qqn tranquille, s'abstenir ou cesser de l'inquiéter, de le tourmenter. Laisse-nous tranquilles (cf. Fiche-moi la paix). Laissez-moi tranquille avec cette affaire : cessez de m'en parler. — Laisse ça tranquille : n'y touche pas, ne t'en occupe plus. « Laissez donc tout ça tranquille. Le nécessaire est fait » (Montherlant). — « Je lui ai dit de me laisser travailler tranquille » (Le Clézio).
♢ Avoir l'esprit, la conscience tranquille : n'avoir rien à se reprocher. Assurance, conviction tranquille. ⇒ 1. serein. Courage tranquille. La force tranquille, devise du parti socialiste.
3 ♦ (XIXe ) Fam. Qui ne se pose pas de problème quant à la réalité de la chose en question, qui est sûr de ce qui a été dit. Il ne reviendra pas, je suis tranquille, j'en suis certain. Vous pouvez être tranquille qu'il n'est pas chez lui à cette heure-ci.
4 ♦ Pharm. Baume tranquille, qui tranquillise.
⊗ CONTR. Animé, bruyant; agité. Anxieux, inquiet; troublé.
● tranquille adjectif (latin tranquillus) Se dit d'un élément relativement immobile, d'un milieu naturel qui dégage une impression générale de paix : Les eaux tranquilles de l'étang. Se dit d'un lieu sans agitation, sans bruit : Habiter une rue tranquille. Qui est marqué par un rythme lent d'activité : Je vous recevrai à une heure plus tranquille. Que rien ne vient troubler : Aspirer à une vie tranquille. Qui a un comportement paisible, qui ne trouble pas le repos des autres : Nous avons des voisins tranquilles. Qui est exempt d'inquiétude, qui se sent en sécurité : Vous pouvez être tranquille, les précautions ont été prises. En parlant d'un vin, synonyme de nature. ● tranquille (citations) adjectif (latin tranquillus) Charles Cros Fabrezan, Aude, 1842-Paris 1888 Vivre tranquille en sa maison, Vertueux, ayant bien raison, Vaut autant boire du poison. Le Collier de griffes, Insoumission René Descartes La Haye, aujourd'hui Descartes, Indre-et-Loire, 1596-Stockholm 1650 Je ne désire que la tranquillité et le repos, qui sont des biens que les plus puissants Rois de la terre ne peuvent donner à ceux qui ne les savent prendre d'eux-mêmes. Correspondance, à Brégy, 15 janvier 1650 ● tranquille (expressions) adjectif (latin tranquillus) Avoir la conscience (ou l'esprit) tranquille, ne rien avoir à se reprocher. Laisser tranquille, s'abstenir ou cesser de toucher à quelque chose ; éviter de s'occuper d'une affaire, de s'en mêler ; cesser d'importuner quelqu'un, de le taquiner, etc. ● tranquille (synonymes) adjectif (latin tranquillus) Se dit d'un élément relativement immobile, d'un milieu naturel qui...
Synonymes :
- calme
Contraires :
- agité
- déchaîné
- houleux
Se dit d'un lieu sans agitation, sans bruit
Contraires :
- bruyant
- mouvementé
- trépidant
Que rien ne vient troubler
Synonymes :
- paisible
Contraires :
- brutal
- précipité
- saccadé
Qui a un comportement paisible, qui ne trouble pas le...
Synonymes :
- paisible
- sage
Contraires :
- exalté
- excité
- infernal
- remuant
- violent
Qui est exempt d'inquiétude, qui se sent en sécurité
Synonymes :
- confiant
- rassuré
Avoir la conscience (ou l'esprit ) tranquille
Contraires :
- angoissé
- anxieux
- contrarié
- inquiet
- tourmenté
Synonymes :
- nature
tranquille
adj.
d1./d Qui n'est pas agité. Mer tranquille.
— (êtres vivants.) Qui est peu remuant, peu bruyant. Un enfant tranquille.
d2./d Qui est en paix, qui n'est pas importuné. Laisser qqn tranquille.
— Laisse ça tranquille, n'y touche pas.
d3./d Qui est sans inquiétude. Je ne suis tranquille qu'en sa présence.
— Qui est en paix, serein. Avoir la conscience tranquille.
⇒TRANQUILLE, adj.
A. — [En parlant d'un inanimé]
1. [Où l'ordre et l'équilibre ne sont affectés par aucun trouble, bruit ou mouvement violent]
a) Qui n'est pas agité, qui ne connaît pas de turbulences. Lac, mer tranquille. Julien dénoua l'amarre. L'eau, tout de suite, devint tranquille, la barque glissa dessus et toucha l'autre berge (FLAUB., St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 130). Je courais de mon lit trop brûlant vers le balcon, à voir l'immense ciel tranquille (GIDE, Journal, 1893, p. 35).
— [Dans un cont. métaph.] Ce toit tranquille, où marchent des colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes (VALÉRY, Charmes, 1922, p. 147).
b) Où règne le calme. Campagne, coin, port, vallée tranquille. La boutique du passage du Pont-Neuf devint pour lui une retraite charmante, chaude, tranquille, pleine de paroles et d'attentions amicales (ZOLA, Th. Raquin, 1867, p. 31). Vous avez choisi une auberge tranquille. Il n'y vient presque personne (CAMUS, Malentendu, 1944, I, 5, p. 133).
— [Gén. en fonction attribut] Qui ne souffre pas de perturbations politiques, sociales; qui n'affronte pas d'attaques militaires violentes. Le pays, la rue est tranquille. Paris continue à être tranquille, comme disent les riches, c'est-à-dire qu'on ne se bat pas (SAND, Souv. de 1848, 1876, p. 128). En 1918 (...), au milieu de l'été, mon régiment tenait des positions assez tranquilles et inertes, ma foi, malgré quelques marmitages (ARNOUX, Nuit St-Avertin, 1942, p. 60).
c) Qui se passe dans le calme; que rien ne vient troubler. Jours tranquilles; heure, soirée, sommeil tranquille. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, Simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là Vient de la ville! (VERLAINE, Œuvres compl., t. 1, Sagesse, 1881, p. 255). L'ombre de la grande catastrophe qu'on redoute frappe de vanité tous les projets qu'on eût faits à une époque plus tranquille (GREEN, Journal, 1949, p. 330).
♦ Laisser qqc. tranquille. Ne plus s'en occuper; ne pas chercher à modifier. Nous devons nous taire et rester là (...). Laissez la fable tranquille. Ne vous en mêlez pas (COCTEAU, Machine infern., 1934, IV, p. 129). La grotte de Saint-Benoît est transformée en chapelle. Que ne l'a-t-on laissée tranquille! Il y a des fresques maniérées de l'école de Sienne, un Triomphe de la Mort que je me bats les flancs pour trouver beau (GREEN, Journal, 1935, p. 25).
2. [En parlant d'une œuvre artist., de sa compos., de sa représentation] Qui satisfait aux lois de l'harmonie et de l'équilibre (des lignes, des couleurs, etc.). La première sculpture des Grecs se distingue par un style tranquille et une grande simplicité de composition (STENDHAL, Hist. peint. Ital., t. 2, 1817, p. 19).
B. — [En parlant d'un animé, de ce qui caractérise sa façon d'être, de vivre, etc., son comportement, ses convictions]
1. Qui est d'un naturel calme, paisible, peu remuant et peu bruyant. Enfant tranquille. Quand il ne fut plus troublé par la rencontre de ces paysans tranquilles dont il enviait le sort, il respira (STENDHAL, Abbesse Castro, 1839, p. 187). J'étais, au contraire, tout à fait bien avec les petites filles de mon âge: elles me trouvaient tranquille et raisonnable (RENAN, Souv. enfance, 1883, p. 114).
— Fam. (Petit) père tranquille. Personne d'un certain âge qui aime vivre calmement, paisiblement, sans être bousculée. Synon. pop. père peinard. Il a dérangé les plans de nos généraux, deux pères tranquilles qui n'aiment pas se lever matin (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p. 177).
2. Qui se tient en repos et ne trouble pas le repos d'autrui; qui ne s'agite pas. Synon. pop. peinard. Gens bien tranquilles; être, se tenir tranquille. Mais le professeur s'applique depuis un moment à rester tranquille, les mains croisées sur son ventre (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1527):
• Cette joie me donna l'idée qu'un complot existait parmi mes élèves et que les coupables étaient nombreux. « Je vous avertis, leur dis-je, que celui qui aura encore une fois l'insolence de rire quand je parle me conjuguera cinq cents fois le verbe j'aime à rire. » Ils redevinrent tranquilles...
CHAMPFL., Souffr. profess. Delteil, 1853, p. 14.
— P. métaph. Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille (BAUDEL., Fl. du Mal, 1861, p. 134).
3. Qui n'éprouve aucune inquiétude morale, qui ne manifeste aucun souci. Synon. confiant, rassuré. Vous avez jugé avec raison que j'attendais bien impatiemment une lettre de vous. Enfin me voilà tranquille, puisque votre santé est bonne (LAMENNAIS, Lettres Cottu, 1827, p. 181). Tant que Dieu vivait, l'homme était tranquille: il se savait regardé (SARTRE, Sit. I, 1947, p. 209).
— Soyez tranquille. Ne vous inquiétez pas. Soyez tranquille, Morrel, cette faiblesse, si c'en est une, est pour vous seul (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 443). P. antiphr. [Avec nuance de menace] Soyez tranquille, nous nous retrouverons. Oh! sois tranquille, interrompit Lisbeth. Nous nous reverrons quand je serai madame la maréchale (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 233).
— Laisser tranquille
♦ Laisser qqn tranquille. Ne pas inquiéter, troubler, importuner quelqu'un. Robert nous présenta, mais ne cacha pas à son ami qu'ayant à causer avec moi, il préférait qu'on nous laissât tranquilles (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 410).
♦ Laisser qqn tranquille avec qqn/qqc. Cesser de tourmenter quelqu'un avec quelqu'un/quelque chose. — (...) M. le curé... — Laissez-moi tranquille avec votre curé!... (BERNANOS, Crime, 1935, p. 820).
— Avec valeur adv. Dormir, partir tranquille. Il respirait sans malaise les poussières du charbon, voyait clair dans la nuit, suait tranquille, fait à la sensation d'avoir du matin au soir ses vêtements trempés sur le corps (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1249).
4. Qui révèle un aspect ou un comportement exempt d'inquiétude. Avoir la conscience, l'esprit tranquille. Les cuivres incendiaient le mur du fond, éclairant d'un reflet rose le demi-jour de la pièce. Et là, dans cette ombre dorée, ils mettaient tous les deux leurs petites faces rondes, tranquilles et claires comme des lunes (ZOLA, Page amour, 1878, p. 867). La puissance, le calme, le tranquille gouvernement de soi dans les actions difficiles et dangereuses ont toujours quelque chose de beau (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 54).
5. Qui fait preuve, qui témoigne d'une parfaite assurance, d'une grande sérénité. Synon. serein. Rubens, a-t-on écrit, était tranquille et lucide, ce qui veut dire que sa lucidité lui vint d'un bon sens imperturbable, et sa tranquillité du plus admirable équilibre qui peut-être ait jamais régné dans un cerveau (FROMENTIN, Maîtres autrefois, 1876, p. 34). L'aumônier qui visitait Martin dans sa cellule fut toujours bien accueilli, mais lorsqu'il offrait au condamné les secours de la religion il se heurtait à un refus tranquille (AYMÉ, Derr. chez Martin, 1938, p. 153).
— Fam. Être tranquille que. Être assuré que, avoir la conviction que. Comme il avait trop bouffé j'étais tranquille qu'il roupillerait (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 474).
— Expr. Tranquille comme Baptiste. Qui, en toutes circonstances, fait preuve d'un calme inébranlable. Coupeau (...) fumait de nouveau sa pipe, tranquille comme Baptiste (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 728).
C. — [En parlant d'un animé ou d'un inanimé] Qui, dans son déroulement, s'accomplit régulièrement, sans à-coup, inexorablement. Allure, mouvement, pas tranquille. La pluie tombait sans relâche, du même train tranquille, comme ayant tout le temps, l'éternité, pour noyer la plaine (ZOLA, Page amour, 1878, p. 1034). L'odieux et tranquille ravage de la vieillesse qui s'approche? (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mme Hermet, 1887, p. 1127).
D. — PHARMACOL., vieilli. Baume tranquille. Décoction de plantes employée pour calmer les douleurs rhumatismales. Le docteur Maure me dit de me frotter avec du baume tranquille, mais cela ne me tranquillise pas du tout (MÉRIMÉE, Lettres à une inconnue, t. 2, 1860, p. 83).
Prononc. et Orth.:[]. Graph. ill de valeur [il] provenant de lat. ill devant voy. autre que i, e (GRAMMONT Prononc. 1938, p. 65, ROUSS.-LACL. 1927, p. 153, MART. Comment prononce 1913, pp. 266-269). MART., p. 266: ,,Cette prononciation ne se maintient que dans trois ou quatre mots extrêmement usités ou, au contraire, dans un certain nombre de mots plus ou moins savants``. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) Ca 1470 « paisible, serein » (GEORGES CHASTELLAIN, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 470: que ta mort te rende patience tranquille); b) 1580 (MONTAIGNE, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 218: vie solitaire, tranquille et philosophique); c) 1580 (B. PALISSY, Discours admirable, p. 227: mesme ... lors que les eaux sont les plus tranquilles); d) 1680 (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. A. Duchêne, t. 2, p. 915: Soyez tranquille sur ma santé); e) 1684 baume tranquille (ID., ibid., t. 3, p. 152). Empr. au lat. tranquillus « calme, paisible, serein » (s'est dit d'abord à propos de la mer, puis des hommes, p. oppos. à iratus « irrité », s'est étendu ensuite à toutes sortes de choses, v. ERN.-MEILLET). Fréq. abs. littér.:7 444. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 9 279, b) 12 161; XXe s.: a) 12 743, b) 9 559.
tranquille [tʀɑ̃kil] adj.
ÉTYM. 1460; du lat. tranquillus.
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1 (Concret). Où règnent des conditions relativement stables; où se manifestent un ordre et un équilibre qui ne sont affectés par aucun changement soudain ou radical (par ex. : mouvement; bruit. ⇒ Immobile, silencieux). — REM. Calme est plus objectif que tranquille, qui implique, même dans l'ordre physique, une idée de paix et de sécurité pour l'homme. ⇒ Calme. — Mer, eau tranquille (→ Avancer, cit. 50; érosion, cit. 2; expirer, cit. 8; naufrage, cit. 3). || Air, ciel tranquille (→ Palpiter, cit. 11). || La nuit était tranquille (→ Heure, cit. 47). || « C'était l'heure (cit. 53) tranquille où les lions vont boire ». || « Tout dort (cit. 27), tout est tranquille ». || Un petit golfe (cit. 6) tranquille. || Un endroit, un coin tranquille. ⇒ fam. Pépère (→ Passant, cit. 1; pied-à-terre, cit.). || Maison (→ Entourer, cit. 8; envier, cit. 10; ronron, cit. 2), estaminet (cit. 2) tranquille (→ Indiquer, cit. 3). || Quartier, rues tranquilles (→ Mi-, cit. 4). || « Ce toit tranquille, où marchent des colombes » (cit. 4).
1 À minuit, tout était tranquille depuis longtemps sur les bords du lac; on eût distingué le pas d'un chat.
Stendhal, Romans et nouvelles, « Mina de Vanghel ».
♦ (En parlant des états d'un être vivant). Que rien ne vient troubler. || Tranquille bien-être (cit. 3). || Sommeil tranquille (→ Cours, cit. 1; léthargique, cit. 1). || Engourdis (cit. 13) dans une ivresse tranquille. ⇒ Béat. — (En parlant de mouvements). Qui s'effectue sans agitation, de façon régulière. || D'un pas tranquille et lent (→ Bœuf, cit. 3; nonchalant, cit. 5). || Une entrée (cit. 3) tranquille et silencieuse. || Effort tranquille et puissant (→ Haltère, cit. 1).
♦ (XVIIe; êtres vivants). Qui est, par nature, peu remuant, n'éprouve pas le besoin de mouvement, de bruit. ⇒ Paisible. || Un petit être (2. Être, cit. 22) tranquille et silencieux. || Une vieille femme tranquille qui tricotait toujours (→ Huguenot, cit. 6). || Des voisins tranquilles (→ Lotisseur, cit.). || Bœufs (cit. 5) tranquilles (→ aussi Plat, cit. 1). — Fam. || Un père tranquille. — N. (rare au fém.). || Des sédentaires (cit. 2), des tranquilles. ⇒ fam. Peinard.
♦ Qui est momentanément en repos, qui ne bouge pas. ⇒ Coi. || Il se tenait bien droit et tranquille (→ Frémissement, cit. 14). || Il faut s'enfermer et se tenir tranquille (→ Simoun, cit. 1). || Les enfants, restez tranquilles ! ⇒ Gentil, sage. — Par métaphore. || « Sois sage, ô ma Douleur (cit. 17) et tiens-toi plus tranquille. »
2 (Mil. XVIIe; abstrait). Qui éprouve un sentiment de sécurité (cit. 1), de paix, que rien ne vient inquiéter (→ Remonter, cit. 15). || Tranquille dans mon innocence… ⇒ Confiant (cit. 3). || Je ne puis être tranquille quand tu seras inquiète (→ Sûreté, cit. 4). || Avec un homme aimé des femmes, elle n'est pas tranquille (→ Mariage, cit. 27). || Soyez tranquille : ne vous inquiétez pas (→ Mystère, cit. 18). — Par antiphrase (comme formule de menace). || Soyez tranquille, nous nous retrouverons ! — Ils se sentaient tranquilles de ce côté (→ Nature, cit. 55). || Tranquille dans la possession de…; tranquille possesseur (cit. 5) de… (→ Détenir, cit. 1) : qui n'est pas troublé, inquiété dans la possession de… || Le spectateur tranquille de qqch. (→ Approbateur, cit. 3).
2 Soyez tranquille sur ma santé (…)
Mme de Sévigné, 804, 3 mai 1680.
3 — Quand je pense qu'hier j'étais si tranquille et si loin de me douter de rien !
Hugo, les Misérables, I, VII, III.
♦ ☑ (1808). Tranquille comme Baptiste (par allus. à Baptiste, type comique de niais au calme imperturbable, dans les parades populaires).
♦ ☑ (XVIIIe). Laisser tranquille. || Laisser qqn tranquille : s'abstenir ou cesser de l'inquiéter, de le tourmenter, de le harceler (→ Mœurs, cit. 5; paix, cit. 29 et 37; persuasion, cit. 5). — Cour. || Laissez-moi tranquille avec cette affaire : cessez de m'en parler (→ Exercice, cit. 12; réalité, cit. 13). ⇒ Paix (ficher la). || Laisse-nous tranquilles, et va-t'en : cesse de nous ennuyer (→ 2. Taper, cit. 1). — Par anal. (avec un compl. n. de chose). || Laisse ça tranquille : n'y touche pas, ne t'en occupe plus (→ Ratiociner, cit. 2; et aussi authenticité, cit. 9).
3.1 — Peut-être qu'on peut l'emmener, dit Ludi.
Ludi aimait beaucoup l'enfant.
— Non, dit Jacques, je veux qu'on mange tranquille.
M. Duras, les Petits Chevaux de Tarquinia, p. 18.
♦ ☑ Avoir l'esprit tranquille (→ Chair, cit. 56; reconnaître, cit. 11), la conscience tranquille : n'avoir rien à se reprocher (→ Saigner, cit. 8). || Air, mine, visage tranquille (→ Folie, cit. 11; humeur, cit. 39; portrait, cit. 3). || Orgueil, assurance, conviction tranquille. ⇒ Serein (→ Diagnostiqueur, cit.; exempt, cit. 15; gouvernant, cit. 7). || Un courage tranquille (→ Opposer, cit. 6; profond, cit. 15).
♦ (Avec l'idée de qualité naturelle, d'état permanent ou habituel). || Caractères (cit. 41) doux et tranquilles. || La façon d'être flegmatique (cit. 1) et tranquille des Hollandais. || Âme patiente, tranquille (→ Indifférence, cit. 9). || Esprit tranquille. ⇒ Égal, posé (cit. 43; → Sérieux, cit. 8). || Vie tranquille (→ Frelater, cit. 4; résistance, cit. 8). || Bonheur (→ Limpide, cit. 6), amour tranquille (→ Courtisane, cit. 2). || « Qui goûtant dans le crime une tranquille paix » (→ Front, cit. 11).
4 Il me reçut avec la joie tranquille d'un ermite délivré de nos craintes et de nos espérances (…)
France, le Jardin d'Épicure, p. 279.
3 (XVe). Spécialt. Que n'agite ou ne trouble aucun mouvement de revendication ou de révolte, aucune menace de guerre. ⇒ 2. Trouble (A., 1.). || « Le coin est tranquille, le préfet n'a pas d'histoire » (cit. 55). || Ici tout est très tranquille (→ Revue, cit. 3). || L'Europe était alors tranquille.
5 Ces époques sont singulières (…) Au début, la nation ne demande que le repos; on n'a qu'une soif, la paix; on n'a qu'une ambition, être petit. Ce qui est la traduction de rester tranquille.
Hugo, les Misérables, IV, I, I.
4 (XIXe). Fam. Qui ne se pose pas de problème quant à la réalité de la chose en question, qui est sûr de ce qu'il avance. || Il ne reviendra pas, je suis tranquille, j'en suis certain. || Vous pouvez être tranquille qu'il n'est pas chez lui à cette heure-ci.
5 Adv. Fam. Tranquillement (var. : tranquillos [tʀɑ̃kilos]). — (En reprise). Sans difficulté, facilement.
6 — Tordus comme ils sont, je doute fort qu'ils t'aient cru !
— Tranquille ! Ils m'ont même fait remarquer que je devenais casanier.
Martin Rolland, la Rouquine, p. 186.
———
II (1684). Techn. Qui tranquillise, qui calme. || Baume (1. Baume, cit. 6) tranquille.
❖
CONTR. Agité, bruyant, enflammé, fougueux, furieux; anxieux, défiant, inquiet, ombrageux, tourmenté, troublé.
DÉR. Tranquillement.
Encyclopédie Universelle. 2012.