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idiot

idiot, idiote [ idjo, idjɔt ] adj. et n.
idiote « ignorant » 1180; lat. idiôtes « sot », gr. idiotês « simple particulier », d'où « étranger à un métier, ignorant »
I Adj.
1(1660) Qui manque d'intelligence, de bon sens. bête, imbécile, sot, stupide. Elle est idiote, complètement idiote. Comme cela, je ne mourrai pas idiot, j'aurai appris quelque chose. — (XVIIIe) Réflexion, question idiote. Air idiot. niais. Je dois « confesser mon faible pour les films français complètement idiots » (A. Breton). Un accident idiot. absurde. Impers. Ce serait idiot de refuser.
2(1765 ) Méd. Atteint d'idiotie.
II N.
1Personne dénuée d'intelligence, de bon sens. crétin, imbécile; fam. con. Me prenez-vous pour un idiot ? Espèce d'idiot ! Faire l'idiot : simuler la bêtise, la naïveté; faire le malin en prenant des risques. Fais pas l'idiot ! mariolle.
2Méd. Personne atteinte d'idiotie. Un idiot congénital. « trois pauvres idiotes [...] dégoûtantes de laideur et de crétinisme » (Flaubert). Fam. L'idiot du village : le simple d'esprit, l'innocent.

idiot, idiote adjectif et nom (latin idiota, du grec idiôtês, ignorant) Qui est dépourvu d'intelligence, de bon sens : Vous me prenez vraiment pour un idiot ! Qui, dans une circonstance particulière, agit de façon irréfléchie ou maladroite : Idiot ! tu m'as marché sur le pied. Vieux. Se dit d'un sujet atteint d'idiotie. ● idiot, idiote (citations) adjectif et nom (latin idiota, du grec idiôtês, ignorant) Marcel Achard Sainte-Foy-lès-Lyon 1899-Paris 1974 Académie française, 1959 Les idiotes ne sont jamais aussi idiotes qu'on croit ; les idiots, si. L'Idiote Gallimard Jacques Audiberti Antibes 1899-Paris 1965 Ça peut être génial sans que ce soit idiot. L'Effet Glapion Gallimard Georges Moinaux, dit Georges Courteline Tours 1858-Paris 1929 Un des plus clairs effets de la présence d'un enfant dans le ménage est de rendre complètement idiots de braves parents qui, sans lui, n'eussent peut-être été que de simples imbéciles. La Philosophie de G. Courteline Flammarion Paul Laffitte 1839-1909 Un idiot pauvre est un idiot, un idiot riche est un riche. Jéroboam ou la Finance sans méningiteidiot, idiote (expressions) adjectif et nom (latin idiota, du grec idiôtês, ignorant) Familier. Faire l'idiot, simuler l'idiotie, agir sottement dans une circonstance donnée. L'idiot du village, personne mentalement arriérée. ● idiot, idiote (synonymes) adjectif et nom (latin idiota, du grec idiôtês, ignorant) Qui est dépourvu d'intelligence, de bon sens
Synonymes :
- abruti (familier)
- andouille (familier)
- ballot (familier)
- bêta (familier)
- borné
- cloche (populaire)
- cruche (familier)
- demeuré
- gourde (familier)
- inintelligent
- innocent
- manche (populaire)
- niais
- sot
- stupide
Qui, dans une circonstance particulière, agit de façon irréfléchie ou...
Synonymes :
- crétin (familier)
- imbécile
Se dit d'un sujet atteint d' idiotie.
Synonymes :
- arriéré mental
- crétin
- débile mental
- imbécile
- simple d'esprit
idiot, idiote adjectif Qui manque de discernement, de perspicacité : Il serait idiot de refuser cette offre. Qui marque la pauvreté ou la vulgarité d'esprit : Un ricanement idiot. Qui marque la légèreté d'esprit, l'absence de réflexion, de maturité : Des scrupules idiots. Dont les conséquences apparaissent injustes : Trouver la mort dans un accident idiot.idiot, idiote (synonymes) adjectif Qui manque de discernement, de perspicacité
Synonymes :
- déraisonnable
- inconséquent
- insensé
Contraires :
- intelligent
Qui marque la pauvreté ou la vulgarité d'esprit
Synonymes :
- bête
- imbécile
- inepte
- niais
- sot
Dont les conséquences apparaissent injustes
Synonymes :
- injuste
- stupide

idiot, idiote
adj. et n.
d1./d Qui est dépourvu d'intelligence, de finesse, de bon sens. Elle est idiote d'accepter tout cela.Syn. stupide, bête.
|| Subst. Bande d'idiots.Syn. imbécile.
Qui marque de la stupidité. Donner une réponse idiote.
d2./d MED Atteint d'idiotie.
|| Subst. Un(e) idiot(e).

IDIOT, IDIOTE, adj. et subst.
I. — Adj. et subst. [En parlant d'une pers.]
A. — (Personne) dont les facultés intellectuelles sont très diminuées. Synon. arriéré, demeuré, simple d'esprit, innocent. Malebranche était idiot jusqu'à l'âge de dix-sept ans. Une chute le blesse à la tête, on le trépane, il devient un homme de génie. (VIGNY, Journal poète, 1842, p. 1186). Il y avait même Le Hir l'idiot, un de l'île de Sein, qu'ils avaient amené pour rire et qui buvait des ordures délayées dans un bol de rhum (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 122). Honorine Porrichet (...) avait mené une enfance maladive. D'une intelligence lente et tardive, on l'avait d'abord crue idiote (A. FRANCE, Anneau améth., 1899, p. 55).
L'idiot du village. Il y a un long soldat au crâne pointu, aux cheveux rares. Mais il ne gêne pas. Il a l'air de l'idiot du village (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 261). Il me semble que mon prédécesseur ait été l'idiot du village. Ils [des forestiers] me font cinquante recommandations (GIONO, Grds chemins, 1951, p. 216).
MÉD. (Personne) dont l'âge mental ne dépasse pas deux ans, le quotient intellectuel 20, et qui est incapable de parler. Synon. débile profond. Idiot myxœdémateux. Si la glande thyroïdienne vient à manquer, voilà que le cerveau fonctionne mal, le goitreux devient idiot (BARRÈS, Cahiers, t. 9, 1912, p. 359). [Le] grognement de l'idiot glouton qu'il a vu un jour à la porte de l'asile cantonal, et dont les larmes et la salive coulaient ensemble dans la gamelle fumante (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1559). L'aspect de l'idiot est bestial, simiesque; les malformations somatiques sont fréquentes; le visage est inexpressif (Encyclop. Sc. Techn., 1972, p. 511b) :
1. Il y a quelques jours, j'ai rencontré trois pauvres idiotes qui m'ont demandé l'aumône. Elles étaient affreuses, dégoûtantes de laideur et de crétinisme, elles ne pouvaient pas parler; à peine si elles marchaient.
FLAUB., Corresp., 1845, p. 178.
Subst. + d'idiot(e). La maladie de la petite, qui l'immobilise sur une chaise dans un affaissement d'idiote (GONCOURT, Journal, 1885, p. 461). Cette petite fille, qu'une sœur retient, et qui pousse, toutes les minutes, un cri d'idiote (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1909, p. 120).
B. — P. exagér. (Personne) qui a l'esprit borné; qui manque d'intelligence, de finesse (habituellement ou dans certaines circonstances). Synon. bête, imbécile, niais, sot, stupide. Se sentir idiot; prendre qqn pour un idiot; un parfait, pur, sombre idiot; une brave idiote. Moi, je suis un idiot, vous m'entendez bien, un triple idiot. Jamais je n'aurais trouvé ça (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 54). Nous disons que le ministère Waldeck est composé d'idiots (A. FRANCE, Bergeret, 1901, p. 155) :
2. T'épouser? t'épouser, toi! mais tu es folle, mais tu ne t'es pas regardée dans une glace, mais tu es immariable, laide, idiote. Tu es la reine des idiotes! il s'est payé ta tête, il s'est moqué de toi!
COCTEAU, Enf. terr., 1929, 2e part., p. 119.
En apostrophe (le mot peut aller de l'injure à l'appellation affectueuse). Espèce d'idiot! Quand on pense que tu délaisses une petite femme comme ça! mais, elle est adorable, idiot! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, III, 16, p. 68). Mon petit nigaud... mon petit idiot... Combien de fois t'ai-je dit que tu n'es pas seul? Jésus habite les cœurs d'enfants (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 19). Idiot! cher idiot! penses-tu que je pourrais aimer un lâche? (SARTRE, Huis clos, 1944, 5, p. 160).
L'idiot de + nom désignant une pers. — Tiens! cet idiot de La Faloise! dit Georges tout à coup (ZOLA, Nana, 1880, p. 1382). Et regarde, regarde, la grande idiote de fille, j'en étais sûre, elle pleure toutes les larmes de son corps. Mais oui, c'est logique : elle a perdu son bourreau, son tourment (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 204).
Faire l'idiot. Faire une bêtise, une action déraisonnable. — Ne faites pas l'idiot avec votre fusil, dit-il. Je ne viens pas vous faire du mal, au contraire (GIONO, Bonh. fou, 1957, p. 89).
Faire, jouer l'idiot, les idiots. Simuler la bêtise. Lerouge se montra (...) réticent, méfiant, disant oui et non, finaudant, faisant l'idiot, têtu, buté (...) bien que brûlant d'envie de voir son œuvre portée à l'écran (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p. 132) :
3. ... je me demande quel plaisir tu peux prendre à jouer les idiots. Voyons, Jean-Paul, tu es instruit, tu as même quelques diplômes (...). Et tu passes sournoisement ton temps à poser des questions qui pourraient nous faire croire que tu n'as pas plus d'intelligence qu'une sauterelle.
DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 39.
Être idiot de + inf. Avoir tort de (faire quelque chose). Papa s'est levé pour aller chercher des vers que je venais de faire et que j'avais été idiot de lui montrer (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 958).
II. — Adj. [En parlant d'une chose]
A. — Qui est caractéristique d'une personne n'ayant pas toutes ses facultés mentales, d'un idiot (supra A 1). Regard, sourire idiot; prendre un air idiot. Le premier [prisonnier] avait une grosse face idiote, ivre et étonnée (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 502) :
4. Couchée sur le dos, immobile et les yeux fixes, elle discernait vaguement les objets, bien qu'elle y appliquât son attention avec une persistance idiote.
FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 161.
B. — Qui dénote le manque d'intelligence, de discernement; qui est le fait d'un idiot (supra A 2). Le dévouement doit être toujours un peu idiot. Cela plaît bien plus à un maître, que ces gens qui tranchent du capable (COURIER, Pamphlets pol., Livret de Paul-Louis, vigneron, 1823, p. 169). Il semble que (...) le ciel ait mis à dessein dans son cœur [de la femme] une vanité aveugle, une idiote crédulité (SAND, Indiana, 1832, p. 235). J'avais envoyé Hirsch pour te guérir, mais tu as préféré la routine idiote de ce médecin de campagne à toute la science de notre ami (A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 176).
En partic., fam. (sans qu'il y ait nécessairement réf. immédiate à la pers. agissante).
♦ [En parlant de manifestations, de productions de la pers.] Qui n'a pas de valeur, d'intérêt, inepte. Pensée, raisonnement, discours idiot, projet idiot; dire des choses idiotes; article, film, livre idiot. Des vers idiots, ça se voit tout de suite. La critique parle des bons vers, elle sait ce qu'ils valent, mais elle ne distingue pas une prose d'une autre (RENARD, Journal, 1908, p. 1168). La romance qui traîne sur sa lèvre est un air idiot qu'il a trop entendu grâce à la radio (ARAGON, Crève-cœur, 1941, p. 10) :
5. Même averti par le concert de louanges qui de partout monte vers cette Zazie, je m'entête à n'y rien voir qu'une histoire idiote (...). « Idiote exprès. C'est vous qui êtes idiot! » Je le crois volontiers : c'est ma faute si je demeure fermé à ce cynisme morne et rabâcheur.
MAURIAC, Nouv. Bloc-notes, 1961, p. 175.
[En parlant du mode de vie] Qui n'a pas de sens, de valeur, stupide. [Il ] se trouva réduit au septième d'un million par an, qu'il consacra à cette existence idiote qu'on appelle, sans doute, par antiphrase, la haute vie (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 40). Andrée irait dans sa famille près de Biarritz. Elle vivrait de cette vie idiote de golf et de jazz (MAURIAC, Trois récits, 1929, p. 59).
♦ [En parlant de certains actes, de certains faits]
Qui n'a aucun sens, qui est absurde. À l'usine où pendant huit heures du jour des petits travaux idiots me grignotent la cervelle (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1905, p. 47). Je n'obéis pas aux ordres idiots qui sont fait exprès pour me ridiculiser (SARTRE, Mains sales, 1848, 3e tabl., 2, p. 88) :
6. — Écrire s'il n'y a personne pour vous lire, quel jeu idiot!
— Quand tout est foutu, il ne reste qu'à jouer à des jeux idiots.
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 36.
Qui n'est pas fondé. Valentin avait cru qu'Anne-Marie s'était laissée tracasser par les bruits idiots qui couraient (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 41). Ce soir-là, et jusqu'au milieu de la nuit, j'ai été pris d'un désespoir idiot (AYMÉ, Mais. basse, 1934, p. 263). Nadine (...) : Pourquoi m'aimerais-tu? Qu'est-ce que je t'apporte? Je ne suis même pas jolie. — Ah! laisse tomber ces complexes idiots, dit Henri. Tu me plais comme tu es (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 567).
♦ [Dans des tournures impers.] — C'est idiot, de pleurer des gens que tu détestais ou que tu n'avais pas vus depuis dix ans! (RENARD, Journal, 1896, p. 358). Le coup partit. Le pistolet n'était chargé qu'à blanc (...). Cependant la présidente se payait une crise de nerfs. On s'empressa. — C'est idiot des émotions pareilles! (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1174).
P. ext. Extravagant, ridicule. Et celui-là, hein [un chapeau]? On ne sait plus ce que c'est, il est tordant! Et ce petit dernier-là? Il est complètement idiot, on se l'arrache! (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p. 153).
Rare, emploi subst. à valeur de neutre. Ce qui est idiot, regrettable. Rien d'étonnant si après l'effort de l'hiver tu t'es trouvé fatigué. L'idiot, c'est que tu n'aies pu goûter que d'un délassement médiocre (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1919, p. 476).
REM. Idiotissime, adj., fam. Superl. de idiot. Il y a une liste de bouquins à choisir (...). Je prends Polyphème, le seul avec Heures de Corse (idiotissime) que je n'aie pas (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 141).
Prononc. et Orth. : [idjo], fém. []. Var. région. (Est) en [-] (PASSY 1914 et ROUSS.-LACL. 1927, p. 139). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. « Illettré, ignorant » 1. adj. fin XIIe s. idiote (Edouard Confesseur, 5716 ds T.-L.); 2. subst. ca 1225 (G. DE COINCI, Mir. Vierge, éd. V.F. Koenig, II Mir 20, 200); 1370-72 (un) ydiot (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, L. III, 18, p. 213). B. « Sot » 1. adj. ca 1225 ydiotes (G. DE COINCI, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, II Mir 21, 137); 2. subst. 1283 (PH. DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, LXVI, §1874, p. 447). C. 1612 « qui dénote un manque d'intelligence » diotte coustume (Le Voy. de Me Guillaume en l'autre monde vers Henry le Grand, 18 ds QUEM. DDL t. 19); 1719 idiot préjugé (LA MOTTE, Fables, t. 9, livre 4, XI, p. 230, Paris, 1754). Empr. au lat. class. idiota ou idiotes (adj. en lat. chrét.) « homme qui n'est pas connaisseur, ignorant », gr. « simple particulier, homme étranger à telle ou telle spécialité », d'où « ignorant, homme sans éducation ». La forme idiot, qui remonte à Oresme (cf. supra) et remplace l'ancienne forme : idiote, peut avoir été formée sur sot auquel elle est souvent associée ou représente plutôt, chez son premier utilisateur, le gréco-latin idiotes en regard de idiota, idiote. Fréq. abs. littér. : 1 657. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 358, b) 2 476; XXe s. : a) 2 682, b) 3 692.
DÉR. Idiotement, adv., fam. D'une manière idiote. a) Idiotement + verbe. Nuit détestable; pas arrêté de causer, de me remémorer interminablement des foutaises (l'obsession de membres de phrases, de mots, qu'on se répète idiotement, irrésistiblement, je ne sais combien de fois) (GIDE, Journal, 1908, p. 261). — « Tu n'es pas bavard, reprenait M. Robert (...). — Pas bavard... pas bavard... » Il rit idiotement. « Je suis saoul, mon vieux » (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 116). b) Idiotement + adj. Ses yeux bruns retroussés vous envoient un regard idiotement profond qui déplaît tout en attirant (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 202). []. 1re attest. 1845 (RICHARD Suppl. 1845); de idiot, suff. -ment2.
BBG. — VRBKOVÁ (V.). La Méthode struct. appl. à l'ét. du ch. conceptuel de la bêtise. Ét. rom. Brno. 1977, t. 9, p. 93, 94, 96, 103; pp. 106-109.

idiot, idiote [idjo, idjɔt] adj. et n.
ÉTYM. V. 1361; ydiotes, v. 1225; idiote « ignorant », v. 1180; encore au XVIIe; lat. idiotes « sot », du grec idiôtês proprt « particulier; individu quelconque », par ext. « étranger à un métier, ignorant ».
———
I Adj.
1 Qui manque d'intelligence, de bon sens, de finesse. Bête, sot, stupide; (fam.) con, crétin, débile, taré; → Âne, cit. 9, et ci-dessous, cit. 8. || Ce garçon est idiot. || Une élève complètement idiote. || Il est bien trop idiot pour profiter de l'occasion. || Les gens sont idiots de faire courir ce bruit. 1. Fou.
1 (…) ordonnant quels soins on emploieraitPour la rendre idiote autant qu'il se pourrait.
Molière, l'École des femmes, I, 1.
2 (…) ces journaux que je suis idiot de relire (…)
Rimbaud, Illuminations, « Enfance », V.
(1612, écrit diot[te]). Par ext. || Un air idiot. || Rire idiot. || Une question, une réflexion idiote. || Roman, film complètement idiot. Inepte. || Faire un travail idiot. Impers. || C'est idiot de s'arrêter si près du but. || Il serait idiot de refuser. || C'est trop idiot ! || Un accident idiot. Absurde.Histoires idiotes : histoires qui amusent par leur côté absurde. → Histoires de fou.
3 (…) parmi les chrétiens, il y a eu plus de cent mille victimes de cette jurisprudence idiote et barbare (les procès de sorcellerie).
Voltaire, Politique et législation, Avis au public, Ex. de fanatisme.
4 (…) bien qu'ici je doive confesser mon faible pour les films français complètement idiots.
A. Breton, Nadja, p. 43.
5 Je ne devrais pas m'exciter ainsi (…) C'est idiot de céder à son tempérament.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 121.
N. m. || L'idiot de l'histoire, c'est que…
2 Méd. Atteint d'idiotie. || Avoir un enfant idiot.
———
II N.
1 (1660). Personne dénuée d'intelligence, de bon sens, de finesse, par nature ou accidentellement. || Un idiot (→ Examinateur, cit. 2), une idiote (→ Buter, cit. 7). Crétin, imbécile; fam. abruti, ahuri, andouille, ballot, brèle, brute (2.), con, crétin, cruche, débile, manche. || C'est une idiote. || Un pauvre idiot. || Me prenez-vous pour un idiot ? || Ah l'idiot ! || Quel idiot ! (→ Épithète, cit. 9).Terme d'injure, sans contenu précis. || Pauvre idiote ! || Espèce (cit. 14) d'idiot ! || Bande d'idiots, vous avez fait du beau travail !
6 On veut à la ville que bien des idiots et des idiotes aient de l'esprit (…)
La Bruyère, les Caractères, III, 57.
7 (…) en fait de maîtresse il était mal tombé,Ayant pour tout potage une belle idiote (…)
A. de Musset, Premières poésies, « Suzon ».
8 — Mon petit, c'est idiot, déclara-t-il à Fauchery, d'un air tranquille. — Comment ! idiot ! s'écria l'auteur devenu très pâle. Idiot vous-même, mon cher ! Du coup, Bordenave commença à se fâcher. Il répéta le mot idiot, chercha quelque chose de plus fort, trouva imbécile et crétin.
Zola, Nana, IX.
9 — Là, là… disait-elle. En voilà un idiot. On lui annonce qu'il n'ira plus en classe et il pleure.
Cocteau, les Enfants terribles, p. 50.
Faire l'idiot. a Agir de manière absurde. || Il a fait l'idiot en ne se présentant pas à son examen.
b Simuler la bêtise, la naïveté, l'ignorance. || Il fait l'idiot quand on l'interroge; on ne peut rien en tirer.
10 Je trouve simplement navrant, sous le prétexte que mon fils a effectivement fait l'idiot, d'être privé du plaisir de faire la connaissance d'une jeune fille qui est encore ravissante, malgré son cœur brisé.
J. Anouilh, Ornifle, III, p. 174.
2 (1690, Furetière). Méd. Personne atteinte d'idiotie. || Un idiot congénital (→ Absorption, cit. 3; gâteux, cit. 1). || Les idiots, les imbéciles et les débiles. Dégénéré (cit. 12).
11 Il y a quelques jours, j'ai rencontré trois pauvres idiotes qui m'ont demandé l'aumône. Elles étaient affreuses, dégoûtantes de laideur et de crétinisme, elles ne pouvaient pas parler; à peine si elles marchaient.
Flaubert, Correspondance, 96, 26 mai 1845.
12 Avec la meilleure volonté du monde, il ne pouvait pas considérer ce garçon comme normal. Il ne pouvait pas non plus voir en lui un idiot, ni même un simple arriéré.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIII, p. 206.
(1660, Retz). Personne qui sans être atteinte d'idiotie au sens médical, semble d'un niveau intellectuel anormalement bas. Arriéré, innocent, simple. || L'idiot du village, en butte aux moqueries, aux méchancetés des enfants.L'Idiot, roman de Dostoïevsky (→ Briser, cit. 2). || L'Idiot de la famille, de J.-P. Sartre (1971).
CONTR. Intelligent, malin.
DÉR. Idiotement, idiotie, idiotifier, idiotiser, 2. idiotisme.

Encyclopédie Universelle. 2012.