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sommeil

sommeil [ sɔmɛj ] n. m.
• v. 1160; summeil v. 1138; bas lat. somniculus, de somnus « sommeil »
1État d'une personne qui dort; état physiologique normal et périodique caractérisé essentiellement par la suspension de la vigilance, la résolution musculaire, le ralentissement de la circulation et de la respiration, et par l'activité onirique. « Le sommeil occupe le tiers de notre vie [...] mais je n'ai jamais éprouvé que le sommeil fût un repos. Une vie nouvelle commence » (Nerval). Avoir besoin de dix heures de sommeil. Sommeil nocturne, diurne ( sieste, 3. somme; 1. dodo) . Premier sommeil : les premières heures qui suivent l'endormissement. En plein sommeil. Sommeil profond, réparateur. Sommeil léger, agité. Dormir d'un sommeil de plomb, très profondément. « Un de ces sommeils où l'on tombe comme dans un trou. On appelle cela un sommeil de plomb » (Proust). Dormir du sommeil du juste. Marchand de sommeil. Succomber au sommeil. s'endormir. Nuit blanche, sans sommeil. Tirer qqn du sommeil. éveiller, réveiller. Les yeux lourds de sommeil. assoupissement, demi-sommeil, somnolence, torpeur. Stades du sommeil. Sommeil lent. Sommeil paradoxal : phase du sommeil correspondant aux périodes de rêve, et où se produisent des mouvements oculaires rapides. Troubles du sommeil, sommeils pathologiques. hypersomnie, léthargie, narcolepsie, somnambulisme; insomnie. Maladie du sommeil. trypanosomiase. Sommeil provoqué. hypnose, hypnotisme, narcose. Cure de sommeil. narcothérapie. Agents qui produisent le sommeil. hypnotique, somnifère, soporifique.
Par ext. (1538 ; sumel 1180) Envie de dormir. Avoir sommeil. Bâiller, mourir de sommeil (cf. Dormir debout). « Je tombais de sommeil et dormis dans le wagon » (Duhamel).
2(Animaux) Ce chien a un sommeil agité. Par ext. (XIXe) Ralentissement des fonctions vitales pendant les saisons froides, chez certains êtres vivants. Sommeil hiémal, hibernal. engourdissement, hibernation.
3(XVIe ) Littér. Le sommeil éternel : la mort. « Le père et le fils dormaient, l'un, la gorge coupée, du sommeil éternel, l'autre du sommeil des ivrognes » (Maupassant). Veiller sur le sommeil d'un mort. repos(fig.).
4(XVIIe) Fig. État de ce qui est provisoirement inactif. 1. calme, inactivité, inertie. Le sommeil de la nature. Laisser, mettre une affaire en sommeil, en suspens.
⊗ CONTR. Éveil, 1. réveil, veille, vigilance. Activité.

sommeil nom masculin (bas latin somniculus, diminutif de somnus, sommeil) État physiologique périodique de l'organisme (notamment du système nerveux) pendant lequel la vigilance est suspendue et la réactivité aux stimulations amoindrie. (On distingue une phase de sommeil lent, profond et réparateur, et une phase de sommeil paradoxal, caractérisé par le rêve.) Besoin de dormir : Céder au sommeil. État d'inactivité provisoire ou d'activité ralentie de quelque chose : Une industrie qui sort du sommeil. Repliement nocturne des feuilles et folioles, fermeture des fleurs dus à la nyctinastie. ● sommeil (citations) nom masculin (bas latin somniculus, diminutif de somnus, sommeil) Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Il n'est pas de douleur que le sommeil ne sache vaincre. Le Cousin Pons José Cabanis Toulouse 1922-Balma, Haute-Garonne 2000 Académie française 1990 On meurt chaque soir. Mais nous sommes des morts qui se souviennent. Des jardins en Espagne Gallimard Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 Vivre est une maladie, dont le sommeil nous soulage toutes les seize heures ; c'est un palliatif : la mort est le remède. Maximes et pensées René Char L'Isle-sur-la-Sorgue, Vaucluse, 1907-Paris 1988 Si la vie pouvait n'être que du sommeil désappointé. Feuillets d'Hypnos Gallimard Jean Cocteau Maisons-Laffitte 1889-Milly-la-Forêt 1963 Académie française, 1955 Le sommeil n'est plus un lieu sûr. Opéra Stock Robert Desnos Paris 1900-Terezín, Tchécoslovaquie, 1945 La surprenante métamorphose du sommeil nous rend égaux aux dieux. Deuil pour deuil Gallimard Louise Labé, surnommée la Belle Cordière Lyon vers 1524-Parcieux-en-Dombes 1566 Ô doux sommeil, ô nuit à moi heureuse ! Plaisant repos plein de tranquillité, Continuez toutes les nuits mon songe. Sonnets, VIII Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont Montevideo 1846-Paris 1870 Reprends la route qui va où tu dors […]. Chants de Maldoror Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval Paris 1808-Paris 1855 Je n'ai jamais éprouvé que le sommeil fût un repos. Après un engourdissement de quelques minutes une vie nouvelle commence. Aurélia Charles Péguy Orléans 1873-Villeroy, Seine-et-Marne, 1914 Pauvre être. Je n'aime pas, dit Dieu, l'homme qui ne dort pas. Le Mystère des saints Innocents Gallimard Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l'ordre des années et des mondes. À la recherche du temps perdu, À l'ombre des jeunes filles en fleurs Gallimard Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 On ne peut bien décrire la vie des hommes si on ne la fait baigner dans le sommeil où elle plonge et qui, nuit après nuit, la contourne comme une presqu'île est cernée par la mer. À la recherche du temps perdu, le Côté de Guermantes Gallimard Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Belle, sans ornements, dans le simple appareil D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil. Britannicus, II, 2, Néron Bible Jusques à quand, paresseux, resteras-tu couché ? Quand te lèveras-tu de ton sommeil ? Ancien Testament, Livre des Proverbes VI, 9 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Félix Lope de Vega Carpio Madrid 1562-Madrid 1635 Humbles et puissants sont égaux tant que dure leur sommeil. El grande y el pequeño somos iguales lo que dura el sueño. Canción William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Ni le pavot, ni la mandragore, ni tous les sirops narcotiques du monde ne te rendront jamais par médecine ce doux sommeil que tu avais hier. … nor poppy, nor mandragora, Nor all the drowsy syrups of the world, Shall ever medicine thee to that sweet sleep Which thou owedst yesterday. Othello, III, 3, Iagosommeil (expressions) nom masculin (bas latin somniculus, diminutif de somnus, sommeil) Avoir sommeil, avoir envie de dormir. Cure de sommeil, thérapeutique psychiatrique fondée sur un état de sommeil plus ou moins profond artificiellement provoqué par des psychotropes. Être en sommeil, avoir une activité ralentie ou nulle. Littéraire. Le sommeil éternel, le dernier sommeil, la mort. Maladie du sommeil, nom usuel des trypanosomiases africaines. Marchand de sommeil, personne qui loue des chambres meublées à un prix excessif. Mettre, laisser quelque chose en sommeil, en réduire ou en suspendre l'activité. Sommeil de plomb, sommeil très profond. Tomber de sommeil, avoir un besoin invincible de dormir. Troubles du sommeil, toute perturbation de la durée ou de la qualité du sommeil. Troubles du sommeil chez l'enfant, toute perturbation, chez l'enfant, de la durée ou de la qualité du sommeil. ● sommeil (synonymes) nom masculin (bas latin somniculus, diminutif de somnus, sommeil) État physiologique périodique de l'organisme (notamment du système nerveux) pendant...
Contraires :
- éveil
- réveil
- veille
Besoin de dormir
Synonymes :
- assoupissement
- dodo (familier)
- roupillon (familier)
- somme
- somnolence
Cure de sommeil
Synonymes :
- narcothérapie

sommeil
n. m.
d1./d Suspension périodique et naturelle de la vie consciente, correspondant à un besoin de l'organisme.
|| Avoir le sommeil léger: se réveiller au moindre bruit.
Un sommeil de plomb, très profond.
|| Fig., litt. Le dernier sommeil, le sommeil éternel: la mort.
|| PSYCHO, PHYSIOL Sommeil paradoxal: phase du sommeil pendant laquelle le dormeur rêve.
MED Maladie du sommeil: trypanosomiase.
Cure de sommeil: méthode de traitement de certaines affections psychiques qui consiste à procurer au patient un sommeil artificiel de 15 à 18 heures par jour.
d2./d Besoin de dormir. Avoir sommeil.
d3./d Fig. état provisoire d'inactivité, d'inertie.
|| Loc. adj. et adv. En sommeil: en état d'inactivité ou d'activité réduite.

⇒SOMMEIL, subst. masc.
A. — 1. État dans lequel se trouve un être vivant qui dort. Mais Antoine n'avait pour ainsi dire pas dormi. À l'aube enfin, le sommeil l'avait pris, un bref instant: le temps de se débattre dans un absurde cauchemar (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 813):
1. Le pauvre baron eut, à déjeûner, une scène très-vive à soutenir, pour s'être avisé de faire, avant midi, une répétition de cors sur la terrasse du château, sans respect pour le sommeil de ces dames, qui avaient joué au boston jusqu'à deux heures du matin.
JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 171.
SYNT. Bon, mauvais, profond sommeil; avoir un/le sommeil agité, troublé; sommeil anxieux, calme, dur, fiévreux, inquiet, léger, lourd, paisible; avoir besoin de sommeil; sommeil réparateur, bienfaisant; sommeil de plomb; ne pas avoir un instant de sommeil; un sommeil hanté de rêves, plein de cauchemars; sombrer, tomber dans le sommeil; priver qqn de sommeil; être gagné, surpris, vaincu par le sommeil; être plongé dans le sommeil; être surpris dans son sommeil, en plein sommeil; tirer qqn du sommeil; arracher qqn au sommeil; troubler le sommeil de qqn; veiller sur le sommeil de qqn; plusieurs heures de sommeil; sommeil diurne, nocturne; sommeil du matin, de la sieste; manque, besoin de sommeil; nuits sans sommeil.
Premier sommeil. Période qui suit immédiatement l'endormissement. À peine avait-elle goûté les douceurs du premier sommeil, et voilà qu'elle se réveillait, toute pleine de Hans Ulric (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 260).
En compos. Demi(-)sommeil. État de somnolence, d'endormissement peu profond. Peu à peu, grâce au bercement de la voiture et aussi à la mauvaise nuit qu'elle avait passée, ses paupières s'alourdirent, un demi sommeil ferma ses yeux encore humides (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 168). Je ne suis pas seul dans le désert, mon demi-sommeil est peuplé de voix, de souvenirs et de confidences chuchotées (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 220).
2. P. ext.
a) Faculté de dormir. Perdre, retrouver le sommeil. Si la toux est si fréquente qu'elle ôte le sommeil, on peut donner le soir quelque léger narcotique; comme un ou deux gros de syrop de pavot (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 128). Duffieux entr'ouvrit les paupières et, voyant à nouveau chez lui un visage étranger, préféra les refermer et chercher le sommeil (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 129).
b) Besoin de dormir, le fait de résister ou non à ce besoin.
Avoir sommeil. Endors-toi, mon ange! Tu as sommeil! dit Ysabeau en attirant avec mollesse, sur son sein, le front du jeune homme (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 266). Je m'ennuie pendant les classes; j'ai sommeil devant les cahiers de thèmes, de versions grecques (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 214).
Verbe + de sommeil. Faites vite et cherchez tout ce que vous avez à chercher, car je meurs de sommeil (FRANCE, Livre ami, 1885, p. 95). Il bâilla: — Je tombe de sommeil. Demain, je ne rentrerai pas ici, j'irai dormir à l'hôtel; parce que je prévois que Scriassine ne me lâchera pas avant l'aube (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 246).
Verbe + au sommeil, contre le sommeil. S'efforcer, se livrer, s'abandonner, céder, succomber au sommeil. Sans rien dire elle ôta le châle noir qui couvrait ses épaules; j'en entourai les épaules d'Henriette qui luttait encore contre le sommeil (JANIN, Âne mort, 1829, p. 136). Adolescent, il tirait un vif sentiment d'orgueil à veiller quand tous dormaient; il attendait l'ange qui vient visiter celui qui a résisté le plus longtemps au sommeil (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 120).
Adj. ou part. passé + de sommeil. Accablé de sommeil. Enfin, je n'ai pu lui apprendre encore à perdre avec bonne grâce une partie de tric-trac. À neuf heures, il est déjà ivre de sommeil, et je dois me priver de ce divertissement (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 121). Il sonna le réveil en fantaisie, et joua une java que les hommes écoutèrent, engourdis de sommeil et perdus sous le plafond lointain de la chambrée (NIZAN, Conspir., 1938, p. 96).
En partic. Besoin de dormir affectant la physionomie, les traits du visage. Yeux bouffis, gonflés, lourds de sommeil. Des jeunes gens efflanqués, aux habits trop courts, aux yeux battus, tout brouillés de sommeil (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 379). Va dormir encore. Le soleil se lève seulement. Tu as les yeux tout petits de sommeil (ANOUILH, Antig., 1946, p. 149).
c) Action de dormir, fait de dormir pendant un certain temps. Synon. dodo (hypocor.), roupillon (pop., fam.), somme3; anton. veille. Vivre et penser comme dans un rêve, comme en un court instant de lucidité entre deux sommeils, sans avoir assez de ressort pour se lever, pour ouvrir les yeux, pour voir et marcher (BLONDEL, Action, 1893, p. 188). Non, on ne te fusillera pas. Tu vas te mettre au lit et tu vas faire un bon gros sommeil. Il n'y a pas à dire, il est tout chaviré. Tu vas faire un bon gros sommeil, et après tu ne penseras plus à toutes ces vilaines histoires (AUDIBERTI, Quoat, 1946, 2e tabl., p. 74).
En partic. Période de repos considérée comme unité de temps. Son temps se comptait par chasses et par sommeils, et chaque réveil la retrouvait plus agitée encore qu'au réveil précédent (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 80). « Je les ai faits à ma ressemblance. Je meurs, moi aussi, mais pour renaître, huit sommeils après ma disparition ». Qu'ils se gardent d'oublier cela (MARAN, Batouala, 1921, p. 140).
Expressions
♦ Verbe + dans son sommeil. Faire inconsciemment quelque chose en dormant. Puis, comme son mari grognait de douleur dans son sommeil, elle lui écrasa la face contre la table. — Tais-toi, cochon! (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1358). Hugo est étendu dans son lit, tout habillé, sous une couverture. Il dort. Il s'agite et gémit dans son sommeil (SARTRE, Mains sales, 1948, 5e tabl., 1, p. 172).
Dormir du/d'un sommeil de l'innocence, de/du juste. Être dans un profond état d'assoupissement, dormir sans anxiété, sans arrière-pensée. Il y en avait à présent pour deux heures de tranquillité. Lapérine se réenfouit sous ses toiles et se réendormit de son sommeil du juste (COURTELINE, Train 8 h 47, Mal de gorge, 1886, I, p. 155). Je viens d'entr'ouvrir la porte de la chambre à coucher de madame et je ne puis que confirmer à monsieur la chose... madame dort du sommeil de l'innocence (GUITRY, Veilleur, 1911, I, p. 4).
d) Besoin essentiel auquel l'être humain doit se soumettre et subvenir et, p. ext., ce besoin faisant l'objet d'un marché. Son père était de ces violoneux qui viennent d'Italie par les routes, dorment dans les granges et paient avec de la musique pour leur sommeil et leur manger (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 310). Le sommeil roulant a d'abord été le monopole d'une compagnie créée à cet effet: celle des wagons-lits et des grands express européens (1876). Ce sommeil reste un produit de luxe quand on compare le nombre des clients des wagons-lits au nombre total des voyageurs nocturnes (DEFERT, Pol. tour. Fr., 1960, p. 69).
Marchand de sommeil.
Pop. V. marchand I B 2 e.
Mod. Logeur sans scrupule qui offre de mauvaises conditions de logement à des personnes démunies et/ou en situation irrégulière, le plus souvent à des travailleurs migrants. À huit dans une pièce, dans huit lits qui ne s'arrêtent de « travailler » de jour et de nuit, parfois entassés dans des caves où les réchauds allumés menacent les dormeurs d'asphyxie, voici les victimes des marchands de sommeil (GIRAUD-PAMART Nouv. 1974).
3. a) PHYSIOL. Cessation périodique et immédiatement réversible de l'activité sensitivo-motrice, indispensable à la restauration des fonctions organiques. Troubles du sommeil. Le sommeil le plus complet est celui où toute la vie externe, les sensations, la perception, l'imagination, la mémoire, le jugement, la locomotion et la voix sont suspendus (BICHAT, Rech. physiol. vie et mort, 1822, p. 52). La régulation du sommeil devait être localisée dans les couches profondes du tronc cérébral, et en particulier dans l'hypothalamus (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 646).
Cycle de sommeil. Ensemble des phases du sommeil se reproduisant plusieurs fois dans une même séquence de repos chez l'homme et certains animaux supérieurs. Pendant une nuit de sommeil normal, les différents stades de sommeil se succèdent plusieurs fois, réalisant 4 ou 5 cycles complets (Pt Lar. Méd. 1976).
Phase de sommeil. Pendant longtemps le sommeil, considéré à tort comme un phénomène homogène, a été mal compris mais, depuis les années 1960 l'on sait (...) qu'il existe deux phases distinctes qui se succèdent 4 à 6 fois pendant la nuit, le sommeil lent et le sommeil paradoxal (Méd. Biol. t. 3 1972).
Sommeil lent. Une phase de sommeil lent sans rêve, avec maintien du tonus musculaire, d'une durée de quatre-vingts minutes, elle-même décomposée en cinq stades de sommeil d'inégale profondeur (PEL. Psych. 1976).
Sommeil rapide ou paradoxal. Phase du sommeil pendant laquelle se produisent les rêves. Une phase du sommeil rapide (paradoxal) avec rêves, mouvements oculaires mais perte du tonus musculaire (rendant l'hallucination onirique sans risque) (PEL. Psych. 1976).
b) MÉD., PATHOL. Cessation de l'activité sensitivo-motrice provoquée par des moyens thérapeutiques ou ayant des causes pathologiques. Accès de sommeil incoercible; sommeil catalyptique, hystérique, pathologique; sommeil artificiel. Je ne sais combien de temps nous côtoyâmes le rivage; je retombai dans mon sommeil léthargique, et cette traversée ne m'a laissé d'autres souvenirs que ceux du départ et de l'arrivée (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 215). C'est ainsi que le meilleur moyen de faire sortir brusquement un malade d'un sommeil ou d'un coma barbituriques consiste à pratiquer une injection d'amphétamine (DELAY, Psychol. méd., 1953, p. 226).
Maladie du sommeil. Maladie parasitaire de l'Afrique tropicale provoquée par le trypanosome, transmis à l'homme par la piqûre de la mouche tsé-tsé, qui se manifeste par une forte fièvre, un état de somnolence irrésistible évoluant vers la mort du sujet en quelques semaines en l'absence de traitement. Synon. trypanosomiase africaine. Dans notre domaine colonial, de terribles épidémies de maladie du sommeil déciment les indigènes (BRUMPT ds Nouv. Traité Méd. fasc. 5, 1 1924, p. 339).
Cure de sommeil. Méthode thérapeutique utilisée dans le traitement des psychoses, des névroses et des affections psychosomatiques (ulcère, asthme, hypertension) qui consiste à plonger le sujet dans un sommeil artificiel à l'aide d'hypnotiques et de neuroleptiques. Synon. narcothérapie. L'école soviétique (...) a fait des travaux passionnants sur les effets des cures de sommeil dans les ulcères (QUILLET Méd. 1965, p. 137).
c) PSYCHOL., PSYCHANAL. Sommeil en tant que mécanisme d'autorégulation par la mise au repos de l'activité corporelle et psychique et mise en œuvre de l'activité onirique nécessaire à l'équilibre psychique et physiologique. Dans le système freudien le sommeil est un retour au sein maternel. Nous nous replongeons dans l'état où nous étions avant de venir au monde (CHOISY, Psychanal., 1950, p. 148). Il est probable que la fonction du sommeil avec rêve est de permettre au cerveau de traiter ce qui a été absorbé dans la journée précédente (RYCR. 1972).
d) État de perte de conscience, d'endormissement provoqué par l'hypnose, le magnétisme dans un but thérapeutique ou des pratiques de voyance extra-lucide. Sommeil hypnotique, magnétique, provoqué. Enfin l'obéissance volontaire aux tentations vertigineuses que les magnétiseurs mettent en œuvre, et qui, commencées dans la veille, se continuent avec des effets particuliers dans l'extase ou dans le sommeil somnambulique (RENOUVIER, Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p. XXXII).
Rem. Les termes sav. en méd., psychol., pathol., thérapeut. concernant l'ét., le traitement des troubles et anomalies du sommeil sont constr. à partir des racines gr. hypn(o)-, narco- et des racines lat. somni-, somno-, sopor(i)-.
4. ZOOL., BOT.
a) PHYSIOL. ANIM. État de vie ralentie dans lequel entrent des animaux à certaines périodes de l'année, de manière à se soustraire à des conditions d'existence difficiles. Synon. hibernation. Sommeil estival, hibernal, hivernal, hiémal. Le moment où les hibernants entrent en sommeil est assez indépendant des conditions climatiques (Encyclop. univ. t. 8 1970, p. 388).
b) BIOL. VÉGÉT. Phénomène qui affecte certaines plantes, caractérisé par des positions de repli des fleurs, des feuilles ou de la tige en fonction de la diminution de la luminosité. C'est Linné le premier qui employa le mot de sommeil par une assimilation plus poétique que rigoureuse, car le sommeil des animaux est caractérisé par la flaccidité des organes du mouvement, tandis que les feuilles sont maintenues dans leur état de sommeil par une raideur très prononcée (GUÉRIN 1892).
5. P. anal., littér.
a) Arrêt de la croissance des végétaux pendant la saison froide; engourdissement de la nature. On dirait qu'à l'approche du lourd sommeil de l'hiver chaque être et chaque chose s'arrangent furtivement pour jouir d'un reste de vie et d'animation avant l'engourdissement fatal de la gelée (SAND, Fr. le Champi, 1848, p. 1). Au début de l'hiver où la terre entre en sommeil (...) ils [les microbes] s'attellent au labeur prodigieux, faiseurs de substance sans qui le monde resterait infécond (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 195).
b) P. euphém. Mort, repos éternel. Sommeil éternel; sommeil sans fin; le grand sommeil. Est-il possible que six prêtres aient passé dans un siècle, et n'aient pas remué cette cendre?... Se sont-ils résignés? Ont-ils été pris, eux aussi, du sommeil de la mort? (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 179). Le vieux paysan, déjà glacé, s'endort du dernier sommeil dans le grand lit de bois sous son gros édredon de soie rouge (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 2, 1954, p. 96).
B. — Au fig.
1. État d'inertie, d'inactivité momentané où se trouve quelque chose. Sortir une œuvre du sommeil; progrès tombés, restés dans le sommeil; secouer le sommeil d'une race, d'une nation. Je tire de leur sommeil les volumes de Littré, de Grimm et de Gesenius. Oh! le bonheur de s'enrichir de quelque chose qui n'a aucune valeur marchande! (GREEN, Journal, 1940, p. 45):
2. Nous avons donc assisté, depuis deux saisons, à la disparition plus apparente que réelle du music-hall de variétés et, en même temps, à une renaissance très nette du café-concert, genre exclusivement national, qui prend sa revanche après quarante années de sommeil.
Arts et litt., 1935, p. 78-1.
2. Locutions
a) Mettre, laisser en sommeil. Suspendre, interrompre quelque chose, laisser une chose improductive. Il est vrai que beaucoup de propriétaires bourgeois aimeraient mieux renoncer à la culture et laisser pendant un an leurs domaines en sommeil, que de renoncer à une part de leurs revenus fonciers souvent assez maigres (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 7). L'enfance sait mettre en sommeil les drames futurs de l'homme (NIZAN, Conspir., 1938, p. 224).
b) (Être) en sommeil. (Être) à l'état latent, exister en puissance. Il existait là [chez la grand'mère] comme un foyer de contagion mystique, où devait se rallumer une foi mal éteinte, simplement en sommeil sous les joies premières de l'amour humain (ZOLA, Vérité, 1902, p. 293). Nous avons pu constater que l'idée monarchique n'est pas aussi morte en France qu'on le disait avant nous. Elle était surtout engourdie, en sommeil (L. DAUDET, Vers le roi, 1920, p. 206).
3. État d'inactivité, de repos apparent. L'atmosphère même, au dedans de ce cratère, n'était saturée d'aucune vapeur sulfureuse. C'était plus que le sommeil d'un volcan, c'était sa complète extinction (VERNE, Île myst., 1874, p. 91).
P. métaph. La Suède ne fait rien et fait un semblant d'amitié avec cette Cour; mais c'est une comédie, et, comme l'on dit, le sommeil du tigre (J. DE MAISTRE, Corresp., 1811, p. 47).
REM. 1. Somni-, somno-, élém. formant tiré du lat. somnus « sommeil », entrant dans la constr. de termes sav. en méd.; toujours vivant. V. somnambule, somnambulisme et aussi: a) Somnifuge, subst. et adj. (Ce) ,,qui chasse le sommeil`` (Méd. Biol. t. 3 1972). b) Somniloquie, subst. fém. Fait de parler en dormant. Une certaine tonicité musculaire est conservée, autorisant le développement d'épisodes moteurs tels que les changements de position du corps, les automatismes gestuels (...), verbaux (somniloquie) et ambulatoires (somnambulisme) (VIREL Psych. 1977). c) Somnogène, adj. Centre somnogène. Région du thalamus médial où se situerait l'appareil commandant le sommeil (d'apr. PIÉRON 1973). 2. -somnie, élém. formant tiré du lat. somnus « sommeil », entrant dans la constr. de subst. fém. en méd.; toujours vivant. a) Hypersomnie. Excès de sommeil. S'il y a une hypersomnie survenue en pleine santé apparente et s'installant progressivement, on pensera, en cas de fièvre, à un processus encéphalique secondaire ou primitif, à l'encéphalite dite léthargique en particulier (POROT 1960). b) Parasomnie. Trouble du sommeil caractérisé par une hyperactivité motrice, des manifestations physiologiques ou psychologiques. Parasomnie motrice, psychique. Parasomnies végétatives: Au cours du sommeil, les modifications physiologiques sympathiques favorisent l'apparition de certains spasmes (laryngés, bronchiques) dont le déclenchement peut être uniquement nocturne (LAFON 1963).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1140 sumeil (GEFFREI GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 3806); 1872 méd. maladie du sommeil (LITTRÉ). Du b. lat. somniculus « sommeil léger », dimin. de somnus « sommeil ». Fréq. abs. littér.:6 762. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 8 970, b) 9 057; XXe s.: a) 9 944, b) 10 269. Bbg. QUEM. DDL t. 7 (sv. sommeil-coma). — SCHALK (F.). Somnium und verwandte Wörter in den romanischen Sprachen. Köln, 1955, 42 p.

sommeil [sɔmɛj] n. m.
ÉTYM. V. 1160; summeil, v. 1138, var. sumeil; bas lat. somniculus, de somnus « sommeil ».
1 État d'une personne qui dort; état physiologique normal et périodique caractérisé essentiellement par la suspension de la vigilance, la résolution musculaire, le ralentissement de la circulation et de la respiration. Dormir (n. m., vx); dormition (théol.); 1. dodo (enfantin); 3. somme; somnescence (rare); et aussi narco-, et les mots en somn-. || Sommeil naturel (→ Narcotique, cit. 1). || Le sommeil renaît chaque jour (→ Ennuyer, cit. 20). || Avoir besoin de sommeil (→ Ressaisir, cit. 4). || Dix heures de sommeil (→ Pâteux, cit. 2). || Les songes, les rêves du sommeil. Rêve (cit. 5 et 7). || Le rêve (cit. 10), gardien du sommeil (selon Freud). || « Vivre est une maladie dont le sommeil nous soulage » (→ 1. Mort, cit. 7, Chamfort). || Se réfugier dans le sommeil (→ Retirer, cit. 16).Sommeil nocturne ( Nuit), diurne ( Méridienne, repos, sieste, 3. somme). || Premier sommeil : les premières heures qui suivent l'endormissement (→ Appesantissement, cit. 2; crever, cit. 9).
Didact. || Stades du sommeil selon les tracés encéphalographiques (diminution de fréquence des ondes). || Sommeil lent, ou sommeil à ondes lentes, sommeil synchronisé, sommeil « orthodoxe », caractérisé par des ondes lentes et synchronisées. || Sommeil rapide, dit depuis 1962 (M. Jouvet) sommeil paradoxal : sommeil correspondant aux périodes de rêve, caractérisé par l'atonie musculaire, l'augmentation et l'irrégularité du rythme cardiaque, des mouvements oculaires rapides, etc.
Doux (cit. 18), bon sommeil (→ Léger, cit. 7), sommeil réparateur.
Sommeil léger (→ Appesantir, cit. 2); lourd (→ Inconnu, cit. 22), profond (→ Pioncer, cit.; résultat, cit. 3).Dormir d'un sommeil de plomb, très profondément (→ Ronfler, par ext.). || Avoir le sommeil dur (cit. 7). || Sommeil inquiet (→ Nerveux, cit. 6), agité. || Dormir (cit. 17 et 18) son sommeil (→ Jaloux, cit. 13).Dormir du sommeil du juste, profondément.Sommeil qui prend (→ Écrouler, cit. 11), surprend (→ Côté, cit. 7), gagne (→ Gomme, cit. 2), envahit (cit. 12) qqn. Endormissement. || S'abandonner, céder, succomber au sommeil (→ Harasser, cit. 1). Endormir (s').Être dans le sommeil, en sommeil (vx), en plein sommeil. || Surprendre qqn dans son sommeil. || État hypnagogique (cit. 2), entre la veille et le sommeil; franges (cit. 8) du sommeil. || Chercher, ne pouvoir trouver le sommeil (→ Essayer, cit. 31). Insomnie (cit. 3). || Le sommeil m'avait fui (→ Faim, cit. 3). || Nuit blanche, sans sommeil (→ Jamais, cit. 9; matin, cit. 7). || Perdre le sommeil (→ Malade, cit. 23). || Tirer qqn du sommeil. Éveiller, réveiller. || Arracher qqn au sommeil (→ Appareil, cit. 11), du sommeil (→ Éveiller, cit. 1). || Sortie du sommeil. Réveil, cit. 4; aussi hypnopompique. || Les yeux pleins de sommeil, lourds (cit. 12) de sommeil. Endormi, ensommeillé, somnolent. || Parler pendant son sommeil ( Somniloquie). || États voisins du sommeil. Assoupissement, demi-sommeil, somnolence, torpeur; soporeux. || « Le dormeur peut toujours être réveillé, ce qui différencie le sommeil de la stupeur et du coma » (Porot, 1975, p. 609 a). || Sommeils pathologiques. Cataplexie, hypersomnie, léthargie, narcolepsie, somnambulisme, sopor. || Troubles du sommeil. || Qui a trait au sommeil. Hypnique, morphéique. — ☑ Loc. Sommeil léthargique (cit. 1), cataleptique (cit.).(1871). || Maladie du sommeil. Trypanosomiase.Sommeil provoqué. Hypnose, hypnotisme, narcose. || Cure de sommeil. Narcothérapie. || Agents qui produisent le sommeil. Anesthésique, dormitif, hypnotique, somnifère, soporatif, soporifique.Littér. Personnification du sommeil. || Le sommeil, fils de la nuit.
1 L'activité libre qui coïncide avec la conscience du moi dans l'état de veille, est le seul caractère qui différencie cet état de celui du sommeil, où l'activité du vouloir et de l'effort étant suspendue, le moi s'évanouit, quoique la sensibilité physique et l'imagination spontanée qui en dépendent puissent être en plein exercice.
Maine de Biran, Du physique et du moral de l'homme, §VIII.
2 Le sommeil occupe le tiers de notre vie. Il est la consolation des peines de nos journées ou la peine de leurs plaisirs; mais je n'ai jamais éprouvé que le sommeil fût un repos. Après un engourdissement de quelques minutes une vie nouvelle commence (…)
Nerval, Aurélia, Mémorables.
3 C'est étonnant le matin, quand il faut passer du sommeil à une certitude douloureuse, à une réalité hostile, comme machinalement la pensée retourne au sommeil où elle se réfugie, et semble se pelotonner, pour ainsi dire, dans ses bras.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, févr. 1861, t. I, p. 281.
4 (…) le sommeil, ce voyage aventureux de tous les soirs (…)
Baudelaire, les Paradis artificiels, « poème du haschisch », III.
5 Quelquefois je n'avais rien entendu, étant dans un de ces sommeils où l'on tombe comme dans un trou (…) On appelle cela un sommeil de plomb; il semble qu'on soit, même pendant quelques instants après qu'un tel sommeil a cessé, un simple bonhomme de plomb.
Proust, le Côté de Guermantes, Pl., t. II, p. 88.
6 Nombreux sont les physiologistes qui ont attribué le sommeil à une perturbation du métabolisme des neurones cérébraux. errera pense que le cerveau succombe à l'accumulation des déchets de son fonctionnement et à l'épuisement des réserves énergétiques. Le sommeil serait, en somme, comparable à la fatigue, et la mise au repos périodique permettrait l'élimination des déchets et la restauration de l'organe (…) Mais ceci n'explique pas pourquoi le sommeil survient sensiblement aux mêmes heures, même lorsque nous n'avons effectué aucun travail, et pourquoi l'ennui, ou la monotonie d'une conférence, entraînent la somnolence.
R. Fabre et G. Rougier, Physiologie médicale, Le sommeil, p. 649-650.
6.1 Le sommeil peut être considéré comme une inhibition corticale d'origine diencéphalique, et cette définition est en plein accord avec les constatations des neurophysiologistes appartenant aux écoles les plus diverses, l'école réflexologique de Pavlov le définissant comme une inhibition corticale de tous les analyseurs, l'école électro-encéphalographique de Bremer le définissant par le blocage des influx afférents à l'écorce tel que le réalisent les hypnotiques à localisation diencéphalique ou la déafférentation expérimentale du télencéphale, l'école chronaximétrique de Lapicque concluant que dormir c'est perdre la subordination de ses neurones et localisant dans le diencéphale le centre régulateur des chronaxies corticales.
Jean Delay, la Psycho-physiologie humaine, p. 47.
(V. 1210; sumeil, v. 1155). Envie de dormir (dans des loc.). Avoir sommeil (→ Élancement, cit. 5), très sommeil. — ☑ Bâiller…, tomber, mourir de sommeil (→ Dormir debout; le marchand de sable est passé).
7 (…) ces soirs où je rentrais tard de la Raspalière, j'avais très sommeil.
Proust, Sodome et Gomorrhe, Pl., t. II, p. 980.
8 Je tombais de sommeil et dormis dans le wagon.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, V.
2 (Animaux). || Sommeil profond du chat (→ Bourdonnement, cit. 2).(1871). Par ext. Ralentissement des fonctions vitales pendant les saisons froides, chez certains êtres vivants. || Sommeil hiémal (→ Léthargie, cit. 3), hibernal. Engourdissement, hibernation (→ Abeille, cit. 4). || Sommeil de la nature qui cesse à la montée de la sève.
3 (XVIe). Littér. Sommeil éternel : la mort (→ Endormir, cit. 30).Dormir (cit. 23) son dernier sommeil. || « Laissez-moi m'endormir (cit. 31) du sommeil de la terre » (Vigny). || Veiller sur le sommeil d'un mort (→ Effigie, cit. 1). Mort, repos (fig.).
9 Le père et le fils dormaient, l'un, la gorge coupée, du sommeil éternel, l'autre du sommeil des ivrognes.
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Champ d'oliviers », III.
4 (1684). Fig. État de ce qui est provisoirement inactif. Calme, inactivité, inertie. || Activité en sommeil. Endormi (fig.); éclipse. || La froide tranquillité, le sommeil de l'âme (→ Insensible, cit. 13). || Sommeil de l'or (1. Or, cit. 22). || Le sommeil de la nature. — ☑ Laisser, mettre une affaire en sommeil, en suspens.
10 Quand les événements extraordinaires, les angoisses et les catastrophes viennent fondre tout à coup au milieu d'une vie heureuse et délicieusement uniforme, ces émotions inattendues, ces coups du sort, interrompent brusquement le sommeil de l'âme, qui se reposait dans la monotonie et la prospérité.
Hugo, Bug-Jargal, XXXIX.
CONTR. Éveil, réveil, veille, vigilance. — Activité.
DÉR. Sommeiller, sommeilleux.
COMP. Demi-sommeil. — Ensommeillé.

Encyclopédie Universelle. 2012.