envier [ ɑ̃vje ] v. tr. <conjug. : 7>
• 1165; de envie
1 ♦ Éprouver envers (qqn) un sentiment d'envie (I, 1o et 2o), soit qu'on désire ses biens, soit qu'on souhaite être à sa place. ⇒ jalouser. Envier les autres, qqn d'heureux, qqn qui réussit. Tout le monde l'envie. — Je vous envie d'être si peu frileux !
2 ♦ ENVIER (qqch.) À (qqn) :éprouver un sentiment d'envie envers (qqch.) que possède, dont jouit (qqn). ⇒ convoiter, désirer. « Ce n'était pas qu'elle lui enviât sa portion de l'héritage paternel » (Green).
3 ♦ (v. 1200) ENVIER (qqch.) :souhaiter, désirer pour soi-même, avoir envie de (qqch.). J'envie votre situation. « Me voilà devenu assez vieux pour envier la gaieté des autres » (Flaubert). — P. p. adj. Un titre envié. — « Plus d'un, en apercevant ces coquettes résidences, si tranquilles, enviait d'en être le propriétaire » (Flaubert). — Loc. N'avoir rien à envier à : avoir les mêmes qualités (ou défauts) que. N'avoir rien à envier à personne : n'avoir rien à désirer, être comblé. « un ensemble d'une richesse, d'une élégance féerique [...] qui n'a rien à envier à aucun art » (Gautier).
⊗ CONTR. Aimer, vanter . Mépriser, rejeter.
● envier verbe transitif Éprouver à l'égard de quelqu'un un sentiment d'envie, de jalousie ; jalouser : Il envie ses voisins. Désirer ardemment un avantage que quelqu'un a, ou regretter de ne pas l'avoir : Je vous envie votre mémoire. ● envier (difficultés) verbe transitif Conjugaison Attention au redoublement du i aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous enviions, (que) vous enviiez. ● envier (expressions) verbe transitif N'avoir rien à envier à, avoir des avantages au moins égaux à ceux de quelqu'un, être dans une situation aussi favorable, et, ironiquement, être dans une situation aussi désavantageuse que quelqu'un. ● envier (homonymes) verbe transitif ● envier (synonymes) verbe transitif Éprouver à l'égard de quelqu'un un sentiment d'envie, de jalousie ;...
Synonymes :
- jalouser
Désirer ardemment un avantage que quelqu'un a, ou regretter de...
Synonymes :
envier
v. tr.
d1./d Envier qqn, regretter de n'être pas à sa place, ou de ne pas posséder un bien, un avantage dont il jouit.
d2./d Envier qqch à qqn: désirer qqch qu'il possède. On vous envie votre réussite.
|| N'avoir rien à envier à: n'être en rien inférieur à.
⇒ENVIER, verbe trans.
A.— Éprouver de l'envie, du désir; avoir envie.
1. [Le compl. dir. désigne une chose] Désirer, posséder. Envier une terre. Il ne s'occupait pas si elle enviait un bijou ou voulait une robe (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 216) :
• 1. — Il était capitaine de vaisseau, mon ami. N'était-ce pas prévenir toute recherche, et en même temps se poser très haut, par cette prétendue fascination exercée sur un homme qui devait être de nature belliqueuse et accoutumé à des hommages? (...) il envia des épaulettes, des croix, des titres. Tout cela devait lui plaire : ...
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 2, 1857, p. 118.
2. [Le compl. dir. désigne une pers., les biens ou les qualités de cette pers.] Porter envie à quelqu'un soit par estime ou admiration, soit par désir de jouir pour soi-même de biens de même nature.
a) [L'envie se porte sur la pers. elle-même] Envier son frère, ceux qui... Tenez, je vous envie, je voudrais être à votre place (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 137). On enviait Mme Cottard que la patronne appelait par son prénom (PROUST, J. Filles en fleurs, 1918, p. 601) :
• 2. Il dut se trouver beaucoup de jeunes gens dynamiques pour envier Chanute, pour rêver de l'imiter et pour s'essayer, eux aussi, à voler de leurs propres ailes.
P. ROUSSEAU, Hist. des techniques et des inventions, 1967, p. 358.
— En partic. Envier une femme. La désirer. Il enviait une femme dont la possession était impossible (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 150).
— [Avec la construction de + inf.] Je t'envie de faire un journal (LAMART., Corresp., 1831, p. 134). Les amis du jeune homme riche l'enviaient d'avoir une maîtresse si bien habillée (PROUST, J. Filles en fleurs, 1918 p. 682).
b) [L'envie se porte sur les biens, la prospérité, les talents, les dons, le bonheur d'une pers.] Envier le sort de qqn. La position, la fortune des autres, que nous souhaitons, désirons, envions (GONCOURT, Journal, 1866, p. 251). Il n'est peut-être pas de don que j'envie plus que le « don des langues », et qui m'ait été plus chichement accordé (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1190).
— Absol. Enviez, désirez, imaginez, cœurs de vingt ans; élargissez-vous! (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 120).
♦ À la forme négative. Ne plus rien envier. Être comblé. N'avoir rien à envier à qqn. Ne pas être en dessous, en reste. Padoue n'avait rien à envier à sa rivale [Milan] (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 58). Armand de retour, Jeanne ne regrettait et n'enviait plus rien (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 314).
B.— Péj. Éprouver du mécontentement, de l'amertume en considérant les biens, la supériorité, la réussite ou le bonheur d'autrui.
1. [Avec un sentiment de tristesse ou de jalousie] Je les connais. Ils envient des succès et me jalousent à cause des regards d'Inès (CAMUS, Chev. Olmedo, 1957, 3e journée, 3, p. 787). Le département de la marine envie celui de l'aviation qui a le monopole du transport de la bombe (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 70).
2. [Avec des sentiments de haine, de méchanceté] « Ceux qui envient ou calomnient les grands hommes haïssent Dieu, car il n'est point d'autre Dieu » (DU BOS, Journal, 1925, p. 391) :
• 3. Il comprit sa vie petitement et jalousa tout ce qui n'était pas flétri et brisé comme lui. Il envia jusqu'aux titres, jusqu'aux richesses des autres hommes. Il fut saisi d'une haine instinctive contre le cardinal...
SAND, Lélia, 1839, p. 509.
— Emploi pronom. réciproque. S'envier l'un l'autre, les uns les autres. Faux semblant d'amitié qui ne les empêche pas de s'envier, de se haïr et de se mépriser (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 15).
Prononc. et Orth. :[], (j')envie []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1120-50 « éprouver un sentiment de jalousie envers quelqu'un » (Gd mal fit Adam, I, 9 ds T.-L.). Dénominatif de envie; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 1 521. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 112, b) 2 134; XXe s. : a) 2 105, b) 2 254. Bbg. MARTIN (E.). S'il est vrai que envier qqn doit être remplacé par porter envie à qqn. Le Courrier de Vaugelas. 1872, t. 3, p. 178.
envier [ɑ̃vje] v. tr.
ÉTYM. Av. 1150; de envie.
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1 Compl. n. de personne. Éprouver envers (qqn) un sentiment d'envie (I., 1. et 2.) soit qu'on désire ses biens, soit qu'on souhaite être à sa place. ⇒ Haïr, jalouser; envie (porter envie à). || Envier les autres. || Envier les gens heureux (→ Avide, cit. 7). || Tout le monde l'envie. || Les gens qui réussissent sont souvent enviés (→ Ancien, cit. 7). — Pron. || S'envier mutuellement.
♦ Envier (qqn) de (qqch.). || Je vous envie d'être si peu frileux ! || Je l'envie de savoir garder son sang-froid (→ Déchiffrer, cit. 8).
1 (…) les gens de bien sont enviés toujours.
Molière, Tartuffe, V, 3.
2 (…) il me semble que non seulement je me plains, mais encore que j'envie les autres.
Mme de Sévigné, 1028, 28 juil. 1687.
3 C'est un des rares points où j'envie les nobles. Ils connaissent leur généalogie.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, IV, p. 53.
♦ Absolt. || Les méchants envient (→ Admirer, cit. 6).
2 Compl. n. de chose. || Envier (qqch.) à (qqn) : éprouver un sentiment d'envie envers (qqch.) que possède, dont jouit (qqn). ⇒ Convoiter, désirer. Rare en emploi concret. || Je lui envie sa voiture. — Abstrait. || Il envie aux enfants leur naïveté (→ Coûter, cit. 6). || Je ne lui envie pas son pouvoir, sa situation (peut être compris au sens 3.).
4 Il envie à ses propres valets (…) la plus petite pièce de monnaie qu'ils auront ramassée dans les rues (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, « L'impudent ».
5 L'idée seule d'établir de nouveaux rapports avec la malade ne pouvait, en effet, que déplaire à Adrienne (…) Ce n'était pas qu'elle lui enviât sa portion de l'héritage paternel (…)
J. Green, Adrienne Mesurat, p. 157.
3 (V. 1200). || Envier (qqch.) : souhaiter, désirer pour soi-même (qqch.). ⇒ Désirer. || J'envie votre bonheur (cit. 32). || Envier le calme, le repos de qqn. || J'envie votre appétit. || Vos amis envient votre esprit, votre intelligence (→ Application, cit. 10). || Envier une situation. || J'envie votre sort. || Envier la richesse, la fortune de qqn.
6 Mourir des mains d'Annette est un sort que j'envie.
La Fontaine, Fables, X, 10.
7 Les hommes (…) envient les places qui demeurent vacantes, ou ils s'informent si elles sont remplies et par qui.
La Bruyère, les Caractères, XVI, 18.
8 C'est par le peu qu'il sait, par le peu qu'il envie,
Que l'homme est sage. Aimons, le printemps est divin (…)
Hugo, la Légende des siècles, XXXVI, IV.
9 Me voilà devenu assez vieux pour envier la gaieté des autres.
Flaubert, Correspondance, t. II, p. 382.
♦ Envier de (faire qqch.) :
10 Plus d'un, en apercevant ces coquettes résidences, si tranquilles, enviait d'en être le propriétaire, pour vivre là jusqu'à la fin de ses jours, avec un bon billard, une chaloupe, une femme ou quelque autre rêve.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, I, 1.
♦ ☑ Loc. N'avoir rien à envier à personne : n'avoir rien à désirer, être comblé. — (En parlant d'une chose). || N'avoir rien à envier à : être au moins égal à, être de même qualité que (ou d'une qualité supérieure).
11 (…) un ensemble d'une richesse, d'une élégance féerique, dont l'équivalent ne se rencontre que dans les Mille et une Nuits, et qui n'a rien à envier à aucun art.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 240.
4 (Mil. XVIe). Vx. || Envier qqch à qqn : ne pas accorder, refuser (qqch.). — REM. S'est employé surtout en négation ou en interrogation.
12 Puisque Cid en leur langue est autant que seigneur,
Je ne t'envierai pas ce beau titre d'honneur (…)
Corneille, le Cid, IV, 3.
13 Pourquoi m'enviez-vous l'air que vous respirez ?
Racine, Bérénice, IV, 5.
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envié, ée p. p. adj.
♦ || Des gens enviés. — N. || Les envieux et les enviés. || Un poste très envié. || Une situation enviable et enviée.
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CONTR. Aimer, vanter. — Mépriser, rejeter. — Donner, laisser.
DÉR. Enviable.
Encyclopédie Universelle. 2012.