conviction [ kɔ̃viksjɔ̃ ] n. f.
• 1579; lat. imp. convictio, de convincere → convaincre
1 ♦ Vieilli Preuve établissant la culpabilité de qqn. Conviction de mensonge.
♢ Mod. PIÈCE À CONVICTION : objet à la disposition de la justice pour fournir un élément de preuve dans un procès pénal.
2 ♦ (1688) Cour. Acquiescement de l'esprit fondé sur des preuves évidentes; certitude qui en résulte. ⇒ adhésion, assurance, certitude, confiance, croyance. Acquérir, avoir une conviction, la conviction que... Parler avec conviction et chaleur. Faire qqch. par conviction. J'en ai la conviction, l'intime conviction (cf. J'en mettrais ma main au feu, j'en donnerais ma tête à couper). Sans conviction : sans enthousiasme. Manquer de conviction. — Fam. Sérieux. « Il tenait son emploi avec la plus grande conviction » (A. Daudet).
3 ♦ (Surtout au plur.) Opinion assurée. Il agit selon ses convictions personnelles. C'est tout à fait contraire à mes convictions. ⇒ idée.
⊗ CONTR. Doute, scepticisme.
● conviction nom féminin (latin ecclésiastique convictio, -onis) État d'esprit de quelqu'un qui croit fermement à la vérité de ce qu'il pense ; certitude : J'ai la conviction que le conflit aura lieu. Principe, idée qui a un caractère fondamental pour quelqu'un (surtout pluriel) : Avoir des convictions politiques bien arrêtées. Conscience que l'on a de l'importance, de l'utilité, du bien-fondé de ce que l'on fait ; sérieux : Soutenir un projet avec conviction. ● conviction (citations) nom féminin (latin ecclésiastique convictio, -onis) Bernard Le Bovier de Fontenelle Rouen 1657-Paris 1757 Il faut ne donner que la moitié de son esprit aux choses […] que l'on croit, et en réserver une autre moitié libre où le contraire puisse être admis s'il en est besoin. Entretiens sur la pluralité des mondes Remy de Gourmont Bazoches-au-Houlme, Orne, 1858-Paris 1915 Une opinion n'est choquante que lorsqu'elle est une conviction. Promenades philosophiques Mercure de France Roger Martin du Gard Neuilly-sur-Seine, 1881-Sérigny, Orne, 1958 Une conviction qui commence par admettre la légitimité d'une conviction adverse se condamne à n'être pas agissante. Jean Barois Gallimard Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 La jeunesse est un temps pendant lequel les convictions sont, et doivent être, mal comprises : ou aveuglément combattues, ou aveuglément obéies. Monsieur Teste, Préface Gallimard Friedrich Nietzsche Röcken, près de Lützen, 1844-Weimar 1900 Les convictions sont des ennemies de la vérité plus dangereuses que les mensonges. Überzeugungen sind gefährlichere Feinde der Wahrheit als Lügen. Humain, trop humain ● conviction (expressions) nom féminin (latin ecclésiastique convictio, -onis) Conviction délirante, certitude absolue non accessible à la critique du jugement ou de l'évidence. Intime conviction, sentiment personnel du juge ou du juré dégagé de l'examen des preuves de l'accusation et des arguments de la défense, et qui le conduit à statuer ou à prendre position, en son âme et conscience. Pièce à (de) conviction, preuve matérielle d'un acte criminel. ● conviction (synonymes) nom féminin (latin ecclésiastique convictio, -onis) État d'esprit de quelqu'un qui croit fermement à la vérité...
Synonymes :
- foi
Contraires :
- doute
- incrédulité
Principe, idée qui a un caractère fondamental pour quelqu'un (surtout...
Synonymes :
Contraires :
- doute
Conscience que l'on a de l'importance, de l'utilité, du bien-fondé...
Synonymes :
- gravité
Contraires :
- désinvolture
- légèreté
conviction
n. f.
d1./d Certitude que l'on a (de la vérité, d'un fait, d'un principe). L'intime conviction des jurés quant à l'innocence du prévenu.
— DR Pièce à conviction.
d2./d (Surtout Plur.) Idées, opinions que l'on tient pour vraies et auxquelles on est fortement attaché. Heurter qqn dans ses convictions. Les convictions religieuses.
⇒CONVICTION, subst. fém.
A.— DROIT
1. Vx. Preuve matérielle d'un crime, d'un délit, d'une faute. Fournir la conviction d'un vol :
• 1. ... le chef de votre municipalité, et le chef de votre milice (...) ont fait échapper des prisons le traître Bonne de Savardin, pour vous enlever les pièces de conviction de la perfidie du Ministère, et peut-être de leur propre perfidie.
MARAT, Les Pamphlets, C'en est fait de nous, 1790, p. 207.
2. Pièce à conviction. Objet fournissant cette preuve :
• 2. Aux époques naïves et chez les peuples primitifs, le voleur était exposé à la réprobation générale, affublé de l'objet même de son larcin, de la pièce à conviction, ce pot sur la tête qu'il a soutiré, cette bourse à son cou dont par un coup de rasoir adroit il a débarrassé le légitime propriétaire.
CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, p. 108.
B.— Domaine de la vie spirituelle et/ou active.
1. Certitude de l'esprit fondée sur des preuves jugées suffisantes. Plus tard ces jeunes filles perdraient cet accent de conviction enthousiaste qui donnait du charme aux choses les plus simples (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 908) :
• 3. Ne confondez pas la foi avec la conviction. La conviction est l'acte de l'esprit qui adhère à ce qu'il voit ou croit voir. La foi est l'acte de la volonté qui se soumet, souvent sans conviction, quelquefois contre la conviction même, à ce qu'une raison extérieure et plus élevée déclare vrai.
LAMENNAIS, Lettres inédites... à la baronne Cottu, 1829, p. 207.
• 4. De notre passage à travers l'Amérique est résultée cette conviction, je dirai mieux, cette certitude : que la catastrophe [le naufrage du Britannia] n'a eu lieu ni sur les côtes du Pacifique, ni sur les côtes de l'Atlantique.
VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 2, 1868, p. 10.
SYNT. Une conviction absolue, inébranlable, profonde; l'intime conviction; avoir la conviction de qqc., avoir la conviction que; amener, arriver à une conviction; s'enfoncer dans une conviction; ébranler, partager une conviction; asseoir sa conviction.
— Spéc., p. méton., souvent au plur. Opinions, idées, principes considérés comme fondamentaux. Conviction morale, religieuse, politique. L'homme convaincu, qui se refuse à la guerre et se fait fusiller pour sa conviction, je lui accorde toute ma sympathie, toute ma pitié (MARTIN DU G., Les Thib., Été 14, 1936, p. 538) :
• 5. ... ma conviction religieuse, en grandissant, a dévoré mes autres convictions : il n'est ici-bas chrétien plus croyant, et homme plus incrédule que moi.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 598.
2. Locutions
— Par conviction. Le jeune abbé avoit une âme grande, ambitieuse, une de ces âmes enfin qui ne doivent rien concevoir de petit; il étoit chrétien par conviction et non par grimace (BALZAC, Annette, t. 1, 1824, p. 49).
— Avec conviction
♦ Fam. Avec sérieux, avec application, en croyant à ce qu'on fait ou dit :
• 6. Son répertoire d'une non-hispanolité totale ne prétendait pas à l'originalité, les musiciens l'accompagnaient de travers et ses cothurnes étaient légèrement éculés mais elle chantait avec conviction le destin des matelots et des légionnaires...
QUENEAU, Loin de Rueil, 1944, p. 132.
♦ Avec chaleur, enthousiasme. J'ai parlé avec conviction et franchise (SAINTE-BEUVE, Tabl. fr., 1828, p. 4).
— Sans conviction. Sans enthousiasme, sans application :
• 7. D'ailleurs, vers ce pays nouveau de sinistre mémoire, on allait sans entrain, sans conviction, non volontairement, mais sous la pression de la fatalité.
VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 3, 1868, p. 36.
— Manquer de conviction. Manquer d'enthousiasme, d'application. L'absence de conviction :
• 8. Il se frottait le crâne à travers son calot, objectant « qu'on n'en aurait pas de trop pour le voyage », d'une voix molle où perçait le manque de conviction et la tentation effrénée de prendre tout de même un acompte sur les réjouissances à venir.
COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 1re part., 7, p. 76.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1579 « action de prouver la culpabilité de quelqu'un » (J. BODIN, Démonomanie, p. 543, éd. de 1598 ds R. Hist. litt. Fr., t. 8, p. 493); 1623 « preuve de culpabilité » (RICHELIEU, Lettres, éd. D. Avenel, t. I, p. 761 ds HASCHKE Richelieu, p. 98); 1790 pièce de conviction (Le Moniteur, t. 3, p. 59); 1825 pièce à conviction (A. DUMAS, La Chasse et l'amour, 15, p. 59); 2. 1688 « certitude » (LA BRUYÈRE, Caractères, 16 ds LITTRÉ). Empr. au lat. chrét. convictio « démonstration convaincante, fait d'être convaincu ». Fréq. abs. littér. :2 494. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 174, b) 3 905; XXe s. : a) 3 703, b) 3 577.
DÉR. Convictionnel, elle, adj. Susceptible d'entraîner la conviction. Il faut abandonner là tout cela et reprendre le travail dans un autre coin où gisent une vieille sonnette de vélo (...) et un cure-dent, preuve convictionnelle de quelque visite diurne après le repas de midi (QUENEAU, Les Enfants du limon, 1938, p. 193). — Seule transcr. ds BESCH. 1845 et ds LITTRÉ : kon-vi-ksio-nèl. — 1re attest. 1838 (Ac. Compl. 1842); de conviction, suff. -el (-al).
conviction [kɔ̃viksjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1579; lat. chrét. convictio « démonstration convaincante; fait d'être convaincu », du supin du lat. convincere. → Convaincre.
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1 (1623). Vx. Preuve établissant la culpabilité de qqn. ⇒ Convaincre, 2. (convaincre qqn de…). || Conviction de mensonge, de complicité, de vol.
1 (…) ne faut-il pas que vous soyez bien imprudents d'avoir fourni vous-mêmes la conviction de votre mensonge (…)
Pascal, les Provinciales, 16.
♦ ☑ Loc. mod. (1825). Pièce à conviction : objet à la disposition de la justice pour fournir un élément de preuve dans un procès pénal.
2 (Le regard) s'abaissa même tout à fait, comme soumis sans espoir à l'inéluctable, lorsqu'il eut rencontré des objets qui probablement étaient des pièces à conviction (…)
Loti, les Désenchantées, II, p. 14.
2 (1688). Cour. Acquiescement de l'esprit fondé sur des preuves évidentes; certitude qui en résulte (fait d'être convaincu de qqch.). ⇒ Convaincre (1.); adhésion, assurance, certitude, confiance, croyance, foi. || Acquérir une conviction. || Être dans une complète, une entière conviction. || Agir par conviction. || Parler avec conviction et chaleur. || Agir avec conviction, avec zèle. || Conviction du cœur (cit. 163), de l'instinct. ⇒ Persuasion. || Conviction inébranlable, profonde, sincère, invincible. || J'en ai la conviction (→ J'en mettrais ma main au feu). || Accent de conviction : accent convaincu.
3 La conviction est la volonté humaine arrivée à sa plus grande puissance.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 615.
4 Plus aucune de mes convictions n'est solide suffisamment pour que la moindre objection aussitôt ne l'ébranle (…)
Gide, Pages de journal, 26 juin 1940, p. 48.
5 Est-ce que tu t'imagines que j'étais convaincu quand je suis entré au P. C. ? Une conviction, ça se fait.
Sartre, l'Âge de raison, VIII, p. 128.
♦ Sans conviction : sans enthousiasme (→ Du bout des dents). — Manquer de conviction. || Sa voix manquait de conviction. || Il manque de conviction : il n'y croit pas.
♦ Fam. || Avec conviction : avec sérieux. ⇒ Componction, sérieux. || Ces enfants jouent avec conviction. || Jouer son rôle avec une conviction comique.
6 Pourtant je dois dire qu'il tenait son emploi avec la plus grande conviction, et que pour imiter les rugissements des sauvages, il n'y en avait pas comme lui.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, I, p. 9.
7 (…) pendant la nuit, Nicolas, tout en conduisant, s'endormait et ronflait avec une conviction qui témoignait du calme de sa conscience.
J. Verne, Michel Strogoff, p. 360.
3 Opinion assurée. || Une, des convictions (rare au sing.). || Il agit selon ses convictions personnelles. || Convictions politiques, religieuses (→ Chrétien, cit. 9), philosophiques. || C'est tout à fait contraire à mes convictions. || Des convictions étroites, bornées. || Ébranler, saper les convictions de qqn. || Un sceptique sans convictions. || Partager les convictions de qqn.
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CONTR. Agnosticisme, doute, scepticisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.