sot, sotte [ so, sɔt ] adj. et n.
• XIIe ; o. i.
1 ♦ Vieilli ou région. Qui a peu d'intelligence et peu de jugement. ⇒ bête, borné, imbécile, inintelligent, stupide. « On n'est pas jolie quand on est aussi sotte » (Léautaud). « J'espère que tu ne me crois pas assez sot pour me fâcher » (Musset). — Privé momentanément d'intelligence, de jugement (du fait de la surprise, de l'embarras...). ⇒ confus, déconcerté. Se trouver sot, tout sot. ⇒ bête, penaud. — Fam. avec un sens affaibli Qu'il est sot ! ⇒ 2. bêta, région. niaiseux, nunuche.
♢ N. « Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire » (Boileau). Vous n'êtes qu'un sot. ⇒ crétin, niais, nigaud. Triple sot ! Un jeune sot. ⇒ béjaune, blanc-bec, dadais. Jeune sotte. ⇒ pécore, péronnelle. Elle faillit étrangler sa gouvernante « qui l'avait appelée petite sotte » (Gobineau).
2 ♦ (Choses) Qui dénote une absence d'intelligence, de jugement. ⇒ absurde , inepte, ridicule, stupide . « De toutes les fidélités, celle à soi-même est la plus sotte » (A. Gide). C'est sot, assez sot. « Dans un monde de voleurs, il est sot d'être honnête » (Alain). — PROV. Il n'y a pas de sot métier (il n'y a que de sottes gens). À sotte demande, point de réponse.
3 ♦ (XVe) Hist. littér. Personnage de fou, de bouffon; acteur jouant dans les sotties du Moyen Âge. « Le fameux jongleur qui fonda le théâtre des Enfants-sans-Souci et porta le premier le titre de Prince des Sots » (Nerval).
⊗ CONTR. Avisé, 2. fin, habile, intelligent, spirituel; 1. brillant, éveillé.
⊗ HOM. Saut, sceau, seau.
● sot, sotte adjectif et nom (radical expressif sott-) Qui manque d'intelligence, de jugement : Elle a été assez sotte pour refuser. ● sot, sotte (citations) adjectif et nom (radical expressif sott-) Jules Amédée Barbey d'Aurevilly Saint-Sauveur-le-Vicomte 1808-Paris 1889 L'avantage de la gloire — avoir un nom trimbalé par la bouche des sots ! Disjecta membra Jules Amédée Barbey d'Aurevilly Saint-Sauveur-le-Vicomte 1808-Paris 1889 Être poli avec un sot, c'est s'en isoler. Quelle bonne politique ! Disjecta membra Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 Ainsi qu'en sots auteurs, Notre siècle est fertile en sots admirateurs. L'Art poétique Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire. L'Art poétique Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 Le public, le public !… Combien faut-il de sots pour faire un public ? Caractères et anecdotes Jean-François Casimir Delavigne Le Havre 1793-Lyon 1843 Académie française, 1825 Plus une calomnie est difficile à croire, Plus pour la retenir les sots ont de mémoire. Louis XI Jacques Du Lorens Tillières-sur-Avre 1580-Châteauneuf-en-Thimerais 1655 Je n'en veux point aux sots, j'en veux à la sottise. Les Satires du sieur Lorens Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Rien n'est humiliant comme de voir les sots réussir dans les entreprises où l'on échoue. L'Éducation sentimentale Élie Fréron Quimper 1718-Montrouge 1776 Quand un vrai génie paraît dans le monde, on le distingue à cette marque : tous les sots se soulèvent contre lui. Lettres sur quelques écrits de ce temps Émile Gaboriau Saujon 1832-Paris 1873 Le hasard, voyez-vous, ne sert que les hommes forts et c'est ce qui indigne les sots. L'Affaire Lerouge André Gide Paris 1869-Paris 1951 « Avoir raison »… Qui donc y tient encore : quelques sots. Journal Gallimard Nicolas Joseph Florent Gilbert Fontenoy-le-Château, Vosges, 1750-Paris 1780 La faim mit au tombeau Malfilâtre ignoré ; S'il n'eût été qu'un sot, il aurait prospéré. Le XVIIIe Siècle Jean-Baptiste Louis Gresset Amiens 1709-Amiens 1777 Les sots sont ici-bas pour nos menus plaisirs. Le Méchant Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Un sot ni n'entre, ni ne sort, ni ne s'assied, ni ne se lève, ni ne se tait, ni n'est sur ses jambes, comme un homme d'esprit. Les Caractères, Du mérite personnel François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Un homme d'esprit serait souvent bien embarrassé sans la compagnie des sots. Maximes Charles Joseph, prince de Ligne Bruxelles 1735-Vienne 1814 L'amour-propre d'un sot est aussi dangereux que celui d'un homme d'esprit est utile. Mes écarts Charles Joseph, prince de Ligne Bruxelles 1735-Vienne 1814 Il y a deux espèces de sots : ceux qui ne doutent de rien et ceux qui doutent de tout. Mes écarts Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Un sot savant est sot plus qu'un sot ignorant. Les Femmes savantes, IV, 3, Clitandre Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Vous êtes un sot en trois lettres, mon fils. Le Tartuffe, I, 1, Mme Pernelle Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 On peut faire le sot partout ailleurs, mais non en la poésie. Essais, II, 17 Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Le secret d'un homme d'esprit est moins secret que le secret d'un sot. Choses tues Gallimard Homère IXe s. avant J.-C. Le plus sot s'instruit par l'événement. L'Iliade, XVII, 32 (traduction P. Mazon) Bible Comme le chien revient à son vomissement, le sot retourne à sa folie. Ancien Testament, Livre des Proverbes XXVI, 11 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Francis Bacon, baron Verulam Londres 1561-Londres 1626 Le silence est la vertu des sots. Silence is the virtue of fools. Apophtegms, 31 William Blake Londres 1757-Londres 1827 Un sot ne voit pas le même arbre qu'un sage. A fool sees not the same tree that a wise man sees. The Marriage of Heaven and Hell George Villiers, 2e duc de Buckingham Londres 1628-Kirkby Moorside, Yorkshire, 1687 Pour la plus grande part, le monde se compose de sots et de coquins. The world is made up for the most part of fools and knaves. To Mr. Clifford, on his Human Reason Robert Burton Lindley, Leicestershire, 1577-Oxford 1640 Car les sots et les fous disent généralement la vérité. For fools and mad men tell commonly truth. The Anatomy of Melancholy, II William Cowper Great Berkhampstead, Hertfordshire, 1731-East Dereham, Norfolk, 1800 De temps à autre, un sot, par hasard, doit avoir raison. A fool must now and then be right by chance. Conversation, 96 William Hazlitt Maidstone, Kent, 1778-Londres 1830 J'ai toujours peur d'un sot. On n'est jamais sûr qu'il ne s'agit pas aussi d'un coquin. I am always afraid of a fool. One cannot be sure that he is not a knave as well. Characteristics ● sot, sotte (homonymes) adjectif et nom (radical expressif sott-) saut nom masculin sceau nom masculin seau nom masculin saute nom féminin ● sot, sotte (synonymes) adjectif et nom (radical expressif sott-) Qui manque d'intelligence, de jugement
Synonymes :
- crétin (familier)
- idiot
- imbécile
● sot, sotte
adjectif
Littéraire. Qui manifeste soudain de l'embarras, de la confusion, face à une situation qui le déconcerte : Sa méprise l'a rendu tout sot.
Qui dénote une absence d'esprit, de jugement : Il n'est pas permis d'agir de façon aussi sotte !
Qui est à la fois fâcheux, regrettable et absurde : Comment sortir de cette sotte affaire ?
● sot, sotte (synonymes)
adjectif
Littéraire. Qui manifeste soudain de l'embarras, de la confusion, face à...
Synonymes :
- déconcerté
- gêné
- honteux
- penaud
Qui dénote une absence d'esprit, de jugement
Synonymes :
- bête
- idiot
- stupide
Qui est à la fois fâcheux, regrettable et absurde
Synonymes :
- absurde
- déraisonnable
- inepte
- ridicule
- saugrenu
sot, sotte
adj. et n.
d1./d (Personnes) Qui est sans intelligence ni jugement.
|| Subst. "Un sot savant est sot plus qu'un sot ignorant" (Molière).
d2./d (Choses) Qui dénote la sottise. Une sotte idée.
⇒SOT, SOTTE, adj. et subst.
I. — Adj. [Pour indiquer un défaut ou une erreur de jugement]
A. — [Qualifie une pers.]
1. Qui est dénué d'intelligence, de bons sens. Synon. balourd, bête, borné, idiot, imbécile, niais, obtus, stupide; anton. avisé, clairvoyant, intelligent, sage, sensé. Homme sot; femme, fille sotte; sotte créature; sot animal; être sot(te) et laid(e). Sottes gens que ces auteurs de morale qui n'ont pas le souci ni le sens de ces inconséquences constantes, et qui vont droit devant eux en raisonnant sur les choses qui devraient se passer comme elles ne se passent pas en effet (BLONDEL, Action, 1893, p. 170):
• 1. Lorsque l'homme est suffisamment et solidement sot, lorsqu'il ne se doute même pas des différences de valeurs logiques, qu'il ne sent pas l'escamotage des objections, qu'il confond des impressions primitives, naïves, avec l'authenticité, etc. l'opinion en lui se baptise conviction.
VALÉRY, Tel quel II, 1943, p. 299.
a) Fam. [Par affaiblissement de sens; dans des expr. du type être bien/assez sot de/pour...] Déraisonnable. Synon. être bien/assez bête. Je mourais de colère contre moi-même: quoi! j'avais été assez sot pour parler à mes parents de ce qui m'intéressait? (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 300). Ce double mouvement des épaules signifie ainsi, par sa nature même: « Ce n'était que cela; je suis bien sot de m'émouvoir » (ALAIN, Propos, 1910, p. 79).
b) Empl. subst. Synon. idiot, imbécile; (fam.) abruti, andouille, crétin. Un(e) jeune, grand(e) sot(te); passer pour un sot. Votre cousine est une petite sotte, sans éducation, commune, sans dot, et qui passe sa vie à raccommoder des torchons (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 61). Les sots sont sots exprès et admirablement. J'en connais cent, qui se font bêtes parce qu'on les croit bêtes. Tout enfant a fait cette expérience; le visage sévère, méprisant, blâmant déjà, vous rappelle à une sorte de devoir; vous êtes niais par politesse (ALAIN, Propos, 1931, p. 1010).
— Locutions
) [Pour atténuer ou renforcer l'appréciation qu'implique le subst. seul]
♦ Demi-sot (en compos.), triple sot. Tu t'es endormi tranquillement avec l'espoir de te réveiller, de voir luire des jours meilleurs (...) Triple sot! (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 18). Vu ces jours-ci un homme que Stendhal eût appelé un demi-sot. Le demi-sot en question a des parties d'intelligence que je ne songerais pas à nier; il est même, quelquefois, assez brillant, mais profondément c'est un sot et l'on dirait que ce qu'il a d'intelligence ne sert qu'à alimenter sa sottise (GREEN, Journal, 1945, p. 255).
♦ Sot en trois lettres. Extrêmement sot. Aux yeux de quiconque n'est point un sot, en trois lettres, toutes les sciences sont intéressantes (M. BLOCH, Apol. pour hist., 1944, p. XI).
) Vieilli ou littér. Quelque sot! [P. ell. du syntagme verbal quelque sot pourrait le croire, le dire, le faire, etc.] Fallait-il donc repousser la fortune pour braver le péril? Quelque sot! Saint Thomas de Cantorbéry n'accepta-t-il pas les châteaux de Henri II? (MÉRIMÉE, Abbé Aubain, 1847, p. 170). Vous en vouloir, moi? Quelque sot! (VERLAINE, Œuvres compl., t. 3, Dédic., 1890, p. 95).
2. Qui manifeste de la confusion, de l'embarras, de la maladresse. Synon. déconcerté, embarrassé, interdit, troublé. Se trouver (tout) sot. Lorsque (...) on voulut enlever le mobilier, Desroches, un peu sot de s'être laissé pincer par son confrère (telle fut son expression), s'y opposa (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 595). On venait de bien rire avec les hirondelles: l'Antoinette se croyait de les attraper, comme on attrape des mouches. Elle faisait « plouf » en l'air, avec sa petite main chaque fois qu'il en passait une. Puis elle restait sotte en ouvrant ses doigts (GIONO, Gd Troupeau, 1931, p. 80).
— [Qualifie le comportement, la physionomie d'une pers.] Faire une sotte figure. Grand dieu! Comme la timidité donne l'air sot à l'homme le plus aimable! (STENDHAL, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 13). Il se troubla, il prit une mine sotte (ZOLA, Terre, 1887, p. 19).
B. — [Qualifie une chose]
1. [Qualifie une manifestation de l'esprit humain] Qui dénote, traduit une absence d'intelligence, de jugement, de bon sens. Synon. idiot, imbécile, stupide; anton. sage, sensé. Sotte demande; sotte manie; sotte question; sot orgueil; sots propos. L'affirmative n'est pas soutenable; mais que dirait-on si elle était soutenue par des docteurs qui, tout en décriant la médecine, vous soumettraient eux-mêmes à un traitement fondé sur un vieil empirisme et sur les plus sots préjugés? (SAY, Écon. pol., 1832, p. 43):
• 2. Je lis un assez sot article dans le Mercure (du 16 février dernier) sur Salammbô et l'archéologie punique. « L'erreur de Flaubert », y est-il dit, « où Flaubert se trompe... » Je ne suis pas convaincu que M. Pezard, l'auteur de l'article, ne se soit pas trompé davantage en lisant Salammbô.
GIDE, Journal, 1908, p. 266.
2. [Qualifie un événement, une situation] Grotesque, ridicule. Synon. fâcheux. C'est une assez sotte coutume de faire cadeau d'armes à feu aux sauvages! (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 163). S'ils avaient écouté la voix de la raison (...). L'amour libre aurait remplacé les sottes conventions du mariage (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 10).
— Expr. Il n'y a pas de sot métier.
3. [Dans une tournure impers.] Thierry démontre, à propos des barbares, combien il est sot de rechercher si tel prince fut bon ou fut mauvais (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 122). Cela paraît bien sot à dire, et pourtant c'est la vérité: toutes les apparences sont contre moi et j'ai l'air de jouer une affreuse comédie (BERNANOS, Joie, 1929, p. 691).
4. P. anal., pop. Engourdi par le froid. Synon. gourd. Des mains sottes, des mains dont on ne peut se servir (FRANCE 1907).
II. — Subst., HIST. LITTÉR. [Au Moy. Âge] Personnage de bouffon, de fou jouant dans une sotie. Le mardi gras de l'année 1511 est surtout mémorable dans l'histoire du théâtre par la représentation du Prince des sots et de Mère-sotte, qui se donna aux halles de Paris (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p. 204).
♦ Fête des Sots. Fête annuelle célébrée par des sociétés nommées « soties ». (Dict. XIXe et XXe s.).
REM. 1. Sosot, -otte, adj. et subst., synon. de sot, sotte. [P. affaiblissement, atténuation] La préfète: jeune, fraîche, boulotte, un peu sosotte (GYP, Gde vie, 1891, p. 58). « Savez-vous, ma mère », insistait Sabine, « comment cette petite sosotte appelle cet animal? » (BOURGET, Geôle, 1923, p. 13). Var. sossot (ds FRANCE 1907 et CAR. Argot 1977). 2. Sotiot, subst. masc., région. (Berry), synon. de sot, sotte. Pourquoi donc ne voulez-vous pas que je raconte à maître Pierre ce qui s'est passé à son sujet tantôt avec ce grand sotiot de Polydore (SAND, Compagn. Tour de Fr., 1840, p. 159).
Prononc. et Orth.:[so], fém. []. Vestiges d'un masc. []. (Ds FÉR. Crit. t. 3 1788, NOD. 1844, LITTRÉ, ROUSS.-LACL. 1927, p. 171, GRAMMONT Prononc. 1938, p. 94), de nature peut-être expressive (LITTRÉ). MART. Comment prononce 1913, p. 328: ,,On prononçait le t de sot et mot devant un repos comme devant une voyelle`` Ac. 1694: sot, -ote; dep. 1718: sotte. Étymol. et Hist. 1. a) 1155 soz adj. « qui manque d'intelligence, de jugement » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 5570); fin XIIe s. sos subst. « insensé, personne qui manque d'intelligence, de jugement » (Sermons St Grégoire sur Ezechiel, éd. K. Hofmann, p. 19: li sos vet en tenebres [Eccl. 2, 14]); b) 1655 sot adj. « embarrassé, confus » (MOLIÈRE, Etourdi, 870: un homme [...] qui s'est trouvé fort sot); 2. a) 2e moit. XIIIe s. [date ms.] sot subst. « fou, bouffon » (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. W. Roach, 4077 [fol ds éd. F. Lecoy, 4059]); b) 1387 « personnage de fou, de bouffon, dans une sotie » ([Arch. nat.] JJ 130, pièce 271 ds LA CURNE: le jeu des sos); 3. a) av. 1453 « qui ne dénote ni intelligence, ni jugement (en parlant de quelque chose) » (MONSTRELET, Chron., l. 1, chap. 78, éd. L. Douët-D'Arcq, t. 2, p. 185: ledit duc de Bourgongne, voiant leur sote et rude manière); b) 1783 proverbe il n'y a point de sot métier (MIRABEAU, Le Libertin de qualité, Paris, Bibl. des curieux [1911], p. 102). Du lat. médiév. sottus « sot » (ca 800, THEODULF ds DU CANGE et BLAISE Latin. Med. Aev.), d'orig. inc., peut-être issu d'un rad. sott- (FEW t. 12, pp. 508-512). Fréq. abs. littér.:2 769. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 5 272, b) 3 445; XXe s.: a) 4 007, b) 3 020. Bbg. HASSELROT 1957, p. 218. — LERAT (P.). Le Ridicule et son expression dans les comédies fr. de Scarron à Molière. Thèse, Paris, 1978, pp. 215-244.
sot, sotte [so, sɔt] adj. et n.
ÉTYM. V. 1155, n.; adj., XVe; orig. inconnue; p.-ê. de sopire « endormir, engourdir », à condition que le o long du lat. se soit transformé en o bref dans un dér. sopitus (Guiraud).
❖
1 Vieilli ou régional (langue parlée); légèrement affecté (langue écrite). — REM. En épithète, l'adj. antéposé ajoute à l'impression d'archaïsme.
a Adj. Qui a peu d'intelligence et peu de jugement. ⇒ Bête, borné, imbécile, idiot, inintelligent, stupide; (fam.) sosot (→ Déplaisant, cit. 1; maltraiter, cit. 8). || Un grand benêt (cit. 1) de fils aussi sot que son père. — Il est sot comme un panier (cit. 6), comme une carpe. || Assez sot pour dire, faire… (→ Chèrement, cit. 3; filer, cit. 12; patience, cit. 4). || « … les gens étaient sots de témoigner tant d'allégresse » (cit. 4). ⇒ Malavisé, poire. || Elles sont trop sottes (→ Plier, cit. 18). || Il n'est pas sot, point sot (→ Facétie, cit. 1; fagotage, cit. 2; neuf, cit. 15), pas si sot (→ Grelot, cit. 3; lune, cit. 12). || « Ah ! les sottes gens (cit. 33) que nos gens ! » — Fam, avec un sens affaibli. || Qu'il est sot ! ⇒ Bêta.
1 Non, non, elle n'était pas jolie. Toujours la même histoire : l'effet de l'illusion amoureuse. On n'est pas jolie quand on est aussi sotte. La beauté sans esprit n'est pas la beauté. Mieux vaut une laide avec de l'esprit.
Paul Léautaud, Journal littéraire, t. I, p. 81, note 1.
♦ Vx. || Être sot de qqn, amoureux. ⇒ Assoté.
♦ Vx. Privé momentanément d'intelligence, de jugement (du fait de la surprise, de l'embarras…). ⇒ Confus, déconcerté (→ Maudire, cit. 5). || Le jeune homme est souvent sot et timide (→ Circonspect, cit. 4). || Se trouver sot, tout sot. ⇒ Penaud (→ Falot, cit. 2; pincer, cit. 22). — Par ext. || Faire sotte figure, sotte contenance.
♦ Vx (langue classique). Dupe.
b N. || Un sot, une sotte. ⇒ Âne, crétin, niais. || « Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire » (cit. 4). || « Un sot n'a pas assez d'étoffe pour être bon » (cit. 65). || « Un sot savant est sot plus qu'un sot ignorant » (cit. 11). ☑ Être un sot, n'être qu'un sot (→ Énigme, cit. 2; impudent, cit. 1), un sot en trois lettres (Molière, Tartuffe, I, 1), un grand sot (→ Influer, cit. 6). || Triple sot ! || Un jeune sot. ⇒ Béjaune, dadais. || Jeune sotte. ⇒ Pécore, péronnelle. || Comme un sot (→ Muet, cit. 19; panneau, cit. 1; posséder, cit. 41). || Les sots (→ Bâtir, cit. 36; bêtise, cit. 11; difficile, cit. 2; échouer, cit. 6; entendre, cit. 15). || « Les préjugés sont la raison des sots » (→ Conclure, cit. 10).
2 — Et qui est ce sot-là qui ne veut pas que sa femme soit muette ?
Molière, le Médecin malgré lui, II, 4.
3 Elle avait dix ans quand elle faillit étrangler, au détour d'un escalier, sa gouvernante, la digne Mlle Martinet, qui l'avait appelée petite sotte, huit jours auparavant (…)
A. de Gobineau, Nouvelles asiatiques, p. 29.
4 Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n'avez que les trois qui forment le mot : Sot !
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, I, 4.
♦ Fam. (dans un sens affaibli). ⇒ Benêt, bêta. || Petit sot, grand sot, se dit, de nos jours, en s'adressant à un enfant qui a commis une « sottise ».
♦ (1584). Par euphém. (Vx). Cocu (→ Abus, cit. 8).
2 (Av. 1453). Choses. (L'adj. épithète semble être le plus souvent antéposé). Qui ne dénote ni intelligence ni jugement. ⇒ Absurde, inepte, ridicule. || Une sotte envie de discourir (cit. 4). || Sotte harangue (cit. 6), sottes médisances (cit. 4)… || Sotte vanité (→ Étalage, cit. 5; imprudence, cit. 1), sotte fierté (cit. 4). ⇒ Vain (vaine gloire). || Une sotte admiration (→ Piper, cit. 4); une admiration assez, très sotte. || Sotte confiance. || « Le sot projet qu'il a de se peindre ! » (cit. 28, Pascal à propos de Montaigne). || C'est une sotte chose (→ aussi Glisser, cit. 39; perfectibilité, cit. 2), il est sot de… (→ Récompenser, cit. 6). || C'eût été trop sot (→ Pommer, cit.). || Sotte affaire ! ⇒ Fâcheux. — ☑ Prov. Il n'y a pas de sot métier (cit. 11).
5 De toutes les fidélités, celle à soi-même est la plus sotte — dès qu'elle n'est plus spontanée.
Gide, Prétextes, p. 87.
B (XIVe). Hist. littér. Personnage de fou, de bouffon, acteur jouant dans les soties du moyen âge (→ Fatrasie, cit. 2). || La fête des sots, dérivée de l'ancienne Fête des fous. || Confréries de sots. || Princes des sots.
6 Son habillement était un vieux costume de bouffon (…) maître Gonin était le nom que tout le monde lui donnait, soit à cause de son habileté et de ses tours d'adresse, soit qu'il descendît effectivement de ce fameux jongleur qui fonda, sous Charles VI, le théâtre des Enfants-sans-Souci et porta le premier le titre de Prince des Sots (…)
Nerval, Contes et facéties, « La main enchantée », IV.
❖
CONTR. Avisé, fin, habile, intelligent, spirituel. — Brillant, éveillé.
DÉR. Sosot, sottement, sottise. — (Du sens B.) Sotie.
COMP. Assoter, sot-l'y-laisse.
HOM. (Du masc.) Saut, sceau, seau.
Encyclopédie Universelle. 2012.