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ridicule

ridicule [ ridikyl ] adj. et n. m.
• 1500; lat. ridiculus, de ridere « rire »
I Adj.
1De nature à provoquer le rire, à exciter la moquerie, la dérision. risible; dérisoire. Par ext. (l'idée de rire disparaissant) Très mauvais, d'une insignifiance méprisable. grotesque; fam. minable, nul; craignos, 2. ringard, tarte. (Personnes) Une personne ridicule. Il a été ridicule. Rendre qqn ridicule. ridiculiser. Se sentir, paraître ridicule. « Les Précieuses ridicules », comédie de Molière. (Choses) Mode extravagante et ridicule. « Je ne sais où tu as été déterrer cet attirail ridicule » (Molière). burlesque. Prétention, vanité ridicule. bête, sot. Un jargon ridicule. Superstitions ridicules. absurde, saugrenu. « Nul peuple ne saisit plus vivement le côté ridicule des choses, et dans les plus sérieuses, il trouve encore le petit mot pour rire » (Gautier).
Dénué de bon sens. Ne faites pas cela, c'est ridicule. idiot. Impers. Il serait ridicule d'accepter, qu'il s'en aille. absurde, déraisonnable.
2Par ext. Insignifiant. Une somme, une quantité, un prix ridicule. dérisoire.
II N. m. (XVIIe)
1Vx Personne ridicule. « Cléante, au levé, Madame, a bien paru ridicule achevé » (Molière).
Mod. Loc. Tourner qqn en ridicule, le rendre ridicule, s'en moquer. ⇒ ridiculiser.
2Trait qui rend ridicule; ce qu'il y a de ridicule. « La tradition française, qui est de montrer les travers, les ridicules et les tares humaines pour nous en faire rire » (Léautaud). défaut, travers. « le ridicule du pédantisme et de la prétention » (Proust). Sentir tout le ridicule d'une situation. Se donner le ridicule de (et l'inf.). « Il y a toujours quelque ridicule à parler de soi » (Claudel).
Absolt Le ridicule : ce qui excite le rire, provoque la moquerie. « Le ridicule déshonore plus que le déshonneur » (La Rochefoucauld). « Il n'est qu'un pas du sublime au ridicule » (Michelet). Couvrir qqn de ridicule. Craindre le ridicule. La peur du ridicule. « Cette maladroite pudeur que l'on nomme le sens du ridicule » (Duhamel). « Celui qui redoute le ridicule n'ira jamais loin en bien ni en mal, il restera en deçà de ses talents » (Cioran). Loc. prov. Le ridicule tue : on ne se relève pas d'avoir été ridicule.

ridicule adjectif (latin ridiculus, de ridere, rire) Dont on est porté à rire, à se moquer : Je trouve cette mode ridicule. Qui est peu sensé, déraisonnable : C'est ridicule de se mettre dans des états pareils. Qui est insignifiant, dérisoire : On lui a proposé un prix ridicule de sa vieille voiture.ridicule (citations) adjectif (latin ridiculus, de ridere, rire) Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 On sera ridicule, et je n'oserai rire ? Satires Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 On n'imagine pas combien il faut d'esprit pour n'être pas ridicule. Maximes et pensées François Coppée Paris 1842-Paris 1908 Académie française, 1884 Et je n'ai pas trouvé cela si ridicule. Poésies Lemerre Valery Larbaud Vichy 1881-Vichy 1957 Ne rien trouver ridicule est le signe de l'intelligence complète. A. O. Barnabooth, Journal intime Gallimard Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 On veut bien être méchant ; mais on ne veut point être ridicule. Le Tartuffe, Préface Jean Paulhan Nîmes 1884-Neuilly-sur-Seine 1968 Académie française, 1963 Un critique ne doit jamais hésiter à se rendre ridicule. Le Bonheur dans l'esclavage Pauvert Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz Montmirail 1613-Paris 1679 Ce qui est nécessaire n'est jamais ridicule. Mémoiresridicule (synonymes) adjectif (latin ridiculus, de ridere, rire) Dont on est porté à rire, à se moquer
Synonymes :
- cocasse (familier)
- inénarrable
- risible
Qui est peu sensé, déraisonnable
Synonymes :
- grotesque
Qui est insignifiant, dérisoire
Synonymes :
- infime
- maigre
- mince
- minime
- riquiqui (familier)
ridicule nom masculin Littéraire. Trait, aspect ridicule de quelqu'un, ce qui en lui porte à rire, à se moquer : Ne pas voir ses propres ridicules. Fait d'être ridicule, d'être un objet de moquerie : La crainte du ridicule. Côté ridicule de quelque chose : Sentir le ridicule d'une situation.ridicule (citations) nom masculin Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 L'odieux est la porte de sortie du ridicule. Tas de pierres Éditions Milieu du monde François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Le ridicule déshonore plus que le déshonneur. Maximes François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 S'il y a des hommes dont le ridicule n'ait jamais paru, c'est qu'on ne l'a pas bien cherché. Maximes Napoléon Ier, empereur des Français Ajaccio 1769-Sainte-Hélène 1821 Du sublime au ridicule il n'y a qu'un pas. Cité par Las Cases dans le Mémorial de Sainte-Hélène Commentaire C'est un Napoléon désabusé qui aurait dit ces paroles, après la retraite de Russie, à son ambassadeur à Varsovie, Mgr de Pradt. ● ridicule (expressions) nom masculin Tourner quelqu'un, quelque chose en ridicule, les rendre ridicules en se moquant d'eux.

ridicule
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Digne de risée, de moquerie. Vous êtes ridicule.
d2./d Très petit, insignifiant. Je l'ai eu pour une somme ridicule.
rII./r n. m.
d1./d Ce qui est ridicule, ce qui excite le rire, la moquerie. Se couvrir de ridicule. Tourner en ridicule, en dérision.
|| Caractère de ce qui est ridicule, aspect ridicule. Elle ne mesure pas le ridicule de sa situation.
d2./d Comportement, défaut ridicule. Humoriste qui moque les ridicules de ses contemporains.

⇒RIDICULE, adj. et subst. masc.
I. — Adjectif
A. — Qui est de nature à provoquer involontairement le rire, la moquerie, la dérision. Synon. grotesque, risible.
1. [En parlant d'une pers.] Personnage, créature ridicule; se montrer, se rendre, se sentir, se trouver ridicule (par/en certaines choses, en certaines circonstances); rendre qqn ridicule; je ne crains pas de paraître ridicule, d'avoir l'air ridicule. Une bonne femme (...) me dit à l'oreille: « Vous ne reconnaissez pas votre frère de lait? » Sans cet avertissement, j'allais être ridicule. « Ah ! c'est toi, grand frisé! dis-je (...) » (NERVAL, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 620). Si! Vous vous moquez. Ne dites pas non, Steeny! N'est-ce pas que je suis ridicule dans cette espèce de fourreau de soie, et mes longues pattes grêles? J'ai l'air d'une araignée noire à tête blanche (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1357).
[P. méton.; en parlant de comportements, de traits de caractère] Manège ridicule; actes, manières ridicules; orgueil, prétention ridicule. L'affectation est ridicule en France (...) et c'est pour cela, sans doute, que (...) chacun s'étudie à renfermer en soi les émotions violentes, les chagrins profonds ou les élans involontaires (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 134):
1. ... chaque fois que j'ai vu, dans la rue, un grand couillon avec un panama qui pousse une petite voiture, tu ne peux pas t'imaginer comme j'ai été jaloux. J'aurais voulu être à sa place, avoir cet air bête et ces gestes ridicules... J'aurais voulu faire: « Ainsi font, font, font... ».
PAGNOL, Fanny, 1932, II, 6, p. 136.
2. [En parlant d'une chose concr.] Visage ridicule; chapeau, vêtements ridicule(s); accoutrement, tenue ridicule; allure, tournure ridicule. [Elle] me rapportait de Bordeaux des cravates ridicules que je refusais de porter (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 34). La maison moyen âge était achevée (...). Le bâtiment était souverainement ridicule; l'artiste y avait prodigué les flèches, les clochetons, les cristallisations extérieures (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 369).
3. [En parlant d'une chose abstr.] Mode ridicule; se mettre dans une situation ridicule; langage, expressions, ridicule(s); être affublé d'un nom ridicule. Il a suivi dès les premiers jours les savantes manœuvres que vous faisiez pour me séduire — le mot est assez ridicule quand il s'agit d'une femme de mon âge (HERMANT, M. de Courpière, 1907, I, 11, p. 10). « X., de l'Académie Française » est un « écriveur », (...) j'ai été vexé en me voyant affublé de ce titre ridicule et lamentable (LARBAUD, Journal, 1931, p. 253).
B. — Qui n'est pas raisonnable, contraire au bon sens. Synon. absurde, déraisonnable, saugrenu.
1. [En parlant d'une pers. ou d'un comportement] Il est ridicule que vous ne reconnaissiez pas vos torts; je serais ridicule de ne pas profiter de l'occasion; c'est ridicule de se mettre dans des situations pareilles. Mignon disait partout que sa femme était ridicule d'en vouloir à Nana; il trouvait ça bête et inutile (ZOLA, Nana, 1880, p. 1390). C'était ridicule de tirer sa montre de sa poche chaque jour à la même heure (...) il était non moins ridicule d'arriver à trois heures précises, comme si le sort du monde en dépendait (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 8).
Sens affaibli. Excessif, disproportionné. (Dict. XXe s.).
2. [En parlant d'une chose abstr.] Convention, loi ridicule; discussion ridicule; coutume, superstition ridicule. Je subis alors une conversation folle, pendant laquelle il me fit les plus ridicules confidences, se plaignant de sa femme, de ses gens, de ses enfants et de la vie (BALZAC, Lys, 1836, p. 190). Et vous, Cendrars, en vous en tenant au conte ridicule de votre fermier vous faites preuve de puérilité et de crédulité (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 139).
C. — Qui est insignifiant, dérisoire.
[En parlant d'une chose concr. ou abstr.] Quantité ridicule; pièce petite et ridicule; disposer de moyens ridicules. Mon imagination ravale les plus hauts événements (...) le côté petit et ridicule des objets m'apparaît tout d'abord; de grands génies et de grandes choses, il n'en existe guère à mes yeux (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 468). Les misérables ou ridicules petits tramways couverts de panneaux de publicité qui tressautent sur les rails (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 33).
En partic. [En parlant d'une somme d'argent] Indemnité ridicule. L'homme de lettres, avec le salaire ridicule de la pensée, est condamné à vivre comme un petit bourgeois (GONCOURT, Journal, 1865, p. 137). Haverkamp avait récapitulé ses opérations de l'année. Son calcul (...) lui donna, pour les bénéfices, le chiffre d'un million quarante-deux mille deux cent cinquante francs. Ce n'était pas une somme ridicule (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 177).
II. — Subst. masc.
A. — 1. Caractère, trait par lequel une personne ou une chose est ridicule. Ridicule d'un personnage, d'une aventure, d'une situation; ridicule de l'orgueil, de la vanité; cela est d'un ridicule achevé. Lorsqu'on arrive aux ridicules de l'amour-propre, ils se varient à l'infini, selon les habitudes et les goûts de chaque nation (STAËL, Allemagne, t. 3, 1810, p. 188). Tomberai-je dans le ridicule d'être jaloux? (RADIGUET, Bal, 1923, p. 126).
Loc. littér. Se donner le ridicule de + inf. Se rendre ridicule en agissant de telle façon. Mon hôte (...) se donnait le ridicule de renier le nom de son père, illustre fabricant, qui pendant la Révolution avait fait une immense fortune (BALZAC, Lys, 1836, p. 54). J'espérais des reproches qui ne vinrent pas. Notre mère venait de comprendre que la position horizontale lui enlevait toute majesté, toute puissance. Se donner le ridicule de déployer ses foudres en cet état, pas si bête! (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 108).
En partic., littér., souvent au plur. Défaut, travers qui rend ridicule. Souligner les ridicules de ses contemporains. On sait que les Odes funambulesques et les Occidentales sont d'inoffensives satires des hommes et des ridicules du jour (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 11):
2. ... dans le désert créé autour de nous, les petits ridicules de Silbermann grossissaient; je veux dire que je les remarquais davantage (...) son physique, sa gesticulation, sa voix, me choquaient...
LACRETELLE, Silbermann, 1922, p. 99.
2. Absol. Ce qui (dans un comportement, une situation) provoque le rire, la moquerie, la dérision; fait d'être ridicule. Avoir le sentiment du ridicule; braver le ridicule; pousser le ridicule jusqu'à (faire telle chose); avoir horreur, peur du ridicule; craindre, éviter le ridicule; glisser, tomber dans le ridicule; c'est le comble du ridicule. Le chevalier Des Grieux (...) ne se sauve du ridicule que par sa jeunesse et par les illusions qu'il avait su conserver (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 287). Les Baudoin n'avaient à aucun degré cette maladroite pudeur que l'on nomme le sens du ridicule et, comme ils dédaignaient le ridicule, (...) le ridicule n'osait pas même les effleurer (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 150).
Locutions
a) Déverser, jeter, répandre le ridicule sur qqn/qqc.; frapper (vx), couvrir de ridicule qqn/qqc.; traduire (vx), tourner qqn/qqc. en ridicule. Présenter quelqu'un ou quelque chose sous un jour grotesque, en faire un objet de risée, de dérision. Synon. ridiculiser. Il est aisé de déverser le ridicule sur une science neuve par des citations artificieuses (FOURIER, Nouv. monde industr., 1830, p. 35):
3. ... il était craint à cause de son bavardage, de son esprit mordant. On ne savait jamais s'il parlait sérieusement. Il (...) couvrait de ridicule de vieux officiers, puis s'amusait, sans avoir l'air d'y toucher (...) à rendre leur prestige à ceux qu'il avait humiliés.
PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 52.
Empl. pronom. réfl. Se couvrir de ridicule. Se comporter de telle manière que l'on devienne ridicule. J'aurais continué à me couvrir de ridicule si... tout à l'heure, en quelques paroles... très rapides, insaisissables, Gabrielle n'avait éveillé dans mon esprit... je ne sais pas... un soupçon! (BERNSTEIN, Secret, 1913, III, 5, p. 36). L'idée qu'il puisse risquer sa vie pour moi m'est intolérable; mais je crains surtout, j'ose à peine l'avouer, qu'il ne se couvre de ridicule (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1183).
b) Le ridicule ne tue pas. Le risque d'être ridicule ne doit pas faire renoncer à entreprendre certaines actions, à se mettre dans certaines situations. (Dict. XXe s.). P. iron. [Se dit à quelqu'un qui s'est mis dans une situation ridicule(ibid.)] .
B. — Action, manière de ridiculiser quelqu'un/quelque chose; propos par lesquels on ridiculise quelqu'un/quelque chose. L'attendrissement sur le chien qui tire la langue, chez un scélérat couvert de sang comme lui, est de l'excellent ridicule. Il me fait rire, Sigismond, par moments (MONTHERL., Malatesta, 1946, IV, 4, p. 515). En famille, à voix basse, comme font les cousins de Gunsbach et de Pfaffenhofen, nous tuons les boches par le ridicule (SARTRE, Mots, 1964, p. 28).
REM. 1. Ridicule, subst. masc., altér. plais. Réticule. (Ds LITTRÉ, DG, ROB.). 2. Ridiculissime, adj., rare. Extrêmement ridicule. Que l'on veuille bien se rappeler de ma ridiculissime éducation. Pour ne me faire courir aucun danger mon père et Séraphie m'avaient empêché de monter à cheval et, autant qu'ils avaient pu, d'aller à la chasse (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 477).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. a) 1500-03 « élément, manière d'agir qui prête à rire » (Therence en fr., éd. 1539, f ° 314 r ° ds DELB. Notes mss: Tous tes ditz ne sont que fallaces ridiculles; 1668 tourner (qqc.) en ridicule (LA FONTAINE, Fables, V, 1: Je tâche d'y tourner le vice en ridicule); b) 1663 « ce qui prête à rire chez une personne, dans une chose » le ridicule des hommes (MOLIÈRE, Crit. Éc. des femmes, VI); id. [date de la leçon] (LA ROCHEFOUCAULD, Réflexions mor., CLXIII ds Œuvres, éd. A. Régnier, t. 1, p. 96, note 4: il y a une infinité de conduites qui ont un ridicule apparent); 2. 1652 « ce qui excite le rire, la risée (d'une manière générale) (GUEZ DE BALZAC, Socrate chrétien ds Œuvres, Paris, L. Billaine, t. 2, 1665, p. 265: Le Ridicule est une des extremitez du subtil); 3. 1658 « personne excitant la risée » (LORET, Muze histor., 18 juil. ds LIVET Molière); 1659 tourner (qqn) en ridicule (PASCAL, Provinciales, XII ds Œuvres, éd. J. Chevalier, p. 802). B. Adj. 1. av. 1502 « digne de risée » choses vaines et ridicules (O. DE SAINT-GELAIS, Eneide, fol. 187d, éd. 1529 ds GDF. Compl.); 1580 (d'une personne) se rendre ridicule (MONTAIGNE, Essais, II, 17, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 659); 1588 impers. il est ridicule que (ID., III, 9, p. 975); 2. 1865 « insignifiant, dérisoire (surtout en parlant d'une somme, d'une valeur) » (GONCOURT, loc. cit.). Empr. au lat. ridiculus, en bonne part « plaisant, drôle », en mauvaise part « ridicule, risible, comique; extravagant ». Cf. les synon. ant. évincés par ridicule: m. fr. ridiculaire (XVe s. ds GDF.; empr. au lat. ridicularius, b. lat. ridicularis « bouffon ») et ridiculeux (XVe s., ibid.; empr. au lat. ridiculosus « plaisant, drôle »). Fréq. abs. littér.:5 472. Fréq. rel. littér.:XIVe s.: a) 9 358, b) 5 501; XXe s.: a) 7 944, b) 7 559.
DÉR. Ridiculité, subst. fém., vx, littér. a) Caractère de ce qui est ridicule. La ridiculité de nos glorioles (AMIEL, Journal, 1866, p. 216). Je pense à la ridiculité du salaire pour l'homme de lettres bibeloteur (GONCOURT, Journal, 1876, p. 1142). b) Chose ridicule; action, propos par lesquels on se rend ridicule. C'est [Jeanne de George Sand] d'une perfection, le personnage s'entend, car il y a bien des ridiculités; c'est mal composé; les accessoires sont (quelques-uns) indignes de cette magnifique page (BALZAC, Lettres Étr., t. 2, 1844, p. 456). []. Ds Ac. 1762-1878. 1res attest. a) ca 1610 ridiculeté « acte, conduite ridicules » (BÉROALDE DE VERVILLE, Le Moyen de Parvenir, Defaut, éd. H. Moreau et A. Tournon, fac-similé, p. 485), 1663-64 ridiculité (Ch. ROBINET, Panégyrique de l'Éc. des femmes, 4e entrée ds BRUNOT t. 4, p. 551), b) 1675, 13 oct. « caractère de ce qui est ridicule » (SÉVIGNÉ, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t. 1, p. 876: la ridiculité de ses manières [Melle du Plessis]); de ridicule, suff. -eté, -ité; v. NYROP t. 3, § 341.
BBG. — STROSETZKI (Ch.). Konversation ... Frankfurt am Main, 1978, p. 115.

1. ridicule [ʀidikyl] adj. et n.
ÉTYM. XVe; lat. ridiculus, de ridere « rire ».
———
I Adj.
1 Qui mérite d'exciter la dérision, la moquerie. Risible; dérisoire.
REM. Ridicule et risible sont voisins; cependant ridicule est nettement plus péjoratif, ce qui est ridicule étant par nature propre à exciter la dérision, la moquerie, et même le mépris, ce qui est risible l'étant plutôt par occasion. L'adjectif ne signifie jamais « qui excite volontairement le rire » (→ Comique).
(Personnes). Amusant (cit. 1), comique par un caractère grotesque. Grotesque. || Personnages ridicules. (Vx ou vieilli) Bouffon (cit. 3), galantin, gandin, jocrisse, mijaurée, pecque. || Il est par trop ridicule, c'est une ganache (cit. 4). || Être ridicule par…, en certaines choses (→ 2. Affecter, cit. 8; parasite, cit. 10), en certaines circonstances (→ Pecque, cit. 3)… || Rendre qqn ridicule. Ridiculiser (→ Attaquer, cit. 25; honteux, cit. 12; impertinent, cit. 7; mignardise, cit. 4; morgue, cit. 1; odieux, cit. 1). || Se rendre ridicule (→ Jactance, cit. 2). || Je me suis trouvé un peu ridicule. || Les Précieuses (cit. 9) ridicules, comédie de Molière (→ Maniérisme, cit. 1).
1 On n'imagine pas combien il faut d'esprit pour n'être jamais ridicule.
Chamfort, Maximes, Sur la noblesse, XX.
2 Il fut, selon toute apparence, convenu alors entre les nobles jacobins, que cet ambitieux (Robespierre) serait l'homme ridicule de l'Assemblée, celui qui amuse et doit amuser tout le monde, sans distinction de partis. Dans l'ennui des grandes assemblées, il y a toujours quelqu'un (…) que l'on immole ainsi à l'amusement de tous (…) Pour rendre un homme ridicule, il y a une chose facile, c'est que ses amis sourient quand il parle (…) un sourire du côté gauche, de Barnave ou des Lameth, amenait infailliblement le rire de toute l'Assemblée.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., IV, V.
2.1 C'était le Racine travesti. Dans les costumes des précieuses ridicules, la troupe du Théâtre-Français a joué les tragédiens ridicules.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 280.
(Choses). || Vêtements ridicules. || Accoutrement, affublement ridicule. || Galurin immettable (cit.) et ridicule. || Son chapeau est drôle, rigolo, mais pas ridicule. || Mode extravagante (cit. 5) et ridicule. || Visage ridicule. aussi Bille (de clown), bobine. || Allure, tournure ridicule. Dégaine. || Offrir des côtés (cit. 24) ridicules. || « Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe… » (cit. 1, Boileau). || Mots, expressions (cit. 10), langage… ridicules (→ 2. Affecter, cit. 3; barbare, cit. 17; faute, cit. 32). || Prétention, orgueil, vanité ridicule. Prudhommesque, sot (→ Assommant, cit. 4; épaule, cit. 23). || Un excès de modestie ridicule (→ Orgueilleux, cit. 3). || Manège ridicule (→ Perte, cit. 14). || Gestes, manières, actes ridicules. Arlequinade, comédie (donner la). || Cérémonies, coutumes, superstitions ridicules. Absurde, incroyable, saugrenu (→ Expiation, cit. 2; 1. fou, cit. 13; pervertir, cit. 4). || Loi ridicule et injuste (cit. 6). || Présentation ridicule. Caricatural. || Ce livre, ce film, cette émission est absolument ridicule. || C'est absurde, inepte et ridicule.
3 M… disait, à propos de sottises ministérielles et ridicules : « Sans le gouvernement, on ne rirait plus en France ».
Chamfort, Caractères et anecdotes, « Utilité du Gouvernement ».
4 L'esprit français, fin, narquois, plein de justesse et de bon sens, manquant un peu de rêverie, a toujours eu pour le grotesque un penchant secret. Nul peuple ne saisit plus vivement le côté ridicule des choses, et dans les plus sérieuses, il trouve encore le petit mot pour rire.
Th. Gautier, les Grotesques, X, p. 338.
4.1 « Je vous regarde parce que vous avez un chapeau ridicule. » C'était vrai. C'était un petit chapeau avec des pensées, les modes de ce temps-là étaient affreuses.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 1021.
Il est ridicule de… (suivi de l'inf.). → Foi, cit. 26; grandeur, cit. 19; obscur, cit. 15. || Trouver ridicule de… (→ Cotillon, cit. 3). || Je trouve ça ridicule. || Il est ridicule que… (suivi du subj.). → Entretenir, cit. 12.
5 Ça devait être en effet ridicule d'arriver au bout de vingt-cinq ans en brandissant ce pistolet (…) ce pistolet qui n'était même pas chargé.
J. Anouilh, Ornifle, III.
(Sens affaibli). || Vous avez fait un trop beau cadeau au petit : c'est ridicule ! Excessif.Déraisonnable. || Renoncer à poursuivre tes études ? Ce serait ridicule. Absurde.
2 (XXe). || Une somme, une quantité ridicule, insignifiante. Dérisoire.
———
II N. m. (XVIIe).
1 Vx. (Un, des ridicules). Personne ridicule.
5.1 (…) et Cléante au levé,
Madame, a bien paru ridicule achevé.
Molière, le Misanthrope, II, 5.
Traduire (vx), tourner qqn (mod.; 1657) en ridicule, proprt, le transformer en personne ridicule, le rendre ridicule (→ Maltraiter, cit. 6; mœurs, cit. 13). Contrefaire, moquer, persifler.Vx. || Ils se traduisent, ils se tournent en ridicules (Molière, Critique de l'École des femmes, V; le Mariage forcé, Argument).Par ext. (en parlant de choses). || « Je tâche d'y tourner le vice en ridicule » (→ Attaquer, cit. 26, La Fontaine; et aussi égoïsme, cit. 1; institution, cit. 10). Ridiculiser.Vx. || « Ce qu'elle ne voyait pas en mal (3. Mal, cit. 32), elle le voyait en ridicule » (Rousseau), comme chose ridicule (→ Raillerie, cit. 4).
6 (…) il lui semblait même qu'en le tournant en ridicule, ils lui faisaient encore grâce. Enfin, il leur servit de jouet, pendant qu'ils furent à table (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, III, IV.
2 Littér. (Un, des ridicules). Caractère, trait qui rend ridicule (une personne, une chose); ce qu'il y a de ridicule dans… || Les ridicules de qqn, son ridicule (→ Dénoncer, cit. 11; 2. falot, cit. 4). || Le ridicule du temps, d'une époque (→ Badiner, cit. 11; personnification, cit. 1), de la cour (→ Fronder, cit. 3). Défaut, travers. || Le plus dangereux ridicule des vieilles personnes (→ Aimable, cit. 1). || Un ridicule insupportable (→ Portée, cit. 8). || Souligner les ridicules. Caricaturer; charger.Le ridicule de la vanité (→ Combien, cit. 3), de la grandiloquence (→ Effacement, cit. 3). || Des propos dont je sentais tout le ridicule (→ Impayable, cit. 1). || Rejeter (cit. 2) sur qqn le ridicule de l'aventure. || « Épuiser (cit. 10) tout le ridicule des hommes » (Molière).(1747). || Se donner le ridicule de… (suivi de l'inf.), le ridicule qui consiste à… || Il y a toujours quelque ridicule à parler (cit. 32) de soi.
7 (…) entrer comme il faut dans le ridicule des hommes, et (…) rendre agréablement sur le théâtre les défauts de tout le monde.
Molière, Critique de l'École des femmes, 6.
8 Mon hôte avait l'infirmité de s'appeler Durand, et se donnait le ridicule de renier le nom de son père, illustre fabricant, qui pendant la Révolution avait fait une immense fortune.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 808.
9 (…) un auteur dramatique qui est bien dans la tradition française, qui est de montrer les travers, les ridicules et les tares humaines pour nous en faire rire.
Paul Léautaud, le Théâtre de M. Boissard, XV.
3 (Le ridicule). Ce qui excite le rire, la risée. || « Le ridicule déshonore (cit. 3) plus que le déshonneur » (La Rochefoucauld). || Jeter, répandre le ridicule sur… (→ Mobile, cit. 3; persiflage, cit.). || Couvrir qqn de ridicule (→ Plaisant, cit. 9). || En parler sans ridicule (→ Monde, cit. 49). || La peur (cit. 12) du ridicule (→ 2. Général, cit. 2; présomption, cit. 7). || Le sens, le sentiment du ridicule (→ Démêler, cit. 4; humour, cit. 5). || Comble de ridicule (→ Prétendre, cit. 10). || S'en croyant (cit. 71) jusqu'au ridicule. || Être en plein ridicule (→ Imbécillité, cit. 4). || Braver le ridicule. || Tomber, glisser dans le ridicule. || Pousser le ridicule jusqu'à… — ☑ Le ridicule tue : on ne se relève pas, socialement, d'avoir été ridicule. (On trouve divers emplois modifiés : le ridicule ne tue plus, si le ridicule tuait, il devrait être mort, etc.).
10 Il ne faut pas jeter du ridicule sur les opinions respectées; car on blesse par là leurs partisans sans les confondre.
Vauvenargues, Réflexions et maximes, DXXVI.
11 (…) il n'est qu'un pas du sublime au ridicule (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., X, X.
12 Les Baudoin n'avaient à aucun degré cette maladroite pudeur que l'on nomme le sens du ridicule et, comme ils dédaignaient le ridicule, tout uniment, le ridicule n'osait pas même les effleurer.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, IX, XII.
4 (1683). Vx (langue class.). || Le ridicule, action de ridiculiser; actions, propos par lesquels on ridiculise qqn, qqch. || « Les maximes du ridicule » (Montesquieu).
DÉR. Ridiculement, ridiculiser, ridiculité.
HOM. 2. Ridicule.
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2. ridicule [ʀidikyl] n. m.
ÉTYM. 1798, in D. D. L.; altér. de réticule.
Pop., vx. Réticule.
0 Mademoiselle Verdet.
Cinquante-cinq à soixante ans; revêche, prude, dévote (…) mantelet noir; robe à ramages; un paroissien toujours à la main, bien qu'elle ait un ridicule.
Henri Monnier, Scènes populaires, t. I, p. 4-5.
HOM. 1. Ridicule.

Encyclopédie Universelle. 2012.